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Lecornu concède au PS le totem des retraites au nom de la stabilité

Sébastien Lecornu a cédé pour espérer une sortie de crise. Le Premier ministre a annoncé mardi devant l’Assemblée la suspension de la réforme des retraites, symbole de la présidence Macron, obtenant la clémence au moins temporaire des socialistes, qui en faisaient une condition incontournable pour épargner la censure au gouvernement.Saluant comme la CFDT, avec cette suspension, “une victoire” autant qu’un “premier pas qui permet d’envisager les suivants”, le chef des députés PS Boris Vallaud a dit dans sa réponse à la déclaration de politique générale du Premier ministre vouloir faire “ce pari de donner (…) un budget juste au pays”.”Nous ne censurerons pas dès la discussion de politique générale le Premier ministre”, a explicité le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur TF1, demandant à ses troupes de “respecter” la décision collective de son parti.”Est-ce que ça veut dire que nous allons tout accepter” dans le budget présenté par M. Lecornu ? “La réponse est non. Le débat ne fait que commencer et je suis aussi déterminé à arracher d’autres victoires”, a ajouté M. Faure.Au milieu d’un discours sobre, qui n’a pas dépassé la demi-heure, point d’orgue de journées d’immense tension politique, la sentence attendue est tombée mardi après-midi: “Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle”, a annoncé M. Lecornu dans l’hémicycle du palais Bourbon.”Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028″, a précisé le chef du gouvernement.Il a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote.- “Carte blanche” -L’exécutif peut ainsi espérer souffler, après une nouvelle crise ouverte la semaine dernière par un gouvernement Lecornu 1 qui n’avait pas tenu une journée.”Certains aimeraient voir cette crise parlementaire virer à la crise de régime. Cela n’aura pas lieu”, avait affirmé le Premier ministre à l’entame de son discours.Un an après la très décriée dissolution de 2024, la pression s’était accrue sur le chef de l’État, son premier chef de gouvernement, Édouard Philippe, allant jusqu’à lui conseiller de démissionner après l’adoption du budget.Renommé vendredi par le président Macron, M. Lecornu a “carte blanche”, avait expliqué l’Élysée.Mardi matin, le chef de l’Etat avait une dernière fois mis la pression sur les oppositions lors du Conseil des ministres, qualifiant les motions de censure à venir de “motions de dissolution”. Adopté mardi matin, le projet de budget de l’État, qui devrait être largement modifié par le Parlement, propose un effort d’une trentaine de milliards d’euros et repose sur des hypothèses “optimistes” de croissance en 2026, selon le Haut conseil des finances publiques.Le déficit devra “dans tous les cas de figure être à moins de 5% à la fin de la discussion” parlementaire, a précisé M. Lecornu, après avoir présenté un projet de budget avec un déficit de 4,7% du PIB.Le Premier ministre a par ailleurs reconnu “des anomalies” dans la fiscalité sur les très grandes fortunes, souhaitant “une contribution exceptionnelle” des plus riches dans le prochain budget.M. Lecornu a également annoncé une “conférence” sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux. Et promis un nouvel “acte de décentralisation” par un projet de loi déposé en décembre. – “Peur des urnes” -Dans sa décision de ne pas censurer le gouvernement, le PS se trouve isolé à gauche. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a affirmé que son groupe “ira(it) à la censure”, fustigeant une “petite suspension” de la réforme.Même tonalité très offensive de Stéphane Peu, chef du groupe des députés communistes et ultramarins, qui en majorité voteront la censure, même si le patron du parti Fabien Roussel a évoqué une “première victoire”.”Une réforme imposée contre tout un peuple (…) ne se suspend pas, elle s’abroge”, a martelé la cheffe des Insoumis, Mathilde Panot, refusant de participer au “sauvetage” du gouvernement.A droite, le président des Républicains (LR) Bruno Retailleau a accusé le gouvernement d’être “l’otage des socialistes”. En réponse, l’ex-président de LR Eric Ciotti, désormais allié de Marine Le Pen, lui a proposé une “rencontre pour poser les bases d’un renversement d’alliance à droite avec le RN”.Quant au président du RN Jordan Bardella, il a brocardé “l’amicale des sauveurs d’Emmanuel Macron” dont “le seul dénominateur commun” serait “la peur des urnes”.Le camp présidentiel était divisé sur la question des retraites. “Suspendre la réforme des retraites” est “une dangereuse facilité”, a mis en garde Paul Christophe, président du groupe Horizons, le parti d’Édouard Philippe.”Remettre en cause la seule et dernière réforme structurelle du second quinquennat d’Emmanuel Macron est une grosse erreur”. “Un compromis politique ne peut pas se construire sur un déni comptable et sur le dos des générations qui viennent”, a renchéri dans Le Parisien l’auteur de la réforme, l’ex-ministre Olivier Dussopt.sac-sl-are-bpa/jmt/gvy

“Mercosur, mort à coup sûr”: la Confédération paysanne marche contre le libre-échange

Des centaines d’agriculteurs, étudiants et défenseurs de l’environnement ont défilé mardi à Paris à l’appel de la Confédération paysanne contre le projet d’accord entre l’UE et des pays du Mercosur, considéré comme “mortifère pour les paysans”, d’Occitanie comme d’Amazonie.”UE-Mercosur, c’est pas du fumier, mais ça pue pareil et ça fait rien pousser”, a chanté une foule joyeuse partie des Invalides en fin de matinée et arrivée dans l’après-midi aux pieds de la Tour Eiffel pour “un grand pique-nique solidaire”.Sous le soleil d’automne, l’ambiance était bon enfant, l’encadrement sécuritaire léger et les manifestants donnaient de la voix contre un accord qu’ils rejettent “depuis plus de 25 ans”, selon la Confédération paysanne, 3e syndicat agricole français.Tous les syndicats agricoles français sont fermement opposés à cet accord entre l’Union européenne et quatre pays latino-américains du Mercosur, dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification et à l’égard duquel la France, hier très opposée, semble depuis s’y montrer moins défavorable.Cet accord, sur la table depuis des décennies mais signé fin 2024, doit permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, machines, vins… Mais il facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel… via des droits de douane réduits.Pour la Confédération paysanne, membre du mouvement paysan altermondialiste Via Campesina, cet accord va mettre en concurrence les paysans européens et latino-américains et faire encore baisser les revenus des producteurs.Si le syndicat historique FNSEA s’est rallié à l’opposition à ce traité, la Confédération a tenu à marquer sa différence: “À la FNSEA, ils utilisent la rhétorique nationaliste, selon laquelle nous avons la meilleure agriculture du monde, ce qui justifie la protection contre les importations et le maintien des exportations”, a lancé Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne, sur une tribune improvisée aux Invalides.- “Le pire signé par l’UE” -“La souveraineté alimentaire c’est pour tout le monde” du Nord au Sud, a-t-elle insisté déclenchant des applaudissements.Dans le défilé, une grappe d’étudiants d’AgroParisTech – les ingénieurs agronomes de demain – étaient venus dire leur refus d’accords ne respectant ni la terre ni les hommes.”Ce n’est pas en levant les règles environnementales qu’on aidera les paysans mais en les soutenant pour qu’ils puissent s’adapter au changement climatique”, a plaidé Jacques Caplat, de l’ONG Agir pour l’environnement.Alors que le Premier ministre présentait son budget, les manifestants appelaient le président Emmanuel Macron à “tenir ses engagements”, en défendant les agriculteurs contre ce qu’il avait lui-même qualifié début 2025 de “mauvais texte”.Pour tenter de rassurer la France, la Commission a proposé début septembre des clauses de sauvegarde “renforcées”, en cas de brusque hausse des importations ou baisse des prix, avec un “suivi renforcé” des “produits sensibles”.Mais pour le syndicat, ni “clauses de sauvegarde”, ni mesures “miroir miracles” ne sauraient garantir un rééquilibrage de cet accord.Venue en soutien de la Confédération paysanne, la député européenne LFI Manon Aubry a estimé que cet accord était “le pire signé par l’UE”.”C’est un accord qui va tuer l’agriculture, qui va nous empoisonner – un tiers des pesticides autorisés au Brésil sont interdits dans l’UE”, a-t-elle déclaré à l’AFP, précisant que sa délégation au Parlement européen allait “déposer un recours devant la Cour de justice de l’UE pour vérifier la compatibilité de l’accord avec les traités européens”.Pour la Confédération paysanne, “combattre ces accords de libre-échange mortifères”, “c’est aussi défendre les droits humains”. Citant les accords UE-Israël ou UE-Maroc, la porte-parole Fanny Métrat a dénoncé “des accords qui ne respectent pas le droit international et qui favorisent la colonisation du Sahara occidental et de la Palestine”.Alors que la FNSEA s’était mobilisée fin septembre, la Confédération paysanne a choisi la date du 14 octobre en soutien à deux de ses membres, jugés dans l’après-midi au tribunal judiciaire de Paris.Les militants syndicaux ont été condamnés à une amende de 450 euros chacun, sous la forme de 90 jours-amende de 5 euros, pour des violences commises sur des policiers lors d’une manifestation contre une réunion d’acteurs du commerce des céréales organisée au Grand Palais en décembre dernier.

La Bourse de Paris cède face aux tensions commerciales, le taux à 10 ans français se détend

La Bourse de Paris a terminé en petite baisse mardi face au retour des tensions commerciales, quand le taux d’emprunt de la France s’est nettement détendu après l’annonce par le Premier ministre Sébastien Lecornu de la suspension de la réforme des retraites.L’indice vedette de la place de Paris s’est inscrit en baisse de 0,18%, soit une perte de 14,64 points, pour terminer à 7.919,62 points. La veille, le CAC 40 a fini en hausse de 0,21% à 7.934,26 points.”Les espoirs d’un apaisement des tensions douanières (entre les Etats-Unis et la Chine) ont été anéantis”, commente Fawad Razaqzada, analyste marchés chez City Index.La Chine impose depuis mardi des droits spéciaux aux bateaux américains entrant dans ses ports, en représailles, dit-il, à des mesures similaires censées entrer en vigueur le même jour aux Etats-Unis contre les bateaux chinois.Pékin avait annoncé jeudi l’instauration de nouveaux contrôles sur les exportations de technologies liées aux terres rares, suivie le lendemain par les menaces de droits de douane américains supplémentaires de 100% sur les produits chinois.”Les investisseurs préfèrent rester sur la touche et attendre de voir comment la situation actuelle évolue. Tant une potentielle aggravation du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis qu’une saison des résultats plutôt décevante pourraient particulièrement affecter les actions européennes”, estime Andreas Lipkow, analyste indépendant.Les investisseurs scrutent également la situation politique française. Sébastien Lecornu évite pour l’instant “la crise de régime”. Le Premier ministre français a annoncé mardi devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites, symbole de la présidence Macron, obtenant la clémence au moins temporaire des socialistes, qui en faisaient une condition sine qua non pour épargner la censure au gouvernement et repousser ainsi la dissolution.”Cette annonce a agi comme un signal de stabilisation à court terme. Les investisseurs y voient une accalmie politique bienvenue, mais elle ne résout pas les fragilités structurelles des finances publiques”, souligne Antoine Andreani, à la tête de la recherche de XTB France.Le taux d’emprunt de la France à échéance 10 ans, la référence pour les investisseurs internationaux, s’est nettement détendu, s’établissant à 3,39% à la clôture mardi, au plus bas depuis mi-août. La veille en clôture, il avait atteint 3,47%.Le “spread” ou l’écart avec le taux allemand, très surveillé sur les marchés, a atteint 0,78 point de pourcentage, une première depuis plus d’un mois.Michelin emporte le secteur autoL’action du fabricant français de pneus a dégringolé mardi à la Bourse de Paris, après avoir revu à la baisse ses prévisions pour 2025 en raison d’une détérioration accrue de ses activités en Amérique du Nord, affectées notamment par les droits de douane.Le titre a cédé 8,93% sur la séance, à 26,11 euros, terminant bon dernier du CAC 40. La chute de l’action avait même dépassé les 10% dans les premiers échanges.La dégringolade de Michelin et son avertissement sur l’environnement économique ont emporté le reste du secteur automobile, comme Stellantis qui a perdu 4,89% à 8,37 euros.

Coeur artificiel: Carmat obtient un nouveau délai pour tenter de trouver un repreneur

Nouveau rebondissement dans le dossier Carmat: le fabricant du cœur artificiel, à court d’argent, bénéficie d’un sursis pour relancer un appel d’offres auquel le repreneur dont la proposition avait été recalée fin septembre souhaite participer à nouveau.Le tribunal des affaires économiques de Versailles a décidé mardi de renvoyer au 25 novembre l’examen de la requête en liquidation judiciaire de la société placée en redressement judiciaire depuis le 1er juillet.Le coeur artificiel de Carmat est destiné aux patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque terminale dans l’attente d’un coeur humain disponible pour une transplantation.Ce nouveau report a été décidé parce qu'”un nouvel appel d’offres va être lancé”, avec “l’espoir d’avoir une offre concrète déposée d’ici cette date”, a précisé à l’AFP le directeur général de la société, Stéphane Piat, qui n’a jamais cessé de croire en un redressement possible.”Il avait été envisagé à un moment que soit déclarée aujourd’hui la liquidation judiciaire. Ce n’est pas le cas”, a confirmé à l’AFP le président du conseil d’administration de Carmat, Pierre Bastid, à la sortie de l’audience.”J’ai convaincu le tribunal qu’il y avait de bonnes raisons de ne pas prononcer la liquidation judiciaire aujourd’hui, mais cela ne veut pas dire que c’est gagné”, a-t-il souligné. Il portera “une nouvelle proposition de reprise” aux côtés d’autres investisseurs. – 122 coeurs implantés -Lors d’une première audience le 19 août, le tribunal lui avait accordé un délai supplémentaire pour la finaliser. Mais, l’offre – jusqu’ici la seule déposée – avait été jugée caduque fin septembre, M. Bastid n’ayant pas réussi à mobiliser les fonds à temps pour tenir les engagements de son plan de reprise.Pierre Bastid était entré au capital de Carmat en 2016, à l’occasion d’une augmentation de capital à laquelle avaient également pris part deux actionnaires historiques de la société, Airbus et le fonds Truffle Capital, partis depuis.Il lui reste six semaines, à lui comme à d’autres éventuels investisseurs potentiellement intéressés, pour présenter un plan de reprise de Carmat, née en 2008 et qui tire son nom de la collaboration à se débuts entre son inventeur médical, le professeur Alain Carpentier et des ingénieurs de Matra Defense.Le coeur artificiel de Carmat comprend une prothèse reproduisant la forme et la fonction d’un cœur naturel et d’une tablette pour régler les paramètres.Au total, 122 patients ont été traités avec ce coeur artificiel qui, par le passé, a connu des défaillances techniques, dont plusieurs mortelles. Selon M. Piat, il reste à ce jour, dix-neuf implantés dont treize en France.”Carmat a développé une technologie révolutionnaire, mais avec un modèle d’exécution et de financement trop lourd pour un acteur seul”, estime Mohamed Kaabouni, analyste du courtier Portzamparc.Le coût très élevé du dispositif – 200.000 euros – et son utilisation restreinte à un nombre limité de patients ont fini par rendre son modèle économique intenable.”On paye ce temps de développement qui a été très long” mais aussi “des problèmes de qualité” qui ont refroidi les investisseurs, reconnaissait M. Bastid fin septembre auprès de l’AFP.

Lecornu suspend la réforme des retraites, le PS écarte pour l’instant la censure

Sébastien Lecornu évite pour l’instant “la crise de régime”. Le Premier ministre a annoncé mardi devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites, symbole de la présidence Macron, obtenant la clémence au moins temporaire des socialistes, qui en faisait une condition sine qua non pour épargner la censure au gouvernement et repousser ainsi la dissolution.Le PS a fait savoir en réponse qu’ils ne censurerait pas le gouvernement, en tout cas dans l’immédiat: saluant comme la CFDT dans la suspension “une victoire” autant qu’un “premier pas qui permet d’envisager les suivants”, le chef des députés PS Boris Vallaud a dit vouloir faire “ce pari de donner (…) un budget juste au pays”.”Nous serons vigilants à ce que vos mots se traduisent en actes”, a-t-il promis.Les motions de censure déposées par le RN et par la France insoumise, qui seront examinées jeudi matin, ont donc peu de chances d’être adoptées.Au milieu d’un discours sobre, qui n’a pas dépassé la demi-heure, point d’orgue de journées d’immense tension politique, la sentence attendue est tombée: “je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle”, a annoncé M. Lecornu dans l’hémicycle du Palais-Bourbon.”Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028″, a précisé le chef du gouvernement, applaudi par les députés PS.Le chef du gouvernement a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote. “C’est la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat, notamment budgétaire mais pas seulement, dans tous les domaines, vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote”, a-t-il ajouté.L’exécutif peut ainsi espérer souffler, après une nouvelle crise ouverte la semaine dernière par un gouvernement Lecornu 1 qui n’avait pas tenu une journée, fragilisé dans l’oeuf par la contestation du président des Républicains (LR) Bruno Retailleau.”Certains aimeraient voir cette crise parlementaire virer à la crise de régime. Cela n’aura pas lieu”, avait affirmé le Premier ministre à l’entame de son discours.Un an après la très décriée dissolution de 2024, la pression s’était accrue sur le chef de l’État, son premier chef de gouvernement, Édouard Philippe, allant jusqu’à lui conseiller de démissionner après l’adoption du budget et de permettre ainsi la tenue d’une élection présidentielle anticipée.Renommé vendredi par le président Macron, M. Lecornu avait “carte blanche”, avait expliqué l’Élysée.Mardi matin, le chef de l’Etat avait une dernière fois mis la pression sur les oppositions lors du Conseil des ministres, qualifiant les motions de censure à venir de “motions de dissolution”. Le PS, qui demandait “la suspension immédiate et complète” de la réforme des retraites de 2023, la confirmation de l’abandon du 49.3 et du relâchement de la trajectoire budgétaire, menaçait de déposer sa propre motion de censure dès mardi soir en cas de réponse négative ou évasive du gouvernement.-“Anomalies” fiscales-Adopté mardi matin en Conseil des ministres, le projet de budget de l’État, qui devrait être largement modifié par le Parlement, propose un effort d’une trentaine de milliards d’euros et repose sur des hypothèses “optimistes” de croissance en 2026, selon le Haut conseil des finances publiques.Le déficit devra “dans tous les cas de figure être à moins de 5% à la fin de la discussion” parlementaire, a précisé M. Lecornu, après avoir présenté un projet de budget avec un déficit de 4,7% du PIB.Le Premier ministre a par ailleurs reconnu “des anomalies” dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant “une contribution exceptionnelle” des plus riches dans le prochain budget.M. Lecornu a également annoncé une “conférence” sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux. Et promis un nouvel “acte de décentralisation” par un projet de loi déposé en décembre. – “Peur des urnes” -Dans sa décision de ne pas censurer le gouvernement, le PS se trouve isolé à gauche. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a affirmé que son groupe “ira à la censure”, fustigeant une “petite suspension” de la réforme.Même tonalité très offensive de Stéphane Peu, chef du groupe des députés communistes et ultra-marins, qui en majorité voteront la censure, même si le patron du parti Fabien Roussel a évoqué lui une “première victoire”.”Une réforme imposée contre tout un peuple (…) ne se suspend pas, elle s’abroge”, a martelé la cheffe des Insoumis, Mathilde Panot, refusant de participer au “sauvetage” du gouvernement.A droite, le président des Républicains (LR) Bruno Retailleau a accusé le gouvernement d’être “l’otage des socialistes”. Quant au président du RN Jordan Bardella, il a brocardé “l’amicale des sauveurs d’Emmanuel Macron” dont “le seul dénominateur commun” serait “la peur des urnes”.Le camp présidentiel était divisé sur la question des retraites, et le parti Horizons d’Edouard Philippe s’est chargé de rappeler ses réserves. “Suspendre la réforme des retraites” est “une dangereuse facilité”, a mis en garde le chef des députés Paul Christophe.La chute du gouvernement “coûterait plus d’argent à la France” qu’une “suspension de quelques mois” de la réforme des retraites, avait au contraire fait valoir dans la matinée l’entourage du garde des Sceaux Gérald Darmanin, proche de M. Lecornu.sac-sl-are-bpa/hr

L’A320 d’Airbus détrône le Boeing 737, devenant l’avion le plus vendu au monde

Le monocouloir 737 du constructeur américain Boeing, dont le premier exemplaire a été livré en 1968, a été détrôné en septembre par l’A320, du grand rival européen Airbus, entré en exploitation en 1988, selon les données respectives des deux groupes.L’avionneur américain a annoncé mardi sur son site internet avoir livré 55 avions en septembre, dont quarante 737 MAX – dernière version de la famille du 737. Cela porte le total à 12.254 exemplaires du 737 livrés depuis sa sortie, en incluant les versions d’affaires.Mais, à fin septembre, Airbus avait livré 12.257 exemplaires de son A320 (versions d’affaires incluses), d’après les chiffres annoncés le 8 octobre.Les deux familles ont connu des mises à jour importantes depuis leurs tout premiers vols, en particulier au niveau des moteurs et de leurs composants pour réduire notamment leur consommation de carburant, leur volume sonore.Mais les livraisons du 737 ont été brutalement interrompues pendant vingt mois dans le monde entier – davantage en Chine – après deux accidents du 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait 346 morts.Sa production est actuellement plafonnée par le régulateur aérien (FAA) à 38 par mois depuis mars 2024, à la suite d’un incident en vol sur un 737 MAX 9 ayant fait quelques blessés légers.La direction de Boeing, qui a engagé des mesures drastiques pour améliorer la qualité de la production, compte demander d’ici la fin de l’année l’autorisation de passer à 42 par mois, puis au-delà courant 2026.De son côté, Airbus a pâti ces dernières années de problèmes de moteurs et signalait encore fin juillet des “problèmes persistants d’approvisionnement en moteurs sur le programme A320”.Pour se rasséréner, Boeing peut néanmoins se réjouir d’avoir livré en septembre le 2.000e exemplaire du 737 MAX depuis sa sortie en 2017. C’est la compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair qui l’a reçu, avec neuf autres exemplaires.Boeing a également livré en septembre sept 787 Dreamliner, trois gros porteurs 777 Fret et quatre 767 (deux Fret et deux ravitailleurs militaires). Le groupe a livré 160 avions au troisième trimestre et 440 depuis le début de l’année.En septembre, il a engrangé 96 commandes brutes dont 32 pour des 737 MAX et 64 pour des 787 Dreamliner. Après annulations et conversions, les commandes nettes ressortent à 48 avions à fin septembre et à 870 depuis début 2025.Le carnet de commandes de la branche commerciale (BCA) contenait 6.579 avions à fin septembre, soit plus de 600 milliards de dollars.

Terres rares: l’UE va discuter avec le G7 d’une “réponse coordonnée” à la Chine

L’Union européenne va discuter avec ses partenaires du G7 d’une “réponse coordonnée” aux restrictions annoncées la semaine dernière par la Chine sur les exportations de technologies liées aux terres rares, a-t-elle annoncé mardi.Ces contrôles “ont déjà contraint certaines entreprises européennes à suspendre leur production, provoquant des dégâts économiques réels”, a déclaré à la presse le Commissaire européen chargé du Commerce, Maros Sefcovic, à l’issue d’une réunion ministérielle au Danemark.”Ces contrôles ciblent directement des industries civiles. Par conséquent, nous ne pouvons pas les accepter sans rien faire, et nous avons besoin d’une réponse coordonnée”, a ajouté M. Sefcovic, se disant “en contact étroit” avec ses partenaires du G7, ainsi qu’avec les autorités chinoises “pour trouver des solutions”.”Cela va être discuté au niveau du G7, parce que cela a un impact négatif sur les économies de nos pays, et on va considérer quelle réponse serait la plus appropriée. Mais clairement, nous ne pouvons pas tolérer ces mesures, parce que cela affecte la bonne marche des entreprises dans toute l’UE”, a-t-il dit.Avant même l’annonce de ces nouvelles restrictions, l’encadrement par la Chine des exportations de terres rares n’était déjà pas satisfaisant pour les entreprises européennes, a estimé le commissaire.Ces dernières sont obligées par Pékin de déposer des demandes d’autorisation d’achat de terres rares dans lesquelles elles doivent détailler leurs processus de production avec un niveau de détail injustifié, note-t-il.Cela inclut souvent l’obligation de fournir “une documentation photographique de l’ensemble de leurs lignes de production”, ainsi que “des informations sur l’entièreté de leur chaîne d’approvisionnement”, et “c’est quelque chose de très excessif”, a estimé M. Sefcovic.Le géant asiatique est le premier producteur mondial de terres rares, des matériaux essentiels pour le numérique, l’automobile, l’énergie ou encore l’armement.Depuis avril, la Chine a instauré un système de licences pour certaines exportations de ces matériaux, une décision qui a provoqué des remous dans plusieurs de ces filières à l’échelle mondiale.

Belgique: manifestation massive à Bruxelles contre le budget “brutal” du gouvernement

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé mardi à Bruxelles pour contester les coupes budgétaires “brutales” du gouvernement belge dirigé par le conservateur flamand Bart De Wever.Cette journée d’action nationale, à l’appel de l’intersyndicale, a eu lieu en pleines négociations budgétaires en Belgique et a provoqué d’importantes perturbations dans le secteur aérien et l’éducation.La police a dénombré 80.000 manifestants dans la capitale belge – un pic nettement supérieur aux 60.000 personnes mobilisées le 13 février, après la mise en place du nouveau gouvernement fédéral.La coalition gouvernementale “met en œuvre un projet brutal : une attaque en règle contre la protection sociale, les services publics, la sécurité sociale, les solidarités”, a accusé l’intersyndicale, dont un des responsables a revendiqué 140.000 manifestants à Bruxelles mardi.”Une génération entière refuse qu’on détruise en six mois ce que nos parents et grands-parents ont mis du temps à bâtir”, a lancé Thierry Bodson, le président de la FGTB (socialiste), unie aux autres grands syndicats belges dans un front commun, au coup d’envoi de la manifestation.Le Premier ministre Bart De Wever, entré en fonctions début février, a déjà fait adopter une limitation à deux ans des allocations chômage et entend mettre en oeuvre une vaste réforme des retraites, incluant la suppression des régimes spéciaux et l’alignement de la situation des fonctionnaires sur le secteur privé.”Droit à la pension (retraite) à 65 ans”, et “Wanted pour vol de pension”, pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, au milieu des pétards et des drapeaux syndicaux.Le gouvernement fédéral prépare d’importantes coupes dans le projet de budget 2026, dont la présentation, initialement prévue ce mardi, a été repoussée d’une semaine.- Aéroports à l’arrêt -Les manifestants, notamment dans le secteur éducatif et social, contestent également des mesures d’économie dans la partie francophone du pays, annoncées par l’exécutif de la Fédération Wallonie-Bruxelles.”Je viens revendiquer mes droits et ceux de mes élèves, si ça continue comme ça, quel avenir ils vont avoir ? Je veux que ça change et que l’enseignement soit pris plus au sérieux”, a souligné Victoria Coya, une enseignante de 27 ans.Chantal Desmet, 59 ans et sans emploi, se dit pour sa part “révoltée pour l’avenir de ses enfants. C’est pas faute de chercher de l’emploi. On n’en trouve pas. Je plains les jeunes”.La police a déploré des actes de vandalisme durant la journée et fait état d’une vingtaine d’interpellations.Les forces de l’ordre ont mentionné un départ de feu sur une place de Bruxelles, “vraisemblablement commis par des manifestants dans le but de perturber la circulation”, ainsi que des barrages sur la voie publique qui ont été démantelés.Un bâtiment de l’Office des étrangers, un service public qui gère les demandes d’asile et l’immigration, a été dégradé par des projectiles, bombes de peinture et pétards, a ajouté la police. L’hôtel Hilton a également subi des dégradations.En début d’après-midi, les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser des petits groupes de manifestants violents et masqués, a constaté un journaliste de l’AFP.En raison de cette journée d’action nationale, le trafic aérien était très fortement perturbé mardi en Belgique.”Afin de pouvoir continuer à assurer la sécurité des passagers et du personnel, nous avons décidé, en concertation avec les compagnies aériennes, de ne pas opérer de vols passagers au départ ce 14 octobre”, avait annoncé sur son site l’aéroport Zaventem de Bruxelles, le plus grand du pays.L’aéroport a invoqué une grève chez ses prestataires assurant des services de sûreté.L’aéroport de Charleroi, pour les mêmes raisons, n’était “pas en mesure d’assurer les vols prévus au départ et à l’arrivée”.Les transports en commun étaient également fortement perturbés à Bruxelles ainsi qu’en Wallonie et en Flandre.fpo-brk-ub-adc/sba

Lecornu suspend la réforme des retraites, dans l’espoir d’éloigner la censure

La “crise de régime” n’aura “pas lieu”: Sébastien Lecornu a annoncé mardi devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites, condition exigée par les socialistes pour épargner la censure au gouvernement, et repousser ainsi la dissolution.”Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle”, a annoncé le Premier ministre, mettant un terme à plusieurs semaines de suspense.”Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028″, a-t-il précisé.Dans une déclaration de politique générale sobre d’une demi-heure, M. Lecornu a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote. “C’est la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat, notamment budgétaire mais pas seulement, dans tous les domaines, vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote”, a-t-il ajouté.L’exécutif peut ainsi espérer souffler, après une nouvelle crise ouverte la semaine dernière par un gouvernement Lecornu 1 n’ayant pas tenu une journée, fragilisé dans l’oeuf par la contestation du président des Républicains (LR) Bruno Retailleau.Avant cette déclaration à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait mis la pression sur les oppositions lors du Conseil des ministres, qualifiant les motions de censure à venir de “motions de dissolution”. La France insoumise et le Rassemblement national ont déjà déposé la leur, pour un débat prévu jeudi matin.Le PS, qui demandait “la suspension immédiate et complète” de la réforme des retraites de 2023, la confirmation de l’abandon du 49.3 et du relâchement de la trajectoire budgétaire, menaçait de déposer sa propre motion de censure dès mardi soir en cas de réponse négative ou évasive du gouvernement.-“Anomalies” fiscales-Renommé vendredi par le président Macron, l’ancien ministre des Armées a “carte blanche”, avait expliqué l’Elysée, pour dénouer la crise politique et parlementaire.Mardi matin, M. Lecornu s’était une nouvelle fois rendu à l’Elysée consulter Emmanuel Macron avant d’assister au premier Conseil des ministres de son gouvernement, qui a adopté les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale pour qu’ils soient transmis dans les temps au Parlement.Le projet de budget de l’Etat, qui devrait être largement modifié par le Parlement, propose un effort d’une trentaine de milliards d’euros et repose sur des hypothèses “optimistes” de croissance en 2026, selon le Haut conseil des finances publiques.Le déficit devra “dans tous les cas de figure être à moins de 5% à la fin de la discussion” parlementaire, a précisé M. Lecornu, après avoir présenté un projet de budget avec un déficit de 4,7%.Le Premier ministre a par ailleurs reconnu “des anomalies” dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant “une contribution exceptionnelles” des plus riches dans le prochain budget.M. Lecornu a également annoncé une Conférence sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux. Et promis un nouvel “acte de décentralisation” par un projet de loi déposé en décembre – “Plus d’argent” -Le camp présidentiel était divisé sur la question des retraites: si certains ne voulaient pas voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, d’autres espéraient une telle initiative pour tenter de sortir de la crise politique.La chute du gouvernement “coûterait plus d’argent à la France” qu’une “suspension de quelques mois” de la réforme des retraites, avait fait valoir dans la matinée l’entourage du garde des Sceaux Gérald Darmanin, proche de M. Lecornu.Les Républicains, au bord de l’explosion après la volte-face sur la participation à l’exécutif, étaient aussi divisés sur la suspension. Le vice-président du parti, François-Xavier Bellamy, juge que ce serait d'”une irresponsabilité absolue”, mais il n’est pas favorable à la censure pour “ne pas aggraver le chaos”.Le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a donné la consigne de ne pas censurer le gouvernement aux membres de son groupe, dont une large majorité était favorable à la participation à l’exécutif contre l’avis du parti.Le projet de budget est “terriblement mauvais”, a affirmé Marine Le Pen, qui entend de toute manière censurer le gouvernement et estime “qu’il manque une poignée de voix” pour y parvenir. Le RN a déjà commencé à accuser le PS de “magouilles” avec l’exécutif pour éviter de renverser le gouvernement.Une “panne budgétaire” et une crise “réjouiraient” les ennemis de la France, a mis en garde M. Lecornu.sac-sl-are-bpa/hr/tes

Sur un aérodrome isolé, l’Allemagne prépare ses défenses antidrone

C’est sur un aérodrome bâti par les Soviétiques que l’Allemagne prépare aujourd’hui ses défenses antidrone, pour faire face à la menace croissante à travers l’Europe que constituent, selon les autorités, la Russie et ses aéronefs.D’une arme de guerre dominante dans la guerre en Ukraine, avec des innovations en série chez les Russes et les Ukrainiens, les drones hostiles sont devenus une réalité de la “guerre hybride” dans l’Union européenne.Soit un ensemble de moyens non létaux que les Européens soupçonnent Moscou d’utiliser pour affaiblir leur défense, leur démocratie et leur cohésion sociale.En Allemagne, on ne compte plus les signalements de vols au-dessus de bases militaires, de sites industriels ou d’aéroports. Pour Berlin, si certains sont l’oeuvre d’amateurs imprudents, d’autres sont très probablement des opérations d’espionnage ou d’intimidation russes, comme ceux ayant paralysé l’aéroport de Munich début octobre.Face à la multiplication des incidents, le gouvernement, démuni, a promis des investissements à neuf chiffres dans les défenses antidrone et annoncé une réforme pour autoriser la police à abattre de tels appareils.Sur l’aérodrome de Cochstedt, près de Magdebourg (est), les chercheurs du Centre allemand pour l’aéronautique et l’espace (DLR) travaillent d’arrache-pied à des solutions alternatives aux tirs pour neutraliser ces menaces volantes.- Filets et pinces -“Les contre-mesures doivent être adaptées avec précision à chaque situation”, explique Johann Dauer, le responsable de la recherche sur les drones au sein de l’Institut des systèmes de vol du DLR. “Si je veux protéger une foule, au cours d’un concert ou d’un événement politique, je ne peux pas provoquer le crash d’un drone. Je privilégierais des filets ou des drones chasseurs équipés de pinces” pour saisir leur cible, poursuit-il, pendant une visite du site à laquelle l’AFP a été conviée. Parmi les solutions alternatives à l’usage de la force brute, M. Dauer cite également le brouillage, pour empêcher le pilotage d’un appareil. Ou encore la transmission de faux signaux GPS, tandis que, selon lui, des signalements de drones interviennent “presque tous les jours”.Les chercheurs travaillent donc à Cochstedt, en toute discrétion, aux systèmes que les forces de l’ordre allemandes pourraient adopter à l’avenir.L’isolement relatif du site offre un cadre propice. Etant un centre de recherche sur l’aéronautique sans pilote, il peut aussi s’affranchir de certaines règles de sécurité imposées à d’autres organismes pour tester drones et systèmes d’interception.- Innovations menaçantes -“Ici, nous avons l’autorisation de brouiller, de falsifier, voire d’utiliser des lasers — tout ce qu’on ne veut normalement pas dans un aéroport”, explique Daniel Süllberg, le responsable du centre d’essai.Ces contre-mesures électroniques peuvent perturber d’autres appareils. Leur déploiement exige donc des tests rigoureux mais aussi d’être à bonne distance de toute victime collatérale potentielle.Dans la panoplie de capteurs et de radars, certains sont achetés auprès de fournisseurs militaires ou civils. D’autres sont conçus par les équipes du DLR pour détecter les drones, évaluer leur dangerosité et enfin déterminer la meilleure riposte.Le coût reste un défi majeur. Certains systèmes très performants sont bien trop chers pour une utilisation à grande échelle, d’autant que leur efficacité sur le long terme est loin d’être garantie.L’évolution technologique très rapide, portée par la guerre en Ukraine, le coût relativement faible des drones et le développement de l’intelligence artificielle accroissent le risque d’obsolescence des moyens de défense. Un problème que l’armée ukrainienne connaît bien.Puisque “l’innovation est très forte du côté des menaces”, souligne M. Dauer, “la défense doit suivre, tout en restant abordable. Car les drones que nous combattons ne sont souvent pas chers — la protection ne doit donc pas l’être non plus”.