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Face à l’inconstance de la politique commerciale américaine, les exportateurs chinois toujours sur pause

“Nous restons prudents”: dans l’une des villes portuaires les plus actives du monde, les exportateurs chinois évoquent un horizon flou, alors qu’ils tentent de naviguer dans le maelström commercial déclenché par l’évolution incessante de la politique tarifaire américaine.Les fournisseurs de la ville orientale de Ningbo – qui abrite le troisième plus grand port à conteneurs du monde – sont comme embarqués dans des montagne russes depuis que le président américain Donald Trump a annoncé en avril de lourdes taxes sur presque tous les partenaires commerciaux.Dernier rebondissement en date: mercredi, une cour fédérale américaine a bloqué la plupart des droits de douane américains, y compris ceux imposés à la Chine séparément en utilisant une loi d’urgence, mais cette nouvelle n’a pas offert beaucoup de réconfort.”En raison de l’appel formé par l’administration Trump (après cette décision judiciaire), l’incertitude demeure, donc nous restons prudents”, déclare Han Zhongkai, employé dans une entreprise technologique fabriquant notamment des montres intelligentes.D’autres exportateurs, participant à une foire commerciale transfrontalière à Ningbo, ont eux aussi jugé auprès de l’AFP qu’ils étaient face à un avenir incertain. Leur marchandise est parfois bloquée au port.Après l’annonce des droits de douane de Trump en avril, Pékin et Washington se sont engagés dans une escalade réciproque avec des montants à trois chiffres de chaque côté.”(Les clients américains) ont cessé de commander. Avant cela, de nombreux clients étrangers avaient déjà envoyé leurs marchandises à notre entrepôt et celles-ci étaient prêtes à être expédiées”, témoigne Li Jie, 28 ans, qui travaille pour la compagnie de transport Freight Service Limited.Après l’augmentation des droits de douane, “ils nous ont informés que – pour le moment – nous devions garder les marchandises dans notre entrepôt”.A la foire de Ningbo, des centaines d’exportateurs vendant de tout, des meubles aux petits appareils électroniques et jouets pour bébés, se bousculent pour essayer de capter l’attention de clients potentiels.Malgré la suspension en mai pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane, après une réunion entre des responsables chinois et américains à Genève, l’incertitude reste de mise.”Les commandes des États-Unis ont pour l’essentiel été suspendues”, déclare le chef d’entreprise Xiao Chuan, assis à son stand où sont exposées des enseignes LED multicolores en différentes langues.”Une commande était presque prête à être passée, mais  pourrait être retardée en raison des préoccupations sur les droits de douane. Depuis le récent ajustement, les clients adoptent une approche attentiste, incertains quant à la survenue d’autres changements.”- Pas digne de confiance -Face à l’imprévisibilité du marché américain, beaucoup se tournent vers d’autres pays pour écouler leurs marchandises.Les exportations chinoises vers la Thaïlande, l’Indonésie et le Vietnam ont ainsi enregistré une hausse à deux chiffres en avril.”Les pays d’Asie du Sud-Est ont de fait beaucoup gagné. De nombreuses usines transfèrent progressivement leurs approvisionnements hors de Chine, passant des commandes de fabrication” dans ces pays, estime Li Jie.À un dépôt de conteneurs près due port, un employé, affirmant se nommer Huang, assure lui aussi que les fabricants sont en plein processus de diversification.”Le monde ne tourne pas uniquement autour de l’Amérique. Nous trouverons finalement des débouchés alternatifs pour rediriger ces produits”, confie-t-il à l’AFP, entourés de centaines de conteneurs – les roses de la société japonaise ONE, les bleus ciel du danois Maersk et les bordeaux du sud-coréen HMM.Cependant, les volumes de commandes quotidienne ont récemment diminué, reconnait-il. “Bien que les droits de douane aient maintenant été réduits, l’incertitude subsiste concernant d’éventuelles augmentations futures”, explique-t-il.Un pic d’expéditions vers les États-Unis a été observé en mai, lors de la réduction des taxes douanières, mais cela ne pourrait qu’être qu’un sursaut, dû notamment à des commandes en retard.Pour Xiao Chuan, le vendeur d’enseignes lumineuses LED, de nouvelles commandes ne viendront que lorsque la politique tarifaire se sera stabilisée.Selon Huang, les expéditions vers les États-Unis vont probablement se poursuivre, mais avec “des marges de profit plus serrées et des volumes réduits”.”Je ne trouve pas la crédibilité américaine particulièrement digne de confiance ces jours-ci”, juge-t-il. Et d’appuyer: “honnêtement, le gouvernement américain donne souvent l’impression d’opérations bâclées”.

La Bourse de Paris termine en léger recul

La Bourse de Paris a fini en léger recul, après une séance passée à s’interroger sur la portée de la décision de juges fédéraux américains de bloquer l’application des droits de douane imposés par Donald Trump aux États-Unis.Le CAC 40 a perdu 0,11% à 7.779,72 points, en recul de 8,38 points. Mercredi, l’indice vedette parisien avait terminé en baisse de 0,49%.Trois juges du tribunal de commerce international des États-Unis (ITC) ont estimé que les surtaxes que l’administration Trump impose sur ses importations relevaient d’une prérogative du Congrès et que le président américain avait ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose.Ils ont considéré que le président ne pouvait pas invoquer la loi d’urgence économique de 1977, utilisée pour justifier l’usage de décrets présidentiels, pour “imposer une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”.Les Bourses ont d’abord salué cette décision, avec des hausses solides, mais cette “première euphorie s’est dissipée”, résume Andreas Lipkow, analyste indépendant.”Il ne faut pas oublier que ce sont précisément les droits de douane américains tant redoutés qui ont provoqué la fuite de nombreux capitaux vers l’Europe”, a-t-il ajouté.Les places financières du Vieux continent profitent, depuis le début de l’année, d’un regain d’intérêt des investisseurs internationaux, au contraire de leurs homologues américaines, plombées par les incertitudes liées à la politique erratique de Donald Trump.Par ailleurs, le recours en appel du président contre cette décision pourrait “marquer le début d’un long bras de fer entre les tribunaux et la Maison Blanche, et les droits de douane pourraient malgré tout être mis en Å“uvre”, estime Kathleen Brooks, directrice de recherche pour XTB. Cela “explique que la dynamique boursière n’ait pas duré”, a ajouté l’analyste.En bref, il s’agit d’un “soulagement de courte durée, qui introduit une plus grande ambiguïté quant à l’orientation de la politique commerciale future des États-Unis”, estime Gregory Daco, économiste chez EY.Côté obligataire, l’emprunt à dix ans français atteignait 3,17%, contre 3,22% la veille à la clôture.Soitec reprend des couleursSoitec, spécialiste de la conception de matériaux semi-conducteurs, a repris des couleurs jeudi, prenant 3,57% à 46,07 euros, au lendemain d’une violente chute de plus de 20% de son action après l’annonce du retrait de l’ensemble de ses prévisions de résultats pour l’année fiscale en cours.Il a profité, comme l’ensemble du secteur, des bons résultats trimestriels publiés par le champion américain des semi-conducteurs Nvidia, baromètre du secteur.Son compatriote STMicroelectronics a lui pris jusqu’à plus de 4% au cours de la séance, avant de s’essouffler et de finir avec une hausse de 0,81% à 22,53 euros.

Un tribunal américain inflige un camouflet à Trump sur les droits de douane; la Chine veut leur annulation

Des conseillers du président américain Donald Trump ont cherché jeudi à minimiser la portée de la décision d’un tribunal suspendant les droits de douane dits “réciproques” alors que les principaux partenaires commerciaux se sont félicités de la décision, la Chine appelant à les “annuler totalement”.La veille, le tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) a estimé que M. Trump avait outrepassé ses pouvoirs en imposant ces surtaxes alors qu’il s’agit d’une prérogative du Congrès.Cette décision bloque à la fois les droits de douane imposés au Canada, au Mexique et à la Chine, accusés de ne pas lutter assez contre le trafic de fentanyl, et les surtaxes “réciproques” imposées début avril –dont l’application au-delà d’un plancher de 10% a été repoussée début juillet.Le gouvernement Trump a interjeté appel mercredi, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.”Nous verrons ce qui se passera en appel, nous sommes très confiants dans nos chances”, a estimé sur Fox Business le principal conseil économique de M. Trump, Kevin Hassett.”Il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’une urgence économique”, a de son côté estimé le conseiller commercial de la Maison Blanche, Peter Navarro, “nous estimons que nous disposons d’arguments solides à faire valoir”.Dans un communiqué publié mercredi, un porte-parole de la Maison Blanche a dénoncé une décision de “juges non élus” qui n’ont “pas le pouvoir de décider comment gérer convenablement une urgence nationale”.De son côté, la Chine a pressé les États-Unis d'”annuler totalement les droits de douane unilatéraux injustifiés”, après la décision de l’ITC, par la voix d’une porte-parole du ministère du Commerce.”Le gouvernement accueille favorablement la décision d’hier”, a de son côté déclaré devant le Parlement canadien le Premier ministre Mark Carney, “elle confirme la position canadienne qui était de considérer ces droits de douane comme illégaux et injustifiés”.Mais “nous estimons que notre relation commerciale avec les Etats-Unis est toujours profondément menacée” par les droits de douane toujours appliqués sur l’acier et l’aluminium ou le secteur automobile, a ajouté M. Carney, qui espère “renforcer notre collaboration avec des partenaires commerciaux fiables et des alliés partout dans le monde”.Dans le détail, les juges considèrent que le président ne peut invoquer la loi d’urgence économique de 1977 (IEEPA) pour instituer par décret “une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”, selon le jugement que l’AFP a pu consulter.Pour les magistrats, les décrets adoptés “outrepassent les pouvoirs accordés au président dans le cadre de la loi IEEPA pour réguler les importations”, ce texte lui permettant seulement “de prendre les sanctions économiques nécessaires en cas d’urgence pour combattre une menace +extraordinaire et inhabituelle+”.Toute interprétation qui lui délègue “une autorité illimitée sur les droits de douane est anticonstitutionnelle”, ont insisté les juges.Dans une opinion écrite accompagnant la décision, l’un des juges, qui n’est pas nommé, a estimé que cela “constituerait un renoncement du pouvoir législatif au bénéfice d’une autre branche du gouvernement”, ce qui est contraire à la Constitution américaine.Le tribunal se prononçait suite à deux plaintes, déposées l’une par une alliance de douze Etats américains dont l’Arizona, l’Oregon, New York et le Minnesota, l’autre par un groupe d’entreprises américaines, qui reprochaient à Donald Trump de s’arroger des pouvoirs appartenant au Congrès.Le 2 avril, le président Trump avait annoncé des droits de douane dits “réciproques”, censés concerner l’ensemble des pays dans le monde, avant de reculer face à la chute des marchés financiers, accordant une pause de 90 jours –tout en maintenant une surtaxe-plancher de 10%–, afin d’ouvrir la porte à des négociations commerciales.Le négociateur du Japon Ryosei Akazawa a indiqué jeudi qu’il étudierait la décision judiciaire, peu avant son départ pour Washington pour une quatrième séance de pourparlers en vue d’échapper aux taxes prohibitives plombant les exportations d’automobiles et d’acier de l’archipel.Après un bras de fer et une escalade des surtaxes colossales qu’ils s’imposaient mutuellement, Pékin et Washington se sont finalement entendus mi-mai sur un retour à 10% sur les produits américains et 30% sur les produits chinois.Mais jeudi, après la décision du tribunal de commerce international, la porte-parole du ministère chinois du Commerce a dénoncé un protectionnisme américain “qui ne profite à personne”.

A Damas, ananas, kiwi et mangue sortent de la clandestinité après Assad

Mangues, kiwis, ananas : les étals des souks de Damas regorgent désormais de fruits exotiques, autrefois interdits sous le pouvoir d’Assad, qui les considérait comme des produits de luxe et sanctionnait sévèrement ceux qui les vendaient.”Nous ne cachons plus les ananas, aujourd’hui nous les exposons en pleine vitrine (..) le temps de la peur de l’ananas est terminé”, déclare Marwan Abou Hayla, un vendeur de fruits et légumes de 46 ans.”L’ananas, le kiwi et la mangue étaient tous des fruits introuvables, vendus à des prix exorbitants”, raconte en souriant ce commerçant du souk animé d’Al-Chaalan dans le centre de la capitale syrienne.Pendant des décennies, les fruits tropicaux étaient considérés comme des produits de luxe réservés à une élite. Pour économiser les devises étrangères et soutenir la production locale, leur importation était entravée par les autorités, et leur vente était passible d’amendes, voire de prison. Les services de sécurité perquisitionnaient les magasins à la recherche des contrevenants.Face aux restrictions, les commerçants avaient pris l’habitude de recourir à des circuits parallèles.”On les acheminait en contrebande, notamment par le biais des chauffeurs de taxi, tout comme l’essence et le diesel”, raconte Marwan Abou Hayla, en allusion à la contrebande de ces produits depuis le Liban voisin. “Parfois, ils les cachaient dans le compartiment moteur du véhicule, en petites quantités.”Alors que le kilo d’ananas avoisinait les 300.000 livres syriennes (environ 23 dollars) l’an dernier, il est aujourd’hui vendu autour de 40.000 livres, soit 4 dollars.”L’ananas est devenu comme la pomme de terre ou l’oignon”, affirme-t-il.- “A la télévision” -Depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad en décembre, l’économie s’est libéralisée et de nombreux produits jadis interdits ou introuvables ont fait leur apparition sur le marché syrien.Le dollar, dont l’usage – et même sa simple mention – était auparavant passible de sanctions, circule désormais librement. Des véhicules récents roulent dans les rues, et le carburant est de nouveau accessible.Ahmed al-Harith, un commerçant de 45 ans, explique que les avocats, les ananas, les kiwis ou les bananes de Somalie sont aujourd’hui largement accessibles, alors que “le prix d’un seul fruit équivalait autrefois au salaire d’un fonctionnaire”.”Je voyais les fruits exotiques plus souvent à la télévision que sur les marchés”, raconte Nour Abed al-Jabbar, une étudiante en médecine de 24 ans, selon laquelle certains “ne savent pas comment éplucher” l’ananas.Mais dans un pays ravagé par quatorze années de guerre, qui ont détruit l’économie et plongé plus de 90 % de la population sous le seuil de pauvreté, les fruits exotiques restent pour certains un luxe inabordable.Elham Amin, une femme au foyer de 50 ans, a bien noté que “les devantures des épiceries sont devenues plus colorées”. Mais elle n’emmène pas ses enfants lorsqu’elle fait les courses, de peur qu’ils réclament ces nouveautés qui ne sont pas à sa portée.”Les conditions de vie sont difficiles, et l’ananas reste un luxe pour une famille comme la nôtre”, confie-t-elle.

Après le recul du ZAN, l’Assemblée approuve la suppression des “zones à faibles émissions”

Saisie du projet de loi de “simplification”,l’Assemblée nationale a approuvé mercredi coup sur coup un recul du principe de “zéro artificialisation nette”, et surtout la suppression des zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation des véhicules les plus polluants.Introduite en commission à l’initiative de LR et du RN, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) a été adoptée par 98 voix contre 51, avec celles de l’alliance RN-UDR, de la droite, de LFI et quelques macronistes.Écologistes et socialistes ont largement voté contre, comme certains députés MoDem et Horizons. Le gouvernement était opposé à la suppression, proposant sans succès, un compromis.Initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE sont une mesure emblématique de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit’Air 3 ou plus selon les villes.”La pollution de l’air cause plus de 8.000 décès prématurés chaque année en Ile-de-France”, les ZFE sont “un outil indispensable pour protéger la santé publique et répondre à l’urgence climatique”, a souligné la ville de Paris dans un communiqué, appelant “à rétablir cette mesure essentielle”.Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a dénoncé “un vote contre la santé des Français” et celui de Montpellier Michaël Delafosse (PS) “une erreur funeste pour les générations à venir”.Mais les ZFE sont critiquées, jusque dans les rangs du gouvernement, par de nombreux responsables politiques, notamment à droite, qui considèrent qu’elles excluent des catégories de la population ne pouvant acheter des véhicules moins polluants.”Je ne vais pas vous dire que je pleure”, a réagi sur CNews et Europe 1 le ministre (LR) des Transports, Philippe Tabarot.”Le texte tel qu’il a été défini aujourd’hui est dépassé”, a-t-il ajouté, appelant à améliorer le dispositif par “des mesures de bon sens”, mais “certainement pas en montant les Français contre les Français”.Leur suppression “n’est pas une défaite pour l’écologie” mais “pour l’écologie punitive et pour tous ceux qui veulent systématiquement taper sur les Français”, a abondé sur X la patronne des députés RN Marine Le Pen.Le groupe LFI a également salué une “victoire” contre “un dispositif injuste”. Les Insoumis ont proposé “dès 2022 un moratoire sur les ZFE (…) Il est urgent de planifier nos mobilités en mettant de réels moyens dans des alternatives en transports en commun”, ont-ils commenté dans un communiqué.- “Démagogie” -La ministre macroniste de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a tenté, en vain, de faire adopter un compromis, pour sanctuariser le fait que les ZFE ne seraient obligatoires qu’autour de Paris et Lyon, et instaurer toute une batterie d’exceptions à la main des collectivités qui veulent les mettre en place.”Ce ne sera pas possible de le faire même pour ceux qui le souhaitent”, a déploré le ministère dans un communiqué, après le vote de l’Assemblée.L’ancien ministre macroniste des Transports Clément Beaune, désormais Haut-commissaire au Plan, a déploré sur X une “triste semaine de démagogie anti-écolo”, citant également une loi agricole visant entre autres à réintroduire certains néonicotinoïdes, et qui poursuit sa route au Parlement grâce à un coup tactique du bloc central.Concernant la loi simplification, les députés ont aussi adopté mercredi un article pour faciliter l’implantation de vastes centres de données numériques. Mais après son passage en commission, il comporte surtout une révision significative du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre la bétonisation d’espaces naturels et agricoles.L’article permet de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces naturelles aménageables, “sans justification”, et prévoit d’exclure du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme “projet d’intérêt national majeur”.L’Assemblée a aussi adopté un amendement visant à sécuriser la conformité de projets comme celui de l’autoroute A69 – une limitation du “droit aux recours” selon la gauche -, ou un article ambitionnant de simplifier l’implantation d’antenne-relais.Des députés estiment toutefois que certaines dispositions, comme l’abrogation des ZFE, encourent un risque de censure au Conseil constitutionnel, comme cavaliers législatifs (trop éloignés du texte initial).Les votes sur les articles devront être confirmés par celui sur le projet de loi, alors que les débats sur ce texte, morcelés depuis début avril, doivent reprendre mi-juin, avec 623 amendements à étudier.sac-gbh-bl-juc-sde/vk

Le Mauritanien Sidi Ould Tah, élu nouveau super banquier de l’Afrique

L’ancien ministre mauritanien de l’Economie, Sidi Ould Tah, a été élu jeudi président de la Banque africaine de développement (BAD) et va succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de cette institution qui doit faire face au désengagement financier des Etats-Unis. Il n’aura fallu que trois tours de scrutin pour que M. Tah l’emporte, avec 76,18% des voix, devançant largement son rival zambien Samuel Munzele Maimbo qui a recueilli 20,26%. Le Sénégalais Amadou Hott termine troisième avec 3,55% des voix. Fondée en 1964, la BAD qui compte 81 pays membres, dont 54 africains, est l’une des grandes banques multilatérales de développement.Ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux ainsi que des remboursements et revenus des prêts.Pour remporter l’élection qui se déroulait à Abidjan, siège de l’institution, il fallait obtenir une double majorité: celle des votes de tous les pays membres mais aussi celle des pays africains. Et sur ce terrain, M. Tah a obtenu un score fleuve avec 72,37% des suffrages africains. “Je voudrais d’abord remercier l’Afrique pour la confiance. Je vous remercie pour cette confiance dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagne”, a déclaré M. Tah, à l’issue de son élection. “Je veux féliciter le Dr Sidi Ould Tah pour son élection réussie (…) je suis entré dans cette course mû par l’amour pour notre continent et pour offrir une vision pour le futur de l’Afrique. Aujourd’hui les gouverneurs ont choisi le leader qui, selon eux, va donner la vision de l’Afrique que nous voulons à ce moment décisif”, a déclaré M. Maimbo dans un communiqué transmis à l’AFP.   Car le nouveau président de l’institution va être immédiatement confronté à un environnement économique international chamboulé, notamment par les annonces de l’administration Trump.Outre les droits de douane, certaines décisions affectent directement la BAD puisque les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d’un demi-milliard de dollars au fonds de la banque, destiné aux pays à faible revenu du continent.Cinq candidats étaient en lice pour l’élection de jeudi, dans la capitale économique ivoirienne où se trouve le siège de l’institution.- Prestigieux poste – Au fil des tours de vote, M. Tah a rallié les voix de nombreux pays, dans ce scrutin où le poids de chaque Etat actionnaire est pondéré par la hauteur de sa participation au capital de la banque.Les cinq plus gros contributeurs africains: le Nigeria, l’Egypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Maroc, étaient particulièrement courtisés, tout comme les Etats-Unis et le Japon, plus gros contributeurs non-régionaux. A la tête de ce prestigieux poste d’une institution qui s’est imposée au niveau international, M. Tah devrait mettre à profit ses dix années à la tête d’une autre institution multilatérale, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea).Il devrait toutefois rester dans la continuité des “High 5”, les cinq priorités établies par le président sortant: éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations. “Je suis fier de l’héritage que je laisse derrière moi. Nous avons construit une institution financière de classe mondiale qui va continuer à faire progresser la position de l’Afrique dans un environnement mondial qui évolue rapidement”, a déclaré M. Adesina, mardi, précisant que 565 millions de personnes en Afrique ont bénéficié de projets de la BAD ces dix dernières années.La banque a, par exemple, aidé à la construction de la plus grande station d’épuration d’Afrique, à Gabal el Asfar en Egypte, contribué à la réalisation d’un pont entre Sénégal et Gambie, à l’extension du port de Lomé au Togo, ou encore à des projets d’assainissement au Lesotho et d’accès à l’électricité au Kenya.Pendant les dix ans de gouvernance de l’homme au nÅ“ud papillon, le capital souscrit de l’institution a par ailleurs triplé, passant de 93 à 318 milliards de dollars.

Pays-Bas: rappel de bonbons Haribo après une contamination au cannabis

Haribo a procédé jeudi au rappel des bonbons de sa marque “Happy Cola Fizz” aux Pays-Bas à la suite de la découverte de cannabis dans certains paquets et après que plusieurs personnes, dont des enfants, sont tombées malades. L’Autorité néerlandaise de sécurité alimentaire et des produits de consommation (NVWA) a précisé que seuls trois sachets de bonbons Haribo “Happy Cola Fizz” étaient concernés par la détection d’une telle contamination, mais qu’un rappel généralisé de la gamme avait été lancé par précaution.”Il y a des sachets en circulation qui pourraient contenir des bonbons susceptibles d’entraîner des problèmes de santé tels que des étourdissements, lorsqu’ils sont consommés”, a déclaré la NVWA dans un communiqué. “Du cannabis a été retrouvé dans les [bonbons en forme de] bouteilles de cola en question” a précisé la porte-parole du NVWA Saida Ahyad. La NVWA a été alertée par la police, après que plusieurs personnes – enfants et adultes – ayant mangé ce type de bonbons sont tombées malades.Mme Ahyad a indiqué que la police enquêtait désormais sur la manière dont le cannabis avait pu se retrouver dans les sachets de bonbons.”Après consultation avec la NVWA et comme il est d’usage dans ce type de situations, Haribo a émis un avertissement de sécurité “, a ajouté Mme Ayhad, exhortant à ne pas consommer ces bonbons.De son côté, Patrick Tax, vice-président marketing de la société allemande, a assuré que le rappel de produit concernait “un nombre limité de cas” et un seul type de produit dans l’est du pays. “La sécurité de nos consommateurs est notre priorité absolue et Haribo prend cet incident très au sérieux”, a-t-il affirmé dans un communiqué à l’AFP. “C’est une question en cours d’investigation et nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités néerlandaises pour soutenir leur enquête et établir les faits ayant conduit à la contamination” , a-t-il ajouté.

Les moments-clés de Musk à la Maison Blanche

Elon Musk vient d’annoncer la fin de la mission de réduction de la dépense publique confiée par Donald Trump il y a quatre mois, au cours desquels l’homme le plus riche du monde s’est imposé comme la personnalité la plus iconoclaste de l’entourage du président américain. Rappel de quelques moments-clés, témoins de son influence et des controverses qu’il a suscitées.Salut nazi?Dès l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, le patron de Tesla et SpaceX, également propriétaire du réseau social X, fait polémique lors d’un meeting de soutien au nouveau président en levant le bras droit sur scène à deux reprises, dans un geste décrit par des élus démocrates et des historiens comme un salut nazi. L’homme le plus riche du monde s’en défend sans lever l’ambiguïté: “l’attaque selon laquelle +tout le monde est Hitler+ est tellement éculée”, lâche-t-il.   “Fiers d’être Allemands”En pleine polémique autour de ce geste, Elon Musk intervient le 25 janvier par visioconférence devant des milliers de sympathisants du parti d’extrême droite allemand AfD, à l’approche des élections législatives. “C’est OK d’être fier d’être Allemands. Battez-vous pour un avenir radieux pour l’Allemagne”, lance-t-il. Un enfant dans le bureau ovaleAlors que certains commencent à le surnommer “président Musk”, l’homme d’affaires défend le 12 février dans le Bureau ovale ses coupes brutales dans les services fédéraux. Son fils de quatre ans est perché sur ses épaules, sous le regard protecteur de Donald Trump. Tout en parlant, l’homme d’affaires essaie de distraire “X”, le fils qu’il a eu avec l’artiste Grimes. Jusqu’à ce qu’il le confie à une femme présente dans la salle, qui l’emmène dehors.L’homme à la tronçonneuseChargé de sabrer dans le budget fédéral à la tête d’une Commission pour l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk brandit le 20 février une tronçonneuse sur la scène d’une grande convention conservatrice. L’outil lui a été offert par le président argentin, Javier Milei, qui en a fait un symbole de son programme de réduction des services de l’Etat.La vedette du gouvernementLors de la première réunion du gouvernement Trump le 26 février, Musk semble voler la vedette. Mais 10 jours plus tard, une nouvelle réunion donne lieu à des accrochages entre le patron de SpaceX et le secrétaire d’Etat Marco Rubio et le ministre des Transports Sean Duffy, autour des coupes annoncées dans les services fédéraux, selon des médias américains. “Il n’y a pas eu d’affrontement, j’étais là”, assure Donald Trump.Tesla en vitrine à la Maison BlancheElon Musk à son côté, Donald Trump se pose le 11 mars en promoteur des véhicules Tesla à la Maison Blanche, alors que la marque voit ses ventes baisser et des voitures vandalisées du fait des prises de positions politiques de son patron.Des millions pour le WisconsinA la veille d’une élection pour remplacer un juge à la Cour suprême de l’Etat-clé du Wisconsin, Elon Musk s’implique à fond pour le candidat conservateur, allant jusqu’à offrir le 27 mars deux chèques d’un million de dollars à deux électeurs. C’est pourtant la candidate démocrate qui l’emporte.    “Crétin”Après l’imposition par Trump de lourds droits de douane sur les importations des Etats-Unis, Musk prend le contre-pied en plaidant pour une “zone de libre-échange” entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Le 8 avril, il traite publiquement de “crétin” Peter Navarro, conseiller au commerce de Trump et architecte de ces barrières douanières. Ce dernier avait reproché à Tesla de n’être qu’un “assembleur” de voitures faites de pièces fabriquées hors des Etats-Unis.”Déçu”Il aura fallu attendre le 27 mai, plus de quatre mois après l’investiture de Donald Trump, pour entendre une première critique d’Elon Musk à l’égard de son grand allié républicain: dans une interview, le multimilliardaire se dit “déçu” par la “grande et belle loi” budgétaire poussée par le président, lui reprochant de creuser le déficit budgétaire, à rebours de la mission d’austérité qui lui a été confiée. Le lendemain, il confirme son départ du gouvernement, comme “prévu”.

Wall Street ouvre en hausse après une décision judiciaire sur les droits de douane

La Bourse de New York a ouvert en hausse jeudi, optimiste après qu’un tribunal américain a décidé de bloquer une partie des droits de douane imposés par l’administration Trump, les investisseurs étant aussi satisfaits des résultats du géant Nvidia.Dans les premiers échanges, le Dow Jones prenait 0,16%, l’indice Nasdaq progressait de 1,51% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,87%.

Au nom de l’inox et des batteries, la plus grande mine de nickel au monde déloge une tribu

Bokum, membre d’une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie, presque totalement isolée du monde moderne, se désespère: sa forêt vierge, stupéfiante de beauté sur une île des Moluques, est riche en nickel. Et abrite depuis six ans la plus grande mine de ce métal au monde, exploitée par des groupes chinois et français.Pour le voir de ses yeux, il faut s’enfoncer profondément dans la jungle de l’île de Halmahera, 2.400 km à l’est de Jakarta. Ici vit la tribu des Hongana Manyawa (“Peuple de la forêt”), dont 500 membres mènent encore une vie nomade et sans aucun contact avec la civilisation moderne.Bokum, lui, fait partie des 3.000 autres membres de la tribu acceptant des contacts limités. C’est donc lui qui montre à une équipe de l’AFP comment la vaste concession minière de Weda Bay Nickel défigure ses terres tribales.Au milieu d’une nature à couper le souffle, les machines abattent et creusent, et la mine s’étend pour répondre à la demande phénoménale de nickel, principalement pour fabriquer de l’acier inoxydable, et indispensable à la plupart des batteries des véhicules électriques. Pas moins de 17% du nickel mondial vient de cette seule mine, selon son site en 2023. L’Indonésie en est de très loin le premier producteur.”J’ai peur qu’ils continuent à détruire la forêt”, confie Bokum, qui dit ne plus trouver les cochons sauvage et poissons dont il se nourrissait. “Nous ne savons pas comment survivre sans notre terre, sans notre nourriture”.L’homme vit à 45 minutes de marche, un peu plus au coeur de la forêt. Il a accepté de témoigner en compagnie de son épouse Nawate qui, elle, garde le silence. Mais il ne s’attardera pas, car avant de se mettre en route, il a aperçu des ouvriers près de chez lui.”Les ouvriers de la mine ont essayé de cartographier notre territoire”, explique-t-il, une machette à portée de main. “C’est notre maison et nous ne la leur donnerons pas”.Le sort des Hongana Manyawa a suscité une certaine émotion ces derniers mois, après la diffusion de vidéos virales montrant des membres de la tribu amaigris et sortis de leur forêt pour mendier de la nourriture. Mais l’avenir de cette région, si loin de la capitale Jakarta, n’est pas une priorité.Trois jours de périple, sur 36 km à travers les 45.000 hectares de la concession minière, permettent pourtant de voir ce que coûtent, pour les humains comme pour la nature, les technologies modernes.Des explosions à répétition pour exposer le minerai font fuir des volées d’oiseaux. Des hélicoptères partagent le ciel avec des perroquets verts, des hiboux des Moluques, des calaos et des abeilles géantes.Des souches d’arbres, le long de la route, sont d’autres indices de l’invasion des machines. Et au loin, on aperçoit des gardiens de la mine tirant sur des oiseaux tropicaux avec leurs fusils à air comprimé.Toute la nuit, le vacarme des excavatrices arrachant la terre pénètre l’épaisse végétation, rivalisant avec les croassements des grenouilles et le bourdonnement des insectes.Le fond des rivières est tapissé d’une lourde boue recrachée par l’exploitation minière. Les poissons ont quasiment disparu de cette eau qui, quand on la traverse à gué, irrite la peau tant elle est souillée.- “Protocoles de contact” -La constitution indonésienne consacre les droits fonciers des autochtones. En 2013, la Cour constitutionnelle a même donné aux communautés locales le contrôle des forêts coutumières, plutôt qu’à l’Etat.Mais dépourvus de titres fonciers et faute de législation spécifique, les Hongana Manyawa ont peu de chances de faire valoir leurs droits sur les terres qui chevauchent la concession, selon les ONG.A fortiori face au géant qui leur fait face. La concession appartient à Weda Bay Nickel (WBN) qui a, via une coentreprise, pour actionnaire majoritaire le géant chinois de l’acier Tsingshan et minoritaire le groupe minier français Eramet, dont le nouveau patron accompagne le président Emmanuel Macron en visite en Indonésie. La mine demande à augmenter son droit d’extraction.WBN a indiqué à l’AFP être “engagée dans une exploitation minière responsable et la protection de l’environnement” et qu’elle formait ses employés au “respect des coutumes et traditions locales”. Il n’existe “aucune preuve que des groupes isolés ou non-contactés soient impactés par les activités de WBN”, selon l’entreprise.Eramet déclare à l’AFP avoir demandé aux actionnaires majoritaires de WBN l’autorisation de procéder cette année à un audit indépendant des “protocoles de contact” avec les Hongana Manyawa.Un examen plus approfondi de la manière dont la tribu utilise les forêts et les rivières de la région est également en cours, ajoute Eramet, qui affirme toutefois qu’il n’y a “aucune preuve” que des membres de la tribu vivent isolés dans sa concession.Mais le gouvernement indonésien a admis le contraire, dans une déclaration à l’AFP. Il existe “des preuves de l’existence de tribus isolées autour de Weda Bay”, a déclaré la direction générale du charbon et des minéraux du ministère indonésien de l’Energie et des Ressources minérales.La même direction dit s’engager à “protéger les droits des peuples autochtones et à garantir que les activités minières ne nuisent pas à leur vie et à leur environnement”.C’est la première reconnaissance officielle par Jakarta de la présence de Hongana Manyawa isolés dans la zone, selon l’ONG de défense des droits des autochtones Survival International.Pour l’ONG, qui évoque un “coup dur” pour les revendications d’Eramet, une zone interdite pour protéger la tribu est “le seul moyen d’empêcher son anéantissement”.Eramet indique sur son site former ses employés à la façon de se comporter s’ils rencontrent des Hongana Manyawa. Elle conseille aux employés de WBN d’éviter d’interagir avec des personnes non contactées si leur présence “est démontrée”.Tsingshan n’a pas répondu aux questions de l’AFP.Eramet, qui nie polluer l’eau de la région, affirme que l’exploitation minière a “créé de nombreuses nouvelles opportunités économiques”.Mais Bokum constate l’inverse: “depuis que l’entreprise a détruit notre maison, notre forêt, nous avons du mal à chasser, à trouver de l’eau propre”, affirme-t-il dans la langue indigène Tobelo. – Racket, prostitution -Depuis le début de l’exploitation du sol en 2019, la zone s’est rapidement transformée en une sorte de Far West.A un checkpoint près de l’immense parc industriel de Weda Bay, le véhicule des journalistes de l’AFP a été stoppé par plusieurs hommes exigeant de l’argent, avant qu’un responsable local n’intervienne.Non loin des villes limitrophes, à savoir Lelilef Sawai, Gemaf et Sagea, on croise des employés avec casques de chantier sur des routes boueuses et encombrées.Des boutiques rudimentaires bordent la route où des prostituées racolent les clients devant des hôtels infestés de punaises de lit.Au loin, les tours de fusion du nickel crachent un nuage artificiel qui flotte dans le ciel.La main-d’Å“uvre de la mine a plus que doublé depuis 2020 pour atteindre près de 30.000 personnes. Pour la plupart, il s’agit d’étrangers dont l’arrivée a créé des tensions et coïncidé avec une hausse des cas de maladies respiratoires et de VIH.”Les entreprises minières n’ont pas de bonnes pratiques, violent les droits de l’homme et font rarement de contrôles”, accuse Adlun Fiqri, porte-parole de l’association Save Sagea.”Bien avant l’exploitation minière, tout était vraiment calme et c’était agréable de vivre dans la forêt,” confie plus loin Ngigoro, qui a quitté le groupe isolé des Hongana Manyawa avec sa mère lorsqu’il était enfant. A l’époque, ils n’avaient “peur de rien”.”Cette terre appartient aux Hongana Manyawa,” ajoute cet homme de 62 ans, qui marque son chemin dans la forêt par des entailles sur les troncs d’arbre à l’aide de sa machette. Le sentiment est partagé dans l’est de l’île. Au moins 11 manifestants autochtones contre les activités minières y ont été interpelés, selon Amnesty International lundi.- Tesla s’en mêle -Bokum affirme avoir déménagé au moins six fois pour échapper aux mineurs qui empiétaient sur le territoire de son peuple.Les ONG craignent que la mine ne fasse tout simplement disparaître la tribu.”Ils dépendent entièrement de ce que la nature leur fournit et alors que leur forêt tropicale est dévastée, il en va de même pour eux,” s’alarme Callum Russell, de Survival International.Le gouvernement affirme avoir “réalisé une documentation” pour comprendre ces tribus isolées et assure les avoir impliquées “dans le processus de décision.”Mais pour les défenseurs des indigènes, ceci est impossible car la plupart d’entre eux n’utilisent pas la technologie moderne et évitent tout contact avec les étrangers.Récemment, quelques voix se sont élevées, notamment de grandes entreprises. Le constructeur automobile américain Tesla, propriété de Elon Musk, qui a signé des accords d’investissement dans le nickel indonésien, a proposé des zones interdites pour protéger les peuples autochtones.L’entreprise suédoise de véhicules électriques Polestar a déclaré l’an passé qu’elle chercherait à éviter de mettre en péril des “communautés non contactées” dans sa chaîne d’approvisionnement.Mais pour Bokum, le danger est déjà là: un site d’exploitation à ciel ouvert de 2,5 kilomètres de long s’étend juste derrière la colline où il cultive ananas et manioc.La mine a bien essayé de communiquer avec Bokum et son épouse, en leur fournissant des téléphones portables. Mais pour capter un signal, Bokum doit se rapprocher de la mine et quand des ouvriers s’approchent de chez lui, il réitère sa promesse, machette à la main: “C’est notre terre. Nous ne consentirons pas à sa destruction.”