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Premier pas timide de l’UE vers l’utilisation des avoirs russes au profit de l’Ukraine

Un premier pas très prudent: les dirigeants européens ont demandé jeudi à la Commission d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés.Cette proposition a minima sera à l’ordre du jour du prochain sommet européen en décembre, repoussant de facto les arbitrages les plus difficiles. Elle est délibérément formulée en termes vagues afin de prendre en compte les réserves de la Belgique où se trouve l’essentiel de ces fonds.Les avoirs de la Banque centrale russe dans l’Union européenne ont été immobilisés suite aux sanctions décidées par les Occidentaux après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. Ils représentent quelque 210 milliards d’euros.La saisie pure et simple de ces avoirs est une ligne rouge pour les pays de l’UE, mais la Commission propose, grâce à ces derniers, de financer un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev.Le Premier ministre Bart De Wever avait menacé, dès le début du sommet, de bloquer tout le processus s’il n’obtenait pas satisfaction. “Avoir une solide base légale n’est pas un luxe”, a-t-il martelé à l’issue des discussions. “Je ne suis que la petite Belgique, la seule chose que je peux faire est de mettre en lumière les problèmes et demander gentiment des solutions.”Selon un diplomate, plusieurs autres pays ont également exprimé des réserves.”Cette solution pose des questions juridiques, des questions de partage du risque”, a reconnu le président français Emmanuel Macron, tout en soulignant qu’elle restait la piste la plus prometteuse pour aider financièrement l’Ukraine sur les années à venir.- “Tournant” des sanctions américaines -Présent à Bruxelles pour une partie des discussions, Volodymyr Zelensky a exhorté les dirigeants à sauter le pas sur les avoirs de la banque centrale russe. Dans la soirée, il a salué sur X les “bons résultats” de ce sommet, affirmant, dans une formule résolument optimiste, avoir obtenu “un soutien politique” sur ce thème.”La Russie doit retenir ceci: l’Ukraine aura les ressources financières dont elle a besoin pour se défendre contre l’agression russe”, a lancé de son côté le président du Conseil de l’Union européenne, Antonio Costa.Plus tôt dans la journée, les dirigeants européens, et M. Zelensky, avaient par ailleurs salué la décision des Etats-Unis, exaspérés par l’attitude de Vladimir Poutine, de prendre à leur tour des sanctions contre Moscou.”C’est un véritable tournant”, a applaudi le président français Emmanuel Macron.Le président américain, qui s’est refusé pendant de longs mois à imposer ces sanctions, a estimé que ses conversations avec son homologue russe ne menaient “nulle part”.Les sanctions impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et de Lukoil aux Etats-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes.La Russie a dénoncé des sanctions américaines “contre-productives”, son président Vladimir Poutine jugeant qu’elles n’auraient pas d'”impact significatif” sur l’économie de son pays.”Je vous dirai ce que j’en pense dans six mois. Nous verrons comment tout cela évolue…”, a rétorqué Donald Trump quelques heures plus tard.- Flotte fantôme -Les Européens ont également ciblé le secteur pétrolier russe en annonçant mercredi soir un nouveau train de sanctions contre Moscou, le 19e depuis février 2022.Il prévoit notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe d’ici à fin 2026 et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.Des frappes russes contre l’Ukraine dans la nuit et tôt jeudi matin ont causé la mort d’un secouriste, perturbé le trafic ferroviaire et endommagé une synagogue, ont annoncé les autorités locales.Deux journalistes ukrainiens de la chaîne Freedom TV ont été tués le même jour par un drone russe à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, a rappelé jeudi à Bruxelles M. Zelensky.

Résultats d’entreprises et optimisme commercial soutiennent Wall Street

La Bourse de New York a terminé en hausse jeudi, satisfaite jusqu’à présent de la saison des résultats d’entreprises, et encouragée par la confirmation d’une rencontre entre les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping.Après une ouverture sans entrain, le Dow Jones a finalement gagné 0,31%, l’indice Nasdaq a pris 0,89% et l’indice élargi S&P 500 0,58%.Donald Trump va entamer à la fin de la semaine une importante tournée en Asie, qui sera marquée par une rencontre très attendue avec son homologue chinois Xi Jinping, aux enjeux majeurs pour l’économie mondiale.Pour Christopher Low, de FHN Financial, il s’agit sans conteste de “la nouvelle la plus importante du jour”.”Cela ne sera peut-être pas productif, mais nous pouvons l’espérer, et une rencontre vaut mieux que pas de rencontre du tout”, a commenté l’analyste auprès de l’AFP.Le président américain avait laissé planer un doute sur la tenue de cette rencontre sur fond de tensions commerciales, tout en assurant s’attendre à conclure un “bon” accord entre les deux premières économies de la planète.”Au-delà de cela, les résultats financiers de ce trimestre ont été plutôt solides, pas pour tout le monde, mais un pourcentage plus élevé que d’habitude d’entreprises ont dépassé les attentes”, a relevé Christopher Low.Les grandes banques américaines ont ainsi profité des larges commissions engrangées dans la gestion d’actifs et la banque d’affaires, tandis que les industriels de la défense ont bénéficié d’une forte demande, en raison des tensions géopolitiques.Il reste encore à connaître les performances de plusieurs géants de la tech, qui pèsent lourd sur les indices de la place américaine, ainsi que celles des distributeurs, susceptibles de donner un nouvel aperçu de l’état de santé des consommateurs.”L’autre sujet dont tout le monde parle est le rapport du CPI (sur l’inflation, ndlr) qui sera publié vendredi”, a souligné Christopher Low.Cette publication “est toujours importante, mais elle l’est encore plus cette fois-ci, car il n’y a pas d’autres données” gouvernementales disponibles sur l’économie américaine en raison de la paralysie budgétaire qui touche le pays, a ajouté l’analyste.Une inflation plus forte qu’attendu pourrait réduire les perspectives d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale (Fed). Les spécialistes sont jusqu’à présent pratiquement unanimes: la banque centrale américaine devrait encore réduire ses taux d’un demi-point d’ici la fin de l’année, avec une première baisse dès la réunion de politique monétaire prévue la semaine prochaine.Sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’État américain retrouvait le seuil de 4%.Côté entreprises, l’action du spécialiste des véhicules électriques Tesla a pris 2,28% à 448,98 dollars. En début de journée, le groupe du milliardaire Elon Musk avait été plombé par la chute de son bénéfice net au troisième trimestre (-37%), en raison d’une hausse des dépenses opérationnelles et par les droits de douane. Le groupe pétrochimique américain Dow (+12,95% à 24,51 dollars) a profité de l’annonce d’un bénéfice net de 62 millions de dollars au 3T, après trois trimestres de perte.Les marchés s’attendaient à une nouvelle perte, cette fois de 269 millions de dollars.Le spécialiste des serveurs et des infrastructures d’informatique à distance Super Micro Computer (-8,72% à 47,92 dollars) a souffert d’un abaissement de ses prévisions pour le premier trimestre de son exercice décalé. L’entreprise s’attend à réaliser un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de dollars alors qu’elle tablaient auparavant sur plus de 6 milliards.

La suspension de la réforme des retraites actée, Lecornu promet un débat sur le financement

Le gouvernement a acté jeudi la suspension de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale, mais son mode de financement, sous le feu des critiques, donnera bien lieu à un débat, promet Sébastien Lecornu.Après plusieurs jours de tergiversations sur le véhicule législatif – amendement, projet de loi à part… – l’option de la lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a finalement été entérinée lors d’un Conseil des ministres spécial présidé, en visioconférence, par le président Emmanuel Macron depuis Bruxelles.”Gage de clarté et de transparence, cette inscription dans le texte initial”, réclamée par le RN et la gauche, “vise à garantir la tenue d’un débat parlementaire loyal et sincère”, a souligné Matignon dans un communiqué alors que l’examen du PLFSS débute lundi au Parlement.Le projet décale dans le temps l’application de la réforme Borne de 2023. Il suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.Cette suspension coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027, selon la lettre rectificative dévoilée mercredi par le quotidien économique Les Échos et dont l’AFP a obtenu copie.Pour financer la mesure, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution, d’après le document.La sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027, ce qui pèsera sur le pouvoir d’achat des retraités.Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…) passera de 2,05% à 2,25% en 2026.- “Jeu de dupes” -Mais ces options, qui font controverse, ne constituent pas “la proposition définitive”, a assuré jeudi Sébastien Lecornu en marge d’un déplacement à Romainville (Seine-Saint-Denis)”La lettre rectificative, c’est ce qui va permettre au débat d’avoir lieu jusqu’au bout”, a-t-il insisté, promettant que le gouvernement pourrait même “amender de lui-même” cette lettre si un “compromis” alternatif émergeait sur le financement.Alors que le gouvernement avait déjà indiqué que les pensions de retraite et les prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques, le tour de vis supplémentaire annoncé dans la lettre a suscité des critiques nourries.”Les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure”, a réagi auprès de l’AFP Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT. “On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs”, a déploré Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT.A gauche, La France insoumise a dénoncé “un jeu de dupes”. “Les retraités partiront trois mois avant mais avec une retraite plus faible”, a relevé le président de la commission des Finances, Eric Coquerel.Le Rassemblement national, également favorable à la suspension, a lui aussi dénoncé le financement de la mesure. “Ils tapent toujours sur les mêmes. Et en l’occurrence, évidemment, les retraités sont assez lourdement frappés par ce budget”, a dénoncé, depuis l’Assemblée nationale, la présidente des députés RN Marine Le Pen. Dans ce climat tendu, M. Lecornu a encore tenté jeudi d’afficher une ligne conciliatrice et optimiste. Il a ainsi refusé de qualifier d'”échec” le rejet d’une partie du budget de l’Etat en commission à l’Assemblée, y voyant un “premier tour de piste” avant l’arrivée vendredi dans l’hémicycle. Là, il faudra “trouver les voies du compromis”, a-t-il exhorté.Mais après avoir décroché la suspension de la réforme des retraites, le PS ne compte pas desserrer l’étreinte. Surtout que les socialistes sont mis sous pression sur leur flanc gauche par les Insoumis qui étrillent leur choix de ne pas censurer dans l’immédiat le gouvernement Lecornu 2.Il faut donc des mesures significatives de “justice fiscale”, a exhorté jeudi soir le chef des députés socialistes Boris Vallaud dans Le Parisien.”Si le bloc central n’est pas capable de voter la taxe Zucman (…) s’il n’est pas capable de voter l’ISF sur les milliardaires sur lequel nous avons travaillé et que nous proposerons, s’il n’est pas capable de justice fiscale, je ne suis pas sûr qu’il sera possible de discuter de la suite. Le débat budgétaire s’arrêtera très vite”, a-t-il insisté.Une menace annonciatrice de discussions houleuses ce week-end.bur-bj-vl-sde-jmt/leo/dch  

Légère hausse à la Bourse de Paris, avec quelques surprises

La Bourse de Paris a terminé en petite hausse jeudi, après une séance classique de résultats d’entreprises avec quelques surprises.L’indice vedette de la place parisienne a pris 0,23%, soit un gain de 18,91 points, pour s’établir à 8.225,78 points.”C’est une séance plutôt classique malgré quelques mouvements vifs et quelques surprises” du côté des résultats et de la réaction des investisseurs, a commenté Grégoire Kounowski, conseiller en investissement pour Norman K.- Kering, envolée surprise -Au tableau des bons points, le titre du groupe de luxe Kering s’est envolé de 8,71% à 344,95 euros, prenant la tête du CAC 40 au lendemain de la publication de ses ventes au troisième trimestre. Si celles-ci sont en baisse de 10% à 3,4 milliards d’euros, elles se sont inscrites au-dessus des attentes du marché. La hausse du titre “est un peu surprenante car la publication n’est pas très bonne, moins pire qu’attendu mais pas très bonne”, a jugé M. Kounowski, interrogé par l’AFP.”Les valeurs du luxe sont le reflet d’un marché où les investisseurs vont sur le secteur où il y a le plus d’argent à faire à court terme”, a-t-il poursuivi, notant, pour Kering, “une prime au nouveau patron”. Luca de Meo, est arrivé en septembre au poste de directeur général avec pour mission de redresser le groupe, très endetté.”Il fait des choses, apure le bilan”, avec la vente de la division beauté à L’Oréal pour 4 milliards d’euros, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi. Mais pour l’analyste, le groupe “n’a pas réglé les problèmes de sa marque phare Gucci”, dont les ventes s’amoindrissent. – Série de cartons rouges -Parmi la série des cartons rouges, on trouve l’éditeur français de logiciels Dassault Systèmes qui a chuté de 12,98% à 26,21 euros après avoir revu en baisse ses objectifs pour 2025 à cause d’une croissance moins rapide qu’espéré.Mauvaise note également pour le groupe franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics dont le titre a fondu de 14,12% à 21,89 euros, sanctionné après un bénéfice net en chute de 32,3% au 3e trimestre. “On est de retour à la case départ”, juge l’analyste de Norman K, alors que l’action est au plus bas depuis un mois et demi.- TotalEnergies suit le pétrole -Les cours du pétrole brut s’envolent, propulsés par l’annonce de sanctions américaines contre les groupes pétroliers russes Rosneft et Lukoil, susceptibles de limiter l’offre sur le marché pétrolier. Le prix du baril d’or noir gagnait plus de 5% après la clôture de la place parisienne.L’action de TotalEnergies a suivi le mouvement, prenant 2,02% à 54,10 euros.”Il y a une prime géopolitique qui se remet sur un secteur qui en avait besoin”, a indiqué Gregoire Kounowski.

TVA des auto-entrepreneurs: le Parlement abroge la réforme des seuils, mesure contestée du précédent budget

Le Parlement a entériné à l’unanimité, jeudi, l’abrogation d’une réforme contestée des seuils d’exemption de TVA pour les auto-entrepreneurs prévue dans le précédent budget. Un débat loin d’être clos, car le gouvernement revient à la charge dans le projet de budget 2026.Un ultime vote du Sénat, à l’unanimité, a permis à la proposition de loi du député Paul Midy (Renaissance) d’être définitivement adoptée au Parlement. L’Assemblée l’avait elle aussi votée à l’unanimité en juin, à l’identique.Introduite à la dernière minute via un amendement gouvernemental l’année dernière dans le projet de loi de finances, la réforme prévoyait d’abaisser à 25.000 euros de chiffre d’affaires annuel le seuil en deçà duquel les micro-entreprises sont exemptées de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), au lieu de 37.500 euros actuellement pour les prestations de services et 85.000 euros pour les activités de commerce.Le dispositif, qui devait rapporter environ 780 millions d’euros par an, dont la moitié pour l’Etat, avait suscité une levée de boucliers des acteurs économiques, en premier lieu desquels les micro-entreprises, particulièrement ciblées.”Ce changement radical aurait conduit dès cette année près de 200.000 structures, dont 135.000 micro-entrepreneurs, à devenir redevables de la TVA”, s’est insurgée la sénatrice LR Christine Lavarde.Face aux critiques, le gouvernement Bayrou avait annoncé fin avril la suspension de la réforme jusqu’à fin 2025, renvoyant la discussion au budget 2026.Face à ce que Paul Midy a qualifié de “traquenard fiscal”, les parlementaires ont donc proposé l’abrogation pure et simple du dispositif, pour en revenir à la situation de 2024.”Protéger les auto-entrepreneurs, c’est défendre l’emploi, le travail et la confiance dans notre économie réelle”, a salué le président du groupe macroniste au Sénat, François Patriat.- “Un vote qui tient compte du terrain” -Mais le débat est loin d’être terminé autour de la fiscalité des auto-entrepreneurs.En effet, le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu propose dans son projet de budget pour 2026 une voie médiane, avec un seuil de “droit commun” fixé à 37.500 euros, et un seuil spécifique abaissé à 25.000 euros pour les micro-entreprises du bâtiment. “L’approche du gouvernement est pragmatique. Elle divise par quatre le nombre d’entités affectées par rapport à la réforme de 2025”, a défendu le ministre des Petites et moyennes entreprises, Serge Papin, assurant qu’il fallait “corriger les déséquilibres”.Peu de sénateurs ont souhaité à ce stade s’exprimer sur cette nouvelle proposition, préférant “sécuriser juridiquement” la réforme et renvoyant le débat à la discussion budgétaire.A l’Assemblée nationale, le débat s’est déjà ouvert en commission des Finances. Mercredi, les députés avaient tout simplement… supprimé la mesure, en attendant l’examen dans l’hémicycle.Le Syndicat des indépendants (SDI), jeudi, s’est “félicité d’un vote (du Sénat, NDLR) qui tient compte du terrain”, et “offre une stabilité juridique et fiscale pour les quelque 1,4 million de microentrepreneurs”.Il souhaite néanmoins – et le fera porter dans la discussion budgétaire par des amendements du “socle majoritaire” – “le maintien du seuil actuel à 85.000 euros pour le commerce et l’hébergement, un seuil différencié à 25.000 euros pour le BTP et une étude d’impact” avant toute remise en cause des seuils.”La stabilité fiscale est une condition de survie pour nos TPE”, selon le secrétaire général du SDI Marc Sanchez.

“Neutralité carbone”: TotalEnergies condamnée pour pratiques commerciales trompeuses

La compagnie pétrolière TotalEnergies a été condamnée jeudi par la justice française pour pratiques commerciales trompeuses, pour avoir induit en erreur ses clients en vantant ses engagements vers la neutralité carbone d’ici 2050, un précédent salué par les associations anti-greenwashing.TotalEnergies a relativisé la portée du jugement en soulignant qu’il ne concernait que sa communication vers ses clients et ne lui interdisait donc pas de parler de neutralité carbone dans sa communication institutionnelle, plus générale.Mais il s’agit du “premier jugement au monde qui statue qu’un grand groupe pétrolier et gazier a trompé le public en verdissant son image”, fait valoir l’ONG ClientEarth qui suit de près la jurisprudence sur le greenwashing contre l’industrie pétrolière et gazière.Le tribunal judiciaire de Paris a estimé que TotalEnergies et sa filiale TotalEnergies électricité et gaz avaient fait état d’allégations environnementales, à partir du site commercial totalenergies.fr, qui “étaient susceptibles d’altérer le comportement d’achat du consommateur” et de l'”induire en erreur”, faute pour le groupe d’avoir précisé explicitement qu’il avait son propre scenario pour atteindre la neutralité carbone, et qu’il continuait à augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz.Le tribunal juge “qu’en visant l’objectif de neutralité carbone, au sens de l’Accord de Paris, le groupe faisait comprendre au consommateur qu’il se référait aux préconisations de la communauté scientifique alignées sur l’Accord de Paris, qui recommande de réduire immédiatement la production d’énergies fossiles”, selon son communiqué.La juridiction civile a en revanche rejeté les demandes des associations concernant les allégations de TotalEnergies sur le gaz fossile et les agro-carburants, qui ne peuvent être assimilées à des publicités.Elle n’a pas non plus condamné la compagnie sur sa communication institutionnelle, relevant d’autres normes juridiques, ou ses publicités passées sur la vente d’électricité et de gaz, ce dont le groupe s’est félicité.”TotalEnergies SE prend acte du jugement du tribunal judiciaire de Paris qui a rejeté l’essentiel des demandes formulées à l’encontre de TotalEnergies SE, en particulier celles relatives à la communication institutionnelle”, a indiqué dans un communiqué le groupe, sans préciser s’il ferait appel.- “Avertissement” -Le tribunal avait été saisi en 2022 au civil par les ONG Greenpeace France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à tous.Elles se sont immédiatement félicitées d'”un précédent juridique majeur contre la désinformation climatique des majors pétrolières”.La décision apporte une nouvelle pierre dans la jurisprudence sur le greenwashing ou écoblanchiment – le fait de se présenter plus vertueux sur l’environnement qu’en réalité – non seulement en France mais en Europe et au-delà.Des tribunaux et régulateurs européens ont déjà épinglé pour écoblanchiment les compagnies aériennes KLM en 2024 et Lufthansa en mars, et d’autres entreprises dans l’alimentation et d’autres secteurs.”Ce jugement historique envoie un avertissement aux autres majors pétrogazières d’Europe et d’ailleurs: affirmer faire partie de la transition tout en développant de nouveaux projets fossiles a désormais un prix judiciaire établi”, a réagi Johnny White, juriste de ClientEarth.- Retrait des messages -L’affaire portait sur la communication du groupe, à partir de mai 2021, sur son site internet, dans la presse, sur les réseaux sociaux et à la télévision. A l’époque, Total venait de se rebaptiser TotalEnergies pour souligner son ambition d’être “la compagnie de toutes les énergies”, du pétrole à l’électricité éolienne et solaire.Le groupe affichait alors son objectif de “neutralité carbone d’ici 2050, ensemble avec la société” et vantait le gaz comme “l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre”, malgré son bilan climatique contesté en raison des fuites de méthane, très réchauffant pour l’atmosphère.En tout, une quarantaine de messages, dont une partie encore accessibles en ligne, étaient épinglés. Les associations ont été déboutées sur la plupart mais obtenu le retrait de trois communications, telles que: “Notre ambition est d’être un acteur majeur de la transition énergétique tout en continuant à répondre aux besoins en énergie des populations” ou “Nous avons pour ambition de contribuer à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ensemble avec la société”. Le jugement devra être publié sur la page d’accueil du site www.totalenergies.fr.

Interdiction des voitures neuves thermiques: la France veut “des flexibilités”

Tout en assurant vouloir “poursuivre l’électrification des véhicules”, les ministères de l’Économie et de la Transition écologique indiquent jeudi qu’ils “défendr(ont) des flexibilités en matière de neutralité technologique” si elles s’accompagnent de mesures de soutien à l’emploi en Europe.”La France souhaite poursuivre l’électrification des véhicules et défendra des flexibilités en matière de neutralité technologique dès lors qu’elles s’accompagneront de mesures très claires d’incitation à la préférence européenne qui soutiennent les emplois industriels en Europe”, déclarent ces deux ministères dans un communiqué.Les ministres Monique Barbut (Transition écologique), Roland Lescure (Économie) et ministre délégué Sébastien Martin (Industrie) souhaitent que “le règlement européen sur les émissions de CO2 des véhicules neufs soit avant tout au service de la production automobile en Europe et introduise une réelle incitation à la préférence européenne dans l’automobile”.La décarbonation du secteur automobile est considérée comme une étape clé pour que l’UE remplisse ses objectifs de réduction d’émissions réchauffantes pour la planète. Mais l’interdiction de la vente de véhicules thermiques ou hybrides, neufs, dans l’UE à partir de 2035 est contestée par les constructeurs automobiles européens, qui réclament à cor et à cri un assouplissement des règles. Les groupes automobiles européens sont confrontés à des ventes de modèles électriques moins élevées que prévu (en raison de leur prix notamment) et à une très forte concurrence chinoise. Sans compter les droits de douane imposés par Donald Trump.Le Chancelier allemand Friedrich Merz s’était engagé début octobre à “tout faire” pour lever cette interdiction, répondant ainsi à l’appel l’industrie automobile en crise de son pays.- La Commission sous pression -Le terme “neutralité technologique” est mis en avant par des constructeurs automobiles qui réclament un assouplissement de la réglementation européenne: ils veulent par exemple l’autorisation de la vente de véhicules hybrides rechargeables après 2035, ou des règles plus favorables pour les carburants synthétiques et biocarburants.A ce stade, la Commission européenne assure maintenir le cap, mais la pression monte: la loi actuelle prévoyait de réévaluer la mesure et ses impacts en 2026. L’exécutif européen a promis de se pencher sur le sujet dès la fin de cette année.Pour Bercy et le ministère de la Transition écologique, “il s’agit de produire en Europe, avec des composants européens, les véhicules vendus au sein de l’Union”. Ces véhicules “bénéfiques pour les équipementiers européens” qui “permettent de maintenir et de créer des emplois industriels en Europe devront être soutenus”, écrivent-ils dans le communiqué.Selon un rapport du Sénat récemment publié, le secteur automobile emploie 800.000 personnes en France (350.000 chez les constructeurs, 450.000 chez les équipementiers).La fédération des équipementiers (Fiev) plaide pour l’adoption rapide de règles de contenu local minimum européen dans la fabrication d’une voiture.”Parce que l’électrification ne doit pas être synonyme de désindustrialisation, la France entend privilégier la responsabilité et le pragmatisme, sans renoncer à l’ambition ni aux engagements pris devant les Français et devant l’Europe”, ajoutent Bercy et le ministère de la Transition écologique.Cette déclaration intervient deux jours après que la France et l’Espagne ont réaffirmé leur soutien à l’interdiction, prévue pour 2035, de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l’Union européenne. Dans une missive révélée par le média Contexte et consultée par l’AFP, les deux pays assurent que la révision prévue par la Commission ne devra “en aucun cas remettre en cause l’objectif de zéro émission” pour 2035.

Shein: Disneyland Paris renonce à son partenariat pour Noël avec le BHV

Disneyland Paris renonce à son projet pour Noël avec le BHV, après l’annonce du partenariat entre la plateforme Shein et le grand magasin parisien, a annoncé jeudi le parc d’attractions à l’AFP, confirmant une information du Parisien.Disneyland Paris, parc d’attractions le plus fréquenté de France, devait installer du 4 novembre au 31 décembre un magasin éphémère et des vitrines sur le thème de l’attraction “It’s a small world” à l’occasion des fêtes de fin d’année. “Les conditions ne sont plus réunies pour déployer sereinement les animations de Noël”, a-t-il déclaré à l’AFP. Cette décision est prise alors que la marque Shein doit ouvrir à partir de novembre six magasins physiques pérennes en France, dont l’un au sein du Bazar de l’Hôtel de ville (BHV). Le projet, fruit d’un accord entre Shein et la Société des grands magasins – SGM, foncière commerciale qui exploite l’établissement parisien – a suscité une vive polémique depuis son annonce début octobre, les plateformes asiatiques à prix discount étant notamment accusées de concurrence déloyale, de pollution environnementale ou encore de conditions de travail indignes.Plusieurs marques avaient déjà annoncé leur départ du BHV suite à cette annonce.”Ce partenariat est un mauvais signal qu’il faut éviter”, a aussi estimé jeudi le cabinet du ministre du Commerce, Serge Papin, interrogé par l’AFP, ajoutant que le ministre souhaitait “trouver en ce sens des solutions”.Interrogé jeudi matin sur TF1 sur le fait de savoir s’il faisait “pression” et avait “encore un espoir” d’empêcher l’arrivée de Shein au BHV, Serge Papin avait répondu “oui”, sans plus de précisions.

Wall Street évolue dans le vert, les yeux rivés sur les résultats d’entreprises

Après une ouverture sans grand entrain, la Bourse de New York évoluait finalement dans le vert jeudi, les investisseurs décortiquant une nouvelle salve de résultats trimestriels en demi-teinte, sur fond d’espoirs de détente commerciale.Vers 14H00 GMT, le Dow Jones prenait 0,22%, le Nasdaq gagnait 0,54% et l’indice élargi S&P 500 prenait 0,18%.”Les résultats financiers sont le sujet principal” aujourd’hui, explique auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.Après des performances décevantes du géant du “streaming” Netflix, le marché digère avec difficulté celles du spécialiste des véhicules électriques Tesla.Le groupe du milliardaire Elon Musk a subi une chute de 37% de son bénéfice net au troisième trimestre à 1,37 milliard de dollars, plombé par une hausse des dépenses opérationnelles et par les droits de douane. L’action Tesla chutait de 5,10% à 416,60 dollars.”Compte tenu de l’ampleur du dérapage, le titre se comporte plutôt bien”, estime toutefois M. Sosnick.”Les actions à très forte capitalisation continuent d’évoluer de manière timide”, observe aussi Patrick O’Hare, de Briefing.com, à l’image du géant des puces Nvidia (-0,05%) ou de Microsoft (-0,07%).Les investisseurs continuent de scruter les derniers développements commerciaux, “après des informations selon lesquelles l’administration Trump envisagerait d’imposer des restrictions drastiques à l’exportation de logiciels vers la Chine”, notent les analystes de Briefing.com.Donald Trump a affirmé mardi s’attendre à conclure un “bon” accord commercial avec Pékin, mais a toutefois averti que la rencontre prévue la semaine prochaine avec son homologue chinois Xi Jinping pourrait ne pas se produire.En ce qui concerne les droits de douane, “les opérateurs semblent préférer se concentrer sur les bonnes nouvelles”, note M. Sosnick et espèrent une détente des tensions entre Washington et Pékin.Côté indicateurs, la place américaine attend la publication vendredi de l’indice des prix à la consommation (CPI) pour septembre, repoussée en raison de la paralysie budgétaire (“shutdown”) qui frappe le pays.Sur le marché obligataire, le rendement à échéance dix ans des emprunts de l’État américain se tendait, à 3,98% contre 3,95% mercredi en clôture.Au tableau des valeurs, le groupe informatique américain IBM reculait franchement (-5,00% à 273,12 dollars) malgré des résultats meilleurs qu’escompté.En cause: “la croissance de ses revenus liés au +cloud+ a ralenti, soulignant qu’avec des valorisations à des niveaux record, tout signe de faiblesse peut entraîner un recul”, expliquent les analystes de Briefing.com.La compagnie aérienne American Airlines progressait (+3,57% à 12,52 dollars) après avoir annoncé jeudi une perte nette moins creusée qu’attendu au troisième trimestre.Son chiffre d’affaires est resté quasi-stable (+0,3%) sur un an à 13,69 milliards de dollars.Le groupe pétrochimique américain Dow (+11,11% à 24,11 dollars) profitait de l’annonce d’un bénéfice net de 62 millions de dollars au 3T, après trois trimestres de perte.Les marchés s’attendaient à une nouvelle perte, cette fois de 269 millions de dollars.

Budget: le RN propose 36 milliards d’économies, principalement via des baisses de dépenses

Le RN a présenté jeudi son contre-budget pour 2026, proposant de réaliser 36 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit, avec dans le détail 50 milliards de baisse des dépenses et 14 milliards de baisses des recettes.”Remettre l’Etat à la bonne place, arrêter les dépenses inutiles, inefficaces, voire toxiques et surtout répondre aux préoccupations des Français”, tel est l’objectif du Rassemblement national, dont le contre-budget doit servir de “ligne directrice” durant les discussions budgétaires, a résumé la présidente du groupe des députés RN, Marine Le Pen.Le projet de budget du gouvernement propose un effort global d’une trentaine de milliards d’euros pour 2026, entre hausse des prélèvements (14 milliards) et économies de dépenses (17 milliards). Les députés discuteront à partir de vendredi en séance de la partie recettes du budget de l’Etat, qu’ils ont rejetée en commission dans la nuit de mercredi à jeudi.Le contre-budget RN liste 32,4 milliards de “dépenses inefficaces”. Parmi elles, la baisse de la contribution française à l’Union européenne (8,7), la baisse des moyens dévolus aux “agences et opérateurs” de l’Etat (7,7) et la baisse de l’Aide publique au développement (2,3). Le parti pousse le curseur plus loin que l’an dernier pour les deux premiers postes, où il envisageait des baisses de 5 milliards et 3,4 milliards d’euros.S’y ajoutent la suppression de 4,1 milliards de “dépenses inutiles”, dont 3,2 milliards de baisses des subventions aux associations.Autre poste d’économies (11,9 milliards): l’immigration, avec notamment l’obligation de cinq ans de travail à temps plein pour les étrangers qui souhaitent bénéficier d’un certain nombre de prestations de solidarité, ou la transformation de l’aide médicale d’État en aide médicale d’urgence.Côté recettes, le budget prévoit 45 milliards de baisses ou de suppressions d’impôts (baisse de la TVA sur les énergies, suppression de la TVA sur 100 produits de première nécessité…) et 31 milliards de recettes nouvelles (avec notamment un impôt sur la fortune financière, une taxe sur les superdividendes, ou encore un plan de lutte contre les fraudes). Il envisage 7 milliards de nouvelles dépenses, notamment avec le dégel des prestations sociales, mais aussi le financement de la réforme des retraites du RN (1,5 milliard). Sur la suspension de la réforme des retraites prévue par le gouvernement dans le projet de budget de la Sécurité sociale, “nous sommes pour”, a rappelé Mme Le Pen. Mais il y a dans les textes budgétaires du gouvernement “des choix que l’on ne peut pas soutenir”, a-t-elle aussi ajouté, sans préciser si le Rassemblement national pourrait s’abstenir sur le projet de budget de la Sécurité sociale pour laisser passer cette mesure. La France insoumise a opposé un tir nourri à ces propositions. Son chef de file Jean-Luc Mélenchon a notamment dénoncé sur X le “démantèlement des grandes agences de l’Etat”, “cinq milliards de coupes pour les collectivités”, et “vingt milliards de cadeaux fiscaux annoncés pour les grandes entreprises”.Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a de son côté interpellé le RN sur les coupes claires dans “les subventions de l’Etat aux associations +ne relevant pas de l’intérêt général+”. “Lesquelles ? Quels sont les critères retenus?”, a-t-il demandé.