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Une page se tourne au Forum économique mondial avec la démission du fondateur

Le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab a démissionné avec effet immédiat de ses fonctions de président et membre du Conseil d’administration de l’organisation, tournant une page de l’histoire de cette institution connue pour sa réunion annuelle des élites mondiales dans la luxueuse station de ski suisse de Davos.”Alors que je commence ma 88ème année, j’ai décidé de quitter le poste de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat”, écrit M. Schwab dans un communiqué publié lundi. Il est remplacé par intérim par le vice-président du CA et ancien patron de Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe.Borge Brende, ancien ministre des Affaires étrangère de Norvège est le directeur éxecutif du Forum.”Le conseil d’administration a reconnu les réalisations exceptionnelles du président et fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab. Il a créé la principale plateforme mondiale pour le dialogue et le progrès, et le conseil d’administration a exprimé sa gratitude pour ses 55 années de leadership inlassable à la tête du Forum”, poursuit le communiqué.Le conseil d’administration du Forum économique mondial “souligne l’importance de rester inébranlable dans sa mission et ses valeurs en tant que facilitateur du progrès”. – Davos centre du monde -M. Schwab est né à Ravensbourg en Allemagne le 30 mars 1938, marié et père de deux enfants. Il n’était encore qu’un simple professeur en gestion d’entreprise de l’université de Genève, où il a enseigné jusqu’en 2003, lorsqu’il a lancé le “Forum européen de management”, précurseur de l’actuel Forum. Il l’a ensuite élargi en invitant des chefs d’entreprises américains, réussissant à se créer un gigantesque carnet d’adresses et transformant cette rencontre en un grand raout international dédié aux relations d’affaires et aux échanges d’idées.Au fil des ans, le Forum de Davos a volé de succès en succès, attirant l’élite économique et politique mondiale et même, un temps, les plus grandes stars du cinéma et du divertissement, lors de tables rondes dans les Alpes suisses. Des rencontres régionales ont ensuite été créées ainsi qu’une dizaine de Centres chargés de creuser les grandes thématiques comme les chaînes d’approvisionnement, la cybersécurité, la nature et le climat, le système financier, etc.Le WEF affirme qu’il “fournit une plateforme mondiale, impartiale et à but non lucratif pour une connexion significative entre les parties prenantes afin d’établir la confiance et de construire des initiatives pour la coopération et le progrès”. Sa mission consiste à “améliorer l’état du monde”. – Un rêve de complotiste – Le Forum économique mondial est aussi très critiqué, accusé de créer un espace pour le monde de l’entreprise, qui peut ainsi faire pression sur les gouvernements sans contrôle démocratique. L’influence de ce Forum a même créé le concept de “l’homme de Davos” en référence à une élite mondialisée d’ultra-riches apatrides acquis à la cause du libre-échange. Comme d’autres organisations internationales, le WEF suscite de nombreuses infox et théories du complot, accusé de vouloir mettre en place un “nouvel ordre mondial” afin de “contrôler la population”. La publication par Klaus Schwab en 2020 d’un ouvrage intitulé “The Great Reset” (La Grande Réinitialisation dans son édition française), avait mis en ébullition les sphères complotistes qui y voyaient la preuve du plan mis en oeuvre par les élites mondiales pour détruire les démocraties et asservir voire éliminer, une partie de l’humanité. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et membre influent de l’entourage du président américain Donald Trump  accusé Klaus Schwab sur son réseau social X de vouloir “être l’empereur de la Terre”.Le Forum économique mondial a régulièrement mis en garde sur la désinformation, l’un des plus grands risques de l’humanité, à l’orée de deux années qui verront près de trois milliards de personnes se rendre aux urnes et en plein boom de l’intelligence artificielle.

DHL suspend les envois aux Etats-Unis de certains colis d’une valeur de plus de 800 euros

Le géant du transport de colis DHL a annoncé “suspendre temporairement” à partir de lundi les envois aux Etats-Unis de paquets envoyés par des entreprises à destination de consommateurs dont la valeur excède 800 dollars, évoquant des retards à la douane.”A partir de lundi et jusqu’à nouvel ordre, nous allons temporairement suspendre la collecte et l’envoi de colis d’entreprise à particulier aux Etats-Unis quand la valeur déclarée aux douanes dépasse 800 dollars (695 euros)”, a indiqué l’entreprise dans un communiqué dimanche.Le président américain Donald Trump a initié une guerre des taxes mondiale contre les partenaires des Etats-Unis, notamment ceux présentant un excédent commercial avec la première économie du globe.Il a ainsi abaissé le 5 avril la valeur minimale à partir de laquelle les colis envoyés aux particuliers doivent être soumis au contrôle des douanes, de 2.500 (2.171 euros) à 800 dollars.”Ce changement a provoqué un bond des formalités de dédouanement, que nous traitons 24 heures sur 24″, a écrit DHL.Les envois d’entreprise à entreprise ne sont pas concernés par la suspension, mais peuvent toujours “être sujets à des retards”.L’administration Trump a frappé la Chine particulièrement fort dans son offensive commerciale: en plus de droits de douane colossaux sur ses exportations vers les Etats-Unis, Washington a mis fin à l’exemption de taxes pour les petits colis provenant du géant asiatique. Ce qui a été perçu comme une mesure ciblant spécialement des marques vendant en ligne à bas prix, telles que Temu ou Shein.

Trump a levé un montant record de 239 millions de dollars pour son investiture de 2025

Le président américain Donald Trump a recueilli un montant record de 239 millions de dollars pour sa deuxième investiture en janvier, selon une déclaration dimanche auprès de la Commission électorale fédérale.Ce montant représente plus du double de son précédent record de près de 107 millions de dollars établi lors de sa première investiture en janvier 2017.Parmi les centaines de donateurs du Trump Vance Inaugural Committee figurent des grandes entreprises comme AirBnB, McDonald’s, Microsoft, Amazon, Meta ou JP Morgan Chase, qui ont chacune fait don d’au moins un million de dollars.Le PDG d’OpenAI Sam Altman a également fait don d’un million de dollars pour l’investiture du 20 janvier, où des personnalités du monde de la technologie ont occupé le devant de la scène.Les fonds recueillis pour cette investiture dépassent de loin le montant moyen récolté par les présidents récents, le démocrate Joe Biden ayant reçu environ 61 millions de dollars de dons pour son investiture en 2021.Le montant de 239 millions de dollars ne comprend pas quelque 6 millions de dollars de dons ayant été remboursés.Les comités d’investiture sont tenus par la loi de communiquer les détails de chaque don d’une valeur égale ou supérieure à 200 dollars, les ressortissants étrangers n’ayant pas le droit d’apporter des fonds.Une douzaine de milliardaires étaient présents lors de la cérémonie d’investiture de M. Trump en janvier, pesant au total selon certains commentateurs sur les réseaux sociaux environ 1.000 milliards de dollars, soit approximativement le PIB de la Suisse.Le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, le fondateur de Meta, Mark Zuckerberg, le directeur de Google, Sundar Pichai, le patron d’Apple, Tim Cook, et l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, PDG de Tesla, étaient tous assis à proximité lors de la prestation de serment de M. Trump.

Guerre commerciale: Pékin s’agace des pays négociant avec Washington

La Chine a dénoncé lundi les pays qui pratiquent l'”apaisement” à l’égard des Etats-Unis dans les négociations sur les droits de douane américains, affirmant “s’opposer fermement” à tout accord nuisant à ses intérêts.Washington a imposé des droits de douane de 145% sur la plupart des produits chinois, pouvant grimper jusqu’à 245% dans certains cas – par exemple pour les véhicules électriques.En réponse, la Chine a imposé ses propres surtaxes de 125% sur les produits américains et a affirmé vouloir mener ce bras de fer commercial “jusqu’au bout”.Mais les autres partenaires commerciaux des Etats-Unis, certes frappés par une surtaxe plancher de 10%, ont bénéficié d’une suspension de 90 jours de droits de douane bien plus élevés. Nombre de ces pays ont engagé des discussions avec Washington.Pékin a réagi lundi en mettant en garde ces pays contre tout accord avec les États-Unis qui compromettrait ses propres intérêts.”L’apaisement n’apportera pas la paix et le compromis ne sera pas respecté”, a déclaré dans un communiqué un porte-parole du ministère du Commerce chinois.Ce dernier répondait à une question sur la possibilité que Washington demande à certains pays de limiter leurs échanges commerciaux avec la Chine en échange d’une exemption des droits de douane américain, selon le communiqué.Pékin “s’oppose fermement à ce que toute partie parvienne à un accord au détriment des intérêts de la Chine”, a averti le porte-parole. “Si une telle situation se produit, la Chine ne l’acceptera jamais et prendra résolument des contre-mesures réciproques”.”Chercher ses propres intérêts égoïstes temporaires au détriment des intérêts des autres (…) échouera en fin de compte des deux côtés et nuira aux autres”, a-t-il ajouté.- Négociations en cours -Ces déclarations chinoises ont lieu alors que plusieurs signes indiquent un progrès significatif des négociations entre Washington et ses partenaires commerciaux dans la région.La Corée du Sud doit envoyer cette semaine à Washington ses ministres des Finances et du Commerce pour des discussions commerciales de haut niveau, a annoncé Séoul.Le pays s’inquiète notamment de voir ses mastodontes nationaux Samsung Electronics et le constructeur automobile Hyundai durement touchés si la Maison Blanche met à exécution ses menaces.La semaine dernière, c’est l’émissaire japonais pour les droits de douane, Ryosei Akazawa, qui s’était rendu à Washington où il a rencontré le président américain Donald Trump.Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba avait ensuite affirmé samedi que les discussions entre le Japon et les États-Unis pourraient être “un modèle pour le monde”.”Le fait que le président Trump soit personnellement intervenu pour négocier avec l’émissaire japonais montre qu’il accorde de l’importance au dialogue avec le Japon”, a-t-il ajouté lundi devant le Parlement.”Le Japon est leur allié, le plus grand investisseur et créateur d’emplois aux États-Unis”, a souligné M. Ishiba.Selon plusieurs médias japonais, Tokyo pourrait, en guise de concession, augmenter ses importations de soja et de riz américains, voire assouplir ses normes de sécurité automobile.Le Premier ministre japonais a toutefois affirmé lundi refuser d’accepter tout ce qui nuirait “à la sécurité”.Le vice-président américain JD Vance a également atterri lundi en Inde pour une visite officielle de quatre jours, sur fond de négociations sur un accord commercial bilatéral.Ces discussions contrastent avec le bras de fer tenace entre Pékin et Washington, qui a plongé les marchés financiers dans la tourmente et alimente les craintes d’une récession mondiale.Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a de nouveau condamné lundi “l’unilatéralisme et le protectionnisme commercial”, appelant à “l’ouverture” et au “bénéfice mutuel”, lors d’une déclaration en présence de son homologue indonésien en visite à Pékin.”L’abus des droits de douane portera gravement atteinte aux échanges économiques et commerciaux normaux entre les pays”, a-t-il ajouté. Le président américain Donald Trump avait pourtant déclaré jeudi que des pourparlers étaient en cours avec la Chine.”Je pense que nous allons conclure un très bon accord”, avait-il dit à des journalistes dans le Bureau ovale.Le pouvoir chinois n’a pour l’heure pas confirmé ces discussions, même s’il a appelé à de multiples reprises à un “dialogue” sur “un pied d’égalité”. 

Sur le Rhône, à la recherche de microplastiques qui se fondent dans le vivant

Sur le Rhône presque limpide, le bateau pneumatique fend la brume matinale. A bord, des scientifiques du CNRS et des bénévoles jettent et retirent inlassablement deux filets flottants. Ils veulent comprendre comment les microplastiques disséminés dans la pollution du fleuve interagissent avec le vivant.Pendant cette mission de recherche de trois semaines en avril, “nous voulons savoir ce que transportent les plastiques, s’ils vont être eux-mêmes un véhicule de produits chimiques dans le fleuve, puis dans la mer”, détaille Jean-François Ghiglione, directeur de recherche en écotoxicologie microbienne marine.Est-ce que ces microplastiques mêlés à des bactéries et des éléments naturels sont absorbés par les organismes ou animaux marins? La question taraude Alexandra Ter Halle, physico-chimiste, l’une des premières à avoir identifié les zones d’accumulation océanique du plastique, surnommées “le septième continent”.L’AFP a suivi une journée l’équipe scientifique, qui est soutenue par le fonds de dotation Kresk 4 Oceans et accompagnée par l’ONG “expédition 7e continent”.- Travail de fourmi -Un véritable travail de fourmi: les chercheurs filtrent l’eau du fleuve, récupèrent des microplastiques de quelques millimètres, qu’ils mesurent, identifient, classent et analysent.Quasiment la même équipe, dans une autre mission en 2019 dont les résultats ont été publiés le 7 avril, a montré que les grands fleuves européens sont envahis de microplastiques à raison de trois par mètre cube d’eau en moyenne, soit, pour le Rhône, “900 par seconde”.Leur démarche pluridisciplinaire illustre ce que de nombreux scientifiques appellent désormais l’Anthropocène: la plus récente des ères géologiques de la planète, dont le plastique serait le principal marqueur en montrant l’effet perturbateur des activités humaines sur le fonctionnement des éléments naturels.Au bout d’une demi-heure sur le bateau à petite vitesse, on remonte les deux filets. Deux collecteurs, tubes gris d’une dizaine de centimètres de diamètre, ont récupéré tout ce qui flottait à la surface de l’eau. Ils sont vidés avec soin sur un tamis posé sur un seau.Armée d’une pince à épiler, Alexandra Ter Halle démêle un enchevêtrement de débris et de déchets : branchages, mousses, boules de pollen, bouchon, brin de plastique vert venu d’une fausse pelouse, particule bleue ou rose d’un jouet ou d’un bidon depuis longtemps désintégré.Les déchets organiques sont rejetés à l’eau. Les plastiques sont conservés, triés par taille et rangés dans des sacs plastique transparents étiquetés avec le jour et les conditions de collecte.”Nous cherchons à doser les perturbateurs endocriniens” trouvés sur les plastiques, explique Alexandra Ter Halle qui mène les recherches dans son laboratoire à Toulouse. La recherche cible quatre d’entre eux: phtalates, bisphénol, PCB et filtres solaires des cosmétiques. Les deux premiers sont des additifs incorporés dans le plastique lors de sa fabrication et désormais interdits. Le Polychlorobyphenyl (PCB), un isolant électrique lui aussi interdit, se trouve depuis des dizaines d’années dans les sédiments du Rhône, issu des rejets des usines du couloir de la chimie au sud de Lyon.- “Je ne voulais pas être éboueur” -Pour les détecter, l’équipe analyse le “biofilm” bactérien qui se forme sur les plastiques dérivants dans l’eau, en utilisant la pyrolyse et la spectrométrie de masse.”Ce dont on s’est rendu compte, c’est qu’un plastique est hydrophobe, c’est-à-dire huileux. Et quand on a deux gouttes d’huile, elles vont se coller l’une à l’autre. C’est la même chose sur un morceau de plastique: il va accrocher tout ce qui est huileux, donc tout ce qui est hydrocarbure, pesticides, métaux lourds”, ainsi que des bactéries, explique Jean-François Ghiglione: le biofilm qui se forme “attire les molécules chimiques qui viennent s’accrocher sur le plastique”.Ces rencontres contribuent-elles à fabriquer des molécules Frankenstein dans la nature, avec le plastique qui se mêle au vivant? Alexandra Ter Halle éclate de rire: “Je n’ai jamais utilisé ce terme, mais oui, on peut dire ça”, répond-elle à l’AFP.”Plus on travaille sur les plastiques, plus on se rend compte qu’ils ont une toxicité qui n’était pas envisagée au départ, et aujourd’hui on fait face à une réelle pollution (…) qui touche tous les écosystèmes”, complète Jean-François Ghiglione. “Ils sont une vraie +éponge à polluants+”.Son parcours scientifique personnel a été bouleversé par sa rencontre avec le plastique dans les milieux naturels, qui “perturbe la façon dont le monde fonctionne”.”Je voulais être océanographe, je voulais travailler avec les dauphins, je ne voulais pas être éboueur”, dit-il, en souriant un peu tristement.

Droits de douane: les prix d’Airbus et Boeing en zone de turbulences

Le prix des avions de Boeing et d’Airbus s’était déjà envolé avec l’inflation et le Covid-19. A présent, la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis devrait créer de nouvelles turbulences.Par rapport à 2018, les prix ont déjà augmenté d’à peu près 30%, affirme à l’AFP un expert du secteur.Les deux géants de l’aéronautique ont été confrontés à de multiples hausses: matières premières (en particulier le titane), main d’oeuvre, composants, énergie, processus industriel (sidérurgie notamment).Un accord social signé fin 2024 chez Boeing prévoit une hausse salariale de 38% sur quatre ans pour ses plus de 33.000 salariés syndiqués.”Le moulage et la forge du titane (…) ont connu un rythme d’inflation particulièrement rapide, surtout depuis la disparition des capacités russes pour les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, pour l’Europe”, du fait de la guerre en Ukraine, souligne Richard Aboulafia, expert aéronautique.Selon lui, les prix des matériaux et équipements ont bondi jusqu’à 40% depuis 2021.”Les matières premières n’étaient pas vraiment un problème, mais Donald Trump est déterminé à en créer un”, ajoute-t-il, faisant référence aux droits de douane de 25% instaurés par le président américain sur l’acier et l’aluminium, composants essentiels de l’aéronautique.Ils ont depuis été appliqués à toutes les importations et pourraient être augmentés.”L’inflation dans l’aviation accélère et cela ne va qu’empirer avec ces droits de douane (…)  catastrophiques”, martèle John Persinos, rédacteur en chef de la revue Aircraft Value News.Selon lui, les avions de nouvelle génération, comme les 787 Dreamliner et 737 MAX de Boeing et le 321neo d’Airbus, sont particulièrement recherchés car moins gourmands en carburant. Leur prix ont “subi un bond marqué”.- ‘Fiction’ -Mais inutile de chercher les traditionnelles grilles tarifaires d’autrefois: Airbus n’en publie plus depuis 2018 et Boeing depuis 2023.”Les prix catalogue étaient des oeuvres de fiction”, lance M. Aboulafia. “On obtenait un rabais de 50% simplement pour être venu au rendez-vous bien habillé”, plaisante-t-il.”On a abandonné cette idée de +prix catalogue+ il y a bien longtemps. Ils n’avaient aucun sens car totalement décorrélés de la réalité des prix (finaux), qui sont liés aux spécificités de chaque contrat, version, configuration…”, justifie Airbus.Pour autant, précise l’expert du secteur ayant requis l’anonymat, les constructeurs disposent en interne d’un prix de base, sur lequel sont ensuite appliqués des “avantages d’achat”, comme une réduction du prix parfois “relativement importante” ou, plus fréquemment, des options ou services supplémentaires (support, formation…).Les contrats disposent aussi d’une clause d’ajustement annuel du prix à l’inflation des coûts réels, jusqu’à la livraison de l’avion des années plus tard.Les paiements se faisant largement en dollars, Airbus est également tributaire du cours de l’euro face au billet vert.Boeing précise à l’AFP évaluer le prix des avions au regard des coûts de production et d’autres facteurs de marché mais, étant un élément concurrentiel sensible, il n’en donne pas le détail.- ‘Très concurrentiel’ -Les carnets de commande des deux géants affichent complet jusqu’à la fin de la décennie, mais ils n’en profitent guère pour l’heure pour doper leurs prix.Le marché “reste très concurrentiel” et le duo “se bat sur chaque transaction”, précise l’expert.Afin de réduire leur dépendance, toujours plus de compagnies se fournissent à la fois chez les deux constructeurs.”Avant le Covid, Boeing et Airbus se sont livrés des batailles sur les prix, qui étaient quand même assez bas, pour ne pas dire trop bas”, se souvient Manfred Hader, du cabinet de conseils stratégiques Roland Berger.La hausse du prix des avions a entraîné une “augmentation générale des billets. Côté compagnies aériennes, la rentabilité est bonne”, relève-t-il.Pour avoir une idée du prix des avions, il faut désormais compter sur la transparence de certaines compagnies aériennes.Ainsi, le groupe japonais ANA a passé une commande historique de 77 avions fin février auprès de Boeing, d’Airbus et du Brésilien Embraer.Selon des calculs de l’AFP à partir des prix catalogue fournis par ANA, un 787-9 Dreamliner atteint environ 386 millions de dollars et un 737 MAX 8 ressort aux alentours de 159 millions, contre respectivement 292 millions et 121,6 millions en 2023.Un Airbus 321neo coûte environ 148 millions, contre 129,5 en 2018.

Les États-Unis risquent de céder le marché des puces à la Chine, selon des analystes

Le gouvernement de Donald Trump essaie de freiner les progrès de la Chine dans l’intelligence artificielle (IA) en empêchant les entreprises américaines d’y exporter leurs puces, mais les Etats-Unis ont tout à perdre avec ces mesures, selon des experts.”Le pays va souffrir encore plus que les entreprises individuelles”, estime Jack Gold.Pour cet analyste indépendant et d’autres experts, les nouvelles restrictions imposées aux géants américains des puces constituent une “victoire importante” pour Pékin.Privée des semi-conducteurs américains nécessaires pour développer les technologies d’IA, la Chine n’aura plus d’autre choix que de redoubler ses efforts pour concevoir ses propres puces de pointe.”Une fois qu’elle sera compétitive, elle commencera à vendre dans le monde entier. Et il sera ensuite très difficile de récupérer le marché, une fois que la chaîne d’approvisionnement aura changé”, explique-t-il à l’AFP. “C’est un véritable gâchis.””C’est le moyen le plus rapide de céder le leadership américain en matière de microprocesseurs”, abonde un autre expert indépendant du secteur, Rob Enderle.Dans l’immédiat, les mesures ont fait chuter Nvidia et AMD en Bourse cette semaine, et vont leur coûter des milliards de dollars.Nvidia, moteur de la vague de l’IA générative grâce à ses GPU (cartes graphiques) de pointe, prévoit 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle rien que pour le trimestre en cours.AMD a de son côté annoncé un manque à gagner de 800 millions de dollars.- “Comme par magie” -Sous Joe Biden, Washington avait déjà encadré les exportations des semi-conducteurs les plus sophistiqués vers la Chine, pour préserver l’avance de l’industrie américaine, et empêcher Pékin de développer certaines applications militaires.”Il y a une différence entre des contrôles à l’export et le blocage total dont parle Donald Trump à présent”, souligne Jack Gold.Les nouvelles restrictions concernent notamment les puces H20, conçues spécialement par Nvidia pour être vendues en Chine en respectant la loi.La décision de la Maison Blanche vient notamment du succès de la start-up chinoise DeepSeek, qui a réussi à construire des modèles d’IA comparables à ceux d’OpenAI (ChatGPT) et des autres leaders américains, avec des composants moins sophistiqués et en moins grand nombre (dont les H20).Donald Trump “pense sans doute que si nous compliquons la tâche de la Chine, et d’autres pays, nous allons gagner comme par magie”, soupire Jack Gold. “Cela n’a aucun sens”.”La bonne façon de procéder, à mon avis, est de favoriser les entreprises américaines, plutôt que de les pénaliser”, freinant ainsi leurs propres investissements en recherche et développement, ajoute-t-il.Jensen Huang, le patron de Nvidia, avertit régulièrement que la concurrence chinoise progresse rapidement.Lors d’une visite à Pékin jeudi, il a déclaré à des hauts responsables vouloir “continuer à être très présent en Chine”, un “marché très important” pour sa société.En 2024, Nvidia a réalisé 17 milliards de dollars de ventes en Chine, soit 13% de son chiffre d’affaires mondial.- “Main-d’Å“uvre qualifiée”  -Les restrictions s’inscrivent dans le contexte de la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis dans l’espoir de relocaliser la production industrielle, notamment celle des composants électroniques essentiels.Donald Trump “dit qu’il va ramener les usines aux Etats-Unis. Cela ne va pas marcher. Mais mettons qu’il ait raison. Il faut entre 20 et 40 milliards de dollars pour construire une nouvelle fonderie et cela prend 3-4 ans. D’ici là, on paye des surtaxes ?!”, interroge Jack Gold.Dans un effort de conciliation, Jensen Huang a déclaré cette semaine que Nvidia allait fabriquer des puces pour les superordinateurs d’IA entièrement aux États-Unis pour la première fois.Mais les Etats-Unis “ne disposent pas du tout de la main-d’Å“uvre qualifiée”, intervient Jacob Bourne, analyste d’Emarketer. Et cette situation risque de ne pas s’arranger “avec les politiques anti-immigration de l’administration Trump”.La production de puces nécessite en outre des matières premières, telles que les terres rares, un secteur où la Chine a toutes les cartes en main.”Certes, il y a des gisements aux Etats-Unis”, note l’expert. Mais le pays ne dispose pas de l’expertise, ni des infrastructures minières, qui vont coûter plus cher à cause des droits de douane. Et leur exploitation à des conséquences pour l’environnement, continue-t-il. “On peut donc s’attendre à des réticences”.

Cambodge: à Sihanoukville, l’afflux de capitaux chinois encourage l’apprentissage du mandarin

Voyant sa ville natale Sihanoukville, dans le sud du Cambodge, être inondée de capitaux chinois, le linguiste Um Keangseng a ouvert une école de langue face à la demande grandissante pour apprendre le mandarin.L’école Tai Zhong N°2, qu’il a fondée il y a dix ans, enseigne le mandarin à plus de 400 élèves, de l’élémentaire à l’université.Le nombre d’apprenants du chinois au Cambodge est monté en flèche ces dernières décennies “car chaque province a des investisseurs chinois”, souligne le directeur de l’établissement.”Il y a des commerces chinois partout”, ajoute-t-il, si bien que “l’anglais et le chinois sont devenus également importants”.La ville de Sihanoukville, à 200 km au sud-ouest de Phnom Penh, la capitale, a été la principale bénéficiaire des investissements étrangers chinois dans le royaume, ce qui a stimulé la demande de communicants qualifiés.Agé de 39 ans, Um Keangseng lui-même a grandi en apprenant le chinois grâce à ses grands-parents venus de la province chinoise du Guangdong, dans le sud de la Chine.Il raconte qu’à l’époque, les gens se moquaient de lui, estimant que le mandarin n’était pas aussi utile que l’anglais, le français ou le thaï.Aujourd’hui, beaucoup de ses anciens élèves travaillent avec des Chinois, dans leurs entreprises ou en tant qu’investisseurs.- “Ascension inarrêtable” -Ouk Sok Heng, un de ses élèves, s’exerce aux caractères chinois que le linguiste affiche sur son écran d’ordinateur.Ce jeune homme de 18 ans n’a jamais posé le pied en Chine, mais il espère continuer ses études d’informatiquedans une université chinoise.”Plus tard, je veux faire des affaires avec les Chinois. Ce sera facile (de gagner de l’argent) si je parle mandarin”, veut-il croire.Les commerces chinois ont proliféré à Sihanoukville depuis le début du millénaire, selon Um Keangseng. Cette cité portuaire regorge désormais de casinos, d’hôtels, de restaurants et d’usines gérés par des Chinois.Le Cambodge, petit pays à l’économie réduite, compte sur les pays étrangers, “en particulier la Chine”, dit-il, ajoutant que les Cambodgiens ont notamment besoin de compétences linguistiques “pour développer ensemble notre pays”.A 21 ans, Kok Ravy débute tout juste en mandarin. Sihanoukville est “inondée de Chinois”, selon lui. “Si on ne parle pas chinois, ça sera difficile pour nous”, estime-t-il, soulignant que parler la langue peut aider à obtenir un travail de réceptionniste ou d’interprète.De son côté, Ou Virak, président du groupe de réflexion local “Future forum”, espère que les Cambodgiens diversifieront leurs compétences linguistiques sans pour autant oublier leurs racines et leur identité.”Je voudrais que nous nous enracinions dans la langue et la culture khmères”, déclare-t-il.Mais de plus en plus de parents cambodgiens envoient leurs enfants apprendre le mandarin pour améliorer leurs perspectives d’avenir, constate-t-il, et ce en raison “de l’idée de l’ascension inarrêtable de la Chine”.

L’influence française disputée dans l’océan Indien

Mayotte, îles Eparses … La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie, joue les équilibristes dans l’océan Indien, où Emmanuel Macron entame lundi une tournée de cinq jours.Le chef de l’Etat, fidèle à sa stratégie “indopacifique”, va réaffirmer les ambitions françaises de puissance régionale tout comme une volonté de coopération renforcée avec les Etats du sud-ouest de l’océan Indien.Après des étapes à Mayotte et La Réunion, les deux départements aux avant-postes de la présence française dans cette zone, il se rendra à Madagascar et Maurice.Et participera jeudi à Antananarivo, la capitale malgache, au cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), qui réunit cinq Etats insulaires (Madagascar, Maurice, Comores, Seychelles, France au titre de La Réunion).”La France a certes la puissance de feu, mais elle n’est pas forcément en position de force, pas forcément numéro un et en tout cas pas seule. Les compétiteurs sont présents et actifs”, résume à l’AFP Christiane Rafidinarivo, chercheuse au centre de recherches politiques Cevipof de Sciences-Po à Paris.Grâce à ses multiples îles et îlots à travers les océans, la France possède certes le deuxième espace maritime du monde (10 millions de kilomètres carrés), dont 27% dans cette partie du globe.Grâce aux îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), des “confettis” quasi inhabités – sans compter Mayotte au nord – elle contrôle plus de la moitié de la surface du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique du transport maritime international.- “Accès aux ressources” -Elle dispose aussi de moyens militaires, dont une base navale à La Réunion, et économiques conséquents par rapport aux pays riverains.Mais Madagascar revendique la souveraineté sur les Eparses tout comme les Comores sur Mayotte, qui s’en est détaché lors de leur indépendance en 1975 pour rester française. L’île Maurice réclame de son côté Tromelin au nord de La Réunion.”La France est dans une situation un peu plus contrainte qu’il n’y paraît”, explique Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’université Paris-Nanterre.”Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, un enjeu d’accès aux ressources et puis c’est un moyen de pression pour obtenir autre chose” de Paris, en matière d’immigration ou de sécurité.Le canal du Mozambique renferme d’importantes réserves en hydrocarbures – au point qu’on le qualifie parfois de “nouvelle mer du Nord” – et halieutiques.Le rôle de la France y est désormais disputé par la Chine, qui investit massivement dans la zone, notamment à travers le développement de ports, et dispose d’une importante flotte de pêche. Etats-Unis, Russie et Inde y renforcent aussi leur présence.Russes et Chinois y ont également mené des exercices militaires avec l’Afrique du sud.- “Epine dans le pied” -La Russie, après avoir tenté en vain d’adhérer à la COI en 2020, a apporté son soutien à Madagascar dans sa revendication sur les îles Éparses, tout comme aux Comores, dont elle s’est rapprochée, pour Mayotte.”Le statut de Mayotte est extraordinairement instable. C’est une épine dans le pied de la France”, estime Bertrand Badie, spécialiste de relations internationales à Sciences Po. Les Comores s’opposent aussi à son intégration à la COI, réclamée par les élus mahorais. Face à ces résistances, Emmanuel Macron devrait s’en tenir à une ligne pragmatique, c’est-à-dire demander une “inclusion” progressive de Mayotte à la COI à travers des programmes de coopération notamment sur la santé.”Pour la France, il s’agit de consolider des coopérations avec des Etats pour qu’ils ne deviennent pas hostiles, ne rentrent pas dans d’autres réseaux qui seraient hostiles”, note Christiane Rafidinarivo.Mayotte, département le plus pauvre de France, présente d’énormes fragilités, avec une importante pression migratoire en provenance des Comores et le cyclone Chido, le plus dévastateur depuis 90 ans, qui a mis à terre son économie en décembre.”C’est une région du monde dans laquelle la décolonisation n’a jamais été véritablement accomplie. La déstabilisation tient à un fil. Il suffit d’un pouvoir populiste dans l’un des pays”, relève Bertrand Badie.

Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville reconnecté au réseau électrique

Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), à l’arrêt depuis le 15 février pour maintenance, a été reconnecté au réseau électrique samedi soir, les opérations de redémarrage ayant abouti deux jours avant la date initialement prévue, a annoncé EDF.”Toutes les opérations de redémarrage et de connexion au réseau ont pu être faites et cela a permis un couplage sur le réseau dès samedi”, après plusieurs reports pour des opérations de maintenance supplémentaires, a déclaré EDF dimanche à l’AFP.Le site d’EDF indique que la puissance disponible est de 90 MW (contre 1.620 MW de puissance maximale) depuis 20h30 samedi et que des “essais avec variation de puissance” sont prévus jusqu’à mercredi.Le groupe a précisé à l’AFP maintenir son planning prévisionnel, qui prévoit d’atteindre “à l’été 2025” la pleine puissance, soit “100% de puissance nominale”.Le processus pour un premier démarrage de réacteur est “long et s’étend sur plusieurs mois”, il est donc “normal de ne pas être actuellement à pleine puissance” puisque “la montée en puissance du réacteur se réalise par paliers successifs”, a ajouté EDF.EDF avait prévenu que la montée en puissance du 57e réacteur nucléaire français serait un processus progressif, pouvant nécessiter une dizaine d’arrêts de maintenance programmés et, en parallèle, des opérations imprévues. “Plus de 1500 critères de sûreté sont testés lors d’un premier démarrage”, avait-il indiqué.Le réacteur de 3e génération avait déjà connu deux phases d’arrêt programmées depuis son raccordement au réseau le 21 décembre 2024, réalisé avec 12 ans de retard.Le 15 février, le réacteur a été mis à l’arrêt de manière imprévue pour “réaliser une intervention sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer”. L’arrêt avait été prolongé deux fois en février pour des interventions de maintenance et des réglages supplémentaires.Initialement prévu le 30 mars, le redémarrage a été repoussé plusieurs fois depuis et devait avoir lieu lundi.Selon EDF, des “interventions ont été réalisées sur un circuit de refroidissement des équipements par l’eau de mer, sur le groupe turbo alternateur (opérations de reprise des réglages sur trois paliers, pièces portant et guidant les rotors) et sur des matériels requis pour la poursuite des opérations de montée en puissance du réacteur en toute sûreté”.Pièce maîtresse dans une centrale nucléaire, la turbine permet de transformer l’énergie thermique issue des générateurs de vapeur en une énergie mécanique qui entraîne l’alternateur pour créer l’électricité.