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Retraites: la Cour des comptes livre un diagnostic “préoccupant” mais sans “déficit caché”

C’est un diagnostic sur lequel doivent s’appuyer les partenaires sociaux pour leurs inédits rounds de négociations sur les retraites: la Cour des comptes brosse le tableau d’une situation financière “préoccupante”, examine plusieurs leviers et enterre l’idée d’un “déficit caché” du système.Particulièrement attendu pour faire “la vérité des chiffres” après des controverses, ce rapport commandé par Matignon a été remis en début de matinée à François Bayrou par le Premier président de la Cour, Pierre Moscovici. Avant même sa publication officielle, le chef du gouvernement a évoqué “un déficit immédiat de six milliards qui, dans les années qui viennent, si on ne fait rien, dérivera vers 30 milliards” et insisté une nouvelle fois sur “l’apport de l’Etat pour équilibrer le système”.A partir de ces conclusions, “tous ceux qui le souhaiteront (…) vont proposer leur lecture”, et un débat sans vote au Parlement n’est pas exclu, selon François Bayrou.Ce rapport donne le coup d’envoi à trois mois de difficiles négociations entre syndicats et patronat pour retoucher l’impopulaire réforme des retraites de 2023 – qui a décalé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans – “sans totem ni tabou” mais “sans dégrader” l’équilibre financier du système, selon les termes de l’exécutif.Sans surprise au vu des chiffres déjà connus, le diagnostic financier de la Cour des comptes est “préoccupant”, a résumé Pierre Moscovici.- Déficit accru après 2030 -Le déficit atteindrait 6,6 milliards d’euros en 2025, se “stabiliserait” jusqu’en 2030 environ, puis se dégraderait de manière “nette, rapide, croissante”, passant à environ 15 miliards à horizon 2035 et 30 milliards en 2045, “malgré la réforme de 2023”, retrace le rapport.La réforme de 2023 aura “un effet positif” d’environ 10 milliards à l’horizon 2030, mais de plus en plus limité ensuite. Le système par répartition (les actifs financent les pensions des retraités actuels) souffre d’un “déséquilibre croissant” dû au vieillissement de la population.Ces chiffres sont loin de ceux avancés mi-janvier par M. Bayrou, qui avait évoqué un déficit de 55 milliards d’euros à horizon 2030. Ils se rapprochent plutôt des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR), référence en la matière.Dans son calcul, M. Bayrou n’intégrait pas aux recettes les contributions (impôts affectés, subventions) versées par l’Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique, jugeant que l’Etat cotise à un taux trop élevé par rapport au privé. Dans son sillage, certains experts, minoritaires, ont pointé ces dernières semaines un “déficit caché”. Une thèse “dangereuse” pour les syndicats, dont plusieurs ont averti qu’ils refuseraient de négocier sur cette base. “Il n’existe aucun déficit caché”, mais seulement “deux comptabilités différentes” de la contribution de l’Etat, qui s’élevait à 45 milliards d’euros en 2023, observe Pierre Moscovici. Lequel rejette “les analyses” appelant à rapprocher les taux de cotisations des régimes du privé et du public, les deux n’étant “pas comparables”.  – “Eclairer” les négociations -“La Cour des comptes a refermé le piège que le Premier ministre avait ouvert”, a jugé le leader de la CFE-CGC François Hommeril jeudi, même si François Bayrou a jugé le rapport “en cohérence” avec ses chiffres, puisqu’il souligne “l’apport de l’Etat”.Le leader de la CFTC Cyril Chabanier a aussi salué ce rapport qui “rend la concertation jouable”.Ce rapport fournira “une base utile et indiscutable (…) dans la poursuite des négociations”, s’est réjoui Pierre Moscovici, disant attendre “de pied ferme tous ceux qui voudraient (le) contester”.Les travaux des partenaires sociaux débuteront le 27 février. Leur mission s’annonce ardue, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut toute augmentation de sa contribution financière, et avance des pistes irritantes pour les syndicats, comme l’instauration d’une dose de capitalisation dans le système, ou l’allongement du temps de travail. La numéro un de la CGT Sophie Binet entend ainsi “porter la voix de millions de salariés qui veulent l’abrogation de cette réforme” mais “certainement pas (…) parler de capitalisation”.Pour “éclairer” les débats, la Cour des Comptes a estimé l’effet de différents leviers. Agir sur l’âge légal de départ aurait un “effet puissant à court terme” mais moins à long terme, à l’inverse de la durée de cotisation qui aurait “un effet de moindre ampleur, mais mieux étalé dans la durée”. Des scénarii qui font l’impasse sur un retour aux 62 ans, ce qui devrait susciter des critiques.eva-arz-bat-ic-mdb/alu/pta

Les diplomates du G20 rassemblés autour de la table renversée par Trump

En terre inconnue face aux chamboulements initiés par Donald Trump, les ministres des Affaires étrangères du G20 se réunissent à partir de jeudi à Johannesburg, en l’absence ou presque des Américains qui ont décidé de ne pas y envoyer de haut représentant.Premier pays du continent à présider le G20, l’Afrique du Sud doit se passer de cet acteur majeur pour cette première répétition du sommet de novembre, organisé de façon inédite en Afrique. Le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Marco Rubio, a refusé de se déplacer après avoir accusé d’anti-américanisme Pretoria, qui doit ouvrir cette réunion à 14h00 locales (12h00 GMT).Après la conférence de Munich marquée par la diatribe anti-européenne du vice-président américain JD Vance puis la rencontre américano-russe de Ryad pour discuter du sort de l’Ukraine en son absence, cette rencontre de deux jours à Johannesburg sera une nouvelle occasion de jauger les positions des uns et des autres face à la politique du bulldozer de l’administration Trump.Et la non participation américaine y sera “l’éléphant au milieu de la pièce”, observe auprès de l’AFP Priyal Singh, chercheur à l’Institut pour les études de sécurité à Pretoria. L’absence de Marco Rubio représente un “camouflet pour l’Afrique du Sud”, estime-t-il.Le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent n’ira pas davantage à la réunion des ministres des Finances du G20 programmée au Cap mercredi et jeudi prochain, “en raison d’obligations à Washington” a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux.”Cela envoie un message symbolique aux Africains: les Etats-Unis ne prennent pas le continent au sérieux”, juge William Gumede, professeur de politique à l’université du Witwatersrand.A l’exception de Marco Rubio, les principaux diplomates du G20 sont attendus à Johannesburg, dont les ministres des Affaires étrangères des pays des Brics, proches de Pretoria, à commencer par le Russe Sergueï Lavrov, ainsi que ses homologues chinois et indien.Du côté de l’Europe, acculée par la nouvelle politique étrangère américaine, le Français Jean-Noël Barrot ainsi que le Britannique David Lammy seront présents.La chargée d’affaires à l’ambassade américaine de Pretoria, Dana Brown, fera office de représentante des Etats-Unis.- “Pas un boycott complet” -“C’est peut-être à un niveau moindre, mais ils (les Américains) seront représentés. Il ne s’agit pas d’un boycott complet du G20 en Afrique du Sud”, a retenu le chef de la diplomatie sud-africaine Ronald Lamola mercredi.Au milieu du tapage des négociations de Washington avec Moscou sur l’Ukraine, l’Afrique du Sud risque de peiner à faire entendre son programme autour de la croissance inclusive et de l’innovation financière destinés à permettre aux pays accablés par la dette et les conséquences du dérèglement climatique de se développer.”On s’attend à ce qu’il soit question d’un certain nombre de développements dans le monde, sur le continent africain, au Moyen-Orient, en Europe, de guerres et de certains conflits en cours”, a reconnu mercredi le négociateur sud-africain pour le G20 Xolisa Mabhongo.”Ce contexte aura un impact sur la capacité de l’Afrique du Sud à faire passer l’agenda qu’elle cherche à bâtir sur le renforcement de la solidarité entre les membres du G20″, confirme Priyal Singh.D’autant que Pretoria est occupé à limiter les dégâts de sa propre brouille avec Washington, au moment où, paradoxalement, les Etats-Unis se sont rapprochés de la position de l’Afrique du Sud, “ami cher” et “allié précieux” de Moscou, sur la question de l’Ukraine.Début février, le président américain Donald Trump a coupé toute aide financière à l’Afrique du Sud en dénonçant notamment le traitement “injuste” et discriminatoire à l’égard des Afrikaners, les descendants des colons européens, après le vote en janvier d’une loi sud-africaine sur l’expropriation de terres.L’administration Trump a aussi cité la plainte pour génocide déposée par Pretoria à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de justice.L’Afrique du Sud “ne se laissera pas intimider”, avait prévenu son président Cyril Ramaphosa le 6 février devant le Parlement.”La question est de voir comment l’Afrique du Sud peut retourner la situation”, analyse William Gumede, “et changer l’absence américaine en opportunité.”

Pour Airbus, une performance à faire pâlir Boeing en 2024

Malgré une année “éprouvante” marquée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le géant européen Airbus s’est affiché en 2024 en bien meilleure forme que son concurrent américain Boeing.  Airbus a vu son bénéfice net bondir de 12% à 4,2 milliards d’euros l’an dernier grâce à la forte demande pour les avions, une performance proche de celle, record, de 2022.”Confirmant la forte demande pour nos produits et services, nous avons respecté nos prévisions pour 2024, une année éprouvante pour Airbus”, a déclaré le PGD d’Airbus Guillaume Faury.Pour 2025, l’avionneur envisage de livrer 820 avions commerciaux contre 766 l’an dernier en partant du principe qu’il n’y aura “pas de nouvelles perturbations du commerce mondial” ni “de la chaîne d’approvisionnement”.Le chiffre d’affaire a progressé l’an dernier de 6% à 69,2 milliards d’euros. Les commandes nettes se sont élevées à 826 avions contre 2.094 en 2023, portant le carnet de commandes à 8.658 avions commerciaux fin 2024.Airbus Helicopters a enregistré 450 commandes nettes contre 393 en 2023, illustrant la forte demande pour ces appareils.Sa situation contraste avec celle de Boeing, lourdement dans le rouge en 2024 à cause de problèmes de qualité de sa production et d’une grève de plus de cinquante jours qui a paralysé deux usines cruciales.- Verre à moitié vide -L’avionneur américain a enregistré une perte nette de 11,82 milliards de dollars, sa plus importante depuis 2020, quand le groupe subissait les conséquences de deux crashes du 737 MAX ayant fait 346 morts et la chute du trafic aérien liée à la pandémie. Boeing n’a livré que 348 avions en 2024, au plus bas depuis 2021.L’an dernier, deux tiers des avions qui ont été vendus dans le monde était ceux d’Airbus alors que les deux géants se partageaient jusqu’à présent le marché à peu près à 50/50.Selon les prévisions du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger communiquées à l’AFP, sur les avions moyens courrier, Airbus aura en 2030 58% du marché contre 39% pour Boeing et 3% pour le chinois Comac si l’américain ne connaît pas de nouvelles crises. Mais les difficultés du Boeing n’ont pas que du positif pour Airbus, les deux avionneurs ayant beaucoup de fournisseurs en commun comme l’équipementier français Latecoere ou l’américain Spirit AeroSystems qui ont été fragilisés par la crise de Boeing et ont par conséquent du mal à suivre les commandes d’Airbus.Airbus a dû pallier en comblant la trésorerie de Latecoere qui fournit des fuselages et des portes d’avion et en acquérant certaines installation de Spirit AeroSystems liées à la production des sections de fuselage et des ailes.Des compagnies aériennes préfèrent attendre que Boeing revienne dans la course, les avions d’Airbus commandés maintenant ne pouvant être livrés avant les années 2030. – Incertitudes pour un avion militaire- Le secteur des satellites de télécommunication souffre toujours: Airbus a inscrit une nouvelle charge de 300 millions d’euros pour ses activités spatiales au quatrième trimestre 2024, portant à 2 milliards les provisions en deux ans. Face à une baisse de demande de satellites de télécommunication qui lestait ses performances financières, Airbus avait annoncé en octobre 2.500 suppressions d’emplois dans sa division Defense and Space, un chiffre revu à la baisse en décembre à 2.043 suppressions.Thales, l’autre poids lourd du secteur, envisage de supprimer 1.300 postes issus de sa branche spatiale.Des discussions sont en cours “pour consolider le secteur spatial européen” dans le domaine des satellites entre Airbus, Thales et l’italien Leonardo, a indiqué Guillaume Faury en précisant qu’elles n’étaient “pas contraignantes à ce stade”.L’autre bémol concerne les incertitudes qui pèsent sur le programme A400M, avion de transport militaire polyvalent.Une charge nette de 121 millions d’euros a été enregistrée en 2024, reflétant les risques dans le plan de production.”Nous devons obtenir plus de visibilité au-delà de l’horizon des trois prochaines années, a déclaré M. Faury. Faute de commandes, Airbus pourrait décider dans les mois à venir d’arrêter ce programme dès 2028, met en garde un connaisseur de secteur.”Ce serait un échec pour l’Europe de la défense et pour Airbus aussi”, souligne cet expert en espérant que le contexte du rapprochement entre Trump et Poutine puisse faire bouger les lignes.

La Bourse de Paris dans le vert après une pluie de résultats

La Bourse de Paris évolue en terrain positif jeudi, digérant une série de résultats publiés par des entreprises, tout en gardant un œil sur la situation en Ukraine.Vers 09H50 GMT, le CAC 40 grimpait de 0,72% à 8.169,32 points, en hausse de 58,78 points. La séance est chargée de résultats à Paris. L’indice est tiré vers le haut par le poids lourd de la cote Schneider Electric, qui grimpait de 5,89% à 261,75 euros vers 09H30 GMT.Le géant français des équipements électriques et automatismes industriels a enregistré en 2024 un nouveau bénéfice record de 4,3 milliards d’euros, dopé par les produits et services liés à la transition énergétique. Le marché parisien bénéficie aussi d’un mouvement de rebond, au lendemain d’un net recul de 1,17%, plombé par l’affaiblissement des espoirs des marchés sur un résolution du conflit ukrainien.”Les récents développements concernant l’Ukraine”, restent toutefois un point d’attention, ont expliqué les analystes de la Deutsche Bank.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit recevoir jeudi l’envoyé spécial des Etats-Unis, Keith Kellogg, dans un contexte extrêmement tendu. M. Zelensky a essuyé de très vives critiques de la part de Donald Trump, qui estime que Moscou a désormais “les cartes en main” pour mettre fin à la guerre.En France, la Cour des comptes dévoile jeudi au gouvernement puis aux partenaires sociaux son rapport sur la situation financière du système de retraites censé être le point de départ de nouvelles négociations sur la réforme adoptée en 2023.Dans ce contexte, l’emprunt à dix ans français restait stable, à 3,28%, au même niveau que la veille.Carrefour plongeLe distributeur chutait de 7,62% à 12,66 euros vers 09H50 GMT, lendemain de la publication de ses résultats faisant état d’un bénéfice net divisé par plus de deux et de prévisions “décevantes” pour 2025. Sur son exercice 2024, Carrefour a réalisé 94,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en incluant les taxes et les ventes de carburant (+0,4%), mais son bénéfice net, gonflé en 2023 par la cession de ses activités à Taïwan, a été divisé par plus de deux.Eramet bonditLe groupe minier français bondissait de 8,67% à 58,30 euros, les marchés saluant le fait que l’entreprise est restée bénéficiaire l’an dernier, malgré une année 2024 “difficile” notamment au Gabon ou en Nouvelle-Calédonie, a indiqué la PDG Christel Bories mercredi. Le groupe a enregistré un bénéfice net de 14 millions d’euros, en recul de 87% sur un an.

Le Parlement prêt à bannir les “polluants éternels” des textiles et cosmétiques

Une législation “pionnière” dans l’Union européenne: l’Assemblée devrait approuver définitivement jeudi une proposition de loi écologiste restreignant la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, ces “polluants éternels” massivement présents dans la vie courante, dont l’impact sur la santé inquiète l’opinion et les pouvoirs publics.Le texte, voté une première fois à l’Assemblée nationale, et remanié par le Sénat en mai, devrait être adopté dans les mêmes termes qu’à la Chambre haute, permettant son entrée en vigueur.Il figure en première place des textes de la “niche” écologiste – la journée dédiée aux initiatives parlementaires du groupe écologiste et social. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a apporté en introduction des débats son soutien à la proposition de loi, tout en appelant à tenir un discours nuancé, “toujours sous l’éclairage de la science” et “sans tomber dans une condamnation générale des PFAS”.”Il y a des milliers de PFAS. Certains sont bien connus, d’autres moins. Certains sont dangereux, d’autres sont considérés comme à faible impact”, a-t-elle soutenu.Quasi indestructibles et présentes dans quantité d’objets et de produits, ces substances chimiques per- et polyfluoroalkylés ou PFAS s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, l’eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, notamment dans le sang et les tissus des reins ou du foie.Si les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes, de l’avis même d’autorités sanitaires, des effets néfastes sur le métabolisme humain ont été pointés pour plusieurs “polluants éternels”.L’article phare de la proposition de loi prévoit d’interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l’importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d’habillement contenant des PFAS, à l’exception de certains textiles industriels ou “nécessaires à des utilisations essentielles”.Une taxe visant les industriels dont les activités entraînent des rejets de PFAS, sur le principe du “pollueur-payeur”, figure également dans le texte.Si l’ambition initiale du texte a été réduite – avec notamment l’exclusion des ustensiles de cuisine du champ de l’interdiction – le rapporteur Nicolas Thierry (Les Ecologistes) a vanté en séance “une première réponse” qui fera de la France “l’un des pays les mieux armés pour protéger sa population des risques liés à ces polluants éternels”.Le député MoDem Cyrille Isaac-Sibille, auteur il y a un an d’un rapport sur le sujet, a défendu une “première pierre” dans la lutte contre les PFAS, qui permettra d’envoyer “un message à l’Europe pour dire que la France est prête et qu’il faut accélérer la réflexion”.- Des “marqueurs” -Une fois ce texte passé, les députés se pencheront sur des textes plus clivants, des “marqueurs” qui permettront de “planter dans le paysage” les “éléments du programme à venir” des écologistes pour les prochaines échéances électorales, a expliqué le député Pouria Amirshahi.Les débats promettent ainsi d’être vifs sur l’instauration de la “taxe Zucman”, un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des “ultra riches”, ceux possédant plus de 100 millions d’euros de patrimoine.Inspirateur de cette proposition, l’économiste Gabriel Zucman a défendu dans une tribune dimanche dans Le Monde, avec d’autres personnalités issues du monde politique, syndical et de la société civile, une “mesure de bon sens” alors que “les milliardaires ne payent quasiment pas d’impôt sur le revenu”.Mais la coalition soutenant le gouvernement a combattu cette mesure en commission la semaine dernière. “La France n’est ni un paradis fiscal ni une île”, et “nous serions (…) le premier pays à mettre en œuvre cette taxation”, alors que la France est déjà “le pays le plus taxé”, avait argué l’orateur du groupe macroniste, Mathieu Lefèvre.Les cinq autres textes proposés par les écologistes visent à mettre en place à titre expérimental “une sécurité sociale alimentaire pour tous”, “protéger durablement la qualité de l’eau potable”, “faciliter l’accès des demandeurs d’asile au marché du travail”, empêcher les “licenciements boursiers” et garantir des horaires de jour aux travailleurs du nettoyage.Tous ont été adoptés dans le cadre de leur examen en commission, ce qui ne préjuge pas de leur sort en séance. Et tous ne pourront sans doute pas être examinés, les députés concluant obligatoirement leurs travaux à minuit dans le cadre de ces “niches” parlementaires.

Plaintes de L214 contre Lidl France et deux élevages porcins

L’association animaliste L214 a porté plainte contre Lidl France et deux élevages porcins partenaires du distributeur, dénonçant avec de nouvelles images choc des cas de maltraitance animale et une “tromperie du consommateur”, a-t-elle annoncé jeudi.Les photos et vidéos enregistrées début février par L214 dans deux élevages, un dans la Sarthe et un dans le Finistère, montrent “des violations flagrantes de la réglementation, comme la coupe systématique des queues”, interdite, précise l’association dans un communiqué. Les pratiques sont “encore plus préoccupantes” au sein de l’élevage du Finistère: L214 signale notamment des locaux insalubres, la présence d’animaux agonisants ou encore le recours au “claquage” qui consiste à tuer les porcelets non viables ou jugés moins rentables en les projetant contre un mur ou contre le sol.Ces deux élevages font pourtant partie d’un programme de Lidl France en faveur du bien-être animal dans la filière porcine, qui subventionne des exploitations respectant certains critères d’amélioration des conditions d’élevage.L214 a porté plainte pour “mauvais traitements commis par un professionnel” auprès des parquets du Mans et de Quimper. Les deux plaintes – envoyées mercredi et dont l’AFP a pu consulter une copie – ciblent également Lidl France pour “complicité de mauvais traitements envers animaux” et pratiques commerciales trompeuses”. Pour Sébastien Arsac, cofondateur et directeur des enquêtes de L214, “Lidl fait de grandes promesses pour rassurer les consommateurs” mais “même les élevages sélectionnés par l’enseigne ne respectent pas les besoins fondamentaux des animaux et violent la réglementation en place depuis plus de 20 ans”.Sollicité par l’AFP pour un commentaire au sujet de ces plaintes, Lidl France n’a pas réagi dans l’immédiat. L214, qui entend réduire la maltraitance animale en faisant évoluer la réglementation, vise à terme la disparition de l’élevage, de la pêche et de l’abattage d’animaux au profit d’une alimentation entièrement végétale. 

Trump juge qu’un accord commercial avec la Chine “est possible”

Donald Trump a estimé mercredi qu’un accord commercial avec la Chine était “possible”, alors que le président américain poursuit son projet protectionniste à coups de droits de douane, en particulier à l’égard de Pékin.Un nouveau traité “est possible”, a dit M. Trump, parlant à la presse dans l’avion présidentiel, en rappelant qu’en 2020, les Etats-Unis avaient déjà “conclu un excellent accord commercial avec la Chine”.Entre Washington et Pékin, “il y a un peu de concurrence mais la relation que j’ai avec le président Xi (Jinping) est, je dirais, excellente”, a ajouté le locataire de la Maison-Blanche.Depuis le début de son second mandat fin janvier, le président américain a fait des droits de douane le principal outil de sa politique de réduction de l’important déficit commercial américain. Il a imposé début février 10% de droits de douane supplémentaires sur tous les produits importés de Chine, le pays ayant le plus important excédent commercial avec les Etats-Unis en matière de biens (295,4 milliards de dollars en 2024 selon le Bureau d’analyse économique, qui dépend du département américain du Commerce).Interrogé sur les propos de Donald Trump, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun, l’a appelé jeudi à faire baisser les tensions.”Les guerres commerciales et douanières ne font pas de gagnants et ne font que nuire aux intérêts des peuples du monde entier”, a-t-il souligné devant la presse. “Les deux parties devraient résoudre leurs préoccupations respectives par le dialogue et la consultation, fondés sur l’égalité et le respect mutuel.”- “Brandir le bâton” -En réponse à la mesure américaine, Pékin a mis en place des droits de douane de 15% sur le charbon et le gaz naturel liquéfié (GNL) et de 10% sur le pétrole et d’autres biens américains (machines agricoles, véhicules…), des mesures cependant beaucoup moins importantes en proportion.”La Chine appelle les Etats-Unis à ne pas brandir le bâton des droits de douane à tout bout de champ, en les utilisant partout comme un outil de coercition”, a déclaré jeudi devant la presse He Yadong, un porte-parole du ministère chinois du Commerce.Washington va aussi imposer à compter du 12 mars de nouveaux droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium, pour tous ses partenaires commerciaux. Donald Trump a également menacé d’imposer de nouveaux droits de douane de 25% ou plus sur plusieurs secteurs dès début avril: bois de construction, produits forestiers, automobile, semi-conducteurs ou encore industrie pharmaceutique.Selon la Commission du commerce international (ITC), le Canada voisin est le premier fournisseur de produits issus des forêts, représentant près de la moitié des importations américaines.Le Canada, comme le Mexique, est par ailleurs visé par des droits de douane de 25% sur tous ses produits, même si Donald Trump a accordé un sursis jusqu’au 1er mars aux deux pays.- L’UE furieuse -Le secteur automobile pourrait pour sa part éviter de se faire taxer en cas d’investissement dans des usines aux Etats-Unis, a affirmé Donald Trump. “Nous voulons leur donner le temps d’arriver (…) nous voulons leur donner une chance”, a-t-il dit.Les constructeurs automobiles allemands ont alerté mercredi du risque d’un “conflit commercial mondial”, qui conduirait in fine les consommateurs américains à payer plus cher leurs véhicules. La fédération automobile allemande (VDA) a pour sa part dénoncé une “provocation”, alors que les voitures européennes importées aux Etats-Unis sont actuellement taxées à seulement 2,5%.L’Union européenne a dit mercredi ne voir “aucune justification” à l’application de droits de douane américains supplémentaires sur ses produits.”Certains affirment que les droits de douane appliqués par l’UE sont plus élevés que ceux existants sur les importations aux Etats-Unis, mais les données prouvent que c’est faux. L’UE est l’une des économies les plus ouvertes au monde, avec plus de 70% des importations entrant sans être taxées”, a assuré le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, lors d’un événement à Washington.En cas de droits de douane américains, l’UE réagira “fermement et rapidement”, a-t-il promis.

Trump envisage des “alternatives” à Boeing pour Air Force One

Donald Trump a déclaré mercredique son administration “examinait des alternatives” à Boeing en raison de retards dans la livraison de deux nouveaux modèles de l’avion présidentiel américain Air Force One.”Je ne suis pas satisfait de Boeing”, a déclaré le président à des journalistes à bord de son avion. “Nous étudions des alternatives car Boeing tarde à livrer”.Le géant américain de l’aérospatiale a signé en 2018 un contrat de fourniture de deux avions 747-8 avant fin 2024 pour 3,9 milliards de dollars, équipés pour transporter le président américain qui serait alors en place à la Maison Blanche.Mais un sous-traitant a fait faillite et la pandémie de coronavirus a perturbé la production, obligeant Boeing à repousser la date de livraison à 2027 et 2028.Trump s’est dit ouvert à l’idée d’un achat d’avions “d’un autre pays”, mais n’envisage pas que le rival européen de Boeing, Airbus, construise ces avions. Air Force One est un avion hautement personnalisé qui comprend des installations de communication de haute technologie, une antenne médicale et un système de défense.Les avions Air Force One actuels sont confrontés à des coûts de maintenance croissants et utilisent des pièces de plus en plus obsolètes. Les commentaires de Trump sont le dernier coup porté à Boeing, qui a enregistré une perte de 11,8 milliards de dollars l’année dernière. L’entreprise continue en outre de subir les conséquences d’une grève de plus de sept semaines qui a entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage.Les performances de Boeing ont également été entachées par un accident en janvier 2024, lorsqu’un 737 MAX piloté par Alaska Airlines a effectué un atterrissage d’urgence après l’éclatement d’un panneau de fenêtre en plein vol.À la suite de cet incident, Boeing a fait l’objet d’une surveillance accrue de l’autorité de régulation américaine du transport aérien et a ralenti sa production. Boeing souffre par ailleurs  d’anciens contrats de défense à coûts fixes qui ont entraîné des pertes pour l’entreprise.

Retraites: le diagnostic de la Cour des comptes attendu au tournant

Avec la promesse d’un “état des lieux” “indiscutable et indiscuté”, la Cour des comptes dévoile jeudi au gouvernement puis aux partenaires sociaux, son rapport sur la situation financière du système de retraites censé être le point de départ de nouvelles négociations sur la réforme de 2023.Rarement un travail de la Cour des comptes aura été tant attendu. Son président Pierre Moscovici doit présenter à François Bayrou à 8H30 les conclusions de la “mission flash” que lui a confiée le Premier ministre il y a une poignée de semaines pour établir la “vérité des chiffres” sur le système de retraites, objets de controverses à répétition. Le président de la juridiction financière quittera ensuite Matignon pour traverser le 7e arrondissement et rejoindre le bâtiment où seront réunis à partir de 10h00 les partenaires sociaux. Signe du caractère politiquement inflammable du rapport, la remise du document été décalée de 24 heures, en raison d’un calendrier parlementaire qui cumulait l’examen d’une motion de censure du Parti socialiste contre le gouvernement Bayrou.Censé offrir une base commune de discussions entre syndicats et patronat, le rapport de la Cour des comptes devrait en premier lieu lever l’ambiguïté sur le “vrai” déficit des retraites introduite par François Bayrou lors de sa déclaration de politique générale.- Scenarii -Le chef du gouvernement défend depuis plusieurs années une position controversée, minoritaire chez les économistes et très critiquée par les syndicats, estimant le déficit lié aux retraites à 55 milliards d’euros, quand le Conseil d’orientation des retraites (COR) le chiffre à 6,1 milliards d’euros en 2024, et jusqu’à 0,4% du PIB en 2030, soit 14 milliards d’euros selon son “scénario de référence”.Contrairement au COR, il refuse d’intégrer aux recettes du système l’ensemble des impôts affectés et subventions que verse l’Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique, victime d’un lourd déséquilibre démographique. Il juge que l’Etat cotise à un taux beaucoup trop élevé par rapport au secteur privé.Sauf surprise, la Cour des comptes doit s’approcher des chiffres établis par le COR, instance indépendante référence en la matière qui publie chaque année des prévisions de solde considérées comme officielles.Mi-janvier, face aux menaces de censure sur le budget brandies par la gauche, François Bayrou a consenti à remettre en “chantier” la réforme des retraites de 2023, confiant aux syndicats et au patronat la mission d’en rediscuter sans “tabou”, mais sans dégrader l’équilibre financier du système. Il a promis de soumettre au Parlement tout accord, même partiel.Plusieurs syndicats ont eux prévenu qu’ils refuseraient de négocier sur la base des chiffres de François Bayrou, qui ne leur laisserait aucune marge de manœuvre pour “abroger” la mesure phare de la réforme des retraites, le décalage de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans qui a provoqué des manifestations massives avant son adoption au forceps via le 49.3.Pour la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, le travail des magistrats financiers sur le système de retraites doit donner “la mesure de l’effort qui se fait pour ce bien commun et ensuite, effectivement, seront dressées les différentes pistes – en fonction des hypothèses qui sont très importantes, de croissance économique, de productivité, d’emploi – de soutenabilité financière”, a-t-elle expliqué devant les sénateurs, mercredi. – Accord impossible? -Trouver un accord entre partenaires sociaux s’annonce comme une mission particulièrement ardue, tant l’ampleur des désaccords sur le fond est grand.Les syndicats espèrent tous revenir en arrière sur les 64 ans, et avanceront diverses pistes de recettes pour mieux financer le système.Le patronat refuse lui toute mesure qui entraînerait une augmentation de sa contribution et avance des irritants pour les syndicats : une augmentation du temps de travail, l’introduction d’une dose de capitalisation dans le système, qui fonctionne aujourd’hui par répartition – les actifs actuels financent les retraités d’aujourd’hui – voire l’indexation de l’âge de départ à la retraite sur l’espérance de vie comme vient de le proposer la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). 

Adoption en vue pour la loi d’orientation agricole, in extremis avant le Salon

La loi d’orientation agricole va être définitivement adoptée au Parlement jeudi, point final d’un sprint pour délivrer avant le Salon de l’agriculture ce texte présenté comme une réponse à la grogne du secteur, mais critiqué à gauche pour des “renoncements” environnementaux.Largement adopté à l’Assemblée mercredi, le texte issu d’un accord entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire (CMP) aura conclu son parcours législatif jeudi après-midi à l’issue d’un ultime vote au Sénat, juste à temps pour l’ouverture du Salon de l’agriculture.Un vote sans suspense à la chambre haute dominée par la droite et le centre, et une aubaine pour l’exécutif qui se sait attendu au tournant par la profession au “Salon”, après les manifestations agricoles des années passées.C’est ce samedi que le président Emmanuel Macron effectuera sa traditionnelle déambulation dans les allées de la plus grande ferme de France, un an après une visite d’inauguration très chahutée.La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a défendu à l’Assemblée “un texte très attendu” et “une réponse forte aux demandes de nos agriculteurs”. C’est un “texte nécessaire”, même s’il a “perd(u) une partie de son ambition initiale”, ont souligné les Jeunes agriculteurs (JA).Constat inverse pour Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes : “on est passé d’un texte sans ambition à un texte de régression environnementale majeure”, s’est-elle alarmée mercredi devant la presse parlementaire (AJP). Son groupe dénonce un texte qui ne répond pas “à la principale colère des agriculteurs : la faiblesse de leurs revenus”.”L’agriculture méritait mieux, il n’y a pas de loi d’orientation tous les quatre matins” a critiqué Aurélie Trouvé, présidente LFI de la commission des Affaires économiques. Dans le viseur de la gauche, un article très irritant, nettement étendu à l’initiative du Sénat, qui révise l’échelle des peines en cas d’atteintes à l’environnement. Il prévoit une dépénalisation de ces infractions lorsqu’elles ne sont pas commises “de manière intentionnelle”, au profit d’une simple amende administrative de 450 euros maximum, ou du suivi d’un stage de sensibilisation.”En aucune manière ce texte n’accorde à nos agriculteurs je ne sais quel permis de détruire des espèces ou espaces protégés”, a répondu la ministre.- “Intérêt général majeur” -Une autre mesure inquiète la gauche et les écologistes, celle qui invite le gouvernement à “s’abstenir d’interdire les usages de produits phytopharmaceutiques autorisés par l’Union européenne” en l’absence d’alternatives viables. Une forme de traduction du principe “pas d’interdiction sans solution”, mantra de la FNSEA sur les pesticides.”Malgré des avancées”, la loi d’orientation agricole “marque une inquiétante régression environnementale”, a réagi l’association Agir pour l’Environnement.”Il est faux d’affirmer que le Sénat a imposé ses vues”, insiste le rapporteur à l’Assemblée Pascal Lecamp, défendant par exemple le retour dans le texte d’un objectif de consacrer 21% de la surface agricole au bio en 2030.Quant à la mesure phare du texte, elle prévoit d’ériger l’agriculture au rang “d’intérêt général majeur”. L’objectif affiché est de nourrir la réflexion du juge administratif et de faciliter le parcours de projets de structures de retenues d’eau ou de bâtiments d’élevage hors-sol, lorsqu’ils sont en balance avec un objectif de préservation de l’environnement.Mais des élus et des juristes doutent de sa portée, face à une protection de l’environnement à valeur constitutionnelle. En réponse, le Sénat a introduit un principe décrié de “non-régression de la souveraineté alimentaire”, sorte de miroir de la non-régression environnementale déjà consacrée, qui promet déjà une querelle juridique.Le texte accorde aussi une présomption d’urgence en cas de contentieux autour de la construction d’une réserve d’eau pour l’irrigation, espérant réduire les délais des procédures. Et les parlementaires ont fait un pas vers un “droit à l’erreur” des agriculteurs, en approuvant le fait que “la bonne foi” est “présumée” lors d’un contrôle.Le projet de loi éclectique prévoit aussi une simplification de la législation sur les haies, ou encore la mise en place d’un guichet unique départemental – “France services agriculture” – pour faciliter les installations de nouveaux agriculteurs, ou aider des agriculteurs à céder leur exploitation.