AFP Business

Davos: face à Trump, l’UE tend la main à la Chine qui dénonce les guerres commerciales

Face au retour de Donald Trump, la présidente de la Commission européenne a affiché mardi à Davos sa volonté de coopérer avec de nouveaux alliés, tendant notamment la main à la Chine qui a mis en garde contre des guerres commerciales ne faisant “pas de vainqueur”.”Nous nous montrerons pragmatiques” vis-à-vis de la nouvelle administration américaine, “mais nous ne renoncerons pas à nos principes” et veillerons à “protéger nos intérêts”, a déclaré Ursula von der Leyen, qui tenait l’un des discours d’ouverture à la réunion annuelle du Forum économique mondial en Suisse.Elle n’a pas cité nommément Donald Trump, qui doit intervenir jeudi en visioconférence à Davos, pas plus que le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang qui lui a succédé à la tribune. Mais elle a notamment pris la défense de l’accord de Paris sur le climat, qui “demeure le meilleur espoir de l’humanité toute entière”. Tout juste de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a enclenché la sortie des États-Unis de cet accord, remettant en péril les efforts mondiaux pour ralentir le réchauffement de la planète.En attendant de savoir comment évolue la relation avec M. Trump, Ursula von der Leyen a annoncé la couleur: “l’Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date (…) mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs.” – Multilatéralisme et “dialogue” -“Le message que nous adressons au reste du monde est simple: nous sommes prêts à engager un dialogue avec vous si cela peut conduire à des avantages réciproques”, a-t-elle encore souligné.Elle a en particulier annoncé un voyage en Inde, et assuré que l’UE était prête à “tendre la main” à la Chine et “approfondir” sa relation avec Pékin.Après elle, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à “défendre le libre-échange”, “fondement de prospérité”, contre le principe de “l’isolement” commercial.Ding Xuexiang n’a pas directement répondu aux propositions d’Ursula von der Leyen. Mais dans son discours, il a défendu le multilatéralisme, appelant à “résoudre les disputes et les différends par le dialogue”.”Le protectionnisme ne mène nulle part, et il n’y a pas de vainqueur dans les guerres commerciales”, a-t-il affirmé.Des guerres commerciales dans lesquelles Donald Trump a ouvert un nouveau front lundi en promettant des surtaxes “de l’ordre de 25%” pour les produits mexicains et canadiens, précisant qu’il pensait à une entrée en vigueur au 1er février.M. Trump avait envisagé pendant la campagne d’appliquer aux Chinois des droits de douane de 60%, voire davantage. Il a toutefois dit lundi qu’il n’était pas “encore prêt” à prendre de telles dispositions et qu’il échangerait avec le président chinois Xi Jinping.Les relations commerciales sont aussi tendues entre l’UE et la Chine, la dernière emblématique ayant été l’an dernier l’imposition par Bruxelles de surtaxes sur les voitures fabriquées en Chine.- Quelle paix en Ukraine? -Si l’Europe et la Chine sont parmi ceux qui ont le plus à perdre face à la politique isolationniste proclamée par Trump, son positionnement sur la scène internationale aura aussi un impact important pour l’Ukraine qui s’approche de trois ans de guerre avec la Russie.Alors que Washington fournit un soutien militaire et économique vital à Kiev, Donald Trump a critiqué cette aide et promis de résoudre rapidement le conflit. Mais le gouvernement ukrainien craint d’être forcé à des concessions majeures.”Nous avons besoin d’une politique européenne de sécurité et de défense unie”, a martelé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Davos mardi, affirmant que “l’Europe doit savoir se défendre seule”, et tout en qualifiant les Etats-Unis d'”allié indispensable”. Interrogé en marge du forum par des journalistes, M. Zelensly a affirmé par l’intermédiaire d’un interprète que Kiev et Washington travaillaient à une réunion avec Donald Trump, mais “pour l’instant nous n’avons pas de date”.Les conflits au Moyen-Orient, à l’heure où une trêve vient d’entrer en vigueur à Gaza, ont aussi été abordés par Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani déclarant qu’Israël et le Hamas devraient faire preuve de “bonne foi” pour une paix durable, au troisième jour d’une trêve fragile dans la bande de Gaza. 

A69: la justice administrative rejette une demande de suspension du chantier

La justice administrative a rejeté mardi une demande de suspension en urgence du chantier de l’A69, autoroute contestée qui doit relier fin 2025 Toulouse et Castres, estimant qu’une telle mesure n’était pas nécessaire dans l’attente d’une décision sur le fond prévue en février.”Le juge des référés ne suspend pas les travaux de l’A69 car l’affaire devant être jugée +au fond+ par le tribunal le mois prochain, le projet en cause ne produira que très peu d’effet concret d’ici là”, écrit le tribunal dans un communiqué, rejetant ce nouveau recours de plusieurs associations et collectifs opposés à cette autoroute qu’ils considèrent “d’un autre temps”.”L’impact de la poursuite du chantier, dans ce court laps de temps, demeurera très limité”, poursuit le tribunal dans son communiqué, alors que “les impacts environnementaux ont d’ores et déjà été produits à l’échelle globale du chantier”.Dans sa décision, le juge évoque aussi un risque financier mis en avant par des promoteurs de l’A69, comme l’Etat ou le constructeur Atosca, selon lesquels “l’application des clauses de suspension du contrat de concession et des marchés de travaux en cours d’exécution, jointe au coût de sécurisation, se traduirait par un coût de plusieurs millions d’euros”.”Quand il s’agit de l’Etat ou du concessionnaire, on tolère beaucoup de choses et, par contre, quand il s’agit de respecter le droit de l’environnement, on s’accorde quelques largesses”, a aussitôt réagi Thomas Digard, du collectif d’opposants La Voie est libre.Pour lui, le juge “considère qu’un mois et demi de chantier ne peut pas avoir d’impact significatif et donc que ce n’est pas la peine de suspendre, mais on voit qu’il y a cinq mises en demeure contre le concessionnaire sur une période similaire. Il est donc tout à fait possible de porter atteinte à l’environnement en cinq semaines”, dit-il à l’AFP.En revanche, les préfectures des deux départements concernés par l’A69, le Tarn et la Haute-Garonne, rappellent mardi dans un communiqué commun qu'”après 22 mois de travaux et six recours en urgence traités par le tribunal administratif de Toulouse, le juge a, de manière constante, estimé que les conditions d’une suspension de chantier n’étaient pas réunies”.- Livraison fin 2025 -Sollicitée par l’AFP, une porte-parole d’Atosca souligne qu'”engagés à plus de 65% et mobilisant plus d’un millier de compagnons, les travaux se poursuivent avec l’objectif d’une livraison à la fin de l’année 2025″.Pour un autre partisan de l’A69, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, cette décision “réaffirme une fois de plus la légitimité de l’A69, soutenue par tout un bassin de vie”.Le 13 janvier dernier, à l’audience, les opposants à l’A69 avaient demandé la suspension “urgente” du chantier, dénonçant les effets sur l’environnement des “lourds travaux prévus” dans les semaines à venir.Le collectif La Voie est libre et d’autres associations avaient présenté ce recours après la réouverture de l’instruction concernant les autorisations environnementales du chantier, décidée le 9 décembre par le tribunal administratif de Toulouse.Cette décision avait été qualifiée d'”étonnante” par les associations qui, après des mois de lutte sans succès contre cette portion d’autoroute de 53 km, avaient repris espoir, quand la rapporteure publique s’était prononcée pour une annulation de l’autorisation du chantier, lors d’une audience sur le fond le 25 novembre.La nouvelle audience sur le fond pourrait avoir lieu avant fin février, selon un calendrier prévisionnel communiqué aux opposants par le tribunal administratif.

Paris-Milan: la liaison SNCF rétablie le 31 mars, après 19 mois d’interruption

SNCF Voyageurs a annoncé mardi la réouverture de sa liaison entre Paris, Milan et Turin le 31 mars prochain, 19 mois après son interruption en raison d’un éboulement en vallée de Maurienne ayant endommagé un tunnel ferroviaire.”Nous allons rouvrir nos liaisons entre Paris et l’Italie !”, s’est réjoui dans une publication sur X le directeur de TGV-Intercités, Alain Krakovitch.La compagnie italienne Trenitalia, qui opère elle aussi une liaison sur cet axe, a annoncé le retour des trains entre Paris et l’Italie pour le 1er avril. Elle prévoit deux allers-retours par jour. SNCF Voyageurs proposera de son côté trois allers-retours quotidiens. La compagnie française a mis en place un service de substitution entre Paris et Milan en janvier dernier afin de conserver un aller-retour par jour.Les voyageurs empruntent un bus entre Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et Oulx (Piémont) et effectuent le reste en TGV pour un voyage long de sept heures et demi à neuf heures – contre entre six à sept heures avant l’accident.Le 27 août 2023, une partie de falaise s’était effondrée en vallée de Maurienne après de fortes pluies qui avaient succédé à une sécheresse. Des milliers de tonnes de rochers avaient enseveli un tunnel ferroviaire long de 300 mètres environ et gravement endommagé l’infrastructure. Il a fallu purger la montagne de 5.000 mètres cubes de roche instable, grâce à des largages d’eau par hélicoptère ou encore du dynamitage, avant de sécuriser la falaise pour ensuite remettre en état le réseau.En temps normal, la voie ferrée reliant la France et l’Italie accueille chaque jour une trentaine de trains de marchandises internationaux ainsi que 5 à 6 allers-retours de trains à grande vitesse et la desserte locale par TER de la vallée de la Maurienne.

Les Bourses européennes ont terminé en hausse

Les Bourses européennes ont terminé en hausse mardi, digérant une première salve de décrets présidentiels de Donald Trump après son retour à la Maison Blanche et attendant d’en savoir plus sur sa politique commerciale vis-à-vis de l’Europe et de la Chine.La Bourse de Paris a gagné 0,48%, Londres a avancé de 0,33% et Francfort s’est octroyé 0,25%.

Les Etats-Unis se retirent d’un accord sur une taxation minimale des multinationales

L’Union européenne (UE) a dit mardi “regretter” la décision du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, de retirer son pays de l’accord international introduisant une taxation minimale de 15% sur les bénéfices des multinationales, obtenu après de longues négociations en 2021.Parmi les dizaines de décisions prises au premier jour de son mandat, et au nom de la reconquête de la “souveraineté nationale” et de la “compétitivité économique”, Donald Trump a décidé que l’accord signé sous l’égide de l’OCDE n’avait “aucun effet aux Etats-Unis”.Pour lutter contre la course fiscale vers le bas, près de 140 Etats s’étaient engagés fin 2021 à instaurer un impôt minimal sur les sociétés à 15% sur les multinationales, ainsi qu’un mécanisme destiné à mieux répartir la taxation des géants du numérique là où ils exercent réellement leur activité.Selon l’OCDE, cette grande réforme fiscale était supposée rapporter chaque année plus de 200 milliards de dollars de recettes fiscales.Si le gouvernement précédent, et l’ancien président Joe Biden, avaient traîné des pieds durant les négociations et pour intégrer l’accord dans la législation américaine, il avait finalement profité de son grand plan vert (IRA), voté en 2022, pour intégrer une disposition permettant d’appliquer le premier pilier de l’accord.La Commission européenne “regrette le contenu” de la publication de la Maison Blanche, mais “pense que cela vaut la peine de prendre le temps de discuter de ces sujets avec la nouvelle administration fiscale aux Etats-Unis afin de mieux comprendre leurs interrogations et d’expliquer notre position”, a réagi le commissaire européen à l’économie Valdis Dombrovskis, lors d’une conférence de presse.Dans le document publié par la nouvelle présidence, il est aussi demandé au département du Trésor de préparer des “mesures de protection” à l’égard des pays qui imposent, ou prévoient d’imposer, une fiscalité “extraterritoriale ou qui affecte de manière disproportionnée les entreprises américaines”. “Non seulement Trump vient de tuer la faible réforme fiscale de l’OCDE mais il menace aussi de détruire tout ce qui a été construit depuis un siècle” en matière de fiscalité des entreprises, a réagi dans un communiqué Alex Cobham, à la tête de l’ONG Tax Justice Network, qui milite pour une taxation plus équitable.L’impôt sur les sociétés aux Etats-Unis est passé de 35% à 21% lors du vote du grand programme de baisses d’impôts réalisé durant le premier mandat de Donald Trump, en 2017, que le nouveau président souhaite pérenniser et même renforcer durant ce mandat.Mais le taux effectif, donc réellement payé par les entreprises, se situe plutôt autour de 9% depuis 2018, contre 16% en 2014, selon le Bureau de la responsabilité du gouvernement (GAO), l’organisme d’audit du Congrès américain.

Wall Street oscille pour le retour de Trump

La Bourse de New York a ouvert en ordre dispersé mardi, les investisseurs digérant les nombreux décrets signés aux Etats-Unis par Donald Trump la veille à la suite de son investiture, et gardant une attention particulière sur les droits de douane.Vers 15H20 GMT, le Dow Jones gagnait 0,63% et l’indice élargi S&P 500 avançait de 0,36%. L’indice Nasdaq restait proche de l’équilibre à +0,01%.”Les investisseurs reviennent d’un long week-end et il s’agit du premier jour où le marché est ouvert sous la nouvelle administration Trump”, commente auprès de l’AFP Adam Sarhan, de 50 Park Investments.Le marché est porté par “un vent positif”, notamment car “la semaine dernière, nous avons appris que l’inflation ne constituait pas une menace pour l’instant et que la Réserve fédérale américaine (Fed) dispose d’une marge de manÅ“uvre pour ne pas relever ses taux (directeurs, ndlr)”, assure l’analyste.Mais, note M. Sarhan, l’attention des investisseurs sera surtout tournée vers les décisions de Donald Trump et leurs conséquences sur l’économie et le marché américains. Sitôt investi, le nouveau président américain a signé une pluie de textes lundi, dont le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’accord de Paris pour le climat, la mise en place d’un état d’urgence à la frontière avec le Mexique contre l’immigration, et la grâce de plus de 1.500 assaillants du Capitole.Il a aussi affirmé qu’il comptait imposer des droits de douane de 25% aux produits issus du Canada et du Mexique à compter du 1er février.Ces mesures ont fait grimper la valeur du dollar, les investisseurs tablant en conséquence sur une inflation plus élevée aux États-Unis, ce qui laisserait moins de marge de manÅ“uvre à la Réserve fédérale américaine (Fed) pour abaisser ses taux dans les prochains mois.Vers 15H10 GMT, la devise américaine prenait 0,32% face à l’euro à 1,0383 dollar. Le billet vert écrasait aussi le peso mexicain et le dollar canadien.”Ce qui manquait dans les décrets d’hier, cependant, c’était une déclaration sur une action décisive en matière de droits de douane à l’encontre de la Chine. Au lieu de cela, le président Trump a déclaré que les accords commerciaux existants devraient être réexaminés afin de recommander d’éventuelles révisions”, a souligné dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.De façon générale, les décrets pris par le président américain sont “moins mauvais” pour le marché “que ce qu’anticipaient les investisseurs”, estime Adam Sarhan.Lundi, Donald Trump a aussi annoncé un état d'”urgence énergétique” national pour diminuer le coût de l’énergie et lutter contre l’inflation. “Nous allons forer à tout-va”, a-t-il répété, une formule devenue un de ses slogans de campagne (“We will drill, baby, drill”).Dans le sillage de ces déclarations, les valeurs pétrolières cotées à New York reculaient: Exxon Mobil lâchait 0,72%, Chevron perdait 0,55% et ConocoPhillips abandonnait 0,68%.Ailleurs à la cote, le laboratoire pharmaceutique Moderna bondissait de 9,74%, porté par l’annonce vendredi de l’octroi par le ministère de la Santé américain (HHS) d’un financement d’environ 590 millions de dollars pour développer des vaccins à ARN messager (ARNm) contre les pandémies de grippe.Alors que les craintes autour de la grippe aviaire s’accentuent, ce financement a pour objectif d'”améliorer les capacités de la technologie ARNm afin que les États-Unis soient mieux préparés à répondre à d’autres maladies infectieuses émergentes”, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué.Le groupe de médias de Donald Trump, Trump Media & Technology Group, plongeait (-12,29%) après l’investiture du Républicain et l’annonce du lancement de sa propre cryptomonnaie (devise numérique).La saison des résultats bat aussi son plein. La place américaine attend notamment les résultats du géant du streaming Netflix après la clôture ou de la compagnie aérienne United Airlines.Avant séance, le conglomérat industriel 3M (+4,46%) a publié des résultats trimestriels un peu meilleurs qu’attendu et annoncé ses perspectives pour 2025, tablant notamment sur des ventes en hausse.

Suicides chez France Télécom: la Cour de cassation consacre le harcèlement moral institutionnel

C’est l’épilogue judiciaire d’un dossier emblématique de la souffrance au travail. La Cour de cassation a rejeté mardi les pourvois de deux ex-dirigeants dans l’affaire des suicides chez France Télécom, et consacré dans le droit le harcèlement moral institutionnel. La décision de la Cour de cassation rend définitives les condamnations de l’ancien patron de France Télécom Didier Lombard, 82 ans, et son ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès, 75 ans.Ils avaient été condamnés pour harcèlement moral institutionnel le 30 septembre 2022 par la cour d’appel de Paris à un an de prison avec sursis et 15.000 euros d’amende, des peines allégées par rapport à celles prononcées en première instance en 2019.Les deux ex-dirigeants de France Télécom (devenue Orange en 2013) ont fait face à la justice en raison de la mise en place à compter de 2006 de deux plans de restructuration consécutifs à la privatisation de l’entreprise en 2004, et prévoyant le départ de 22.000 employés et la mobilité de 10.000 autres (sur quelque 120.000 employés).Les dirigeants estimaient qu’ils ne pouvaient être condamnés sur le fondement de la loi définissant le harcèlement moral au travail pour ce qu’ils considéraient être une simple “politique d’entreprise”.”Indépendamment de toute considération sur les choix stratégiques” d’une entreprise qui ne relèvent que d’elle, “les agissements” visant à mettre en oeuvre, “en connaissance de cause, une politique d’entreprise qui a pour objet de dégrader les conditions de travail de tout ou partie des salariés aux fins de parvenir à une réduction des effectifs ou d’atteindre tout autre objectif, qu’il soit managérial, économique ou financier, ou qui a pour effet une telle dégradation”, peuvent caractériser une situation de harcèlement moral institutionnel, écrit la Cour de cassation dans son arrêt.- “Jusqu’au boutiste” -“Jusqu’au bout ils ont fait des pieds et des mains pour expliquer qu’il ne s’agissait que d’une politique d’entreprise” alors que “c’était du harcèlement voulu comme tel, organisé comme tel”, a réagi Me Claire Waquet, avocate de CFE-CGC Orange, partie civile.”Les anciens dirigeants sont désormais définitivement coupables de harcèlement moral”, s’est réjoui le syndicat dans un communiqué. “Nos premières pensées vont aux familles des victimes de la violence sociale de dirigeants inconséquents”.”C’est un grand arrêt”, qui “consacre parmi les formes de harcèlement au travail le harcèlement institutionnel” et le “fait entrer de plein pied dans le droit actuel”, s’est réjoui auprès de l’AFP Antoine Lyon-Caen, avocat du syndicat SUD-PTT. “Cela consacre en 2025 une jurisprudence pour des faits survenus 17 ans plus tôt, cela pose quand même question au regard du principe de non rétroactivité”, a commenté l’avocat de Didier Lombard, Me Louis Boré – un argument écarté par la Cour dans son arrêt.En première instance, l’ex-PDG et son ancien numéro 2 avaient été condamnés à un an de prison dont quatre mois ferme pour leur “rôle prééminent” dans la mise en place d’une politique de réduction des effectifs “jusqu’au-boutiste” sur la période 2007-2008 au sein de France Télécom.M. Lombard, qui a répété au procès en appel qu’il n’avait pas eu connaissance de l’ampleur du climat social dans son entreprise, avait lancé à ses cadres en 2006 que les départs devaient se faire “par la fenêtre ou par la porte”. Il avait également déclenché une polémique en parlant d’une “mode du suicide”, en 2009, au plus fort de la crise.Ces départs à “marche forcée” selon la justice avaient entraîné une “dégradation des conditions de travail” de “milliers de salariés”, dont certains se sont suicidés.La crise a éclaté au grand jour après le suicide en juillet 2009 de Michel Deparis, un technicien marseillais ayant mis directement en cause France Télécom dans une lettre.France Télécom est devenue le symbole de la souffrance au travail. L’entreprise, qui n’avait pas fait appel, avait été sanctionnée de l’amende maximum de 75.000 euros dans un jugement historique, devenant la première société du CAC 40 condamnée pour un harcèlement moral institutionnel.

A69: la justice administrative rejette une demande de suspension du chantier

Le tribunal administratif de Toulouse a rejeté mardi une demande de suspension en urgence du chantier de l’autoroute A69, dans l’attente d’une décision sur la poursuite de la construction de l’autoroute Castres-Toulouse.”Le juge des référés ne suspend pas les travaux de l’A69 car l’affaire devant être jugée +au fond+ par le tribunal le mois prochain, le projet en cause ne produira que très peu d’effet concret d’ici là”, écrit le tribunal administratif de Toulouse dans un communiqué.”Le juge des référés estime que l’impact de la poursuite du chantier, dans ce court laps de temps, demeurera très limité”, poursuit-il.En outre, selon le tribunal, “les impacts environnementaux ont d’ores et déjà été produits à l’échelle globale du chantier”.”De plus, au regard des délais nécessaires pour exécuter une interruption effective (…), une suspension prononcée en urgence aurait, de toute manière, eu des effets à une date avoisinant celle de l’audience du mois de février prochain”, précise-t-il.A l’audience, le 13 janvier dernier, les opposants à l’A69 avaient demandé la suspension “urgente” du chantier, dénonçant les effets sur l’environnement des “lourds travaux prévus” dans les semaines à venir.Le collectif la Voie est libre et d’autres associations avaient présenté ce recours après la réouverture de l’instruction concernant les autorisations environnementales du chantier, décidée le 9 décembre par le tribunal administratif de Toulouse.Cette décision avait été qualifiée d'”étonnante” par les associations qui, après des mois de lutte sans succès contre cette portion d’autoroute de 53 km, avaient repris espoir, quand la rapporteure publique, magistrate indépendante dont les avis sont souvent suivis, s’était prononcée pour une annulation de l’autorisation du chantier, lors d’une audience sur le fond le 25 novembre.La nouvelle audience sur le fond pourrait avoir lieu avant fin février, selon un calendrier prévisionnel communiqué aux opposants par le tribunal administratif.

Quand la sécheresse au Brésil fait flamber le prix du café

Un matin de septembre 2024, Moacir Donizetti a senti au loin une odeur de brûlé alors qu’il vérifiait l’état de ses caféiers. Quelques heures plus tard, les flammes ont ravagé son exploitation.”C’était désespérant: voir les flammes avancer, détruire notre plantation et arriver à 20 mètres de ma maison”, déplore ce petit producteur brésilien de 54 ans. Plusieurs centaines d’autres exploitations ont été touchées par cet incendie de végétation, le pire jamais enregistré à Caconde, commune qui produit le plus de café dans l’Etat de Sao Paulo (sud-est).Si le départ de feu a vraisemblablement eu pour origine un tas d’ordures brûlé par un habitant, sa propagation dévastatrice et totalement hors de contrôle est due avant tout à la sécheresse extrême qui a touché le Brésil l’an dernier.Les fortes chaleurs et les précipitations intermittentes dans des lieux comme Caconde ont des répercussions dans le monde entier.À Tokyo, Paris ou New York, le café devrait coûter de plus en plus cher en raison de la crise climatique au Brésil, plus grand producteur et exportateur mondial de cette denrée.La famille Donizetti a lutté quatre jours contre les flammes qui ont défiguré le paysage bucolique autour de sa ferme nichée au milieu de collines verdoyantes.Cinq hectares de plantations ont été dévastés, où Moacir était censé récolter un tiers de la production familiale.”Nous avons non seulement perdu une partie de la cueillette de cette année, mais aussi des prochaines, car il faudra attendre trois à quatre ans pour que cette terre redevienne productive”, déplore l’agriculteur, dépité au milieu des caféiers calcinés. “Cela fait environ cinq ans que le temps est trop sec. Parfois, il ne pleut pas pendant des mois. Il fait aussi beaucoup plus chaud, et quand arrive la période de floraison, le café est déshydraté et a du mal à résister”, poursuit-il.  L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée au Brésil, où le nombre de feux de forêt n’avait jamais été aussi élevé en 14 ans. La plupart des incendies ont été causés par l’homme et leur propagation a été aggravée par la sécheresse. Une chaleur et une sécheresse liées, selon les experts, au changement climatique.- Problème récurrent -Plus d’un tiers du café mondial est produit au Brésil, d’où le fort impact des déboires des fermiers brésiliens sur les prix.En hausse de 90% sur 2024, le cours de l’arabica, la variété la plus consommée, a battu le 10 décembre son record de 1977, à 3,48 dollars la livre à la Bourse de New York.”Je travaille dans ce secteur depuis 35 ans et je n’ai jamais connu une situation aussi difficile”, affirme le consultant brésilien en café Guy Carvalho.”Depuis la dernière grande récolte, en 2020, nous avons toujours eu des problèmes liés au climat”, souligne-t-il. Selon lui, la hausse des prix est due en grande partie à la “frustration” face aux récoltes décevantes quatre années de suite au Brésil, de 2021 à 2024, et des prévisions guère optimistes pour 2025.Sans compter les facteurs géopolitiques, comme les barrières douanières promises par Donald Trump avant son retour à la Maison Blanche ou la nouvelle réglementation européenne sur les produits issus de la déforestation.- Retour aux sources -Mais certains caféiculteurs brésiliens tentent de s’adapter à la crise climatique.À Divinolandia, commune située à 25 kilomètres de Caconde, Sergio Lange a remis au goût du jour une technique ancestrale: planter ses caféiers à l’ombre des arbres pour les préserver de la chaleur.”Quand je suis né, il faisait froid ici, l’eau gelait en hiver”, raconte ce producteur de 67 ans.”Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Avec ces températures, le modèle de production actuel sera bientôt dépassé”, prédit-il. Planter du café à l’ombre des arbres, tel qu’il était dans son habitat originel en Afrique, permet non seulement de le mettre à l’abri de la chaleur, mais aussi de faire en sorte que les grains mûrissent plus lentement.Ils sont ainsi plus gros et leur goût est plus sucré, ce qui augmente leur valeur sur le marché.Avec une cinquantaine d’autres producteurs, Sergio Lange a mis en place en 2022 un modèle de “caféiculture régénérative”: les plants coexistent avec d’autres espèces, ils poussent sans pesticide et sont irrigués naturellement à l’eau de source. “La productivité chute au début, mais on s’attend à un résultat fantastique d’ici quatre ou cinq ans”, explique-t-il, désignant avec fierté ses caféiers plantés dans la forêt à flanc de colline.

Norvège: l’énorme fonds souverain demande aux entreprises de respecter le bien-être animal

Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec environ 1.700 milliards d’euros d’actifs, a exhorté les entreprises dans lesquelles il investit à respecter le bien-être animal, une nouveauté saluée par ses défenseurs.”Nous mettons régulièrement à jour nos attentes vis-à-vis des entreprises en matière de durabilité et nous avons récemment inclus le bien-être animal”, a déclaré Caroline Eriksen, une responsable du fonds, dans un courriel à l’AFP.En pratique, le fonds qui pèse près de 20.000 milliards de couronnes (1.695 milliards d’euros), demande aux groupes dans lesquels il détient des parts de respecter le code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale.Ce code recense de nombreuses recommandations visant notamment à épargner les animaux de la faim et de la soif, de la peur et du stress, de la douleur, des maladies et des blessures, ou encore de l’inconfort.Le bien-être animal, inclus fin décembre dans un document d’orientation sur les intérêts des consommateurs, sera débattu avec les entreprises dans le cadre du dialogue avec leurs directions et lors de votes des actionnaires, indique le fonds.Rédigés par le fonds lui-même pour soigner sa gouvernance, ces documents d’orientation sont distincts des règles éthiques, plus radicales, édictées par le ministère norvégien des Finances.Ces règles empêchent le fonds d’investir ou de rester présent au capital d’entreprises aux activités jugées néfastes (charbon, tabac, certains types d’armements…), une liste noire qui comprend aujourd’hui 107 noms comme Airbus, Boeing et British American Tobacco.Investi dans quelque 9.000 sociétés dans le monde, le fonds norvégien a notamment des parts dans des géants de l’agroalimentaire tels que le chinois WH Group et les américains Tyson Foods et Pilgrim’s Pride, tous donc invités désormais à mettre l’accent sur le bien-être animal.  L’annonce a été saluée par l’organisation Dyrevernalliansen (Alliance pour la protection des animaux), qui a évoqué “une avancée majeure”.”Nous travaillons depuis des années pour que le fonds souverain reconnaisse le bien-être animal comme facteur pertinent”, s’est félicitée Live Kleveland, porte-parole de l’association, dans un communiqué.Au fil des années, le fonds norvégien s’est doté de nombreux documents d’orientation recensant ses attentes dans de nombreux domaines, de la lutte contre le changement climatique au combat anti-corruption.Ses décisions sont d’autant plus importantes qu’elles sont ensuite imitées par d’autres investisseurs à travers le monde.