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Le Parlement européen dit non au “steak végétal”

Fini le burger végétarien? Le Parlement européen a voté mercredi pour interdire l’usage de termes comme steak, saucisse ou hamburger pour des produits qui ne contiennent pas de viande. Les eurodéputés ont soutenu par 355 contre 247 voix une proposition de la droite bannissant des dénominations comme “steak végétal”, afin d’éviter une “confusion” avec les produits carnés.Mais le débat est loin d’être clos. La mesure doit encore être négociée avec les 27 États européens.Selon l’eurodéputée de droite Céline Imart, à l’origine du texte adopté mercredi, “il s’agit de transparence et de clarté pour le consommateur et de reconnaissance pour le travail de nos éleveurs”.Il n’est “aucunement question d’interdire les alternatives végétales, mais je suis attachée à la valorisation des termes, à leur sens véritable”, ajoute cette élue française, également exploitante céréalière.Des organisations de consommateurs ont à l’inverse fait part de leur “déception” après ce vote. “Près de 70% des consommateurs européens comprennent ces noms tant que les produits sont clairement étiquetés comme véganes ou végétariens”, affirme Irina Popescu, une responsable du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC).Selon cette organisation, la consommation des produits végétariens imitant la viande a quintuplé depuis 2011, portée par le souci de manger sainement, de défendre le bien-être animal ou de réduire son empreinte environnementale, alors que les élevages sont de gros émetteurs de CO2.Cette loi visant à interdire les dénominations comme le “steak de soja” a provoqué des débats enflammés dans l’hémicycle de Strasbourg.La droite s’est elle-même divisée. L’eurodéputé allemand Peter Liese trouve par exemple “dommage” que le Parlement européen consacre du temps à “une telle bêtise”. “Nous ne devons pas prendre les consommateurs pour des imbéciles”, si “un emballage indique +burger végétarien+ ou +saucisse végétarienne+, chacun peut décider s’il veut l’acheter ou non”, estime-t-il.- “Lobby de la viande” -Les écologistes étaient vent debout contre le texte. La Néerlandaise Anna Strolenberg a tancé le “lobby de la viande” qui “tente d’affaiblir ses concurrents innovants dans le domaine alimentaire”.La filière Elevage et Viande française (Interbev) a, au contraire, salué le vote. Les alternatives végétales “brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100% naturel”, en “s’appropriant les dénominations de la viande à des fins marketing”, critique Interbev.En 2020, les eurodéputés avaient rejeté une loi sur le même sujet.Mais les élections européennes de 2024 ont changé l’équilibre des partis, accordant plus de places aux députés de droite et d’extrême droite, qui revendiquent leur proximité avec le secteur agricole.Pour Nicolas Schweitzer, le PDG de la marque française La Vie qui fournit Burger King en “bacon végétal”, l’adoption de ce texte, “est une vraie déception”.”Il s’agit uniquement d’une tentative de déstabilisation de la progression des alternatives végétales” qui “répondent à une vraie demande des consommateurs, de plus en plus préoccupés par les enjeux environnementaux, éthiques et de santé soulevés par l’élevage intensif”, a-t-il ajouté auprès de l’AFP.En Allemagne, le sujet inquiète les supermarchés, dont Lidl et Aldi, qui considèrent qu’exclure des “termes familiers” permettant aux “consommateurs de faire un choix éclairé”, rendrait “beaucoup plus difficile pour les entreprises la vente de leurs produits”. Cela “affecterait particulièrement l’Allemagne” le plus large marché pour les alternatives végétales en Europe, assurent-ils.Ce dossier agite aussi les passions en France, où un décret proposant d’interdire ce type d’appellation avait été pris en 2024, pour apaiser la colère des agriculteurs. Il avait été annulé par le Conseil d’Etat fin janvier 2025, dans la foulée d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne.

Lecornu n’a donné “aucune assurance sur la réalité de la suspension” de la réforme des retraites, déplore Faure

Le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu n’a donné “aucune assurance sur la réalité de la suspension” de la réforme des retraites, évoquée par l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, a déploré mercredi le patron du PS Olivier Faure, à la sortie de Matignon.”Au moment où nous parlons, nous n’avons aucune assurance sur la réalité de cette suspension. Elle a été évoquée par la seule ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, auteure aussi de cette réforme. Mais personne à ce stade, ne garantit le fait que ce sera le cas”, a expliqué Olivier Faure à la presse après l’entretien entre Sébastien Lecornu et les socialistes. “Cette histoire peut être un leurre complet”, a-t-il mis en garde. “Nous avons aussi demandé à ce que ça ne soit pas simplement un gel de l’âge légal, mais aussi de l’accélération sur la durée de cotisation”, a ajouté le premier secrétaire du Parti socialiste.Il faisait référence au deuxième grand paramètre de la réforme Borne, à savoir la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein, sans décote.La réforme Borne accélérait en effet l’application de la réforme “Touraine” de 2014, qui a prévu de passer de 42 à 43 années de cotisation nécessaires pour pouvoir partir à la retraite à taux plein.Après son entretien avec les socialistes, Sébastien Lecornu a reçu les communistes qui ont réclamé eux aussi la suspension de la réforme des retraites et que son abrogation “soit soumise au vote des parlementaires une bonne fois pour toutes”, a expliqué le patron du PCF Fabien Roussel.Les consultations devaient ensuite se poursuivre avec les Ecologistes.

Arrivée de Shein au BHV: la Banque des territoires dénonce “une rupture de confiance” et renonce au rachat des murs

La Banque des territoires a annoncé mercredi avoir mis fin aux négociations entamées pour le rachat des murs du BHV avec son exploitant la Société des grands magasins (SGM), invoquant “une rupture de confiance” liée à l’annonce de l’implantation prochaine de la marque asiatique Shein au BHV.”Cette décision fait suite à l’annonce d’un partenariat conclu entre la SGM et Shein, entreprise dont le modèle ne correspond pas aux valeurs et à la doctrine d’action de la Banque des territoires”, a affirmé cette entité de la Caisse des dépôts dans un communiqué transmis à l’AFP.La Banque des territoires avait entamé des négociations le 4 juin avec la SGM “visant à la création d’une foncière commune pour le rachat des murs” de l’emblématique Bazar de l’Hôtel de Ville, qui sont détenus par les Galeries Lafayette et évalués à 300 millions d’euros selon le magazine Challenges qui suit de près l’enseigne.Le 1er octobre, Shein et la SGM ont dévoilé une alliance pour l’ouverture progressive de six magasins physiques et pérennes aux couleurs de la marque de mode ultra-éphémère à prix discount, dont l’un se situera au sein du BHV Marais, en plein cœur du Paris touristique. Shein doit ainsi s’installer au sixième étage de l’établissement ouvert en 1856. Jusqu’à présent, elle ne vendait ses produits qu’en ligne ou via des boutiques éphémères.Cette annonce par un acteur accusé par ses détracteurs de tuer le prêt-à-porter français a aussitôt suscité une levée de boucliers chez les commerçants et certains politiques.La Caisse des dépôts avait déjà dit au lendemain de l’annonce ne “pas cautionner” l’alliance entre Shein et la SGM.”La Banque des territoires a pris connaissance de ce partenariat par voie de presse, sans aucune information préalable, entrainant en conséquence une rupture de confiance entre les deux parties”, a expliqué l’organisme public dans son communiqué.

“Modifier la réforme des retraites” coûtera “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027”, selon Roland Lescure

Une suspension de la réforme des retraites, une concession possible pour convaincre les socialistes de trouver un compromis sur le budget, coûtera “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027″, a déclaré mercredi le ministre de l’Economie démissionnaire, Roland Lescure.”On a besoin qu’une majorité de l’Assemblée nationale se mette d’accord pour ne pas censurer un gouvernement et faire passer un budget. Il faut que tout le monde fasse des concessions”, a indiqué Roland Lescure sur France Inter.”Moi, je suis prêt à en faire, mais pas à n’importe quel prix”, a-t-il ajouté: “face à des plus, il va falloir des moins, et ça, c’est des choses qu’on va devoir négocier”.”On peut tous dire qu’on peut raser gratis. La réalité, c’est que le budget qui j’espère sera déposé, sera discuté et sera voté avant le 31 décembre, il va falloir qu’il soit équilibré” avec “des recettes en face ou des économies supplémentaires”, a-t-il souligné.Première figure du bloc central à évoquer la possibilité d’une évolution sur la réforme des retraites, la ministre démissionnaire Elisabeth Borne s’est dite mardi, dans une interview au Parisien, ouverte à une “suspension” de la très impopulaire réforme des retraites qu’elle avait fait adopter, sans vote, en 2023, jugeant que “la stabilité du pays était plus importante” qu’un éventuel “totem” sur les retraites et appelant à éviter une dissolution.Cette ouverture a été appréciée comme un “réveil” et “un chemin” par le PS et Place publique, “un signal positif” par la CFDT, la CGT appelant le président de la République Emmanuel Macron à “ne plus faire la sourde oreille”.Selon son entourage, le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a demandé il y a 15 jours au ministère de l’Économie une évaluation du coût de l’ensemble du projet de budget alternatif du Parti socialiste, où figure une suspension de la réforme des retraites. A la question de savoir si un Premier ministre de gauche lui poserait problème, le ministre a répondu: “Non. A une condition quand même, c’est qu’il puisse faire ce qu’on n’a pas réussi à faire depuis un an, c’est-à-dire à trouver une majorité capable de voter un budget”.”Bon courage à celle ou celui qui pourrait se retrouver dans cette position (de faire des concessions, NDLR). Et s’il est issu de la gauche et que ça fonctionne, bravo! Parce que quand vous êtes aux commandes (…), vous avez toute la charge sur les épaules”, a relevé Roland Lescure.Par ailleurs, alors que Sébastien Lecornu a défendu mercredi un déficit public “en dessous de 5%” du PIB dans le prochain budget, soit “entre 4,7 et 5% de manière définitive”, Roland Lescure a assuré que les prévisions de croissance (0,7%) et de déficit (5,4%) seraient tenues en 2025. “En 2025, on avait prévu une prévision de croissance, on y sera. On avait prévu un déficit public, on y sera”, a-t-il déclaré. 

La Bourse de Paris évolue en hausse en dépit de la crise politique

La Bourse de Paris évolue en terrain positif mercredi, dans un marché attentif aux évolutions de la crise politique que traverse le pays, le Premier ministre démissionnaire Sebastien Lecornu devant de nouveau prendre la parole en fin de journée.L’indice vedette CAC 40 avançait de 61,73 points (+0,77%) à 8.036,58 points vers 10H20. La veille, le CAC 40 a connu une séance atone (+0,04% à 7.974,85 points à la clôture), après avoir fortement reculé de 1,36% lundi dans le sillage de la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, quelques heures seulement après la nomination de son gouvernement.”Les investisseurs européens continuent pour l’instant d’ignorer toutes les nouvelles négatives ou les influences du marché. Ainsi, les développements politiques en France restent en arrière-plan”, commente Andreas Lipkow, analyste indépendant.Depuis dimanche soir, les rebondissements se succèdent dans un nouveau volet de la crise politique française, qui dure depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 décidée par le président Emmanuel Macron. Ce dernier a chargé le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, de tenter des négociations de la dernière chance pendant 48 heures, qui s’achèvent mercredi.Depuis Matignon vers 09H30, Sébastien Lecornu a annoncé l’existence d’une “volonté” des forces politiques du centre, de la droite et de Place publique, d’avoir un budget “avant le 31 décembre”, “une convergence évidemment qui éloigne les perspectives de dissolution”.Le Premier ministre démissionnaire a aussi affirmé que “la cible de déficit public doit être tenue en dessous de 5% du déficit” dans le prochain budget, soit “entre 4,7 et 5% de manière définitive”.Il n’a cependant pas abordé lors de cette allocution la question cruciale d’une éventuelle suspension de la réforme des retraites sur laquelle il était très attendu. Il a en revanche indiqué qu’il s’exprimerait en fin de journée après ses entretiens.Mardi soir, Sébastien Lecornu a “ouvert la porte” à une “suspension” de la réforme des retraites. Un “bougé” de taille tant le dossier divise la classe politique française depuis 2023 et a alimenté des manifestations massives.Mais la suspension de la réforme coûtera “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027″, a déclaré mercredi le ministre de l’Economie démissionnaire, Roland Lescure.”Difficile pour Emmanuel Macron de renoncer à une des rares réformes structurelles de son bilan, d’autant plus qu’un retour en arrière sur cette question pourrait (…) alimenter la défiance des marchés financiers”, note Michaël Nizard, directeur des Gestions multi-actifs de Rothschild AM. Sur le marché de la dette, le rendement de l’emprunt français à dix ans s’établissait à 3,53% vers 10H15, en baisse par rapport à la clôture la veille (à 3,57%). Son équivalent allemand, qui fait référence en Europe, était à 2,68%, après 2,71% mardi soir.L’écart entre les deux taux continuait d’osciller autour de 85 points de base (0,85%). En comparaison, avant la dissolution de l’Assemblée nationale, il se situait autour de 50 points de base.Les banques dans le vertLes banques évoluent en terrain positif mercredi après avoir reculé de 3,2% à 4,2% lundi dans le sillage de l’annonce de la démission surprise de Sébastien Lecornu.Vers 10H00, Société Générale prenait 2,59% à 54,68 euros, Crédit Agricole 1,81% à 16,60 euros, et BNP Parbibas 1,30% à 75,60 euros.En dépit de la crise politique, depuis le début de l’année, les banques françaises affichent de fortes progression en Bourse: Société Générale voit sont action s’envoler de plus de 100% depuis le 1er janvier, Crédit Agricole et BNP Paribas d’environ 25%.ArcelorMittal soutenu par des mesures européennesLa Commission européenne a dévoilé mardi des mesures sans précédent sur l’acier, dont le doublement des droits de douane sur les importations, afin de protéger les sidérurgistes face à une concurrence chinoise de plus en plus écrasante et jugée déloyale.A la cote parisienne, ArcelorMittal bondissait de 3,62% à 34,33 euros, s’arrogeant la plus forte progression sur le CAC 40.

Lecornu voit s’éloigner une dissolution, le PS attend la suspension de la réforme des retraites

Sébastien Lecornu a estimé mercredi que la perspective d’une nouvelle dissolution s’éloignait, grâce à une “volonté” des partis politiques de s’entendre sur un budget de compromis avant la fin de l’année, après avoir ouvert la porte la veille à une “suspension” de la réforme des retraites, qui pourrait s’avérer décisive pour les socialistes. Lors d’une prise de parole à Matignon, juste avant une ultime rencontre décisive avec le PS, le Premier ministre démissionnaire a souligné la “volonté” des forces politiques avec lesquelles il s’est entretenu d’avoir un budget “avant le 31 décembre”. “Une convergence évidemment, qui éloigne les perspectives de dissolution”, a-t-il résumé.Un peu plus tôt déjà, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet avait affirmé que la question d’une éventuelle dissolution n’avait pas été évoquée lors de son entretien la veille avec le président Emmanuel Macron alors que la consultation préalable de la présidente de l’Assemblée est obligatoire avant une telle décision. Lors de son allocution, le Premier ministre démissionnaire n’a pas abordé la question d’une suspension de la réforme des retraites, sur laquelle il était pourtant très attendu. Il a simplement indiqué qu’il s’exprimerait à nouveau dans la soirée, au terme de la mission que lui a confié Emmanuel Macron de mener “d’ultimes négociations” après la démission de son gouvernement lundi. Ce sera au journal de 20H de France 2.- “Gêne” -C’est Elisabeth Borne, aujourd’hui ministre démissionnaire de l’Éducation, qui a pris en charge l’annonce mardi d’une concession majeure sur la réforme qu’elle avait elle-même portée en 2023. Sa suspension peut être envisagée “si c’est la condition de la stabilité du pays”, a-t-elle dit.Le patron des socialistes Olivier Faure a assuré mercredi matin qu’il allait à Matignon “vérifier” que cette annonce ne soit pas “un écran de fumée”. Il s’est notamment inquiété des propos du ministre démissionnaire des Finances Roland Lescure, qui a rappelé qu’une telle suspension coûterait “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027”. En sortant de Matignon mardi soir, Raphaël Glucksmann s’était félicité que cette revendication qui “était impossible il y a quelques jours, aujourd’hui devien(ne) possible”, semblant en avoir reçu confirmation dans le bureau du Premier ministre. “Le Premier ministre est libre, son seul mandat, c’est d’identifier une plateforme d’action et de stabilité”, a assuré mercredi l’entourage d’Emmanuel Macron, laissant entendre que le président n’avait pas été prévenu de la prise de position d’Elisabeth Borne.Mais une perspective critiquée au sein de la Macronie, notamment par Yaël Braun-Pivet qui a exprimé sa “gêne” de voir son camp “renoncer aux grandes réformes que nous avons faites”. Elle a plaidé pour “un deal global” sur le budget, plutôt que de “lâcher des trucs comme ça, quelque chose tous les jours”. – “Logique d’entente” -Dans l’immédiat, la délégation socialiste était reçue par Sébastien Lecornu. Il devrait y être question de fond, mais aussi de casting: le patron du parti à la rose juge en effet que “le temps est venu de passer à la gauche”, après avoir essayé en vain “trois Premiers ministres de droite successifs”.Une exigence partagée avec les Écologistes, qui suivront à 12H15, et les communistes, également conviés à 11h15.Mais l’idée hérisse la droite, à commencer par le président des Républicains, Bruno Retailleau, qui ne retournera “certainement pas dans un gouvernement dirigé par un homme de gauche”, ni d’ailleurs “par un macroniste” et réclame un chef d’équipe “qui ne soit pas proche” du chef de l’Etat.Visé par cet oukaze, Sébastien Lecornu a répliqué en faisant savoir au chef des députés LR, Laurent Wauquiez, que sans “logique d’entente” entre leurs camps, le choix se réduirait à un Premier ministre de gauche ou une nouvelle dissolution.Cette dernière option est toujours réclamée à cor et à cri par le Rassemblement national, qui a décliné l’invitation à Matignon et se projette déjà vers des législatives anticipées. En pré-campagne, la patronne du parti à la flamme Marine Le Pen s’affichera loin des tractations parisiennes, au Sommet de l’élevage de Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme).Pas de rendez-vous non plus pour La France insoumise, qui estime avoir mieux à faire à l’Assemblée nationale, où sa motion de destitution d’Emmanuel Macron, soumise au Bureau de l’institution, a été jugée irrecevable. Manière de faire encore monter la pression sur le chef de l’Etat, lâché par certains de ses alliés comme son ancien Premier ministre Edouard Philippe qui l’appelle carrément à démissionner de manière “ordonnée” et “digne” d’ici quelques mois, “une fois le budget adopté”.

Les Bourses européennes orientées en légère hausse à l’ouverture

Les Bourses européennes ont ouvert en légère hausse mercredi, l’attention restant sur la France, engluée dans une crise politique historique et dont le Premier ministre démissionnaire Sebastien Lecornu tente d’ultimes négociations.Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris était en légère hausse de 0,22%, Londres de 0,33%, tandis que Francfort restait stable (-0,04%).

A Simandou, la Guinée s’apprête à exploiter son trésor de fer

Aux pieds des monts de la chaîne du Simandou, dans les plaines luxuriantes de la Guinée forestière, des milliers de camions, ouvriers et excavateurs ont commencé à dévorer la montagne et son manteau de verdure tropicale.Un projet minier titanesque promet d’y propulser ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest au rang des plus grands exportateurs de fer mondiaux, suscitant l’espoir de faire décoller l’économie du pays mais aussi l’inquiétude des populations locales quant à l’impact environnemental et social du projet.Dans quelques semaines, la Guinée exportera ses premières cargaisons de minerai de fer, lançant officiellement la production, plusieurs décennies après la découverte de ces gisements dans le sud-est du pays.”Il n’y a pas si longtemps, tout ceci était de la forêt vierge”, souligne Chris Aitchison, directeur général de SimFer, un des exploitants du site, en saluant l’accomplissement d’une “tâche monumentale” à tous les niveaux.Pour désenclaver cette région située à des centaines de kilomètres des côtes atlantiques, il aura fallu 18,5 milliards d’euros d’investissements des partenaires industriels, la construction de plus de 650 kilomètres de voies ferrées et d’un port.- Défi logistique -Un défi logistique considérable à la hauteur des gains espérés de ces gisements renfermant plusieurs milliards de tonnes de minerai d’une rare qualité.Le prix du minerai de fer, qui sert à fabriquer l’acier, a explosé depuis le début des années 2000, dopé par la fièvre de construction chinoise.Depuis la confirmation des gisements par le géant minier anglo-australien Rio Tinto au milieu des années 90, l’histoire de Simandou est jalonnée de batailles judiciaires, sur fonds de valses politiques et d’affaires de corruption.La junte du général Mamadi Doumbouya, arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 2021, se targue d’avoir donné le dernier coup d’accélérateur pour que le projet devienne enfin réalité.Sur les quatre gisements miniers de Simandou, deux seront exploités par le consortium sino-singapourien Winning Consortium Simandou (WCS) et les deux autres par SimFer, un consortium détenu par Rio Tinto et le géant chinois Chinalco.Une équipe de l’AFP a eu accès à la mine de SimFer, à l’extrémité sud de la chaîne du Simandou, quelques semaines avant le lancement de la production prévue le 11 novembre.Sur les flancs du Mont Ouéléba, culminant à 1.300 mètres d’altitude, les excavateurs ont commencé à dévorer la montagne et des piles du minerai noir sont déjà prêts à être exportés. – Gigantesque site -Des milliers de personnes travaillent jour et nuit sur le gigantesque site de la mine, long de 55 kilomètres.Il faudra encore deux ans et demi de travaux pour achever les infrastructures et atteindre l’objectif de rythme de production annuelle de 60 millions de tonnes extraites sur le site.Un gigantesque convoyeur en construction permettra d’acheminer le minerai aux pieds de la montagne, où il sera chargé sur des trains qui rejoindront la côte.L’entreprise SimFer assure qu’elle fait tout pour limiter les impacts environnementaux et sur les populations locales, en conformité avec les standards internationaux.Elle souligne qu’elle formera sur place ces trois prochaines années 225 étudiants de la région à des métiers techniques qualifiés, qu’une banque de graines collecte des échantillons de la flore locale pour la restaurer, et qu’elle réhabilite les terres exploitées au fur et à mesure.Simfer dit également avoir dépensé plusieurs centaines de millions de dollars pour déplacer ses activités sur le flanc Est de la montagne dans le but de préserver une population de chimpanzés vivant près de la mine.Toutefois, un rapport de l’organisme Advocates for Community Alternatives (ACA) a de son côté démontré, analyses à l’appui, que des sols et des cours d’eau ont été pollués près des mines de SimFer et Winning, du port, et le long du chemin de fer.- Pollution de l’eau -Principale source de pollution, le ruissellement dans les cours d’eau alentours de la terre mise au jour par la construction du site. “C’est un gros problème pour nous”, admet Chris Aitchison de SimFer. “Nous construisons des systèmes pour contenir les sédiments”, souligne-t-il. Après 36 heures de train depuis Simandou, le minerai sera exporté par le complexe portuaire de Morébaya. Situés à l’embouchure d’un fleuve, les deux terminaux de SimFer et de Winning exporteront 120 millions de tonnes de minerai par an quand la production battra son plein.Le paysage montagneux a fait place aux palmiers de l’estuaire et aux bâtiments flambants neufs du terminal portuaire de SimFer: des milliers d’ouvriers s’affairent sur le site dont la construction doit s’achever en septembre 2026.- Mode de vie menacé -A quelques kilomètres de l’effervescence du port, le village de Touguiyiré, dans la préfecture de Forécariah, offre un tout autre spectacle, loin des promesses de prospérité économique. Sur les rivages des eaux calmes du fleuve, une pirogue revient de la pêche. Le butin est maigre. Quelques femmes trient les petits poissons sur le débarcadère tandis que les hommes recousent les filets.Depuis l’arrivée des bateaux de dragage travaillant à relier le port aux terminaux d’export en haute mer, les poissons ont disparu, et avec eux tout un mode de vie.”Avant, les pirogues revenaient avec 10 bassines de poissons. Maintenant, elles reviennent avec seulement deux”, se lamente Aissata Cissé, une vendeuse de 54 ans. Les pêcheurs doivent désormais s’aventurer en haute mer, avec des pirogues pas toujours adaptées. Selon Bissiry Camara, un représentant local, trois des leurs y sont récemment morts.Autrefois, ce petit village comptait une soixantaine de pirogues et ses quelques 3.000 habitants vivaient d’une pêche abondante. Seuls trois bateaux fonctionnent encore, selon les pêcheurs.Pour compenser ces pertes, Winning et Simfer ont distribué aux habitants de la nourriture et du matériel pour aller pêcher en haute mer, comme des moteurs.Mais faute de revenus pérennes, les pêcheurs n’ont plus les moyens d’entretenir leurs pirogues et celles-ci restent échouées sur le rivage. “La vie de ces pêcheurs est totalement menacée”, déplore Alkaly Bangoura, membre d’un comité de suivi des impacts du projet Simandou dans la préfecture de Forécariah. Il lance, désabusé: “On espérait un avenir meilleur avec Simandou, mais maintenant c’est la désillusion”.- Espoir économique -Les autorités promettent pourtant que la mine va faire décoller l’économie du pays.Les rues de Conakry sont tapissées d’une myriade de panneaux vantant le rêve Simandou, largement mis en avant par la junte lors de la dernière campagne référendaire.L’Etat, qui détient 15% des parts de la ligne de chemin de fer, compte sur cette dernière pour désenclaver des zones entières et développer l’agriculture de régions très fertiles.”Une nouvelle économie va émerger”, promet le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah, interrogé par l’AFP, en soulignant qu’elle “devra être diversifiée pour nous permettre de sortir de cette logique des pays exportateurs bruts”.Jusqu’ici, malgré la grande richesse du sous-sol guinéen, notamment avec la bauxite qui sert à fabriquer l’aluminium, les populations ne bénéficient que très peu des retombées de l’industrie minière, et l’économie nationale peine à décoller.- Opacité de l’accord -“Il y a déjà eu d’autres projets miniers qui ont suscité beaucoup d’espoir (…) mais avec des résultats très limités”, rappelle Oumar Totiya Barry, directeur exécutif de l’Observatoire Guinéen des Mines et Métaux, un organisme indépendant.Le chercheur doute notamment du potentiel de désenclavement du projet Simandou, soulignant que sa ligne de chemin de fer “passe très loin de toutes les grandes villes de la Guinée”.Quant au contenu de l’accord négocié entre les industriels et l’Etat guinéen en 2022, il reste opaque, en dépit de l’obligation par le code minier guinéen de publier ces contrats.Traditionnellement, des réductions fiscales sont accordées aux miniers en échange des larges sommes investies. Mais ni l’Etat, ni SimFer, ni Winning, sollicités par l’AFP, n’ont voulu s’exprimer sur ce point.Le Premier ministre promet toutefois la transparence, assurant qu’une fois que la production aura démarré, “il n’y a pas de raison que les choses ne soient pas mises à la disposition du public”.

Lecornu abat la carte retraites avant sa négociation de la dernière chance avec le PS

Sébastien Lecornu joue son va-tout dans le “money time”: avant de recevoir les socialistes à Matignon, le Premier ministre démissionnaire a ouvert la porte à une “suspension” de la réforme des retraites, pour arracher un accord d’ici mercredi soir comme demandé par Emmanuel Macron.Une retraite tactique pour éviter la débâcle. Chargé de mener “d’ultimes négociations” aux airs de mission impossible pour sortir de la crise politique, M. Lecornu a fini par abattre sa carte maîtresse mardi soir, au terme d’une intense journée de tractations.C’est sa prédécesseure Elisabeth Borne, aujourd’hui ministre démissionnaire de l’Education, qui l’a annoncé au Parisien. Quel meilleur symbole que celle qui avait fait adopter la très décriée réforme de 2023, pour concéder sa suspension “si c’est la condition de la stabilité du pays”.Presque en même temps, Raphaël Glucksmann se félicitait à la sortie de Matignon que cette revendication qui “était impossible il y a quelques jours, aujourd’hui devien(ne) possible”.Mais à l’issue de son entretien avec M. Lecornu, le leader social-démocrate du parti Place publique n’était pas en mesure de dire “si ce qu’on nous a proposé dans ce bureau est de nature à éviter la dissolution”.Tout dépend désormais de la réaction du Parti socialiste, dont les dirigeants seront à leur tour reçus à 10H00. Cueilli à chaud au 20H de France 2 mardi, Olivier Faure s’est contenté de saluer “un réveil positif” bien que “tardif” sur les retraites, tout en soulignant qu’il entendait également “avancer sur toute une série de sujets”.Il sera donc question de fond, mais aussi de casting: le patron du parti à la rose juge en effet que “le temps est venu de passer à la gauche”, après avoir essayé en vain “trois Premiers ministres de droite successifs”.Une exigence partagée avec les Ecologistes, qui suivront à 12H15, et les communistes, également conviés – à un horaire non précisé.- Quelques heures pour trancher -Mais l’idée hérisse la droite, à commencer par le président des Républicains, Bruno Retailleau, qui ne retournera “certainement pas dans un gouvernement dirigé par un homme de gauche”, ni d’ailleurs “par un macroniste” et réclame un chef d’équipe “qui ne soit pas proche” du chef de l’Etat.Visé par cet oukaze, Sébastien Lecornu a répliqué en faisant savoir au chef des députés LR, Laurent Wauquiez, que sans “logique d’entente” entre leurs camps, le choix se réduirait à un Premier ministre de gauche ou une nouvelle dissolution.Cette dernière option est toujours réclamée à cor et à cri par le Rassemblement national, qui a décliné l’invitation à Matignon et se projette déjà vers des législatives anticipées. En pré-campagne, la patronne du parti à la flamme Marine Le Pen s’affichera loin des tractations parisiennes, au Sommet de l’élevage de Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme).Pas de rendez-vous non plus pour La France insoumise, qui estime avoir mieux à faire à l’Assemblée nationale, où sa motion de destitution d’Emmanuel Macron sera soumise au nouveau bureau de l’institution. Une première étape dite de “recevabilité” qui devrait être franchie grâce à l’abstention du RN.Manière de faire encore monter la pression sur le chef de l’Etat, lâché par certains de ses alliés comme son ancien Premier ministre Edouard Philippe qui l’appelle carrément à démissionner de manière “ordonnée” et “digne” d’ici quelques mois, “une fois le budget adopté”.Sans aller aussi loin, son successeur Gabriel Attal a critiqué “une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, de la part de ce président dont il “ne comprend plus les décisions”.Seul à pouvoir dénouer la crise qu’il incarne, M. Macron n’a plus que quelques heures pour trancher. M. Lecornu lui “fera état du résultat de ses consultations”, indique-t-on au Palais. Ensuite, le président de la République “prendra ses responsabilités” et “parlera pour annoncer ses décisions”. Cette fois, l’échec n’est plus permis.

Tesla lance des versions meilleur marché des Model 3 et Model Y, Wall Street déçue

Le constructeur automobile américain Tesla, spécialiste des véhicules électriques, a annoncé mardi la commercialisation de versions moins chères de ses voitures populaires Model 3 et Model Y dans un contexte de concurrence croissante et après la suppression aux Etats-Unis d’une subvention.”La Model Y Standard et la Model 3 Standard sont là”, a indiqué le groupe dans une salve de messages sur son compte X, postant deux liens renvoyant vers les pages internet respectives de ses “véhicules les plus abordables”.Ils coûtent moins de 40.000 dollars, mais un nouveau modèle au prix de 25.000 à 30.000 dollars était plutôt escompté par les experts. Le dernier véhicule grand public du constructeur est sorti en 2020.L’action Tesla, qui avait gagné jusqu’à plus de 5% lundi à la Bourse de New York après des messages mystérieux postés la veille sur X, a plongé lorsque le voile a finalement été levé, clôturant mardi la séance à -4,45%.Selon le site internet du groupe, la Model 3 est désormais disponible à partir de 36.990 dollars, alors que la version la moins chère coûtait auparavant 42.490 dollars. Pour la Model Y, l’option la moins chère ressort à 39.990 dollars, contre 44.990 pour la suivante.Selon une simulation de l’AFP, leur livraison aux Etats-Unis devrait commencer en novembre. Aucune indication n’a été donnée concernant l’international.Les prix n’incluent pas un forfait de 8.000 dollars pour bénéficier de l’option conduite autonome (FSD), dont la première mise à jour importante depuis de longs mois a été lancée mardi matin.- Avec IA -“Prix super bas pour être propriétaire, conçu pour la sécurité et équipé des meilleurs équipements de Tesla que vous appréciez”, a précisé le groupe d’Austin (Texas), listant certaines caractéristiques: 500 km d’autonomie, assistant d’intelligence artificielle Grok intégré, sièges avant chauffés, etc.Mais la Model 3 Standard ne compte, par exemple, que cinq haut-parleurs contre quinze pour les autres versions, ses sièges ne sont pas intégralement en cuir, sa gamme de couleurs (extérieur et intérieur) est réduite, les écrans tactiles pour les passagers ont disparu, ses rétroviseurs sont manuels et son autonomie est inférieure, d’après les descriptifs du site.Différences similaires pour la Model Y, mais la version Standard dispose d’un toit en verre réduit tandis qu’il est panoramique pour les autres.”Ce rafraichissement (de la gamme) est un pas dans la bonne direction pour Tesla, bien que ces catégories de prix soient supérieures à ce que certains espéraient”, a réagi Dan Ives, analyste de Wedbush.Selon lui, cela devrait néanmoins “servir de catalyseur pour une hausse de la demande en 2026”.Pour Garrett Nelson, analyste de CFRA Research, “une Model Y moins chère ne peut être néfaste du point de vue des volumes de vente, mais nous considérons que cette annonce constitue une déception pour les investisseurs qui espèrent désespérément de nouveaux modèles”.Après les messages dominicaux, certains avaient émis l’hypothèse que Tesla allait plutôt lancer la commercialisation de son roadster (modèle sportif), présenté en décembre 2017 et qui devait entrer en circulation à l’origine fin 2024.Le groupe souffre de la concurrence accrue des constructeurs traditionnels et de nouveaux entrants, en particulier des groupes chinois comme BYD qui lui dispute la première place mondiale.Le groupe chinois a vendu 1,76 million de véhicules tout électrique en 2024 (+12% sur un an), non loin du 1,79 million de Tesla (-1%).Sur les neuf premiers mois de 2025, d’après leurs sites respectifs, BYD a vendu 1,58 million de véhicules tout électrique et Tesla 1,22 million, dont 1,18 million de Model 3/Y.Par ailleurs, la suppression fin septembre d’une aide américaine de 7.500 dollars pour l’achat d’un véhicule électrique a stimulé les ventes de Tesla au troisième trimestre, mais devrait les freiner dans les prochains mois.