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Milei chez Trump pour sceller l’aide financière américaine à l’Argentine

Le président ultralibéral argentin Javier Milei doit être reçu mardi à la Maison blanche par son allié idéologique Donald Trump pour sceller l’aide américaine annoncée il y a quelques jours, oxygène à la fois pour l’économie argentine et son président, malmenés à deux semaines d’une élection clef.Le Trésor américain a annoncé jeudi une aide financière, sous forme d’un échange bilatéral de devises, dit “swap”, pour 20 milliards de dollars, et d’une intervention américaine directe sur le marché des changes, pour acheter et soutenir un peso sous pression, soulageant les réserves de la Banque centrale argentine.L’annonce chiffrée, qu’avait précédé fin septembre une première promesse de soutien du Trésor de faire “tout le nécessaire”, a eu un effet dopant sur la monnaie argentine.Après une dégringolade la semaine dernière, il s’est raffermi juste après l’annonce de Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, et poursuit lundi sa remontée: à 1.370 pesos pour un dollar au taux officiel, contre 1.490 jeudi, soit un gain de plus de 8% en quatre jours.La présidence argentine n’a pas donné de détails sur la visite de M. Milei, qui voyageait lundi, autre qu’une réunion suivie d’un déjeuner de travail avec Donald Trump.Sans pour autant garantir d’annonces depuis Washington, Javier Milei a indiqué dans une interview radio lundi que “si certaines choses sont conclues, elles feront l’objet d’annonces. Sinon, ce sera pour plus tard”.Le soutien américain intervient à un moment critique pour Javier Milei. Dans quelques jours, le 26 octobre, il fait face à des législatives de mi-mandat indécises, qui vont déterminer sa marge de manœuvre parlementaire, sa capacité à gouverner pour ses deux ans restant de présidence. L’incertitude liée au scrutin -et au maintien ou non du cap d’austérité de Javier Milei- avait mis l’économie argentine, la 3e d’Amérique latine, à la merci de turbulences financières ces dernières semaines.- Encore une “passerelle” financière -“Les Etats-Unis ont perçu cette attaque contre l’Argentine, contre les idées de liberté, contre un allié stratégique, et c’est pourquoi ils nous ont apporté leur soutien”, a estimé M. Milei lundi.Pour l’économiste et ancien président de la Banque centrale Martin Redrado, il s’agit purement “d’une assistance financière, une nouvelle passerelle”, venant après l’aide du FMI en avril (prêt de 20 milliards), “qui apporte de la tranquillité financière d’ici à l’élection”.”Mais l’Argentine ne peut pas aller de passerelle en passerelle”, estime-t-il, d’où l’importance après l’élection “d’armer un programme législatif s’attaquant aux problèmes de production et d’emploi”, dans un pays à plus de 40% d’emploi informel, et où le formel ne croit plus depuis 2011.Au-delà de la probable empathie idéologique entre les deux présidents, la presse argentine se demandait ces derniers jours quelles pouvaient être les contreparties à l’aide américaine.Un accès privilégié d’investisseurs américains aux ressources minières argentines, tels le lithium, l’uranium ? Une prise de distance d’avec la Chine, l’imposant deuxième partenaire commercial de l’Argentine (après le Brésil) ? Un assouplissement du régime de changes ?Javier Milei, à plusieurs reprises, a nié que les Etats-Unis aient demandé la fin de l’accord d’échange de devises existant déjà entre l’Argentine et la Chine -et renouvelé en 2024- en contrepartie du swap avec les Etats-Unis.”C’est faux, ils ne l’ont pas demandé. La raison pour laquelle nous recevons ce soutien est géopolitique”, affirmait-il y a deux semaines.”Les Etats-Unis ont décidé d’être leader sur le continent américain”, a-t-il insisté lundi. Et dans ce cadre, ils “savent que nous sommes un véritable allié, pas de circonstance”.L’ambassade de Chine en Argentine a réagi ce week-end à des propos prêtés à Scott Bessent sur les relations entre l’Argentine et la Chine, estimant que les Etats-Unis “doivent comprendre que l’Amérique latine et les Caraïbes ne sont le jardin de personne”, et “ont le droit de choisir librement leurs partenaires”.Vendredi, la présidence argentine a annoncé que l’entreprise américaine OpenAI, créatrice de ChatGPT, a signé une lettre d’intention pour construire un mégacentre de données pour l’intelligence artificielle en Patagonie, un projet d’investissement de 25 milliards de dollars.

Le Nobel d’économie décerné à un trio pour des travaux sur la croissance et l’innovation

Le Nobel d’économie 2025 a été décerné lundi à l’Américano-Israélien Joel Mokyr, au Français Philippe Aghion et au Canadien Peter Howitt pour leurs travaux sur l’impact de l’innovation sur la croissance économique.Dans sa première prise de parole en tant que prix Nobel, M. Aghion a exhorté l’Europe à investir dans l’innovation pour ne pas se laisser décrocher par la Chine et les Etats-Unis.Le comité a attribué la moitié du prix à Joel Mokyr, 79 ans, “pour avoir identifié les conditions préalables à une croissance durable grâce au progrès technologique”.L’autre moitié récompense à la fois Philippe Aghion, 69 ans, et Peter Howitt, 79 ans, “pour leur théorie de la croissance durable à travers la destruction créatrice”.Au cours des deux derniers siècles et pour la première fois dans l’histoire, le monde a connu une croissance économique soutenue. Les lauréats 2025 ont expliqué comment l’innovation en était à l’origine et fournissait l’élan nécessaire à une croissance durable, a retracé le président du comité pour le prix des sciences économiques, John Hassler. D’un côté, l’historien de l’économie, spécialiste de la période 1750-1914, Joel Mokyr “a utilisé des sources historiques comme moyen pour découvrir les causes de la croissance soutenue, devenue la nouvelle norme”, a relevé le jury. De leur côté, Philippe Aghion, professeur au Collège de France, et Peter Howitt, professeur à l’Université Brown aux Etats-Unis, ont ensemble examiné le concept de “destruction créatrice”, qui fait référence à la manière dont les entreprises vendant des produits établis pâtissent de l’introduction d’un produit nouveau et meilleur sur le marché.”Ce processus est créatif car il repose sur l’innovation mais il est également destructeur car les produits plus anciens deviennent obsolètes et perdent leur valeur commerciale”, a écrit le jury. – L’Europe à la traîne -“L’ouverture est un moteur de croissance, tout ce qui entrave l’ouverture est un obstacle à la croissance”, a insisté Philippe Aghion, à l’annonce du prix, au moment où les Etats-Unis ont entrepris de relever leurs droits de douane.Il a mis en garde l’Europe, estimant que ce continent ne devait pas laisser les États-Unis et la Chine “devenir les leaders technologiques”, au risque de voir l’écart de croissance se creuser encore plus avec ces deux pays.”Nous sommes restés cantonnés à des avancées technologiques moyennes (…) car nous ne disposons pas des politiques et des institutions adéquates pour innover dans le domaine des hautes technologies”, a dit M. Aghion, également professeur à la London School of Economics et à l’Insead. Le lauréat 2025 a aidé Emmanuel Macron à préparer son programme économique, avant de critiquer en 2024 “une dérive vers la droite” et un pouvoir “vertical”.  Son comparse, l’économiste canadien Peter Howitt a plaidé lundi pour une régulation de l’intelligence artificielle. “L’IA est bien sûr une technologie formidable, qui peut permettre de faire de grandes choses, mais qui porte aussi indéniablement en elle la promesse de destructions d’emplois”, a-t-il souligné lors d’une visioconférence.Depuis l’université Northwestern (nord des Etats-Unis), l’historien de l’économie Joel Mokyr a quant à lui affirmé que sa principale inquiétude pour le marché du travail n’était pas le remplacement technologique des humains, mais le manque d’humains dans un monde où la population vieillit et la natalité baisse. Il faut bien que “quelqu’un travaille” pour générer des recettes fiscales et payer les retraites, a-t-il ajouté: “Si la démographie ne suffit pas, alors la technologie devra prendre le relais”.Le Nobel consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (près d’un million d’euros), dont Joel Mokyr reçoit une moitié tandis que Philippe Aghion et Peter Howitt se partagent l’autre. Il est remis le 10 décembre.

Wall Street retrouve son optimisme à travers le brouillard commercial

La Bourse de New York a terminé en hausse lundi, voyant d’un bon œil le changement de ton de Donald Trump à l’égard de la Chine, après des menaces de droits de douane colossaux qui avaient fait trembler les investisseurs.Le Dow Jones a pris 1,29%, l’indice Nasdaq a grimpé de 2,29% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,56%.Après avoir menacé vendredi Pékin de droits de douane supplémentaires de 100% sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, “Donald Trump est revenu (sur ses propos) et a clairement indiqué que tout allait bien se passer avec la Chine”, relève auprès de l’AFP Adam Sarhan, de 50 Park Investments.Dans un message vu par certains analystes comme un nouvel exemple du phénomène “TACO” (“Trump always chickens out”, “Trump se défile toujours”), le président américain a écrit dimanche que les Etats-Unis souhaitent “aider la Chine, pas lui nuire”.”Une fois de plus, nous assistons à un scénario qui se répète: Trump utilise les droits de douane ou la possibilité de les imposer comme moyen de négocier des accords. Le marché réagit, puis il s’adapte”, estime Adam Sarhan.Les menaces formulées vendredi avaient fait tanguer les marchés financiers, notamment Wall Street dont l’indice de référence avait connu sa plus forte baisse en une séance depuis le chaos provoqué en avril par la guerre commerciale américaine.Selon M. Sarhan, le “rebond de soulagement” de lundi reste toutefois modéré, les principaux indices de la place américaines ne regagnant qu’environ la moitié de leurs pertes de la fin de semaine.La Maison Blanche continue d’appliquer de nouveaux droits de douane sectoriels, à l’image de ceux visant le bois de construction et l’ameublement, qui doivent entrer en vigueur mardi.Et toute reprise des tensions entre Washington et Pékin, “avec une augmentation des surtaxes des deux côtés, pourrait très vite dégénérer et provoquer une récession mondiale”, prévient Adam Sarhan.En parallèle, les acteurs de marché attendent avec impatience la publication des performances financières trimestrielles des grandes banques américaines, coup d’envoi de la saison des résultats.”Les résultats trimestriels et les perspectives d’avenir auront plus de poids que d’habitude, car les données économiques (officielles) ne sont pas disponibles” en raison de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, relève Jose Torres, d’Interactive Brokers.Le marché obligataire américain est, lui, fermé ce lundi en raison du “Columbus Day” (Jour de Christophe Colomb), férié aux Etats-Unis.Côté entreprises, le groupe américain de microprocesseurs Broadcom (+9,88% à 356,70 dollars) a bondi à l’annonce d’un partenariat avec OpenAI, le créateur de ChatGPT.L’accord annoncé lundi va au-delà d’une simple commande car les processeurs destinés à OpenAI vont être conçus spécifiquement pour cette société et adaptés à ses usages.Les sociétés minières ont continué d’être soutenues par un fort vent d’optimisme, voyant dans le conflit entre Pékin et Washington – qui s’est récemment ravivé en raison des tensions sur les exportations liées aux terres rares – la perspective d’un plus large développement de cette industrie aux Etats-Unis.L’action de USA Rare Earth s’est envolée de plus de 18%, celle de MP Materials de plus de 21% tandis que le titre de Ramaco Resources a grimpé de plus de 11%.La société Bloom Energy (+26,52% à 109,91) a été très recherchée, au point que son titre a atteint un niveau record, en raison d’un partenariat avec le gestionnaire d’actifs Brookfield Asset Management pour installer des piles à combustibles dans des centres de données dédiés à l’intelligence artificielle (IA).

Wall Street retrouve son optimisme à travers le brouillard commercial

La Bourse de New York a terminé en hausse lundi, voyant d’un bon œil le changement de ton de Donald Trump à l’égard de la Chine, après des menaces de droits de douane colossaux qui avaient fait trembler les investisseurs.Le Dow Jones a pris 1,29%, l’indice Nasdaq a grimpé de 2,29% et l’indice élargi S&P 500 a gagné 1,56%.

Philippe Aghion, la rénovation du capitalisme par l’innovation

De membre du Parti communiste à conseiller du président Emmanuel Macron, avant de s’en éloigner: le français Philippe Aghion, lauréat du prix Nobel d’économie lundi, veut mieux réguler le capitalisme en favorisant l’innovation.”Je n’en reviens toujours pas, c’est l’irréalité complète aujourd’hui”, a réagi lundi soir Philippe Aghion, invité du journal télévisé de France 2. “J’étais très surpris parce que je ne pensais pas du tout que ça pouvait arriver, et certainement pas cette année”, a raconté le lauréat du prestigieux prix, qu’il partage avec l’Américano-israélien Joel Mokyr et le Canadien Peter Howitt. Le prix vient récompenser ses travaux d’inspiration schumpetérienne sur la croissance et l’innovation, développés avec Peter Howitt dans l’ouvrage “Théorie de la croissance endogène” (1998).”Une “fierté française”, a affirmé Emmanuel Macron, la “reconnaissance (…) de la qualité de la recherche économique française”, a dit le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, et la preuve de “l’impact durable de ses idées sur la politique et la pensée économiques”, selon le président de la London school of economics, Larry Kramer, où enseigne M. Aghion.Sur France 2, ce dernier a plaidé pour une suspension, réclamée par le PS, de la contestée réforme des retraites. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui doit présenter mardi en conseil des ministres son projet de budget pour 2026, a ouvert la porte à un débat sur le sujet.”Je pense qu’il faut arrêter l’horloge maintenant jusqu’aux élections présidentielles. C’est-à-dire (…) on stoppe à 62 ans et 9 mois”, a affirmé Philippe Aghion, considérant que “c’est la façon de calmer les choses”.- Première depuis Esther Duflo -La France n’avait pas décroché le prix Nobel d’économie depuis Esther Duflo en 2019.A 69 ans, Philippe Aghion, disciple de l’économiste autrichien Schumpeter, au débit de parole rapide et volubile, croit dans “Le pouvoir de la destruction créatrice”, qui est le titre de son dernier ouvrage.”L’idée, c’est de dire que la croissance, au long terme, c’est l’innovation. Et pas l’accumulation de capital, qui au bout d’un moment s’essouffle”, avait expliqué l’économiste français dans un entretien avec l’AFP en 2019. Proche du président français depuis qu’ils se sont rencontrés en 2007, Philippe Aghion a aidé Emmanuel Macron à élaborer son programme économique, avant de critiquer dans Libération en 2024 “une dérive vers la droite” et un pouvoir “vertical”.- Aragon, Paul Eluard -Né le 17 août 1956, il a grandi jusqu’à dix ans entre deux parents issus de familles juives d’Alexandrie. Sa mère Gaby Aghion, née Gabrielle Hanoka, célèbre fondatrice de la marque de prêt-à-porter de luxe Chloé, et son père Raymond, qui a joué un rôle important dans l’avènement du mouvement surréaliste et communiste égyptien. “J’ai très bien connu Aragon, Tristan Tzara, Paul Éluard”, se remémorait M. Aghion, “c’étaient des très proches de mon papa”, qui avait une galerie d’art à Paris. De ce père qu’il admire tant, il retient “la révolte contre les inégalités et la misère”, qui le pousse vers le communisme: de 1973 à 1984, il prend sa carte au PCF.Il ne voit pas cet engagement comme une contradiction avec ses positions actuelles: “je crois dans les mêmes valeurs, mais je ne crois plus au +grand soir+”, expliquait-il, “on ne peut pas dépasser le capitalisme, en revanche on peut le réguler”, selon cet économiste opposé à la taxe Zucman, une proposition récente soutenue à gauche et visant à taxer l’équivalent de 2% des patrimoines des ultrariches.  Au JT, il a toutefois considéré qu’il y avait un “abus des holdings familiales”. Après des études en mathématiques à l’École normale supérieure de Cachan, Philippe Aghion se lance dans l’économie à l’Université Paris I, où il obtient son doctorat en 1983. Il part alors aux Etats-Unis, pour un PhD à Harvard. Aujourd’hui professeur au Collège de France, ce père de deux enfants – divorcé – enseigne aussi à l’école de management Insead. – “Penser aux plus vulnérables” -Selon lui, “l’important, c’est d’adopter des politiques qui renforcent l’innovation, mais en même temps de construire un système avec une réelle mobilité sociale”, à la manière des modèles scandinaves, un capitalisme qui doit “penser aux plus vulnérables”.Il a approuvé nombre de réformes ou de projets de réforme de libéralisation d’Emmanuel Macron, – comme la “flat-tax”, l’impôt forfaitaire sur les revenus du capital, ou le remplacement de l’impôt sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).Philippe Aghion veut une politique industrielle, mais profondément rénovée, au service de l’innovation. Il a en outre coprésidé un comité interministériel sur l’intelligence artificielle, préconisant en 2024 des investissements massifs, et a estimé dans un entretien récent au quotidien français Le Monde que “le facteur-clé de la puissance économique, c’est le leadership technologique”.Ce social-libéral réfute la qualification d'”économiste de gauche”.”Je pense que je suis un homme de gauche, mais je ne suis pas un économiste de gauche”, affirme-t-il.

Lecornu se prépare à une journée décisive, le PS maintient ses exigences

A la veille d’une déclaration à haut risque devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Sébastien Lecornu a poursuivi ses tractations lundi soir, le patron du PS Olivier Faure l’appelant toujours à une suspension “complète” de la réforme des retraites, sous peine de censure.Entouré de ministres et de conseillers, le chef du gouvernement a poursuivi ses travaux pour construire deux ouvrages majeurs : ses projets de budgets pour 2026 d’un côté, et sa déclaration de politique générale (DPG).Lors d’un premier Conseil des ministres mardi matin à l’Elysée (10H00), le gouvernement présentera les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale, pour qu’ils soient transmis dans les temps au Parlement.L’objectif est de garder le déficit en dessous des 5% du PIB, au lieu de 4,7% initialement prévu, un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d’euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions.”Sur ces bases là, nous allons pouvoir réviser complètement la copie qui va être présentée en Conseil des ministres”, a prévenu lundi soir le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, sur France 5.Mais avant d’en arriver à un débat budgétaire, il faudra que le gouvernement échappe à la censure. Sébastien Lecornu a demandé à ses ministres de mettre leurs “egos de côté” pour “surpasser la crise politique”.Et l’heure de vérité sera sa déclaration de politique générale, quasi bouclée, qu’il doit prononcer devant l’Assemblée mardi à partir de 15H00. Les socialistes attendent à cette occasion l’annonce d’une suspension de la réforme des retraites de 2023, qui puisse être adoptée au Parlement. Une suspension “immédiate, complète”, a insisté M. Faure. Il faut aussi “une contribution sur les plus gros patrimoines qui peut prendre différentes modalités” et la confirmation de l’abandon de “l’article 49.3” de la Constitution qui permet d’adopter un texte sans vote, a ajouté sur France 2 l’ancien président socialiste et député de Corrèze, François Hollande.Faute de quoi le gouvernement pourrait tomber dès cette semaine.Lors d’une réunion avec les chefs de parti vendredi, Emmanuel Macron avait esquissé une concession: un décalage dans le temps de “la mesure d’âge” de départ à la retraite (passage progressif à 64 ans), symbole de son deuxième quinquennat.Un geste insuffisant aux yeux du PS, qui veut à la fois une suspension de la mesure d’âge légal et de l’accélération de la hausse du nombre de trimestres cotisés. Sur ce point, les socialistes vont plus loin que la CFDT.- “Faire tout” pour éviter la dissolution -Depuis l’Egypte, où il assistait au sommet sur Gaza, Emmanuel Macron s’est défaussé sur la classe politique de toute responsabilité dans la crise, mettant plutôt en avant son rôle diplomatique.Il a appelé les partis à “se ressaisir” et à “oeuvrer à la stabilité”, au lieu de “faire des paris sur l’instabilité” dans une allusion à ceux qui espèrent une dissolution de l’Assemblée ou une présidentielle anticipée. “J’ai confiance dans l’esprit de responsabilité de chacun pour y arriver”, a-t-il ajouté un peu plus tard avant de reprendre son avion pour regagner la France.Démissionnaire en début de semaine dernière, reconduit vendredi au terme d’une mission éclair auprès des forces politiques, Sébastien Lecornu est sur une corde raide. Le RN et LFI comptent le censurer dès cette semaine. Tout dépendra donc du PS. D’autant que le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella entend voter la motion des Insoumis.Le président du parti d’extrême droite s’en est pris à un PS qui tente “de se faire acheter” sur les retraites. Olivier Faure raillant en retour un “expert” en “matière de magouilles”, et appelant le RN à clarifier sa position sur “la taxation des ultra riches”.Sébastien Lecornu a présenté dimanche soir sa nouvelle équipe : huit personnalités issues de la société civile et 26 de forces politiques, dont 11 du parti présidentiel Renaissance. Les six ministres de droite ont été écartés des Républicains (LR) de Bruno Retailleau qui avait donné pour consigne – contestée par les députés – de ne pas entrer dans l’équipe Lecornu 2. Leur sort définitif sera tranché par les instances du parti dans les prochains jours.Elisabeth Borne, auteure de la réforme des retraites qu’elle a proposée elle-même de suspendre, laisse sa place à l’Education à l’ancien directeur général de l’Enseignement scolaire Edouard Geffray.Gérald Darmanin, qui était résolument tourné vers 2027, a été renommé garde des Sceaux avant d’annoncer se mettre “en congé” de ses activités partisanes.”Nous devons tendre la main et faire tout pour éviter que nous allions vers la dissolution de l’Assemblée nationale, qui ajouterait de l’instabilité”, a-t-il exhorté lundi.pol-are-sac/sde/dch   

La Bourse de Paris ignore l’incertitude politique et repart dans le vert

La Bourse de Paris a conclu dans le vert lundi, dans un marché qui ignore les incertitudes de la situation politique en France et après un apaisement des secousses liées aux tensions commerciales entre Washington et Pékin.L’indice vedette de la Bourse de Paris a fini en hausse de 0,21% à 7.934,26 points, gagnant 16,26 points. Le CAC 40 avait commencé la séance sur une progression plus marquée, profitant d’un rebond technique après le repli de 1,53% en fin de semaine.Après avoir menacé la Chine de nouveaux droits de douane de 100%, le président américain Donald Trump a laissé entendre qu’il était ouvert à un accord avec Pékin redonnant du moral aux marchés.”Donald Trump a mis de l’eau dans son vin et le marché a bien réagi”, a résumé Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM. “A part les résultats bancaires aux Etats-Unis attendus cette semaine, le marché est resté relativement calme” en l’absence de statistiques américaines, notamment sur l’inflation du fait de la fermeture du gouvernement (“shutdown”), a ajouté l’analyste, interrogé par l’AFP.”Globalement, c’est un marché qui vivote soit en fonction de la guerre commerciale et des dernières annonces, soit en fonction des attentes de résultats trimestriels américains qui vont commencer”, a-t-il expliqué.En France, le Premier ministre démissionnaire puis reconduit Sébastien Lecornu a demandé à ses ministres, qui ont pris leurs fonctions lundi, de mettre leurs “egos de côté” pour “surpasser la crise politique”, alors que le gouvernement est menacé de censure dès cette semaine si les socialistes n’obtiennent pas une suspension de la réforme des retraites.Pour Christopher Dembik, “la situation politique en France reste pour l’instant un non-évènement” pour le marché boursier. “Bien sûr si le gouvernement est censuré, on assistera à un petit choc temporaire”, mais selon lui, pas de nature “à faire plonger le CAC 40”.Un premier Conseil des ministres doit se tenir mardi matin à l’Elysée. Le gouvernement y présentera les deux projets de budget, de l’Etat et de la Sécurité sociale, afin qu’ils puissent être transmis dans les temps au Parlement.Pour Kathleen Brooks néanmoins, directrice de la recherche chez XTB, l’instabilité politique dans le pays “maintient la pression sur les actifs français, en particulier sur les obligations d’État”.Le taux de l’emprunt français à dix ans a terminé à 3,46% contre 3,48%, au même niveau qu’en clôture vendredi. Celui de l’Allemagne, référence européenne, a conclu à 2,63% contre 2,64% à sa dernière clôture. Les câbles Nexans sous l’eau Le fabricant français de câbles industriels Nexans, 2e acteur mondial derrière l’italien Prysmian, a connu une journée agitée lundi en Bourse après le départ de son directeur général, en poste depuis 2018, Christopher Guérin, remplacé par Julien Hueber pour “créer une nouvelle dynamique”.Le titre Nexans a perdu 9,26% à 114,70 euros.”Le changement inattendu de directeur général chez Nexans nous a surpris et ressemble au précédent changement de directeur général en 2018, lorsque les actions avaient sous-performé”, ont estimé les analystes de JPMorgan dans une note.Les minières soutenuesLes sociétés minières dans le monde ont été soutenues par les tensions entre Pékin et Washington sur les exportations liées aux terres rares. Eramet a gagné 2,77% à 61,25 euros, ArcelorMittal a pris 3,09% à 33,32 euros.

Dieselgate: le procès de cinq constructeurs s’est ouvert à Londres, des milliards en jeu

Le procès hors norme de cinq géants de l’automobile, dont Renault et Peugeot-Citroën, s’est ouvert lundi à Londres, dernier épisode du scandale mondial des voitures diesel truquées, les avocats des plaignants dénonçant des pratiques “générales” dans le secteur.L’allemand Mercedes, le japonais Nissan et l’américain Ford sont les trois autres mis en cause dans cette procédure britannique, ouverte pour trois mois devant la Haute Cour, qui pourrait déboucher sur des milliards de livres d’indemnisations. Tous nient les faits.Dans ce vaste dossier, qui a donné lieu à l’ouverture de procédures civiles et pénales dans le monde entier –par exemple en Allemagne, en France, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud– les plus grands fabricants automobiles sont suspectés d’avoir manipulé des véhicules pour passer les contrôles antipollution, notamment les émissions d’oxydes d’azote (NOx).”Les infractions étaient, à bien des égards, endémiques ou générales” dans le secteur, a résumé lors de la première journée d’audience Thomas De La Mare, l’un des avocats des plaignants, reprochant aux entreprises d’avoir “préféré tricher plutôt que de respecter la loi”.- “Elle ne serait pas morte” -La Londonienne Rosamund Adoo Kissi-Debrah, dont la fille de neuf ans, Ella, est morte en 2013 d’une grave crise d’asthme, depuis reconnue par la justice comme liée à la pollution de l’air, a tenu à être présente, avec une vingtaine de manifestants devant le tribunal.”Le médecin légiste a dit que si nous n’avions pas eu des niveaux illégaux de pollution de l’air là où nous vivons, non seulement elle n’aurait pas eu d’asthme, mais elle ne serait pas morte”, a-t-elle déploré auprès de l’AFP. Elle attend “des excuses” des constructeurs.”Des millions de voitures diesel circulent encore sur nos routes et rendent nos enfants malades”, ajoute, à ses côtés, Jemima Hartshorn, insistant sur la nécessité de “retirer ces voitures de nos routes”.Volkswagen, auquel le nom du Dieselgate est souvent associé, a reconnu dès 2015 avoir commercialisé plus de 11 millions de véhicules dans le monde équipés d’un logiciel détectant les phases de test pour diminuer ses émissions. Il a déjà réglé une facture dépassant les 30 milliards d’euros, dont la plus grande part aux Etats-Unis.Le constructeur allemand avait été reconnu coupable en 2020 par la Haute Cour de Londres d’avoir mis en place un “logiciel truqueur”. Sans reconnaître sa responsabilité, il avait mis fin aux procédures en réglant 193 millions de livres (222 millions d’euros).- SUV Mercedes gris -Pour Martyn Day, du cabinet d’avocats Leigh Day, principal représentant des plaignants, les indemnisations pourraient se compter en “milliards de livres”.Car l’issue du procès pourrait faire jurisprudence et s’appliquer aux autres constructeurs objets de plaintes, comme Volkswagen-Porsche, Vauxhall-Opel, Jaguar Land Rover, BMW, FCA-Suzuki, Volvo, Hyundai-Kia, Toyota et Mazda. En tout, 1,6 million de conducteurs demandent compensation dans le pays.Adam Kamenetzky, un Londonien de 45 ans, estime quant à lui avoir été “trompé” lorsqu’il a choisi en 2018 un SUV Mercedes gris, spécifiquement parce qu’il était censé être moins polluant. Selon lui, le véhicule est en réalité bien plus nocif, ce qui fait aussi baisser sa valeur.Sollicités par l’AFP, Ford et Mercedes rejettent des “allégations sans fondement”. Renault et Stellantis, la maison-mère de Peugeot et Citroën, assurent que les véhicules vendus étaient tous “conformes” aux réglementations. Nissan n’a pas souhaité faire de commentaire.La première journée d’audience, consacrée aux arguments des avocats des automobilistes, s’est achevée lundi en fin d’après-midi. Le procès, qui durera jusqu’à la fin de l’année, se concentrera sur la responsabilité des constructeurs.Les conclusions auront lieu en mars avant un jugement attendu l’été prochain. Une éventuelle seconde procédure à partir d’octobre 2026 concernera les indemnisations.

Les Bourses européennes reprennent des couleurs, rassurées sur les tensions commerciales

Les Bourses européennes ont repris des couleurs lundi après leur décrochage en fin de semaine à la suite des menaces de nouveaux droits de douane sur la Chine par le président américain Donald Trump, qui a ensuite joué l’apaisement.La Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,21%, Francfort a pris 0,60% et Londres a grappillé 0,16%, selon des chiffres définitifs.

Les Etats-Unis commencent à ressentir les effets de la paralysie budgétaire

Paies de fonctionnaires gelées, musées et parcs nationaux fermés, trafic aérien touché: les Etats-Unis ressentent de manière croissante les effets de la paralysie budgétaire, qui entre lundi dans sa troisième semaine sans dénouement à l’horizon.Depuis le 1er octobre, les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate se trouvent dans l’impasse au Congrès, incapables de s’entendre sur un nouveau budget. L’Etat fédéral se trouve depuis lors en état de “shutdown”, avec des centaines de milliers de fonctionnaires mis au chômage technique.A court de fonds, les musées publics de Washington ont été forcés dimanche de fermer leurs portes pour la durée de la paralysie budgétaire. Certains parcs nationaux, comme celui des grottes de Carlsbad dans le Nouveau-Mexique (sud-ouest), sont également inaccessibles aux visiteurs depuis le début du “shutdown”.Et dans les aéroports, l’inquiétude grandit de voir s’allonger les files d’attente en raison d’un absentéisme croissant des contrôleurs aériens et des agents de la sécurité des transports.Qu’ils soient au chômage technique ou non, quelque deux millions de fonctionnaires fédéraux ne recevront pas leur salaire tant que le blocage perdurera. Un manque à gagner conséquent et une situation “très stressante”, a expliqué à l’AFP Marilyn Richards, une fonctionnaire fédérale du Missouri, dans le centre du pays.”La plupart des gens vivent au jour le jour, en comptant sur le prochain salaire pour payer les factures”, a-t-elle souligné.- “Otage” -En revanche, les plus de 1,3 million de militaires américains devraient obtenir leur paie mercredi comme prévu, après que Donald Trump a ordonné samedi d’utiliser certains fonds en ce sens, dans un message sur sa plateforme Truth Social.Dans un pays où les membres des forces armées tiennent une place particulière auprès du grand public, son message s’inscrit dans une volonté de gagner la bataille de l’opinion populaire.”Je ne laisserai pas les démocrates tenir en OTAGE nos militaires, et la sécurité entière de notre pays, avec leur +shutdown+ dangereux de l’Etat”, a ainsi ajouté le président.Au Congrès, les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d’assurance santé à destination de ménages à bas revenus.Sans prolongation, les coûts d’assurance santé devraient plus que doubler pour 24 millions d’Américains qui utilisent le programme public “Obamacare”, selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates sont nécessaires pour adopter un budget, malgré une majorité républicaine.Mais Donald Trump rejette toute négociation avec l’opposition sur les questions de santé sans “réouverture” de l’Etat fédéral comme préalable.- “Ça ou rien” -Le chef des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, a réitéré dimanche que son parti était ouvert à la discussion avec la Maison Blanche et les responsables républicains au Congrès.”Malheureusement, ils ont pris la décision d’adopter une approche +c’est ça ou rien+”, a-t-il soutenu dans une interview avec Fox News.Le vice-président JD Vance a lui affirmé sur CBS News que la position des démocrates ne s’apparentait pas à de la négociation mais à une “prise d’otages”, et s’est lamenté du “chaos” engendré par la situation.Pour tenter de faire céder de plus en plus de sénateurs démocrates, Donald Trump a aussi multiplié les menaces.”Nous mettons fin à certains programmes dont nous ne voulons pas. Il se trouve que ce sont des programmes soutenus par les démocrates”, a-t-il déclaré dimanche à bord de l’avion présidentiel Air Force One, en route vers Israël.”Je pense qu’ils ont fait une erreur, je pense qu’ils ont fait une grosse erreur”, a-t-il ajouté à propos des démocrates.Vendredi, la Maison Blanche avait annoncé avoir commencé à licencier des fonctionnaires fédéraux. Plus de 4.000 d’entre eux, qui travaillent dans pas moins de sept ministères différents, ont d’ores et déjà reçu des avis de licenciement, selon un document judiciaire.