AFP Business

En Espagne, le gouvernement et la justice vont enquêter sur les causes de la méga-coupure de lundi

Le gouvernement espagnol et la justice madrilène, qui va ouvrir une enquête sur un éventuel sabotage informatique, vont se pencher sur les causes de la méga-panne électrique qui a privé lundi toute la péninsule ibérique électrique de courant pendant de nombreuses heures.Toutes “les mesures nécessaires seront prises pour que cela ne se reproduise pas”, a assuré mardi le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez lors d’une conférence de presse, annonçant la création d’une commission d’enquête chapeautée par le ministère de la Transition écologique.”Les techniciens du réseau électrique continuent à réaliser une analyse de leur système. Nous attendons de recevoir leurs résultats préliminaires dans les prochaines heures ou prochains jours”, a-t-il expliqué.”Aucune hypothèse ne sera écartée tant que nous ne disposerons pas de ces résultats d’analyse”, a-t-il aussi déclaré.Quasiment au même moment, un juge de l’Audience nationale, la juridiction madrilène en charge des affaires les plus graves, dont celles de terrorisme, a de son côté annoncé l’ouverture d’une enquête sur un éventuel “sabotage informatique”.L’objectif de ces investigations? “Déterminer si la panne de courant survenue hier dans le réseau électrique espagnol qui a affecté tout le pays, pourrait être un acte de cyber-sabotage contre des infrastructures critiques espagnoles et, si tel est le cas, pourrait être qualifiée de délit terroriste”, résume un communiqué.- “Ignorance” -A la mi-journée, la piste de la cyberattaque avait pourtant été écartée par le gestionnaire du réseau électrique espagnol (REE).”Au vu des analyses que nous avons pu réaliser jusqu’à présent, nous pouvons écarter un incident de cybersécurité dans les installations du réseau électrique”, a assuré Eduardo Prieto, directeur des opérations du gestionnaire de REE. Une piste également exclue par le gouvernement portugais, même si les causes de cet évènement inédit restent encore à préciser, REE ayant évoqué dès lundi soir une “forte oscillation des flux de puissance” sur le réseau électrique “accompagnée d’une perte de production très importante”, un phénomène ayant entraîné la déconnexion du système espagnol du réseau européen.Lors de sa conférence de presse mardi en début d’après-midi, Pedro Sánchez a également pris soin d’assurer que la méga-panne électrique n’était pas liée à un manque d’énergie nucléaire en Espagne, rejetant les critiques émises notamment par le parti d’extrême droite Vox, et relayées aussi par de nombreux utilisateurs sur les réseaux sociaux.”Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance”, a insisté le chef du gouvernement espagnol.La question du nucléaire est au coeur du débat politique depuis plusieurs mois en Espagne, dont le gouvernement a annoncé la prochaine fermeture de deux de ses sept derniers réacteurs, qui pèsent pour 20% de son mix électrique, contre 40% pour le solaire et l’éolien. Selon REE, le système électrique espagnol, qui avait été remis en marche à plus de 99% mardi matin, était à la mi-journée pleinement opérationnel, comme le réseau portugais selon l’opérateur REN.Dans les rues des villes espagnoles, le retour du courant lundi soir a souvent été accompagné d’applaudissements et de cris de joie des habitants. Il a permis de rétablir le trafic ferroviaire sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. A la gare d’Atocha, la situation restait encore compliquée mardi matin, avec une foule de passagers attendant désespérément leur train. A chaque annonce d’un départ, les voyageurs applaudissent, ont constaté des journalistes de l’AFP. – “Après-midi de répit” -A Madrid, bars et magasins ont rouvert progressivement leurs portes mardi matin, reprenant une activité normale après avoir dû pour la plupart fermer leurs portes dans la précipitation lundi.La plupart des écoles ont également accueilli normalement les élèves, même si le système espagnol très décentralisé laisse une grande latitude aux différentes régions pour trancher ces questions. Déjà, les Espagnols tirent des leçons de cette extinction subite de tout le système électrique.Avoir chez soi un transistor, des piles, des bougies et du liquide: c’est ce que beaucoup retiennent, comme Valentin Santiago, technicien environnemental de 48 ans, qui ne souhaite “jamais, ô grand jamais” se séparer de sa bonbonne de gaz. “Ca a été une après-midi de répit, une pause technologie, une déconnexion improvisée. (…) On est prêts pour n’importe quoi depuis la pandémie, tout nous paraît plus simple”, estime de son côté Marcos Garcia, un avocat madrilène âgé de 32 ans.Le retour complet à la normale était attendu avec impatience en Espagne comme au Portugal après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.burx-mdm/mig/vk

Les interconnexions des réseaux électriques, clé de voûte du système éuropéen

Les interconnexions des réseaux électriques, clé de voute du système européen conçus pour améliorer la sécurité d’approvisionnement, ont permis de contenir la panne géante dans la “péninsule électrique” ibérique, située à l’extrémité de l’Europe.”Les réseaux sont interconnectés”, ce qui “permet de gérer les exportations et les importations d’électricité, améliorant ainsi la fiabilité de l’approvisionnement”, explique Onyema Nduka, maître de conférences en durabilité énergétique à l’université Royal Holloway de Londres.Toutefois, ajoute-t-il, “si les pannes d’électricité sont rares dans les pays européens, elles sont possibles, comme l’ont montré les événements au Portugal et en Espagne.”Pour éviter cela, “des redondances sont intégrées au système, comme la multiplication des points d’alimentation, des générateurs de secours répartis à différents endroits, des fils/câbles interconnectés, etc.”L’Europe dispose d'”un des plus grands réseaux électriques synchrones au monde, alimentant plus de 400 millions de clients dans 32 pays, dont la majeure partie de l’Union européenne”, complète Grazia Todeschini, maîtresse de conférences en ingénierie au King’s College de Londres.”Cela permet les échanges d’électricité entre les pays, mais dans des situations très particulières et extrêmes, cela peut entraîner une propagation des pannes entre différents pays”, ajoute-t-elle.C’est ce qui s’est produit lundi, la panne générale en Espagne ayant également touché son voisin portugais.La péninsule ibérique, située à l’extrémité du réseau électrique européen, est de par sa géographie une “péninsule électrique”. La frontière pyrénéenne avec la France permet des échanges pour une capacité de 2,8 GW depuis 2015, qui sera portée à 5 GW à horizon 2028. L’Espagne est par ailleurs interconnectée avec le Maroc via une ligne de 700 MW.La stabilité des réseaux électriques “est liée à un équilibre très étroit entre la production et la demande d’électricité”, poursuit Grazia Todeschini. “Certaines mesures existent pour limiter l’impact des pannes à de petites zones, mais lorsque le déséquilibre électrique est trop important, ces pannes peuvent se propager très rapidement et très loin.”- Événement “rarissime” -Or, souligne le gestionnaire du réseau français à haute tension RTE, l’Espagne a connu une perte de production de 15GW en quelques secondes, conduisant à une coupure générale.RTE s’est immédiatement mobilisé pour venir en aide à l’Espagne via les interconnexions entre les deux pays. Il a pu injecter progressivement jusqu’à 2 GW dans le réseau espagnol, en fonction des demandes du gestionnaire local.Pour faire face à de telles situations, RTE explique que des protocoles sont prévus, avec “plusieurs +barrières de défense+ manuelles et automatiques”, mises en Å“uvre “pour traiter l’ensemble des situations possibles : de la limitation de la propagation d’un incident, jusqu’à la réalimentation de la consommation en cas de black-out.”Lundi, RTE a ainsi activé des mécanismes de sécurité automatisés qui ont coupé les interconnexions, isolant la péninsule ibérique et empêchant l’instabilité de se propager à l’Europe centrale, souligne Rystad Energy, société spécialisée dans la recherche énergétique.”Le rôle de la France dans la crise a été crucial”, poursuit-il. “La chute soudaine de la demande ibérique a contraint le pays à réduire temporairement sa production et à réacheminer ses flux d’énergie”, en arrêtant la centrale nucléaire de Golfech, dans le Sud-Ouest.Une fois la stabilité partiellement rétablie en Espagne, la France a repris des exportations limitées pour contribuer à la reprise, souligne RTE.Lundi, le réseau ibérique a été automatiquement déconnecté du réseau européen de 12H38 à 13H30 (10H38 à 11H30 GMT), heure à laquelle la ligne électrique entre la France et l’Espagne a été remise en service, indique RTE.Le réseau a ensuite mis plusieurs heures à être été complètement rétabli, par zones successives, en Espagne et au Portugal.”Ce qui est certain, c’est que la coopération et les interconnexions entre la France et l’Allemagne et entre RTE (…) ont permis, ont facilité, par la coopération, la reprise plus rapide de la consommation électrique en Espagne”, s’est félicité mardi Marc Ferracci, le ministre français de l’Energie, sur la radio RTL.

La France propose de faire payer “des frais de gestion” sur chaque petit colis entrant en Europe

La France propose de faire payer “des frais de gestion” sur chaque petit colis entrant en Europe, dès 2026, pour financer les contrôles appelés à se renforcer face à l’afflux de colis de faible valeur venus de Chine, ont indiqué des membres du gouvernement depuis l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.Il s’agit de faire “payer aux importateurs, aux plateformes, et non pas aux consommateurs, un petit montant forfaitaire sur les colis”, a déclaré la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, évoquant “quelques euros” par colis.”En anticipation de la réforme de l’Union douanière en 2028, la France défendra l’instauration rapide au niveau européen d’un mécanisme de frais de gestion sur chaque petit colis entrant en Europe. L’argent récolté servirait au financement des contrôles”, a précisé à l’AFP le cabinet de la ministre.Cette taxe serait appliquée à partir de 2026, jusqu’en 2028, date à laquelle l’Union européenne pourrait supprimer l’exonération de taxe douanière sur les colis d’une valeur inférieure à 150 euros, arrivant depuis des pays extérieurs à l’Union européenne.Quatre ministres de Bercy, Eric Lombard (économie et finances), Amélie de Montchalin (comptes publics), Véronique Louwagie (commerce et artisanat notamment) et Clara Chappaz (intelligence artificielle et numérique), étaient en déplacement à l’aéroport de Roissy, pour parler “régulation” et “sécurité des plateformes de e-commerce”. La plateforme de commerce électronique Shein, basée à Singapour, fait l’objet d’une enquête de la Commission européenne, étant soupçonnée de ne pas suffisamment lutter contre la vente de produits qui ne respectent pas les normes européenne. L’institution enquête aussi depuis octobre sur le site d’origine chinois Temu pour des motifs similaires. Quelque 4,6 milliards d’envois d’une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91% provenaient de Chine.Pour la France seule, 800 millions de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été livrés l’an dernier (sur un total de 1,5 milliard de colis).

Après la méga-panne, la piste de la cyberattaque écartée en Espagne et au Portugal

La piste de la cyberattaque a été écartée mardi, 24 heures après le début de la panne électrique titanesque qui a paralysé l’Espagne et le Portugal, où le retour à la normale se faisait progressivement après le rétablissement total de l’électricité.”Au vu des analyses que nous avons pu réaliser jusqu’à présent, nous pouvons écarter un incident de cybersécurité dans les installations du réseau électrique”, a assuré à la mi-journée Eduardo Prieto, directeur des opérations du gestionnaire du réseau électrique espagnol (REE). Une piste également exclue par le gouvernement portugais, même si les causes de cet évènement inédit restent encore à préciser, REE ayant évoqué une “forte oscillation des flux de puissance” sur le réseau électrique “accompagnée d’une perte de production très importante”, un phénomène ayant entraîné la déconnexion du système espagnol du réseau européen.Selon M. Prieto, le système électrique espagnol, qui avait été remis en marche à plus de 99% mardi matin, était à la mi-journée pleinement opérationnel, comme le réseau portugais selon son opérateur REN.Cette panne géante est survenue vers 12H30 (10H30 GMT) lundi et pourrait avoir eu des conséquences jusqu’au Groenland, dont une partie a été privée lundi soir de tous ses moyens de communication (téléphone, SMS, internet), en partie gérés depuis l’Espagne.Au Maroc, également impacté par la panne ibérique, les connexions internet d’Orange et les systèmes d’enregistrement et d’embarquement des aéroports marocains étaient aussi de nouveau opérationnels mardi.- Cris de joie -Dans les rues des villes espagnoles, le retour du courant lundi soir a souvent été accompagné d’applaudissements et de cris de joie des habitants. Il a permis de rétablir le trafic ferroviaire sur plusieurs grands axes, dont Madrid-Séville et Madrid-Barcelone, selon la compagnie nationale Renfe. Le trafic reste cependant suspendu sur plusieurs autres grands axes, les autorités ayant donné la priorité au rétablissement des trains suburbains.D’après le ministre des Transports Oscar Puente, trois trains étaient encore bloqués mardi matin en Espagne avec des passagers à bord.A la gare d’Atocha, la situation restait encore compliquée avec une foule de passagers attendant désespérément leur train. A chaque annonce d’un départ, les voyageurs applaudissent, ont constaté des journalistes de l’AFP. A Madrid, bars et magasins ont rouvert progressivement leurs portes mardi matin, reprenant une activité normale après avoir dû pour la plupart fermer leurs portes dans la précipitation lundi.La plupart des écoles ont également accueilli normalement les élèves, même si le système espagnol très décentralisé laisse une grande latitude aux différentes régions pour trancher ces questions. Déjà les Espagnols tirent des leçons de cette extinction subite de tout le système électrique.Avoir chez soi un transistor, des piles, des bougies et du liquide: c’est ce que beaucoup retiennent, à l’instar de Valentin Santiago, technicien environnemental de 48 ans, qui ne souhaite “jamais, ô grand jamais” se séparer de sa bonbonne de gaz. – “Prêts pour n’importe quoi” -Marcos Garcia, un avocat de 32 ans qui attend son bus, se lamente de “cette dépendance totale dans les systèmes technologiques”, et aurait bien fait durer la panne.”Ca a été une après-midi de répit, une pause technologie, une déconnexion improvisée. Ca n’aurait pas été pareil si ça n’était arrivé qu’à moi, mais là, ça touchait tout le monde… On est prêts pour n’importe quoi depuis la pandémie, tout nous paraît plus simple”, juge-t-il.Le retour complet à la normale était attendu avec impatience en Espagne comme au Portugal après une longue journée passée à jongler avec les difficultés, entre métros fermés, bus saturés, trains bloqués et communications extrêmement difficiles.A Madrid comme à Barcelone, des milliers d’habitants ont dû traverser patiemment la ville, tentant de rentrer chez eux à pied au milieu d’embouteillages monstres.De longues files improvisées se sont étirées sur plusieurs centaines de mètres aux arrêts de bus.Dans la seule région de Madrid, près de 300 personnes se sont retrouvées piégées à l’intérieur des ascenseurs, selon les autorités régionales.En Europe, une défaillance du réseau allemand le 4 novembre 2006 avait plongé dans le noir 10 millions de personnes dont la moitié en France et le reste en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, pendant près d’une heure.Trois ans auparavant, l’Italie toute entière, sauf la Sardaigne, avait été privée d’électricité le 28 septembre 2003.burx-mig/mdm/vmt

Transistor, bougies, réchaud…: en reprenant une vie normale, les Madrilènes tirent les leçons de la coupure géante

Les Madrilènes ont repris le chemin du travail mardi en tirant des leçons de la coupure d’électricité qui a frappé la péninsule ibérique et en dressant la liste des fournitures nécessaires pour l’affronter -transistor à piles, bougies ou réchaud à gaz.Comme des dizaines de millions de compatriotes, Valentin Santiago, technicien environnemental, n’est pas près d’oublier la journée de lundi.Lui qui a quintuplé son temps de trajet pour rentrer chez lui lundi soir n’a eu aucun souci mardi matin pour se rendre sur son chantier en plein centre de Madrid.Mais il sait désormais qu'”il faut toujours avoir du liquide sur soi”, et il entend s’acheter rapidement une radio à piles et des lampes de poche. Et “jamais, au grand jamais, je ne me séparerai de ma bonbonne de gaz”, assure-t-il.Son collègue Mario Bofano, un autre technicien environnemental de 29 ans, a lui aussi pu venir travailler sans encombre. “J’ai pris conscience de combien nous sommes dépendants du courant, à quel point tout repose sur l’électricité”, philosophe-t-il avant de se mettre à travailler.- “On arrive à se débrouiller” -“Ca nous a montré à quel point nous sommes vulnérables, ça nous a fait du bien quelque part”, abonde María Jesús Cobos, une avocate de 50 ans rencontrée mardi matin par une journaliste de l’AFP à bord d’un bus.La juriste a été surprise de voir que “les gens étaient très civilisés”, malgré l’absence de feux de circulation. “On arrive à se débrouiller dans n’importe quelle situation”. A la gare de train de banlieue de Recoletos, le trafic a repris doucement. Jennifer Mena, une agente de la compagnie ferroviaire nationale Renfe, a trouvé que les usagers prenaient “calmement” les annonces de perturbation: “Oui, il y a du retard, mais il y en a toujours”, éclate-t-elle de rire. “Aujourd’hui est un jour comme les autres” pour Josefa Luceño, 76 ans, mais hier c’était “horrible”. La septuagénaire a dû monter onze étages à pied: “Je suis montée une fois et jamais redescendue”, résume-t-elle. Et dès mardi matin, Josefa a repris sa routine et son bus pour aller voir une exposition. De son “odyssée” de trois heures, Rocio Vicente, une femme de ménage de 44 ans, garde le souvenir de la générosité de ce “monsieur qui lui a prêté deux euros” pour acheter son billet de bus alors qu’elle n’avait pas d’argent liquide.”José, comment ça va? Comment c’était hier? Tu es rentré comment?” Dans un café de Madrid, toutes les conversations tournent autour de “l’apagón” (la grande coupure de courant). Bianca, la serveuse, en retient pour sa part qu’il faut toujours avoir des bougies chez soi “au cas où”.Sur l’écran accroché au mur, la chaîne d’info en continu diffuse en boucle les images folles du pays sens dessus dessous.- “Déconnexion improvisée” -“Retour à la normale, retour à la normale… On ne sait pas trop nous”, sourit Juan, un financier de 52 ans qui ne veut pas donner son nom de famille.”Posons-nous deux secondes pour réfléchir” à ce qu’il s’est passé, suggère-t-il, assis avec ses collègues pour le petit-déjeuner. Lui continue à penser à tout ce que l’électricité représente dans la société “les hôpitaux, les chambres froides… pas tellement pour les gens qui travaillent dans des bureaux”.Sa collègue Susana, 50 ans, qui ne veut pas non plus donner son nom, a bien retenu elle aussi une leçon: “Avoir des baskets… Mon Dieu, les talons…”, soupire-t-elle en grimaçant au souvenir de sa marche d’une heure et demie avec ses escarpins la veille.”Il faut acheter un transistor, des bougies, des piles et des conserves de haricots blancs”, affirme-t-elle.Marcos Garcia, un avocat de 32 ans qui attend le bus, a lui aussi constaté “cette dépendance totale dans les systèmes technologiques”, et il aurait bien fait durer, lui, la panne.”Ca a été une après-midi de répit, une pause technologie, une déconnexion improvisée. Ca n’aurait pas été pareil si ça n’était arrivé qu’à moi, mais là, ça touchait tout le monde… On est prêts pour n’importe quoi depuis la pandémie, tout nous paraît plus simple”, juge-t-il.

Moins d’eau, même rendement : le pari durable du riz chilien

Dans les plaines du sud du Chili, de plus en plus touchées par la sécheresse, une expérimentation ouvre de nouvelles perspectives pour la culture du riz, grâce à une variété capable d’assurer de bons rendements avec moins d’eau face aux climats extrêmes.Pendant des millénaires, l’humanité a inondé ses rizières, afin de protéger les plants des maladies. Mais la raréfaction de l’eau rend aujourd’hui indispensable la recherche de méthodes plus économes pour produire l’aliment le plus consommé au monde.A Ñiquen, dans la région de Ñuble, à 400 kilomètres au sud de Santiago, Javier Muñoz avait l’habitude d’inonder ses rizières. Désormais, grâce à une expérimentation, il a réduit de moitié sa consommation d’eau, tout en obtenant une récolte abondante.”La culture du riz a toujours été inondée, un changement aussi profond est historique”, note auprès de l’AFP l’ingénieur agricole de 25 ans.Alors que le Chili subit depuis 15 ans une sécheresse inédite, liée au changement climatique selon les experts, Karla Cordero, ingénieure agronome de l’Institut national de recherche agricole (INIA), a mis au point une nouvelle variété de cette céréale, Jaspe, issue du croisement de semences chiliennes et russes, plus résistante aux conditions extrêmes. Grâce à cette nouvelle variété non transgénique, issue d’un long processus de sélection, elle a pu mettre en Å“uvre le Système de riziculture intensive (SRI), une technique développée dans les années 1980 visant notamment à réduire l’inondation des rizières. Souvent jugé trop exigeante à mettre en place, elle a démontré son efficacité lors de son association à cette variété mieux adaptée au stress hydrique.- “Approche prometteuse” -“Nous avons réalisé qu’il était possible de produire du riz sans inonder. Et malgré l’utilisation de moins de semences, obtenir la même production qu’avec un système traditionnel”, explique Karla Cordero.Jaspe résiste mieux “aux tempêtes, aux inondations, aux vagues de chaleur”, ajoute-t-elle, en observant des épis dorés dans les rizières de la famille Muñoz.Semée en rangs espacés de 30 cm, la nouvelle variété à grain long n’a nécessité que la moitié des 2.500 litres d’eau généralement requis pour produire un kilo de riz.Chaque graine a donné une trentaine de plants, soit près de dix fois plus qu’une culture classique.L’objectif est de faire du Chili un modèle pour les régions “où on produit de grandes quantités de riz et où il y a des sécheresses”, note Mme Cordero.En coordination avec l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture, la technique sera testée prochainement au Brésil – plus grand producteur de riz des Amériques, en Uruguay et en Equateur. Depuis une dizaine d’années, l’économie d’eau dans la culture du riz est une priorité également “en Amérique du Nord et dans plusieurs pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est”, souligne Robert Zeigler, directeur de l’Institut international de recherche sur le riz.Au Japon, des semences sont développées pour faire face aux températures élevées, mais “pour qu’une nouvelle variété soit commercialisée, il faut quelques années de développement”, note Makiko Taguchi, experte en riziculture à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).Le projet chilien constitue “une approche prometteuse pour améliorer la production de riz tout en réduisant l’impact sur l’environnement”, note-t-elle en outre.Le riz est responsable de 10% des émissions mondiales de méthane, selon l’organisation onusienne. Fréquemment associé aux vaches, ce gaz à effet de serre est également généré par des bactéries qui se développent dans les rizières inondées.Contrairement à la tendance observée au Chili, où la sécheresse a réduit la culture du riz, la famille Muñoz multipliera sa production la saison prochaine.Et alors que Jaspe prend son envol, avec une commercialisation prochaine sur le marché national après avoir obtenu en 2023 le feu vert du ministère chilien de l’Agriculture, Mme Cordero pense déjà à son prochain défi : cultiver du riz dans les terres désertiques d’Arica, dans l’extrême nord du Chili.

La Bourse de Paris hésite, guerre commerciale et résultats au centre de l’attention

La Bourse de Paris oscille entre gains et pertes mardi, hésitante face aux développements de la guerre commerciale lancée par Washington et en pleine période de résultats d’entreprises.Vers 10H15 à Paris, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, perdait 0,13% soit une perte de 10,10 points, pour s’établir à 7.563,66 points. Lundi, ce même indice avait terminé en hausse de 0,50% à 7.573,76 points.Les marchés hésitent entre “miser sur l’espoir (d’un) allégement des tensions douanières”, ou au contraire, rester prudent face à l’incertitude qu’a entraînée la guerre commerciale quant à la résilience de l’économie mondiale, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Dimanche, le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a défendu la politique de droits de douane de Donald Trump, y voyant un moyen de créer une “incertitude stratégique” afin de donner l’avantage aux États-Unis.Invité lundi à réagir à ces propos, Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que les États-Unis devraient “mener un dialogue avec la Chine sur la base de l’égalité, du respect et des bénéfices mutuels”.La Chine a aussi assuré lundi qu’aucun appel téléphonique n’avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contrairement à ce qu’avait précédemment affirmé Donald Trump au magazine Time.La question des droits de douane, “tant qu’elle restera aussi centrale, devrait empêcher tout rebond durable des indices”, estime Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.En parallèle, les investisseurs doivent digérer une nouvelle série de résultats d’entreprises.Schneider Electric voit rougeLe géant des équipements électriques Schneider Electric dévisse à la Bourse de Paris mardi, au lendemain de la publication de résultats jugés décevants car en-dessous des attentes des analystes, malgré une forte progression de son chiffre d’affaires.Vers 10H15 à Paris, le titre cédait 7,00% à 201,90 euros.Capgemini bonditLe groupe informatique français Capgemini grimpe à la Bourse de Paris mardi après la publication de ses résultats au premier trimestre, malgré un chiffre d’affaires en recul limité de 0,4%, la société maintenant tout de même ses objectifs pour 2025.Vers 10H15 à Paris, le titre de Capgemini gagnait 7,27% à 140,10 euros, peu après s’être envolé d’environ 9%.

L’ex-ministre des Armées Florence Parly nommée présidente du conseil d’administration d’Air France-KLM

L’ancienne ministre des Armées Florence Parly est nommée présidente du conseil d’administration d’Air France-KLM, avec prise d’effet le 4 juin, à l’issue de l’assemblée générale du groupe, a indiqué mardi le groupe de transport aérien. “Sa très grande expérience du monde des affaires et des institutions, à des postes de direction dans le domaine des transports et en tant que ministre, sont des atouts remarquables pour la réussite d’Air France-KLM”, a commenté dans le communiqué du groupe l’actuelle présidente, Anne-Marie Couderc, à ce poste depuis mai 2018. Mme Couderc, ancienne ministre de Jacques Chirac, avait atteint en mai 2023 la limite d’âge pour ce poste non exécutif, mais son mandat avait finalement été prolongé d’un an lors d’une assemblée générale en juin 2024.Lors de cette même AG, les actionnaires d’Air France-KLM avaient voté à 99% en faveur de la nomination de Florence Parly au conseil d’administration du groupe, avec la présidence en ligne de mire. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait autorisé en avril 2023 Florence Parly à rejoindre le conseil d’administration d’Air France, à condition qu’elle s’abstienne jusqu’au 20 mai 2025 de “toute démarche” auprès “des services sur lesquels elle avait autorité” en tant que ministre.Énarque, ancienne conseillère de Lionel Jospin à Matignon en 1997 puis secrétaire d’État au Budget en 2000, Florence Parly connaît bien Air France, où elle a travaillé de 2006 à 2014, occupant les postes de directrice de la stratégie d’investissement, avant de devenir directrice générale adjointe, d’abord chargée de l’activité cargo avant le court-courrier. Elle avait ensuite rejoint la SNCF, puis avait été nommée ministre des Armées en juin 2017, fonction qu’elle a occupée jusqu’en mai 2022. “Malgré une situation financière qui reste à consolider, notre groupe est ressorti plus fort des crises qui se sont succédé”, a encore commenté Anne-Marie Couderc mardi, se disant “confiante pour l’avenir d’Air France-KLM”. 

Face aux fuites de données massives, la Cnil va hausser le ton, annonce sa présidente

Après une année 2024 marquée par des fuites de données personnelles “d’une ampleur inédite”, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) va exiger davantage de garanties aux détenteurs de grandes bases de données.Le régulateur, qui publie son rapport annuel mardi, va imposer aux entreprises et organismes publics qui détiennent des bases de données de plus de deux millions de personnes d’instaurer un système de double authentification, réputé plus fiable qu’un simple mot de passe.Tous les salariés, prestataires ou sous-traitants qui se connectent à distance à ces services devront non seulement s’identifier de façon classique mais également utiliser un autre moyen d’identification, comme un code reçu par SMS. “Ce qui nous préoccupe, c’est que le nombre de violations qui concernent des bases de données de plus d’un million de personnes a doublé entre 2023 et 2024”, dit à l’AFP Marie-Laure Denis, à la tête de l’institution depuis 2019.Une tendance qui s’accélère puisque l’autorité chargée de la protection de la vie privée des Français a déjà relevé plus de 2.500 violations de données au premier trimestre 2025, soit près de la moitié de ce qu’elle a enregistré sur toute l’année 2024 (5.629).Sa présidente estime que “80% des grandes violations de données” enregistrées l’an passé “auraient pu être évitées” avec la double authentification, couplée à la mise en place d’outils permettant de détecter des extractions massives de ces informations ou encore une plus grande sensibilisation des salariés.Parmi les organismes qui en ont été victimes: France Travail, l’opérateur Free, le groupe de grande distribution Auchan et les opérateurs du tiers payant Viamedis et Almerys.- “Contrôles massifs” -Après un temps d’adaptation, la patronne de la Cnil promet des “contrôles massifs” dès 2026.L’an dernier, l’autorité a plus que doublé le nombre de sanctions prononcées, passant de 42 en 2023 à 87 en 2024, pour un montant total de 55,2 millions d’euros d’amendes.Le régulateur a également commencé à contrôler l’utilisation des données personnelles par les applications mobiles, sur le même principe que celui exigeant des sites internet de proposer explicitement l’acceptation ou le refus des cookies tiers.”Il y a eu des scandales, il ne faut pas hésiter à le dire, sur l’exploitation de données sensibles sans le consentement des utilisateurs”, affirme Marie-Laure Denis, citant notamment les applications de rencontres, “qui nous ont incités à nous saisir de ce sujet”.”On va contrôler le fait que vous êtes informé de la collecte des données qui est faite quand vous téléchargez ou quand vous utilisez une application, on va contrôler si ces données sont utilisées pour la prospection publicitaire sans le consentement des utilisateurs”, a-t-elle détaillé, soulignant le fait que “chaque Français télécharge environ 30 applications par an”.- IA sous surveillance -En parallèle, la Cnil a aussi placé l’intelligence artificielle (IA) générative, technologie qui repose sur l’exploitation massive de données, souvent personnelles, au coeur de ses préoccupations.”On travaille beaucoup avec les acteurs (de l’IA) pour essayer de voir quelles technologies mettre en oeuvre, pour qu’il y ait par exemple un filtre au moment de la régurgitation des données”, indique Mme Denis, afin qu’une partie de celles-ci “puissent pouvoir être effacées”.Elle se félicite également que les utilisateurs européens des plateformes de Meta (Facebook, Instagram) puissent refuser que leurs données publiques soient utilisées afin d’entraîner l’IA du géant américain, pour peu qu’ils remplissent un formulaire en ligne d’ici au 27 mai.Alors que, selon un baromètre Ifop/Talan publié en avril, 45% des Français sondés disent utiliser l’IA générative au quotidien, la présidente de la Cnil met en garde sur les données partagées lors des échanges avec ces agents conversationnels, comme ChatGTP de l’américain OpenAI ou Gemini de Google.”Soyez très vigilants avec les données qui devraient vous paraître être un peu sensibles (…) comme des données de santé, des données bancaires, des données sur votre identité sexuelle”, insiste-t-elle. “Ne confiez pas à une IA ce que vous ne confieriez pas à quelqu’un que vous croiseriez dans la rue.”