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DeepSeek: les restrictions américaines derrière le succès de l’IA chinoise?

Les restrictions américaines sur les puces high-tech ont pu, sans le vouloir, propulser le succès du chatbot DeepSeek, ce qui inquiète les Etats-Unis sur leur capacité à contrer la Chine dans la course à l’intelligence artificielle (IA).Conçu par une start-up de Hangzhou (est de la Chine), ce robot conversationnel a stupéfié les acteurs du secteur par sa capacité à égaler ses concurrents américains – à un coût apparemment très inférieur.Une réussite obtenue malgré des restrictions des Etats-Unis, qui bloquent l’accès des entreprises chinoises aux puces les plus avancées, nécessaires au développement de modèles d’apprentissage massif pour l’IA.Le fondateur de DeepSeek, Liang Wenfeng, a reconnu que l'”embargo sur les puces haut de gamme” représentait un obstacle majeur.Ces restrictions ambitionnent de maintenir la domination technologique américaine, mais ont poussé DeepSeek à imaginer des solutions ingénieuses pour les contourner, soulignent des analystes. La start-up dit avoir utilisé des puces H800, moins performantes mais autorisées pour l’exportation vers la Chine jusqu’à fin 2023.”Les contraintes pesant sur la Chine en matière d’accès aux puces ont forcé l’équipe de DeepSeek à concevoir des modèles plus efficaces, toujours compétitifs mais à moindre coût d’entraînement”, souligne Jeffrey Ding, de l’Université George Washington.Les restrictions américains “ne parviennent pas à empêcher d’autres pays de concevoir des modèles de pointe” et “l’histoire a prouvé qu’il est impossible de mettre sous cloche” une technologie comme l’IA, estime-t-il.DeepSeek n’est pas la première entreprise chinoise contrainte d’innover de la sorte. Le géant technologique Huawei, fabricant notamment de smartphones et visé par des sanctions américaines, a par exemple réussi à réorienter ses activités.- Effet de surprise -Mais c’est la première fois qu’un tel vent de panique souffle dans la Silicon Valley et à Washington.Investisseur réputé dans la tech, Marc Andreessen a décrit l’irruption de DeepSeek comme “le moment Spoutnik de l’IA”, en référence au lancement en 1957 du premier satellite artificiel par Moscou, qui avait provoqué un choc en Occident.Beaucoup jugeaient la suprématie américaine incontestable en matière d’IA, avec des géants comme OpenAI ou Meta (la société mère de Facebook).Si la Chine ambitionne de devenir leader mondial de l’intelligence artificielle d’ici 2030, les réalisations des entreprises chinoises ne suscitaient jusqu’alors guère d’inquiétudes aux Etats-Unis.Le mastodonte chinois Baidu, qui veut rivaliser avec ChatGPT, a déçu au moment de lancer son robot conversationnel Ernie Bot, confortant l’idée, répandue côté américain, selon laquelle la stricte réglementation chinoise étoufferait l’innovation.Puis DeepSeek est arrivé.”Cela remet en question le postulat, que beaucoup avaient, vis-à-vis de la puissance de calcul et du traitement des données nécessaires à l’innovation”, estime Samm Sacks, membre du Paul Tsai China Center, un cercle de réflexion américain.”La question, c’est peut-on avoir accès à une intelligence artificielle de pointe, à une fraction du coût et avec une fraction de la puissance de calcul qu’on pensait nécessaire?”La stratégie américaine en matière d’IA consiste à “injecter de plus en plus de puissance de calcul et de performance afin d’obtenir des résultats de plus en plus performants”, note M. Ding, de l’université George Washington.- “Peur” -C’est l’idée directrice de “Stargate”, un projet présenté par Donald Trump, qui réunit OpenAI et le géant japonais SoftBank et prévoit d’investir jusqu’à 500 milliards de dollars dans des infrastructures IA aux Etats-Unis.Cependant, le succès du chatbot R1 de DeepSeek — dont les développeurs affirment qu’il a été conçu pour seulement 5,6 millions de dollars — suggère que l’innovation peut être bien moins coûteuse.Certains experts restent prudents: l’ensemble des coûts engagés par la start-up sont peut-être plus importants qu’annoncé.Donald Trump a toutefois décrit DeepSeek comme un “avertissement” pour les entreprises américaines.L’onde de choc DeepSeek remet-elle en cause l’efficacité des restrictions américaines? Non, estime Mark Kennedy, directeur de l’Institut Wahba pour la concurrence stratégique au Wilson Center, un centre de réflexion américain.Le gouvernement américain pourrait dorénavant “étendre les restrictions sur les puces d’IA” et renforcer sa surveillance des technologies auxquelles les entreprises chinoises peuvent accéder, souligne-t-il.”Etant donné les limites des mesures purement défensives, il pourrait aussi augmenter les investissements dans l’IA aux Etats-Unis, renforcer les alliances et affiner les politiques pour s’assurer de maintenir son leadership sans pousser davantage de pays vers l’écosystème chinois.”Côté américain, la “peur” de “prendre du retard par rapport à la Chine pourrait désormais catalyser cette dynamique”, indique Rebecca Arcesati, analyste à l’institut Merics, un centre de réflexion dédié à la Chine.

Les Bourses européennes ouvrent sans direction commune

Les Bourses européennes évoluent sans direction commune dans les premiers échanges mercredi, focalisées sur la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et des résultats d’entreprises.Vers 08H10 GMT, Paris reculait de 0,38%, plombé par ses poids lourds du luxe qui dévissent après les résultats annuels de LVMH publiés mardi soir. Francfort prenait 0,38%, Milan 0,27% et Londres reste à l’équilibre (-0,08%).

La croissance économique espagnole a atteint 3,2% en 2024

La croissance économique espagnole a atteint 3,2% en 2024, grâce à une hausse des exportations et de la consommation, soutenue par le secteur touristique, selon une première estimation publiée mercredi par l’Institut national des statistiques (INE).Ce chiffre, atteint à la faveur d’un quatrième trimestre solide (+0,8%), est légèrement supérieur aux prévisions du FMI et de la Banque d’Espagne, qui tablaient sur 3,1%. Il confirme le dynamisme de l’économie espagnole, à rebours de la plupart de ses voisins européens.Dans ses prévisions envoyées fin 2023 à Bruxelles, le gouvernement espagnol avait parié sur 2% de croissance, en repli par rapport aux 2,7% de 2023. Il avait depuis révisé son objectif à la hausse, jusqu’à évoquer récemment une cible comprise entre 3,1% et 3,2%.”Nous connaissons un moment économique magnifique, dans un contexte très complexe au niveau européen”, avait déclaré mi-janvier le Premier ministre Pedro Sánchez, en saluant le chemin parcouru ces dernières années par l’Espagne, l’un des pays les plus affectés par la crise du Covid-19.Après avoir fortement souffert lors de la crise financière de 2008, le PIB espagnol avait traversé un violent trou d’air en 2020 (-10,9%) en raison de l’impact de la pandémie sur le secteur touristique, qui pèse pour près de 13% de l’économie espagnole.La quatrième économie de la zone euro a depuis remonté la pente, jusqu’à être placée en tête du classement 2024 des économies les plus performantes de l’OCDE par le magazine britannique “The Economist”, devant l’Irlande et le Danemark. Selon l’INE, la croissance espagnole a été tirée par les exportations, qui ont progressé de 3% en rythme annuel au quatrième trimestre, mais aussi par la consommation des ménages, qui a grimpé de 3,7% dans un contexte de ralentissement de l’inflation.Ce dynamisme a été particulièrement marqué dans le secteur des services, où l’activité a progressé de 3,9%, sur fond de fréquentation touristique record – l’Espagne ayant accueilli l’an dernier 94 millions de visiteurs étrangers, selon l’exécutif.”Le tourisme est un facteur important” mais ce n’est pas “le seul”, avait précisé la semaine le ministre de l’Economie Carlos Cuerpo, en insistant sur l’apport positif du plan de relance européen mais aussi de l’immigration sur l’économie espagnole.Ces différents facteurs devraient permettre à l’Espagne d’avoir “à nouveau une croissance forte et robuste” en 2025, sans doute “supérieure aux 2,4%” prévus par le gouvernement, a-t-il ajouté.

Face au succès de l’IA chinoise, la tech américaine voit rouge

L’irruption du rival chinois de ChatGPT sur la scène jusqu’à présent très américaine de l’intelligence artificielle (IA) a ravivé les angoisses de la Silicon Valley et de Washington, qui appellent à mettre les bouchées doubles pour battre la Chine avant qu’il ne soit trop tard.”Si l’Amérique se laisse distancer par la Chine dans le domaine de l’IA, elle se laissera distancer partout: économiquement, militairement, scientifiquement, dans l’éducation, partout”, a lancé mardi Chuck Schumer, sénateur démocrate.La semaine dernière, la start-up chinoise DeepSeek a sorti un nouveau modèle d’IA générative similaire à ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et d’autres, pour une fraction des coûts induits par les géants américains.L’adoption ultra rapide de DeepSeek a suscité l’ébahissement, l’admiration, la chute de Nvidia (fournisseur de puces de pointe pour l’IA) à Wall Street et de nombreuses mises en garde.”L’innovation de la Chine avec DeepSeek est frappante, mais ce n’est rien comparé à ce qui se passera si la Chine bat les États-Unis sur l’objectif ultime de l’AGI, l’intelligence artificielle générale”, a continué Chuck Schumer devant les autres élus, évoquant le graal ultime d’OpenAI et ses concurrents: une IA aux capacités cognitives équivalentes à celles des humains.”Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas permettre que cela se produise.”- “Phénoménal” -Depuis des années, le gouvernement américain multiplie les mesures pour préserver son avance dans l’IA, considérée comme un enjeu de sécurité nationale.Les contrôles à l’exportation restreignent ainsi l’accès de la Chine aux puces les plus sophistiquées, notamment celles de Nvidia, qui ont donné naissance à l’IA générative chez OpenAI.Peine perdue: DeepSeek a indiqué s’être servi de semi-conducteurs de Nvidia, moins perfectionnés (dont l’importation est autorisée) et de méthodes différentes pour parvenir à un résultat équivalent aux meilleurs modèles américains.L’application arrive en tête des téléchargements sur Apple et des entreprises américaines adoptent déjà l’interface de programmation du modèle pour leurs propres services d’IA.Comme Perplexity, qui combine un assistant IA et un moteur de recherche. “L’intégration du (modèle) R1 de DeepSeek avec la recherche en ligne, c’est vraiment phénoménal, on voit le modèle penser à voix haute comme une personne intelligente et consulter des centaines de sources”, s’est félicité sux X Aravind Srinivas, patron de la start-up californienne.Il a précisé que les données des utilisateurs sont hébergés sur des serveurs occidentaux.Du patron de Microsoft Satya Nadella à Donald Trump, de nombreuses personnalités ont exhorté la tech américaine à considérer DeepSeek comme une incitation à mettre les bouchées doubles.Sam Altman, patron d’OpenAI, s’est dit “impressionné”, mais aussi “revigoré” par cette nouvelle concurrence.- “Balle dans le pied” -Mais de nombreux élus et figures de la tech associent avant tout les technologies chinoises à la désinformation et à l’espionnage.”Soyons clairs: DeepSeek R1 est une autre branche numérique du Parti communiste chinois (qui) censure toute critique du Parti et du président Xi”, a déclaré sur X l’élu républicain Mark Green.”L’intégration de l’IA chinoise dans les sociétés occidentales devrait nous inquiéter”, a réagi Ross Burley, cofondateur de l’ONG Centre for Information Resilience. “Nous avons vu à maintes reprises comment Pékin utilise sa domination technologique à des fins de surveillance, de contrôle et de coercition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays”.Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram), brandit l’épouvantail chinois face aux élus américains chaque fois qu’ils envisagent d’encadrer ses plateformes.”DeepSeek fait du très bon travail (…) Mais si vous lui demandez si la (répression sur la) place Tiananmen a eu lieu, il le niera”, a-t-il dit récemment au micro de Joe Rogan. “S’il doit y avoir un modèle open source que tout le monde utilise, nous devrions vouloir que ce soit un modèle américain, n’est-ce pas ?”D’après le site spécialisé The Information, Meta a formé des groupes de crise pour disséquer DeepSeek et améliorer Llama, son propre modèle ouvert.La peur de la Chine est si forte aux Etats-Unis qu’elle a permis, fait rarissime, d’unir les républicains et démocrates. Ils ont voté une loi l’année dernière pour interdire TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance.Une approche jugée contre-productive par de nombreux ingénieurs.Zhiding Yu a ainsi raconté sur X comment un stagiaire chinois de son équipe chez Nvidia a choisi de rejoindre DeepSeek en 2023, quand la start-up était encore minuscule.”Si nous continuons à fomenter des théories géopolitiques et à créer des environnements hostiles aux chercheurs chinois, nous nous tirons une balle dans le pied”, a-t-il écrit. “Nous avons besoin d’une plus grande diversité de talents”.

L’UE dévoile ses grands chantiers pour rétablir sa compétitivité

Choc de simplification, baisse du coût de l’énergie… Bruxelles dévoile mercredi sa feuille de route pour la compétitivité qui place les entreprises au coeur du “quinquennat” d’Ursula von der Leyen après l’accent mis ces dernières années sur l’environnement.La publication de cette “boussole de compétitivité”, prévue de longue date, intervient sous la pression des annonces tonitruantes de Donald Trump en matière de protectionnisme ou d’investissements géants dans l’intelligence artificielle… Champions du numérique, les Etats-Unis mais aussi la Chine ont creusé un fossé béant avec une Europe enlisée dans la stagnation. L’UE entend revenir dans la course en appliquant les recommandations formulées l’an dernier par les anciens chefs de gouvernement italiens Enrico Letta et Mario Draghi dans deux rapports très médiatisés.De premières annonces concrètes sur l’allègement du fardeau administratif des entreprises et des aides à l’industrie propre sont attendues le 26 février.- Choc de simplification -Les nombreux textes environnementaux votés ces dernières années sont dans le viseur des entreprises qui multiplient les menaces de délocalisation, tandis que les écologistes craignent un détricotage des lois climatiques.Des dizaines de législations seront revues pour réduire la charge administrative, en particulier un texte emblématique sur le devoir de vigilance des entreprises envers leurs sous-traitants, un autre sur le reporting social et environnemental, ou encore le règlement Reach pour protéger la santé humaine contre les risques liés aux substances chimiques.Mais le vice-président Stéphane Séjourné promet “un choc de simplification sans toucher aux objectifs environnementaux”. Une nouvelle catégorie de société de taille intermédiaire, entre PME et grand groupe, sera créée pour alléger le fardeau règlementaire d’environ 30.000 entreprises, selon un texte provisoire consulté par l’AFP. Un régime juridique européen spécifique, distinct des 27 juridictions nationales, serait créé pour permettre aux entreprises innovantes d’accéder à des “règles harmonisées” en matière de faillite, de loi du travail, de fiscalité.- Energie moins chère – Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe a perdu son approvisionnement en gaz russe bon marché et subit un coût de l’énergie très supérieur à ses concurrents internationaux.Pour sauver son industrie, l’UE doit réduire sa dépendance aux énergies fossiles. “Nous devons développer davantage notre production d’énergie issue de sources renouvelables, et, dans certains pays, du nucléaire”, a déclaré à Davos Ursula von der Leyen, reconnaissant le rôle de l’atome longtemps tabou à Bruxelles.La “boussole” de la Commission préconise aussi de “faciliter les contrats de long terme d’achat d’électricité” et d’accélérer l’investissement dans le réseau de transport et de stockage d’énergie.- Aides à l’industrie -Des aides publiques “ciblées et simplifiées” seront mises en place pour encourager la transition verte de l’industrie. Pour une efficacité maximale, Stéphane Séjourné voudrait viser prioritairement “les 100 premiers sites émetteurs de CO2” qui représentent plus de la moitié des émissions industrielles en Europe.Des labels pour développer la demande en produits bas carbone seront créés. Bruxelles entend par exemple développer l’acier “vert” dont la demande est aujourd’hui quasiment nulle en raison de coûts prohibitifs.Pour les branches les plus en difficulté comme la chimie, la sidérurgie et l’automobile, des plans sectoriels spécifiques sont prévus dès cette année.- Assouplir les règles de concurrence -L’innovation dans le secteur technologique nécessite de très gros budgets que seules les plus grandes entreprises sont en mesure d’assumer. D’où des mariages géants au niveau international.Or, quand la Commission, gendarme de la concurrence dans l’UE, étudie une fusion, elle prend essentiellement en compte son impact sur les prix ce qui freine la création de champions européens. Mario Draghi a recommandé d’adapter la réglementation des concentrations pour tenir compte aussi des effets positifs sur l’innovation. Il a été entendu par la Commission qui annonce “de nouvelles lignes directrices pour évaluer les fusions”.- Réduire les dépendances -Stéphane Séjourné veut accélérer la réouverture de mines de métaux rares en Europe et a déjà reçu 170 projets d’exploitation ou de recherches minières, des projets souvent contestés localement pour leur impact environnemental.L’objectif est de réduire les dépendances européennes, notamment envers la Chine. “On va faciliter” l’attribution de permis, affirme le commissaire chargé de la stratégie industrielle.La “boussole” prévoit également la création d’une plateforme pour l’achat en commun de matières premières stratégiques. Elle insiste sur le développement de partenariats internationaux multiples pour rendre les approvisionnements résilients y compris dans les technologies vertes (solaire, éolien), numériques (puces) ou les ingrédients essentiels pour les médicaments.Dans un texte provisoire, la “boussole” évoquait l’introduction dès l’an prochain d’une “préférence européenne dans les marchés publics” pour certaines technologies critiques, une mesure poussée par la France afin de répliquer aux restrictions de la Chine.- Construire l’union de l’épargne – Le marché unique a plus de trente ans et il a aidé à faire naître des géants européens dans la chimie, l’aéronautique ou l’automobile. Mais il souffre d’angles morts: la finance, mais aussi les télécoms, l’énergie ou la défense restent morcelés par des réglementations nationales différentes.”Supprimer les barrières restantes et élargir le marché unique contribuera à la compétitivité dans toutes ses dimensions”, souligne la Commission.Unifier les marchés de capitaux européens est une priorité, mais les intérêts nationaux divergents ont empêché tout progrès depuis dix ans. Résultat: l’Europe dispose d’une monnaie unique mais ses start-ups restent incapables d’effectuer les levées de fonds géantes de leurs concurrentes aux Etats-Unis.Ursula von der Leyen a promis à Davos une première mesure concrète: la création de “nouveaux produits d’épargne et d’investissement européens”.

Agrandissement d’Heathrow: Londres explore toutes les pistes pour faire redécoller l’économie

Agrandir le plus grand aéroport d’Europe pour relancer une économie atone? La ministre des Finances britannique Rachel Reeves veut remettre son pays sur la voie de la croissance et pourrait donner son aval mercredi à une troisième piste sur le hub londonien d’Heathrow.Cette mesure, décriée par les organisations écologistes et une partie de son camp travailliste, figure selon la presse britannique parmi une série d’annonces très attendues mercredi de Mme Reeves, qui détaillera son plan de relance.La chancelière de l’Echiquier, son titre officiel, compte rassurer des entreprises inquiètes de la hausse massive des cotisations patronales annoncée fin octobre et des marchés encore tièdes quant aux plans du gouvernement d’avoir recours à des emprunts exceptionnels pour investir.”Rien ne prouve que l’expansion de l’aéroport stimulera l’économie – les seules choses qui augmenteront à coup sûr sont le bruit, la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre”, a dénoncé Doug Parr, un responsable de Greenpeace au Royaume-Uni.”La poursuite de la croissance pour la croissance n’est pas une stratégie économique. Au lieu de reprendre n’importe quel vieux projet polluant, la chancelière devrait se concentrer sur les industries vertes”, a-t-il insisté.Sans dévoiler sa décision, Mme Reeves a de son côté rappelé dimanche auprès de la BBC que le gouvernement “a déjà approuvé l’agrandissement des aéroports de London City et de Stansted”, qui desservent aussi la capitale britannique, et qu’une troisième piste à Heathrow réduirait le nombre d’avions en attente dans le ciel de Londres.Les plans d’agrandissement d’Heathrow ne sont pas nouveaux. Fin 2020, à l’issue d’une saga judiciaire, la Cour suprême britannique avait statué en faveur d’une troisième piste. Mais le projet a depuis été retardé par la pandémie de Covid-19 et fait encore face à de nombreux obstacles.En particulier, la construction d’une nouvelle piste aurait un coût particulièrement élevé: le prix de 14 milliards de livres avait été avancé il y a dix ans mais l’inflation est passée par là et le quotidien The Times évoque désormais une fourchette de 42 à 63 milliards de livres (50 à 75 milliards d’euros).- Attendue au tournant -Mme Reeves est attendue au tournant mercredi matin dans un discours sur la croissance, sa priorité affichée.”Une croissance faible n’est pas notre destin”, mais la relance de l’économie “ne se fera pas sans se battre”, affirme la chancelière, dans des extraits de son discours transmis à l’avance à la presse.Après avoir déjà calé au troisième trimestre puis baissé en octobre, le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a rebondi légèrement en novembre (+0,1%) mais moins qu’attendu.Le FMI a cependant revu à la hausse mi-janvier sa prévision de croissance pour le pays cette année, à 1,6%.Mme Reeves annoncera mercredi le soutien du gouvernement à plusieurs projets d’investissements, notamment pour développer un “corridor de croissance” entre Oxford et Cambridge et leurs prestigieuses universités, pour en faire une “Silicon Valley européenne”, selon les extraits de son discours.Les annonces pourraient aussi comprendre, selon la presse, l’expansion d’autres aéroports londoniens tels que Gatwick et Luton, des assouplissements des règles d’urbanisme ou des mesures de déréglementation pour doper les investissements.Mme Reeves et le Premier ministre Keir Starmer ont rencontré mardi les dirigeants de très grands groupes britanniques, comme ceux du groupe de défense BAE Systems, de la banque Lloyds ou du géant des supermarchés Tesco, pour les rassurer sur le fait que le pays est “ouvert aux affaires”.Mais si l’objectif de relance de la croissance est partagé par les députés travaillistes, Rachel Reeves devra encore convaincre dans son propre camp sur une expansion d’Heathrow loin de faire l’unanimité.Le ministre de l’Energie Ed Miliband, qui s’est opposé par le passé à une troisième piste à Heathrow, a lui-même nuancé lundi les nouveaux projets: ceux-ci ne pourraient se faire que dans le cadre des objectifs de réduction des gaz à effet de serre dans le pays, dont la neutralité carbone en 2050, a-t-il affirmé.

Après le gel des subventions, l’administration Trump encourage le départ des fonctionnaires

Après avoir ordonné le gel de milliards de dollars de subventions, le gouvernement de Donald Trump a proposé mardi aux fonctionnaires fédéraux qui le souhaitent de démissionner en échange d’une indemnité, dans le cadre d’une vaste offensive pour réduire les dépenses publiques.Lundi soir, la Maison Blanche a demandé aux ministères et agences fédérales de geler une partie des dépenses “d’assistance” — subventions et allocations notamment — et d’en faire une revue d’ensemble afin de s’assurer de leur conformité avec “les priorités présidentielles”.Dénoncée avec véhémence à gauche, la mesure a été suspendue mardi par une juge avant de bloquer potentiellement des centaines, voire des milliers de milliards de dollars irriguant tout le pays.Les annonces fracassantes se sont poursuivies mardi soir: les fonctionnaires fédéraux américains ont reçu une lettre leur proposant de démissionner tout en conservant leur salaire et avantages sociaux jusqu’à fin septembre.”On estime que 5 à 10 % des effectifs démissionneront, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies de l’ordre de 100 milliards de dollars”, a déclaré sur X Elon Musk, le dirigeant de Tesla, SpaceX et X, qui pilote une mission consultative au gouvernement pour faire des économies.La lettre du bureau chargé des fonctionnaires fédéraux rappelle que le président américain a publié plusieurs directives concernant les fonctionnaires, décrétant notamment l’interdiction du télétravail, la fin de la discrimination positive au recrutement, une attention accrue aux performances et de probables plans sociaux pour réduire le personnel.Autant de principes de management chers à Elon Musk, qui avait congédié les trois-quarts des employés de Twitter (désormais X) dans les semaines ayant suivi son rachat du réseau social fin 2022.Le bureau remercie ceux qui décideront de rester, tout en précisant ne pas pouvoir garantir la pérennité de leur poste.- “Un braquage” -Le gel des subventions fédérales décidé lundi soir, qualifié mardi par la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt de “très responsable”, a rapidement provoqué une bronca.Plusieurs ONG et organisations représentant les petites entreprises ont déposé un recours auprès d’un tribunal fédéral de Washington, jugeant le mémo publié lundi soir “dénué de toute base juridique ou de la plus simple justification”.La juge saisie du dossier a ordonné sa suspension immédiate, et jusqu’à lundi prochain, le temps d’examiner le dossier.Les procureurs généraux de 23 Etats ont aussi annoncé vouloir contester ce texte de l’exécutif.L’opposition démocrate est de son côté montée au créneau, dénonçant, par la voix du responsable de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer, une “décision illégale, dangereuse, destructrice, cruelle”. “C’est un braquage, réalisé à l’échelle nationale”, a-t-il aussi cinglé.”Les Américains devraient se demander si c’est +woke+ de financer la recherche contre le cancer ou la reconstruction d’un pont délabré”, a ajouté la sénatrice de l’Etat de Washington Patty Murray.Selon la professeure de droit à l’Université Columbia Gillian Metzger, “le pouvoir exécutif a la possibilité de “reporter ou annuler des dépenses mais uniquement dans des cas particuliers et selon des procédures précises”.La mesure a provoqué la confusion dans le pays.Durant quelques heures mardi, le portail d’accès à Medicaid, l’assurance santé pour les Américains les plus pauvres, était inaccessible dans plusieurs Etats américains, empêchant les hôpitaux et médecins d’obtenir le paiement des actes réalisés, selon plusieurs élus démocrates. La Maison Blanche a plus tard assuré que l’accès allait être rétabli.- Réduire l’Etat -Selon le mémo présidentiel, l’objectif est “d’éliminer le poids financier de l’inflation sur les citoyens, mettre fin aux politiques +woke+ et d’instrumentalisation de l’Etat”.La lutte contre le “wokisme”, assimilé à une bien-pensance de gauche, fait partie des chevaux de bataille des conservateurs américains.L’Etat fédéral a déboursé l’an dernier plus de 3.000 milliards de dollars en matière d'”assistance financière”, ce qui inclut bourses, prêts, aides d’urgence en cas de catastrophe naturelle – autant de dépenses approuvées par le Congrès.La semaine dernière, les Etats-Unis ont déjà gelé les aides apportées en dehors de leurs frontières, le temps d’un réexamen complet.Le républicain a promis pendant sa campagne de réduire le poids de l’Etat fédéral et de tailler dans les dépenses.

Boeing enregistre sa plus lourde perte annuelle depuis 2020

Le constructeur aéronautique américain Boeing, qui avait lancé jeudi un avertissement sur résultats, a réalisé en 2024 sa plus lourde perte en quatre ans à cause de problèmes de qualité de sa production et d’un conflit social.”Bien que l’année ait été difficile, nous constatons des signes encourageants de progrès tandis que nous Å“uvrons à changer notre groupe”, a toutefois déclaré Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis l’été, dans un message aux employés.La perte nette annuelle atteint 11,82 milliards de dollars, contre -2,22 milliards en 2023.Il s’agit de la plus importante perte annuelle depuis 2020 (-11,87 milliards), quand le groupe subissait les conséquences de deux crashes du 737 MAX 8 ayant fait 346 morts. Au total, il a perdu plus de 35 milliards depuis 2019.Le chiffre d’affaires annuel a reculé à 66,52 milliards de dollars. L’avionneur perçoit, en général, près de 60% du prix des avions à la livraison.Or il connaît depuis 2023 de nombreux problèmes de qualité, qui ont culminé avec un incident en vol en janvier 2024 sur un 737 MAX 9 livré en octobre.Il a dû établir, contraint par le régulateur de l’aviation civile (FAA), un plan pour rétablir la situation mais qui a fortement ralenti ses cadences de production.A cela s’est ajoutée une grève de plus de cinquante jours qui a paralysé deux usines cruciales (737, 767, 777/777X et plusieurs programmes militaires).L’avionneur a dévoilé mi-janvier des livraisons au plus bas depuis 2021, avec seulement 348 avions commerciaux remis à leurs propriétaires en 2024.Pour renflouer sa trésorerie, il a mené une énorme augmentation de capital de 24 milliards de dollars et a décidé de supprimer 10% de ses effectifs mondiaux (près de 171.000 employés fin 2023).- Charges exceptionnelles -Les résultats ont été grevés par des charges exceptionnelles: 2,8 milliards de dollars avant impôts au quatrième trimestre, après 5 milliards au trimestre précédent.L’action Boeing a terminé la séance à New York en hausse de 1,50%. Les marchés ont semble-t-il apprécié les prévisions de flux de trésorerie qui devraient redevenir positifs au second semestre, après une ponction de 14,31 milliards en 2024.Côté activités, la cadence de production du 787 Dreamliner a atteint en fin d’année l’objectif des cinq par mois et devrait grimper à sept au deuxième trimestre. Boeing va investir un milliard de dollars pour passer à dix mensuels d’ici 2026.Par ailleurs, les tests de certification du nouveau gros porteur, le 777-9, ont repris début 2025. Ils étaient suspendus depuis août après la découverte d’une pièce défaillante, mais Boeing a désormais une “bonne maîtrise sur la façon de résoudre” ce problème, selon M. Ortberg.Les livraisons du biréacteur, qui devaient commencer en 2020, sont attendues pour 2026.La branche aviation commerciale (BCA) va aussi se concentrer sur la certification du 737 MAX 7 et du 737 MAX 10, version respectivement la plus petite et la plus grande de la famille du 737 MAX, son avion le plus vendu.Le premier, présenté en mars 2018, devait entrer en exploitation en 2019 et le second, dévoilé en juin 2021, devait être livré à partir de 2023.La production du 737, plafonnée fin février 2024 par la FAA à 38 par mois, reste loin de ce seuil du fait des problèmes de qualité.”Le rythme de production du 737 est d’une importance cruciale pour la reprise du groupe”, a commenté M. Ortberg sur CNBC, envisageant un déplafonnement “au second semestre”.Ensuite, la cadence devrait grimper de cinq exemplaires tous les six mois, a-t-il précisé, espérant atteindre 42 mensuels d’ici fin 2025.Lors d’une conférence avec des analystes, le directeur financier Brian West a précisé que 33 737 MAX avaient déjà été livrés en janvier. Grâce, surtout, aux stocks fabriqués avant 2023.Par ailleurs, M. Ortberg a annoncé mener des “discussions actives” — notamment avec Elon Musk, proche allié du président Trump — “afin de faire les changements nécessaires pour améliorer les performances du programme (Air Force One) et sa livraison”.Ce programme, portant sur deux 747-8 commandés début 2018 pour livraison d’ici 2024, cumule pertes financières pour Boeing et retards.M. Trump “veut l’avion plus tôt”, a relevé M. Ortberg.D’après des médias, le Pentagone espère désormais le premier exemplaire d’ici 2028.”Nous nous attendons à ce que Boeing fournisse un calendrier actualisé au printemps”, a indiqué à l’AFP un responsable de l’armée américaine.

Wall Street termine en hausse, profitant du regain de la tech

La Bourse de New York a évolué en hausse mardi, portée par le rebond de la tech après ses déboires de la veille, dans un marché hésitant avant d’importants résultats d’entreprises.Le Dow Jones a gagné 0,31%, l’indice Nasdaq a bondi de 2,03% et l’indice élargi S&P 500 a avancé de 0,92%.”Il ne s’agit pas d’une progression générale (…) mais principalement d’un mouvement des méga-capitalisations” qui profitent d’un regain, après avoir “été durement touchées hier”, commente auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com.Le géant américain des cartes graphiques et puces électroniques Nvidia a grimpé de 8,93% à 128,99 dollars. Lundi, le titre avait plongé de près de 17% lâchant 589 milliards de dollars de capitalisation, l’une des pires pertes de l’histoire.L’ex-première capitalisation boursière mondiale a été ébranlée par l’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, développée avec des ressources bien plus limitées.Dans le sillage du rebond de Nvidia mardi, des géants comme Apple (+3,65%), Microsoft (+2,91%) ou Meta (+2,19%) ont aussi évolué dans le vert.Le reste du secteur des composants électroniques, lourdement touché lundi, a évolué en ordre dispersé. Broadcom a gagné 2,59% et Marvell Technology 3,54%, tandis que AMD a cédé 0,73% et Micron a reculé de 3,14%.Les investisseurs ont estimé que la chute des actions des méga-capitalisations et des valeurs du secteur de l’IA “était exagérée par rapport aux nouvelles et aux questions sur DeepSeek qui restent sans réponse”, juge Patrick O’Hare.”Il faut aussi reconnaître qu’une baisse du coût de l’informatique sera bénéfique pour la plupart des entreprises”, ajoute l’analyste.Mardi, les responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont entamé leur première réunion sous la nouvelle présidence de Donald Trump, qui a prévenu qu’il se manifesterait en cas de désaccord sur les taux d’intérêt.”Le marché a presque entièrement prévu qu’il n’y aurait pas de baisse de taux demain”, commente M. O’Hare, ajoutant que le discours du président de l’institution, Jerome Powell, “suscitera beaucoup d’intérêt”.Côté indicateurs, la confiance des consommateurs  a reculé en janvier aux États-Unis, à rebours des attentes des analystes, selon un indice publié mardi.Les investisseurs attendent désormais la publication de l’indice PCE, privilégié par la Fed, pour décembre et qui sera lui publié vendredi. Cet indicateur a récemment progressé (à +2,4% en novembre). L’objectif de la  Fed est de le ramener à 2%. Vers 21H30 GMT sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à dix ans s’établissait à 4,54% contre 4,53% la veille. En pleine saison des résultats trimestriels d’entreprises, “nous avons assisté à une certaine hésitation aujourd’hui”, avant la publication des données financières des mastodontes Microsoft, Meta et Tesla mercredi, puis Apple jeudi, souligne Patrick O’Hare.Plusieurs résultats ont été accueillis par le marché mardi.Le constructeur automobile américain General Motors a ainsi dévissé de 8,89% après avoir annoncé une perte de quasiment 3 milliards de dollars au quatrième trimestre, plombé par une lourde charge liée à ses activités en Chine. Le chiffre d’affaires était toutefois en hausse et au-dessus des attentes des analystes.Boeing, qui avait lancé jeudi un avertissement sur résultats, a réalisé en 2024 sa plus lourde perte en quatre ans à cause de problèmes de qualité de sa production et d’un conflit social. La perte nette annuelle a atteint 11,82 milliards de dollars, contre -2,22 milliards en 2023. Son cours a grimpé de 1,50%.Le groupe de défense américain Lockheed Martin a dégringolé de 9,18% après avoir annoncé un bénéfice net en chute libre au quatrième trimestre, plombé par des charges exceptionnelles d’un total de 1,7 milliard de dollars.Le croisiériste Royal Caribbean s’est envolé de plus de 12% après avoir dévoilé un bénéfice net par action pour l’année à 10,94 dollars, dépassant de loin les attentes des analystes.

LVMH ralentit en 2024 et son PDG dénonce une surtaxe en préparation

Le géant du luxe LVMH a connu comme tout le secteur une année 2024 chahutée, avec un recul de ses ventes et une baisse de son bénéfice, et son PDG Bernard Arnault se veut confiant pour 2025 mais dénonce la menace de surtaxe qui plane sur son groupe en France.”Une fois n’est pas coutume, je ne parlerai pas d’année record”, a concédé le PDG du numéro un mondial du luxe en présentant les résultats de 2024: le bénéfice a plongé de 17%, à 12,55 milliards d’euros, et le chiffre d’affaires s’est replié de 2% à 84,7 milliards d’euros.Bernard Arnault a aussi dénoncé la surtaxe d’impôt sur les sociétés en préparation en France pour les plus grosses entreprises, estimant qu’il s’agit d’une “taxe sur le made in France” qui “pousse à la délocalisation”.”Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide”, a dit le milliardaire français, qui était présent en famille à l’investiture du président américain Donald Trump.”Aux USA, les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’Etats (…) Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal!”, a-t-il lancé. “C’est la taxation du made in France.”Le gouvernement français compte appliquer une surtaxe durant seulement un an, mais selon Bernard Arnault “personne n’y croit: une fois qu’on a augmenté les impôts de 40%, qui va les baisser de 40%?”, a-t-il lancé mardi en marge de la conférence de présentation des résultats.- Rentabilité en baisse -L’année 2024 de LVMH a été marquée par “une faiblesse en Asie”, sauf au Japon, et une “période électorale incertaine” aux Etats-Unis, marché majeur du luxe. Mais “l’Europe s’en sort pas mal”, a détaillé le PDG.Au total, la rentabilité du groupe a baissé, même si elle reste élevée.”On a eu trois ans d’euphorie en 2021, 2022 et 2023, on a une année de consolidation en 2024″, a relativisé le directeur financier Jean-Jacques Guiony, en évoquant une “légère tendance à l’amélioration aux Etats-Unis et en Europe en fin d’année”.En 2024, la principale division du groupe, la Mode et maroquinerie (Louis Vuitton, Dior, Celine, Fendi…) a vu ses ventes reculer de 3% à 41 milliards d’euros. Face aux analystes qui pointent des fragilités chez Dior, deuxième pilier de la mode et maroquinerie derrière Louis Vuitton, Bernard Arnault a défendu la marque dirigée par sa fille Delphine comme étant celle parmi les maisons de couture qui “a eu la meilleure performance en 2024”.  Et il a dit son “espoir” que 2025 “va porter en avant la couture de la maison Dior”, comme celle de Vuitton.- Sephora “exceptionnel” -Sephora a connu une progression “exceptionnelle”, selon le PDG, tirant le chiffre d’affaires de toute la division Distribution sélective, qui a augmenté de 2% à 18 milliards d’euros. LVMH ne détaille pas les ventes de ses marques mais selon une source proche du dossier, Sephora a atteint les 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et vise les 20 milliards en 2028.Moins de pétillant en revanche du côté du champagne, des vins et des spiritueux: les ventes ont baissé de 11%, à 5,9 milliards d’euros. Bernard Arnault se dit “confiant” de “redresser tout ça” dans un délai de deux ans. Lundi, Jean-Jacques Guiony prendra les rênes de cette division, secondé par l’un des fils Arnault, Alexandre. Le ventes de parfums et cosmétiques ont légèrement augmenté (2%) et celles des montres et de la joaillerie ont reculé de 3%.Mais Bernard Arnault s’est dit “très confiant” dans Tiffany, alors que des articles de presse évoquent des difficultés pour la marque américaine de bijoux. “Le résultat de l’année dernière (de Tiffany) est égal au double de celui qui a précédé notre acquisition” de la marque, a-t-il assuré. “Tiffany était une belle endormie, le fait de vouloir la réveiller n’a pas plu à tout le monde.