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Attachez vos ceintures: comment le changement climatique augmente les turbulences

Pour certains voyageurs, les turbulences aériennes sont un mauvais moment à passer. Mais dans un monde qui se réchauffe sous l’effet du changement climatique, la fréquence de ces dernières devrait augmenter, selon plusieurs experts. Selon des données officielles, les turbulences sont la principale cause d’accidents en plein vol liés à la météo, même si les chiffres restent relativement faibles. Entre 2009 et 2024, 207 personnes ont été blessées lors de voyages aériens chahutés. Par exemple, en 2024, 40 personnes à bord d’un vol Air Europa ont été blessées en raison de turbulences, et un individu âgé est décédé dans un vol Singapore Airlines. “Généralement, les passagers blessés sont ceux qui ne portent pas leur ceinture de sécurité ou le personnel navigant”, explique John Abraham, professeur de mécanique à l’université St. Thomas. “Les avions modernes résistent aux turbulences, le principal risque est donc de blesser les passagers, et non de perdre l’avion”. Néanmoins, les avions doivent être inspectés après avoir subi des turbulences “sévères” qui se produisent environ 5.000 fois par an au-dessus des Etats-Unis, selon Robert Sharman, du Centre national de recherche atmosphérique.- 60 à 155% d’augmentation -Selon Mohamed Foudad, de l’université de Reading, il existe trois types de turbulences: les turbulences convectives, les ondes orographiques et les turbulences en air clair.Les turbulences convectives sont liées aux courants provenant des nuages et des orages, qui peuvent être détectés visuellement ou par radar, tandis que les ondes orographiques ont lieu au-dessus des chaînes de montagnes. Les turbulences en air clair, en revanche, sont invisibles, et donc plus dangereuses.Elles proviennent, la plupart du temps, de vents d’ouest rapides présents en haute atmosphère, à la même altitude que les avions commerciaux (10 à 12 kilomètres de haut). Le réchauffement climatique augmente la vitesse et le cisaillement de ces vents d’ouest, des changements brusques dans les courants d’air verticaux – les fameux trous d’air. Tout ceci déclenche les turbulences en air clair. L’année dernière, Mohamed Foudad et ses collègues ont publié un article dans le Journal of Geophysical Research, analysant des données sur les turbulences de 1980 à 2021. “Nous constatons une claire augmentation de la fréquence des turbulences dans de nombreuses régions, notamment en Atlantique Nord, Amérique du Nord, en Asie de l’Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord”, a-t-il déclaré à l’AFP, avec des augmentations allant de 60 à 155%.Une autre analyse approfondie a attribué cette augmentation dans certaines régions à la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Une étude publiée en 2023 par l’université de Reading a révélé que pour chaque degré Celsius de réchauffement de la surface, les hivers connaissaient une augmentation d’environ 9% de turbulences en air clair modérées dans l’Atlantique Nord et les étés, une augmentation de 14%.- Plus d’orages -L’hiver a toujours été la saison la plus difficile en termes de turbulences, mais le réchauffement climatique amplifie désormais les turbulences en air clair en été et en automne, comblant ainsi l’écart.Les vents d’ouest ne sont pas les seuls à subir les effets du changement climatique, qui contribue à l’amplification des orages. “Le changement climatique pourrait également augmenter la fréquence et la gravité des orages dans les scénarios futurs, et les turbulences rencontrées à proximité des orages constituent un facteur majeur dans les accidents liés aux turbulences”, selon Robert Sharman.Mohamed Foudad travaille quant à lui sur l’optimisation des itinéraires de vol afin d’éviter les zones de turbulences et l’amélioration de la précision des prévisions. Certaines compagnies aériennes s’orientent vers des stratégies impliquant une utilisation accrue des ceintures de sécurité, par exemple en mettant fin plus tôt au service en cabine.Des technologies prometteuses sont également en cours de test, selon M. Sharman, notamment un radar qui émet des faisceaux laser dans l’atmosphère afin de détecter les changements subtils de densité de l’air et de vitesse du vent.Et la réduction des émissions de gaz à effet de serre est également essentielle. L’aviation est responsable d’environ 3,5% du réchauffement climatique causé par l’homme. Les compagnies aériennes explorent des carburants plus propres, mais les progrès ont été “décevants”, selon l’Association internationale du transport aérien.

Meta va dépenser plus de 10 milliards de dollars chez Google en services de cloud

Meta (Facebook, Instagram) a signé un contrat avec Google Cloud de plus de 10 milliards de dollars pour utiliser ses serveurs et d’autres services d’informatique à distance, d’après une source proche du dossier.L’information a initialement été révélée par The Information, média spécialisé dans le secteur des technologies.Le contrat, qui s’étend sur six ans, est l’un des plus gros jamais obtenu par la branche de cloud de Google depuis sa création il y a 17 ans.Mi-juillet, le patron de Meta Mark Zuckerberg a fait part de sa volonté d’investir des “centaines de milliards de dollars” dans des infrastructures d’intelligence artificielle, en vue de parvenir à son objectif affiché: construire une IA plus intelligente que les humains.Les géants des technologies dépensent des sommes colossales pour améliorer leurs modèles d’IA générative, qui nécessitent d’énormes puissance de calcul, et donc des puces informatiques de pointe et beaucoup d’énergie.Meta compte donc faire construire des réseaux informatiques de plusieurs gigawatts, mais ne peut pas se permettre de prendre plus de retard qu’il n’en a déjà sur les leaders du secteur, notamment OpenAI (ChatGPT) et Google. Le groupe californien a aussi débauché des employés d’OpenAI, Google et Anthropic à coup de primes conséquentes.Mark Zuckerberg veut constituer “l’équipe la plus élitiste et la plus dense en talents de toute l’industrie”, qui disposerait “d’un niveau de puissance de calcul sans équivalent dans le secteur”, selon ses propos.Meta n’a pas réagi à une sollicitation de l’AFP jeudi.Google Cloud, numéro trois de l’informatique à distance derrière AWS (Amazon) et Microsoft, a vu ses ventes bondir de 32% au deuxième trimestre, pour dépasser les 13 milliards de dollars.”Quasiment toutes les licornes (start-up valorisées à au moins un milliard de dollars, ndlr) de l’IA générative utilisent Google Cloud”, s’est félicité la patron de la firme californienne Sundar Pichai, lors de la conférence aux analystes fin juillet.OpenAI, pourtant partenaire privilégié de Microsoft dans l’IA, a aussi signé un contrat avec Google Cloud récemment.

Entre assurance aux marchés et pressions de Trump, le président de la Fed sur un fil à Jackson Hole

Donner des perspectives aux marchés tout en se montrant insensible à la pression grandissante venant de Donald Trump, telle est la ligne de crête sur laquelle doit marcher vendredi le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’un discours très attendu.Si le président de la Réserve fédérale (Fed), qui doit s’exprimer aux rencontres de Jackson Hole, dans le Wyoming, ne s’engage jamais fermement sur une tendance, une de ses missions consiste à gérer les attentes des marchés, en indiquant dans quelle direction les prochaines décisions de la banque centrale pourraient aller.Et en l’espèce, la possibilité d’une baisse des taux lors de la réunion prévue mi-septembre, après avoir maintenu les taux inchangés depuis celle de décembre, est largement attendue par les analystes, si l’on en croit l’outil de veille de CME, FedWatch.Pourtant, jusqu’ici, ni la conférence de presse de M. Powell à l’issue de la réunion de fin juillet ni les “minutes” de la Fed publiées mercredi n’ont offert la moindre indication en ce sens.”Je trouve très surprenant que les marchés aient une telle confiance” dans une baisse des taux à venir, a remarqué Tim Urbanowicz, analyste pour Innovator Capital Management, interrogé par l’AFP.”Je pense que cela tient avant tout au fait que (Donald) Trump a répété vouloir que la Fed baisse ses taux. Il met une telle pression sur Powell!”Avant même son retour à la Maison Blanche, le président américain a en effet considéré que les taux de la Fed, actuellement dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, étaient trop élevés.Une conviction qui s’est renforcée ces derniers mois, durant lesquels Donald Trump a demandé que la Fed baisse ses taux de trois points de pourcentage, estimant que M. Powell, qu’il surnomme “Trop lent”, ne faisait pas ce qu’il fallait.A ses yeux, une baisse des taux permettrait de venir en soutien de sa politique économique, droits de douane et baisse d’impôts pour les plus riches notamment, en augmentant l’accès à l’emprunt.”Quelqu’un pourrait dire à +Trop lent+ Powell qu’il abîme le secteur de la construction? Les gens n’ont plus accès aux prêts immobiliers, tout pointe vers la nécessité d’une importante baisse des taux. +Trop lent+ catastrophe”, a de nouveau écrit mardi soir Donald Trump, sur son compte Truth Social.- Dernier discours pour Powell -Sans succès cependant jusqu’ici: malgré les attaques de plus en plus virulentes, Jerome Powell s’est montré imperturbable, répétant à chaque fois que les décisions de l’institution devaient être avant tout basées sur les données économiques.Mais des divisions sont apparues fin juillet entre les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), alors que deux voix se sont prononcées en faveur d’une baisse des taux.Pour Michelle Bowman et Christopher Waller, tous deux nommés, comme Jerome Powell, par Donald Trump durant son premier mandat, l’impact des droits de douane sur les prix est transitoire alors que l’économie ralentit et le risque de dégradation du marché de l’emploi s’est renforcé.Or la Fed a une double mission, d’égale importance: maintenir l’inflation sur le long terme au plus proche de son objectif de 2% et une économie en plein emploi.Dans ce contexte, le discours d’ouverture des réunions de Jackson Hole par M. Powell, le dernier avant qu’il ne quitte la présidence de la Fed en mai prochain, sera particulièrement suivi.Les analystes vont en particulier chercher toute indication montrant que la balance des risques, entre inflation et chômage, évolue pour l’institution, ce qui serait un signe d’une redirection possible de la politique monétaire.Les derniers mois à la tête de l’institution promettent de s’avérer compliqués pour M. Powell, alors que Donald Trump renforce son contrôle sur l’institution.Il a déjà nommé au Comité de politique monétaire de la Fed l’un de ses plus proches conseillers économiques, Stephen Miran, qui doit encore être confirmé par le Sénat, après la démission d’une autre responsable de la Fed, Adriana Kugler.Et il s’en est pris mercredi à une autre responsable, Lisa Cook, la première femme afro-américaine à être nommée au prestigieux poste de gouverneure (en 2022 par Joe Biden), appelant à sa démission après qu’un proche du président a accusé cette dernière de falsification de documents en vue d’un prêt immobilier.En ligne de mire, le choix du successeur de Jerome Powell, pour lequel d’autres proches de Donald Trump, notamment son principal conseiller économique Kevin Hassett, sont régulièrement cités.

Des “centaines de milliers” de données de clients d’Auchan ont été piratées

L’enseigne de grande distribution Auchan a annoncé jeudi avoir été victime “d’un acte de cyber malveillance” ayant causé le vol de données des comptes de fidélité de “quelques centaines de milliers” de ses clients.Les données piratées comprennent le “nom, prénom, adresses email et postale, numéro de téléphone, numéro de carte de fidélité” des clients affectés, a signalé le groupe dans un communiqué, tout en assurant que “l’incident a été circonscrit”.”Les données bancaires, mot de passe et code pin des cartes de fidélité” ainsi que les “montants des cagnottes” des clients ne sont pas concernés, a assuré Auchan, ajoutant qu’il avertissait l’ensemble des personnes concernées et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).”Quelques centaines de milliers” de clients d’Auchan sont concernés, a précisé à l’AFP une porte-parole du groupe. L’enseigne nordiste avait déjà été victime d’une attaque similaire en novembre 2024.Ce groupe phare de l’empire Mulliez, qui a annoncé fin 2024 un grand plan de restructuration avec près de 2.400 suppressions de postes, a invité ses clients à “rester vigilants” face aux risques de sécurité liés à l’hameçonnage, c’est-à-dire des SMS ou courriels frauduleux destinés à tromper des personnes pour les inciter à transmettre des données personnelles ou bancaires.L’année 2025 a été marquée par plusieurs attaques informatiques d’ampleur en France. Début août, plus de six millions de comptes clients de Bouygues Telecom ont été affectés par une cyberattaque ayant conduit à la fuite de données, y compris des coordonnées bancaires.

Wall Street termine en baisse, retient son souffle avant Jackson Hole

La Bourse de New York a clôturé dans le rouge jeudi, toujours plombée par la faiblesse de la tech, les investisseurs se montrant aussi particulièrement prudents avant la prise de parole du président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell à Jackson Hole.Le Dow Jones et l’indice Nasdaq ont tous les deux perdu 0,34% tandis que l’indice élargi S&P 500 a lâché 0,40%.”Il n’y pas vraiment de conviction sur le marché aujourd’hui”, résume auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com. “Tout le monde est un peu sur le qui-vive, attendant de voir ce que M. Powell va dire demain”, ajoute l’analyste.Le président de la Fed doit prendre la parole vendredi à 14H00 GMT à l’occasion du colloque de Jackson Hole (Wyoming), qui réunit de nombreux banquiers centraux.Les investisseurs seront à l’affût d’indices pouvant les renseigner sur la trajectoire monétaire privilégiée par l’institution américaine.La part d’opérateurs privilégiant une baisse de taux à l’issue de la prochaine réunion de la Fed en septembre a quelque peu baissé depuis mercredi, d’après l’outil de veille de CME, FedWatch, mais reste majoritaire.”Il y a peut-être eu une légère remise en question quant à la certitude d’une baisse des taux”, en particulier après “certaines déclarations de responsables de la Fed”, juge Patrick O’Hare.Jeudi, la présidente de la Fed de Cleveland, Beth Hammack, a souligné auprès de Yahoo Finance la persistance de l’inflation aux Etats-Unis, assurant que si la réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine “avait lieu demain, (elle) ne verrai(t) pas de raison de réduire les taux d’intérêt”.Côté indicateurs, l’activité du secteur privé a progressé en août aux Etats-Unis à son rythme le plus élevé depuis décembre et les ventes de logements anciens aux Etats-Unis sont reparties à la hausse au mois de juillet.En revanche, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté à 235.000, là où les analystes tablaient sur une stabilisation à 225.000 demandes.Ces chiffres “laissent entrevoir un nouvel affaiblissement du marché du travail”, selon Nancy Vanden Houten, d’Oxford Economics, qui prévient toutefois que “des facteurs saisonniers ont pu influencer” cette hausse.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à dix ans se tendait à 4,33% vers 20H10 GMT contre 4,30% à la clôture mercredi.Côté entreprises, les investisseurs observent toujours “une relative faiblesse des actions à très forte capitalisation”, notamment dans le secteur technologique, selon M. O’Hare.”Beaucoup d’entre elles ont connu des hausses spectaculaires et sont actuellement en recul, les investisseurs réalisant des prises de bénéfices”, ajoute l’expert.Apple a par exemple lâché 0,49% à 224,90 dollars, Nvidia a perdu 0,24% à 174,98 dollars et Meta (Facebook, Instagram) a reculé de 1,15% à 739,10 dollars.La chaîne américaine d’hypermarchés Walmart a relevé une partie de ses prévisions pour son exercice fiscal décalé 2026 après une hausse de près de 5% de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre. Mais l’enseigne a été boudée (-4,50% à 97,95 dollars) à cause de son bénéfice net par action à données comparables inférieur aux attentes, à 68 cents.Le constructeur aéronautique américain Boeing a terminé dans le rouge (-0,51% à 224,46 dollars). Le titre avait progressé en début de séance après des informations de presse selon lesquelles le groupe était en discussions avec les autorités chinoises au sujet d’une commande pouvant atteindre jusqu’à 500 avions.

Droits de douane américains: voitures à 15%, pas d’exemptions pour le vin européen

Les voitures et produits pharmaceutiques européens seront taxés à 15% à leur entrée aux Etats-Unis, selon un communiqué commun publié jeudi par l’UE et l’administration Trump qui ne prévoit aucune exemption pour les vins et spiritueux.”Malheureusement, nous n’avons pas réussi à ce que ce secteur” soit inclus dans les exemptions, a déclaré depuis Bruxelles le commissaire européen Maros Sefcovic, au grand regret de la filière.Le responsable européen a ajouté que les discussions se poursuivraient et que “ces portes n’étaient pas fermées pour toujours”, tout en affirmant ne pas vouloir faire de “fausses promesses” pour le secteur.”Je ne veux pas dire que cela sera facile, ou que ça aura lieu la semaine prochaine”, a affirmé celui qui est chargé de négocier cet accord avec l’administration Trump, au nom des 27 Etats membres de l’UE.Cette exemption aux droits de douane de 15% pour les vins et spiritueux était vivement réclamée en particulier en France et en Italie.Le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, s’est d’ailleurs engagé à travailler à des “exemptions additionnelles” pour le secteur. “L’histoire n’est pas finie”, a-t-il assuré.”La situation ne peut en rester là”, a renchéri la ministre française de l’Agriculture Annie Genevard dans un message sur X dans la soirée, alors que la France écoule 25% de ses vins et spiritueux vers les Etats-Unis.Dénonçant un accord “déséquilibré”, elle a demandé “instamment” aux négociateurs européens de faire de ce sujet une priorité de leurs prochains échanges avec les autorités américaines, et attend en outre “des mesures européennes fortes pour soutenir les producteurs”.- “Mauvaise nouvelle” – La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) français a quant à elle fait part de son “immense déception”, prédisant de “grosses difficultés” pour la filière.”C’est une mauvaise nouvelle parce que c’est un frein supplémentaire au commerce et à l’exportation des vins de Bordeaux aux Etats-Unis”, qui représentent de loin leur premier marché, a renchéri auprès de l’AFP Christophe Chateau, du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. Après des mois de négociations très âpres, Bruxelles et Washington ont scellé fin juillet un accord commercial basé sur des droits de douane de 15% sur les produits européens qui arrivent aux Etats-Unis.C’est bien plus que le taux en vigueur avant le retour au pouvoir du président américain, autour de 4,8%. Mais moins que ce que le milliardaire républicain menaçait d’imposer au Vieux continent, faute d’accord.Concernant le calendrier d’application de ces droits de douane de 15% sur les voitures, contre 27,5% aujourd’hui, le commissaire européen s’est dit confiant dans le fait qu’ils seraient appliqués rétroactivement au 1er août, affirmant avoir reçu des assurances des Américains en ce sens.Le texte commun précise en effet que les 15% rentreront en vigueur lorsque l’UE aura introduit un texte de loi pour réduire ses propre taxes douanières. “Nous travaillons avec détermination pour lancer le processus législatif” aussi rapidement que possible, a souligné Maros Sefcovic.- “Prévisibilité”-Dans un court message posté sur X, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a évoqué un texte qui offre “prévisibilité pour nos entreprises et nos consommateurs”.Le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, s’est lui réjoui de “la clarté” apportée par la déclaration commune, tout particulièrement le fait que le secteur pharmaceutique, qui représente la moitié des exportations du pays et emploie 50.000 personnes, se verra bien appliquer la taxe plafond de 15%.Cet accord, noué entre la cheffe de l’exécutif européen et Donald Trump en Ecosse, a été très critiqué par plusieurs autres Etats membres et industriels européens.L’UE rétorque qu’il s’agit du meilleur accord qu’elle pouvait obtenir, face aux menaces commerciales du président américain. Il intervient à un moment où les Européens cherchent par tous les moyens à peser dans les discussions extrêmement difficiles autour de l’avenir de l’Ukraine. Et veulent s’assurer que les Américains participeront à des garanties de sécurité pour Kiev en cas d’accord de paix avec Moscou.En plus des droits de douane imposés aux produits européens, l’UE s’est engagée à 750 milliards de dollars d’achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux Etats-Unis.

Droits de douane américains sur le vin: les exportateurs français déçus mais pas résignés

Une “immense déception”: producteurs et exportateurs français de vins ont déploré jeudi l’échec des négociations pour exempter leurs produits des 15% de droits de douane américains, tout en insistant sur la possibilité de poursuivre les discussions avec les Etats-Unis, premier marché de la filière à l’export.”Il y a une immense déception, parce qu’on a travaillé énormément pour obtenir l’exemption et elle était à portée de main. Nous avons la certitude que cela entraînera de grosses difficultés pour la filière des vins et spiritueux”, a déclaré à l’AFP Gabriel Picard, président de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).Selon lui, ces 15% s’ajouteront aux “15% d’effets de change que la filière observe déjà” en exportant aux Etats-Unis, son premier marché, du fait de la faiblesse actuelle du dollar par rapport à l’euro.En 2024, l’UE a exporté pour 8 milliards d’euros d’alcools, dont plus de 5 milliards de vin, aux Etats-Unis, son premier marché à l’exportation.La France représente environ la moitié: 2,4 milliards d’euros de vin et 1,5 milliard de spiritueux ont été écoulés aux Etats-Unis (environ 25% de ses exportations).”La défense de nos secteurs à l’export reste notre priorité. L’accord laisse ouverte la possibilité d’exemptions additionnelles, nous y travaillerons”, a réagi pour sa part le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.”La situation ne peut en rester là. Ce point n’est d’ailleurs pas clos”, a renchéri la ministre française de l’Agriculture Annie Genevard dans un message sur X dans la soirée.Dénonçant un accord “déséquilibré”, elle a demandé “instamment” aux négociateurs européens de faire de ce sujet une priorité de leurs prochains échanges avec les autorités américaines, et attend en outre “des mesures européennes fortes pour soutenir les producteurs”.Gabriel Picard, qui a salué l’engagement de la Commission européenne et de la France auprès de la filière, espère que “ce n’est pas la fin de l’histoire”: “il y a encore des portes ouvertes pour négocier (…) des exemptions ou des aménagements (…) on a encore un fil de discussion ouvert, ça ne va pas changer le très court terme, mais on espère que ça pourra changer le moyen terme”.La FEVS avertit sur les risques pour les producteurs européens mais aussi pour les secteurs liés au vin aux Etats-Unis: “un dollar expédié aux Etats-Unis, c’est cinq dollars d’activité générés aux Etats-Unis”, selon Gabriel Picard pour qui c’est l’argument qui pourrait convaincre le président américain Donald Trump qu’une exemption serait “gagnant-gagnant”.- Champagne et rosé de Provence -Pour Christophe Chateau, directeur de la communication du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux), après les menaces de Donald Trump ces derniers mois de taxes douanières à 200%, puis 20% ou 50%, cela “aurait pu être pire, mais ce n’est jamais une bonne nouvelle”.”La sanction est tombée, maintenant on va réfléchir à la réaction – au niveau individuel, pas au niveau collectif: c’est-à-dire une négociation entre les entreprises et les distributeurs et importateurs américains”, a réagi Maxime Toubart, coprésident du Comité Champagne. Cette discussion est d’autant plus cruciale selon lui que le marché américain représentait 10% des exportations pour le champagne en volume, soit 820 millions d’euros en 2024. Il sera difficile de “réorienter” de tels volumes vers d’autres régions, a-t-il ajouté.Côté syndical, la déception est tout aussi forte.”Au moment où on débute les vendanges dans un climat particulièrement difficile, avec des sujets de déconsommation, de climat, c’est une nouvelle épreuve”, a réagi Jérôme Despey, premier vice-président du puissant syndicat agricole FNSEA et lui-même viticulteur dans l’Hérault.Il redoute “des pertes de parts de marché qui seront difficiles à regagner”. “Il ne faut pas désarmer. Il faut arriver à trouver des appuis aux Etats-Unis parmi les importateurs de vin et de spiritueux pour montrer l’intérêt économique – y compris pour le secteur américain – d’avoir des droits de douane nuls” pour les exportateurs européens, affirme-t-il.En Provence, région qui exporte près de 40% de sa production aux Etats-Unis, essentiellement du vin rosé, l’amertume est là: “On n’a aucune marge de négociation. On est des otages”, dénonce le président du Comité interprofessionnel des Vins de Provence, Eric Pastorino.Il craint des “baisses de chiffre d’affaires” qui pourront “jouer indirectement sur les emplois”: car malgré l’amour des Américains pour le rosé de Provence, qui pourra continuer à acheter des vins “au-delà de 20 dollars”?, se demande-t-il.

Désaffection pour le Livret A en juillet

Les épargnants ont retiré 70 millions d’euros de plus qu’ils n’en ont déposé sur leurs Livrets A en juillet, selon les données publiées jeudi par la Caisse des dépôts (CDC), un mauvais mois lié à la baisse du taux de rémunération.Cette situation de “décollecte nette”, inédite depuis octobre 2024 et depuis 2015 pour un mois de juillet, coïncide avec une nouvelle baisse du taux du Livret A cette année, annoncée en juillet et effective depuis le 1er août, de 2,4% à 1,7%.Le concurrent historique – les fonds euros de l’assurance vie – fait à l’inverse le plein depuis janvier en proposant un taux moyen de 2,6%, selon les données publiées par le gendarme de la profession, l’ACPR, adossé à la Banque de France.Une différence de taille cependant: ce taux n’est pas net d’impôts, contrairement à celui du Livret A.Déjà boudé par les épargnants depuis le début de l’année, le Livret A devrait continuer à “payer la baisse de son taux de rendement” dans les prochains mois, souligne dans une note le président du Cercle de l’épargne, Philippe Crevel.Et ce, même si son rendement réel reste positif puisqu’il est supérieur au niveau de l’inflation, observe l’économiste. M. Crevel anticipe de “nouvelles décollectes” au cours des prochains mois, le second semestre “étant marqué traditionnellement par la hausse des dépenses: rentrée scolaire, fêtes de fin d’année”.De son côté, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), aux caractéristiques proches du Livret A, s’en est mieux sorti: les dépôts ont excédé les retraits de 340 millions d’euros au mois de juillet, selon la CDC.Les Français cumulaient fin juillet 609,4 milliards d’euros sur leurs Livrets A et leurs LDDS, toujours selon la Caisse des dépôts, un record, loin cependant du total des assurances vie, au-delà de 2.000 milliards d’euros.L’encours des Livrets d’épargne populaire (LEP), réservés aux ménages modestes, a de son côté gonflé de 450 millions d’euros, un montant plus vu depuis décembre 2024. Mais le nombre important de fermetures au printemps (pour les détenteurs dépassant le plafond de ressources) plombe l’année 2025 du LEP: son encours est en baisse de près de 2 milliards d’euros depuis le 31 décembre 2024.Les établissements bancaires mettent rarement en avant ce produit pourtant très avantageux pour les épargnants.La Banque de France ne vise qu’une hausse minime, inférieure à 3%, des détenteurs cette année: 12,2 millions à la fin 2025, contre 11,9 millions à la fin 2024.Ce nombre reste loin des plus de 19 millions de ménages identifiés comme clients potentiels, en raison notamment de leur capacité d’épargne, et encore plus loin des 31 millions de personnes éligibles.

Les spiritueux entrainent la Bourse de Paris dans le rouge à la clôture

La Bourse de Paris a terminé en petit recul jeudi, les investisseurs digérant les termes de l’accord commercial entre les Etats-Unis et l’Union européenne, dont l’absence d’exemption pour le secteur des spiritueux.Le CAC 40 a terminé en baisse de 0,44% jeudi, soit un recul de 34,74 points, pour s’établir à 7.938,29 points. Mercredi, l’indice vedette de la place de Paris avait terminé autour de l’équilibre (-0,08%).L’Union européenne n’a pu obtenir d’exemption pour le secteur du vin, qui sera taxé à 15% à son entrée aux Etats-Unis, a annoncé jeudi le commissaire européen Maros Sefcovic.Cette déception pour le secteur des spiritueux a suffi à faire basculer le CAC 40 dans le rouge, compte tenu de l’importance de LVMH, qui détient la maison Hennessy, dans l’indice, explique Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM. Cette exemption de droits de douane pour les vins est spiritueux était vivement réclamée, en particulier en France et en Italie.”Il y a une immense déception, parce qu’on a travaillé énormément pour obtenir l’exemption et elle était à portée de main. Nous avons la certitude que cela entraînera de grosses difficultés pour la filière des vins et spiritueux”, a déclaré à l’AFP Gabriel Picard, président de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).Rémy Cointreau a perdu 1,77% à 55,60 euros. LVMH a lâché 1,73% à 485 euros. Le géant des vins et spiritueux Pernod Ricard a reculé de 1,80%, à 101,15 euros.En 2024, l’UE a exporté pour huit milliards d’euros d’alcools, dont plus de cinq milliards de vin, aux Etats-Unis, son premier marché à l’exportation. La France représente environ la moitié: 2,4 milliards d’euros de vin et 1,5 milliard de spiritueux ont été écoulés aux Etats-Unis (environ 25% de ses exportations).”Les effets des droits de douane américains sur les marchandises européennes laisseront des traces”, estime Andreas Lipkow, analyste indépendant.”La défense de nos secteurs à l’export reste notre priorité. L’accord laisse ouverte la possibilité d’exemptions additionnelles, nous y travaillerons”, a écrit jeudi le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, estimant que “l’histoire n’est pas finie”.Le marché a désormais les yeux rivés sur le colloque des banquiers centraux s’ouvrant jeudi à Jackson Hole (Wyoming).”La réunion de trois jours des banquiers centraux doit débuter plus tard dans la journée, et les investisseurs suivront de près le discours du président de la Fed, Jerome Powell, vendredi, pour obtenir des indications sur une possible baisse des taux d’intérêt en septembre” et dans les prochains mois, commente Patrick Munnelly, de Tickmill Group.Carmat dégringoleLe fabricant français de coeurs artificiels, en redressement judiciaire, a repris sa cotation en Bourse jeudi après plusieurs séances de suspension, dans l’attente d’une audience devant le tribunal des activités économiques de Versailles le 30 septembre, après avoir reçu une offre de reprise de la part du président de son conseil d’administration.Le cours de Carmat a dégringolé de plus de 50%, à 0,23 euros le titre.

Le train reste majoritairement plus cher que l’avion pour les trajets européens, selon Greenpeace

Voyager en train plutôt qu’en avion à travers l’Europe est plus cher dans 54% des cas, selon une étude publiée jeudi par Greenpeace Europe.L’ONG a analysé 109 trajets transfrontaliers et 33 trajets au sein d’un même pays. Pour tous, l’itinéraire en train était “raisonnablement” praticable, soit dans la journée, soit en train de nuit. Le train est jusqu’à 26 fois plus cher que l’avion, selon les comparaisons réalisées par Greenpeace, qui cite le cas extrême d’un trajet Barcelone – Londres réservé un mois à l’avance: 389 euros pour le train contre 14,99 euros pour l’avion.”Il est clair que les gens sont encouragés à prendre l’avion pour voyager en Europe, même lorsqu’il existe une liaison ferroviaire raisonnable”, avance l’ONG environnementale.La France est le pays où les voyages ferroviaires transfrontaliers sont les plus chers par rapport aux vols, où “95% de tous les itinéraires étaient plus chers en train au moins 6 jours sur 9”, selon ce même rapport.Les trains de nuit constituent, selon l’ONG, “la meilleure option pour les trajets longue distance respectueux du climat”, même s’ils sont “généralement plus chers” que les vols à bas coût.Greenpeace souhaite que le transport ferroviaire soit “systématiquement moins cher sur tous les itinéraires à travers l’Europe”, et dénonce le fait que le kérosène ne soit pas taxé alors que “les opérateurs ferroviaires sont soumis à des taxes sur l’énergie, à la TVA et à des redevances élevées d’accès aux voies dans de nombreux pays”. Ces redevances, ou péages ferroviaires, sont “la principale raison de la différence de prix entre avion et train”, explique François Guénard, associé en charge du secteur ferroviaire chez Roland Berger. “L’infrastructure ferroviaire coûte très cher à entretenir, et une partie de ces financements se font par les péages” développe le spécialiste. Pour lui, une des solutions pour améliorer l’offre de trains en Europe serait d'”adapter petit à petit les infrastructures pour que les trains puissent circuler aisément entre plusieurs pays”, notamment unifier l’écartement des rails ou les courants d’alimentation.À l’échelle nationale, les liaisons en train sont moins chères que celles en avion pour “70% d’entre elles” selon Greenpeace.Le train est l’un des modes de transport les moins émetteurs en CO2 par passager-kilomètre contrairement à l’avion qui est le plus polluant.Â