AFP Business

Lecornu prêt à bouger sur les retraites, Macron lâché par les siens

Nouveau rebondissement dans la crise politique: Sébastien Lecornu a “ouvert la porte” à une “suspension” de la réforme des retraites, au terme d’une première journée “d’ultimes négociations” demandées par un Emmanuel Macron lâché jusque dans son propre camp.Le “bougé” est de taille: “La suspension de la réforme des retraites, c’était impossible il y a quelques jours encore, aujourd’hui ça devient possible”, a déclaré Raphaël Glucksmann à sa sortie de Matignon en début de soirée.Dernier reçu par le Premier ministre démissionnaire, le leader social-démocrate du parti Place publique a toutefois dit ne pas savoir “si ce qu’on nous a proposé dans ce bureau est de nature à éviter la dissolution”.Mais le bloc central semble prêt au sacrifice. Pour preuve, celle qui a porté et fait adopter en 2023 cette réforme si décriée, Elisabeth Borne, a elle-même appelé à “ne pas (en) faire un totem”, dans une interview au Parisien.”Si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension” jusqu’à la prochaine élection présidentielle, ajoute la ministre démissionnaire de l’Education et ex-Première ministre.”On est prêts à temporiser”, a renchéri sur LCI sa collègue Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), prenant le soin de souligner que “ce n’est pas un retour en arrière” et “qu’il ne s’agit pas d’abroger la réforme”, mais bien de montrer que “notre porte est ouverte et notre main est tendue”.- “Passer à la gauche” -Reste à voir qui la saisira. A commencer par les socialistes, attendus à leur tour mercredi à 10H00 par M. Lecornu. Mardi à chaud, au 20H de France 2, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a salué “un réveil positif” bien que “tardif” sur les retraites.Mais il a surtout revendiqué le poste de son hôte, considérant que “le temps est venu de passer à la gauche” après l’échec de “trois Premiers ministres de droite successifs”.Une demande partagée avec les Ecologistes de Marine Tondelier, qui “sen(t) que la gauche n’a jamais été aussi proche d’être nommée à Matignon”, où elle sera également reçue à 12H15.Pas sûr toutefois que l’idée plaise au président des Républicains Bruno Retailleau, qui a prévenu qu’il ne participerait “certainement pas” à un nouveau gouvernement “dirigé par un homme de gauche” ou “par un macroniste”, mais seulement à une équipe de “cohabitation” et à condition que LR “ne se dilue pas” dans le camp présidentiel.Sauf que M. Lecornu a fait passer le message au chef des députés de droite, Laurent Wauquiez: s’ils refusent une “entente” avec la macronie, alors les options se réduiront à un Premier ministre de gauche ou la dissolution.Sachant que la première hypothèse est déjà exclue par quelques macronistes tendance aile droite: “Je n’accepterai pas un gouvernement mené par Olivier Faure”, prévient ainsi la députée Maud Bregeon, ainsi que que son collègue Sylvain Maillard.- “La démission n’existe pas” -Pas de quoi arranger l’ambiance au sein du bloc central, où même les chefs de parti affichent leur défiance envers le président. Son ancien Premier ministre, candidat déclaré à la présidentielle, Édouard Philippe, l’a même exhorté à partir avant la fin de son mandat.Il lui a demandé d’organiser “une élection présidentielle anticipée” après l’adoption d’un budget pour 2026, évoquant un État qui n’est selon lui “pas tenu”.La veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis proche d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, avait sèchement pris ses distances avec le président dont il ne comprend “plus les décisions”. Mardi, le patron du parti présidentiel Renaissance a toutefois rejeté l’hypothèse d’un départ anticipé du président, arguant que “tout notre équilibre démocratique serait fragilisé”.De toute façon, “la question de la démission n’existe pas”, puisque Emmanuel Macron restera en place “jusqu’à la dernière minute de son mandat”, a affirmé la porte-parole démissionnaire du gouvernement, Aurore Bergé.A la tête d’un exécutif zombie depuis lundi matin, mais chargé par le chef de l’Etat de proposer d’ici mercredi soir une “plateforme d’action” pour la “stabilité du pays”, M. Lecornu a consulté au pas de charge les responsables de la droite et du centre (Renaissance, Horizons, MoDem, LR, Liot), ainsi que les présidents de l’Assemblée et du Sénat, Yäel Braun-Pivet et Gérard Larcher.En revanche, le RN a décliné l’invitation, réitérant sa demande de dissolution. Tout comme La France insoumise, focalisée sur la destitution de M. Macron.Quoiqu’il arrive, ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l’entourage du président.En cas d’échec, le président prendra ses “responsabilités” selon la même source, faisant planer la menace d’une nouvelle dissolution après celle de l’été 2024.pol-are-la-gbh/jmt/dsa

Wall Street s’accorde une pause

La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, marquant le pas après ses records de la veille, les investisseurs recherchant un nouveau catalyseur en l’absence d’indicateurs économiques.Le Dow Jones a reculé de 0,20%, l’indice Nasdaq de 0,67% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,38%.”Le marché commence à s’essouffler” et subit “des prises de bénéfice”, a relevé auprès de l’AFP Christopher Low, analyste de FHN Financial.”Les optimistes ont largement profité ces derniers jours de l’absence de données économiques, les contrats de plusieurs milliards de dollars dans le domaine de l’intelligence artificielle ayant renforcé le sentiment positif quant au potentiel de croissance des technologies modernes”, a rappelé Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers.Cela a porté les principaux indices de la place américaine à des sommets.Désormais, Wall Street “a besoin d’un autre catalyseur”, a jugé Christopher Low.Habituellement, les investisseurs s’appuient sur les nombreux indicateurs sur l’état de santé économique des Etats-Unis. Mais en raison du blocage budgétaire que connaît le pays depuis une semaine, leur publication est suspendue.Pour Christopher Low, “cela ne signifie pas nécessairement que la tendance haussière du marché est terminée” mais “simplement qu’une période de baisse s’impose”.L’analyste note aussi avec inquiétude les records qui s’accumulent du côté de l’or. “C’est comme si les gens commençaient déjà à monter dans les canots de sauvetage avant même que le navire ne commence à couler”, dépeint-il.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans se détendait légèrement à 4,13%, contre 4,15% à la clôture la veille.Côté entreprises, le constructeur automobile américain Ford (-6,14% à 11,92 dollars) a glissé après qu’un incendie a nettement endommagé une usine d’un de ses fournisseurs, spécialisé dans l’aluminium.Selon les médias américains, la partie du site touchée sera à l’arrêt au moins jusque début 2026. L’usine fournit environ 40% des tôles d’aluminium utilisées par les constructeurs automobiles américains, essentielles à la fabrication de certains véhicules comme le best-seller F-150 de Ford.Un autre constructeur automobile américain, Tesla (-4,45% à 433,09 dollars), spécialiste des véhicules électriques, a aussi reculé, les investisseurs se montrant déçu par les tarifs des nouvelles versions de ses voitures populaires Model 3 et Model Y.Le prix de l’action de la société d’exploration minière canadienne Trilogy Metals a été multiplié par trois (+211,00% à 6,50 dollars), profitant de l’annonce d’une prise de participation de l’Etat américain, à hauteur de 10% de son capital.Ce partenariat est lié au rétablissement du projet Ambler Road, qui vise à construire une autoroute en Alaska de plus de 300 km qui traverserait un parc national pour rejoindre une mine.

Borne ouvre la porte à une “suspension” de la réforme des retraites

La ministre démissionnaire de l’Education et ancienne Première ministre Elisabeth Borne s’est dite mardi ouverte à une “suspension” de la très impopulaire réforme des retraites qu’elle avait fait adopter en 2023, dans une interview au Parisien.”Si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension jusqu’au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle”, a-t-elle déclaré. “Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger”, a-t-elle ajouté, préconisant ce geste en direction de la gauche.”Je pense qu’on ne doit pas faire de cette réforme des retraites un totem”, a-t-elle ajouté à propos de cette réforme qui porte progressivement de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, et qui avait provoqué des manifestations massives. “C’est un réveil tardif, mais c’est un réveil positif”, a réagi sur France 2 le patron du PS Olivier Faure, qui doit être reçu mercredi matin à Matignon. “Mais ce que je souhaite, c’est que nous puissions maintenant porter des débats à l’Assemblée”, a-t-il ajouté. Cette déclaration d’Elisabeth Borne intervient au lendemain de la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, et alors que celui-ci mène d’ultimes consultations des forces politiques, en quête d’un compromis pour le budget 2026, notamment avec la gauche. “On doit tout faire pour ne pas en arriver” à une dissolution de l’Assemblée nationale, a également déclaré Elisabeth Borne au Parisien. Elle a dit plaider “pour la nomination à Matignon d’une personnalité qui ne soit pas marquée politiquement”.”Aller chercher une personnalité de la société civile permettrait d’apaiser les choses”, a-t-elle estimé, en soulignant que cette personne devrait également être “sans ambition présidentielle”.Celle qui est aujourd’hui ministre démissionnaire de l’Education a par ailleurs dénoncé une “surenchère permanente ces derniers jours où chacun semble davantage guidé par des intérêts partisans”, alors que la crise a gangréné jusqu’au camp présidentiel. 

La Bourse de Paris conclut sur un surplace après la crise politique

La Bourse de Paris, qui avait commencé dans le rouge, a terminé stable mardi, reprenant son souffle au cours d’une séance calme au lendemain de la démission surprise du Premier ministre français Sébastien Lecornu.L’indice vedette CAC 40 a grappillé 0,04% pour s’établir à 7.974,85 points.La crise politique se poursuit pourtant mardi, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron apparaissant de plus en plus isolé. Il a demandé au Premier ministre démissionnaire de poursuivre “d’ultimes négociations” pour tenter de composer une coalition.Ces négociations de la dernière chance laissent planer la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale, voire d’une élection présidentielle anticipée.A la Bourse, “après le petit mouvement d’humeur” lundi, au cours duquel le CAC 40 a perdu 1,36%, “on reprend son souffle”, a commenté auprès de l’AFP Lionel Melka, associé chez Swann Capital. “Il ne faut pas surestimer l’impact des crises politiques”, a assuré l’analyste qui ne croit “pas du tout à un effet de panique ou de château de cartes”.Il a toutefois pointé “un léger impact” sur les rendements obligataires et sur l’euro dans l’immédiat.Le taux d’intérêt de l’emprunt de la France à dix ans qui avait grimpé lundi jusqu’à 3,61%, se stabilisait mardi à 3,56% contre 2,70% pour l’Allemagne, la référence européenne.Vers 18H00 locales, l’euro baissait 0,25% par rapport au dollar à 1,1679 dollar pour un euro.Le luxe en hausseLes analystes de la banque américaine Morgan Stanley ont salué des fashion weeks de Milan et de Paris, dans une note sur le secteur du luxe publiée mardi. Selon eux, “les consommateurs se sentent souvent encouragés à acheter davantage de pièces pour superposer, mélanger les motifs ou expérimenter des looks audacieux”, par conséquent, “le nombre d’articles achetés par client tend à augmenter”.En conséquence, ils rehaussent leur recommandation pour Kering et LVMH, jugeant qu’ils seront les “principaux bénéficiaires de cette explosion de créativité”.A la cote parisienne, Kering a grimpé de 5,75% à 309,20 euros à Paris. LVMH a pris 3,63% à 560 euros.

L’UE déploie un arsenal sans précédent pour sauver sa production d’acier

L’Union européenne passe à l’offensive sur l’acier: la Commission a dévoilé mardi des mesures sans précédent, dont le doublement des droits de douane sur les importations, afin de protéger les sidérurgistes face à une concurrence chinoise de plus en plus écrasante et jugée déloyale.”En 2024, 18.000 emplois directs ont été supprimés dans la sidérurgie, c’est trop et cela devait cesser”, a souligné le vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné, en présentant ces mesures à la presse.La Commission entend tout d’abord réduire de 47% les quotas d’acier étranger qui peuvent être importés chaque année dans l’UE sans droits de douane.Ces quotas détaxés devraient ainsi être ramenés à 18,3 millions de tonnes. Soit le volume total d’acier qu’importait l’Union européenne en 2013, avant que le marché ne se retrouve durablement déséquilibré par le développement d’importantes surcapacités de production.”Au nom de tous les salariés d’ArcelorMittal en Europe, je suis sincèrement soulagé”, a réagi Aditya Mittal, le patron du groupe, remerciant l’UE “d’avoir compris la gravité de la situation et d’avoir agi de manière ferme et adaptée”. “Les surcapacités mondiales sont cinq fois plus importantes que la consommation d’acier annuelle de l’UE”, a rappelé le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic.Autre mesure radicale, les importations dépassant les quotas vont subir des droits de douane doublés, qui passeront de 25% à 50%.Ils grimperont ainsi à des niveaux similaires à ceux mis en place aux Etats-Unis et au Canada, selon les propositions de la Commission, qui doivent encore être validées par les 27 et le Parlement européen.Enfin, les importateurs de produits en acier transformé seront tenus de déclarer dans quel pays le métal d’origine a été “fondu et coulé”, une clause qui vise à éviter le contournement des barrières douanières.- “Au bord de  l’effondrement” -Ce nouveau plan “pour sauver nos aciéries et nos emplois européens”, selon M. Séjourné, doit remplacer la “clause de sauvegarde” mise en place en 2019 par l’UE pour aider les producteurs européens, qui expire mi-2026.”L’industrie sidérurgique européenne était au bord de l’effondrement. Nous la protégerons pour qu’elle puisse investir, décarboner et ainsi redevenir compétitive”, avait promis en amont de ces annonces le vice-président de la Commission.Les sidérurgistes ont aussitôt salué ce plan, appelant à le mettre en oeuvre au plus vite. L’organisation professionnelle du secteur, Eurofer, a applaudi “une bouée de sauvetage pour les sidérurgistes et les ouvriers”.Bruxelles veut mettre en place ces mesures le plus tôt possible, et au plus tard d’ici la fin des mesures de protection existantes, le 1er juillet 2026. “Nous devons agir maintenant”, a martelé dans un communiqué la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, appelant les 27 et les eurodéputés à entériner “rapidement” ces mesures.Parallèlement, l’UE continue de négocier avec Washington une exemption de droits de douane pour l’acier européen. L’objectif étant que l’Europe et les Etats-Unis s’épaulent mutuellement, pour mieux résister face au rouleau compresseur chinois.- Plans sociaux -Les chiffres parlent d’eux-mêmes: l’an dernier, la Chine a fabriqué à elle seule plus de 1.000 millions de tonnes d’acier, soit plus de la moitié de la production mondiale, très loin devant l’Inde (149 millions), le Japon (84 millions) et les Etats-Unis (79 millions), selon l’organisation professionnelle World Steel.A côté, les pays européens font pâle figure: l’Allemagne n’a produit que 37 millions de tonnes, l’Espagne 12 et la France moins de 11.Les industriels européens sont profondément déstabilisés depuis des années par leurs concurrents chinois massivement subventionnés. Et ils subissent de plein fouet les surcapacités entretenues par Pékin, qui tirent les prix mondiaux à la baisse.Résultat, ils multiplient les plans sociaux et fermetures de sites, faisant craindre des conséquences en cascade, dans un secteur comptant encore 300.000 emplois directs et 2,5 millions indirects dans l’UE.En Allemagne, le conglomérat Thyssenkrupp envisage de vendre sa division acier à l’Indien Jindal Steel, tandis qu’en France, ArcelorMittal vient de supprimer 600 postes et a menacé d’abandonner la décarbonation de ses hauts-fourneaux à Dunkerque.

Droits voisins: des médias français saisissent l’Autorité de la concurrence contre Meta

Deux organismes collectifs qui représentent des centaines de médias français ont saisi l’Autorité de la concurrence contre le géant américain Meta au sujet de la rémunération liée à l’utilisation des contenus de presse (droits voisins), a appris l’AFP mardi de sources internes.L’Apig (Alliance de la presse d’information générale) a déposé en septembre une saisine visant la maison mère de Facebook et Instagram “pour abus de position dominante”, selon un document interne consulté par l’AFP, confirmant une information du média spécialisé mind Media et du quotidien économique Les Echos. Cet organisme représente près de 300 quotidiens nationaux et locaux.De son côté, la société DVP (Droits voisins de la presse) a entamé la même démarche en juillet, a-t-on appris de source proche du dossier. La mission de DVP est de collecter et répartir les droits voisins entre ses adhérents, qui sont plus de 300 et représentent 850 publications et agences de presse(dont l’AFP).Selon le document interne à l’Apig, “cette action intervient après plus de dix mois de négociations infructueuses relatives à la rémunération des droits voisins des éditeurs de presse”. Ces négociations portent sur le renouvellement d’un accord signé en 2021 et arrivé à échéance fin 2024.”Les propositions financières faites jusqu’à présent par Meta n’ont rien à voir avec les rémunérations prévues pour la période précédente”, selon le document de l’Apig, qui pointe “une diminution massive et injustifiée”.Selon mind Media, la dernière offre présentée par Meta à l’Apig “dépassait tout juste les 4 millions d’euros, contre plus de 20 millions dans le contrat précédent”.Côté DVP, il s’agit de renouveler un accord portant sur la période 2019-2024.Les droits voisins du droit d’auteur ont été institués pour les plateformes numériques par une directive européenne de 2019. Ils permettent aux journaux, magazines ou agences de presse de se faire rémunérer lorsque leurs contenus sont réutilisés par les géants du numérique.Au terme d’une âpre bataille, la presse française avait signé des accords à partir d’octobre 2021 avec Meta et de mars 2022 avec Google. Après la période d’accalmie qui a suivi, les médias ont relancé des procédures contentieuses fin 2024, via des organismes collectifs ou à titre individuel, avec en toile de fond la renégociation de certains accords signés à partir de 2021. Des procédures sont ainsi en cours contre X, Microsoft ou LinkedIn.Pour sa part, l’accord entre l’Apig et Google a été renouvelé en janvier dernier.En mars 2024, l’Autorité de la concurrence avait infligé une amende de 250 millions d’euros à Google, en lui reprochant de ne pas avoir respecté certains engagements pris en 2022.Parallèlement au dossier des droits voisins, quelque 200 médias français, dont TF1, France Télévisions, Radio France et Le Figaro, ont attaqué Meta en justice en avril, en l’accusant de “pratiques illégales” dans la publicité en ligne.En Espagne, 80 médias poursuivent Meta pour la même raison.

Lecornu tente d’ultimes négociations sur le budget, Macron lâché par les siens

Au lendemain de sa démission surprise, Sébastien Lecornu rencontre les forces politiques pour “d’ultimes négociations” éclair, comme le lui a demandé le président Emmanuel Macron, lâché jusque dans son propre camp et de plus en plus sous pression face aux appels à dissoudre l’Assemblée ou démissionner.A la tête d’un gouvernement zombie, le Premier ministre démissionnaire a d’abord réuni mardi les responsables de Renaissance, d’Horizons et du MoDem, ainsi que les présidents des deux chambres, Yäel Braun-Pivet et Gérard Larcher. Ils sont convenus de “concentrer” ces discussions de la dernière chance sur le budget et l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.Le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, et le patron du parti Bruno Retailleau, sont eux reçus séparément à Matignon dans l’après-midi. Et ce alors que M. Wauquiez a regretté devant son groupe que l’échec du très éphémère gouvernement Lecornu ait “abîmé l’image” de son parti, visant en filigrane le ministre de l’Intérieur démissionnaire.Le groupe indépendant Liot doit, lui, être reçu en fin de journée mardi, avant Raphaël Glucksmann. Le Parti socialiste se rendra pour sa part à Matignon mercredi matin, et les Écologistes ont indiqué qu’ils iraient en milieu de journée pour demander “une cohabitation” avec un “Premier ministre de gauche”. Le Rassemblement national a aussitôt décliné l’invitation, réitérant sa demande de dissolution – tout comme La France insoumise.La France est plongée dans une grave crise politique depuis la démission lundi de Sébastien Lecornu, qui venait de nommer 14 heures plus tôt son gouvernement. Le chef de l’État, qui lui a donné jusqu’à mercredi soir pour chercher à aboutir à une “plateforme d’action” pour la “stabilité du pays”, est désormais lâché par les siens. Son ancien Premier ministre et patron d’Horizons, candidat déclaré à la présidentielle, Édouard Philippe, l’exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d’organiser “une élection présidentielle anticipée” après l’adoption d’un budget pour 2026, évoquant un État qui n’est selon lui “pas tenu”.La veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis proche d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, avait sèchement pris ses distances avec le président dont il ne comprend “plus les décisions”. Mardi, le patron du parti présidentiel Renaissance a toutefois rejeté l’hypothèse d’un départ anticipé du président, arguant que “tout notre équilibre démocratique serait fragilisé”.- La gauche tente de s’unir -Face à la menace de dissolution, les Écologistes et La France insoumise ont appelé toute la gauche à s’unir pour porter un “programme de rupture au pouvoir”. Un message notamment en direction du Parti socialiste, peu enclin à renouer avec la gauche radicale.Le parti d’Olivier Faure a organisé une réunion distincte en visio, à laquelle toutes les organisations de gauche ont participé sauf LFI. Avec une revendication à l’issue: “Nommer à Matignon un Premier ministre qui composera un gouvernement de gauche et écologiste.”A droite, le président des Républicains, Bruno Retailleau, a semé la confusion dans sa propre famille, après avoir été l’un des détonateurs de la crise en menaçant de quitter le gouvernement pour protester contre sa composition.Mardi, il a tempéré sa position, proposant que son parti participe à un gouvernement de “cohabitation” avec la macronie à condition que LR “ne s(‘y) dilue pas”.Dans cette atmosphère, M. Retailleau pourrait-il être sensible aux appels du pied du RN ? Le patron du parti à la flamme Jordan Bardella s’est en tous cas dit “prêt à tendre la main” aux Républicains sur “un accord de gouvernement”, en cas de législatives anticipées.- Macron face à ses “responsabilités” -Quoiqu’il arrive, ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l’entourage d’Emmanuel Macron.En cas d’échec, le président prendra ses “responsabilités” selon la même source, faisant planer la menace d’une nouvelle dissolution après celle de l’été 2024.”Il peut réussir”, considérait lundi un conseiller de l’exécutif, “s’il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple”, une exigence des socialistes. Face à l’incertitude politique, les milieux économiques s’inquiètent du décrochage. A l’image du président du Medef Patrick Martin qui a fait part mardi sur franceinfo de sa “colère”.Après la visite d’une exposition sur les victimes de l’attaque du 7-octobre en Israël, M. Lecornu a refusé de s’exprimer directement sur la situation. Mais y a vu un rappel “que de grands maux et de grands défis continuent de peser sur la nation française et sur le monde entier”.

Wall Street fait fi de la prolongation de la paralysie budgétaire américaine

La Bourse de New York évolue en petite hausse mardi, les investisseurs faisant abstraction des incertitudes politiques aux Etats-Unis, où l’arrêt partiel des activités de l’Etat fédéral se poursuit, pour continuer à se réjouir des perspectives d’assouplissement monétaire.Vers 14H00 GMT, le Dow Jones grappillait 0,01%, l’indice Nasdaq gagnait 0,16% et l’indice élargi S&P 500 avançait de 0,08%.Ces mouvements “ne traduisent pas une grande conviction à l’achat, mais à ce stade, ce n’est pas le facteur déterminant”, juge Patrick O’Hare, de Briefing.com.Pour l’analyste, “l’aspect principal est qu’il n’y a toujours pas de conviction à la vente” au sein des investisseurs.Ces dernières semaines, les principaux indices de la place américaine ont enchaîné les records.Les remous politiques aux Etats-Unis et la paralysie budgétaire dans laquelle est plongée le pays n’ont pas entamé cet optimisme.”Les acteurs du marché considèrent le +shutdown+ sous un angle historique et affirment que, dans l’ensemble, il n’a pas eu d’incidence sur le marché ou l’économie” lors des précédents blocages, souligne auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Pour l’analyste, la seule limite pourrait être en cas d’arrêt “trop long”.Lundi, le Sénat américain a, de nouveau, échoué à se mettre d’accord sur un budget. Comme lors du dernier vote vendredi, le texte des élus républicains n’a récolté que trois voix de sénateurs de l’opposition et n’a pas réussi à atteindre le seuil des 60 requises pour lever ce blocage.Cette mise à l’arrêt empêche la publication d’un certain nombre d’indicateurs susceptibles de donner une image plus précise de l’état de santé de l’économie américaine.Mais pour Art Hogan, les données dont la publication est maintenue, “n’auront pas plus d’importance que d’habitude”.La raison: des attentes déjà très fortes quant à une nouvelle baisse des taux directeurs de la banque centrale américaine (Fed) fin octobre.Selon l’outil de veille CME FedWatch, la Réserve fédérale devrait avoir diminué ses taux d’un demi-point de pourcentage d’ici la fin de l’année.En attendant, les investisseurs prêteront attention aux différentes prises de parole des responsables de l’institution monétaire ainsi qu’à la publication, mercredi, du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans était stable par rapport à la clôture la veille, à 4,15%.Côté entreprises, le géant boursier américain Intercontinental Exchange (ICE), maison mère de la New York Stock Exchange (NYSE), était recherché (+1,78% à 161,89 dollars) après avoir annoncé une prise de participation de 2 milliards de dollars dans la plateforme de paris Polymarket.L’opération valorise cette dernière 8 milliards de dollars, selon un communiqué commun publié mardi.Le prix de l’action de la société d’exploration minière canadienne Trilogy Metals était quasiment multiplié par trois (+194,05% à 6,16 dollars), profitant de l’annonce d’une prise de participation de l’Etat américain, à hauteur de 10% de son capital.Ce partenariat est lié au rétablissement du projet Ambler Road qui vise à construire une autoroute en Alaska de plus de 300 km qui traverserait un parc national pour rejoindre une mine.Le fabricant d’ordinateurs et serveurs Dell (+3,00% à 150,13 dollars) profitait d’un relèvement de ses prévisions de chiffre d’affaires, attendu en hausse de 7% à 9% contre 3% à 4% précédemment. L’entreprise prévoit également une croissance plus forte de son bénéfice net.

Avec le Neoliner Origin, le transport à la voile prend une dimension industrielle

Sur la passerelle de son cargo roulier, le capitaine Mathieu Poulain dispose de tous les instruments de navigation classiques d’un navire de commerce. Avec, en plus, deux écrans: l’un pour régler les voiles, l’autre les mâts.Avec ses 136 mètres de long, ses deux mâts carbone autoportés de 75 m et ses 3.000 m2 de voiles rigides, le Neoliner Origin, sorti il y a tout juste une semaine de son chantier de construction turc, est le plus gros cargo à la voile du monde. Il espère concurrencer le marché des “ro-ro” (rouliers) de sa catégorie, en réduisant jusqu’à 80% des émissions de gaz à effet de serre.S’il sent encore la peinture, le voilier a réussi cette semaine ses essais en mer, chargeant 300 voitures à Bastia, avant de rejoindre Marseille, où il a fait une escale lundi au pied de la tour de CMA-CGM, géant français du transport maritime et partenaire majeur de Neoline avec 37% de participation.Parmi ses principales innovations, les voiles – des panneaux de carbone et fibre de verre mis au point par les Chantiers de l’Atlantique – peuvent être hissées ou affalées en 2 minutes 30 et sont orientées automatiquement pour optimiser la prise au vent. Ce navire rutilant, aux mâts rabattables, intègre également des outils de simulation numérique de routage météo pour choisir en temps réel les trajectoires les plus efficaces.”L’objectif final, c’est d’atteindre une propulsion vélique de 90-95%, les moteurs nous servant uniquement à appareiller et accoster”, explique le capitaine Poulain.Après 20 ans dans la marine marchande, le capitaine Antonin Petit, deuxième commandant, ne cache pas sa satisfaction: “j’ai quitté le transport maritime classique par conviction personnelle, avec l’envie d’agir, réellement, pour la préservation de notre planète. Plus les années passaient, plus je ressentais une angoisse entre ma pratique professionnelle et mes convictions. Là, c’était l’occasion.” – Rotations transatlantiques -Après un baptême officiel à Nantes le 13 octobre, le Neoliner Origin quittera le 16 octobre son port d’attache de Saint-Nazaire pour sa première transatlantique jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis Baltimore (Etats-Unis) et Halifax (Canada), et assurera ensuite une rotation par mois à une vitesse commerciale de 11 noeuds, explique le président de Neoline, Jean Zanuttini.  Dans son garage principal, long de 117 m, dans lequel colis et conteneurs sont chargés par l’arrière, le Neoliner Origin pourra embarquer 5.300 tonnes de marchandises, soit nettement plus que les volumes jusqu’ici proposés par les navires à la voile.Huit chargeurs français se sont déjà engagés : Renault, Manitou, La Fournée Dorée, Hennessy, Rémy Cointreau, Longchamp, Clarins et Bénéteau.Pour la CMA-CGM, le Neoliner Origin est “un véritable démonstrateur industriel de la transition énergétique dans le transport maritime”.”Il y a déjà aujourd’hui une dizaine d’offres sur le marché de systèmes qui permettent l’assistance vélique. Mais la grande nouveauté sur ce projet, c’est qu’on ne parle plus d’assistance, on est sur un vrai voilier !”, relève Xavier Leclercq, vice-président du groupe CMA CGM.”Nous avons voulu prouver qu’il était possible de concevoir un navire performant, rentable et capable de diviser par cinq la consommation de fuel tout en rendant un service de qualité. Aujourd’hui, nous avons démontré que ce projet est finançable, constructible et désormais exploitable”, se félicite Jean Zanuttini, qui prévoit déjà la construction d’un second cargo identique, dont la mise en chantier pourrait débuter mi-2026.”C’est certainement une des solutions qui va s’imposer pour décarboner le transport maritime”, estime M. Leclercq de la CMA CGM qui opère plus de 650 navires dans 160 pays.Actuellement, le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de CO2 et près de 99% des navires dédiés au transport international utilisent du fioul lourd ou du gaz naturel liquéfié.L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction des émissions de 20 à 30% d’ici à 2030 pour atteindre le zéro émission net en 2050.

Les vendanges 2025 revues en baisse, minées par la canicule

Les aléas climatiques ont de nouveau affecté en 2025 les vendanges françaises, estimées mardi à des niveaux proches du volume déjà faible de 2024, en raison d’une canicule et d’une sécheresse aoûtiennes particulièrement dommageables dans le Bordelais et le Languedoc-Roussillon.Les prévisions de production ont été revues en baisse par rapport à celles présentées début septembre. Selon les estimations établies au 1er octobre, la production viticole française en 2025 atteindrait 36 millions d’hectolitres, très en deçà de la production moyenne de ces cinq dernières années (-16%), a indiqué le service de la statistique du ministère de l’Agriculture.”Les vendanges, désormais presque achevées, confirment les conséquences défavorables de la canicule d’août sur le potentiel de production dans la plupart des bassins”, a-t-il noté.L’an dernier, la production avait déjà été minée par les intempéries, que ce soit précipitations, sécheresse ou gel tardif. Le volume des vendanges avait chuté à 36,25 millions d’hectolitres, près des niveaux historiquement bas de 2017 et 2021.Cette fois-ci, en 2025, la canicule et la sécheresse d’août ont réduit le potentiel, accélérant la maturité des raisins tout en bloquant leur grossissement. Résultat: des baies plus petites avec moins de jus. Les pluies de septembre, arrivées tardivement, n’ont pas permis d’y remédier, signale le ministère.”Ça a été la déception. On s’attendait à une année normale, et puis la canicule est venue impacter les rendements, ça a brûlé carrément, les raisins ont perdu en volume”, a témoigné Dominique Furlan, vigneron dans l’Entre-Deux-Mers (Gironde).”Plus on avançait dans la récolte et plus on s’apercevait que les rendements avaient fondu”, a-t-il expliqué mardi à l’AFP, tout en soulignant en revanche “la bonne qualité” de la production.- Disparités régionales -Selon le ministère de l’Agriculture, de toutes les catégories de vins, seule la production des appellations d’origine protégée (AOP) devrait progresser, de quelque 5% par rapport à 2024, portée par des hausses en Champagne, Bourgogne, Val de Loire, Corse et dans le Sud-Est. Ce bilan reste malgré tout inférieur de 11% à la moyenne de 2020-24.Le paysage est de fait contrasté selon les régions.Dans le Bordelais, les pluies de début septembre n’ont pas compensé les pertes. L’arrachage de vignes accentue encore la baisse de la production, qui serait ainsi légèrement inférieure à celle de l’an dernier, déjà réduite, et 17% sous la moyenne quinquennale.”On a eu un été très sec, qui a produit des baies toutes petites, très concentrées”, a constaté auprès de l’AFP Christophe Chateau, directeur de la communication du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. “Les volumes annoncés conjuguent deux phénomènes: une récolte faible, avec 10.000 hectares cultivés en moins par rapport à l’an dernier, et des rendements faibles à cause de la sécheresse.”Face à la crise du secteur, liée notamment à la déconsommation, l’Etat a subventionné des campagnes d’arrachage de vignes dans plusieurs régions. Dans le Bordelais, la surface AOC est ainsi passée de 103.000 hectares en 2023 à 95.000 ha en 2024 puis 85.000 ha en 2025.En Languedoc-Roussillon, canicule et sécheresse ont limité le niveau de production, puis les pluies ont favorisé le mildiou. Renforcée par l’arrachage de plus de 10.000 hectares, la baisse de production serait de 9% sur un an et 19% par rapport aux cinq dernières années.En Alsace, du tri a été nécessaire en raison de la dégradation sanitaire en fin de campagne. La production y reculerait de 9% sur un an.En Bourgogne, la situation varie selon les départements. L’Yonne affiche les rendements les plus élevés au contraire de la Côte-d’Or, touchée par la canicule. La récolte du bassin s’annonce toutefois supérieure de 45% à celle de 2024, affectée par le mildiou.A l’inverse, dans le Beaujolais, le rendement serait le plus faible depuis au moins 35 ans, conséquence de la canicule, du mildiou, de la coulure et de la grêle. La production y est attendue en baisse de 32% sur un an.Dans le Sud-Est, la production serait proche de 2024, mais inférieure de 10% à la moyenne quinquennale, avec un impact marqué de la canicule en Ardèche, Vaucluse, Bouches-du-Rhône.En Champagne, Corse et Savoie, les productions dépasseraient celles de 2024, comme dans le Val de Loire en dépit de la canicule.