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Lecornu entame d’ultimes négociations, Macron lâché par ses alliés

Dissolution, présidentielle anticipée… La crise politique s’enflamme mardi jusque dans le camp présidentiel et Emmanuel Macron, qui a demandé à Sébastien Lecornu de poursuivre “d’ultimes négociations” pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais.Coup de théâtre, le patron d’Horizons Édouard Philippe, allié traditionnel du président, l’exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d’organiser “une élection présidentielle anticipée” après l’adoption d’un budget pour 2026.Évoquant “l’affaissement de l’État” qui n’est selon lui “pas tenu”, l’ancien Premier ministre (2017-2020), candidat déclaré pour 2027, a estimé qu'”on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore, c’est beaucoup trop long”. Déjà la veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis très proche d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal avait lancé l’offensive, prenant sèchement ses distances avec le chef de l’Etat dont il ne comprend “plus les décisions”. – Socle commun? -Dans le même temps, les opposants continuent de dénoncer la situation politique inédite dans laquelle la France est plongée depuis la démission surprise lundi du gouvernement de Sébastien Lecornu nommé… 14 heures plus tôt. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, qui avait provoqué la crise en menaçant dimanche soir de quitter ce gouvernement pour notamment protester contre le retour de Bruno Le Maire en son sein, a tempéré cependant sa position mardi.Il a proposé que son parti, Les Républicains, participe à un gouvernement de “cohabitation” avec la macronie à condition que LR “ne se dilue pas” dans le camp présidentiel. Mais il a refusé de participer à la réunion mardi matin du “socle commun”, alliance entre le centre et la droite LR qui a tenu cahin-caha depuis la dissolution de 2024.  Le Premier ministre démissionnaire a en effet convoqué ses alliés dès 9H00 à Matignon. Il a été chargé par le président de mener d'”ultimes négociations” d’ici mercredi pour “définir une plateforme d’action et de stabilité”. Également invités à cette réunion à Matignon, à laquelle Édouard Philippe est bien présent, les présidents des deux chambres du Parlement: Yaël Braun-Pivet (Renaissance, Assemblée) et Gérard Larcher (LR, Sénat).Le terrain est très glissant, sinon miné, pour le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, qui a maintenu des contacts bilatéraux avec le chef des Républicains Bruno Retailleau encore lundi soir.Ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l’entourage d’Emmanuel Macron. En cas d’échec, le président prendra ses “responsabilités” selon la même source, faisant planer la menace d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée.- Gauche dispersée -Et au tour de force de ressouder le socle commun s’ajoute le cas de la censure, toujours brandie par la gauche et le Rassemblement national. “Il peut réussir”, considérait lundi un conseiller de l’exécutif, “s’il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple”, une exigence des socialistes. “Je me suis demandé pourquoi il ne nous avait jamais proposé de compromis, aucun accord. Mais parce qu’il était incapable de le faire avec son propre bloc central”, a analysé mardi sur France Inter le chef du groupe socialiste, Boris Vallaud.Le patron du parti Olivier Faure a lui demandé “un changement de cap” avec l’arrivée d’un “gouvernement de gauche” à Matignon.Une cohabitation également réclamée par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, qui souhaite toutefois se préparer “à toutes les hypothèses”. Elle a ainsi proposé à “toutes” les formations de gauche, de se “réunir (mardi) à 9h dans un lieu neutre”. Le PS a annoncé dans la soirée qu’il ne participerait pas “en présence de LFI”. Le patron des communistes, Fabien Roussel, ne s’y rendra pas. PS et PCF pourraient en revanche se retrouver avec les Ecologistes un peu plus tard dans la matinée.Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui plaide pour une “solution claire, nette, franche et massive”, continuera de demander la démission d’Emmanuel Macron, en brandissant l’arme de la motion de destitution dont la recevabilité doit être examinée mercredi devant le Bureau de l’Assemblée.Le Rassemblement national ne trace que deux chemins possibles: la dissolution “absolument incontournable”, selon sa cheffe de file Marine Le Pen, et la “démission” d’Emmanuel Macron.L’alliance RN-Ciotti a l’intention de censurer “systématiquement tout gouvernement” jusqu’à la dissolution ou la démission. 

Instabilité politique: le “décrochage” économique est “enclenché”, selon le patron du Medef

Le président du Medef Patrick Martin a fait part mardi sur Franceinfo de sa “colère” et de son “inquiétude” au sujet de la situation politique de la France, après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu qui plonge le pays dans l’incertitude.L’incertitude est telle, selon le patron du Medef, que “le décrochage” économique de la France “est enclenché” face à des pays comme l’Espagne, dont la croissance est “quatre fois supérieure à celle de la France cette année”, ou l’Allemagne, dont “le gouvernement de coalition (…) prend des mesures de soutien massif aux entreprises”. Déplorant des “débats” qu’il juge “très hors sol”, le dirigeant à la tête de la première organisation patronale du pays appelle à “une prise de conscience collective” de la classe politique, alors que quatre chefs de gouvernement se sont succédé en moins de deux ans et qu’aucun consensus ne semble pouvoir être obtenu à l’Assemblée nationale.Le coût de “l’indécision politique” a “été chiffré à 9 milliards de produit intérieur brut de moins cette année” relève Patrick Martin qui “pense que c’est le minimum” que pourrait coûter la situation.  Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un institut de recherche indépendant OFCE, l’incertitude politique issue de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 puis de la censure du gouvernement Barnier en décembre amputera la croissance de 0,3 point de PIB en 2025. 

Entre show rock et meeting électoral, Milei lance un livre sur son “miracle”, pourtant fragile

Du rock, de l’autocélébration, une hargne retrouvée: en un show-marathon, le président argentin Javier Milei a lancé lundi son dernier livre, sur son “miracle” économique, à l’approche de législatives incertaines, et sur fond d’une économie obstinément fragile, en attente d’aide américaine.Mi-concert, mi-meeting électoral, le show a rassemblé près de 15.000 personnes, beaucoup vêtues du violet du parti libertarien “La Libertad Avanza” (LLA) dans une salle de Buenos Aires, où Javier Milei avait clos sa campagne présidentielle victorieuse en 2023. Au son d’un tube hard-rock argentin qui commence par les paroles “Bonjour à tous, je suis le lion!”, Javier Milei, de cuir noir vêtu, a fendu la foule, majoritairement jeune, jusqu’à la scène.Il a ensuite entonné -éructé plutôt-, aux anges, quelques chansons avec “Le Groupe présidentiel” de musiciens amateurs qui compte deux amis députés.”Libertad, Libertad !” scandait la foule, tandis que M. Milei l’invitait à tancer Cristina Kirchner, l’ex-présidente péroniste aujourd’hui en prison à domicile.Après quoi, un “débat” mené par le porte-parole présidentiel, a permis à Javier Milei de disserter sur son livre et son action depuis 2023. Avec, au passage, des hommages à Donald Trump et Charlie Kirk.Mais depuis 2023, beaucoup a changé pour l’ultralibéral Milei dont le succès contre l’inflation -jugulée de plus de 200% en interannuel à 33%- s’est fait au prix d’une austérité drastique, de dizaines de milliers d’emplois perdus, et d’une économie, d’un pouvoir d’achat, qui peinent à redémarrer. – “Etudié dans les universités du monde” -Le doute a gagné les marchés financiers, a fortiori depuis la gifle électorale reçue par LLA lors d’un scrutin régional début septembre. Une monnaie, le peso, attaquée, des doutes sur les réserves de la Banque centrale, et le Trésor américain de l’allié idéologique Donald Trump a dû voler au secours, se disant “prêt à faire le nécessaire” en soutien financier de l’Argentine.L’opposition “a gagné un round, mais pas la bataille”, a lancé lundi Javier Milei, en référence aux législatives de mi-mandat, le 26 octobre, qui renouvelleront partie du Sénat et des députés. Et décideront de sa marge de gouvernabilité jusqu’à la présidentielle de 2027.Au scrutin, “on doit décider si on en finit avec une décadence de 100 ans”, lançait à l’AFP Leonardo Saade, employé de 37 ans, venu  d’Entre Rios, à quelque 400 km. Fier qu’avec Milei, “le miracle économique argentin soit étudié dans les universités du monde”.”La construction du miracle: le cas argentin”, 14e livre de Javier Milei, arbore en couverture une photo de l’économiste-président, posant avec en mains une tronçonneuse. Sur la lame, une de ses incantations fétiches: “Las fuerzas del cielo” (Les forces du ciel).Le livre de 573 pages est pour l’essentiel une compilation de ses discours, principalement de 2024, et reproduit à l’identique -tout en l’assumant- des chapitres entiers déjà présents dans son livre de 2024, “Capitalisme, socialisme, et le piège néo-classique”. Il dresse “un portrait fidèle de l’image que lui renvoyait son miroir”, a persiflé le quotidien La Nacion: “l’homme  d’une mission impossible, dont la volonté ne connaît pas de limite, et qui attribue une dimension divine à ses actions”.- “Dans un autre pays” -Du moins jusqu’à il y a peu. Outre son revers électoral, Javier Milei a vu ces derniers mois un Parlement rétif rejeter ses vetos a des projets de loi, et plusieurs proches -dont sa sœur Karina-, égratignés par des scandales de corruption présumée.Le week-end dernier, un député proche, Jose Luis Espert, a dû renoncer à être tête de liste aux législatives, après sa mise en cause pour avoir reçu de l’argent, il y cinq ans, d’un entrepreneur depuis poursuivi pour liens avec le narcotrafic.Peu avant le meeting, la police, déployée en masse, a dû s’interposer lundi entre des partisans de Milei, et une petite manifestation d’opposants de gauche, qui ont échangé chants, slogans, insultes, et quelques coups. Au moins deux personnes ont été interpellées, a constaté l’AFP.”Cet homme vit dans un autre pays, il n’a aucune idée de la faim que le peuple connait”, disait de Javier Milei à l’AFP, Liliana Castelnovo, retraitée de 73 ans, soignée pour cancer, assurant qu’elle n’a pas les moyens de payer ses médicaments.

L’UE sort l’artillerie lourde pour sauver sa production d’acier

L’Union européenne passe à l’offensive pour sauver sa production d’acier: la Commission doit dévoiler mardi un arsenal de mesures visant à réduire nettement les importations, afin de protéger les sidérurgistes face à une concurrence chinoise de plus en plus écrasante.Les commissaires à l’Industrie Stéphane Séjourné et au Commerce Maros Sefcovic vont annoncer au Parlement européen à Strasbourg ce nouveau plan pour l’acier, qui a vocation à remplacer la “clause de sauvegarde” mise en place en 2019 pour aider les producteurs européens.”Il s’agit de la clause de sauvegarde la plus robuste jamais présentée”, a déclaré M. Séjourné à des journalistes la semaine dernière.Le nouveau dispositif devrait inclure une réduction de près de moitié des quotas d’acier étranger qui peuvent être importés dans l’UE sans surtaxe.En outre, les importations dépassant ces quotas devraient subir des droits de douane doublés, de 25% à 50%, similaires à ceux mis en place aux Etats-Unis et au Canada.Cependant, “nous ne faisons pas du Trump”, a assuré M. Séjourné, qui défend une mesure indispensable pour sauver une industrie stratégique pour toute l’économie européenne.- Une industrie “au bord de l’effondrement” -“L’Europe était le dernier grand marché aussi ouvert, sans réciprocité. Notre souveraineté était en jeu”, a-t-il fait valoir.En parallèle, Bruxelles négocie toujours avec Washington une exemption de droits de douane pour l’acier européen. L’idée étant que l’Europe et les Etats-Unis s’allient pour mieux résister face au rouleau compresseur chinois.Les chiffres parlent d’eux-mêmes: l’an dernier, la Chine a produit à elle seule plus de 1.000 millions de tonnes d’acier, soit plus de la moitié de la production mondiale, très loin devant l’Inde (149 millions), le Japon (84 millions) et les Etats-Unis (79 millions), selon les données de l’organisation professionnelle World Steel.A côté, les pays européens font pâle figure: l’Allemagne n’a produit que 37 millions de tonnes, l’Espagne 12 et la France moins de 11.”L’industrie sidérurgique européenne était au bord de l’effondrement. Nous la protégerons pour qu’elle puisse investir, décarboner et ainsi redevenir compétitive”, a promis Stéphane Séjourné.Le marché, profondément déstabilisé depuis des années par la concurrence des usines chinoises (massivement subventionnée, selon les calculs de l’OCDE), subit de plein fouet les surcapacités entretenues par Pékin, qui tirent les prix du marché mondial à la baisse.Couplée à la flambée des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine et à une demande atone en Europe (reflétant les difficultés de secteurs comme l’automobile ou le bâtiment), cette concurrence a fait fondre la rentabilité des sidérurgistes européens à seulement 0,3% en 2023.Résultats, les plans sociaux et fermetures de sites se multiplient, avec des conséquences en cascade dans un secteur qui compte 300.000 emplois directs et 2,5 millions indirects dans toute l’UE.En Allemagne, le conglomérat Thyssenkrupp envisage même de vendre sa division acier à l’Indien Jindal Steel, tandis qu’en France, ArcelorMittal vient de supprimer 600 postes et menace d’abandonner son projet phare de décarbonation de ses hauts-fourneaux à Dunkerque, si les mesures prises par Bruxelles n’étaient pas suffisamment protectrices.Sans attendre leur officialisation, ces mesures ont déjà été accueillies positivement dans les milieux économiques. Le syndicat belge CNE a ainsi salué “le plan ambitieux et nécessaire” de la Commission, tandis que l’action d’ArcelorMittal a grimpé de 9% depuis une semaine.

La Bourse de Paris flanche après la démission de Lecornu

La Bourse de Paris a terminé en nette baisse lundi, les investisseurs digérant la démission du Premier ministre français Sébastien Lecornu après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Le CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, a terminé en baisse de 1,36%, soit une forte perte de 109,76 points, pour s’établir à 7.971,78 points à la clôture.Après l’annonce dimanche soir de la composition de son gouvernement, immédiatement critiqué et menacé d’implosion, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a présenté lundi matin, environ 14 heures plus tard, sa démission au président français Emmanuel Macron.”Les inquiétudes grandissent quant à la nature précaire du système politique français alors que le pays est à nouveau à la recherche d’un nouveau Premier ministre”, commente Danni Hewson, responsable de l’analyse financière chez AJ Bell.”La grande question est de savoir ce qui va se passer ensuite, car après cinq Premiers ministres en deux ans, trouver une solution viable – même temporaire – est devenu de plus en plus difficile”, poursuit-il.Le CAC 40 creuse l’écart avec ses homologues européens, affichant “un retard marqué depuis le début de l’année”, relève Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.L’indice vedette de la Bourse de Paris s’est en effet octroyé 8,01% depuis le 1er janvier, pendant que le Dax de Francfort évolue proche de ses sommets et a gagné 22,45% sur la même période, et que le FTSE 100 à Londres enchaine les records en séance, prenant 15,98% depuis le début de l’année.Les banques françaises dans le rougeParmi les actions les plus affectées par la crise politique française figurent les banques: Société Générale a terminé en forte baisse de 4,23% à 54,32 euros, Crédit Agricole a lâché 3,43% à 16,34 euros et BNP Paribas a cédé 3,21% à 75,50 euros.”Les détenteurs d’une bonne partie de la dette française sont les banques françaises”, explique Philippe Cohen, gérant de portefeuilles chez Kiplink. Les cours des banques françaises, très sensibles au coût de la dette françaises, n’ont pas résisté à la hausse brutale du taux d’intérêt de la France à dix ans, passé de 3,51% vendredi en clôture à 3,61% juste après la démission de Sébastien Lecornu, avant de terminer à 3,57 à la clôture lundi soir. En comparaison, le taux allemand à dix ans a terminé à 2,72%, plutôt stable par rapport à son niveau de vendredi (2,70%).Le “spread”, ou l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand à 10 ans sur les marchés, atteint désormais 0,85 point de pourcentage. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin 2024, cet écart était d’environ 0,50 point de pourcentage.

Dans un Parlement européen sous tension, von der Leyen tente de réunir sa coalition

Visée par deux motions de censure, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est efforcée lundi d’appeler le Parlement européen à l’unité, après plus d’un an de crispations et d’invectives jusque dans sa propre majorité.Dans un “monde dangereux”, les adversaires de l’Union européenne “exploitent nos divisions” et les “attisent”, a-t-elle souligné, en mentionnant la Russie.”Les tensions et les débats font partie intégrante” de la vie parlementaire, mais “nous devons nous concentrer sur ce qui compte vraiment” et “agir pour les Européens”, a-t-elle exhorté.Débattues ce lundi et soumises au vote jeudi, ces motions déposées par l’extrême droite et la gauche radicale n’ont quasiment aucune chance de faire tomber la présidente de la Commission.Mais elles traduisent un changement d’ambiance au Parlement européen, bousculé par la percée de l’extrême droite aux élections de juin 2024. Et elles vont permettre de mesurer dans quel état se trouve la coalition entre sociaux-démocrates, centre (Renew) et droite (PPE).Gauche et centre reprochent à la droite européenne, dont est issue Ursula von der Leyen, de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux détricoter les lois environnementales.Une première tentative de censure de l’extrême droite avait été largement repoussée en juillet. Mais le débat avait déjà donné lieu à une série de critiques au sein du camp dit pro-européen.Rebelote lundi. “Depuis la première motion de censure de juillet dernier, on ne peut pas dire qu’on ait réellement fait de progrès dans ce Parlement. La majorité pro-européenne qui vous a élue fonctionne mal, toujours aussi mal”, a déploré la cheffe des centristes Valérie Hayer, en se tournant vers Ursula von der Leyen.- “Fuite en avant migratoire” -“Vous devez choisir entre vos alliés et ceux qui ne sont pas nos amis”, a aussi réclamé la présidente des sociaux-démocrates Iratxe Garcia.L’amertume s’est accentuée cet été après l’accord commercial scellé par l’Union européenne avec les Etats-Unis, que de nombreux parlementaires, y compris parmi les soutiens de la présidente de la Commission, jugent déséquilibré.Les eurodéputés sont “rentrés énervés après s’être fait allumer tout l’été sur le deal avec Donald Trump”, raconte un haut fonctionnaire européen. “Je sais que ces préoccupations sont sincères et légitimes”, a tenté de déminer lundi Ursula von der Leyen, qui avait défendu cet accord le 10 septembre, pour éviter le “chaos” de la guerre commerciale.Son appel à l’unité a-t-il été entendu ? Cette fois, le chef de la droite, Manfred Weber, et son homologue sociale-démocrate Iratxe Garcia ont évité les invectives personnelles.Manfred Weber a renvoyé dos à dos “extrême droite” et “extrême gauche”, reprochant à Jordan Bardella (Les Patriotes) et Manon Aubry (LFI) d’importer au niveau européen les débats politiques français.Auparavant M. Bardella et Mme Aubry s’étaient succédé à la tribune pour demander à Ursula von der Leyen de partir.Le responsable d’extrême droite a pointé du doigt la “fuite en avant migratoire” de l’Union européenne et critiqué la “reddition commerciale” de Bruxelles dans l’accord commercial avec Donald Trump.- “Moment de vérité” -Manon Aubry, cheffe du groupe de gauche radicale, a de son côté, dénoncé “l’inaction” de l’Europe dans ce qu’elle considère comme un “génocide” à Gaza.Dans un hémicycle de plus en plus polarisé, le camp pro-européen a eu bien du mal à afficher un visage uni depuis plus d’un an.Jusqu’ici, faute de lois majeures, ces crispations à répétition restent sans grande conséquence. Mais l’automne “sera un moment de vérité”, prévient Manfred Weber. Car les premières lois de fond arrivent, dont une série de mesures de simplification de lois environnementales qui divisent l’hémicycle.”Depuis un an, notre problème, c’est que le Parlement est introuvable. C’est une situation un peu visqueuse. Et on ne sait pas trop comment ça va se décanter”, témoigne un diplomate européen, anonymement.Selon un haut fonctionnaire, “le risque ce n’est pas que la motion de censure passe cette fois, mais que tout se cristallise sur un texte qui provoque un blocage et disloque la majorité”.Jamais, le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999. Avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa “lourde responsabilité” dans des affaires de fraude.

Wall Street en ordre dispersé, l’élan autour du deal entre OpenAI et AMD cale

La Bourse de New York évolue sans direction claire lundi, l’enthousiasme provoqué à l’ouverture par la commande géante de puces électroniques passée par OpenAI au groupe américain de semiconducteurs AMD ayant quelque peu diminué.Vers 14H15 GMT, l’indice Nasdaq, à coloration technologique, avançait de 0,44% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,17%. Le Dow Jones, dont la méthode de calcul est très différente des autres indices, perdait en revanche 0,53%.Globalement, les investisseurs se sont “réveillés de bonne humeur ce matin” et cet état d’esprit a été alimenté par “un flux positif d’opérations”, juge auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.L’analyste relève en particulier l’annonce par la directrice générale d’Advanced Micro Devices (AMD), Lisa Su, d’un contrat avec OpenAI avec le “potentiel de générer un chiffre d’affaires nettement supérieur à 100 milliards de dollars étalés sur les prochaines années”.AMD s’est engagé à livrer au créateur de ChatGPT plusieurs millions de processeurs graphiques considérés comme essentiels au développement de l’intelligence artificielle (IA).Dans les premiers échanges après l’ouverture de Wall Street, son titre a gagné jusqu’à plus de 37%. Vers 14H05 GMT, il était toujours très recherché, avançant de près de 26% à 207,58 dollars.”C’est une bonne chose que (OpenAI) cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement”, estime Steve Sosnick.L’entreprise californienne dépend largement du mastodonte Nvidia avec qui elle a signé fin septembre un nouveau contrat portant sur plus de 100 milliards de dollars d’équipements.Lundi, la première capitalisation mondiale reculait quelque peu, lâchant 1,16% à 185,48 dollars.OpenAI “a littéralement des centaines de milliards de dollars d’engagements” et “très peu de questions sont posées sur la manière” dont elle va les financer, relève Steve Sosnick.L’entreprise ne devrait générer que 13 milliards de dollars de revenus cette année et ne table sur un premier bénéfice qu’en 2029, de l’aveu même de son patron Sam Altman.”A l’heure actuelle, le marché est d’humeur à accepter les bonnes nouvelles comme telles, et à s’inquiéter des détails plus tard”, juge M. Sosnick.Selon lui, la même vision s’applique à la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, qui entre lundi dans sa deuxième semaine.Si un vote est prévu en fin de journée lundi, le blocage risque de s’étendre, vu les débats acerbes entre républicains et démocrates. Donald Trump a assuré de son côté avoir mis à exécution sa menace de licencier des fonctionnaires.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans se tendait, à 4,14% vers 14H05 GMT contre 4,12% à la clôture vendredi.Côté entreprises, la banque régionale Comerica (+13,02% à 79,75 dollars) bondissait à l’annonce de son rachat par Fifth Third Bancorp (-2,30% à 43,39 dollars) pour près de 11 milliards de dollars. Cette fusion accouchera d’un acteur de poids, qui sera parmi les dix plus importants établissements bancaires des Etats-Unis avec environ 280 milliards de dollars d’actifs.Le constructeur de véhicules électriques Tesla (+2,45% à 440,30 dollars) était recherché après avoir publié une mystérieuse vidéo sur le réseau social X, perçue par les spécialistes comme un teasing pour le lancement d’un nouveau modèle.

Puces: la concurrence s’anime derrière Nvidia dans la course à l’IA

La révolution de l’intelligence artificielle (IA) générative a aiguisé les appétits des concurrents de Nvidia, qui cherchent à rattraper leur retard sur le géant des puces dédiées à l’IA.Inconnu du grand public il y a encore trois ans, Nvidia affiche aujourd’hui le premier chiffre d’affaires mondial du secteur, dopé par les ventes de ses processeurs graphiques ou GPU (graphics processing units), les processeurs chéris de l’IA.- Pourquoi Nvidia domine-t-il à ce point? -S’il n’est pas le premier à avoir développé des GPU, le groupe californien en a fait sa spécialité dès la fin des années 1990, pivotant rapidement des jeux vidéo vers l’informatique à distance (cloud computing), alors naissante, et a donc une expérience unique dans le domaine.Par ailleurs, Nvidia est “un dragon à trois têtes”, résumait récemment Dylan Patel, patron du cabinet SemiAnalysis, dans le podcast “No Priors”.Il ne se contente pas de concevoir des puces, mais propose toute une infrastructure à même de les faire fonctionner ensemble, avec des connexions (networking) et des logiciels, les deux autres têtes du dragon.Nvidia peut “répondre aux besoins d’un +data center+ dans tous ses aspects avec un produit de classe mondiale”, selon Jon Peddie, du cabinet Jon Peddie Research.- D’où vient la concurrence? -A bonne distance de Nvidia, dont la part de marché est estimée à plus ou moins 80% pour les centres de données, selon les sources, l’Américain AMD était jusqu’ici considéré comme le dauphin.Mais décidés à réduire leur dépendance vis-à-vis de Nvidia, les grands noms du “cloud” ont récemment mis au point leurs propres processeurs.Google a commencé à utiliser sa Tensor Processing Unit (TPU) il y a dix ans, tandis que le Trainium d’Amazon Web Services (AWS), filiale dédiée au cloud, a fait son apparition en 2020.Aujourd’hui, Google et Amazon pèsent plus de 10% du marché et ont pris le pas sur AMD “pour ce qui est des performances, du prix, des usages, de la fiabilité”, avance Jordan Nanos, de SemiAnalysis.Google propose même, selon plusieurs médias, ses puces à des clients tiers. Sollicité par l’AFP, il n’a pas donné suite. Amazon, en revanche, ne vend pas ses Trainium à d’autres acteurs.AMD s’est néanmoins complètement replacé dans la course avec l’annonce, lundi, d’une commande géante émanant d’OpenAI, qui va aussi devenir actionnaire du groupe de semi-conducteurs.”C’est un énorme vote de confiance (pour AMD) de la part d’OpenAI et (de Sam) Altman”, ont estimé les analystes de Wedbush Securities.- Où en sont les Chinois? -Seule nation à rivaliser avec les Etats-Unis, la Chine cherche à refaire au plus vite son retard dans les équipements d’IA, pour se passer des puces américaines les plus avancées, désormais objets de restrictions à l’export.Pour Jordan Nanos, Huawei figure parmi les concurrents les plus crédibles de Nvidia, avec Google ou Amazon, et devant AMD.A l’instar de Google et Amazon, leurs équivalents chinois respectifs Baidu et Alibaba font aussi produire désormais leurs propres processeurs IA, qui ne sont cependant encore que des ersatz des GPU de Nvidia.”L’appareil de production actuel (en Chine) ne leur permet pas”, pour l’instant, “de rattraper” Nvidia, juge Jon Peddie. “Mais à terme, compte tenu de leur main d’oeuvre qualifiée et des investissement publics, ils seront capables de fabriquer des (produits) de pointe”.- Nvidia est-il menacé? -Aucun spécialiste ne voit l’ogre de Santa Clara (Californie) desserrer son étreinte sur le secteur dans un avenir proche.”Nvidia est à la base de la grande majorité des applications d’IA aujourd’hui”, souligne John Belton, analyste de Gabelli Funds. “Et malgré leur avance, ils gardent le pied au plancher en lançant un produit par an, une cadence qui sera difficile à égaler pour la concurrence.”Début septembre, Nvidia a ainsi annoncé que sa nouvelle génération, la Rubin, serait commercialisée fin 2026, avec des performances, pour les fonctions IA, estimées à 7,5 fois celles de son produit d’appel actuellement sur le marché, le Blackwell.

Une comédienne devenue éleveuse, un pari fou sauvé par une foncière solidaire

“Sans ça, j’aurais arrêté”: victime de sécheresses à répétition, Chloé Pimont, une comédienne parisienne et végétarienne devenue éleveuse de brebis dans le Morvan, a été sauvée de la déroute par une foncière solidaire qui achète des terres pour des néo-agriculteurs.”Je ne savais même pas comment poussait une carotte”: véritable citadine, elle alignait des rôles dans les comédies musicales quand elle rencontre son compagnon, un arboriculteur qui lui fait découvrir le massif bourguignon du Morvan. Dans ce pays de bocages et forêts, elle croise la route d’une feutrière qui lui donne l’amour de la laine. “J’étais végétarienne et j’avais une peur monstrueuse des moutons mais j’ai eu un coup de cœur”, se souvient-elle auprès de l’AFP. En 2017, à 33 ans, elle troque les paillettes pour les bottes en caoutchouc et s’installe d’abord très modestement sur un petit lopin, avec une trentaine de brebis. Mais les sécheresses à répétition se font vite menaçantes: “J’étais sur des terrains avec très peu d’herbe. Je n’avais plus de quoi nourrir les bêtes.”L’éleveuse cherche donc de nouvelles terres et trouve une ferme de 47 hectares. “Mais je n’avais pas le profil idéal pour la banque: j’étais devenue une mère célibataire, avec trois enfants, sans mari pour ramener des sous et une néo-agricultrice pas du tout issue du milieu agricole…”L’ex-comédienne découvre finalement une entreprise foncière agricole “solidaire”, “Fermes en vie” (Fève), qui rachète des terres pour les mettre à disposition d’agriculteurs, à condition qu’ils adoptent une culture respectueuse de l’environnement, ce qui était déjà le cas pour Chloé.- Mitaines -Fève rachète la ferme et la loue à l’éleveuse à un tarif raisonnable: la foncière, qui a le statut d'”entreprise à mission de l’économie sociale et solidaire”, a en effet un objectif autre que financier.”Je paie 1.200 euros par mois pour la ferme, et 1.800 euros par trimestre pour le fermage des terres”, explique-t-elle en étiquetant les chaussettes, mitaines et autres bonnets tissés avec la laine de ses brebis.”Sans ça, j’aurais arrêté”, assure Chloé depuis ses nouveaux prés où quelque 200 brebis paissent enfin une herbe grasse entre deux bêlements.A l’aide de la viande d’agneau qu’elle produit également, l’ex-comédienne de 41 ans se verse 1.000 euros par mois. “Je m’en sors sans problème”, assure-t-elle.Fondée en septembre 2020 par des ingénieurs agronomes, Fève “a accompagné une quarantaine de fermes, soit une bonne soixantaine” de paysans, indique Louise Bolmont, chef de projets.”La moitié des agriculteurs vont prendre leur retraite d’ici les dix prochaines années”, rappelle-t-elle. Or la transmission familiale des terres est largement chose du passé: “Aujourd’hui, deux tiers des agriculteurs qui souhaitent s’installer ne sont pas issus du milieu”, ajoute-t-elle.Avec le prix d’une ferme qui approche un million d’euros en moyenne, 20.000 hectares de terres perdent chaque année leur usage agricole.Les foncières solidaires ont donc commencé à peupler la campagne, comme Fève mais aussi d’autres telles Terres de liens: première du genre, elle a acquis en 20 ans 300 fermes et installé plus de 700 paysans.- Epargne citoyenne -“C’est une solution formidable”, estime Chloé devant des investisseurs venus visiter son exploitation à Monthelon (Saône-et-Loire).Pour acheter les terres, les foncières solidaires comptent sur l’épargne “citoyenne”, voire humaniste, collectant des fonds majoritairement auprès de particuliers.”J’ai investi dans des circuits classiques. Mais c’est abstrait. Ici, c’est du concret”, explique Michel Guimet, 65 ans, en pataugeant dans la gadoue de la ferme de Chloé.”Je veux aider des initiatives positives pour la société. L’idée n’est pas de faire des sous. La Bourse offre du 7-8%. Fève, c’est juste l’inflation grosso modo”, calcule le retraité.”Aujourd’hui, on est proche d’un pour cent”, reconnaît Paul-Antoine Raulin, responsable investisseurs chez Fève.”La finance solidaire reste marginale, avec seulement 0,5% de l’épargne des Français”, confesse-t-il. “Mais de plus en plus se posent la question de l’impact de leur épargne”. L’an dernier, Fève a presque triplé sa collecte, à 19 millions d’euros contre sept millions en 2023.

Wall Street reste prudente à l’entame de la réunion de la Fed

La Bourse de New York a ouvert en petite hausse mardi, attentiste au premier jour de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), à l’issue de laquelle les investisseurs attendent une première baisse des taux de la banque centrale américaine depuis décembre 2024.Dans les premiers échanges, le Dow Jones grappillait 0,04%, l’indice Nasdaq prenait 0,22% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,14%.