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Le Japon ouvre davantage ses réserves stratégiques de riz pour contrer l’envolée des prix

Le Japon va continuer àdébloquer ses réserves stratégiques de riz jusqu’en juillet pour tenter d’enrayer l’envolée des prix, a annoncé le ministre nippon de l’Agriculture mercredi.”Afin de stabiliser les prix du riz qui ont flambé, le gouvernement va écouler sa réserve chaque mois jusqu’à cet été”, lorsque la nouvelle récolte de riz entrera sur le marché, a indiqué le ministre Taku Eto.Après une multiplication des prix quasiment par deux en un an, le gouvernement a commencé le mois dernier à mettre aux enchères son stock stratégique de riz pour la première fois depuis la constitution de la réserve en 1995.Cette flambée des prix découle de facteurs complexes, dont une demande accrue – avec les achats paniques déclenchés en août par un avertissement au “mégaséisme”, et la mauvaise récolte 2023 (consommée l’an dernier) pénalisée par de fortes chaleurs, ce qui a réduit l’offre.Facteur aggravant du problème, certains négociants ont tenté de faire du profit en attendant le moment opportun pour vendre leurs stocks de riz, selon les autorités.Le gouvernement a pour l’heure sorti quelque 210.000 tonnes de sa réserve.La prochaine vente aux enchères, de 100.000 tonnes, doit avoir lieu la semaine du 21 avril.Le prix au détail de cinq kilogrammes de riz était la semaine dernière de 4.206 yens (26,2 euros), en hausse de 104,5% par rapport à la même semaine l’an dernier.Le gouvernement japonais a également annoncé en mars vouloir multiplier par huit les exportations de cette céréale, pour atteindre 350.000 tonnes d’ici 2030.Le nouvel objectif d’exportations est à inscrire au sein d’une politique nationale de longue date visant à renforcer les exportations de cette denrée et rendre la riziculture plus efficace à mesure que vieillit la population du pays.La Maison Blanche a elle-même mobilisé l’exemple du riz nippon en annonçant des droits de douane additionnels de 24% sur les produits japonais entrant aux Etats-Unis, en vigueur depuis mercredi. Selon Washington, le Japon applique une taxe commerciale de 700% sur les importations de riz américains – une affirmation jugée “incompréhensible” par le ministre Taku Eto.La consommation de riz nippon a quasiment été divisée par deux ces 60 dernières années au gré des changements d’habitudes alimentaires, qui laissent de nos jours davantage de place au pain ou aux nouilles.

Guerre commerciale: les marchés mondiaux de nouveau en proie à la panique

La panique s’empare à nouveau des marchés mondiaux mercredi en pleine escalade des tensions commerciales, Donald Trump imposant depuis mercredi de nouvelles surtaxes à 60 pays, dont un taux colossal total de 104% contre la Chine.”La dernière colère douanière de Trump frappe comme une boule de démolition macroéconomique, réduisant à néant ce qu’il restait d’appétit pour le risque et plongeant à nouveau les marchés dans un mode de panique totale”, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental pour la Chine.La Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel “amendé” faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation qui sera perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Cela porte à 104% le taux total imposé à la Chine depuis 04H00 GMT.”Les deux premières économies mondiales sont désormais coincées dans une guerre commerciale, et aucune des deux nations ne semble prête à céder”, note Susannah Streeter, responsable des marchés financiers, Hargreaves Lansdown.”Alors que le monde attend de savoir quel côté pliera en premier”, poursuit-elle, les Bourses asiatiques plongent de concert. La Bourse de Taïwan a clôturé en dégringolade de 5,8%, et à Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur une chute de 3,93%.La situation est plus nuancée en Chine, avec l’indice Hang Seng à Hong Kong qui perdait 0,38% dans les derniers échanges, quand l’indice composite de Shanghai prenait 1,31% et celui de Shenzhen 1,22%, soutenus par les banques et firmes d’investissements étatiques aiguillonnées par Pékin.En Europe, vers 07H15 GMT, la Bourse de Paris dévissait de 2,40%, Francfort de 2,44%, Londres de 2,34% et Milan de 2,85%. La Bourse suisse lâchait 3,62%.Ventes paniques sur le marché de la detteLa volatilité extrême et la nervosité s’est aussi emparée du marché des obligations d’Etat, ces morceaux de dettes d’un pays avec différents horizons de remboursement.”Les marchés obligataires américains connaissent une vente massive incroyable”, souligne Jim Reid, “la preuve qu’ils perdent leur statut traditionnel de valeur refuge”.Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu’ils jugent la dette d’un Etat plus risquée.Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans des bons du Trésor a grimpé à 4,38% vers 07H15 GMT, contre 4,29% mardi en clôture.Ces derniers jours, les obligations d’Etat étaient plébiscitées car perçues comme plus sûres avec un rendement garanti pour les investisseurs. Mais les récents “mouvements suggèrent que certaines positions sont abandonnées pour couvrir des pertes ailleurs sur les marchés”, estime Susannah Streeter.Le même phénomène avait été observé pour l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence en temps de crise, qui avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de liquider leurs positions pour essuyer leurs pertes sur d’autres marchés.Face au chaos de la guerre commerciale, les achats d’or reprenaient toutefois mercredi, l’once d’or gagnant 1,84% à 3.038,20 dollars vers 07H15 GMT.Focus sur le yuanLe yuan offshore, qui circule en dehors de Chine continentale, a touché mardi son plus bas jamais enregistré face au billet vert depuis l’ouverture des échanges en 2010, à 7,4290 yuans pour un dollar.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, la Chine pourrait “laisser le yuan se déprécier pour absorber une partie du coût des droits de douane” de Donald Trump.”Cela aggrave les craintes que les États-Unis et la Chine ne finissent par se retrouver dans une spirale d’escalade” des tensions, affirme Jim Reid, économiste pour la Deutsche Bank.Mme Ozkardeskaya s’attend à “des baisses de taux, des injections de liquidités et d’autres mesures qui s’enchaîneront les unes après les autres”.La Banque centrale indienne a d’ailleurs abaissé mercredi ses taux d’intérêt, espérant ainsi stimuler son économie dans la tempête de la guerre commerciale.Le pétrole pris dans la tourmenteLes prix du pétrole n’échappent pas à la tourmente, les deux références mondiales du brut ayant dégringolé d’environ 18% depuis le début du mois, évoluant désormais à leur plus bas niveau en plus de quatre ans.Vers 07H15 GMT, le Brent de la mer du Nord cédait 2,57% à 61,20 dollars le baril, quand son équivalent américain, le WTI perdait 2,88% à 57,86 dollars le baril.De quoi refléter “le scepticisme quant à une désescalade à court terme”, note John Plassard, de Mirabaud.

Le fisc américain va partager des données avec les services de l’immigration

Les autorités fiscales américaines ont conclu un accord avec les services de l’immigration en vue de leur fournir des informations sensibles sur les contribuables, ce qui pourrait faciliter l’expulsion de migrants, selon des documents judiciaires.Cet accord représente une victoire pour le gouvernement de Donald Trump qui a lancé une politique radicale de lutte contre l’immigration depuis son retour au pouvoir en janvier.Le fisc américain (IRS) permet à des millions de migrants clandestins de payer leurs impôts, ce qui est perçu par les intéressés comme un moyen de renforcer leur quête de papiers et contribue à alimenter le budget fédéral.Le service des impôts dispose de données telles que l’adresse, les revenus et les situations familiales des contribuables, qui sont strictement protégées par la loi fédérale. Mais aux termes de l’accord conclu lundi, selon les documents judiciaires, la police fédérale de l’immigration (ICE) peut réclamer à l’IRS des informations sur les personnes sur lesquelles elle enquête ou qui ont déjà reçu l’ordre de quitter le territoire.Le ministère de la sécurité intérieure (DHS), qui coiffe ICE, peut “légalement demander des informations relatives aux individus faisant l’objet d’une enquête pénale et l’IRS est tenu de les fournir”, selon ces documents.Dans ces circonstances, le Washington Post révèle mardi que la directrice par interim du fisc américain Melanie Krause a décidé de quitter l’IRS.Interrogé par l’AFP, le ministère des Finances s’est limité à confirmer son départ. “Melanie Krause a dirigé l’IRS au cours d’une période de transformation extraordinaire. Nous lui souhaitons du succès dans ses prochaines fonctions”, écrit une porte-parole.Melanie Krause était la troisième dirigeante du fisc américain depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.D’après les médias américains, des organisations de défense des droits des migrants avaient saisi la justice le mois dernier pour empêcher l’IRS de livrer des informations sensibles à ICE. Ce sont les documents judiciaires fournis par l’administration américaine dans le cadre de cette procédure qui ont révélé l’existence de l’accord.”Si l’accord reste en place, il fournira une feuille de route aux forces fédérales de maintien de l’ordre pour accéder à des informations confidentielles sans obtenir de décision judiciaire comme le prévoit la loi”, a réagi sur CNN Nandan Joshi, avocat de l’association Public Citizen.

Droits de douane: les Bourses européennes attendues en forte baisse à l’ouverture

Les Bourses européennes se dirigent vers une ouverture en forte baisse mercredi, avec l’entrée en vigueur de surtaxes américaines à 60 pays, dont un taux total de 104% appliqué contre la Chine.”Les indices européens devraient ouvrir en baisse (…) après que le président Trump a confirmé que les droits de douane sur la Chine augmenteraient à 104% à partir d’aujourd’hui, ce qui soulève des inquiétudes quant à une récession mondiale”, commente John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.Le contrat à terme de l’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, qui reflète les échanges se déroulant avant l’ouverture, chutait de 3,59% une quarantaine de minutes avant l’ouverture des marchés européens (à 07H00 GMT).Celui du Dax de Francfort dégringolait de 3,57%, le FTSE 100 à Londres de 2,51% et la Bourse de Milan de 3,52%.Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental de plus de 100% pour la Chine, provoquant une forte poussée de fièvre entre les deux premières puissances mondiales.”Les espoirs de voir Donald Trump revenir sur les droits de douane avant leur mise en vigueur ont été anéantis -tout comme le sentiment sur les marchés financiers mondiaux”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Pour la Chine, la Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel “amendé” faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation qui sera perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Si on y ajoute les 20% déjà en vigueur, cela porte à 104% le taux imposé à la Chine depuis 04H00 GMT.Les Bourses asiatiques ont accéléré leur chute. A Tokyo, l’indice vedette Nikkei plongeait de 3,38% vers 06H15 GMT. La Bourse de Taïwan a clôturé en baisse de 5,8%.En Chine, l’indice Hang Seng perdait 0,63% vers 06H15 GMT, mais l’indice composite de Shanghai prenait 0,79% et celui de Shenzhen 1,16%, soutenus par les banques et firmes d’investissements étatiques aiguillonnées par Pékin.”Rappelons cependant que le président américain est – serait ? – ouvert à des négociations avec des dizaines de pays, dont la Corée du Sud et le Japon, en vue de réduire ou d’éliminer les droits de douane les plus élevés”, note John Plassard.

Cigales ou fourmis, des Américains face aux droits de douane

Certains s’achètent le dernier iPhone avant que son prix ne s’envole, d’autres font le dos rond et surveillent encore plus qu’avant leurs dépenses: les consommateurs américains se préparent à affronter les surtaxes massives de Donald Trump sur les produits étrangers.Sur le parking d’un magasin près de la capitale Washington, une sexagénaire range ses courses dans sa voiture. “J’ai dépensé 50 dollars, d’habitude c’est le double”, dit-elle à l’AFP.”Les prix vont continuer à augmenter avec les droits de douane, et j’aurai besoin de cet argent pour acheter de la nourriture la semaine prochaine et la suivante”, explique cette retraitée qui a préféré rester anonyme.Son chariot est modérément rempli, en sortant de Costco, une chaîne connue pour vendre de gros volumes à prix cassés. “Je vis dans un appartement. Je ne peux pas faire de réserves. Je n’ai ni la place ni l’argent”, raconte-t-elle.Les Etats-Unis entrent mercredi dans une phase majeure de l’offensive lancée par le président Donald Trump sur les droits de douane, avec des surtaxes massives ciblées sur certains pays producteurs.Cela touchera les appareils électroniques fabriqués en Chine (+104% en cumulé sur les produits chinois), les vêtements confectionnés au Vietnam (+46% de droits de douane), la vanille de Madagascar (+47%), le thé du Japon (+24%), le riz au jasmin de Thaïlande (+36%) ou encore le vin européen (+20%).- “Mauvais” -Dans la banlieue de Washington, Charles pousse son chariot avec empressement. “Les droits de douane sont mauvais, qu’ils soient mis en place par des démocrates ou des républicains”, lance l’homme de 59 ans qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.Il anticipe la nouvelle vague à sa manière: “J’achète un iPhone demain.”Keith Taylor, lui, l’a fait il y a quelques jours. “Je n’achèterai pas d’autre appareil électronique tant que la situation ne sera pas stabilisée.”Avant de grimper dans son SUV rutilant, cet employé d’une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle explique faire plus attention à ses dépenses depuis quelques mois: éviter certaines enseignes, surveiller les promotions…Un peu plus loin, dans un magasin de l’enseigne japonaise Uniqlo, Elisabeth Bradley, 40 ans, se considère comme “privilégiée”.Directrice d’une agence numérique, elle pense pouvoir encaisser des hausses de prix: “Ce n’est pas le cas de beaucoup de gens”.Mais elle aussi a commencé à ajuster sa manière de consommer.Elle a fait l’acquisition d’une voiture électrique du constructeur suédois Volvo il y a deux semaines pour éviter la surtaxe. Et envisage d’acheter des vêtements à l’avance pour ses enfants parce que “ça va devenir plus cher”.- “Beaucoup de bruit” -Dans un quartier populaire de New York, à la sortie d’un autre Costco, Anastasia Nevin dit être déjà “en mode survie”.”J’ai deux enfants. j’essaie juste de m’en sortir. C’est dur”, confie-t-elle, s’imaginant réduire ses achats si les prix continuent à augmenter.Les ménages américains ont été essorés par la forte inflation post-Covid. Les prix ne sont pas descendus depuis et ont juste augmenté moins vite. “C’est déjà très difficile, donc imaginez ce que ça va donner”, souffle Sauad.D’autres consommateurs ne redoutent toutefois pas l’orage annoncé.”Je suis doué avec les courses, je sais trouver les bonnes affaires”, assure un homme dans la banlieue de Washington. “Il faut juste rester calme et voir ce qui arrive”, temporise un autre client de Costco.”Je fais confiance à Dieu pour pourvoir à mes besoins”, sourit une femme.Une jeune femme qui vient d’acheter un grand carton de couches pour son bébé de six mois ne pense pas que l’inflation sera pire que sous Joe Biden, le prédécesseur de Donald Trump. “Il y a beaucoup de bruit autour de cette histoire”, estime-t-elle, convaincue que le président se sert avant tout des droits de douane comme levier de négociation “pour obtenir de meilleures conditions” commerciales des autres pays, et donc que les droits de douane devraient par la suite descendre.A New York, Jean Brown considère aussi que “cela ne sera pas si catastrophique”. “Les prix changent tout le temps. Il faut juste s’adapter.”

Dans la vallée du verre, le flacon de parfum se verdit grâce à l’électricité

A intervalles rapides, les gouttes de verre incandescentes tombent pour donner naissance aux flacons de parfum mythiques de Lancôme, Chanel ou Guerlain, des écrins désormais un peu plus écologiques grâce à l’arrivée d’un four électrique dans la verrerie normande du Courval.Une chaleur infernale règne près du four qui fond en continu à 1.400 degrés un mélange de matières premières (sable, calcaire…) et de calcin (verre broyé). De là, la matière en fusion, plus brûlante que la lave, s’écoule vers les machines de formage qui donnent vie à des flacons expédiés dans le monde entier.Nichée depuis 400 ans dans la vallée de la Bresle, la verrerie de Pochet du Courval (groupe Pochet) à Hodeng-au-Bosc (Seine-Maritime) produit chaque jour 1 million de flacons et pots pour le parfum et la beauté. Ils étaient jusqu’à peu tous issus de trois fours à gaz, dont la combustion rejette des émissions réchauffantes pour l’atmosphère.Depuis-mi février, l’un d’entre eux a cédé la place à un four électrique, le premier en France dédié au flaconnage de luxe, spécialité du territoire surnommé la “Glass vallée”. En plus d’être alimenté en électricité bas carbone, “il consomme deux fois moins d’énergie (…) tout en offrant une capacité supérieure”, 66 tonnes par jour contre 50 pour un four à gaz, assure André Frézel, directeur technique du groupe.Alors que l’industrie en France et en Europe peine à électrifier rapidement ses fours et chaudières biberonnés aux énergies fossiles, le groupe familial spécialiste de l’emballage pour l’industrie du luxe (1.650 salariés dans le verre), maintient le cap de la décarbonation, “à rebours”, dit-il, de la conjoncture.Le groupe fabrique et décore des contenants pour Dior, Chanel, Lancôme ou encore Jean-Paul Gaultier… Certains sont devenus iconiques, comme le flacon aux Abeilles de la maison Guerlain, conçu en 1853 pour l’impératrice Eugénie.Près de 200 ans plus tard, Pochet entend répondre aux exigences nouvelles des maisons de luxe en faveur d’une meilleure performance climatique. Le secteur verrier, très dépendant du gaz, représente dans son ensemble 3% des émissions industrielles françaises de gaz à effet de serre, en rejetant en moyenne 500 kg de CO2 par tonne de verre produit, selon la fédération des industries du verre.Pour réduire l’énergie nécessaire à la fusion, Pochet intègre déjà 15% de verre recyclé. Il vise une réduction de 50% toutes ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2033 par rapport à 2014. – L’électricité, arme de compétitivité -Cette petite révolution a nécessité 7 mois de chantier et 12.000 heures de formation pour maîtriser le nouvel outil. “Le gaz chauffe vite et fort, mais refroidit vite”, tandis que l’électricité “chauffe fort, lentement et refroidit lentement”, explique Benoît Marszalek, directeur des opérations de Pochet du Courval.Avec un investissement de 40 millions d’euros, dont 6 millions de subventions publiques, ce choix était loin d’être évident au vu de la hausse des prix de l’énergie “depuis la guerre en Ukraine”, reconnaît-il.Un accord d’achat d’électricité avec une centrale solaire lui garantit des prix stables, pas suffisant néanmoins pour couvrir tous ses besoins en électricité décarbonée. D’où l’appel du directeur général du groupe, Xavier Gagey: “il nous faut un coût de l’électricité abordable”.En clair, si le groupe veut installer un deuxième four, EDF doit faire des efforts et l’Etat donner des “signaux clairs” aux industriels qui se décarbonent. “Nos concurrents asiatiques et américains payent l’énergie deux à quatre fois moins cher qu’en France, alors que nous avons une centrale nucléaire à 40 kilomètres” à Penly, relève M. Gagey.  Depuis plus d’une décennie, les clients d’EDF les plus voraces en électricité, de l’aluminium à la chimie, paient leur électricité à prix cassé en France, mais ce dispositif s’éteint en 2026.Et les négociations entre EDF et ces industriels pour le remplacer butent sur le tarif pour des contrats à long terme, jugé excessif par ces “électro-intensifs”, pour rester compétitifs. Xavier Gagey craint in fine que les entreprises plus petites comme Pochet soient moins bien loties que les géants de l’acier ou du ciment. “Nous devons être prises en compte, sinon la décarbonation est en péril”, avertit-il. 

Les surtaxes de Trump à l’importation frappent 60 pays, plus de 100% pour la Chine

Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi à des dizaines de pays une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental de plus de 100% à la Chine, provoquant une forte poussée de fièvre entre les deux premières puissances mondiales.Cette surtaxe supplémentaire — par exemple de 20% pour l’Union européenne — a fait replonger les Bourses en Asie.Pour l’adversaire et rival chinois, la Maison Blanche a rendu public un décret “amendé” par Donald Trump faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation en principe dorénavant perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Cet amendement avait été annoncé après la riposte chinoise à la hausse à 34%, Pékin comptant pour sa part relever de 34 points ses droits de douane sur les produits importés des Etats-Unis à compter de jeudi.Côté américain, si on ajoute les 20% déjà en vigueur, cela porte à 104% le taux imposé à la Chine depuis 04H00 GMT. Un niveau totalement prohibitif.”La Chine n’acceptera jamais cela”, avait menacé mardi un porte-parole du ministère du Commerce.  – Affolement -Malgré un léger rebond mardi soir, les marchés boursiers sur toute la planète sont affolés par la guerre commerciale mondiale que Donald Trump a déclenchée.Vers 06H00 GMT, l’indice vedette Nikkei à Tokyo a plongé de 4,43% et le yen a progressé de 1,1% face à un dollar affaibli, au plus bas depuis octobre. D’autres places en Asie, Séoul, Hong Kong, sont en nette baisse (-1,98% et -1,84%) et Taipei a plongé de 5,8% à la clôture. Les Bourses chinoises de Shanghai et Shenzen étaient en revanche légèrement dans le vert dans l’après-midi.Le pétrole est aussi au plus bas depuis quatre ans autour de 60 dollars le baril et le won sud-coréen a glissé jusqu’à un niveau jamais atteint depuis 2009.Il faut dire que la Corée du Sud est très dépendante de ses exportations, surtout pour ses automobiles qui se vendent énormément sur l’immense marché de son allié américain.En urgence, Séoul a donc annoncé deux milliards de dollars d’aide à ses constructeurs, à la suite de l’imposition d’une surtaxation américaine de 25%.Première banque centrale à réagir, celle de la Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d’intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne a suivi en invoquant une conjoncture mondiale “difficile” et abaissé ses taux d’intérêt à 6%. A l’échelle mondiale, une première salve de droits de douane de +10% était entrée en vigueur samedi sur l’ensemble des importations des Etats-Unis.A l’exception des 104% contre la Chine, les nouvelles surtaxes frappent quelque 60 partenaires commerciaux à hauteur de 11% à 50%.L’UE, première partenaire commerciale des Etats-Unis, subit +20%, le Vietnam 46%.Hanoi fait partie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui compte les États-Unis comme principal marché d’exportation: les dix pays ont appelé mercredi à “agir avec audace” pour répondre au risque de guerre commerciale.Face à la panique, le président Trump se veut rassurant.Il a promis “des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture”, d’abord avec les alliés asiatiques de l’Amérique, Japon et Corée du Sud en tête.Lors d’un dîner avec des caciques du Parti républicain, le milliardaire conservateur qui bouleverse l’ordre économique libéral mondial s’est félicité que des dizaines d’Etats – y compris Pékin d’après lui – “fassent tout” pour trouver un accord avec Washington.- “Lécher le cul” -“Ces pays nous appellent pour nous lécher le cul”, a-t-il plastronné.Pour l’UE, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a exhorté à “éviter l’escalade”, lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang. Tout en plaidant pour “une résolution négociée”.L’UE devrait présenter sa réponse “en début de semaine prochaine”, selon un porte-parole. Mais selon une liste qu’a consultée l’AFP, le bourbon ne sera pas concerné par la surtaxe de 25% que Bruxelles propose d’imposer sur des produits américains.Pour le président français Emmanuel Macron, “l’objectif est d’arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision”.Considérée comme plus proche de Donald Trump, la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a annoncé mardi soir qu’elle se rendrait à Washington le 17 avril.Après un rebond des places mondiales mardi, l’indice Dow Jones avait terminé en baisse de 0,84%. Paris avait auparavant regagné 2,50%, Londres 2,71% et Tokyo 6,02%.Cette guerre commerciale déclenchée par M. Trump pourrait saper l’économie mondiale, avec des risques d’inflation, de chômage et de baisse de croissance, avertissent des analystes.Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit “particulièrement inquiet pour les pays en développement les plus vulnérables sur lesquels les impacts seront plus dévastateurs”.burs-nr/fz

Taxer les engrais russes, le projet de l’UE qui inquiète les agriculteurs

Dans le bras de fer qui l’oppose à Moscou, l’Union européenne voudrait surtaxer à partir de juillet les millions de tonnes d’engrais qui arrivent de Russie chaque année. Mais le sujet est inflammable pour les agriculteurs du continent, qui craignent une explosion des prix.Car l’Europe est dopée aux engrais russes. Avec 6,2 millions de tonnes en 2024, et déjà près de 2 millions depuis début 2025, le “made in” Russie représente un quart des importations de fertilisants, selon les données de la Commission européenne.”L’origine russe est la plus compétitive en termes de prix, et en raison d’une logistique bien établie” pour approvisionner l’UE, explique Dominique Dejonckheere, au Copa-Cogeca, l’organisation des syndicats agricoles européens.Plus de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine, l’Union européenne a décidé de taper du poing sur la table. Bruxelles veut priver la Russie d’une manne qui finance son effort de guerre. L’UE entend aussi empêcher les Russes de passer par ces engrais pour exporter leur gaz naturel, principale matière première utilisée dans la fabrication de ces fertilisants azotés.Pour couper le robinet, des taxes sur les engrais russes comme bélarusses pourraient donc entrer en vigueur à partir de l’été, avec une augmentation progressive durant trois ans. Approuvées mi-mars par les États membres, elles doivent encore être débattues en mai au Parlement européen.A la Commission, on assure que tout a été fait pour qu’elles n’affectent pas les prix de l’ensemble des engrais sur le marché.L’exécutif européen insiste sur la progressivité des taxes et promet d’intervenir si les prix grimpent. En cas d’inflation, la Commission pourrait suspendre les taxes douanières sur les engrais d’autres régions: Maghreb, Asie Centrale, États-Unis, Trinité-et-Tobago ou Nigeria…Surtout, l’Union vise une augmentation de la production européenne. L’annonce de la taxation des engrais russes est d’ailleurs applaudie par les industriels de l’UE.Le lobby européen Fertilizers Europe voudrait même des taxes plus rapides, car ses producteurs sont “exposés depuis des années à des importations à des prix artificiellement bas en provenance de la Russie et du Bélarus”, dénonce-t-il.- “Dans le rouge” -Du côté des agriculteurs, on fait en revanche la grimace. Le risque d’augmentation des prix est “une grande source d’inquiétude”, prévient Amaury Poncelet, céréalier et betteravier à Berloz dans le centre de la Belgique.”Certains collègues sont déjà dans le rouge. On comprend qu’il faut aider l’Ukraine et emmerder les Russes, mais au bout de la chaîne, c’est nous”, souligne-t-il.En mars, le Copa-Cogeca a tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué.”La proposition de la Commission n’est pas suffisamment équilibrée, on a le sentiment que les agriculteurs sont les oubliés”, regrette Dominique Dejonckheere.Le lobby agricole plaide pour un report d’un an des taxes ou des dérogations autorisant l’épandage d’autres produits: les effluents d’élevage.Le moment venu, les syndicats n’excluent pas un mouvement de protestation “si les prix des engrais se mettent à augmenter fortement et que la Commission n’est pas capable de réagir rapidement”.L’exécutif européen, déjà confronté à un vaste mouvement de colère agricole à la fin du précédent mandat, surveille donc le sujet comme le lait sur le feu.Le 19 mai, une réunion de l’observatoire européen du marché des engrais, avec industriels, agriculteurs et responsables européens devrait permettre de prendre la température.Au Parlement, la rapporteuse du texte, la Lettone Inese Vaidere (PPE, droite) se veut rassurante. “La situation est sous contrôle”, “nos agriculteurs ne seront pas très affectés” car il y a des capacités européennes et de “nombreux autres pays prêts à nous fournir des engrais”, affirme cette élue.Mais des divergences se manifestent jusque dans son propre groupe. L’eurodéputée française Céline Imart, également exploitante céréalière, plaide pour reporter la taxation des engrais russes à 2026 ou pour une baisse des tarifs douaniers immédiate sur les importations d’autres pays, sans attendre une éventuelle inflation.”Bien sûr qu’il faut réduire la dépendance aux engrais russes”, mais “les agriculteurs payent toujours le prix sans rien demander, ils s’en prennent plein la tête”, estime-t-elle.

Droits de douane: l’industrie française veut faire front face à un “choc historique”

Les industriels français se sont réunis mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci pour faire part de leurs inquiétudes face à un “choc historique” et tenter d’élaborer une position française commune dans la riposte européenne face à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.Le Conseil national de l’Industrie réunissait mardi des représentants de tous les secteurs industriels, notamment de l’énergie, des matériaux (bois, chimie, matériaux, eau, mines, métallurgie, valorisation des déchets), des transports (industrie aéronautique et spatiale, automobile, ferroviaire, industries de la mer), des biens de consommation et de la santé (agroalimentaire, mode et luxe, industries de santé).Face à ce que certains acteurs ont qualifié de “choc historique”, la rencontre devait permettre d’identifier les “impacts directs et indirects” de ces nouvelles taxes douanières, notamment sur les “sous-traitants et l’emploi”, indique Bercy.L’un des principaux enseignements est qu’il n’y a “pas d’objection à une approche ferme et une réponse rapide de l’Union européenne”, a poursuivi la même source, rapportant toutefois des “sensibilités” et des “inquiétudes” différentes selon les filières, notamment sur les conséquences d’une escalade. L’Union européenne a proposé de répliquer aux taxes américaines sur les importations d’acier par des droits de douane de 25% sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles aux vins et spiritueux européens, selon une liste consultée par l’AFP. L’UE pourrait présenter sa réponse aux droits de douane de 20% “en début de semaine prochaine”, selon un porte-parole de la Commission.- “Reports de marchés” -Alors que les Etats-Unis ont acté mardi une taxation des produits chinois de 104% au total, plusieurs filières ont manifesté leurs inquiétudes concernant d’éventuels “reports de marché” asiatiques vers l’Europe, une crainte notamment soulevée par le secteur automobile.Sur ce point, pour la filière acier, “ce qu’on peut faire est encore significatif”, a estimé Bercy, qui soutient l’idée d’un renforcement de la clause de sauvegarde. Cette clause de sauvegarde est une mesure de protection utilisée par l’Union européenne pour limiter les importations. L’UE y a recours depuis 2018 pour protéger ses producteurs d’acier.”On va demander une nouvelle évolution de ces mesures de sauvegarde au 1er juillet de manière à se montrer encore plus restrictifs”, ajoute Bercy, des mesures qui pourraient aussi s’appliquer à d’autres secteurs.En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux Etats-Unis, dans le cadre d’une riposte européenne qu’il souhaite “proportionnée” afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.Mardi, la Bourse de New York a terminé en net recul, manquant le rebond tenté en début de journée, les investisseurs se montrant à cran face aux droits de douane, tandis que les valeurs automobiles ont plongé à la suite de cette offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 30.

Protéger fortement des eaux françaises, un coût “pas insurmontable” pour la pêche, selon une étude

Protéger strictement 10% des eaux françaises ne représenterait pas un “coût insurmontable” pour les activités de pêche, estiment Greenpeace et des chercheurs du CNRS, dans un rapport publié mercredi. Actuellement, 33% des espaces maritimes français sont déclarés en aires marines protégées (AMP), mais seulement 4% bénéficient d’une protection “réelle” ou “stricte”, rappelle le rapport.En France métropolitaine, seul 0,03% du domaine maritime atteint ce niveau de protection, interdisant les activités extractives (pêche, mines, forages) ou autorisant seulement des activités minimes (pêche locale et durable), selon Charles Loiseau, ingénieur de recherche au CNRS.M. Loiseau et le directeur de recherche au CNRS Joachim Claudet ont croisé des données sur la répartition des habitats marins et des espèces marines, et sur la répartition des zones les plus fréquentées par les pêcheurs pour essayer d’atteindre 10% de zones strictement protégées, tout en minimisant le coût pour la pêche.Selon les deux scénarios étudiés (plus ou moins protecteurs pour les écosystèmes marins), la protection stricte impacte 10% à 13% de l’effort de pêche et peut même être presque nul sur certaines façades maritimes.”En Méditerranée par exemple, pour le premier scénario qui est moins coûteux pour la pêche, on est à moins de 1% de l’effort de pêche qui sera impacté. C’est quasiment gratuit”, souligne M. Loiseau auprès de l’AFP.Ces 10% d’aires marines en protection stricte ne représentent donc pas “un coût insurmontable pour les activités de pêche”, en conclut le chercheur.Le rapport identifie des zones précises à protéger au sein des AMP existantes mais “l’idée, ce n’est pas de dire: on a la solution et voilà où il faut mettre nos futures zones de protection forte ou stricte”, nuance M. Loiseau.Avec ces propositions, Greenpeace et les chercheurs disent vouloir montrer “qu’établir à court terme une couverture de 10% d’AMP en protection stricte peut contribuer à participer à une transformation structurelle des pêcheries, sans mettre à mal le secteur et sans le déstabiliser”, expliquent-ils dans le rapport.Car, selon eux, “les rares exemples d’AMP avec un coeur de parc bénéficiant d’une protection stricte, voire intégrale, montrent que la protection de haut niveau fonctionne”.Une protection stricte des AMP est censée générer un “effet de débordement”, c’est-à-dire “l’augmentation de la quantité de biodiversité présente autour de la zone protégée de manière stricte et donc l’augmentation des captures de pêche”, selon les auteurs qui affirment que “cet effet a été documenté et démontré par de nombreuses publications”.