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Assurance chĂ´mage: ce qui change au 1er avril

Les nouvelles règles d’assurance chĂ´mage nĂ©gociĂ©es Ă  l’automne dernier entre partenaires sociaux sont applicables depuis le 1er janvier mais pour des raisons pratiques la plupart des changements n’entrent en vigueur qu’au 1er avril. Le point sur ce qui change, va changer, ou a dĂ©jĂ  changĂ© avec cette nouvelle convention pour quatre ans, qui doit gĂ©nĂ©rer 1,5 milliard d’euros d’Ă©conomies par an en rĂ©gime de croisière.Les règles qui changent au 1er avril:- Mensualisation -Le montant de l’allocation chĂ´mage ne dĂ©pendra plus du nombre de jours dans le mois, mais sera versĂ© sur la base de 30 jours tous les mois. Sur une annĂ©e calendaire pleine, un chĂ´meur perdra cinq jours d’indemnisation, voire six les annĂ©es bissextiles.- Seniors -Les bornes d’âge ouvrant droit Ă  une indemnisation plus longue sont relevĂ©es de deux ans. Le palier ouvrant droit Ă  22,5 mois d’indemnisation passe ainsi de 53 Ă  55 ans et celui donnant droit Ă  27 mois de 55 Ă  57 ans.Pour les autres demandeurs d’emploi, la durĂ©e d’indemnisation maximum reste de 18 mois.L’accès au dispositif de “maintien de droit” jusqu’Ă  la retraite Ă  taux plein est dĂ©calĂ© dans les mĂŞmes conditions que l’âge lĂ©gal de la retraite, jusqu’Ă  atteindre 64 ans pour la gĂ©nĂ©ration nĂ©e en 1968.- Calcul de l’allocation – Pour le calcul du montant journalier de l’allocation (SJR), le nombre maximum de jours non travaillĂ©s pris en compte est abaissĂ© Ă  70% du nombre de jours travaillĂ©s, contre 75% auparavant.- DĂ©gressivitĂ© – Pour tenir compte de la situation particulière des seniors, la dĂ©gressivitĂ© de l’allocation chĂ´mage, qui concerne les hauts revenus, ne sera plus appliquĂ©e Ă  partir de 55 ans, contre 57 ans jusqu’ici.- Saisonniers -Afin de mieux sĂ©curiser la situation des saisonniers sur le marchĂ© du travail, leur condition d’affiliation est abaissĂ©e Ă  cinq mois, avec une indemnisation minimale de cinq mois.- DĂ©mission -L’allocataire qui a repris un travail depuis moins de quatre mois, et non plus trois mois, pourra ĂŞtre Ă  nouveau indemnisĂ© s’il dĂ©missionne.- Cumul de l’allocation avec une activitĂ© non salariĂ©e -Pour lutter contre les effets d’aubaine, la rĂ©forme limite la possibilitĂ© de cumuler l’assurance chĂ´mage avec un revenu d’activitĂ© non salariĂ©e pour les crĂ©ateurs ou les repreneurs d’entreprise Ă  60% de ses droits Ă  l’allocation chĂ´mage, sauf en cas de cessation de l’activitĂ© créée.Pour ceux qui ont optĂ© pour l’Aide Ă  la reprise et Ă  la crĂ©ation d’entreprise (Arce) qui est versĂ©e en deux fois, le deuxième versement est conditionnĂ© Ă  l’absence d’exercice d’une activitĂ© en CDI.- DĂ©tenus – Les anciens dĂ©tenus ayant travaillĂ© au titre d’un contrat d’emploi pĂ©nitentiaire, qui n’Ă©taient pas indemnisĂ©s jusqu’Ă  prĂ©sent, pourront l’ĂŞtre dorĂ©navant, dans les mĂŞmes conditions que l’ensemble des salariĂ©s.Dispositions Ă  venir: – Première ouverture de droits – D’après la nouvelle convention d’assurance chĂ´mage, les demandeurs d’emploi indemnisĂ©s pour la première fois pourront ouvrir un droit après avoir travaillĂ© cinq mois, au lieu de six aujourd’hui. Mais cette disposition requiert un changement lĂ©gislatif. Elle figure dans un avant-projet de loi portant sur l’emploi des seniors et le dialogue social transmis par le gouvernement au Conseil d’Etat.- Baisse des cotisations patronales – La cotisation patronale pour l’assurance chĂ´mage passera de 4,05% Ă  4% du salaire brut. La mesure entrera en vigueur Ă  compter du 1er mai 2025.Disposition dĂ©jĂ  appliquĂ©e:- Frontaliers -Depuis le 22 mars, les chĂ´meurs rĂ©sidant en France mais ayant travaillĂ© Ă  l’Ă©tranger risquent de perdre leur indemnisation s’ils refusent deux fois une offre raisonnable d’emploi (ORE) basĂ©e sur le salaire habituellement pratiquĂ© en France, alors que c’Ă©tait le salaire de rĂ©fĂ©rence Ă  l’Ă©tranger, beaucoup plus Ă©levĂ© notamment en Suisse, qui Ă©tait auparavant pris en compte.

En Hongrie, des mesures anti-inflation qui ciblent les enseignes étrangères

L’inflation flambe de nouveau en Hongrie et le gouvernement de Viktor Orban a dĂ©gainĂ© de nouvelles mesures de contrĂ´le des prix. Mais pour la retraitĂ©e Erzsebet Risztics, les modalitĂ©s sont “complètement idiotes”.Depuis la mi-mars, les enseignes rĂ©alisant un certain chiffre d’affaires ne peuvent empocher plus de 10% de marge sur la vente de trente produits alimentaires de base, comme les oeufs, le lait ou le poulet.A Tiszaroff, situĂ© dans l’une des rĂ©gions les plus pauvres du pays d’Europe centrale, peu se rĂ©jouissent de ce nouveau mĂ©canisme.”Seules les multinationales sont concernĂ©es et nous ne faisons pas nos courses lĂ -bas”, explique Ă  l’AFP la sexagĂ©naire, qui s’approvisionne chez l’Ă©picier du coin faute de voiture ou de transports publics de qualitĂ© pour se rendre dans les supermarchĂ©s des environs.Atteinte du diabète, elle ne peut plus se procurer d’aliments Ă  faible teneur en sucres, “devenus terriblement chers”.Une autre habitante, Erzsebet Forgo, 80 ans, regrette que le village “soit exclu” des mesures, tout en apprĂ©ciant que “quelque chose soit fait” contre l’inflation, revenue au plus haut dans l’UE (5,7% en fĂ©vrier) après la forte vague de 2022/23 marquĂ©e par un envol jusqu’Ă  26%.En adoptant cette mesure, que d’autres pays pratiquent en Europe comme la Grèce ou la Roumanie, le Premier ministre nationaliste espère endiguer la hausse des prix et apaiser la grogne avant les lĂ©gislatives du printemps 2026.- “Piller les Hongrois” -Pour le souverainiste Viktor Orban, le coupable est tout trouvĂ©: il s’agit “des chaĂ®nes Ă©trangères qui pillent les Hongrois et ne pensent qu’au profit”, accuse-t-il, Ă©voquant “des marges de 42% sur les ailes de poulet, de 55% sur les cĂ´telettes de porc ou de 70% sur les yaourts”. Face Ă  ces “augmentations excessives”, “nous ne pouvions pas rester les bras croisĂ©s”, dit-il pour justifier “une telle intervention d’urgence dans l’Ă©conomie”.Depuis son retour au pouvoir en 2010, le dirigeant fulmine contre les grands groupes internationaux qui se sont installĂ©s après la chute du communisme, aux dĂ©pens d’enseignes hongroises moins compĂ©titives.Sous son Ă©gide, l’Etat a rĂ©investi plusieurs pans de l’Ă©conomie, comme le secteur bancaire ou les tĂ©lĂ©coms, parfois cĂ©dĂ©s ensuite Ă  des proches de Viktor Orban. Et quand il ne peut pas comme dans la grande distribution, oĂą les groupes Ă©trangers (Spar, Lidl, Auchan…) sont très prĂ©sents, il leur mène la vie dure.Diverses mesures protectionnistes ont Ă©tĂ© mises en place ces dernières annĂ©es, comme une taxe sur les superprofits ou un plafonnement temporaire des prix.- Effet inverse -RĂ©unis au sein de l’Association hongroise du commerce, les grands groupes ont dĂ©plorĂ© cette nouvelle attaque du gouvernement, rappelant leurs difficultĂ©s financières dans ce pays d’Europe centrale de 9,6 millions d’habitants hostile Ă  leurs intĂ©rĂŞts.La chaĂ®ne de supermarchĂ©s autrichienne Spar, qui avait dĂ©noncĂ© l’an passĂ© une situation “discriminatoire” et obtenu un jugement en sa faveur de la justice europĂ©enne, a chiffrĂ© le surcoĂ»t Ă  3,7 millions d’euros par mois, selon le site financier Portfolio, citant un courriel interne. Sa PDG en Hongrie, Gabriella Heiszler, a mis en garde contre des mesures drastiques, avec Ă  la clef de possibles suppressions d’emplois.Pour les consommateurs, “cela pourrait freiner l’inflation dans un premier temps” mais les magasins vont ensuite rĂ©percuter le manque Ă  gagner sur d’autres marchandises, produisant au final l’effet inverse, avertit David Nemeth, analyste chez K&H Bank, comme lors du prĂ©cĂ©dent plafonnement instaurĂ© en 2022.Dans ce contexte Ă©conomique morose, la pauvretĂ© guette la classe moyenne: selon Eurostat, la Hongrie est tombĂ©e en 2023 au dernier rang de l’UE aux cĂ´tĂ©s de la Bulgarie en termes de consommation par habitant.”Tout est si cher”, confie Rozalia Patak, mère de cinq enfants au chĂ´mage. Elle veut croire que ces nouvelles mesures auront un effet et prendra le bus pour acheter “les pâtes les moins chères” dans le supermarchĂ© le plus proche. “Nous ne pouvons plus nous offrir salami ou poisson”, soupire cette femme de 51 ans, contrainte dĂ©sormais de collecter les bouteilles en plastique pour se faire un peu d’argent.

Fin de partie pour La Baie d’Hudson, entreprise intimement liĂ©e Ă  l’histoire du Canada

L’entreprise est intimement liĂ©e Ă  la fondation du Canada et Ă  celle des grands magasins contemporains mais l’histoire touche Ă  sa fin pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, créée par deux trappeurs français il y a plus de 350 ans.Tout un symbole au moment oĂą le Canada est confrontĂ© aux menaces d’annexion de son voisin amĂ©ricain: le prĂ©sident Donald Trump, depuis son retour Ă  la Maison blanche, n’a cessĂ© de rĂ©pĂ©ter que le Canada n’Ă©tait pas un vrai pays.Mais c’est aussi une nouvelle douloureuse pour de nombreux Canadiens: la Baie d’Hudson “fait partie de notre histoire, c’est un magasin qu’on a toujours connu”, explique Ă  l’AFP AndrĂ© Fortin, 90 ans.En ce mois de mars, comme de nombreux autres clients, ce dernier fouille parmi les vĂŞtements soldĂ©s pour la liquidation des stocks dans les allĂ©es de l’Ă©difice classĂ©, magasin emblĂ©matique de couleur rouille du centre-ville de MontrĂ©al.”On pouvait passer la journĂ©e ici. C’Ă©tait amusant”, se souvient Ă©galement Michelle Boulanger, 72 ans. “Sa fermeture va laisser un grand vide.”La plus vieille entreprise du pays et mĂŞme d’AmĂ©rique du Nord, qui est depuis plusieurs annĂ©es entre les mains d’un fonds d’investissement amĂ©ricain, Ă©tait en cessation de paiement. Et il y a quelques jours, la Cour supĂ©rieure de l’Ontario l’a autorisĂ©e Ă  fermer 74 de ses 80 magasins.Plus de 9.000 emplois sont concernĂ©s par la liquidation.Six magasins des provinces de l’Ontario et du QuĂ©bec sont Ă©pargnĂ©s lors de la première vague de liquidation. Mais ces unitĂ©s pourraient elles aussi devoir mettre la clĂ© sous la porte, a affirmĂ© Ashley Taylor, l’un des avocats de l’entreprise.- “Processus colonial” -C’est en 1670 que Pierre-Esprit Radisson et MĂ©dard Chouart des Groseilliers, deux commerçants de fourrures français, crĂ©ent la compagnie après avoir reçu une charte royale du roi Charles II d’Angleterre. La compagnie Ă©tablit des postes de traite pour la fourrure, qui deviendront ensuite des villes canadiennes, “initiant un processus colonial qui a façonnĂ© le Canada”, explique Amelia Fay, conservatrice au MusĂ©e du Manitoba Ă  Winnipeg, qui conserve plus de 27.000 objets ayant appartenu Ă  la compagnie.L’entreprise “a Ă©tĂ© extrĂŞmement importante pour ce que nous appelons aujourd’hui le Canada”, ajoute-t-elle.Ă€ l’Ă©poque, l’entreprise avait le monopole sur un vaste territoire de contrĂ©es sauvages de 4 millions de kilomètres carrĂ©s pour exploiter le piĂ©geage et le commerce des fourrures.Mais en 1869, deux ans après la fondation du Canada, la compagnie vend Ă  ce pays naissant ses propriĂ©tĂ©s foncières, connues sous le nom de Terre de Rupert et qui reprĂ©sentaient un tiers du pays actuel.Au dĂ©but du XXe siècle, la compagnie lance les premiers grands magasins dans toutes les villes du pays.Toutefois, l’entreprise est aussi vue aujourd’hui comme un symbole de la colonisation des populations autochtones, qui a dĂ©bouchĂ© sur une politique d’assimilation dĂ©vastatrice pour les premiers peuples.- “Changer de cap” -“La raison du succès de l’entreprise a Ă©tĂ© sa capacitĂ© d’adaptation Ă  ce qui se passait dans le monde, Ă  changer de cap. Mais il semble que ce ne soit plus le cas”, estime Mme Fay.Aujourd’hui, “nous assistons Ă  la disparition du grand magasin tel que nous le connaissons”, confirme Bruce Winder, analyste de la vente au dĂ©tail. Selon lui, le secteur s’est scindĂ© en plusieurs niches, allant des chaĂ®nes de magasins comme Walmart aux magasins vendant des marques de luxe ou des marques spĂ©cialisĂ©es.Les achats en ligne et l’Ă©volution des habitudes des consommateurs ont jouĂ© un rĂ´le clĂ© dans le dĂ©clin La Baie d’Hudson, dont la chute n’est que la dernière d’une sĂ©rie de fermetures de grands magasins en AmĂ©rique du Nord.

Face Ă  Trump, PĂ©kin, Tokyo et SĂ©oul veulent “accĂ©lĂ©rer” vers un accord de libre-Ă©change

Face Ă  l’offensive douanière amĂ©ricaine, le Japon, la CorĂ©e du Sud et la Chine ont annoncĂ© dimanche vouloir renforcer leur coopĂ©ration pour offrir “un environnement prĂ©visible” aux entreprises, et “accĂ©lĂ©rer” leurs nĂ©gociations en vue d’un accord de libre-Ă©change.Des ministres des trois pays en charge de l’Industrie ou du Commerce se sont retrouvĂ©s dimanche Ă  SĂ©oul dans un contexte d’accĂ©lĂ©ration des relèvements de droits de douane imposĂ©s par Washington.Cette rĂ©union tripartite, organisĂ©e en urgence, est la première sous ce format depuis 2020.L’Ă©conomie des trois puissances asiatiques reste fortement dĂ©pendante de leurs exportations, et chacune est pĂ©nalisĂ©e, Ă  divers degrĂ©s, par la politique du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump.Le ministre sud-corĂ©en de l’Industrie Ahn Duk-geun, son homologue japonais Yoji Muto et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao ont convenu de “poursuivre les discussions en vue d’accĂ©lĂ©rer les nĂ©gociations vers un accord de libre-Ă©change trilatĂ©ral complet” et “Ă©quitable”, selon un communiquĂ© commun.Des discussions sur un tel accord ont Ă©tĂ© entamĂ©es en 2013 et ont eu lieu jusqu’en 2019, avant de marquer le pas. Elles avaient Ă©tĂ© relancĂ©es en 2024 Ă  l’occasion d’un exceptionnel sommet tripartite rĂ©unissant des dirigeants des trois pays Ă  SĂ©oul.Dans l’immĂ©diat, “nous continuerons d’œuvrer pour garantir des conditions de concurrence Ă©quitables Ă  l’Ă©chelle mondiale afin de favoriser un environnement prĂ©visible pour le commerce et l’investissement, libre, ouvert, Ă©quitable, non discriminatoire, transparent, inclusif”, ajoute le communiquĂ© commun.Et ce en contraste affichĂ© avec les revirements incessants de Washington sur sa politique douanière, qui exacerbent les incertitudes pour les entreprises.- “Protectionnisme se propage” -Pour les trois pays, il s’agit d'”intensifier progressivement leurs coopĂ©rations” afin “de crĂ©er un environnement commercial prĂ©visible, stabiliser les chaĂ®nes d’approvisionnement, amĂ©liorer la communication sur les contrĂ´les Ă  l’exportation”, insiste SĂ©oul dans une dĂ©claration distincte.Plus gĂ©nĂ©ralement, SĂ©oul, PĂ©kin et Tokyo ont convenu dimanche de “collaborer Ă©troitement” pour pousser Ă  une rĂ©forme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et encourager l’adhĂ©sion de nouveaux membres au vaste Partenariat Ă©conomique global rĂ©gional (RCEP) rĂ©unissant la Chine et 14 pays asiatiques.”L’unilatĂ©ralisme et le protectionnisme se propagent, exerçant une forte pression sur les Ă©changes mondiaux et augmentant l’incertitude. Les trois pays doivent assumer la responsabilitĂ© (…) de prĂ©server le système commercial multilatĂ©ral et promouvoir l’intĂ©gration Ă©conomique rĂ©gionale”, a insistĂ© le gouvernement chinois dans son communiquĂ©.A eux trois, la Chine, le Japon et la CorĂ©e du Sud reprĂ©sentent environ 20% de la population du globe, un quart de l’Ă©conomie mondiale et 20% du commerce planĂ©taire.Cette rĂ©union tripartite survient après l’application depuis mi-mars de droits de douane amĂ©ricains de 25% sur l’acier et l’aluminium, et Ă  quelques jours de l’imposition Ă  partir du 2 avril de surtaxes douanières de 25% sur les automobiles importĂ©es aux Etats-Unis.Le Japon et la CorĂ©e du Sud reprĂ©sentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des Etats-Unis, un secteur majeur pour leurs Ă©conomies nationales.La Chine est de son cĂ´tĂ© sous le coup d’une surtaxe douanière totale de 20% visant toutes ses exportations vers les Etats-Unis.

Des centaines de manifestants contre Elon Musk devant des magasins Tesla aux Etats-Unis

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblĂ©s samedi devant des magasins Tesla aux Etats-Unis, dans le cadre d’une journĂ©e mondiale d’opposition Ă  Elon Musk, le patron de la marque automobile et proche conseiller de Donald Trump.Devant la boutique new-yorkaise Ă  Manhattan, entre 500 et 1.000 personnes ont demandĂ© la dĂ©mission de l’homme le plus riche de la planète, dĂ©sormais Ă  la tĂŞte d’une commission pour l’efficacitĂ© gouvernementale (Doge), chargĂ©e par le prĂ©sident Trump de traquer la fraude et tailler dans les dĂ©penses jugĂ©es inutiles du budget fĂ©dĂ©ral.Ces manifestants Ă©taient rĂ©unis Ă  l’appel notamment des Ă©cologistes de Planet Over Profit, pour qui “arrĂŞter Musk va permettre de sauver des vies et protĂ©ger notre dĂ©mocratie”.”Elon Musk doit partir”, ont-ils chantĂ© en choeur, devant l’une des quelque 200 boutiques Tesla des Etats-Unis et d’Europe oĂą des appels au rassemblement avaient Ă©tĂ© lancĂ©s.Pour Amy Neifeld, une psychologue amĂ©ricaine de 70 ans qui n’avait plus battu le pavĂ© depuis les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les annĂ©es 1970, Elon Musk mène les Etats-Unis vers le “fascisme”.”Je suis juive et j’ai grandi avec une profonde conscience de ce qu’est le fascisme. Et ça ne fait qu’empirer depuis l’Ă©lection” de Donald Trump, explique-t-elle Ă  l’AFP.”Il faut qu’on fasse quelque chose très rapidement, parce qu’il va très vite” lui-mĂŞme, ajoute Amy Neifeld.”On dĂ©truit mon pays et Musk en est le responsable”, abonde Hudson Fisher (son nom de blogueur), avec une pancarte autour du cou sur laquelle on peut lire: “Trump est un piètre vice-prĂ©sident”, suggĂ©rant qu’Elon Musk, aussi patron de SpaceX, tient les rĂŞnes du pouvoir.”Il a trop d’argent et de pouvoir. Il a plus de pouvoir que les gouvernements sans qu’il n’y ait aucun contrĂ´le. C’est ça le vrai danger”, assure-t-il.La manifestation new-yorkaise, encadrĂ©e par un important dispositif policier, s’est dĂ©roulĂ©e puis dispersĂ©e dans le calme tout comme celle de Washington, oĂą quelque 150 personnes se sont rassemblĂ©es dans une ambiance festive.”Virez Musk, Fermez Doge”, pouvait-on lire Ă©galement sur des pancartes dans la capitale amĂ©ricaine.InterrogĂ©e sur ces rassemblements, Tesla n’a pas rĂ©pondu dans l’immĂ©diat.Depuis plusieurs semaines, les actes de vandalisme et de contestation se sont multipliĂ©s contre Tesla, en raison de l’implication politique d’Elon Musk.Le gouvernement amĂ©ricain considère dĂ©sormais les attaques contre Tesla comme du “terrorisme intĂ©rieur”, comme l’a encore rappelĂ© cette semaine la ministre de la Justice, Pam Bondi.Jeudi, un AmĂ©ricain soupçonnĂ© d’avoir incendiĂ© cinq vĂ©hicules Tesla et de les avoir criblĂ©s de balles avec un fusil semi-automatique Ă  Las Vegas a Ă©tĂ© placĂ© en dĂ©tention provisoire et encourt 20 ans d’emprisonnement pour ces faits.

Lettre de l’ambassade des Etats-Unis aux entreprises françaises: la France dĂ©nonce des “ingĂ©rences”

Paris a vivement rĂ©agi samedi après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis Ă  plusieurs entreprises françaises, demandant si elles avaient des programmes internes de lutte contre les discriminations, qualifiant cette initiative d'”ingĂ©rences inacceptables” et prĂ©venant que la France et l’Europe dĂ©fendront “leurs valeurs”.Plusieurs sociĂ©tĂ©s françaises ont reçu une lettre et un questionnaire, que l’AFP a pu consulter, leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.La missive les prĂ©vient que, le cas Ă©chĂ©ant, cela pourrait les empĂŞcher de travailler avec l’Etat amĂ©ricain, ce alors que la France interdit la plupart des formes de discrimination positive. L’information, rĂ©vĂ©lĂ©e vendredi par Le Figaro et les Echos, s’inscrit dans un contexte de fortes tensions commerciales alimentĂ©es par Donald Trump.”Les ingĂ©rences amĂ©ricaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiĂ©s, sont inacceptables”, a rĂ©torquĂ© le ministère français du Commerce extĂ©rieur, dans un message transmis Ă  l’AFP. Les destinataires du courrier ont Ă©tĂ© informĂ©s du fait que “le dĂ©cret 14173”, pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour Ă  la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’Ă©galitĂ© des chances au sein de l’Etat fĂ©dĂ©ral, “s’applique Ă©galement obligatoirement Ă  tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement amĂ©ricain”. Dans la lettre, il est aussi prĂ©cisĂ© que les entreprises ont “cinq jours” pour remplir, signer et retourner le document. – “Inadmissible” -Une initiative “inadmissible”, a rĂ©agi samedi auprès de l’AFP le prĂ©sident de l’organisation patronale CPME, Amir Reza-Tofighi, qui dĂ©nonce une “atteinte Ă  la souverainetĂ©” et appelle les responsables politiques et Ă©conomiques Ă  “faire front commun”. De son cĂ´tĂ©, la CGT demande au gouvernement “d’appeler les entreprises Ă  ne pas engager de politique dommageable pour l’Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes et la lutte contre le racisme”, a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP GĂ©rard RĂ©, secrĂ©taire confĂ©dĂ©ral du syndicat. Au ministère de l’Economie, l’entourage d’Eric Lombard assurait vendredi soir que “cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement amĂ©ricain”. “Ce ne sont pas les nĂ´tres”, ajoutait Bercy dans sa rĂ©action transmise Ă  la presse, prĂ©cisant que “le ministre le rappellera Ă  ses homologues au sein du gouvernement amĂ©ricain”.Samedi, les contours de la lettre restaient flous. Le cabinet du ministre de l’Economie, contactĂ© par l’AFP, estime que le nombre d’entreprises ayant reçu la lettre serait “de quelques dizaines”, tout en prĂ©cisant que le dĂ©compte est toujours en cours. Les grands groupes contactĂ©s par l’AFP qui ont acceptĂ© de s’exprimer ont dĂ©clarĂ© de ne pas avoir reçu la lettre, dont le format est inhabituel. – Droit français -“Ce n’est pas un courrier qui est parti sur le papier Ă  en-tĂŞte de l’ambassade, ni du consulat ou d’une quelconque agence amĂ©ricaine”, note auprès de l’AFP Christopher Mesnooh, avocat d’affaires amĂ©ricain du cabinet Fieldfisher basĂ© Ă  Paris, se basant sur la lettre publiĂ©e dans le Figaro. “Si c’est bien sous cette forme-lĂ  que les entreprises l’ont reçue, ce n’est pas une communication officielle et encore moins une communication diplomatique”, selon l’avocat. “Ce n’est pas parce que ça traduit l’attitude de cette administration que c’est l’administration au sens propre du terme qui a autorisĂ© son envoi Ă  des entreprises”, indique prudemment Christopher Mesnooh.SollicitĂ©e par l’AFP, l’ambassade des Etats-Unis Ă  Paris n’a pas rĂ©pondu dans l’immĂ©diat. L’administration amĂ©ricaine peut-elle exiger des entreprises françaises qu’elles se conforment Ă  sa loi ?”Non”, affirme Christopher Mesnooh. “Les entreprises françaises ne vont pas ĂŞtre obligĂ©es maintenant d’appliquer le droit social ou la loi fĂ©dĂ©rale contre les discriminations positives”, poursuit l’avocat. En outre, pour les entreprises françaises, le problème ne se pose pas dans les termes posĂ©s par la lettre car en France, la discrimination positive fondĂ©e explicitement sur l’origine, la religion ou l’ethnie “n’est pas autorisĂ©e”, rappelle l’avocat d’affaires.Pour autant, sur le volet de l’égalitĂ© hommes/femmes, depuis 2021, pour les entreprises de plus de 1.000 salariĂ©s, la loi française impose des quotas de 30% de femmes cadres-dirigeantes et de 30% de femmes membres des instances dirigeantes en 2027, puis d’atteindre des quotas de 40% en 2030.Les entreprises qui choisiraient de se conformer aux exigences stipulĂ©es dans la lettre se mettraient donc dans l’illĂ©galitĂ© du point de vue du droit français. 

Avec le retrait amĂ©ricain, l’OMS doit rĂ©duire son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) va devoir diminuer son budget d’un cinquième suite Ă  la dĂ©cision des Etats-Unis – son principal contributeur – de se retirer, et doit dĂ©sormais rĂ©duire ses missions et son personnel, a dĂ©clarĂ© son directeur dans un courriel interne consultĂ© par l’AFP samedi.L’agence de santĂ© de l’ONU fait face Ă  un manque Ă  gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer Ă  faire des coupes dans les dĂ©penses, a expliquĂ© Tedros Adhanom Ghebreyesus dans ce message envoyĂ© vendredi au personnel. “Ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affecteront tous les niveaux et toutes les rĂ©gions”, a-t-il ajoutĂ©.En plus de dĂ©clencher le retrait de son pays de l’OMS, le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump a dĂ©cidĂ© de geler pratiquement toute l’aide Ă©trangère amĂ©ricaine, y compris d’importants programmes visant Ă  amĂ©liorer la santĂ© dans le monde. Les Etats-Unis avaient dĂ©jĂ  entamĂ© les dĂ©marches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020. Celui-ci a justifiĂ© sa dĂ©cision en janvier par l’Ă©cart des contributions financières amĂ©ricaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En consĂ©quence, M. Tedros avait dĂ©jĂ  prĂ©venu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’Ă©conomie.Les Etats-Unis Ă©taient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgĂ©taire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apportĂ© 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  Avant-mĂŞme la dĂ©fection amĂ©ricaine, l’OMS Ă©tait dĂ©jĂ  confrontĂ©e Ă  des contraintes financières, et avait commencĂ© voici plus de neuf mois Ă  travailler sur des mesures pour amĂ©liorer son efficacitĂ©, remarque aussi son dirigeant. – Situation critique -Mais “l’annonce des États-Unis, combinĂ©e Ă  des rĂ©ductions rĂ©centes de l’aide publique au dĂ©veloppement de certains pays pour financer une augmentation des dĂ©penses de dĂ©fense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliquĂ© M. Tedros. En fĂ©vrier, le conseil exĂ©cutif de l’OMS avait rĂ©duit le budget proposĂ© pour 2026-2027 de 5,3 Ă  4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au dĂ©veloppement se sont dĂ©tĂ©riorĂ©es”, a rappelĂ© M. Tedros. Et “nous avons donc proposĂ© aux Etats membres un budget encore rĂ©duit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21% par rapport au budget initialement proposĂ©”. La majoritĂ© du financement amĂ©ricain provenait de contributions volontaires pour des projets spĂ©cifiques, plutĂ´t que d’une participation fixe. Depuis sa prise de fonction en 2017, le directeur de l’OMS s’est donnĂ© pour mission de rĂ©former les finances de l’organisation et de la rendre moins dĂ©pendante d’une poignĂ©e de grands contributeurs traditionnels. L’organisation est ainsi dĂ©sormais en partie financĂ©e par la philanthropie et les dons du grand public, et a modifiĂ© l’Ă©quilibre entre les contributions volontaires rigides des pays, qui constituent actuellement la majeure partie de ses revenus, et les cotisations plus souples des membres.Mi-mars, M. Tedros avait tirĂ© la sonnette d’alarme quant aux consĂ©quences, pour la vie de millions de gens dans le monde, des coupes dans l’aide amĂ©ricaine Ă  l’Ă©tranger.Les combats menĂ©s depuis des annĂ©es contre certaines pathologies en seraient gravement affectĂ©s, avait-il mis en garde, citant la rougeole, la polio, ou encore le sida. Pour cette dernière maladie, les dĂ©cisions amĂ©ricaines “pourraient annuler 20 annĂ©es de progrès, entraĂ®nant plus de 10 millions de cas supplĂ©mentaires de VIH et 3 millions de dĂ©cès liĂ©s au VIH, soit trois fois plus de dĂ©cès que l’annĂ©e dernière”, avait-il soulignĂ©. 

Le ministère du Commerce extĂ©rieur dĂ©nonce des “ingĂ©rences inacceptables” amĂ©ricaines visant des entreprises françaises

Le ministère français du Commerce extĂ©rieur a dĂ©noncĂ© samedi des “ingĂ©rences amĂ©ricaines” après l’envoi d’une lettre de l’ambassade des Etats-Unis Ă  Paris Ă  plusieurs entreprises françaises leur demandant si elles mettaient en place des programmes internes de lutte contre les discriminations.”Les ingĂ©rences amĂ©ricaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises, comme les menaces de droits de douanes injustifiĂ©s, sont inacceptables”, indique le ministère dans un communiquĂ© transmis Ă  l’AFP. “La France et l’Europe dĂ©fendront leurs entreprises, leurs consommateurs, mais aussi leurs valeurs”, assure Ă©galement le ministère.Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l’ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empĂŞcher de travailler avec l’Etat amĂ©ricain. Les destinataires du courrier ont Ă©tĂ© informĂ©s du fait que “le dĂ©cret 14173”, pris par Donald Trump dès le premier jour de son retour Ă  la Maison Blanche pour mettre fin aux programmes promouvant l’Ă©galitĂ© des chances au sein de l’Etat fĂ©dĂ©ral, “s’applique Ă©galement obligatoirement Ă  tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement amĂ©ricain”, comme le montre un document rĂ©vĂ©lĂ© vendredi par Le Figaro. Les entreprises liĂ©es par un contrat commercial Ă  l’Etat amĂ©ricain seraient dans l’obligation de rompre avec les politiques de discrimination positive Ă©ventuellement mises en place.”Cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement amĂ©ricain” avait rĂ©agi vendredi l’entourage du ministre de l’Economie Eric Lombard. “Ce ne sont pas les nĂ´tres”, ajoutait le cabinet de Bercy dans sa rĂ©action transmise Ă  la presse, prĂ©cisant que “le ministre le rappellera Ă  ses homologues au sein du gouvernement amĂ©ricain”.InterrogĂ©e par l’AFP, l’ambassade des Etats-Unis Ă  Paris n’a pas rĂ©agi dans l’immĂ©diat.  

Venezuela: le dollar au noir s’envole, la peur de la crise revient

“Tout augmente. C’est insupportable”: le taux du dollar au marchĂ© noir s’envole au Venezuela, ravivant le spectre de l’hyperinflation et de la pĂ©nurie des pires annĂ©es de la crise qui a poussĂ© des millions d’habitants Ă  Ă©migrer.Alors que l’incertitude règne face au durcissement des sanctions amĂ©ricaines contre le secteur du pĂ©trole, le cours du “dollar noir” a franchi cette semaine la barre symbolique des 100 bolivares. Longtemps contenu, l’Ă©cart avec le taux officiel de 69,5 bolivares est aujourd’hui saisissant: près de 50% de plus.Cette grande disparitĂ© exerce une forte pression sur les prix, car les commerces sont obligĂ©s d’utiliser le taux officiel sous peine d’amendes, voire de fermeture. Elle souligne aussi une perte de confiance dans la monnaie locale.”Cela nous affecte parce que cette hausse du dollar fait tout augmenter. La nourriture augmente (…) les transports augmentent, tout augmente. C’est insupportable”, rĂ©sume Ă  l’AFP Darwin Contreras, un commerçant de 40 ans qui entrevoit le spectre de l’hyperinflation vĂ©cue entre 2018 et 2021, avec un pic historique Ă  130.000% la première annĂ©e.Le fossĂ© entre les taux a commencĂ© Ă  se creuser au second semestre 2024, atteignant alors environ 20%.- “Effet Chevron” -Pour les experts, la dĂ©cision du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump de rĂ©voquer la licence accordĂ©e au pĂ©trolier Chevron pour opĂ©rer au Venezuela, malgrĂ© les sanctions, a dĂ©jĂ  un impact, mĂŞme si cette mesure ne doit s’appliquer que le 27 mai.Environ 25% de la production pĂ©trolière vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, actuellement autour de 900.000 barils par jour, provient des opĂ©rations de Chevron, selon le cabinet Aristimuño Herrera & Asociados.”Chevron est l’un des principaux fournisseurs de devises dans le secteur bancaire”, explique Ă  l’AFP CĂ©sar Aristimuño. Or, rien qu’en 2024, l’Etat a injectĂ© quelque cinq milliards de dollars sur les marchĂ©s pour soutenir le bolivar, d’après les donnĂ©es de son cabinet.”L’annonce” du dĂ©part de Chevron “a immĂ©diatement suscitĂ© une grande inquiĂ©tude au Venezuela”, affirme M. Aristimuño.Et avec elle une hausse de la demande de dollars, les VĂ©nĂ©zuĂ©liens cherchant une valeur refuge.”La demande a Ă©tĂ© très forte ces dernières semaines. Aujourd’hui, la demande dĂ©passe largement l’offre”, note CĂ©sar Aristimuño, dĂ©crivant un “effet Chevron”. Au Venezuela, le marchĂ© noir est nĂ© pendant les annĂ©es oĂą existait un contrĂ´le des changes strict, qui a Ă©tĂ© presque aboli avec la dollarisation informelle de l’Ă©conomie.- “Dollar de guerre” des “gringos” -Le prĂ©sident Nicolas Maduro a en effet dĂ» autoriser la circulation du billet vert des “gringos”, l’ennemi amĂ©ricain honni, pour faire face aux problèmes de pĂ©nurie et Ă  l’hyperinflation qui minaient le pays.La dollarisation a permis de sortir de sept ans de rĂ©cession entre 2013 et 2020, durant lesquelles le PIB s’est contractĂ© de 80%.M. Maduro, dont la réélection en 2024 n’est pas reconnue par les Etats-Unis, a admis vendredi que la demande de dollars sur le marchĂ© formel avait augmentĂ© de 40%.”Le dollar de guerre” est “un vieil ennemi de l’Ă©conomie vĂ©nĂ©zuĂ©lienne”, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision nationale. “Nous devons faire tout ce qu’il faut pour surmonter la perturbation créée par les deux annonces de guerre Ă©conomique du gouvernement des Etats-Unis contre le Venezuela”, soit la rĂ©vocation de la licence de Chevron et l’annonce amĂ©ricaine de droits de douane de 25% pour les pays acheteurs de pĂ©trole vĂ©nĂ©zuĂ©lien.Si les consommateurs dĂ©tenant des dollars peuvent les Ă©changer contre plus de bolivares, ils subissent aussi l’augmentation des prix, tirĂ©s vers le haut.La Banque centrale n’a pas publiĂ© de chiffre d’inflation depuis octobre, mais des estimations indĂ©pendantes situent l’indice interannuel Ă  117% jusqu’en fĂ©vrier.Les commerçants, quant Ă  eux, essuient des pertes. Ils sont obligĂ©s d’accepter les paiements au taux officiel, et “essayer de compenser ces pertes en ajustant les prix en dollars peut ne pas suffire”, avertit la sociĂ©tĂ© Albusdata.”Le fait d’accepter, de facturer au taux parallèle est très dĂ©licat. Il est parfois mĂŞme prĂ©fĂ©rable de perdre le fournisseur (…) ou simplement de se retirer du marchĂ©”, relève Diego Rodriguez, commerçant de 39 ans.”Je veux croire que les organismes compĂ©tents prendront des mesures d’une manière ou d’une autre”, dit-il. “Quand elles (les autoritĂ©s) injectaient des dollars (sur le marchĂ© pour augmenter l’offre), il y avait une diffĂ©rence très minime” entre les taux, “sur laquelle il Ă©tait possible de travailler”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Après le retrait amĂ©ricain annoncĂ©, l’OMS doit couper son budget de 20%

L’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a proposĂ© de rĂ©duire d’un cinquième son budget suite Ă  la dĂ©cision des États-Unis, son principal contributeur, de se retirer, et doit dĂ©sormais rĂ©duire ses missions et son personnel, a dĂ©clarĂ© son directeur dans un email interne consultĂ© par l’AFP samedi.L’OMS fait face Ă  un manque Ă  gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n’a “pas d’autre choix” que de commencer Ă  faire des coupes, a ainsi expliquĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le message envoyĂ© vendredi au personnel de l’agence de santĂ© de l’ONU. En plus de dĂ©clencher le retrait de son pays après son entrĂ©e Ă  la Maison Blanche en janvier, le prĂ©sident Donald Trump a dĂ©cidĂ© de geler pratiquement toute l’aide Ă©trangère amĂ©ricaine, y compris d’importants programmes visant Ă  amĂ©liorer la santĂ© dans le monde. Les Etats-Unis avaient dĂ©jĂ  entamĂ© les dĂ©marches pour quitter l’OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020.Celui-ci a justifiĂ© sa dĂ©cision en janvier par l’Ă©cart des contributions financières amĂ©ricaines et chinoises, accusant l’organisation d'”arnaquer” son pays.En consĂ©quence, M. Tedros avait dĂ©jĂ  prĂ©venu fin janvier que l’OMS allait prendre des mesures d’Ă©conomie.Les États-Unis Ă©taient de loin le plus grand contributeur au budget de l’OMS: sur le dernier cycle budgĂ©taire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apportĂ© 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l’organisation.  “Des rĂ©ductions drastiques de l’aide publique au dĂ©veloppement par les États-Unis et d’autres pays causent d’Ă©normes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l’OMS”, a soulignĂ© M. Tedros dans son email. Avant-mĂŞme le dĂ©but du processus de retrait amĂ©ricain, l’OMS Ă©tait dĂ©jĂ  confrontĂ©e Ă  des contraintes financières, et avait commencĂ© voici plus de neuf mois Ă  travailler sur des mesures pour amĂ©liorer son efficacitĂ©, remarque aussi son dirigeant. Mais “l’annonce des États-Unis, combinĂ©e Ă  des rĂ©ductions rĂ©centes de l’aide publique au dĂ©veloppement de certains pays pour financer une augmentation des dĂ©penses de dĂ©fense, a rendu notre situation beaucoup plus critique”, a encore expliquĂ© M. Tedros. “Bien que nous ayons rĂ©alisĂ© des Ă©conomies de coĂ»ts substantielles, les conditions Ă©conomiques et gĂ©opolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile”, Ă©crit-il. En fĂ©vrier, le conseil exĂ©cutif de l’OMS avait rĂ©duit le budget proposĂ© pour 2026-2027 de 5,3 Ă  4,9 milliards de dollars. “Depuis lors, les perspectives de l’aide au dĂ©veloppement se sont dĂ©tĂ©riorĂ©es”, a rappelĂ© M. Tedros. Et “nous avons donc proposĂ© aux États membres un budget encore rĂ©duit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposĂ©”. La majoritĂ© du financement amĂ©ricain provenait de contributions volontaires pour des projets spĂ©cifiques, plutĂ´t que d’une participation fixe. “MalgrĂ© tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point oĂą nous n’avons d’autre choix que de rĂ©duire le pĂ©rimètre de notre travail et de notre personnel”, conclut M. Tedros. Et de prĂ©ciser: “ces mesures s’appliqueront d’abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affectera tous les niveaux et toutes les rĂ©gions”.