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Le gouvernement acte la réouverture des clubs de jeux parisiens

Les clubs de jeux parisiens vont pouvoir rouvrir, après deux mois de fermeture forcĂ©e faute de cadre lĂ©gislatif, profitant d’une prolongation de leur expĂ©rimentation, selon un dĂ©cret paru jeudi au Journal officiel.Le dĂ©cret du ministère de l’IntĂ©rieur, qui entre en application ce jeudi, autorise les clubs de jeux Ă  exercer jusqu’en 2027, comme le prĂ©voit la loi de finances 2025 adoptĂ©e dĂ©but fĂ©vrier.”La commission consultative des Ă©tablissements de jeux va se rĂ©unir Ă  14H30 pour signer les autorisations, nous visons donc une rĂ©ouverture demain (vendredi) Ă  la mi-journĂ©e”, a indiquĂ© Ă  l’AFP la communication du groupe Barrière, Ă  la tĂŞte d’un club de jeux sur les Champs-ElysĂ©es.Les clubs de jeux sont expĂ©rimentĂ©s depuis 2018 dans la capitale, oĂą les casinos sont interdits depuis plus d’un siècle dans un rayon de 100 km, avec une seule exception pour l’Ă©tablissement d’Enghien-les-Bains.L’expĂ©rimentation initiale, censĂ©e se terminer en 2020, avait Ă©tĂ© prolongĂ©e une première fois jusqu’Ă  fin 2022, puis une deuxième fois jusqu’au 31 dĂ©cembre 2024. Les clubs de jeux avaient depuis dĂ» fermer leurs portes en raison de la censure du gouvernement Barnier qui n’avait pas permis au budget 2025 d’ĂŞtre adoptĂ© Ă  temps.La fermeture avait eu comme consĂ©quence la mise au chĂ´mage partiel de 1.500 personnes.”Une catastrophe sociale et Ă©conomique a pu ĂŞtre Ă©vitĂ©e de justesse grâce Ă  l’appui efficace des pouvoirs publics. Cependant, le soulagement n’est que partiel, car cette nouvelle prolongation ne saurait ĂŞtre une solution de long terme”, selon GrĂ©gory Rabuel, prĂ©sident de l’organisation patronale du secteur, Casinos de France, dans un communiquĂ© mercredi soir.”C’est pourquoi nous sollicitons la pĂ©rennisation des clubs de jeux au plus vite, mais Ă©galement l’autorisation de la roulette dans nos Ă©tablissements”, poursuit celui qui est aussi directeur gĂ©nĂ©ral du groupe Barrière.Les clubs de jeux proposent des jeux dits de table (poker, blackjack, bingo…). Roulettes et machines Ă  sous y sont interdits, alors que ces jeux sont très populaires et surtout extrĂŞmement lucratifs pour les casinotiers, principalement les machines Ă  sous qui peuvent reprĂ©senter quelque 90% des recettes.Casinos de France fait valoir que l’autorisation des jeux de roulette permettrait d'”assurer la viabilitĂ© Ă©conomique des clubs de jeux” et de “lutter contre une activitĂ© clandestine qui a ressurgi durant ces deux derniers mois dans la capitale”.

Les industriels europĂ©ens de la chimie, “en grande difficultĂ©”, demandent Ă  Bruxelles des mesures “immĂ©diates et concrètes”

Les industriels europĂ©ens de la chimie, “en grande difficultĂ©”, demandent Ă  Bruxelles des mesures “immĂ©diates et concrètes” pour rĂ©tablir leur compĂ©titivitĂ©, au lendemain de la prĂ©sentation par la Commission de ses propositions pour aider Ă  la transition verte de l’industrie.A l’approche du Conseil europĂ©en de mars, “400 dirigeants d’entreprises” de la chimie “demandent aux chefs d’Etat et de gouvernement des mesures immĂ©diates et concrètes” face Ă  une “crise sans prĂ©cĂ©dent”, indique un communiquĂ© de France Chimie qui relaye cet appel europĂ©en.Les industriels ont saluĂ© la prĂ©sentation mercredi par la Commission europĂ©enne du “Pacte pour une industrie propre”, soulignant que neuf des dix actions formulĂ©es un an auparavant par 15 fĂ©dĂ©rations industrielles europĂ©ennes, y sont reprises.”L’ambition de l’UE doit maintenant se traduire en actions”, a dĂ©clarĂ© Ilham Kadri, prĂ©sidente du Conseil international de la chimie (ICCA) et PDG du groupe Syensqo, citĂ©e dans le communiquĂ©.Elle a Ă©galement soulignĂ© que “chaque jour, l’Europe perd du terrain et des emplois qualifiĂ©s”.Cet appel des chimistes fait Ă©cho Ă  celui des industriels europĂ©ens de l’acier, au chevet desquels plusieurs ministres europĂ©ens de l’Industrie sont rĂ©unis jeudi Ă  Paris pour une rĂ©union de crise et pour demander Ă  Bruxelles d'”accĂ©lĂ©rer” son soutien Ă  la sidĂ©rurgie.L’Union europĂ©enne a proposĂ© mercredi de mettre un coup de frein Ă  certains de ses projets sur le climat pour donner un peu d’air aux entreprises, soumises Ă  une concurrence fĂ©roce venant des Etats-Unis et de la Chine.”Ce pacte est une première Ă©tape qui doit se traduire en actions concrètes sans plus tarder”, a dĂ©clarĂ© FrĂ©dĂ©ric Gauchet, PrĂ©sident de France Chimie.Les industriels ont mis en avant cinq prioritĂ©s, afin de “restaurer” la compĂ©titivitĂ© du secteur: l’accès Ă  une “Ă©nergie dĂ©carbonĂ©e compĂ©titive”, restaurer “la compĂ©titivitĂ© des investissements et accĂ©lĂ©rer l’innovation”, mener un “choc de simplification rĂ©glementaire”, rĂ©tablir un cadre de “concurrence commerciale Ă©quitable avec le reste du monde”, et enfin assurer l’apport d’une “main d’Ĺ“uvre hautement qualifiĂ©e”.L’industrie europĂ©enne a vu, entre 2023 et 2024, la production manufacturière reculer de 2,6%, ont soulignĂ© les industriels.”Nous avons besoin d’actions concrètes, pas de stratĂ©gies ni d’engagements vagues. Il faut agir maintenant”, a renchĂ©ri Marco Mensink, directeur gĂ©nĂ©ral du Conseil europĂ©en de l’industrie chimique (Cefic).En France, “près de 10% des emplois et une quarantaine de sites sont menacĂ©s”, estime France Chimie.

La Bourse de Paris recule, entre résultats et menaces douanières de Trump

La Bourse de Paris cède du terrain jeudi, digĂ©rant les rĂ©sultats du mastodonte Nvidia et d’une sĂ©rie d’entreprises françaises, ainsi que les dernières menaces douanières de Donald Trump visant l’Union europĂ©enne.Le CAC 40 cĂ©dait vers 9H50 (heure de Paris) 0,76% Ă  8.082,02 points, en recul de 61,96 points. La veille, l’indice vedette français avait pris 1,15% Ă  8.143,92 points.Les investisseurs dĂ©cortiquent les rĂ©sultats de Nvidia, champion amĂ©ricain des microprocesseurs, deuxième capitalisation mondiale et baromètre de l’intelligence artificielle, publiĂ©s mercredi soir.Le groupe a fait mieux qu’attendu au quatrième trimestre de son exercice dĂ©calĂ©, avec un bĂ©nĂ©fice net de 22,1 milliards de dollars, et s’est montrĂ© encourageant quant Ă  la demande de semi-conducteurs.Mais les marchĂ©s “espĂ©raient un rĂ©sultat encore plus important”, estime Jacob Falkencrone, de Saxo Banque.La publication Ă©tait attendue au tournant, dans un contexte de doutes ces dernières semaines sur les perspectives de croissance rĂ©elle des secteurs liĂ©s au dĂ©veloppement de l’intelligence artificielle. Ce sentiment s’est accru depuis que le chinois DeepSeek a revendiquĂ© le dĂ©veloppement d’un modèle aussi performant que ses concurrents amĂ©ricains, avec beaucoup moins de ressources.Dans ce contexte, “les marchĂ©s sont de plus en plus difficiles Ă  impressionner”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Autre point d’attention: les nouvelles menaces douanières de Donald Trump.Le prĂ©sident amĂ©ricain a annoncĂ© mercredi, Ă  l’occasion de la première rĂ©union de son cabinet Ă  la Maison Blanche, que les produits europĂ©ens feraient l’objet “prochainement” de 25% de droits de douane.Mais “on ne sait pas encore exactement contre quels secteurs et produits les États-Unis vont prendre des mesures”, relève Andreas Lipkow, analyste indĂ©pendant.Les marchĂ©s scruteront aussi la publication dans la matinĂ©e des “minutes”, compte rendu de la dernière rĂ©union de la Banque centrale europĂ©enne (BCE).Dans ce contexte, le taux d’intĂ©rĂŞt de l’emprunt Ă  dix ans français atteignait vers 9H50 3,16%, contre 3,14% la veille en clĂ´ture. Son Ă©quivalent allemand, rĂ©fĂ©rence en Europe, restait stable Ă  2,43%.Les investisseurs digèrent enfin une sĂ©rie de rĂ©sultats.Eiffage dynamiqueLe groupe de BTP, d’infrastructures et concessions de transport Eiffage (+5,67% Ă  96,52 euros vers 9h50) a rĂ©alisĂ© une annĂ©e 2024 dynamique, avec une hausse de 2,8% de son bĂ©nĂ©fice net (1,04 milliard d’euros) portĂ© par l’activitĂ© travaux.Arkema déçoitLe chimiste Arkema cĂ©dait 5,45% Ă  78,85 euros, après un bĂ©nĂ©fice net ayant reculĂ© de 15,3% Ă  354 millions d’euros.EngieL’Ă©nergĂ©ticien français Engie (+5,60% euros Ă  17,45 euros) a revu Ă  la hausse ses perspectives pour 2025 après une annĂ©e marquĂ©e par une activitĂ© “record” dans les renouvelables et une forte performance opĂ©rationnelle et financière, dans un contexte de baisse des prix de l’Ă©nergie.SEB dĂ©visseLe groupe d’Ă©lectromĂ©nager SEB perdait, lui, 10,80% Ă  83,70 euros. L’entreprise a dĂ©gagĂ© un bĂ©nĂ©fice net en forte baisse pour 2024.

La Poste dévoile ses résultats, ses missions de service public sous pression

La Poste publie jeudi des rĂ©sultats annuels très attendus, au moment oĂą la Cour des comptes prĂ©conise de raboter ses missions de service public, Ă  quelques mois du dĂ©part de son patron Philippe Wahl.Durant ses douze annĂ©es de mandat, qui s’achèveront fin juin, M. Wahl aura eu Ă  relever un dĂ©fi de taille: compenser les faramineuses pertes liĂ©es Ă  la baisse des volumes de courrier, pour maintenir le navire La Poste Ă  flot.En dix ans, les revenus de La Poste se sont effritĂ©s de 6,5 milliards d’euros, “soit l’Ă©quivalent du chiffre d’affaires mondial d’un autre groupe public, la RATP”, aime rappeler le patron de La Poste.Sa stratĂ©gie a consistĂ© Ă  diversifier les activitĂ©s du groupe: livraison express de colis, portage de repas aux personnes âgĂ©es, tĂ©lĂ©phonie…Le but est d’absorber le repli du courrier et la chute de frĂ©quentation des points de contact de La Poste (17.000 aujourd’hui), divisĂ©e par plus deux deux entre 2008 et 2023.La Poste a conquis le marchĂ© stratĂ©gique du colis, en France et Ă  l’international, avec ses marques Colissimo, DPD France et Geopost.En 2023, 44% de son chiffre d’affaires Ă©tait rĂ©alisĂ© Ă  l’international et 53% portĂ© par l’activitĂ© de colis.Mais la rentabilitĂ© du groupe, dĂ©tenu Ă  66% par la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations et Ă  34% par l’Etat, doit beaucoup Ă  l’assureur CNP Assurances, filiale Ă  100% de la Banque Postale.En 2023, le groupe affichait un bĂ©nĂ©fice net en baisse, Ă  514 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros, en hausse.- Distribution six jours sur sept -Outre le repli des volumes de missives, La Poste doit Ă©galement faire face Ă  la sous-compensation par l’Etat des quatre missions de service public qui lui sont confiĂ©es : la distribution du courrier et de la presse, l’amĂ©nagement du territoire et l’accessibilitĂ© bancaire.Cette sous-compensation a coĂ»tĂ© Ă  La Poste 1,2 milliard d’euros en 2023, souligne frĂ©quemment M. Wahl.Le 17 fĂ©vrier dernier, la Cour des comptes a publiĂ© sur son site une note rĂ©vĂ©lant qu’elle avait “analysĂ© la trajectoire financière du groupe La Poste pour les exercices 2019 Ă  2023” et qu’elle avait formulĂ© des prĂ©conisations auprès du Premier ministre.La juridiction financière juge la rentabilitĂ© des activitĂ©s de diversification “insuffisante” tandis que Philippe Wahl dĂ©fend sa stratĂ©gie ayant permis au groupe de “rester profitable” malgrĂ© les difficultĂ©s.La Cour des comptes recommande d'”adapter les missions de service public au recul de leur usage” et d’ajuster la compensation “Ă  hauteur du dĂ©ficit comptable qui en rĂ©sulte”.Pierre Moscovici, dans ce rĂ©fĂ©rĂ© adressĂ© Ă  Matignon, conseille de “s’interroger dĂ©sormais sur la frĂ©quence de distribution du courrier”, soulignant que la France Ă©tait “l’un des derniers pays” en “6 jours sur 7”.Dans sa rĂ©ponse, François Bayrou a Ă©voquĂ© des discussions en 2025 lors desquelles seront Ă©tudiĂ©s “les scĂ©narios d’Ă©conomies rĂ©alisables sur le service universel postal”.Sur l’amĂ©nagement du territoire, la Cour des comptes propose “des synergies plus fortes avec le programme France Services” – vraisemblablement l’intĂ©gration de bureaux de poste dans les locaux de France Services – pour rĂ©aliser des “Ă©conomies rapides”.Les syndicats, eux, n’ont pas tardĂ© Ă  faire entendre leur mĂ©contentement. Les prĂ©conisations de la Cour des comptes “auraient aussi un lourd impact sur les conditions de travail avec un alourdissement de la charge de travail et une recrudescence de l’absentĂ©isme dĂ©jĂ  très Ă©levĂ©”, dĂ©nonce FO.Sud PTT tance, lui, “une vision particulièrement Ă©troite et focalisĂ©e sur les profits […], (une) attitude qui conforte les pouvoirs publics dans la voie de la dĂ©gradation des missions”.

Des automobilistes dĂ©laissent Tesla depuis l’entrĂ©e en politique de Musk

Tom Blackburn Ă©tait si fier de sa Tesla rouge vif. Mais depuis l’arrivĂ©e d’Elon Musk sur la scène politique amĂ©ricaine, il s’est jurĂ© de ne plus jamais rien acheter auprès du constructeur automobile.Elon Musk suscite la controverse aux États-Unis en aidant le prĂ©sident Donald Trump Ă  rĂ©duire les dĂ©penses publiques du gouvernement fĂ©dĂ©ral par des mesures jugĂ©es illĂ©gales ou immorales par ses dĂ©tracteurs.La polĂ©mique pourrait rejaillir sur son entreprise amĂ©ricaine, Tesla, jadis louĂ©e par ceux soucieux de protĂ©ger l’environnement en achetant des vĂ©hicules Ă©lectriques.”Je suis simplement un peu gĂŞnĂ© de la conduire maintenant”, admet Ă  l’AFP M. Blackburn, un avocat Ă  la retraite, Ă  propos de sa voiture achetĂ©e il y a plus de dix ans. “Je me suis plutĂ´t dĂ©sintĂ©ressĂ© de Tesla en tant que marque.”En rĂ©action, le Virginien de 76 ans a apposĂ© l’an dernier un autocollant sur sa voiture: “Je l’ai achetĂ©e avant de savoir qu’il Ă©tait fou”. Mais “maintenant, je pense qu’il me faut quelque chose de plus fort”, lance-t-il.Elon Musk est devenu directeur gĂ©nĂ©ral de Tesla en 2008, supervisant la montĂ©e en puissance de la sociĂ©tĂ© devenue depuis l’une des plus valorisĂ©es en matière de capitalisation boursière.Des experts estiment que les aventures politiques du milliardaire, soutien de partis politiques europĂ©ens d’extrĂŞme droite et relais de thĂ©ories du complot, pourraient isoler Tesla de sa clientèle habituellement progressiste.”Je pense qu’il (Elon Musk) va avoir un effet prĂ©judiciable de long terme sur la marque”, anticipe Daniel Binns, directeur gĂ©nĂ©ral Elmwood Brand Consultancy.Tesla doit se “dissocier” d’Elon Musk dans son marketing, affirme-t-il, mettant en garde contre une “tempĂŞte” qui pourrait conduire les automobilistes Ă  s’en dĂ©tourner au bĂ©nĂ©fice de constructeurs rivaux.”La marque, sur tant d’aspects, n’est pas alignĂ©e avec (sa clientèle) et le marchĂ© est rempli de fantastiques concurrents”, analyse M. Binns auprès de l’AFP.Le cours de Tesla s’est effondrĂ© de 9% cette semaine avec le recul des ventes en Europe, que des experts analysent en partie par l’image de son patron auprès des acheteurs d’automobiles.”Nous pensons (…) que les problèmes liĂ©s Ă  l’image de Musk accentuent les vents contraires”, estime auprès de l’AFP Dan Ives, de Wedbush Securities.”Une activitĂ© politique accrue crĂ©e en effet un risque pour Tesla, qui pourrait se mettre Ă  dos des consommateurs (…) mais il est trop tĂ´t pour dire qu’il y a un impact sur l’entreprise”, note, moins affirmatif, Seth Goldstein, stratège chez Morningstar.- “Videz votre stock” -Elon Musk a dĂ©jĂ  suscitĂ© la polĂ©mique depuis son rapprochement avec Donald Trump, par exemple par son geste interprĂ©tĂ© comme un salut nazi lors d’un rassemblement de soutiens du prĂ©sident amĂ©ricain.Kumait Jaroje, un mĂ©decin de l’agglomĂ©ration de Boston, raconte Ă  l’AFP essayer de vendre sa Cybertruck, un pick-up aux lignes futuristes. Cet homme de 40 ans craint d’ĂŞtre agressĂ©, depuis qu’un message antinazi a Ă©tĂ© laissĂ© sur son vĂ©hicule.Le professionnel de santĂ© a soutenu Donald Trump Ă  l’Ă©lection prĂ©sidentielle de novembre. Il a achetĂ© son vĂ©hicule l’an dernier et dit avoir Ă©tĂ© la cible d’insultes ou de queues de poisson par d’autres automobilistes.”J’Ă©vite de le conduire”, raconte M. Jaroje. “Tesla est devenu une étiquette dĂ©signant les personnes qui aiment Musk, ce qui n’est pas vrai”, clame-t-il.Quelque 54% des AmĂ©ricains ont un point de vue dĂ©favorable Ă  propos du milliardaire originaire d’Afrique du Sud, selon une Ă©tude du Pew Research Center, une opinion d’autant plus partagĂ©e chez les sondĂ©s dĂ©mocrates.Des dĂ©tracteurs de Musk ont manifestĂ© dans des boutiques du constructeur et encouragĂ© leurs propriĂ©taires Ă  se dĂ©barrasser des vĂ©hicules pour faire baisser leurs prix, derrière le slogan “Videz votre stock”.La chanteuse amĂ©ricaine Sheryl Crow a vendu sa Tesla en fĂ©vrier, en signe de protestation, affirmant en reverser l’argent Ă  NPR, le rĂ©seau de radiodiffusion publique des Etats-Unis menacĂ© d’une rĂ©duction de son financement gouvernemental.Pour sa part, Luis Garay, un Ă©lecteur de 68 ans du Maryland s’identifiant comme un indĂ©pendant mais ayant votĂ© pour le camp dĂ©mocrate lors de l’Ă©lection, dit Ă  l’AFP pouvoir distinguer Tesla des opinions politiques d’Elon Musk.Margaret Moerchen, une habitante de Washington se dĂ©crivant comme progressiste, estime quant Ă  elle que “le fait qu’on conduise une Tesla ne vaut pas soutien Ă  Elon Musk”.Sa Tesla, achetĂ©e en 2015 pour aider Ă  rĂ©duire les Ă©missions de CO2, explique-t-elle, est aujourd’hui recouverte d’autocollants, entre drapeau arc-en-ciel et messages comme “Vive les vĂ©hicules Ă©lectriques, Ă  bas Musk”.L’astronome de 45 ans affirme qu’elle n’achètera plus chez cette entreprise, au profit de sa rivale Rivian.

ArrĂŞt du chantier ou pas: dĂ©cision-clĂ© jeudi sur le sort de l’A69

Le bitume n’a pas encore Ă©tĂ© coulĂ©, mais le tracĂ© est en partie rĂ©alisĂ©. La justice administrative doit annoncer jeudi si elle met Ă  l’arrĂŞt le colossal chantier de l’A69 qui dĂ©jĂ  s’Ă©tend sur des dizaines de kilomètres entre Toulouse et Castres, retoquant alors la première infrastructure routière de cette envergure en France.Sur le terrain, les rĂ©currentes actions et manifestations d’opposition se sont taries dans l’attente de la dĂ©cision du tribunal administratif de Toulouse. Si deux “Ă©cureuils” occupent encore un arbre marquĂ© pour ĂŞtre abattu, les militants contre l’A69 patientent sereinement et se disent “très confiants”.  Il faut dire que par deux fois, la rapporteure publique, dont les avis sont rĂ©gulièrement suivis, a demandĂ© au tribunal administratif de Toulouse “l’annulation totale” de l’arrĂŞtĂ© prĂ©fectoral qui a permis d’entamer le chantier en 2023. À l’audience du 18 fĂ©vrier, cette magistrate, Mona Rousseau, a rĂ©affirmĂ© que les gains espĂ©rĂ©s de la future autoroute n’Ă©taient pas suffisants pour Ă©tablir une “raison impĂ©rative d’intĂ©rĂŞt public majeur” (RIIPM) justifiant les atteintes Ă  l’environnement commises par le projet.Pour ses promoteurs, cet axe de 53 km vise avant tout Ă  dĂ©senclaver “le bassin de vie” du sud du Tarn, qui “a besoin de se connecter aux Ă©quipements de la capitale rĂ©gionale” Toulouse, comme l’aĂ©roport ou les hĂ´pitaux, a soulignĂ© Yasser Abdoulhoussen, directeur de projet, chargĂ© du pilotage de l’A69 Ă  la prĂ©fecture du Tarn.Aussi, Ă  moins que le tribunal ne dĂ©cide de reporter sa dĂ©cision, de ne se prononcer que partiellement ou de s’en remettre au Conseil d’État, deux possibilitĂ©s s’offrent Ă  lui: annuler ou non l’arrĂŞtĂ© prĂ©fectoral, ce qui engendrerait soit l’arrĂŞt immĂ©diat du chantier, soit, Ă  l’inverse, la poursuite normale des travaux de l’autoroute dont l’ouverture Ă©tait initialement prĂ©vue fin 2025.Quelle que soit la dĂ©cision, il y aura un appel puis sans doute un recours devant le Conseil d’État. “Donc on va en parler encore pendant des annĂ©es”, explique Ă  l’AFP Julien BĂ©taille, maĂ®tre de confĂ©rences en droit de l’environnement Ă  l’universitĂ© Toulouse Capitole.- “Sursaut prometteur” -Si les anti-A69 obtiennent gain de cause, ce sera un “message fort pour la justice environnementale”, estime l’une de leurs avocates, Alice Terrasse, qui espère “un sursaut prometteur” du tribunal.”Juridiquement, ce ne serait pas une surprise”, commente M. BĂ©taille, qui juge que cette dĂ©cision serait “logique” au regard de “l’Ă©volution de la jurisprudence” et du “contexte de changement climatique, d’Ă©rosion de la biodiversitĂ©”.Mais “statistiquement”, ce serait une “anomalie”, reprend-il, car “dans tout l’historique de la jurisprudence sur les autoroutes en France, aucun projet autoroutier n’a Ă©tĂ© annulĂ© pour des raisons environnementales”.Pour l’expert, cela signifierait qu'”un verrou a sautĂ© dans la mentalitĂ© du juge administratif”, qui accepterait ainsi “de s’attaquer aux autoroutes”. De fait, ce serait la première fois en France qu’une infrastructure routière d’une telle importance est interrompue par un jugement, et non par une dĂ©cision politique, comme l’abandon du projet d’A45 Lyon/Saint-Étienne en 2018.Le cas du contournement du village touristique de Beynac, en Dordogne, retoquĂ© par la justice administrative, concerne un ouvrage de moindre envergure, avec un budget initial plus de dix fois infĂ©rieur aux 450 millions d’euros que doit coĂ»ter l’A69.- “Plusieurs millions d’euros” -Plaidant pour la poursuite du chantier, Atosca, constructeur et futur concessionnaire de l’autoroute, affirme avoir “dĂ©sormais concrĂ©tisĂ© plus de 300 millions d’euros, soit 65% du budget total du chantier”.En outre, l’arrĂŞt du chantier serait coĂ»teux, font valoir l’État et Atosca. Il faudrait stabiliser des ouvrages en cours de rĂ©alisation, protĂ©ger ceux dĂ©jĂ  Ă©difiĂ©s, surveiller des matĂ©riels entreposĂ©s ou encore installer des clĂ´tures autour des bassins et fossĂ©s ouverts.Cette sĂ©curisation du chantier, ajoutĂ©e Ă  l’application des clauses de suspension du contrat, coĂ»terait plusieurs millions d’euros, ajoutent-ils.Dans l’hypothèse d’une dĂ©cision favorable Ă  l’État et Atosca, le chantier de l’A69 se poursuivrait au moins jusqu’Ă  une dĂ©cision en appel, qui prendrait plusieurs mois.Dans ce cas-lĂ , “on prendra acte que la justice n’applique pas le droit et qu’il va falloir se dĂ©brouiller autrement”, a dĂ©clarĂ© Geoffrey Tarroux, du collectif La Voie est libre. “Mais la lutte continuera.”

Fin de la production chez Audi Bruxelles, symbole du malaise de l’industrie en Europe

L’usine Audi de Bruxelles cessera dĂ©finitivement sa production vendredi, laissant sans emploi des milliers de salariĂ©s, victimes de capacitĂ©s de production automobile en Europe devenues disproportionnĂ©es avec le dĂ©clin de la demande.La fermeture de ce site de quelque 3.000 employĂ©s, sans repreneur Ă  ce stade, intervient alors que la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula von der Leyen doit prĂ©senter mercredi son plan d’action pour “soutenir cette industrie dans la transition profonde et disruptive qui s’annonce”.Après une croissance de près de 10% en 2023, le marchĂ© mondial a nettement ralenti l’an dernier, avec une progression de 1,7% des nouvelles immatriculations de voitures. Il a mĂŞme dĂ©clinĂ© dans de grands pays europĂ©ens comme l’Allemagne ou la France.En outre, les constructeurs europĂ©ens se sont laissĂ© distancer en matière d’innovation dans les modèles Ă©lectriques par les grands constructeurs chinois (BYD et Geely) ou l’amĂ©ricain Tesla, ont relevĂ© ce mois-ci les experts d’Allianz Trade, avec comme consĂ©quence des prix plus Ă©levĂ©s.Concernant Audi, filiale du gĂ©ant allemand Volkswagen, plusieurs arguments ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s pour expliquer cette fermeture spectaculaire d’une unitĂ© de production qui Ă©tait le plus gros employeur privĂ© dans la capitale de l’UE. En annonçant en juillet dernier qu’il envisageait cette fin d’activitĂ©, Audi avait mis en avant une “baisse mondiale” de la demande pour les SUV Ă©lectriques haut de gamme, du type de son Q8 e-tron, le modèle auquel le site bruxellois Ă©tait entièrement dĂ©diĂ©.La firme allemande avait aussi invoquĂ© des “dĂ©fis structurels de longue date” sur cet ancien site Volkswagen, progressivement agrandi avec les annĂ©es mais prĂ©sentant des coĂ»ts logistiques Ă©levĂ©s.D’autres voix parmi les responsables syndicaux ou les salariĂ©s ont reprochĂ© Ă  Audi d’avoir pris tardivement le virage de l’Ă©lectrification, et d’avoir privilĂ©giĂ© un modèle haut de gamme trop cher.”On pousse les gens Ă  acheter des voitures Ă©lectriques, alors que cĂ´tĂ© infrastructures on n’est pas prĂŞts”, a aussi dĂ©plorĂ© Jan Baetens, du syndicat chrĂ©tien belge CSC, rappelant l’Ă©chĂ©ance de 2035 qui doit marquer en principe la fin dans l’UE des ventes de voitures neuves Ă  moteurs thermiques au profit du tout Ă©lectrique.- “Enrichissant” -Avant cette Ă©chĂ©ance, la part de marchĂ© de l’Ă©lectrique est censĂ©e atteindre 25% dans l’UE cette annĂ©e, contre une proportion de 15% calculĂ©e pour janvier.”On a un problème de demande en ce moment. C’est remarquable d’avoir atteint ces 15% en moins de cinq ans, dĂ©sormais les vĂ©hicules sont disponibles, mais la demande stagne”, soulignait la semaine dernière Sigrid de Vries, directrice gĂ©nĂ©rale de l’Association des constructeurs europĂ©ens (ACEA).En 2024, Audi a livrĂ© plus de 164.000 modèles “tout Ă©lectrique”, soit un recul de 8% sur un an. Le marchĂ© chinois, reprĂ©sentant près de 40% de ses livraisons globales (650.000 sur 1,67 million), a dĂ©clinĂ© de 11%.Comme un symbole de ce dĂ©clin, l’usine bruxelloise arrĂŞtera vendredi pour de bon ses chaĂ®nes d’assemblage, mĂŞme si quelque 300 personnes poursuivront pendant plusieurs mois des tâches de comptabilitĂ©, ressources humaines, nettoyage ou dĂ©montage, d’après la direction.Dans les jours prĂ©cĂ©dant cet arrĂŞt, des dizaines d’employĂ©s, ouvriers ou cadres, sont venus vider leur casier en guise d’adieux. “C’Ă©tait enrichissant, dommage que ça s’arrĂŞte”, lâche Ă  l’AFP Florin Tautu, un ingĂ©nieur arrivĂ© de Roumanie en 2011, qui Ă©tait chargĂ© d’adapter l’infrastructure de l’usine aux nouvelles productions. Il est venu rĂ©cupĂ©rer dans un sac plastique des biscuits, une gourde et deux paquets de mouchoirs.Un autre cadre, lui aussi en fin de carrière et très qualifiĂ©, se veut optimiste pour la suite. “Les gens qui ont encore un emprunt Ă  rembourser ou des enfants Ă©tudiants, eux je les plains”, dit-il en prĂ©fĂ©rant taire son nom.CĂ´tĂ© reclassement, la direction assure que les salariĂ©s d’Audi seront aidĂ©s dans leurs recherches par du personnel dĂ©diĂ© dans les agences rĂ©gionales pour l’emploi.En avril ces agences organiseront un salon oĂą quelque 70 entreprises viendront proposer “plus de 4.000” offres, a indiquĂ© Ă  l’AFP Peter d’Hoore, porte-parole de la direction.

En Asie centrale, la renaissance d’un immense projet soviĂ©tique de centrale hydroĂ©lectrique

En Asie centrale, pas d’Ă©lectricitĂ© ou d’agriculture sans coopĂ©ration sur l’eau: après des dĂ©cennies de rivalitĂ©s, la construction de l’immense centrale hydroĂ©lectrique de Kambar-Ata-1 par le Kirghizstan, le Kazakhstan et l’OuzbĂ©kistan doit assurer la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique et alimentaire de la rĂ©gion.Fait notable, ce projet, pensĂ© sous l’URSS, a Ă©tĂ© relancĂ© sans les deux superpuissances voisines que sont la Russie, alliĂ© historique, et la Chine, partenaire d’ordinaire incontournable. Il doit permettre de rĂ©pondre aux pĂ©nuries existantes et aux dĂ©fis causĂ©s par le changement climatique.Kambar-Ata-1 est “très important pour l’Asie centrale, sa sĂ©curitĂ© alimentaire et Ă©nergĂ©tique”, a dĂ©clarĂ© fin janvier le ministre kirghiz de l’Energie TaalaĂŻbek Ibraev lors d’une visite sur le futur site du chantier, au milieu des montagnes du Kirghizstan, Ă  laquelle a assistĂ© l’AFP.MĂŞme enthousiasme quelques jours plus tard lors d’une rĂ©union trilatĂ©rale. Pour les ministres ouzbek et kazakh, ce projet “apportera de grands avantages Ă  la rĂ©gion” et “assurera Ă  long-terme la stabilitĂ© et le dĂ©veloppement de l’Asie centrale”.Des dĂ©clarations impensables il y a peu, du fait des rivalitĂ©s entre nations, mais rendues possibles par un rĂ©chauffement des relations en raison d’un dĂ©ficit hydrique et Ă©nergĂ©tique croissant insurmontable sans coopĂ©ration.Mais pour que Kambar-Ata gĂ©nère de l’Ă©lectricitĂ© Ă  partir des eaux Ă©meraude de la rivière Naryn, il faudra attirer les investisseurs internationaux: au moins 3,5 milliards de dollars sont nĂ©cessaires.Les travaux dĂ©butant en 2025 vont durer de longues annĂ©es, Ă  l’instar de la centrale de Rogoun au Tadjikistan, futur plus haut barrage du monde, dont la mise en service est sans cesse repoussĂ©e.- “AttĂ©nuer l’impact du changement climatique” -L’effondrement Ă©conomique post-soviĂ©tique, la corruption et les conflits avaient tenu Ă  distance les investisseurs et mis un coup d’arrĂŞt aux colossaux projets Ă©nergĂ©tiques lancĂ© sous l’URSS en Asie centrale, comme Kambar-Ata ou Rogoun.”La chute de l’Union soviĂ©tique a dĂ©truit les liens hydriques et Ă©nergĂ©tiques” entre pays centrasiatiques, explique Ă  l’AFP Rassoul Oumbetaliev, spĂ©cialiste kirghiz des questions Ă©nergĂ©tiques.Le dĂ©funt prĂ©sident ouzbek “Islam Karimov Ă©tait constamment opposĂ© Ă  Kambar-Ata-1”, invoquant le spectre d’une “guerre pour les ressources en eau et en Ă©nergie”, rappelle l’expert.Dans le système hĂ©ritĂ© de l’ère soviĂ©tique, le Kirghizstan et le Tadjikistan dĂ©ficitaires en Ă©lectricitĂ© mais situĂ©s en amont des fleuves doivent fournir de l’eau au Kazakhstan, Ă  l’OuzbĂ©kistan et au TurkmĂ©nistan pour l’agriculture.En Ă©change, ceux-ci envoient de l’électricitĂ©, mais tous s’accusaient de ne pas respecter leurs engagements.La construction de nouveaux barrages doit rĂ©soudre les tensions.D’après M. Oumbetaliev, “Kambar-Ata revĂŞt une grande importance pour le Kazakhstan et l’OuzbĂ©kistan, qui veulent pendant la saison estivale de l’eau en grande quantitĂ©”, qui sera accumulĂ©e lĂ -bas.Pour le Kirghizstan, la centrale doit permettre l’export d’électricitĂ© vers les pays voisins, voire jusqu’en Afghanistan et au Pakistan. D’autant que le pays utilise d’après la Banque mondiale “moins d’un cinquième de son potentiel hydroĂ©lectrique”.Et Kambar-Ata doit pouvoir couvrir le dĂ©ficit Ă©lectrique croissant (3,9 milliards de kilowatt-heure en 2024) grâce Ă  sa capacitĂ© de production estimĂ©e Ă  5,6 milliards de kilowatt-heure.Tous savent que les pĂ©nuries sont appelĂ©s Ă  se multiplier, et le phĂ©nomène s’aggravera, selon les experts, du fait du changement climatique.Selon la Banque eurasiatique de dĂ©veloppement, “construire de nouvelles centrales hydroĂ©lectriques tout en rĂ©novant celles existantes attĂ©nuera l’impact du changement climatique”. D’après elle, 2023 a Ă©tĂ© le “point de bascule” dans la prise de conscience des questions hydriques en Asie centrale.- ÉlectricitĂ© non rentable -Avec Kambar-Ata-1, qui doit mieux rĂ©guler et stocker l’eau, le gouvernement kirghiz attend un effet positif pour les centrales situĂ©es en aval.En premier lieu celle de Toktogoul, qui fournit 40% de l’Ă©lectricitĂ© du Kirghizstan.AccrochĂ© au coeur de la centrale, un immense bas-relief reprĂ©sente Vladimir LĂ©nine avec une citation de 1920 du fondateur de l’URSS : “Le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’Ă©lectrification de tout le pays”.Le communisme a disparu mais l’électrification n’est toujours pas achevĂ©e.Au Kirghizstan, le secteur Ă©nergĂ©tique n’est pas rentable, vĂ©tuste et reste largement subventionnĂ© pour contenir les tensions sociales dans un pays Ă  l’économie fragile et prompt Ă  se rĂ©volter.Kambar-Ata doit rĂ©soudre l’Ă©quation, au moins en partie.”Aujourd’hui, le tarif auquel nous vendons ne justifie pas les coĂ»ts de production d’électricitĂ©. Si nous continuons comme ça, dans 5 Ă  10 ans, nous n’aurons plus d’électricitĂ©. Il faut donc construire la centrale”, a expliquĂ© le ministre kirghiz de l’Energie.

Nvidia fait mieux qu’attendu et rassure sur la demande de semi-conducteurs

Le gĂ©ant amĂ©ricain des semi-conducteurs Nvidia a de nouveau dĂ©passĂ© les attentes pour les rĂ©sultats du quatrième trimestre de son exercice dĂ©calĂ©, le patron Jensen Huang affirmant que la demande pour sa nouvelle puce Blackwell Ă©tait “incroyable”.Le groupe de Santa Clara (Californie) a enregistrĂ© un bĂ©nĂ©fice net de 22,1 milliards de dollars, pour les trois mois allant de novembre Ă  janvier, en hausse de 80%, selon un communiquĂ© publiĂ© mercredi.RapportĂ© par action et hors Ă©lĂ©ments exceptionnels, donnĂ©e la plus suivie par le marchĂ©, le bĂ©nĂ©fice atteint 89 cents, soit mieux que les 81 cents attendus par les analystes, selon un consensus Ă©tabli par FactSet.Depuis l’arrivĂ©e de ChatGPT, en novembre 2022, la course Ă  l’intelligence artificielle (IA) gĂ©nĂ©rative bĂ©nĂ©ficie Ă  Nvidia, dont les semi-conducteurs, aussi appelĂ©s cartes graphiques (GPU), sont les plus recherchĂ©s du marchĂ©.En trois ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise a quasiment quintuplĂ© et Nvidia a dĂ©passĂ©, sur l’exercice comptable qu’elle vient d’achever fin janvier, le seuil symbolique des 100 milliards de dollars.Mais les marchĂ©s financiers, qui ont catapultĂ© ce joyau de la tech au deuxième rang des capitalisations boursières mondiales, s’inquiètent rĂ©gulièrement de la capacitĂ© de Nvidia Ă  maintenir la croissance stratosphĂ©rique des dernières annĂ©es.Ces craintes se sont accentuĂ©es avec le lancement, fin janvier, de l’interface d’IA gĂ©nĂ©rative de la start-up chinoise DeepSeek, dĂ©veloppĂ©e sans le microprocesseur vedette de Nvidia, le H100, et uniquement avec des puces moins performantes.Le groupe chinois, inconnu du grand public jusqu’ici, affirme Ă©galement avoir utilisĂ© une fraction de la quantitĂ© de semi-conducteurs habituellement utilisĂ©s par les grands acteurs de l’IA.DeepSeek a provoquĂ© un sĂ©isme Ă  Wall Street et rabotĂ© la capitalisation de Nvidia de plusieurs centaines de milliards de dollars.- “Vitesse de la lumière” -CitĂ© dans le communiquĂ© de rĂ©sultats, Jensen Huang a affirmĂ© que la demande pour son nouveau produit phare, la puce Blackwell, lancĂ©e fin 2024, Ă©tait “incroyable”.Il a expliquĂ© que cette croissance Ă©tait notamment due Ă  l’Ă©mergence de nouveaux programmes d’IA gĂ©nĂ©rative qui utilisent la mĂ©thode dite de la chaĂ®ne de pensĂ©e (CoT), prenant un peu plus de temps pour rĂ©agir mais fournissant des rĂ©ponses de meilleure qualitĂ©.La demande pour Blackwell est “sans prĂ©cĂ©dent”, a martelĂ© la directrice financière Colette Kress lors de la confĂ©rence tĂ©lĂ©phonique de prĂ©sentation des rĂ©sultats.Nvidia accĂ©lère la production de cette nouvelle carte graphique, a expliquĂ© la responsable.”Nos clients vont Ă  toute vitesse pour augmenter la taille de leurs infrastructures et travailler sur la nouvelle gĂ©nĂ©ration de modèles”, a poursuivi Colette Kress, estimant qu'”il sera normal pour ces centres de dĂ©marrer avec 100.000 GPU ou plus”.Chaque Blackwell coĂ»te, au minimum, 30.000 dollars, selon les modèles.”L’IA avance Ă  la vitesse de la lumière”, a insistĂ© Jensen Huang, Ă©voquant le tournant actuel des agents IA, des logiciels Ă  mĂŞme d’effectuer plusieurs tâches complexes sur demande de l’utilisateur.Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a grimpĂ© de 78%, pour monter Ă  39,3 milliards de dollars.La croissance est tirĂ©e, une nouvelle fois, par les centres de stockage de donnĂ©es (data centers), essentiels Ă  l’IA, activitĂ© dont les revenus ont progressĂ© de 93% sur un an.Fin janvier, OpenAI, le spĂ©cialiste du “cloud” Oracle et la sociĂ©tĂ© japonaise d’investissement SoftBank ont annoncĂ© un grand projet, baptisĂ© Stargate, qui prĂ©voit d’engager au moins 500 milliards de dollars dans des infrastructures IA aux Etats-Unis, en partenariat avec Nvidia.”Nvidia a balayĂ© les inquiĂ©tudes quant Ă  la production des puces Blackwell et les menaces sur l’explosion de la demande” de capacitĂ©s de calcul, clĂ©s pour le dĂ©veloppement de l’IA et fonction des semi-conducteurs utilisĂ©s, a commentĂ© Derren Nathan, analyste d’Hargreaves Lansdown.Après avoir initialement refluĂ© après la publication, le cours du titre Nvidia gagnait près de 2% dans les Ă©changes Ă©lectroniques postĂ©rieurs Ă  la clĂ´ture de Wall Street.Selon Derren Nathan, le cours de l’action s’est contentĂ© d’une progression mesurĂ©e du fait des prĂ©visions de marge publiĂ©es mercredi pour le premier trimestre de l’exercice comptable 2026 (de fĂ©vrier Ă  avril).Le groupe s’attend Ă  voir le taux de marge brute descendre Ă  une fourchette comprise entre 70,6% et 71,0%, contre 73% au trimestre prĂ©cĂ©dent.La directrice financière a expliquĂ© que Nvidia avait donnĂ© la prioritĂ©, Ă  court terme, Ă  l’accĂ©lĂ©ration des cadences de production de la puce Blackwell, mais que le taux de marge devrait remonter en fin d’exercice.

L’UE cherche un difficile Ă©quilibre entre compĂ©titivitĂ© et ambitions climatiques

L’Union europĂ©enne a proposĂ© mercredi de mettre un coup de frein Ă  certains de ses projets sur le climat pour donner un peu d’air aux entreprises, soumises Ă  une concurrence fĂ©roce venant des Etats-Unis et de la Chine.Sous la pression d’industriels, de Paris et de Berlin, mais au grand dam des ONG, la Commission europĂ©enne a proposĂ© la modification de plusieurs textes très ambitieux, dont certains ont Ă©tĂ© adoptĂ©s il y a quelques mois Ă  peine.En faisant cela, l’Europe montre qu’elle “sait se rĂ©former”, a affirmĂ© le commissaire europĂ©en StĂ©phane SĂ©journĂ©. “Sans tronçonneuse mais avec des hommes et des femmes compĂ©tents, qui Ă©coutent les acteurs Ă©conomiques”, a-t-il lancĂ©, en clin d’oeil Ă  Elon Musk et au prĂ©sident argentin Javier Milei.L’exĂ©cutif europĂ©en souhaite très concrètement:-  Le report d’un an et la rĂ©vision du “droit de vigilance” imposĂ© aux industriels. Ce texte exigeait des entreprises qu’elles prĂ©viennent et remĂ©dient aux violations de droits humains et dommages environnementaux tout au long de leur chaĂ®ne de valeur, y compris chez leurs fournisseurs et sous-traitants.- Faire passer de 50.000 Ă  10.000 le nombre d’entreprises devant se plier Ă  une sorte de comptabilitĂ© verte. Le but de cette règle Ă©tait d’harmoniser la manière dont les entreprises publient leurs donnĂ©es de “durabilitĂ©”, mais elle Ă©tait très critiquĂ©e par les lobbies patronaux.La cheffe de l’exĂ©cutif europĂ©en Ursula von der Leyen avait placĂ© la lutte contre le changement climatique au coeur de son premier mandat. Mais face au risque d’une guerre commerciale avec l’AmĂ©rique de Donald Trump, qui menace d’imposer de nouveaux droits de douane au Vieux Continent, elle tourne son attention vers les entreprises.”La France salue le diagnostic clair de la Commission sur les difficultĂ©s de l’industrie europĂ©enne et les idĂ©es novatrices qu’elle propose pour y rĂ©pondre”, a rĂ©agi en soirĂ©e le ministère français de l’Economie et des Finances: “le Clean Industrial Deal trace la voie du rebond europĂ©en (…) il faut maintenant accĂ©lĂ©rer son dĂ©ploiement.”L’organisation patronale française Medef a Ă©tĂ© moins enthousiaste, qualifiant les annonces d'”insuffisantes”.- Bataille au Parlement – Les propositions de Bruxelles seront soumises Ă  l’approbation du Parlement europĂ©en et des Etats membres.Au Parlement, la bataille s’annonce “très difficile”, prĂ©dit la centriste Marie-Pierre Vedrenne. Illustration du virage pris par Bruxelles, l’eurodeputĂ©e française soutenait il y a encore quelques mois les textes, qu’elle veut aujourd’hui modifier.”Il est vrai qu’en tant qu’Ă©lue, quand tu as travaillĂ© pendant cinq ans sur un dossier, ce n’est pas très facile de dire que tu t’es trompĂ©e”, confie-t-elle. “Mais je pense que le monde a complètement changĂ© depuis”, assure l’Ă©lue.Dans une lettre publiĂ©e la semaine dernière, les socialistes ont exhortĂ© la Commission Ă  “revoir” sa copie. Tout comme les ONG environnementales, vent debout contre cette proposition.”C’est du pur dĂ©lire”, dĂ©nonce Amandine Van Den Berghe, de l’ONG ClientEarth. “Changer de cap maintenant pĂ©naliserait fortement les grandes entreprises qui se sont engagĂ©es dans la voie du dĂ©veloppement durable et qui ont commencĂ© Ă  investir de l’argent et des ressources pour se conformer Ă  la lĂ©gislation”, assure-t-elle.- Mobiliser “jusqu’Ă  100 milliards d’euros” -L’Europe rĂ©torque qu’elle n’entend pas remettre en cause la lutte contre le changement climatique, ni mĂŞme son ambition d’atteindre la neutralitĂ© carbone d’ici Ă  2050.”Nos objectifs climatiques et sociaux restent inchangĂ©s”, a assurĂ© la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula von der Leyen dans un discours prononcĂ© face Ă  des industriels, rĂ©unis Ă  Anvers.C’est d’ailleurs pourquoi elle a Ă©galement dĂ©voilĂ© mercredi une stratĂ©gie pour soutenir la dĂ©carbonation de l’industrie europĂ©enne, baptisĂ©e “Pacte pour une industrie propre”.Dans ce document d’une vingtaine de pages figurent peu de propositions chiffrĂ©es, Ă  part l’objectif de “mobiliser jusqu’Ă  100 milliards d’euros” pour des projets d’industrie propre. Il comprend aussi une ribambelle d’incitations pour investir dans l’Ă©nergie verte, avec une emphase sur le “Made in Europe”.L’UE propose aussi des achats groupĂ©s de matières premières essentielles pour l’Ă©lectronique et les technologies propres, un peu Ă  la manière de ce qu’elle a fait avec les vaccins durant la pandĂ©mie.Bruxelles pense avoir une carte Ă  jouer dans ce secteur, face au climatoscepticisme de Donald Trump.”Le fait que les Etats-Unis s’Ă©loignent maintenant de leur programme climatique ne signifie pas que nous devrions faire de mĂŞme. Au contraire. Cela signifie que nous devons aller de l’avant”, veut croire le commissaire europĂ©en Ă  l’Energie, Dan Jørgensen.