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Nvidia s’en sort mieux que prévu mais s’attend à un fort impact chinois au prochain trimestre

Le géant américain des semi-conducteurs Nvidia a surpassé les attentes pour les résultats du premier trimestre de son exercice décalé, grâce notamment à un impact moindre que prévu des restrictions américaines à l’export de ses puces vers la Chine, mais voit ses ventes pâtir de ces mesures pour la période en cours.Ces restrictions ont contraint le champion des GPU, des microprocesseurs surpuissants adaptés au développement de l’intelligence artificielle (IA) générative, à passer une charge exceptionnelle de 4,5 milliards de dollars, soit en-deçà des 5,5 milliards qu’il anticipait, selon un communiqué publié mercredi.La nouvelle a été bien accueillie par le marché et, dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse de New York, le titre s’appréciait de plus de 4%.La directrice financière, Colette Kress, a expliqué lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats que la société avait réussi à limiter l’effet des restrictions en ayant trouvé d’autres débouchés pour certains microprocesseurs.Mais Nvidia n’est pas pour autant tiré d’affaire et la dirigeante a fait état d'”options limitées” pour pouvoir continuer à servir les clients chinois dans le respect de la nouvelle réglementation, qui a frappé la puce H20, pourtant conçue spécialement pour satisfaire aux exigences du gouvernement américain.”Perdre l’accès au marché chinois de l’IA, que nous voyons atteindre près de 50 milliards (de dollars), aurait un impact négatif important pour notre activité et bénéficierait à nos concurrents en Chine et ailleurs”, a prévenu Colette Kress.En l’état, “ce marché nous est fermé”, a confirmé le directeur général Jensen Huang durant la conférence téléphonique, tout en n’écartant pas la mise au point, à moyen terme, d’un microprocesseur qui passerait sous les fourches caudines du gouvernement américain.”Les Etats-Unis ont basé leur politique sur la thèse selon laquelle la Chine ne pouvait pas fabriquer elle-même des puces IA”, a commenté le patron. “Cette thèse a toujours été discutable et il est aujourd’hui clair qu’elle dispose de capacités industrielles énormes.”- Demande “incroyablement soutenue” -Le groupe s’attend à ce que son chiffre d’affaires soit amputé de huit milliards de dollars au deuxième trimestre de son exercice comptable décalé du fait des contraintes imposées par le gouvernement américain, a révélé Colette Kress.Nvidia table sur des revenus de 45 milliards de dollars sur le trimestre en cours, “plus ou moins 2%”, a déclaré la directrice financière, fourchette qui se situe en deçà des anticipations du marché.Kathleen Brooks, du courtier XTB, y a néanmoins vu, comme beaucoup d’analystes, le verre à moitié plein, soulignant que même privé du marché chinois, Nvidia pourrait approcher les prévisions de Wall Street.Habitué à voir l’entreprise afficher des taux de croissance insolents depuis plus de deux ans, les investisseurs s’inquiètent, trimestre après trimestre, de voir Nvidia décélérer.”La demande pour l’infrastructure IA de Nvidia est incroyablement soutenue”, a assuré Jensen Huang.Le patron emblématique de la firme technologique a nuancé l’effet de la fermeture à Nvidia du marché chinois en rappelant les nombreux contrats signés dans d’autres pays du monde, notamment à Taïwan et aux Emirats arabes unis pour de grands projets d’infrastructure IA.”Il y a une puce derrière la révolution IA et c’est une Nvidia”, ont estimé les analystes de Wedbush Securities.Jensen Huang a tenu un discours optimiste sur la stratégie de Donald Trump, malgré les restrictions pour le marché chinois.”Le président Trump (…) réalise que nous ne sommes pas le seul pays dans la course”, a dit le responsable. “Il veut voir les Etats-Unis l’emporter et il comprend que nous devons diffuser nos produits dans le monde.”Au premier trimestre (de fin janvier à fin avril), le chiffre d’affaires ressort à 44,1 milliards de dollars, en hausse de 69% sur un an et au-delà des projections des analystes.Le bénéfice net s’affiche à 18,8 milliards de dollars (+26%), et à 96 cents par action hors éléments exceptionnels, soit mieux que les 89 cents qu’indiquait le consensus établi par FactSet.”Nvidia a dépassé les attentes mais sur un marché où il devient plus difficile de maintenir sa domination”, a réagi Jacob Bourne, analyste du cabinet Emarketer.”Les tensions commerciales et l’impact potentiel des droits de douane pourraient ralentir la demande de puces IA sur les trimestres à venir”, a-t-il prévenu.

Stellantis: l’Italien Antonio Filosa succède à Carlos Tavares

Stellantis a annoncé mercredi le successeur de Carlos Tavares: l’Italien Antonio Filosa, bientôt 52 ans, jusqu’à présent directeur pour le continent américain, prendra fin juin la tête du géant automobile, dont les ventes ont chuté l’an dernier, notamment aux Etats-Unis.Le conseil d’administration du groupe “a élu à l’unanimité Antonio Filosa en tant que CEO (directeur général, NDLR), à l’issue d’un processus de recherche approfondi de candidats internes et externes”, indique le constructeur dans un communiqué.Une assemblée générale extraordinaire sera convoquée mais “entre-temps, afin de lui donner les pleins pouvoirs et d’assurer une transition efficace, le conseil d’administration lui a accordé les pouvoirs de CEO à compter du 23 juin”, ajoute le groupe, propriétaire des marques Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS Automobiles, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot, Ram, Vauxhall etc.”J’ai cette entreprise dans le sang et je ne pourrais pas être plus fier de l’opportunité de travailler avec vous tous”, a réagi Antonio Filosa, dans une lettre envoyée aux salariés du groupe que l’AFP s’est procurée.Le nouveau dirigeant a réservé ses premières visites à des sites français selon le journal les Echos: le site de R&D de Carrières-sous-Poissy mercredi matin et Sochaux (Doubs), berceau historique de Peugeot, l’après-midi, où le groupe produit les SUV 3008 et 5008. Jusqu’à fin juin, il visitera différents sites du groupe autour du monde, précise le quotidien économique.Antonio Filosa, entré chez Fiat en 1999, était l’un des profils internes favoris pour prendre le poste de directeur général, vacant depuis la mise à l’écart de Carlos Tavares début décembre 2024.Dans sa lettre aux salariés, il dit avoir commencé sa carrière comme “superviseur de qualité dans le département peinture d’une usine en Espagne”, de nuit.- “Positivement impressionné” -Né à Naples (en juin 1973), il avait déjà été promu fin 2024 directeur pour l’Amérique du Nord et du Sud, et directeur de toutes les marques américaines (Chrysler, Dodge, Ram). Il lui avait été également confié, en février, la responsabilité d’une nouvelle direction mondiale de la qualité.Chez Fiat, il est progressivement monté en grade en Amérique latine, occupant notamment un poste de directeur d’usine à Betim (Brésil), avant de devenir responsable de la zone en 2021 pour Stellantis, et de se voir confier la marque Jeep en 2023.Sous sa direction, “la marque Fiat est devenue leader du marché sud-américain, et les marques Peugeot, Citroën, Ram et Jeep s’y sont considérablement développées”, indique Stellantis. M. Filosa a été choisi “grâce à sa profonde connaissance de notre entreprise”, a précisé le président exécutif John Elkann dans une lettre aux salariés. Et depuis décembre 2024, “Antonio a positivement impressionné le conseil d’administration grâce au +leadership+ avec lequel il a dirigé notre région d’Amérique du Nord dans une période extraordinairement complexe et exigeante”.Dans un communiqué, le groupe familial Peugeot, deuxième actionnaire, qualifie d'”atouts” la “connaissance fine des réalités terrain et la compréhension intime de la culture industrielle de Stellantis” d’Antonio Filosa. – “Rompre avec la gestion autoritaire” -Du côté des syndicats, le CFE-CGC, un des principaux syndicats sur les sites en France, attend du nouveau directeur “qu’il rompe avec la gestion autoritaire et centrée sur la réduction des coûts de l’ère Tavarès”. Même son de cloche chez les Italiens du syndicat Fiom, qui appelle à “résoudre rapidement les problèmes”.En Italie, cette annonce faisait les gros titres de la presse. “Tout le secteur automobile français est désormais sous la direction d’Italiens”, remarque avec un brin de malice le quotidien Il Corriere della Sera, en référence à l’autre grand groupe automobile français, Renault, dirigé par l’Italien Luca De Meo depuis 2020. Le conseil d’administration de Stellantis avait écarté début décembre Carlos Tavares, tenant de la chasse aux coûts, en raison de désaccords. Après des premières années marquées par des profits record, la qualité décevante de certains modèles et des tarifs trop élevés par rapport à la concurrence ont participé à l’effondrement des ventes du groupe aux Etats-Unis en 2024, présenté comme une des raisons du départ de M. Tavares. Issu de la fusion des groupes généralistes Peugeot-Citroen (PSA) et Fiat-Chrysler (FCA), Stellantis fait face à une concurrence renforcée, notamment du côté des constructeurs chinois, et doit affronter impérativement ces problèmes de qualité, selon les analystes.

Wall Street termine en baisse, en pause avant Nvidia et l’inflation

La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, les investisseurs se montrant attentistes en amont des résultats du géant des semiconducteurs Nvdia, et avant la publication vendredi de l’indice d’inflation PCE, privilégié par la Réserve fédérale (Fed).Le Dow Jones a perdu 0,58%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,51% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 0,56%.”Aujourd’hui, nous observons un marché qui marque une pause”, résume auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.Les investisseurs ont adopté durant la séance une posture prudente avant la publication après la clôture des résultats de Nvidia, deuxième capitalisation mondiale, valorisée à plus de 3.000 milliards de dollars.”Ces résultats permettront non seulement de faire le point sur la santé du leader de l’industrie des semiconducteurs, mais aussi de prendre le pouls de l’ensemble du secteur”, soulignent les analystes de Briefing.com. Côté politique monétaire, les investisseurs ont aussi surveillé la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale (Fed), qui s’est tenue les 6 et 7 mai derniers. “Les responsables de la Fed ont convenu que, compte tenu de la solidité de la croissance et du marché de l’emploi, il convient d’adopter une approche prudente (…) de la politique (monétaire) dans un contexte d’incertitude croissante quant aux perspectives économiques”, observent dans une note les analystes de Briefing.com.L’institution veut “attendre de voir tous les effets de l’inflation résultant de la guerre commerciale, si tel est le cas”, ajoute M. Cardillo.Jeudi, la place américaine prendra connaissance de la deuxième estimation du PIB pour le premier trimestre, puis d’un indicateur de confiance des consommateurs américains en mai vendredi.Les investisseurs surveilleront surtout la publication, également vendredi, de l’indice d’inflation PCE, privilégié par la Fed, selon M. Cardillo. Sur le marché obligataire, le taux de rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans se tendait à 4,47%, contre 4,44% la veille en clôture.Au tableau des valeurs, les groupes Synopsys (-9,64% à 462,43 dollars) et Cadence (-10,47% à 288,61 dollars), spécialisés dans le développement de logiciels pour l’industrie des semi-conducteurs, ont été plombés par des informations du Financial Times selon lesquelles le gouvernement américain leur aurait demandé d’arrêter de vendre à des clients en Chine.Interrogée par l’AFP à ce sujet, la Maison Blanche n’a pas donné suite dans l’immédiat. L’enseigne de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch s’est envolée de 14,67% à 88,87 dollars à l’annonce de ses résultats, qui se sont avérés nettement au-dessus des attentes, avec notamment un bénéfice net par action, donnée de référence pour les marchés, de 1,69 dollar. L’enthousiasme des investisseurs n’a pas été plombé par la révision à la baisse des prévisions de bénéfice pour l’exercice fiscal en cours.

Tentative d’escroquerie contre TotalEnergies: procès en vue pour sept prévenus

Plus de 15 ans après son ouverture, une affaire de tentative d’escroquerie contre TotalEnergies va se retrouver au tribunal: sept personnes mises en examen dans ce dossier tentaculaire ont récemment été renvoyées en procès correctionnel à Nanterre.Ces prévenus, au rang desquels figurent l’avocat Olivier Pardo et l’ex-président du tribunal de commerce de Paris Jean-Pierre Mattei, seront jugés notamment pour “corruption active et passive d’/par un arbitre international et d’/par une personne chargée d’une mission de service public” et pour “tentative d’escroquerie en bande organisée”, a précisé le ministère public.Le calendrier du procès devrait être déterminé lors d’une audience qui se tiendra le 20 juin, a précisé le parquet. Ce procès devrait avoir lieu au cours du second semestre 2025 et durer une dizaine de jours, selon la même source.La justice française s’est emparée de cette affaire après une plainte déposée en mai 2011 par TotalEnergies auprès du parquet de Nanterre.L’entreprise dénonçait alors la constitution deux ans plus tôt d’un tribunal arbitral, à l’initiative des régions russes de Saratov et de Volvograd et de la société de droit russe Interneft.Ces dernières réclamaient que TotalEnergies leur verse une somme d’environ 22 milliards de dollars, arguant que le groupe n’avait pas honoré un contrat d’exploration pétrolière en Russie signé en février 1992 avec une de ses filiales.Ce contrat, soumis à des conditions suspensives et dont la caducité a été confirmée par plusieurs décisions de justice, n’est jamais entré en vigueur.L’homme d’affaires André Guelfi, dit “Dédé la sardine”, est soupçonné d’avoir joué un rôle central dans la mise en place de cet arbitrage, dénoncé par TotalEnergies.M. Guelfi a joué au début des années 1990 un rôle sulfureux d’intermédiaire pour Elf (acquis plus tard par l’actuel TotalEnergies) en ex-URSS sous la présidence de Loïk Le Floch-Prigent et a été condamné à une peine de prison ferme pour son rôle dans le détournement de fonds du groupe pétrolier.Décédé en 2016, il n’a pas été entendu par les magistrats instructeurs dans le dossier de tentative d’escroquerie.”Les parties civiles ne manqueront pas de demander l’indemnisation de leurs préjudices dans cette affaire hors normes”, ont commenté auprès de l’AFP les avocats de TotalEnergies, Kiril Bougartchev et Emmanuel Moyne. – “Rétablir la vérité” -En février 2024, le parquet avait requis un procès à l’encontre des sept mis en examen.Dans l’ordonnance de renvoi, datée d’avril et consultée par l’AFP, il est reproché à M. Mattei, qui avait été désigné membre du tribunal arbitral, d’avoir reçu des fonds de M. Guelfi “en contrepartie de sa participation à un arbitrage frauduleux” visant à “obtenir la condamnation du groupe Total”.”Après 15 ans d’une mise en cause infondée de Total, qui a d’ailleurs été perquisitionné, Jean-Pierre Mattei est soulagé de pouvoir rétablir la vérité devant un tribunal”, ont réagi auprès de l’AFP ses avocats Sébastien Schapira et Cédric Labrousse.L’avocat Olivier Pardo et son confrère Xavier Cazottes seront eux jugés notamment pour avoir cherché à influer sur la désignation de M. Mattei comme arbitre.”J’attends avec sérénité cette audience qui me permettra d’enfin rétablir la vérité, de démontrer que j’ai exercé mon métier d’avocat en parfaite légalité, et d’ainsi clore cette affaire vieille de 16 ans”, a affirmé Me Pardo, contacté par l’AFP.Un avocat proche de M. Mattei, deux autres membres du tribunal arbitral ainsi que l’administrateur ad hoc de la filiale d’Elf, aujourd’hui liquidée, sont également renvoyés devant le tribunal.

Avec Trump, le milieu des cryptomonnaies a un “défenseur” et un “allié”, selon Vance

Le milieu des cryptomonnaies dispose désormais d’un “défenseur” et d’un “allié” à la Maison Blanche en la personne de Donald Trump, a clamé mercredi le vice-président des Etats-Unis, JD Vance, alors que les critiques fustigent l’implication du milliardaire dans divers projets personnels autour des devises numériques.”Nous donnons priorité à l’élimination des règles, de la bureaucratie et des lois qui, selon nous, étaient dirigées contre les cryptos par nos prédécesseurs”, a professé l’ancien sénateur de l’Ohio lors d’une intervention à l’occasion de la conférence Bitcoin 2025 à Las Vegas (Nevada).Depuis son investiture, Donald Trump a nommé à la tête de l’Autorité américaine de régulation des marchés financiers, la SEC, un partisan des cryptomonnaies, Paul Atkins, qui a succédé à Gary Gensler, adepte d’une ligne dure et répressive.”Nous allons virer tous les gens comme lui”, a lancé JD Vance au sujet de Gary Gensler, accusé d'”attaquer la moindre initiative pour démocratiser nos marchés financiers (…) sous prétexte de protéger les consommateurs”.Le président des Etats-Unis a également institué une “réserve stratégique” fédérale alimentée par des bitcoins saisis par la justice américaine et amené l’un des régulateurs bancaires américains, l’OCC, à clairement autoriser les établissements financiers traditionnels à utiliser les devises numériques.Il milite aussi pour le vote de deux textes en cours d’examen au Congrès.Le premier, qui instaure un cadre légal pour les “stablecoins”, devrait faire prochainement l’objet d’un examen final au Sénat.”Nous voulons simplement que nos compatriotes prennent conscience que les cryptos et les actifs numériques font désormais partie de l’économie réelle et sont là pour longtemps”, a martelé JD Vance.Longtemps opposé aux cryptomonnaies, Donald Trump a fait volte-face l’an dernier, un revirement qui lui a valu des contributions colossales du secteur à sa campagne présidentielle.Sur le plan personnel, il a multiplié les projets autour de ces actifs d’un nouveau genre.Il a prêté son nom à une nouvelle plateforme d’échanges, appelée World Liberty Financial, et mis sur le marché sa propre devise numérique, le $TRUMP, quelques heures avant son investiture, en janvier.Le 22 mai, il a invité à dîner les 220 plus gros détenteurs de $TRUMP, suscitant de vives critiques relatives à un possible conflit d’intérêt.Mardi, la société de médias qui porte son nom, Trump Media and Technology Group (TMTG), a annoncé la levée de 2,5 milliards de dollars pour investir dans des cryptomonnaies.

La mobilisation des taxis prolongée jusqu’à samedi à Paris et à Pau

Au lendemain de réunions avec le gouvernement jugées “pas satisfaisantes” par les représentants syndicaux, des fédérations de taxis ont annoncé mercredi “continuer le mouvement” jusqu’à samedi à Paris et à Pau.”On continue les mouvements. On demande à chacun de s’organiser pour faire des rotations”, a déclaré à l’AFP Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale du taxi (FNDT).Le boulevard Raspail, près des ministères, où les chauffeurs enchaînent depuis neuf jours les nuits de mobilisation à Paris, s’était en partie vidé dans la nuit de mardi à mercredi. En fin de journée mercredi, ils étaient environ 200 et d’autres devraient “arriver dans la nuit”, a assuré à l’AFP Mme Cordier, ajoutant qu’une “majorité” d’adhérents avaient décidé de “continuer le mouvement”.A Pau, fief du Premier ministre François Bayrou, 150 taxis étaient présents mercredi selon le président de l’Union nationale des taxis Rachid Boudjema, qui affirme que la Coordination rurale, syndicat agricole, a rejoint la contestation sans plus de précisions.Les chauffeurs de taxis sont notamment mobilisés contre une convention qui modifie leur rémunération pour le transport de patients, qui représente pour certains une part significative de leur chiffre d’affaires, notamment en zone rurale. La nouvelle tarification, qui doit entrer en vigueur le 1er octobre, prévoit une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique.La décision de prolonger la protestation est “cohérente”, selon Claude Voltzenlogel, 48 ans, secrétaire général adjoint du Syndicat Départemental des Artisans du Taxi du Bas-Rhin (SDAT 67). “Une équipe reste deux jours sur place et repart. Le roulement est important.”- Absence “d’avancées significatives” -Mardi, deux réunions se sont tenues au ministère des Transports puis au ministère de la Santé, sans déboucher sur des mesures jugées suffisantes. Des contrôles renforcés ont été annoncés pour limiter la maraude et le “racolage” des VTC et des réunions techniques sont prévues jusqu’au 11 juin, mais les représentants syndicaux déplorent une absence “d’avancées significatives”.Dès mercredi, le ministre des Transports Philippe Tabarot a voulu marquer le coup en assistantà une opération de contrôle de VTC, concurrents directs des taxis, devant la gare de Lyon à Paris, zone qui leur est interdite sans réservation préalable.”Je suis très ouvert à la concurrence dans les transports. Mais une concurrence juste doit être une concurrence équitable”, a expliqué à la presse Philippe Tabarot.”J’aurai l’occasion de rencontrer à la fois les VTC et de convoquer mardi les plateformes pour évoquer […] la question d’éradiquer progressivement les sociétés écrans qui sont entre les conducteurs et les plateformes, […] qui ne payent pas les taxes et les impôts dans notre pays et qui exploitent certains travailleurs”, a ajouté le ministre.”J’ai demandé d’arrêter à mes gars hier soir vers 23h, parce qu’on n’a rien obtenu”, avait confié mercredi matin à l’AFP Pino, taxi parisien très suivi sur les réseaux sociaux et organisateur de mouvements de contestation, invoquant le “repos” nécessaire de “ses gars”. Aucune action n’a eu lieu dans la journée aux abords des aéroports, dans les gares parisiennes ou autour du stade Roland-Garros.

Le chantier de l’A69 reprendra à partir de mi-juin, colère des écologistes

La justice administrative a tranché: le chantier de l’autoroute Toulouse-Castres, fortement contesté depuis deux ans par les écologistes, va pouvoir reprendre à partir de mi-juin, après trois mois d’arrêt.La cour administrative d’appel de Toulouse a prononcé mercredi “un sursis à l’exécution des jugements rendus le 27 février annulant les autorisations environnementales délivrées par l’Etat”.Cette décision “constitue un véritable soulagement”, a réagi le ministre des Transports Philippe Tabarot. “Le juge a reconnu comme sérieux l’argument en faveur de l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur du projet.””Les travaux reprendront à partir de mi-juin de manière progressive”, a-t-il ajouté, tout en appelant à rester “vigilants”, “sur la prise en compte des enjeux de protection de l’environnement”.La cour se prononçait sur un recours en urgence déposé par l’Etat, visant à redémarrer ce chantier de 53 kilomètres. Elle doit encore trancher sur le fond dans plusieurs mois.- “Honte” -Entre 100 et 150 opposants se sont rassemblés en fin de journée devant la gare toulousaine de Matabiau pour protester contre cette décision, et une quinzaine d’autres mobilisations étaient prévues à 18H30 un peu partout ailleurs en France, notamment à Paris, Lyon, Lille, Nantes et Bordeaux.”Le tribunal administratif avait pris une décision très courageuse et instruite dans un rapport de force un peu compliqué, puisque les travaux étaient déjà engagés (…) et là cette décision est piétinée”, a confié à l’AFP Rita Di Giovanni, retraitée de 65 ans. “Moi ça me heurte profondément.””Ils ont des enfants, ces politiques qui nous envoient droit dans le mur aujourd’hui? Ils arrivent à se regarder dans la glace? Moi, j’ai honte”, a dénoncé, également sur place, Thomas Brail, figure de la contestation qui s’était perché à plusieurs reprises dans des arbres pour éviter leur abattage.Le militant écologiste a annoncé qu’il entamerait une grève de la soif dès la reprise des travaux, “parce qu’à un moment donné, on n’est pas entendus, on n’est pas écoutés”.Une grande mobilisation est également convoquée les 4, 5 et 6 juillet aux abords du chantier.Julie Rover, une des avocates des opposants à l’A69, s’était dite “stupéfaite” juste après l’annonce de la décision de la cour administrative. “Le risque aujourd’hui c’est de reprendre le chantier et que dans huit ou dix mois, il y ait une annulation qui soit confirmée”, a averti l’avocate.Le porteur de projet et futur concessionnaire Atosca a quant à lui annoncé dans un communiqué travailler “d’ores et déjà sur un plan de reprise d’activité progressive sur les différentes zones du chantier”.- Loi de “validation” -“Cette reprise était très attendue par nos concitoyens”, a assuré le député du Tarn Philippe Bonnecarrère. “L’Assemblée nationale pourra ainsi débattre sereinement lundi de l’étape suivante”, lors de l’examen d’une proposition de loi dite de “validation” adoptée mi-mai au Sénat à une large majorité. Ce texte, contesté par les opposants qui le jugent contraire à la Constitution, prévoit d’autoriser la poursuite du chantier, sans attendre que la cour d’appel administrative se prononce sur le fond, dans plusieurs mois.Saluant la décision, le maire DVD de Castres Pascal Bugis a regretté “un gâchis sur un plan financier”. A l’avenir, “il faudra que les recours soient purgés quand on démarre (un chantier), afin qu’il n’y ait plus d’aléas par la suite”, a-t-il ajouté.Le 27 février, à la surprise générale, le tribunal administratif de Toulouse avait arrêté le chantier de cette autoroute entamé en 2023, faute de raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM) justifiant les atteintes à l’environnement.Depuis le début des travaux en mars 2023, des opposants ont occupé des arbres pour éviter leur abattage, tenté d’installer des zones à défendre sur le tracé et organisé des rassemblements de milliers de personnes, parfois émaillés d’incidents violents avec les forces de l’ordre.Ces derniers mois, les partisans de l’A69 se sont aussi fait entendre, notamment en manifestant en masse le 8 mars à Castres avec comme slogan: “A69, on finit!”. Ils voient dans l’autoroute une solution de désenclavement du bassin de population de Castres-Mazamet, qui compte environ 100.000 habitants.Or, pour les opposants, ce bassin n’est pas enclavé et, même s’il l’était, une autoroute ne serait certainement pas une garantie de désenclavement, fustigent-ils.L’A69 devait initialement être mise en service fin 2025, selon la société Atosca, en charge des travaux, une échéance qui ne pourra pas être respectée: Atosca doit maintenant rapatrier dans le Tarn un millier de salariés et de nombreux engins de chantier.ap-dmc-elr-vgr/dch   

Les Bourses européennes terminent en recul avant Nvidia

Les marchés boursiers européens ont fini la séance en baisse mercredi, dans l’attente des résultats du géant américain des puces électroniques Nvidia, deuxième capitalisation mondiale.Paris a perdu 0,49%, Francfort 0,78% et Londres 0,59%. Milan est restée à l’équilibre (+0,01%).

En Indonésie, Macron et Prabowo appellent à des “progrès” vers une reconnaissance mutuelle” Israël-Palestine

La France et l’Indonésie ont appelé mercredi à des “progrès” en juin vers une “reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine”, lors d’une visite d’Emmanuel Macron à Jakarta où il s’est félicité de ce pas du pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde.”L’Indonésie a indiqué qu’une fois qu’Israël aura reconnu la Palestine, elle sera prête à reconnaître Israël et à établir des relations diplomatiques”, a déclaré le président indonésien Prabowo Subianto au côté de son homologue français.Dans ce cadre, “nous devons reconnaître et garantir les droits d’Israël en tant que pays souverain, auquel il faut prêter attention et dont la sécurité doit être garantie”, a-t-il ajouté.L’Indonésie défend de longue date la solution dite “à deux Etats”, mais n’entretient pas de relations avec Israël. Si l’engagement de mercredi reste très hypothétique, la déclaration forte de Prabowo constitue un rare gage en ce sens, dans un pays très sensible à la situation des Palestiniens à Gaza.Les deux pays ont publié une déclaration conjointe condamnant les plans israéliens de prise de contrôle du territoire palestinien assiégé et tout “déplacement forcé de la population palestinienne”.Mais ils ont aussi souhaité que la conférence internationale que la France et l’Arabie saoudite coprésideront en juin à l’ONU sur la question débouche sur une “feuille de route crédible” et des “progrès” vers une “reconnaissance mutuelle entre Israël et Palestine”. Et favorise une dynamique “vers une reconnaissance de l’Etat de Palestine par tous les pays avec des garanties de sécurité pour tous”.Emmanuel Macron a salué le “discours très important” de son homologue indonésien.Lors d’un échange avec des étudiants, il a expliqué qu’il entendait “déclencher un mouvement de reconnaissance d’un Etat palestinien sous certaines conditions”, dont la “démilitarisation” du mouvement islamiste palestinien Hamas et sa “non participation” à la future gouvernance étatique.Cet Etat palestinien doit aussi “reconnaître Israël” et “son droit à se protéger”, a-t-il insisté.L’Elysée assurait avant la rencontre que “tous les pas (…) en direction d’une reconnaissance mutuelle” sont “des pas de géant au vu de la situation actuelle à Gaza”.- Troisième voie -L’Indonésie est la deuxième étape de la tournée de six jours du président français en Asie du Sud-Est.Arrivé mardi soir du Vietnam, avant de conclure son déplacement jeudi soir et vendredi à Singapour, il a été accueilli en grande pompe par son homologue indonésien, qu’il a qualifié de “frère” et sera l’invité d’honneur à la fête nationale du 14-Juillet à Paris.A Jakarta, Emmanuel Macron a vanté sa troisième voie chez le chantre historique des non-alignés, dans cette région prise dans la confrontation croissante entre les Etats-Unis et la Chine.Le dossier palestinien devait être pour lui l’occasion de tenter de démontrer qu’il n’y a pas deux poids deux mesures dans son engagement pour la paix au Moyen-Orient par rapport à l’investissement massif en faveur de l’Ukraine.”La France ne connaît pas de double standard”, a assuré M. Macron, rappelant qu’elle soutenait le droit d’Israël à se défendre après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 tout comme elle condamnait la poursuite des opérations militaires contre Gaza.Au-delà, il a fait du renforcement du partenariat franco-indonésien “dans tous les domaines, défense et sécurité, économie, culture” l’exemple de ce qu’il souhaite avec tous les pays d’Asie du Sud-Est. La France se pose dans la région en “puissance de paix et d’équilibres”, soucieuse d’un ordre international “fondé sur le droit”.Un message adressé à la fois à Pékin, qui se fait de plus en plus offensif dans ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale, et à Donald Trump et ses menaces de hausse drastique des droits de douane.Emmanuel Macron espèrait traduire son positionnement en contrats pour les entreprises françaises, notamment en matière de défense, d’énergie et de minerais critiques.Au total, les entreprises françaises ont signé “des contrats pour un total de 17 milliards d’euros en Indonésie”, a annoncé mercredi soir l’Elysée, citant notamment “TotalEnergies, Hydrogène de France et Lesaffre”.L’Indonésie, déjà cliente d’entreprises d’armement françaises, a également signé une “lettre d’intention” pour l’acquisition future d’avions de combat Rafale supplémentaires ainsi que de frégates légères, de sous-marins Scorpène et de canons Caesar, a annoncé sur place le ministre des Armées Sébastien Lecornu, sans toutefois donner ni chiffre ni calendrier.Le groupe minier Eramet a annoncé avoir signé un protocole d’accord avec le nouveau fonds souverain indonésien Danantara pour “étudier la création d’une plateforme d’investissement stratégique dans le secteur du nickel”.

Partenariat entre xAI et Telegram, qui va recevoir 300 millions de dollars

Telegram a passé un accord avec xAI qui prévoit la mise à disposition de l’assistant d’intelligence artificielle (IA) générative Grok sur la plateforme de messagerie pour une durée d’un an moyennant le versement de 300 millions de dollars en numéraire et actions par le groupe contrôlé par Elon Musk.Outre cette enveloppe, Telegram recevra également la moitié du chiffre d’affaires tiré des abonnements payants à xAI souscrits via son application, a annoncé mercredi son patron, Pavel Durov, sur X (ex-Twitter).Grok sera accessible à partir de cet été, a précisé le dirigeant, sans plus de précision. Sollicité par l’AFP à ce sujet, Telegram n’a pas donné suite dans l’immédiat.Les termes du partenariat peuvent paraître déséquilibrés mais ils permettent à xAI, qui a absorbé X fin mars, et à Grok d’accéder aux nombreux utilisateurs de Telegram, que Pavel Durov a estimé mercredi à plus d’un milliard de personnes.Les grands acteurs de l’IA générative cherchent à accélérer l’adoption de leurs assistants respectifs pour acquérir une taille critique et rentabiliser les sommes colossales investies dans leur développement.Arrivé en novembre 2023, Grok s’est lancé très tard dans la course et accuse aujourd’hui un retard significatif sur ChatGPT (OpenAI) et Gemini (Google).Grok est accessible à tous via X, mais avec des limites pour les utilisateurs non payants. La plateforme propose trois formules d’abonnement payant, la plus chère revenant à 40 dollars par mois ou 395 dollars par an.Pavel Durov est sous le coup d’une mise en examen par des juges français pour de multiples infractions liées aux défauts de contrôle des contenus postés sur Telegram.Il a été placé sous contrôle judiciaire en attendant la clôture de l’instruction et un possible renvoi en procès.