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IA: DeepSeek, la startup chinoise fondée par un “geek” qui bouscule les géants de la Silicon Valley

Le chinois DeepSeek, qui a semé la panique à Wall Street avec son puissant robot conversationnel développé à bas coûts, est une startup fondée par un génie des fonds spéculatifs persuadé que l’intelligence artificielle peut “changer le monde”, et décrit par ses proches comme “geek” plutôt qu’entrepreneur.Semblant faire irruption de nulle part sur la scène mondiale, DeepSeek est basée à Hangzhou, une métropole de l’est de la Chine qui abrite le siège de nombreux géants tech du pays –d’où son surnom de “Silicon Valley chinoise”.Loin du fracas provoqué ces derniers jours aux Etats-Unis, les bureaux de l’entreprise à Hangzhou et à Pékin, que l’AFP a visités mardi, semblaient fermés pour les congés du Nouvel an lunaire.Méconnu à l’étranger, DeepSeek soulevait depuis quelque temps un vif intérêt en Chine, où il a été surnommé l’an dernier le “Pinduoduo de l’IA”: référence élogieuse à l’application de vente en ligne populaire qui a terrassé en cassant les prix les grands acteurs de l’e-commerce comme Alibaba.Le robot conversationnel R1 de DeepSeek a stupéfié les experts par ses performances et sa rentabilité basée sur des coûts de développement très limités… et il a été salué en Chine pour sa capacité apparente à contourner les sanctions américaines qui visent à empêcher l’accès du pays aux puces sophistiquées nécessaires à la révolution IA. DeepSeek a été créé par un prodige de la tech et de la finance, Liang Wengfeng: né en 1985, il est sorti diplômé en ingénierie de la prestigieuse université du Zhejiang à Hangzhou, où il assure s’être convaincu que l’IA “allait changer le monde”. Il consacre alors des années à essayer d’appliquer l’IA à divers domaines, selon un entretien accordé l’an dernier au site chinois Waves.Il finit par fonder autour de 2015 High-Flyer, société d’investissement spécialisée dans l’utilisation de l’IA pour analyser les tendances du marché boursier: une technique qui lui permet d’atteindre des dizaines de milliards de yuans d’actifs en gestion, en faisant l’un des principaux fonds spéculatifs quantitatifs de Chine. “Nous faisons simplement les choses à notre rythme, nous calculons les coûts, les prix. Notre principe est de ne pas subventionner (le marché) ni de faire d’énormes bénéfices”, a confié M. Liang.-“Davantage geek que patron”-Le Financial Times rapporte cependant que dès 2021, M. Liang a commencé à acheter des processeurs graphiques du spécialiste américain Nvidia pour un “projet parallèle” –ce que confirme un reportage d’un média local.Il n’était “pas du tout comme un patron, bien davantage un geek” avec une “capacité d’apprentissage terrifiante”, ont confié ses partenaires à Waves.Ce “projet” parallèle hors des marchés boursiers, c’est un robot conversationnel fondé sur l’IA générative: un produit qui vient d’ébranler l’univers américain de la tech… et qui a rapproché Liang Wengfeng des arcanes du pouvoir chinois.L’entrepreneur est apparu la semaine dernière aux côtés d’autres représentants-clés du monde des affaires pour une rencontre avec le Premier ministre Li Qiang, destinée à évoquer la politique économique à venir: la télévision étatique CCTV a montré un homme aux cheveux frisés, aux lunettes à monture épaisse, écoutant attentivement le dirigeant.-“Signal d’alarme”-Pékin a de bonnes raisons de se réjouir: le succès de DeepSeek remet en question les sommes colossales investies par les géants américains dans le développement d’une IA générative avancée, ainsi que la capacité des sanctions occidentales à empêcher des rivaux chinois de les égaler voire de les dépasser. Le président américain Donald Trump l’a lui-même reconnu: c’est un “signal d’alarme” pour la Silicon Valley. “Un moment Spoutnik”, a réagi Marc Andreessen, investisseur réputé du secteur.Au risque d’amplifier les vélléités de Washington à durcir encore les restrictions imposées aux entreprises technologiques chinoises.Dans son entretien à Waves, Liang Wengfeng soulignait déjà l’an dernier que ces restrictions américaines représentaient l’obstacle le plus difficile à surmonter: “L’argent n’a jamais été un problème pour nous. Le problème, c’est l’embargo sur les puces haut de gamme”.Au-delà des vicissitudes géopolitiques, il affichait son espoir que l’essor de l’IA puisse aider à mieux comprendre les tréfonds de l’esprit humain.”Nous émettons l’hypothèse que l’essence de l’intelligence humaine pourrait être le langage, que la pensée humaine pourrait être essentiellement un processus linguistique”, a-t-il expliqué. “Ce que vous considérez comme votre +pensée+ pourrait en fait être votre cerveau qui tisse du langage”.

La Bourse de Paris prudente face aux incertitudes

La Bourse de Paris évolue à tâtons mardi face aux incertitudes liées aux nouvelles menaces douanières de Donald Trump, à la saison des résultats d’entreprises et à la future politique des grandes banques centrales, au lendemain du choc provoqué par l’IA chinoise DeepSeek.Vers 8H50 GMT, le CAC 40 perdait 0,07% à 7.900,80 points, en recul de 5,78 points. La veille, l’indice avait perdu 0,27% à 7.906,58 points.”Les menaces douanières de Donald Trump suscitent de nouvelles inquiétudes sur les marchés”, a expliqué Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique chez XTB.Le président américain a annoncé dans la nuit de lundi à mardi que les États-Unis allaient imposer “dans un avenir très proche” des droits de douanes sur les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les métaux, tels que l’acier. “Si vous voulez arrêter de payer les taxes ou les droits de douane, vous devez construire votre usine ici en Amérique”, a-t-il lancé à destination des entreprises étrangères, lors d’une rencontre avec des élus républicains à Miami.Dans ce contexte, les groupes du secteur des semi-conducteurs français STMicroelectronics (-1,33% à 24,06 euros) et Soitec (-5,49% à 79,25 euros) reculaient à Paris.Des déclarations du nouveau secrétaire d’État au Trésor Scott Bessent soutenant une hausse progressive et générale des droits de douanes américains à partir d’un taux initial de 2,5% et potentiellement jusqu’à 20%, rapportées par le Financial Times, ont également ébranlé les investisseurs.Les marchés tentent aussi de surmonter le recul généralisé provoqué lundi par la montée en puissance du nouveau modèle chinois d’IA DeepSeek, capable de concurrencer les géants américains. Ses capacités, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent le secteur car elles ont été obtenues à faible coût. A Paris, Schneider Electric, qui avait déjà reculé la veille de 9,48%, cédait toujors 4,59% à 233,75 euros vers 8H50 GMT mardi. La principale perspective de croissance de ces groupes est la demande énergétique liées aux centres de données nécessaire pour développer l’intelligence artificielle.L’attention des marchés devrait désormais se tourner vers la politique monétaire des grandes banques centrales: la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit mardi et mercredi, avant la Banque centrale européenne (BCE) jeudi.Les analystes s’attendent à ce que les deux institutions prennent des chemins opposés.La BCE devrait poursuivre ses baisses de taux, sur fond d’atonie économique et de hausse des prix stabilisée en zone euro. La Fed pourrait elle préférer le statu quo, face à une inflation et une croissance toujours dynamiques aux États-Unis.Dans ce contexte, le taux d’intérêt de l’emprunt à dix ans français atteignait 3,28%, contre 3,27% la veille.Autre point d’attention: la saison des résultats qui bat son plein cette semaine.A Paris, les marchés attendent notamment avec impatience la publication du rapport annuel 2024 du poids lourd du luxe LVMH, prévu après la fermeture de la Bourse.Sartorius bonditLe groupe Sartorius Stedim Biotech (SSB), qui fournit du matériel aux laboratoires pharmaceutiques bondissait de 10,15% sur le SBF 120 vers 8H50 GMT. L’entreprise a certes connu une année difficile avec une baisse de son bénéfice net annuel de 17% à 280 millions d’euros en 2024. Mais le groupe est optimiste, notamment grâce à la hausse des entrée de commandes et prévoit de réaliser en 2025 une “croissance rentable” dans ses deux divisions.Alten grimpeLe groupe d’ingénierie et de technologie Alten (+8,88% à 7,35 euros sur le SBF 120) a fait état lundi après la séance d’une hausse de 1,8% de son chiffre d’affaires sur l’exercice 2024, selon des résultats préliminaires.

Les Bourses européennes prudentes à l’ouverture

Les Bourses européennes évoluent prudemment à l’ouverture mardi, focalisées sur les nouvelles menaces douanières de Donald Trump et la saison des résultats d’entreprises, au lendemain du choc provoqué par l’IA chinoise DeepSeek sur les marchés mondiaux.Vers 8H10 GMT, dans les premiers échanges, Londres prenait 0,29%, Milan 0,14% et Paris était à l’équilibre (-0,10%). Francfort prenait 0,37%, porté par son poids lourd SAP qui a présenté ses résultats avant Bourse.

La Silicon Valley ébranlée par l’IA chinoise à bas prix

L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle (IA) générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant à la fois de l’admiration, des accusations de tricherie, des dégringolades à Wall Street et des mises en garde allant de Davos à la Maison Blanche.Ce week-end, DeepSeek R1 est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.R1 est “impressionnant”, a déclaré lundi soir Sam Altman, le patron d’OpenAI. “Surtout étant donné ce qu’ils sont capables de fournir pour le prix”, a-t-il ajouté sur X.Un ministre australien a, lui, appelé à “être très prudent” face à l’IA chinoise. “Il y a beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre à temps sur la qualité, les préférences des consommateurs, la gestion des données et de la vie privée”, a déclaré Ed Husic, ministre australien de l’Industrie et des Sciences insistant sur la nécessité d'”être très prudent” face au chatbot chinois devenu rival des géants américains, dont ChatGPT.Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l’industrie parce qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût.La start-up affirme en effet n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.”C’est très stimulant d’avoir un nouveau concurrent”, a assuré Sam Altman, précisant qu’OpenAI allait “évidemment fournir de bien meilleurs modèles”.- “Moment Spoutnik” -“DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l’IA”, a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental.Pour préserver leur statut dominant dans l’IA, les Etats-Unis ont notamment imposé des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.Entreprise chinoise, DeepSeek n’a ainsi pas accès aux puces chères et ultra perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d’IA générative tels que ChatGPT.”Si la Chine rattrape rapidement les Etats-Unis dans la course à l’IA, l’économie de l’IA sera bouleversée”, a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, dans une note aux clients. Nvidia, qui a décollé ces deux dernières années grâce à la forte demande pour ses composants, a plongé en Bourse lundi, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière.Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais à Davos la semaine dernière, il avait appelé à “prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine”.Son groupe prévoit d’investir 80 milliards de dollars dans l’IA cette année. Meta (Facebook, Instagram) a de son côté annoncé vendredi que ses dépenses en capitaux allaient grimper à au moins 60 milliards de dollars cette année, principalement à cause de l’IA.Les performances de DeepSeek enchantent en revanche des start-up aux moyens plus limités, comme Perplexity AI, qui combine un assistant IA et un moteur de recherche en ligne.”DeepSeek R1 est désormais disponible sur Perplexity”, a indiqué l’entreprise sur X lundi, précisant que le modèle open source (ouvert) et les données des utilisateurs sont hébergés sur des “serveurs occidentaux”.- “Gosses de riche” -Les restrictions à l’exportation poussent les start-up chinoises à innover “en privilégiant l’efficacité, la mise en commun des ressources et la collaboration”, a souligné la MIT Technology Review. “Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés” à l’aide de techniques différentes, “en s’appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Nvidia.Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, est parmi ceux qui soupçonnent DeepSeek d’accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées.Des accusations d’une “équipe de gosses de riches” qui s’est fait “doubler par une équipe de gosses de pauvres”, a réagi sur X l’investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.Donald Trump a annoncé la semaine dernière un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, la concurrence avec la Chine étant l’une des principales motivations affichées.S’exprimant devant des élus lundi, il a jugé que DeepSeek constituait un “avertissement” pour les industriels américains à “rester très concentrés sur la concurrence pour gagner”.

Wall Street termine en ordre dispersé, les inquiétudes autour de l’IA plombent la “tech”

La Bourse de New York a évolué sans direction claire lundi, l’enthousiasme des investisseurs pour les valeurs liées à l’intelligence artificielle (IA) ayant été douché par l’arrivée d’un modèle chinois d’agent conversationnel à moindre coût, faisant dégringoler des géants comme Nvidia, tandis que les valeurs défensives ont resisté.L’indice Nasdaq a chuté de 3,07%, l’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,46%, tandis que le Dow Jones est parvenu à rester en territoire positif, finissant en hausse de 0,65%.”Tout ce qui a bénéficié de l’essor de l’IA ces derniers temps a connu une journée difficile aujourd’hui”, commente auprès d’un journaliste de l’AFP Karl Healing, de LBBW.Les investisseurs ont été pris de court par des informations selon lesquelles l’agent conversationnel de la start-up chinoise DeepSeek serait performant tout en fonctionnant sur des puces à capacité réduite, au risque de bousculer la domination des groupes américains du secteur.La sortie de R1, le dernier modèle de la start-up chinoise DeepSeek, a initialement reçu une attention limitée aux Etats-Unis, éclipsée par l’investiture de Donald Trump.Mais ce week-end, DeepSeek est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur la boutique en ligne d’Apple aux Etats-Unis, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.Plombé par cette option possiblement plus rentable, Nvidia, géant américain des semi-conducteurs, a dévissé de 16,97% à 118,42 dollars. Au terme de la journée, l’entreprise a lâché 589 milliards de dollars de capitalisation boursière, l’une des pires pertes de l’histoire selon la presse américaine.Nvidia a ainsi été rétrogradé de la première place à la troisième au tableau des capitalisations mondiales, derrière Apple et Microsoft.Cette dégringolade s’explique par une “réaction instinctive face à quelque chose de nouveau”, assure à l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. Selon lui, “il s’agit en quelque sorte de tirer d’abord et de poser des questions ensuite”.L’indice VIX – dit “indice de la peur” – qui mesure la nervosité des investisseurs, a évolué en nette hausse, s’accroissant de 20,54%.Outre Nvidia, une large partie du secteur des semi-conducteurs a été grevée par l’essor de l’outil chinois: Broadcom a plongé de 17,07%, AMD a lâché 6,37%, Micron a décroché de 11,71% et Marvell Technology a chuté de 19,10%.Les titres du secteur énergétique se sont écroulés également à New York, DeepSeek remettant en question les besoins en énergie pour le développement de l’IA. Constellation Energy (-20,85%), Vistra Corp (-28,27%), Talen Energy (-21,59%) et GE Vernova (-21,52%) ont sombré.Les entreprises du secteur des pipelines, Targa Resources (-4,70%), The Williams Companies (-8,43%), Kinder Morgan (-9,28%) et ONEOK (-3,90%) ont aussi été affectées.D’autres géants de la “tech”, qui ont réalisé d’immenses investissements pour faire leur place dans le secteur de l’IA, étaient également en berne, à l’image d’Alphabet (Google) qui lâchait 3,36% ou de Microsoft (-3,37%).Selon Karl Healing,les turbulences de lundi ont bénéficié aux valeurs dites défensives, c’est-à-dire théoriquement moins sensibles à la conjoncture, ce qui explique la relative bonne performance du Dow Jones.”Les biens de consommation de base, les matériaux, les soins de santé sont tous dans le positif”, à l’issue de la séance, relève M. Healing.Cette semaine, l’attention des investisseurs sera aussi tournée vers la Banque centrale américaine (Fed), dont la prochaine réunion se déroulera mardi et mercredi et devrait se conclure par un maintien des taux à leur niveau actuel.Vendredi sera également publié l’indice PCE d’inflation, privilégié par la Fed, pour le mois de décembre.

La France, menée par Paul Marcon, décroche le Bocuse d’Or, Graal de la gastronomie

Un “rêve de gosse” qui se réalise: l’Auvergnat Paul Marcon a arraché lundi pour la France le Bocuse d’Or, Graal de la gastronomie, devant des adversaires scandinaves historiquement redoutables, le Danemark et la Suède.Les tribunes bondées étaient survoltées avant même l’annonce des résultats. Entre supporters, c’était à qui criait le plus fort dans cette salle du Sirha, le salon des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration qui a accueilli pendant deux jours ce combat de chefs à Chassieu, près de Lyon.Et puis, le moment tant attendu. “Après Régis, ce sera Paul!”, a lancé Jérôme Bocuse, président du concours, en ouvrant l’enveloppe contenant le nom du vainqueur, évoquant la victoire de Marcon père au Bocuse d’Or trente ans plus tôt, en 1995.”Aujourd’hui, j’espère qu’on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France”, a confié Paul Marcon à la presse, “fier” et visiblement ému aux côtés de sa commis Camille Pigot, également sacrée meilleure commis de l’édition.Vingt-quatre pays se sont affrontés durant ces Jeux olympiques de la cuisine n’ayant rien à envier aux grandes compétitions sportives. Mental d’acier, gestes minutés, précis. Les chefs n’avaient pas droit à l’erreur pour monter sur les marches du podium.Pour Paul Marcon, compétiteur hors-pair de 28 ans, l’objectif n’était “ni de se faire un prénom, ni de se faire voir, ni rien du tout”. Seulement celui de réaliser ce qui a toujours été son “rêve de gosse” et ainsi décrocher une neuvième consécration pour la France.Cette 20e édition du Bocuse d’Or rendait hommage à son fondateur, l’illustre chef lyonnais Paul Bocuse, disparu en 2018 à l’âge de 91 ans, grand amoureux des produits du terroir et du gibier.Les candidats disposaient de 4H40 pour servir à l’assiette un mets sublimant le céleri, le maigre et le homard. En parallèle, ils ont 5H30 pour réaliser un plateau, composé d’un plat et de trois garnitures, autour du chevreuil, du foie gras et du thé. Tous devaient mettre l’identité de leur pays à l’honneur.La prestation de la France ? “C’était ciselé, c’était propre, c’était net”, a chaudement salué le chef français Davy Tissot, président du Comité international d’organisation du Bocuse d’Or et lui même vainqueur en 2021.- “redescendre sur Terre” -Dimanche, puis lundi, c’est tout un essaim de toques blanches qui a poché, flambé, déglacé, avec des mouvements quasi automatiques. “On connaît notre partition par cÅ“ur”, soulignait Paul Marcon en amont du jour J, qui obtient aujourd’hui “la récompense d’un travail de deux ans, même plus”.Ni la ferveur des supporters en tribunes, ni les nuées de caméras circulant à travers les îlots n’ont su déconcentrer la crème de la cuisine de compétition, qui s’est affairée aux fourneaux sans relâche.Dans les gradins, Magnus Rosendahl, 25 ans, plaçait toute sa confiance dans le chef danois Sebastian Holberg, vainqueur de la sélection européenne. Il espérait pour le Danemark un quatrième sacre au concours, un doublé après la victoire de 2023. “Je veux l’aider à réaliser ses rêves”, avait-il dit à l’AFP, frappant sans discontinuer sur son tambour, dans un nuage de confettis.À l’annonce des résultats, la salle a tout de même rugi de joie en voyant les Danois monter sur la deuxième marche du podium, juste au-dessus de la Suède, puis de la Norvège, redoutable candidat (cinq victoires) qui cette année a dû se contenter d’une quatrième position.Si les pays scandinaves sont aussi dangereux, c’est parce qu’ils ont “compris cette finesse, cette élégance, ce raffinement” nécessaires pour briller sur cette coupe du monde, avait estimé auprès de l’AFP Romuald Fassenet, président de la Team France, et membre du jury. Selon lui, la menace ne venait toutefois pas seulement du Nord, mais de “partout”. “C’est comme au football, où on veut toujours battre le Brésil. Au Bocuse d’Or: on veut battre la France !”, avait-il lancé.La suite pour Paul Marcon ? “Je ne sais pas, je vais déjà savourer un peu, on verra plus tard”, a-t-il répondu à la presse. Pour l’instant, “il faut redescendre sur Terre, et retourner au travail”.

La France et Paul Marcon décrochent le Bocuse d’Or à Lyon

Un “rêve de gosse” qui se réalise: le chef Paul Marcon a décroché lundi pour la France le Bocuse d’Or, “Graal” de la gastronomie, devant le Danemark et la Suède au terme de deux jours de compétition, et trente ans après le sacre de son père.Vingt-quatre pays étaient finalistes de ces “Jeux olympiques” de la cuisine, qui se déroulaient depuis dimanche au Sirha, le salon des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, à Chassieu, près de Lyon.”Paul, bravo. Le voilà ton Bocuse d’Or!”, lui a lancé le président du concours, Jérôme Bocuse, en remettant la statuette tant convoitée à l’Auvergnat de 28 ans et à sa commis, Camille Pigot, également sacrée meilleure commis de l’édition.”Beaucoup de fierté, beaucoup d’émotion. C’est la récompense d’un travail de deux ans, même plus”, a souligné Paul Marcon devant la presse, visiblement ému, tout comme le reste de son équipe.Il s’agit de la neuvième consécration de la France au Bocuse d’Or, créé en 1987 par l’illustre chef lyonnais Paul Bocuse, décédé en 2018. La précédente édition, en 2023, avait été remportée par le Danemark.”Aujourd’hui, j’espère qu’on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France”, a ajouté ce compétiteur hors-pair, fils du chef triplement étoilé Régis Marcon, lui-même vainqueur du Bocuse d’Or en 1995.Les candidats disposaient de 4H40 pour servir à l’assiette un mets sublimant le céleri, le maigre et le homard. En parallèle, ils ont eu 5H30 pour réaliser un plateau, composé d’un plat et de trois garnitures, autour du chevreuil, du foie gras et du thé.Tous devaient mettre l’identité de leur pays à l’honneur.La tourte croustillante d’épaule de chevreuil braisée au vin rouge, foie gras et champignons sauvages, ou encore le céleri branche en dentelle, pomme verte et Chartreuse, préparés par Paul Marcon et Camille Pigot, ont visiblement séduit les jurys.”C’était ciselé, c’était propre, c’était net. Il n’y a rien d’autre à dire hormis: bravo”, a chaudement salué le chef Davy Tissot, président du Comité international d’organisation du Bocuse d’Or, et lui même vainqueur avec la France en 2021.Les Danois, représentés par Sebastian Holberg, vainqueur des sélections Europe, et l’équipe suédoise, emmenée par Gustav Leonhardt, affichaient des sourires de satisfaction, pouvant aussi s’enorgueillir d’avoir reçu un franc soutien de leurs supporters, venus en masse.

Rappel massif de produits Coca-Cola en Europe pour une teneur trop élevée en chlorate

L’embouteilleur européen de Coca-Cola a annoncé lundi un rappel massif de produits en Europe en raison d’une teneur trop élevée en chlorate, un sous-produit du chlore, tout en assurant que le risque sanitaire était, selon lui, “très faible”.Ce rappel concerne des canettes et des bouteilles en verre consignées de Coca-Cola, Sprite, Fanta, Fuze Tea, Minute Maid, Nalu, Royal Bliss et Tropico, en circulation depuis fin novembre et portant “un code de production allant de 328 GE à 338 GE (inclus)”.Au-delà de la Belgique, où ont été embouteillées ces boissons, les lots en question ont été expédiés aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et au Luxembourg.”Nous n’avons pas de chiffre précis, mais il est clair qu’il s’agit d’une quantité considérable”, a indiqué à l’AFP Coca-Cola Europacific Partners Belgium, une filiale du géant des sodas.”La majorité des produits concernés et invendus ont déjà été retirés des rayons des magasins et nous continuons à prendre des mesures pour retirer tous les produits restants”, a précisé l’entreprise, “en contact avec les autorités compétentes dans chacun des marchés concernés”. – Seuls deux lots en France -L’embouteilleur, qui a présenté ses excuses, demande de ne pas consommer les produits concernés. Ils peuvent être rapportés en point de vente pour obtenir un remboursement, a-t-il précisé.    “Sur notre site de production à Gand, nous effectuons des tests dans le cadre de nos procédures de contrôle et de notre conformité réglementaire. Ces contrôles ont permis d’identifier des niveaux élevés de chlorate”, a expliqué l’entreprise.Côté français, “seuls deux lots ont été distribués”, a précisé Coca-Cola Europacific Partners France, des “canettes Fuze Tea Pêche (code de production 335 GE2) et des bouteilles de “Coca-Cola sans sucres 1L en verre consigné (code de production 337 GE1)”.Le code de production se trouve en dessous de la canette ou sur l’étiquette de la bouteille en verre. “L’analyse d’experts indépendants a conclu que la probabilité d’un risque associé est très faible. Nous n’avons reçu aucune réclamation de la part de consommateurs à ce sujet”, a assuré la filiale française. Elle a affirmé pour sa part qu’à ce stade, le rappel produit ne s’appliquait pas au marché français.Selon le site internet de la Commission européenne, le chlorate dans l’alimentation provient des désinfectants au chlore utilisés dans le traitement de l’eau et dans la transformation des aliments, l’eau potable étant de loin le principal contributeur.Dans un avis scientifique datant de 2015, l’autorité européenne de sécurité des aliments estimait que l’exposition à long terme au chlorate dans les aliments pouvait poser un problème potentiel de santé pour les enfants, en particulier pour les enfants qui présentent une carence légère ou modérée en iode.”Cependant, même en considérant les niveaux les plus élevés estimés” dans l’alimentation, “il est improbable que l’apport total d’une seule journée dépasse le niveau recommandé pour les consommateurs de tous les groupes d’âge”, soulignait-elle.

Vent de panique sur Wall Street, la “tech” dégringole face aux craintes sur l’IA

La Bourse de New York évoluait en ordre dispersé lundi, après une ouverture en forte baisse, les investisseurs remettant en question la domination des géants technologiques américains face à la start-up chinoise DeepSeek, qui a dévoilé la semaine dernière un modèle d’intelligence artificielle (IA) à moindre coût.Vers 18H10 GMT, l’indice Nasdaq plongeait de 3,45%, l’indice élargi S&P 500 reculait de 1,94%. Le Dow Jones se retournait, prenant 0,11%, après une ouverture en baisse de 0,41%.La place américaine était prise de court lundi par des informations selon lesquelles l’agent conversationnel de la start-up chinoise DeepSeek serait performant tout en fonctionnant sur des puces à capacité réduite, au risque de bousculer la domination des groupes américains du secteur.”DeepSeek, qui semble être plus rentable que les alternatives américaines, alimente une ambiance d’aversion au risque”, a souligné dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.Nvidia, géant américain des semi-conducteurs et première capitalisation mondiale, dévissait de 16,56% à 118,98 dollars, un plongeon entamé dès les tout premiers échanges, avec plus de 500 milliards de dollars de capitalisation envolés.”Les investisseurs sont déconcertés par cette nouvelle tournure des événements et par (la crainte) que les entreprises américaines spécialisées dans l’IA deviennent moins influentes”, a observé auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA.Analystes et investisseurs pensaient que l’avance des Etats-Unis dans le secteur des semi-conducteurs, ainsi que leur capacité à limiter l’accès à la Chine à cette technologie, garantirait leur domination en matière d’IA.Toutefois, DeepSeek, qui vient de détrôner l’outil d’OpenIA, ChatGPT, en termes de téléchargements sur l’App Store (boutique d’applications mobiles d’Apple), a déclaré n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour développer son modèle, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les géants américains.DeepSeek a par ailleurs fait savoir lundi qu’elle subissait une cyberattaque “malveillante à grande échelle” et devait en conséquence limiter temporairement les inscriptions d’utilisateurs.Elle a précisé que les personnes ayant déjà un compte pourront se connecter comme d’habitude.Une large partie du secteur des semi-conducteurs était plombée par l’essor de l’outil chinois: Broadcoam plongeait de 18,27%, AMD lâchait 6,37%, Micron décrochait de 12,76% et Marvell Technology glissait de 17,98%.Les titres du secteur énergétique s’effondraient également à New York, DeepSeek remettant en question les besoins en énergie pour le développement de l’IA. Constellation Energy (-19,36%), Vistra Corp (-28,16%), Talen Energy (-21,88%) et GE Vernova (-21,69%) sombraient.D’autres géants de la tech, qui ont réalisé d’immenses investissements pour faire leur place dans le secteur de l’IA, étaient aussi en berne, à l’image d’Alphabet (Google) qui lâchait 3,36% ou de Microsoft (-3,37%).”Les investisseurs essaient de déterminer la manière dont le paysage (…) de l’IA pourrait évoluer, et s’ils doivent réévaluer les valorisations”, a commenté M. Stovall. “Ils vont procéder à un examen approfondi de leurs portefeuilles pour vérifier s’ils ne sont pas trop impliqués dans le secteur technologique”, a-t-il ajouté.L’indice VIX – dit “indice de la peur” – qui mesure la nervosité des investisseurs, était en hausse de plus de 26%.Cet épisode intervient à quelques jours de la publication des résultats de quatre des “Sept Magnifiques”, avec Microsoft, Meta et Tesla mercredi, puis Apple jeudi.Les résultats de cette semaine seront donc suivis de près, a résumé M. Stovall, selon qui le marché portera une attention particulière à Apple qui a “beaucoup été déclassé” par les analystes récemment.Autre sujet scruté par les investisseurs, la prochaine réunion de la banque centrale américaine (Fed), prévue mardi et mercredi.La grande majorité des acteurs du marché prévoient un maintien des taux à leur niveau actuel, compris entre 4,25% et 4,50%, selon les données rassemblées par l’outil de veille du groupe CME, FedWatch.Mais Donald Trump a “exigé” jeudi que les “taux d’intérêt baissent immédiatement” lors d’une allocution en ligne devant un parterre de patrons au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.”Le plus intéressant” lors de la réunion, sera de savoir “ce que le président de la Fed, Jerome Powell, dira en réponse (…) au président Trump et à sa demande de baisse des taux d’intérêt.”Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se détendait nettement, à 4,55% contre 4,62% vendredi en clôture. 

Lafarge en Syrie: le cimentier demande 200 millions d’euros de réparation à son ex-PDG

Le cimentier français Lafarge, accusé d’avoir payé des groupes jihadistes pour maintenir son activité en Syrie jusqu’en 2014, et son propriétaire suisse Holcim, ont demandé lundi lors d’une audience 200 millions d’euros de réparation pour préjudice à son PDG au moment des faits, Bruno Lafont, ainsi qu’à quatre autres personnes.Lafarge est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via une sous-filiale syrienne, plus de 5 millions d’euros en “taxes” et achats de matières premières à des groupes jihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI), et à des intermédiaires, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s’enfonçait dans la guerre.L’entreprise, désormais filiale du groupe suisse Holcim, a plaidé coupable aux Etats-Unis pour ces faits en 2022 et a alors payé une sanction financière de 778 millions de dollars.Holcim et Lafarge se retournent désormais contre M. Lafont, PDG du cimentier de 2007 à 2015, et trois autres anciens cadres du groupe, ainsi qu’un homme d’affaires syrien. Ils ont demandé lundi devant le tribunal des activités économiques de Paris 200 millions d’euros de réparation du “préjudice subi”, à verser solidairement.”Cette action est délirante: personne ici n’a 200 millions d’euros, et Lafarge le sait”, s’est indigné à l’audience Me Quentin de Margerie, avocat de M. Lafont.Ce dernier nie avoir eu connaissance des versements en Syrie, et conteste, comme les autres ex-dirigeants, toute implication.Il estime que, après que Lafarge et Holcim ont plaidé coupables en 2022 sans l’en avertir, ils sont allés à l’encontre de sa présomption d’innocence et de sa capacité à se défendre dans les autres procédures qui l’attendent.Car un procès, au pénal cette fois-ci, attend toujours M. Lafont, Lafarge et sept autres anciens responsables.Ils seront jugés devant le tribunal correctionnel de Paris fin 2025 pour “financement d’entreprises terroristes” et, pour certains, non-respect de sanctions financières internationales.- Crime contre l’humanité -Selon l’ordonnance de renvoi consultée par l’AFP, ils “ont, dans une logique de recherche de profits pour l’entité économique qu’ils servaient, ou pour certains de profit personnel direct, organisé, validé, facilité ou mis en oeuvre une politique supposant de faire parvenir un financement aux organisations terroristes”. Un autre procès pourrait se tenir à une date ultérieure, cette fois devant les assises, pour Lafarge, également poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, un motif de mise en examen rarissime.L’affaire a été révélée en juin 2016 par un article du quotidien Le Monde. Cinq mois plus tard, Holcim avait offert à M. Lafont un accord de couverture des risques judiciaires.Une enquête interne en 2017 avait ensuite blanchi Bruno Lafont de toute implication.Mais cette couverture a été résiliée début 2022, Holcim jugeant qu’elle avait été signée suite à des “manÅ“uvres dolosives” de la part de M. Lafont, qui avait “dissimulé son implication” dans l’affaire, ont défendu lundi les avocats de Lafarge et Holcim.Le tribunal des activités économiques de Paris rendra son délibéré le 1er avril. Il pourrait décider de retarder encore son jugement à une date ultérieure à celle des procès au pénal, comme le demandent Lafarge et Holcim. Pour M. Lafont, 68 ans, présent à l’audience, “cette assignation aura été l’un des éléments les plus lourds et les plus graves pour moi dans cette affaire”, a-t-il déclaré. Il demande des dommages et intérêts à Lafarge et Holcim pour atteinte à sa présomption d’innocence.