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Carburants non-fossiles: doutes de compagnies aériennes sur les objectifs européens

Les principales compagnies aériennes européennes ont mis en doute jeudi la faisabilité des objectifs d’incorporation de carburants renouvelables dans les réservoirs de leurs avions à l’horizon 2030, estimant que leur production risquait de ne pas être suffisante.L’Union européenne, dans le cadre de ses efforts de décarbonation, impose qu’une partie croissante des carburants d’aviation soit issue de sources non-fossiles (“sustainable aviation fuels”, SAF en anglais).Fixée à 2% depuis le début de l’année, cette proportion doit monter à 6% en 2030 et progressivement jusqu’à 70% en 2050.Mais d’ores et déjà, “nous ne disposons pas d’assez de SAF, et le SAF que nous avons est très cher”, trois à cinq fois plus que le kérosène issu du pétrole, a affirmé Luis Gallego, patron du groupe aérien IAG (British Airways, Iberia…) au nom de l’association Airlines for Europe (A4E). A4E, qui représente 17 groupes européens, de Lufthansa à Ryanair en passant par Air France-KLM et easyJet, organisait jeudi une conférence de presse à Bruxelles pour réclamer à Commission européenne qu’elle défende leur “compétitivité” à l’échelle mondiale.M. Gallego a cité une étude affirmant que la production de SAF serait inférieure de 30% en 2030 aux niveaux nécessaires.”Il est désormais évident que l’offre de SAF ne sera pas au rendez-vous pour atteindre les objectifs de 6% d’ici à 2030″, a renchéri le patron de Ryanair, Michael O’Leary.”A moins que des mesures soient prises immédiatement” pour faire augmenter la production, “la seule solution est de décaler l’objectif 2030”, a ajouté M. Gallego.Au niveau mondial, le secteur aérien, qui contribue actuellement à quelque 3% des émissions de CO2, s’est engagé à “zéro émission nette” à l’horizon 2050 et compte à 65% sur les SAF pour atteindre ces objectifs.”Je pense que nous sommes tous alignés sur notre engagement à zéro émission nette d’ici à 2050″, a affirmé jeudi le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith.Mais le patron du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, a estimé que le retard d’Airbus dans son programme d’avion à hydrogène, et la priorité désormais donnée par certains groupes pétroliers à la production d’énergies fossiles “auront des conséquences sur l’objectif” 2050.”Faisons en sorte de créer un débat plus honnête sur ce sujet”, a-t-il plaidé.

Record de cargaisons transportées via la Route maritime du Nord en 2024

La Russie s’est félicitée d’un nouveau record de cargaisons transportées en 2024 via la Route maritime du Nord, avec laquelle elle ambitionne de concurrencer le Canal de Suez en profitant de l’impact du changement climatique, tout en reconnaissant à ce stade des limites logistiques à son développement.”L’année 2024 s’est soldée par un nouveau record pour la Route maritime du nord, avec 37,9 millions de tonnes de cargaisons transportées”, a annoncé mercredi à la presse Vladimir Panov, représentant spécial pour le développement de l’Arctique du groupe russe Rosatom, en marge du Forum arctique à Mourmansk (nord-ouest).Selon lui, le transit des cargaisons via cette voie commerciale reliant l’Europe à l’Asie par l’Arctique a pour sa part augmenté de 44% en 2024, en dépassant “pour la première fois” 3 millions de tonnes.”Il s’agit de cargaisons qui étaient historiquement transportées (…) via le Canal de Suez, mais maintenant les expéditeurs les redirigent vers la Route maritime du nord en été et en automne”, saison navigable sur la plupart du trajet du fait de la fonte des glaces accélérée par le réchauffement climatique, a-t-il affirmé.Avant que des attaques visant des cargos ne poussent les entreprises à changer de route, le canal de Suez représentait environ 10% du commerce maritime mondial.Si en 2024 il a perdu deux tiers de son trafic en raison des attaques des rebelles houthis du Yémen, 457 millions de tonnes de cargaisons ont toujours été transportées via le Canal de Suez, selon des statistiques officielles, soit douze fois plus que via la voie arctique.Or, si le changement climatique accélère le recul de la banquise, favorisant ainsi le développement de cette voie commerciale, ce trajet reste toujours très coûteux et il nécessite le recours à des brise-glaces à propulsion nucléaire.Pour “passer à un niveau supérieur” et envisager, à terme, le transport de 100-150 millions de tonnes de cargaisons par an, “il faut avoir entre 15 et 17 brise-glaces”, contre seulement 11 comme actuellement, a relevé le patron de Rosatom, Alexeï Likhatchev, lors du Forum arctique.Ke Jin, directeur général de la société chinoise China Freight Forwarding Company, a, quant à lui, qualifié le manque d’infrastructures portuaires capables d’accueillir de gros navires d'”un des problèmes principaux” au développement de cette route commerciale.Allié stratégique de Moscou, la Chine souhaite coopérer avec la Russie dans ce projet, tout comme l’Inde, selon Rosatom, dans une région qui attire les convoitises de nombreuses puissances.En juin 2024, Rosatom et le groupe chinois NewNew Shipping Line ont ainsi annoncé leur accord sur la mise en place d’une entreprise commune pour construire des navires porte-conteneurs adaptés aux conditions de navigation arctiques.

La France affiche en 2024 un dérapage budgétaire élevé mais moindre qu’anticipé

En plein casse-tête du gouvernement pour financer davantage la défense et préparer le prochain budget, la France affiche pour 2024 un dérapage budgétaire un peu moins élevé qu’anticipé par le gouvernement, même s’il reste le plus important de la zone euro. Après 5,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2023, le déficit public a atteint 5,8% en 2024, soit 169,6 milliards d’euros, a indiqué jeudi l’Institut national de la statistique (Insee). Le gouvernement tablait sur un chiffre autour de 6%. Sur France Inter, le ministre de l’Economie Eric Lombard a attribué ce résultat à “des dépenses très bien tenues” en fin d’année et à des recettes “un peu” meilleures que prévu” dans les dernières semaines. Il a toutefois déploré que ce n’était “pas une bonne nouvelle” car le déficit demeurait “trop élevé”, posant un “risque” en termes de “souveraineté”, nationale et financière. Outre des recettes moindres qu’anticipé, l’Insee a pointé l’accélération des dépenses publiques (57,1% du PIB) en 2024, les prestations sociales pesant 60% de cette hausse, particulièrement les retraites du fait de leur revalorisation. Les dépenses d’investissement des collectivités locales ont aussi progressé. La dette française a elle augmenté de 202,7 milliards d’euros sur l’ensemble de 2024 pour atteindre 113% du PIB, soit 3.305,3 milliards d’euros, le niveau le plus élevé derrière la Grèce et l’Italie. Un an plus tôt, elle était à 109,8%. – Objectif “atteignable” -En 2025, le gouvernement compte ramener le déficit à 5,4% du PIB puis sous la limite européenne de 3% en 2029.Le déficit plus faible que redouté rend l’objectif pour cette année “atteignable, d’autant plus que le contexte macroéconomique s’est beaucoup dégradé”, a commenté Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade. “Néanmoins, les finances publiques françaises restent dans une situation périlleuse”, a-t-il nuancé. Une conférence des finances publiques est prévue autour du Premier ministre François Bayrou le 15 avril, qui permettra  “de partager la situation budgétaire du pays à fin mars avec toutes les parties prenantes, élus, partenaires sociaux, collectivités locales…”, a annoncé Eric Lombard.  Selon lui, le budget est “pour le moment en phase” du côté des recettes.Sa collègue des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a estimé dans le journal l’Opinion jeudi qu'”une trajectoire de désendettement crédible ne peut être que partagée par toute la Nation”. Elle s’est dite favorable à un débat sur le financement de la sécurité sociale.  Mais les marges de manœuvre du gouvernement sont limitées dans un paysage politique fragmenté et un environnement économique sous tension accrue.  La Banque de France a abaissé à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025 en raison des incertitudes internationales. Le gouvernement pourrait aligner la sienne (aujourd’hui fixée à 0,9%) voire descendre davantage en cas d’intense guerre commerciale avec les Etats-Unis. – “Sous le tapis” -“Depuis 30 ans, dès qu’il y a un problème, on fait de la dette, on fait du déficit, on glisse le problème sous le tapis”, estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. Or, avec la remontée des taux souverains, cette dette coûte plus cher. En 2024, les intérêts payés par le France se sont élevés à 58 milliards d’euros (+14,6% sur un an), soit 2% du PIB selon l’Insee, soit aussi peu ou prou le budget annuel de la défense.C’est dans ce contexte difficile que le gouvernement doit trouver de l’argent supplémentaire pour financer l’augmentation des dépenses militaires, justifiée en France comme dans le reste de l’Europe par la menace russe et le revirement géopolitique de Washington.  Signe de la difficulté de la tâche, sa porte-parole Sophie Primas a déclaré mercredi que la préparation du budget 2026 s’annonçait comme “un cauchemar”. Amélie de Montchalin a toutefois réitéré son refus d’augmenter les impôts. “Nous avons le plus haut déficit de la zone euro, le plus haut niveau de prélèvements de l’OCDE et 8 points de PIB de dépenses de plus que nos voisins européens. La réponse ne peut pas être l’augmentation mécanique des impôts! Les impôts exceptionnels de 2024 resteront exceptionnels”, a-t-elle affirmé. Elle s’est autorisée toutefois à passer en revue les plus de 400 niches fiscales. 

La Bourse de Paris flanche face aux nouveaux droits de douane américains

La Bourse de Paris cédait du terrain jeudi après l’annonce par Donald Trump de nouveaux droits de douane sur les automobiles et ses menaces d’accentuer la pression sur l’Union européenne et le Canada.Vers 10H30 à Paris, le CAC 40 cédait 0,51%, soit une baisse de 40,73 points le portant à 7.989,95 points. Mercredi, l’indice vedette de la Bourse française avait terminé en baisse de 0,96%.Après l’acier et l’aluminium, le président américain Donald Trump a poursuivit son offensive commerciale et annoncé mercredi 25% de droits de douane supplémentaires sur les automobiles.”Donald Trump met à exécution ses menaces”, commente John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Les taxes sur l’automobile s’appliqueront à “toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis”, a assuré le président américain depuis la Maison Blanche, ajoutant qu’elles entreront en vigueur “le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3”. Le taux total de taxation sera de 27,5% de la valeur.Une très mauvaise nouvelle pour le ministre français de l’Economie Eric Lombard, qui a appelé à une riposte européenne, que Berlin souhaite “ferme”. “Extrêmement regrettable”, réagit le Japon pour qui “toutes les options sont sur la table” désormais. Le président américain a aussi menacé jeudi l’Union européenne et le Canada de droits de douanes supplémentaires s’ils se coordonnent au détriment des Etats-Unis pour riposter à la guerre commerciale.”La guerre commerciale s’apprête donc à rentrer dans une nouvelle phase de tensions plus intenses”, commente Franklin Pichard, directeur de la recherche chez Kiplink.La prochaine étape de cette offensive est prévue mercredi 2 avril, que Donald Trump appelle le “Jour de la libération”. Le président américain devrait annoncer la mise en place de droits de douane dits “réciproques”, qui concerneront l’ensemble des produits importés aux Etats-Unis.Stellantis dans le rougeSans surprise, les valeurs automobiles mondiales flanchent jeudi après les annonces de Donald Trump.Il est “crucial” que les droits de douane ne fassent pas “monter les prix pour les consommateurs”, ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l’association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la “compétitivité” de la production automobile “nord-américaine”, intégrant donc le Canada et le Mexique.Vers 10H30, Stellantis cédait 4,19% à 10,92 euros l’action.Le titre de Renault, le constructeur automobile européen le moins exposé aux Etats-Unis, prenait quant à lui 0,71% à 49,35 euros. L’annonce de droits de douane sur l’automobile pourrait cependant freiner le développement annoncé de sa marque Alpine outre-Atlantique.

Droits de douane: les partenaires de Washington s’insurgent contre l’attaque de Trump sur l’automobile

Outrés ou catastrophés, les partenaires commerciaux des Etats-Unis cherchaient jeudi comment contrer le nouveau coup de boutoir de Donald Trump: 25% de droits de douane supplémentaires sur les automobiles, nouvelle escalade de la guerre commerciale qu’il mène tous azimuts depuis janvier.”Signal fatal pour le libre échange”, a réagi la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain.”Une très mauvaise nouvelle” pour le ministre français de l’Economie Eric Lombard, appelant à une riposte européenne, que Berlin souhaite “ferme”. “Extrêmement regrettable”, réagit le Japon pour qui “toutes les options sont sur la table” désormais. “Nous ne pouvons pas rester sans rien faire”, estime aussi le président brésilien Lula, tandis que le Premier ministre canadien Mark Carney dénonce “une attaque directe”.”Il n’y a aucun gagnant dans une guerre commerciale ou une guerre des droits de douane”, a répété, sur un ton plus mesuré, le gouvernement chinois.Le monde économique s’est réveillé groggy jeudi et les actions des constructeurs reculaient sur les marchés boursiers au lendemain de l’annonce américaine.”Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse”, a prévenu le président américain, nouvelle illustration du maniement punitif des droits de douane qu’il applique depuis son investiture fin janvier.Les taxes sur l’automobile s’appliqueront à “toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis”, a-t-il assuré. Elles entreront en vigueur “le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3”, selon lui.- Constructeurs américains aussi touchés -“Nous demandons instamment au président (Donald) Trump de tenir compte de l’impact négatif des droits de douane non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l’industrie nationale américaine”, a plaidé Sigrid de Vries, directrice générale de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).Les constructeurs américains sont aussi concernés, étant donné que leur modèle économique intègre largement le Mexique et le Canada où ils possèdent des usines.Il est “crucial” que les droits de douane ne fassent pas “monter les prix pour les consommateurs”, ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l’association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la “compétitivité” de la production automobile “nord-américaine”, intégrant donc le Canada et le Mexique.Même Elon Musk, proche allié de Donald Trump, craint d’y laisser des plumes. Les nouveaux droits de douane auront un effet “non négligeable” sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées, a prévenu son patron.Cette nouvelle taxe sur un produit grand public marque une nouvelle escalade dans la guerre commerciale menée par Donald Trump contre ses partenaires commerciaux, avec les droits de douane comme arme principale.Il a notamment déjà imposé 25% de taxes sur l’acier et l’aluminium importés. Il a aussi annoncé, tout en reportant leur application, de droits de douanes de 25% sur les biens en provenance du Mexique et du Canada.Il a également imposé des droits de douanes supplémentaires sur plusieurs biens chinois. L’Europe est aussi dans le collimateur, qu’il a accusée d’avoir été “conçue pour entuber les Etats-Unis”. – UE et Canada menacés -La prochaine étape de cette offensive est prévue mercredi 2 avril, qu’il appelle le “Jour de la libération”. Le président américain devrait annoncer la mise en place de droits de douane dits “réciproques”, qui concerneront l’ensemble des produits importés aux Etats-Unis.Le principe des droits “réciproques” est que les produits entrant aux Etats-Unis seront désormais taxés au même niveau que le sont les produits américains exportés vers ledit pays.Pour l’instant, l’UE adopte une position mesurée. Elle affirme mettre en place une riposte graduée, avec l’introduction mi-avril d’une série de droits de douanes sur certains biens américains de niche, comme le bourbon ou les motos.Donald Trump a toutefois menacé Bruxelles et Ottawa de droits de douanes encore alourdis s’il leur venait l’idée de coordonner leur riposte. La cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen estimait mi-mars que le lien UE-Canada était “plus crucial que jamais” pour “défendre la démocratie, le commerce libre et équitable”.”Si l’Union européenne travaille avec le Canada pour nuire économiquement aux États-Unis, des droits de douanes à grande échelle, bien plus importants que ceux actuellement prévus, seront imposés à tous deux”, a-t-il écrit sur le réseau Truthsocial.- TikTok -Fidèle à son approche transactionnelle des relations internationales, Donald Trump a aussi offert mercredi à la Chine des ristournes sur les droits de douanes, si un accord était trouvé pour la cession des activités américaines de ByteDance, maison-mère chinoise du réseau social TikTok, menacé d’interdiction aux Etats-Unis.Pékin y a opposé jeudi une fin de non-recevoir.”Concernant la question de TikTok, la Chine a exprimé sa position à plusieurs reprises. La position de la Chine contre l’imposition de droits de douane supplémentaires est également cohérente et claire”, a déclaré Guo Jiakun, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Les Bourses mondiales ébranlées par le tour de vis douanier sur l’automobile

Les Bourses européennes baissent nettement jeudi, emportées par la chute des valeurs automobiles après l’annonce de Donald Trump de 25% de droits de douane supplémentaires sur les voitures fabriquées hors des Etats-Unis.Vers 08H15 GMT, la Bourse de Paris perdait 1,08%, Francfort 1,46%, Londres 0,65% et Milan 1,24%.”Les investisseurs européens sont confrontés à la dure réalité des politiques douanières chaotiques”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Après l’acier et l’aluminium, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi ces nouvelles taxes, s’attirant des menaces de représailles.Elles s’appliqueront à “toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis”, a assuré le président américain depuis la Maison Blanche, ajoutant qu’elles entreront en vigueur “le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3”. Le taux total de taxation sera de 27,5% de la valeur.Les droits de douane “s’appliqueront non seulement aux voitures entièrement assemblées, mais aussi aux pièces détachées automobiles clé, y compris les moteurs, les transmissions et les composants électriques” dès le mois de mai, détaille Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.”Donald Trump met à exécution ses menaces”, souligne John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Le président américain a aussi menacé jeudi l’Union européenne et le Canada de droits de douanes supplémentaires s’ils se coordonnent au détriment des Etats-Unis pour riposter à la guerre commerciale.”Les investisseurs sont maintenant impatients de voir comment l’UE va réagir”, note Andreas Lipkow, analyste indépendant.Les constructeurs automobiles allemands ont dénoncé jeudi cette nouvelle hausse des droits de douane, “un signal fatal pour le libre échange”, selon eux. L’industrie automobile britannique a quant à elle appelé Londres et Washington à trouver “un accord” pour éviter ces surtaxes.A Francfort, vers 08H15 GMT, BMW (-4,09%), Mercedes (-4,31%), Volkswagen (-3,69%), Porsche (-4,30%) et Daimler (-3,18%) plongent.”Les États-Unis sont le principal partenaire commercial de l’Allemagne”, rappelle Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets. Quelque “80% des voitures vendues par Volkswagen aux États-Unis sont importées, chez Mercedes-Benz, ce chiffre dépasse les 60%, chez BMW, c’est un véhicule sur deux.”A Stockholm, Volvo lâchait 4,07%. A Paris, Stellantis perdait 5,91%.Côté équipementiers, vers 08H15 GMT, Valeo chutait de 6,29% et Forvia de 6,31%. Continental perdait 2,71%.En Asie également, les géants japonais et sud-coréens du secteur ont dégringolé. En clôture, à Tokyo, Toyota a lâché 2,04%, Mitsubishi 3,20%, Honda 2,48% et Nissan 1,67%. A Séoul, Hyundai a abandonné 4,28%. Le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des Etats-Unis. L’an dernier, l’automobile représentait même 28% des exportations nippones vers les Etats-Unis.A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en repli de 0,59%. La Bourse de Séoul a chuté de 1,39%.Les places chinoises ont mieux résisté, car Donald Trump se disait prêt mercredi à faire des concessions douanières à la Chine en échange d’un accord sur TikTok, menacé d’interdiction aux Etats-Unis et l’annonce du rejet de cette offre par la Chine est intervenue après la clôture.L’indice hongkongais Hang Seng a ainsi fermé en hausse de 0,41% quand l’indice composite de Shanghai a pris 0,15% et celui de Shenzhen 0,23%.ProSiebenSat.1 décrocheL’action du groupe télévisé ProSiebenSat.1 chute de 11,1% à Francfort, à 5,80 euros, se rapprochant du prix moyen de 5,75 euros attendu par l’entreprise allemande après l’offre annoncée mercredi par l’italien MediaForEurope (MFE, ex-Mediaset) visant à augmenter sa participation, actuellement proche de 30%.Les organes de direction “analyseront l’offre après sa publication et donneront ensuite leur avis motivé”, a réagi mercredi ProSiebenSat.1L’or, valeur refuge recherchéeL’or pourrait constituer “le moyen de couverture le plus fiable contre les droits de douane de Trump” en tant que valeur refuge, affirme Mme Ozkardeskaya.L’once d’or atteignait 3.035,46 dollars jeudi vers 08H15 GMT, se rapprochant de son record historique de plus de 3.057 dollars, touché plus tôt en mars.Sur le marché des changes, le dollar perdait 0,10% face à la monnaie unique, à 1,0765 dollar pour un euro.Côté pétrole, les cours du brut restaient stables, le Brent de la mer du Nord perdant 0,18% à 73,65 dollars le baril et celui du WTI américain cédant 0,22% à 69,49 dollars le baril.

Trump taxe l’automobile, menace l’UE et le Canada de nouveaux droits de douane

Donald Trump continue sa vaste offensive commerciale: après l’acier et l’aluminium, il a annoncé mercredi 25% de droits de douane supplémentaires sur les automobiles, et a menacé jeudi d’accentuer la pression sur l’UE et le Canada.Les taxes sur l’automobile s’appliqueront à “toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis”, a assuré le président américain depuis la Maison Blanche, ajoutant qu’elles entreront en vigueur “le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3″. Le taux total de taxation sera de 27,5% de la valeur.”Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse”, a-t-il justifié.”Signal fatal pour le libre échange” a lugubrement réagi la fédération des constructeurs automobiles allemands, gros pourvoyeurs de luxueuses berlines pour le marché américain.Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a dénoncé une “attaque directe contre les travailleurs” canadiens, assurant que “nous (les) défendrons, nous défendrons nos industries, nous défendrons notre pays”. Si nouveaux les droits de douane annoncés sur les produits canadiens ou mexicains, actuellement suspendus, sont appliqués, les voitures provenant de ces pays pourraient être taxés à 50%.Au Japon, dont l’automobile représente près d’un tiers des exportations vers les Etats-Unis, le Premier ministre Shigeru Ishiba a averti envisager des mesures de rétorsion.Les géants japonais et sud-coréens du secteur comme Toyota et Hyundai ont vu leurs actions chuter en Bourse jeudi.- Constructeurs américains pas épargnés -Le conseiller au commerce de Donald Trump, Peter Navarro reproche à l’Allemagne et au Japon de vouloir “affaiblir” l’industrie automobile américaine en “se réservant la fabrication des pièces à valeur ajoutée”.Selon lui, seuls 19% des moteurs des voitures vendus aux Etats-Unis sont fabriqués dans le pays.Les constructeurs américains ne sont pas épargnés car ils ont des usines à l’étranger qui alimentent le marché américain, principalement au Canada et au Mexique. Il est “crucial” que les droits de douane ne fassent pas “monter les prix pour les consommateurs”, ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis via un communiqué de l’association professionnelle des constructeurs américains (AAPC), plaidant pour la  “compétitivité” de la production automobile “nord-américaine”, intégrant donc le Canada et le Mexique.Proche allié de Donald Trump, Elon Musk a averti mercredi soir que les nouveaux droits de douane auront un effet “non négligeable” sur le coût de production des Tesla, via les pièces détachées importées.Début février, l’annonce de 25% de droits de douane sur les produits canadiens et mexicains a fait trembler le secteur, alors que la chaîne de production des principaux constructeurs automobiles américains est largement intégrée entre les trois pays nord-américains.Cette nouvelle taxe sur un produit grand public est une nouvelle phase de la guerre commerciale intensive lancée par Donald Trump contre ses partenaires commerciaux depuis sont arrivée au pouvoir en janvier.- Prochaine étape mercredi -Recourant de manière intensive à l’arme des droits de douane, il bouleverse les relations commerciales, par exemple en imposant des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium importés. La prochaine étape de cette guerre interviendra mercredi prochain, le 2 avril.M. Trump devrait alors, dans ce qu’il décrit comme le “jour de la libération”, annoncer la mise en place de droits de douane dits “réciproques”, qui concerneront l’ensemble des produits importés aux Etats-Unis.Le principe des droits de douane “réciproques” est que les produits provenant d’un pays et entrant aux Etats-Unis seront désormais taxés au même niveau que le sont les produits américains exportés vers ledit pays.L’Union européenne devrait elle mettre en place des droits de douanes sur certains produits américains mi-avril dans le cadre d’une riposte graduée.Donald Trump a menacé mercredi l’UE et le Canada, deux puissances économiques qu’il a particulièrement dans son collimateur, alors que la cheffe de la Commission européenne Ursula estimé mi-mars que le lien UE-Canada était “plus crucial que jamais” pour “défendre la démocratie, le commerce libre et équitable, ainsi que nos valeurs communes”.”Si l’Union européenne travaille avec le Canada pour nuire économiquement aux États-Unis, des droits de douanes à grande échelle, bien plus importants que ceux actuellement prévus, seront imposés à tous deux afin de protéger le meilleur ami que chacun de ces deux pays ait jamais eu !”, a-t-il posté sur le réseau Truthsocial.

La France affiche en 2024 un dérapage budgétaire moindre qu’anticipé

En plein casse-tête du gouvernement pour financer davantage la défense et préparer le prochain budget, la France affiche pour 2024 un dérapage budgétaire un peu moins élevé qu’anticipé par le gouvernement, même s’il reste l’un des plus importants de la zone euro. Après 5,4% du PIB en 2023, le déficit public a atteint 5,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, a indiqué l’Institut national de la statistique (INSEE), alors que le gouvernement tablait sur un chiffre autour de 6%. La ministre des Comptes public, Amélie de Montchalin, avait récemment laissé entrevoir un léger mieux par rapport aux prévisions, mettant en avant un “trou” de la sécurité sociale moins profond qu’anticipé et le ralentissement des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Son niveau reste toutefois très éloigné des 4,4% encore espérés à l’automne 2023, du fait de recettes moins dynamiques qu’anticipé. La dette française a augmenté de 202,7 milliards d’euros sur l’ensemble de 2024, et de 3,8 milliards au quatrième trimestre, pour atteindre 113% du PIB, soit 3.305,3 milliards d’euros. Au sein de l’union monétaire, seules la Grèce et l’Italie ont une dette publique plus élevée que la France. “Notre dette publique est passée de 30% à 110% du PIB en 40 ans” et les intérêts “dépassent malheureusement déjà notre budget de défense, et bientôt celui de l’éducation nationale”, a alerté mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. “La cause de cette maladie française est bien connue depuis trop longtemps: nos dépenses publiques croissent plus vite que nos recettes”: à modèle social équivalent, les dépenses dépassent de plus de 9 points de PIB celles des pays voisins, soit quelque 260 milliards d’euros, a-t-il fait valoir. Selon l’Insee, les dépenses publiques ont accéléré de 3,9% l’an dernier pour atteindre 57,1% du PIB tandis que les recettes ont augmenté de 3,1%, mais moins rapidement que le PIB.   – “Sous le tapis” -Le gouvernement compte ramener le déficit à 5,4% du PIB en 2025, avant de repasser sous la limite européenne de 3% en 2029.Afin de prévenir un éventuel nouveau dérapage, il réunira pour la première fois en avril un comité d’alerte associant notamment parlementaires et collectivités locales. Mais ses marges de manœuvre sont limitées dans un paysage politique fragmenté et un environnement économique sous tension accrue.  Des économies ont déjà été décidées à hauteur d’environ 50 milliards d’euros cette année, et la menace américaine de relever les droits de douane risque de ralentir davantage l’activité, sur fond de hausse des taux d’intérêt à long terme, ce qui alourdit le coût de la dette. “Depuis 30 ans, dès qu’il y a un problème, on fait de la dette, on fait du déficit, on glisse le problème sous le tapis”, estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.  “Jusque-là, nos créanciers nous finançaient pas cher mais aujourd’hui, ils demandent plus cher (…) parce qu’ils nous considèrent comme plus risqués”, ajoute-t-il auprès de l’AFP. La Banque de France a abaissé à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025. Le gouvernement pourrait aligner la sienne (aujourd’hui fixée à 0,9%) voire descendre davantage en cas d’intense guerre commerciale. – “Cauchemar” -C’est dans ce contexte difficile que le gouvernement doit trouver de l’argent supplémentaire pour financer l’augmentation des dépenses militaires, justifiée en France comme dans le reste de l’Europe par la menace russe et le revirement géopolitique de Washington.  Mais, signe de la difficulté de la tâche, sa porte-parole Sophie Primas a déclaré mercredi que la préparation du budget 2026 s’annonçait comme “un cauchemar tant les difficultés financières (étaient) importantes”.Malgré ces défis, Nicolas Goetzmann, chef économiste de la société de gestion Financière de la Cité, se montre optimiste à plus long terme.”Pour la première fois depuis 25 ans en zone euro (…) des conditions sont en train d’être mises en place qui permettraient de dégager l’horizon de la croissance européenne, et notamment celle de la France”, relève-t-il, mentionnant le plan d’investissement massif en Allemagne et la mobilisation de fonds européens pour la défense.

Moteur sans coque, aile pliante: les pistes d’Airbus pour l’avion de demain

Moteur sans coque ou aile pliante, le géant aéronautique européen Airbus a présenté ses principales innovations lors de son édition annuelle “Airbus Summit” à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, lundi et mardi.Si les progrès sont plus lents que prévu pour son très ambitieux avion à hydrogène, d’autres technologies sont plus avancées pour intégrer le prochain monocouloir d’Airbus, attendu autour de 2035.- Moteur à soufflante ouverte  -Le moteur Rise (“revolutionary innovation for sustainable engines”) produit par CFM, coentreprise de Safran et GE, est censé remplacer le moteur Leap, qui équipe actuellement tous les Boeing 737 MAX et environ 60% des Airbus A320neo, les modèles les mieux vendus des deux avionneurs. Airbus a présenté un démonstrateur, fruit de trois ans de recherches avec CFM sur la façon de l’installer dans un avion. “Côté Airbus, le gros du travail a été la compréhension de l’intégration de ce moteur sur un A380, comment est-ce qu’on l’attache, comment il va se comporter, comment est-ce qu’il faut le connecter à l’avion”, a expliqué à l’AFP Jean-Baptiste Manchette, responsable chez Airbus de la propulsion Open fan ou moteur à soufflante ouverte sans coque de protection.Motoristes comme avionneurs qualifient cette architecture de moteur de “disruptive”. Elle permet de diminuer de 20% la consommation de carburant et est compatible avec des carburants durables et potentiellement avec l’hydrogène à long terme.Avec le démonstrateur, les défis “ne sont pas les mêmes” que pour l’avion à hydrogène, encore virtuel: la recherche va plus vite. “On trouve des choses à résoudre, des problèmes à comprendre”, a souligné Jean-Baptiste Manchette.Il va être testé d’ici à 2028. – Aile longue pliante -L’aile de demain sera longue, fine, légère et… pliante.”La physique nous dit que si on fait des ailes très longues et fines, elles ont un grand effet sur l’efficacité de l’avion, ce qui réduit la consommation de carburant et l’avion génère moins de CO2″, a expliqué à l’AFP Sue Partridge, responsable de ce projet chez Airbus. Quand on parle décarbonation, on pense spontanément aux carburants durables, mais “le meilleur carburant est celui qu’on ne brûle pas”, a relevé l’ingénieure.  “Si vous rendez vos ailes plus efficaces, vous réduisez la consommation de carburant et améliorez l’avion qu’il soit au kérosène, au SAF (carburant durable) ou à l’hydrogène”, a-t-elle poursuivi. Mais pour s’adapter aux portes des aéroports, l’aile longue devra pouvoir se replier lorsque l’avion se dirigera vers le terminal.L’objectif du programme est de mettre en place “un véritable système industriel” pour produire ces ailes. Certains avions militaires ont des ailes pliantes, mais beaucoup plus petites. Là il faudrait une “grande aile pliante sur un avion où elle doit fonctionner à chaque fois, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, c’est très exigeant”, a précisé Sue Partridge.”Ce n’est peut-être pas une technologie aussi révolutionnaire que l’avion à hydrogène, mais elle l’est assez quand vous vous rendez compte combien de carburant vous économiseriez”, a-t-elle observé. – Captage de CO2 -Airbus a développé un système baptisé DAC qui capte du carbone dans l’air et qui permet déjà depuis 25 ans aux astronautes de respirer dans la Station spatiale internationale (ISS). Le groupe veut multiplier l’installation de ces engins au sol.La technologie développée pour l’ISS est “une prouesse technique qui fait qu’on est bien positionné” pour en tirer des applications terrestres, a indiqué à l’AFP Yannick Marin Isambert, responsable de ce projet. De taille et d’apparence d’un frigo, un DAC peut capter l’équivalent de 5 tonnes de CO2 par an.”On a choisi d’avoir une approche modulaire, ce qui nous permet aussi de fabriquer ces DAC comme des petits pains. Et on a développé la technologie pour avoir 5 tonnes, 10 tonnes, 15 tonnes. On a testé 100 tonnes et on est en train de développer 250 tonnes”, a détaillé Yannick Marin Isambert. Le CO2 capté, mélangé à de l’hydrogène, pourrait aussi servir dans la fabrication de SAF, carburants d’aviation durables (“sustainable aviation fuels” en anglais).