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L’influence française disputée dans l’océan Indien

Mayotte, îles Eparses … La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie, joue les équilibristes dans l’océan Indien, où Emmanuel Macron entame lundi une tournée de cinq jours.Le chef de l’Etat, fidèle à sa stratégie “indopacifique”, va réaffirmer les ambitions françaises de puissance régionale tout comme une volonté de coopération renforcée avec les Etats du sud-ouest de l’océan Indien.Après des étapes à Mayotte et La Réunion, les deux départements aux avant-postes de la présence française dans cette zone, il se rendra à Madagascar et Maurice.Et participera jeudi à Antananarivo, la capitale malgache, au cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), qui réunit cinq Etats insulaires (Madagascar, Maurice, Comores, Seychelles, France au titre de La Réunion).”La France a certes la puissance de feu, mais elle n’est pas forcément en position de force, pas forcément numéro un et en tout cas pas seule. Les compétiteurs sont présents et actifs”, résume à l’AFP Christiane Rafidinarivo, chercheuse au centre de recherches politiques Cevipof de Sciences-Po à Paris.Grâce à ses multiples îles et îlots à travers les océans, la France possède certes le deuxième espace maritime du monde (10 millions de kilomètres carrés), dont 27% dans cette partie du globe.Grâce aux îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), des “confettis” quasi inhabités – sans compter Mayotte au nord – elle contrôle plus de la moitié de la surface du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique du transport maritime international.- “Accès aux ressources” -Elle dispose aussi de moyens militaires, dont une base navale à La Réunion, et économiques conséquents par rapport aux pays riverains.Mais Madagascar revendique la souveraineté sur les Eparses tout comme les Comores sur Mayotte, qui s’en est détaché lors de leur indépendance en 1975 pour rester française. L’île Maurice réclame de son côté Tromelin au nord de La Réunion.”La France est dans une situation un peu plus contrainte qu’il n’y paraît”, explique Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’université Paris-Nanterre.”Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, un enjeu d’accès aux ressources et puis c’est un moyen de pression pour obtenir autre chose” de Paris, en matière d’immigration ou de sécurité.Le canal du Mozambique renferme d’importantes réserves en hydrocarbures – au point qu’on le qualifie parfois de “nouvelle mer du Nord” – et halieutiques.Le rôle de la France y est désormais disputé par la Chine, qui investit massivement dans la zone, notamment à travers le développement de ports, et dispose d’une importante flotte de pêche. Etats-Unis, Russie et Inde y renforcent aussi leur présence.Russes et Chinois y ont également mené des exercices militaires avec l’Afrique du sud.- “Epine dans le pied” -La Russie, après avoir tenté en vain d’adhérer à la COI en 2020, a apporté son soutien à Madagascar dans sa revendication sur les îles Éparses, tout comme aux Comores, dont elle s’est rapprochée, pour Mayotte.”Le statut de Mayotte est extraordinairement instable. C’est une épine dans le pied de la France”, estime Bertrand Badie, spécialiste de relations internationales à Sciences Po. Les Comores s’opposent aussi à son intégration à la COI, réclamée par les élus mahorais. Face à ces résistances, Emmanuel Macron devrait s’en tenir à une ligne pragmatique, c’est-à-dire demander une “inclusion” progressive de Mayotte à la COI à travers des programmes de coopération notamment sur la santé.”Pour la France, il s’agit de consolider des coopérations avec des Etats pour qu’ils ne deviennent pas hostiles, ne rentrent pas dans d’autres réseaux qui seraient hostiles”, note Christiane Rafidinarivo.Mayotte, département le plus pauvre de France, présente d’énormes fragilités, avec une importante pression migratoire en provenance des Comores et le cyclone Chido, le plus dévastateur depuis 90 ans, qui a mis à terre son économie en décembre.”C’est une région du monde dans laquelle la décolonisation n’a jamais été véritablement accomplie. La déstabilisation tient à un fil. Il suffit d’un pouvoir populiste dans l’un des pays”, relève Bertrand Badie.

Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville reconnecté au réseau électrique

Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), à l’arrêt depuis le 15 février pour maintenance, a été reconnecté au réseau électrique samedi soir, les opérations de redémarrage ayant abouti deux jours avant la date initialement prévue, a annoncé EDF.”Toutes les opérations de redémarrage et de connexion au réseau ont pu être faites et cela a permis un couplage sur le réseau dès samedi”, après plusieurs reports pour des opérations de maintenance supplémentaires, a déclaré EDF dimanche à l’AFP.Le site d’EDF indique que la puissance disponible est de 90 MW (contre 1.620 MW de puissance maximale) depuis 20h30 samedi et que des “essais avec variation de puissance” sont prévus jusqu’à mercredi.Le groupe a précisé à l’AFP maintenir son planning prévisionnel, qui prévoit d’atteindre “à l’été 2025” la pleine puissance, soit “100% de puissance nominale”.Le processus pour un premier démarrage de réacteur est “long et s’étend sur plusieurs mois”, il est donc “normal de ne pas être actuellement à pleine puissance” puisque “la montée en puissance du réacteur se réalise par paliers successifs”, a ajouté EDF.EDF avait prévenu que la montée en puissance du 57e réacteur nucléaire français serait un processus progressif, pouvant nécessiter une dizaine d’arrêts de maintenance programmés et, en parallèle, des opérations imprévues. “Plus de 1500 critères de sûreté sont testés lors d’un premier démarrage”, avait-il indiqué.Le réacteur de 3e génération avait déjà connu deux phases d’arrêt programmées depuis son raccordement au réseau le 21 décembre 2024, réalisé avec 12 ans de retard.Le 15 février, le réacteur a été mis à l’arrêt de manière imprévue pour “réaliser une intervention sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer”. L’arrêt avait été prolongé deux fois en février pour des interventions de maintenance et des réglages supplémentaires.Initialement prévu le 30 mars, le redémarrage a été repoussé plusieurs fois depuis et devait avoir lieu lundi.Selon EDF, des “interventions ont été réalisées sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer, sur le groupe turbo alternateur (opérations de reprise des réglages sur trois paliers, pièces portant et guidant les rotors) et sur des matériels requis pour la poursuite des opérations de montée en puissance du réacteur en toute sûreté”.Pièce maîtresse dans une centrale nucléaire, la turbine permet de transformer l’énergie thermique issue des générateurs de vapeur en une énergie mécanique qui entraîne l’alternateur pour créer l’électricité.

Journal d’un agriculteur: “Je voulais faire la multinationale du bien-être”

Jérôme Caze, 37 ans, marié et père de trois enfants, à la tête d’une exploitation maraîchère, et d’élevage de poulets et de porcs en Lot-et-Garonne, lancée il y a sept ans, raconte son quotidien de “petit agriculteur” à l’AFP depuis octobre.Dans ce cinquième épisode, il revient sur son parcours en confrontant ses ambitions initiales, basées sur “la qualité” et le “bien-être”, à la réalité d’un monde exigeant et en proie à des crises récurrentes.- Bien-être -“On a besoin de renflouer l’entreprise. Actuellement, on parvient à éponger les erreurs qu’on a faites au début et les factures en retard.On va arrêter le maraîchage cette année. C’est une réflexion poussée par ma femme (en congé sabbatique, elle l’appuie ponctuellement dans son travail, NDLR). Seul, je m’y serais cramponné, parce que c’était l’héritage culturel familial.Ça reste un échec mais on ne dépensera plus 10.000 euros par an pour acheter des graines.Quand j’ai repris la ferme de mes parents qui ne juraient que par la qualité, j’envisageais d’aller plus loin et de faire une +multinationale du bien-être+.Je me voyais réfléchir, donner les consignes au chef de culture et à un ou deux salariés. Dans ce modèle, le problème, c’est que tout le monde te parle des pesticides mais personne n’évoque la dureté du travail quand tu les supprimes.J’en vois des types qui logent des saisonniers dans des petits bungalows à 600 euros par mois, avec un loyer pris sur le salaire… Ça, je m’y suis toujours refusé.”- Compromis -“À l’école, on nous disait qu’il faut voir l’exploitation comme un tabouret : à trois pieds, ce n’est jamais bancal. Donc on va continuer trois productions : les légumes mais en primeur, les poulets plein air et les cochons de race Duroc, que je veux développer.On veut que les animaux soient bien traités, dans des conditions qui se rapprochent du naturel : dehors, nourris aux déchets de légumes et céréales, avec un point d’eau et un point de souille pour s’y baigner et éviter les coups de soleil et les moustiques.Avoir un objectif final de production ne doit pas empêcher de bien les considérer.J’ai découvert l’abattoir cette année : il y a un petit corridor quand ils descendent du camion, tu peux leur parler, les nourrir, les caresser, les guider. Les pauvres sont allés à la mort tranquillement, en douceur et en confiance. C’est vraiment la méthode qui nous convient.Mon élevage a deux mâles reproducteurs et quatre mères. Je vise deux femelles adultes supplémentaires, pour faire plus de petits, plus de volume avec des rotations de portées.Il y a un petit côté +logique industrielle+ en pensant comme cela mais … la vie est faite de compromis.En agriculture, tu arrives avec un rêve et souvent on te claque la porte. En fait, tu comprends qu’il faut jouer leur jeu, sans le faire totalement, rester des petits, des marginaux, mais dans le rang.”- Fierté -“Par exemple, je veux laisser plusieurs mois de repos aux femelles entre les portées. Le bien-être doit primer sur le volume ou le billet.Si tu as trop d’animaux par parcours, tu t’éloignes des conditions de vie naturelles, celles des sangliers. Même si on veut plus de cochons, on évitera cela, c’est une ligne qu’on s’est fixée.On ne se verse pas de salaire cette année, on en chie mais on sait qu’on va dans la bonne direction, en respectant nos principes et en gardant notre force de caractère.Ce qui me fait vibrer, c’est quand je rencontre d’autres agriculteurs qui empruntent cette voie, ou quand des partenaires ou des clients visitent la ferme.Je suis fier quand je montre mes bêtes, la nurserie, ma façon de travailler.On ne part pas souvent en weekend mais bosser en pleine nature, chez toi, avec les gamins qui viennent t’aider ou faire les pitres à côté, y’a pas beaucoup de métiers qui le permettent.C’est pour tout ça qu’on continue. Quand on aura plus de cochons, on trouvera des débouchés, le bouche-à-oreille va fonctionner. On va y arriver.”Propos recueillis par Karine ALBERTAZZI et Thomas SAINT-CRICQ

A Damas, les fonctionnaires font la queue pour toucher leur maigre revenu

Assis sur le trottoir devant une banque de Damas, Abou Farès, 77 ans, est à bout de forces après avoir attendu des heures pour toucher une part de sa maigre retraite, à cause du manque de liquidités en Syrie.”Je suis ici depuis environ quatre heures, et je n’ai pas encore pu toucher ma retraite”, affirme ce retraité, qui ne veut pas donner son nom de famille. “Les distributeurs ne sont pas suffisamment approvisionnés et les files d’attente sont longues”, ajoute-t-il.Les nouvelles autorités syriennes, issues d’une coalition de groupes islamistes qui a renversé le 8 décembre le président Bachar al-Assad, ont hérité d’un pays ruiné par une guerre de près de 14 ans.Les sanctions économiques imposées précédemment au pays et dont elles réclament la levée impactent lourdement le pays, où selon l’ONU, 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté.La crise de liquidités a forcé les autorités à drastiquement plafonner les retraits.La Russie, alliée de Bachar al-Assad, avait le monopole de l’impression des billets. Depuis décembre, les nouvelles autorités ont annoncé avoir reçu une seule fois, en février, de nouveaux billets imprimés à Moscou.Dans le pays qui compte quelque 1,25 million d’employés de l’Etat, ces fonctionnaires doivent faire la queue devant l’une des deux banques publiques ou devant des distributeurs pour retirer une somme plafonnée à 200.000 livres syriennes, soit environ 20 dollars par jour.Certains fonctionnaires sont ainsi contraints de prendre un congé pour passer la journée à tenter de retirer une part de leurs revenus. Les épargnants qui veulent retirer leurs économies sont dans le même cas.”Il y a des malades, des personnes âgées (…) on ne peut pas continuer comme ça”, lâche Abou Farès. – “Manque clair de liquidités” -Les banques ont la possibilité de relever le plafond des 200.000 livres syriennes en cas de disponibilité de liquidités, selon une employée d’une banque privée ayant souhaité rester anonyme.Mais “il y a un manque clair de liquidités, c’est également pour cette raison que nous désactivons les distributeurs automatiques à la fin des horaires de travail officiels”, ajoute-t-elle à l’AFP.Devant le guichet de la Banque commerciale publique syrienne, une file chaotique de près de 300 personnes s’allonge. Comme Abou Farès, certains attendent assis à même le sol.Mountaha Abbas, une fonctionnaire de 37 ans, doit s’y reprendre à trois fois pour pouvoir retirer l’intégralité de son salaire de 500.000 livres syriennes, soit environ 50 dollars.”Des files, que des files (…) notre vie est faite de files d’attente”, soupire cette femme, le visage encadré par un voile blanc.Après cinq heures d’attente, elle peut finalement retirer 200.000 livres, en espérant avoir davantage de chance le lendemain.”Il y a beaucoup de distributeurs à Damas, mais très peu fonctionnent”, remarque-t-elle. Avant le début du conflit en 2011, un dollar valait environ 50 livres. La monnaie locale a depuis perdu plus de 90 % de sa valeur.L’économiste Georges Khouzam explique que les cambistes, un métier qui était clandestin sous Assad, ont “délibérément réduit la liquidité en livres syriennes pour provoquer des fluctuations rapides sur le marché et en tirer profit, et non pour soutenir la monnaie nationale”.Vendre des devises était passible de sept ans de prison et de lourdes amendes du temps du pouvoir d’Assad, qui gardait la main sur les monnaies étrangères pour se maintenir à flot.

En pleine guerre commerciale, Trump redouble de pression sur la Fed

Les tensions entre Donald Trump et le patron de la Fed Jerome Powell se sont encore accentuées cette semaine, le président américain menaçant de se débarrasser du patron de la Banque centrale, un mouvement qui remettrait en cause l’indépendance séculaire de l’institution.Avant même que ses droits de douane ne viennent chahuter l’économie américaine, Donald Trump n’a cessé d’appeler à une baisse des taux de la Fed pour doper la croissance.Mais la détermination de Jerome Powell à choisir son propre rythme a visiblement frustré le président, entraînant la Maison Blanche et la Fed dans un conflit ouvert qui pourrait déstabiliser les marchés financiers, selon plusieurs analystes.”Si je veux qu’il parte, il va partir très vite croyez-moi”, a lancé jeudi Donald Trump à l’intention de Jerome Powell, dont le mandat doit s’achever en mai 2026.Le président de la Fed ne l’a pas caché: il ne compte pas partir de manière anticipée, ajoutant dans la semaine que l’indépendance de l’institution était “garantie par la loi”.”Le simple fait que le président de la Fed doive s’exprimer sur le sujet montre clairement qu’ils sont sérieux”, observe la cheffe économiste du cabinet KPMG Diane Swonk, en référence aux responsables de la Maison Blanche.Pour la plupart des économistes, la hausse des droits de douane voulue par Donald Trump pourrait, au moins à court terme, ralentir la croissance et tirer les prix à la hausse, éloignant un peu plus l’objectif de 2% d’inflation visé par la Fed et la pousser à maintenir ses taux élevés plus longtemps.”Je pense qu’on se dirige vers un conflit mais je ne crois pas que la Fed risque de déposer les armes sous la pression politique”, juge la cheffe économiste de Wolfe Research, Stephanie Roth.”Ils ne vont pas réagir parce que Trump a posté un message leur demandant” de baisser les taux, estime l’analyste. Selon elle, ce serait “la recette d’un désastre”.- Indépendance “absolument essentielle” – La majorité des spécialistes estiment que le président américain n’a pas le pouvoir de licencier comme bon lui semble le patron de la Fed, ni aucun des principaux membres de l’institution.Créée il y a plus d’un siècle, la Fed a été organisée de manière à la protéger des influences politiques, et le pouvoir de nomination du président est limité à certains postes seulement, et doit passer par une confirmation du Sénat.”L’indépendance est absolument essentielle pour la Fed. Les pays qui n’ont pas de banque centrale indépendante ont des monnaies bien plus faibles et des taux d’intérêts nettement plus élevés”, rappelle Mme Roth.L’une des menaces potentielles sur la Fed pourrait venir d’une procédure judiciaire intentée devant la Cour suprême. L’administration Trump cherche à revenir sur une jurisprudence de 1935 qui empêche, à ce jour, au président américain de limoger les responsables d’agences gouvernementales indépendantes.Mais, même si elle obtenait gain de cause, la Maison Blanche serait confrontée à l’ultime juge de paix: le marché obligataire.Les récentes tensions sur les marchés financiers ont entraîné une hausse de la prime de risque sur les bons du Trésor américain, soulignant que les investisseurs ne voyaient plus nécessairement l’Etat américain comme la valeur refuge qu’il pouvait être jusqu’ici.Un mouvement inattendu qui a incité Donald Trump à suspendre une importante vague de ses droits de douane, soulageant ainsi les marchés financiers.Si les investisseurs estimaient que la capacité de la Fed à agir indépendamment contre l’inflation était remise en question, la prime de risque sur la dette américaine repartirait sûrement à la hausse, mettant de nouveau le gouvernement sous pression.”On ne peut pas contrôler le marché obligataire, c’est la morale de l’histoire. Et c’est pour cela qu’on veut une Fed indépendante”, insiste l’experte Diane Swonk.

Bruno Le Maire propose d’unifier une partie de la dette publique en Europe pour créer un “euro de référence”

L’ex-ministre de l’Economie français Bruno Le Maire a plaidé samedi pour une “mise en commun” d’une partie des dettes des pays européens afin d’aider à créer un “euro de référence” face au “roi dollar qui vacille” dans un contexte de fortes tensions commerciales avec les Etats-Unis.Sur X, celui qui a dirigé Bercy pendant sept ans a appelé samedi à ce que la Commission européenne étudie “la mise en commun de toutes les dettes nationales” européennes “au-dessus d’un plafond de 50% d’endettement”.Il a également proposé “de fondre en un seul titre” les titres de la Banque européenne d’investissement (BEI) et ceux de la dette commune européenne issue du plan de relance de 750 milliards d’euros décidé en 2020 en pleine pandémie de Covid, qui sera remboursée jusqu’en 2058.Pour Bruno Le Maire, ces décisions “accélèreront la création d’un marché attractif de la dette européenne”, ce qui permettrait de “financer nos investissements à un prix abordable”, notamment via une “nouvelle émission de dette en commun”.Renforcer l’euro dans les échanges, c’est également donner aux pays de la zone des “leviers de négociation avec leurs partenaires commerciaux, Etats-Unis compris”, estime Bruno Le Maire, qui a quitté Bercy en septembre 2024 lors de la nomination du gouvernement Barnier.”Pour la première fois depuis 1945, les Européens ont entre les mains une heure opportunité unique de faire de l’euro une monnaie de référence mondiale” face au “roi dollar qui vacille sur son trône, sous les coups de ses propres sujets, le président des Etats-Unis (…) en tête.”Bruno Le Maire a également plaidé pour “accélérer la mise en place d’un euro numérique”, un projet de la Banque centrale européenne (BCE), pour s’affranchir de “Visa, Mastercard ou Paypal”, américains.L’imposition de droits de douane par le président américain Donald Trump a mené les investisseurs internationaux à se délester massivement de tous les grands actifs américains, dont le dollar, la monnaie de référence pour les échanges internationaux.Le dollar a perdu 5% face à l’euro depuis le 2 avril et plus de 8% depuis l’investiture de Trump le 20 janvier.Une grande partie des droits de douane décidés à l’encontre de l’Union européenne sont pour l’heure suspendus, Donald Trump s’étant dit jeudi sûr “à 100%” qu’un accord serait trouvé avec l’UE sur le sujet.

Favoriser l’achat de produits bio pour protéger la femme enceinte et son bébé

Chou-fleur, poireaux, patates douces, kiwis… Dans une ferme maraîchère de l’agglomération de La Rochelle, Cassandra remplit son panier de produits bio chaque semaine, comme d’autres femmes enceintes que la collectivité aide financièrement à mieux s’alimenter pour protéger leur bébé.La future maman, âgée de 25 ans et habituée d’ordinaire aux supermarchés, bénéficie du programme “Jeunes pousses” lancé fin mars, inspiré d’initiatives similaires ailleurs en France.Vingt-cinq femmes enceintes de plus de trois mois bénéficient pendant six mois de 15 euros par semaine pour acheter des fruits et légumes bio chez des producteurs locaux. Des ateliers de sensibilisation à la santé environnementale, à la cuisine et à la diététique complètent le dispositif.”L’objectif est de convaincre les femmes enceintes de la nécessité absolue d’avoir une alimentation de qualité”, souligne Marc Maigné, vice-président de la communauté d’agglomération chargé du contrat local de santé.”Les 1.000 premiers jours de la vie, dès la conception, sont les plus dangereux” pour l’enfant. “Il est important qu’il soit exposé le moins possible aux produits chimiques de synthèse, dont les pesticides et les perturbateurs endocriniens”, ajoute-t-il.Les sages-femmes du territoire ont fait connaître le programme. “J’ai tout de suite été intéressée. J’ai pris conscience que je mangeais aussi pour mon bébé et j’ai envie de mieux m’alimenter”, témoigne Cassandra Fleury. “Je découvre des producteurs locaux près de chez moi, qui me permettent d’éviter les pesticides. C’est tout bénef !”, estime la jeune femme.- Changer les habitudes -Même enthousiasme chez Marine Serpette, qui attend son deuxième enfant. Cette femme de 33 ans, enceinte de sept mois, admet avoir une “alimentation pas très variée”. Son chéquier en poche, elle achète désormais ses légumes aux Jardins de l’Aubreçay, près de chez elle.”Il n’y a que du positif dans ce programme. Les produits sont de qualité, on me donne plein de conseils pour cuisiner”, apprécie celle qui voudrait “garder l’habitude de venir” après son accouchement.Les maraîchers saluent aussi l’initiative.”Cela permet de sensibiliser. Les gens viennent souvent au bio quand ils deviennent parents mais j’espère que leur consommation changera sur le long terme”, souligne Pierre-François Robin, cogérant de la ferme Les Enfourneaux, à Saint-Xandre (Charente-Maritime), où s’approvisionne Cassandra.”C’est une façon d’apporter notre pierre à l’édifice sur un territoire particulièrement touché par les cancers pédiatriques”, abonde Boris Georges, des Jardins de l’Aubreçay.Une étude récente a révélé un risque accru pour ces pathologies en plusieurs endroits de Charente-Maritime, où la pollution aux pesticides agricoles est régulièrement dénoncée. Notamment dans la plaine céréalière d’Aunis, près de La Rochelle, où des résidus de produits phytosanitaires ont été retrouvés dans les cheveux et urines de dizaines d’enfants.- Proposition de loi -La collectivité rochelaise s’est inspirée de “l’ordonnance verte” expérimentée à Strasbourg depuis plus de deux ans et qui a déjà essaimé en France, de Caen à Lons-le-Saunier en passant par Angoulême. La métropole alsacienne, pionnière, touche désormais 1.500 femmes enceintes ou en parcours de procréation médicale assistée (PMA).”L’expérience de Strasbourg n’a que des vertus positives. Elle sensibilise les femmes enceintes et fait fonctionner l’économie locale”, juge Sandra Regol, députée EELV du Bas-Rhin.Elle a déposé en septembre une proposition de loi visant à généraliser une ordonnance verte financée par l’État, sur le budget de la Sécurité sociale. “C’est de la politique de prévention sur le long terme”, justifie l’élue.En partant du budget strasbourgeois et du nombre de naissances national, la parlementaire chiffre le besoin de financement annuel autour de 700 millions d’euros, en intégrant le coût des séances avec les écoconseillers en santé qui seraient confiées aux services départementaux de la protection maternelle et infantile.”En comparaison, les coûts engendrés par l’exposition aux perturbateurs endocriniens atteindraient près de 160 milliards d’euros au niveau européen”, indique la proposition de loi que soutient l’association Alerte des médecins sur les pesticides, basée à Limoges.”Nous plaidons pour la mise en place d’ordonnances vertes dans tout le pays, en s’inspirant du modèle de Strasbourg qui est le plus abouti. Nous voulons qu’elles s’inscrivent dans la loi, c’est un enjeu de santé publique”, souligne son coprésident, Pierre-Michel Périnaud, pour qui “l’exposition aux pesticides pendant la grossesse fait partie des angles morts de la prévention”.

En Guadeloupe, la montée en gamme du tourisme freinée par les réalités du terrain

Entre villas de luxe et hôtels-spa quatre étoiles, la Guadeloupe rêve d’un tourisme haut de gamme. Mais cette ambition se heurte à des faiblesses persistantes: infrastructures vieillissantes, coupures d’eau et d’électricité récurrentes, manque de formation et d’équipements, le tout sur fond de tensions sociales.L’effort de montée en gamme est bien réel pourtant. En 2023, le tourisme guadeloupéen a enregistré plus de 650.000 arrivées, encore largement porté par la clientèle hexagonale, selon le dernier bilan économique de l’Insee paru en juin.Le comité du tourisme des ÃŽles de Guadeloupe (CTIG) mise désormais sur des visiteurs fortunés venus de l’étranger, moins sensibles à la flambée des prix des billets d’avion.”On sait qu’on a un réservoir de clientèles allemande ou suisse”, affirme Rodrigue Solitude, directeur par intérim du CTIG. Le cÅ“ur du marché étranger reste toutefois nord-américain, notamment canadien francophone, avec près de 40% des visiteurs étrangers selon l’Insee.Depuis 2020, la région, appuyée par des fonds européens, a renforcé son soutien à la montée en gamme de l’hébergement touristique, en finançant la rénovation de gîtes classés et le développement de projets hôteliers ambitieux.Le plus emblématique, un hôtel-spa sous l’enseigne Pullman du groupe Accor, est en construction au Moule, sur la côte atlantique, après avoir longtemps été à l’arrêt faute de financement. Un hôtel quatre étoile à destination de la clientèle d’affaire est aussi prévu près de l’aéroport international Maryse-Condé, qui doit être modernisé à l’horizon 2030.- Des services fragiles -“Il y a une montée en gamme nette sur les villas de luxe en Guadeloupe”, se réjouit Olivier Falise, directeur d’une agence de voyage spécialisée dans le haut de gamme.Mais l’offre peine encore à suivre la demande. Conciergerie, gastronomie, loisirs nocturnes parfois minés par des faits divers violents: plusieurs pans de l’expérience haut de gamme peinent à répondre aux standards internationaux.À ces failles s’ajoutent des handicaps structurels: coupures d’électricité, pannes d’eau courantes, plages parfois interdites à la baignade à cause de pollutions bactériologiques.”Tant qu’on n’aura pas d’eau, l’économie et le tourisme en pâtiront”, a averti mi-mars Patrick Vial-Collet, président de la chambre de commerce et d’industrie guadeloupéenne, lors d’une visite du ministre des Outre-mer Manuel Valls.Autre difficulté, pointée par les professionnels, la rareté de l’usage de l’anglais dans les services touristiques. “Cette clientèle est exigeante. Il ne faut pas la décevoir, ni survendre la destination si les services ne suivent pas”, reconnaît le CTIG.Enfin, la montée en gamme suscite des crispations locales. La construction de villas de luxe, concentrées sur le littoral, est accusée de faire grimper les prix de l’immobilier.À Capesterre-de-Marie-Galante, la hausse atteint 67% en cinq ans et à Saint-François, commune prisée du nord, 37% en cinq ans également, selon plusieurs baromètres immobiliers.Une tendance qui aggrave la pression foncière dans un territoire où plus de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté.L’essor de la plaisance n’est pas en reste mais faute d’infrastructures suffisantes, les bateaux s’accumulent dans les baies sans réglementation claire. À Bouillante, la commune a annoncé la création de 150 mouillages écologiques pour tenter d’endiguer la saturation.

Le difficile élan français vers le “cloud souverain”

Rapatrier les données françaises vers des entreprises européennes ? Alors que le gouvernement tente d’accélérer la croissance du “cloud souverain”, les géants américains restent hégémoniques et continuent d’attirer les grandes entreprises tricolores.Serpent de mer dans le secteur du cloud, aussi appelé l’informatique en nuage, le sujet est revenu cette semaine lorsque la ministre en charge du Numérique, Clara Chappaz, a lancé un appel à projets de “plusieurs dizaines de millions d’euros” pour “bâtir une offre de cloud européenne attractive, performante, compétitive”.Quelques jours plus tôt, le gouvernement français avançait un autre objectif: doubler la part de marché du cloud français d’ici 2030. Actuellement, le marché du cloud en France et en Europe est largement dominé (70% à 80% de parts de marché) par des entreprises américaines, ce qui pose justement un problème de souveraineté.En effet, les Etats-Unis disposent de plusieurs lois extraterritoriales qui leur permettent de contraindre ces entreprises à ouvrir l’accès à des données stockées sur leurs serveurs, y compris en dehors du territoire national.”Aux grands patrons qui hésitent, je veux leur dire: des solutions européennes innovantes, compétitives, existent bel et bien, y compris dans le domaine du cloud”, a martelé Clara Chappaz pour les convaincre.- Des géants attractifs -Du côté du secteur privé, “le sujet est sur la table, il y a une ambiance en ce moment qui s’y prête”, constate Jean-Christophe Laissy, directeur au sein du cabinet de conseil BCG et spécialiste du cloud.Des observateurs européens évoquent ainsi le risque de voir l’accès aux serveurs américains coupé si le président Donald Trump, qui s’est rapproché des géants de la tech, décidait de se servir de ce levier dans le cadre de la guerre commerciale qu’il a initiée. Cela n’empêche pas certains groupes tricolores de défendre leurs contrats avec des prestataires américains, voire de nouer de nouveaux accords.Dans le secteur de l’énergie, le distributeur d’électricité Enedis envisage par exemple de migrer une partie de ses applications vers le cloud d’Amazon, a notamment affirmé à l’AFP un cadre de la direction des systèmes d’information de l’entreprise, sous couvert d’anonymat.Il déplore avant tout une perte de souveraineté pour la France: “Si on met toutes nos données ailleurs, on va faire comment pour progresser en intelligence artificielle ?”, s’inquiète-t-il, alors que celles-ci sont indispensables pour entraîner les modèles d’IA.”Enedis étudie la potentielle migration de certaines applications non stratégiques vers une solution cloud”, a répondu à l’AFP la direction du groupe, sans confirmer vouloir migrer vers un cloud américain. Elle a également qualifié le critère de la souveraineté d’”essentiel”.Lors de l’AWS Summit, organisé à Paris début avril par la filiale cloud d’Amazon, plusieurs clients français, dont Safran, ont aussi vanté les services du groupe.- 800 milliards de dollars investis -“Les entreprises sont toujours très pragmatiques”, fait valoir Jean-Christophe Laissy, pour expliquer le succès des serveurs américains.Il pointe ainsi des clouds français et européens”beaucoup plus pauvres en services” et qui doivent être priorisés avant tout pour l’hébergement des données sensibles. Une approche qui correspond déjà à la pratique très répandue du “multi cloud”, soit le fait pour une entreprise de recourir à plusieurs clouds selon ses usages.OVH Cloud, hébergeur de données et opérateur français qualifié d'”acteur majeur” en Europe par le cabinet IDC en 2024, accueille avec optimisme l’appel à projets lancé par le gouvernement.”La souveraineté, c’est un positionnement stratégique qu’OVH Coud a pris depuis 20 ans. Et, quelque part, l’histoire nous donne raison aujourd’hui”, déclare à l’AFP Benjamin Revcolevschi, directeur général.Mais les acteurs du Vieux Continent doivent faire face à des investissements massifs du côté des entreprises américaines. Des montants qui ont atteint 800 milliards de dollars depuis 2010, note Jean-Christophe Laissy.Dans un marché européen qui devrait croitre de 20% par an d’ici 2028, selon IDC, l’enjeu des prochaines années sera donc de résister à la progression des trois géants que sont AWS, Google et Microsoft.”Je pense que le combat qu’on doit mener aujourd’hui, c’est de s’assurer que la part de marché restante pour les acteurs européens soit préservée et qu’il y ait une masse critique suffisante pour que des acteurs comme nous et d’autres puissent continuer à investir”, anticipe Benjamin Revcolevschi.

La sardine en boîte mise à mal par le changement climatique

On la trouve dans tous les placards de cuisine. La sardine en boîte serait-elle la prochaine victime du réchauffement climatique? Sa taille réduite et sa moindre abondance mettent au défi les conserveries bretonnes. “La difficulté d’un poisson petit, c’est que ça a un impact immédiat sur notre productivité”, décrit Caroline Hilliet Le Branchu, PDG de la Belle-Iloise. “Il faut plus de temps pour fabriquer une boîte.”L’an dernier, la célèbre conserverie de Quiberon (Morbihan), qui ne travaille que du poisson frais, n’a ainsi pas pu fabriquer suffisamment de boîtes pour satisfaire l’appétit de ses clients. Résultat: “jusqu’à mi-juillet, il y a quelques références qui vont être en rupture”, explique la dirigeante.La faute à une pêche particulièrement calamiteuse en 2024 sur les côtes bretonnes. Mais le phénomène le plus étonnant reste la réduction de la taille, et donc du poids, de la sardine, qui s’est réduit de 50% en 15 ans, à âge égal, selon l’Ifremer. Or, une sardine plus petite, “quand on travaille à la main, à la fois pour l’étripage et la mise en boîte, c’est deux fois plus de main d’œuvre”, a souligné Jean-François Feillet, directeur qualité-sécurité-environnement de la conserverie Chancerelle, lors d’un colloque à Brest.- Le zooplancton, suspect n°1 -Déjà observé chez la sardine de Méditerranée, dont la pêcherie s’est effondrée dans les années 2000-2010, cette diminution de taille serait due au réchauffement climatique, qui affecte le zooplancton dont se nourrissent les poissons. Au sein du zooplancton, les scientifiques ont ainsi observé une augmentation de la proportion de petits copépodes (des petits crustacés) tandis que celle des gros a diminué.La sardine doit ainsi déployer plus d’efforts pour se nourrir de petites proies, de moins bonne qualité, dans un océan plus chaud et moins oxygéné, ce qui lui réclame des besoins énergétiques plus élevés.”Généralement, quand on a une augmentation de la température dans les écosystèmes, ça va avec des tailles d’organismes plus petites”, résume Martin Huret, chercheur en halieutique à l’Ifremer.Cette tendance, liée au réchauffement climatique, “est partie pour durer”, ajoute Mathieu Doray, lui aussi chercheur à l’Ifremer: “ce qu’on anticipe, au mieux, c’est une stabilisation de la taille et du poids.”- Une pêche moins fructueuse -A ce problème de taille, s’ajoute celui d’une ressource en berne. Longtemps surpêchée, la sardine du golfe de Gascogne a vu sa biomasse divisée par près de trois en 20 ans. Elle évolue désormais tout près du niveau “limite”, sous lequel un stock de poissons est considéré comme “effondré”, selon les estimations scientifiques.”Le niveau des captures, c’est notre première préoccupation”, assure M. Feillet, en soulignant que la conserverie Chancerelle, à Douarnenez (Finistère), a besoin de sardines fraîches et locales pour fabriquer ses marques haut de gamme (Label Rouge, Connétable, Pointe de Penmarc’h).Pour pallier le manque de poisson, des conserveries s’approvisionnent au Portugal ou en Espagne. Et d’autres jusqu’au Maroc, en poisson congelé. Face à ce défi d’approvisionnement pour la filière, certains plaident même pour une interdiction de la pêche à la sardine en hiver, afin de permettre aux stocks de se renouveler.Mais les bolincheurs, qui pêchent la sardine au filet tournant, sont très dépendants de ce petit poisson, surtout depuis qu’ils ont vu leurs quotas de chinchards et de maquereaux coupés drastiquement. “Les jeunes se détournent de ce métier parce qu’il n’est pas viable”, déplore Yvan Le Lay, 55 ans, président de l’association des bolincheurs bretons.Autrefois très prisé, ce métier n’est plus pratiqué que par 21 bateaux, qui vendent leurs poissons 70 à 80 centimes le kilo aux conserveries. La sardine en boîte demeure pourtant très convoitée par les Français, qui apprécient ce poisson bleu, réputé pour ses bienfaits pour la santé: ils en achètent plus de 16.000 tonnes chaque année, à 11 euros le kilo en moyenne. “Quand il n’y a plus rien à manger, on a toujours la sardine comme sécurité”, décrit Sigrid Lehuta, chercheuse à l’Ifremer. Jusqu’à récemment, “c’était à la fois un produit refuge pour les consommateurs et une espèce refuge pour les pêcheurs.”