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Mexique, Canada et Chine dans l’attente des droits de douane voulus par Trump

Le Canada, le Mexique et la Chine, les trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, sont samedi dans l’attente d’une annonce de Donald Trump confirmant les droits de douane qu’il souhaite imposer sur leurs produits.Le président américain devrait acter l’imposition de 25% de droits de douane sur les produits canadiens et mexicains, et 10% sur les produits en provenance de Chine, au-delà de ceux déjà existants, a-t-il déclaré vendredi devant des journalistes.Et “rien” ne viendra empêcher leur mise en place, a insisté le républicain.Donald Trump, arrivé à sa résidence Mar-a-Lago, en Floride, pour le week-end, s’est rendu à son golf samedi matin, sans rien programmé à son agenda officiel.Mais selon la chaîne Radio Canada, Ottawa a été informé que 25% de droits de douane seront bien appliqués, à partir de mardi, sur l’ensemble des produits entrants aux Etats-Unis, le secteur énergétique se voyant lui imposer 10%.Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, doit tenir une conférence de presse à 18H00 (00H00 GMT dimanche), ont confirmé plusieurs sources à l’AFP.”Je vais sans doute baisser les droits de douane” sur le pétrole canadien, essentiel pour l’industrie pétrolière américaine, avait déjà souligné Donald Trump vendredi: “Nous pensons les limiter à 10%”.Le président américain a justifié ces mesures en accusant les trois pays de jouer un rôle dans la crise du fentanyl, un puissant opioïde qui fait des ravages aux Etats-Unis.Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant ensuite la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière. Il reproche également au Mexique et au Canada de ne pas suffisamment contrôler les flux migratoires vers les Etats-Unis.- “Recul du PIB américain” -Justin Trudeau a assuré que son pays était “prêt à une réponse immédiate”.Samedi, Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, la plus riche province canadienne, a appelé à “répondre et répondre fort” en menaçant de limiter les exportations de métaux rares, d’énergie ou d’uranium.En campagne pour sa réélection, M. Ford a assuré que “nous disposons d’outils puissants, des outils dont l’économie et l’armée américaine dépendent”.De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a assuré avoir “avancé sur différents sujets” avec l’administration Trump et que “des accords sont trouvés tous les jours”. Mais, faute d’accord sur les droits de douane, “nous avons un plan A, B et C”, a-t-elle assuré sans apporter de détails.Pour le Mexique, qui exporte à 85% vers les Etats-Unis, une hausse généralisée des droits de douane pourrait être particulièrement rude, avec un recul de 3,6% de son PIB, a estimé Wendong Zhang, professeur à l’Université Cornell.Mais l’économie américaine elle-même serait touchée, à un moment où, portée par la consommation, elle tourne à plein régime, avec une croissance de 2,8% en 2024.Selon Gregory Daco, chef économiste pour le cabinet EY, les droits de douane prévus pourraient “entraîner un recul de 1,5% du PIB américain en 2025 et 2,1% en 2026 par rapport à nos prévisions initiales, du fait d’un ralentissement de la consommation et des investissements”, sans même parler des effets de potentielles représailles.- Et l’UE? “Absolument” -Ils pourraient également entraîner une hausse de 0,7 point de pourcentage de l’inflation sur le premier trimestre de l’année, estime-t-il, avant de voir les effets s’atténuer.D’autant que les Etats-Unis importent des deux pays voisins une longue série de produits agricoles, des avocats à la volaille, aux prix déjà en hausse.L’impact pourrait également être réel sur les automobiles, alors que le Canada et le Mexique représentent 22% des véhicules vendus dans le pays, selon S&P Global Mobility.Les prix de l’énergie pourraient aussi grimper dans le centre du pays, qui consomme beaucoup de pétrole venant du Canada, a estimé le centre de réflexion Atlantic Council.Et cela ne pourrait être que le début, car Donald Trump prépare déjà la phase suivante de sa guerre commerciale: “Est-ce que je vais imposer des droits de douane à l’Union européenne? Vous voulez la vraie réponse ou la réponse diplomatique? Absolument. L’UE nous a très mal traités”.

Est de la RDC: poursuite des combats, le Burundi craint un guerre régionale

Le conflit dans l’est de la RDC risque de se transformer en guerre régionale, a alerté à son tour samedi le président du Burundi voisin, le M23 et les troupes rwandaises continuant leur progression après avoir pris le contrôle de la grande ville de Goma.Ces dernière semaines, l’avancée fulgurante du groupe armé antigouvernemental et des forces armées de Kigali, face à des troupes congolaises dépassées, a suscité la crainte d’une propagation du conflit. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dit jeudi son inquiétude d’un embrasement régional. “Si l’est du Congo n’a pas la paix, la région n’a pas la paix”, a aussi mis en garde le président burundais Evariste Ndayishimiye dans une vidéo postée sur sa chaîne YouTube. “Ce n’est pas le Burundi seulement, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, c’est toute la région, c’est une menace”, a-t-il poursuivi avant d’ajouter que son pays n’allait pas “se laisser faire”.Au moins 10.000 soldats burundais ont été déployés depuis octobre 2023 dans l’est de la RDC, dans le cadre d’un accord de coopération militaire avec Kinshasa.L’armée ougandaise, déjà présente dans la région, a pour sa part annoncé vendredi qu’elle allait “renforcer ses défenses”. Après avoir conquis la capitale de la province du Nord-Kivu où ils sont entrés il y a près d’une semaine, les combattants du M23 (“Mouvement du 23 mars”) et les forces rwandaises progressent désormais dans la province voisine du Sud-Kivu.Samedi, des affrontements ont été signalés dans des villages proches de la cité minière de Nyabibwe, à une centaine de km de Bukavu et environ 70 km de l’aéroport le plus proche, selon des sources locales.- épidémies -Sur le marché de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu où vivent un million d’habitants, certains commerçants et clients faisaient part de leurs craintes.”Le M23 a dit qu’après avoir occupé Goma, ils vont venir ici chez nous au Sud-Kivu, c’est pourquoi nous avons peur car nous ne savons ni le jour ni l’heure”, a dit à l’AFP une vendeuse, Henriette Butuna. “Nous achetons pour faire des stocks à la maison”, a confié une cliente, Josée Zabibu.Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller ses nombreuses richesses naturelles dans la région. Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.A Goma, les combats ont cessé, mais la ville souffre désormais de pénuries de carburant et de liquidités. Dans une lettre aux dirigeants africains datée de vendredi, le chef de l’Africa CDC Jean Kaseya a par ailleurs mis en garde contre le risque d’épidémies. “Si aucune mesure décisive n’est prise, ce ne seront pas seulement les balles qui feront des victimes, mais la propagation incontrôlée d’épidémies majeures et de pandémies potentielles qui viendront de cette région fragile”, a-t-il alerté.Le dernier variant du virus du mpox, qui s’était rapidement propagé dans de nombreux pays à travers le monde l’an dernier, avait été détecté la première fois dans le Sud-Kivu.  – départ de déplacés -Des milliers d’habitants qui avaient fui leurs villages face à l’avancée du M23 ont commencé à quitter les camps de déplacés installés dans la périphérie de Goma, a indiqué le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Selon des sources humanitaires, certains des sites au nord de la ville sont déjà vides.Le M23 et les troupes rwandaises ont pris le dessus en quelques semaines sur une armée congolaise mal équipée. Les autorités congolaises recrutent à la hâte depuis vendredi des “volontaires” sans formation pour intégrer des milices pro Kinsahsa.Au moins 700 personnes ont été tuées et 2.800 blessées lors des combats pour le contrôle de Goma entre dimanche et jeudi, a dit vendredi un porte-parole de l’ONU.L’offensive sur Goma a suscité de nombreux appels internationaux à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises. Les initiatives diplomatiques pour régler le conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont pas abouti.Lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Harare vendredi, les pays membres ont affirmé leur “engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale”.burx-blb/cld/sba

L’ex-président de l’Allemagne et ancien directeur du FMI Horst Koehler est mort

L’ancien président de l’Allemagne et ancien directeur général du Fonds monétaire international Horst Koehler est décédé samedi à l’âge de 81 ans. Le chrétien-démocrate économiste de formation “est décédé tôt ce matin à Berlin (…) après une courte et grave maladie, entouré de sa famille”, a indiqué la présidence allemande.”Avec Horst Köhler, nous perdons une personne très appréciée et extrêmement populaire, qui a accompli de grandes choses – pour notre pays et dans le monde”, a écrit le président fédéral du pays Frank-Walter Steinmeier dans une lettre de condoléances adressée à la veuve de M. Koehler.Angela Merkel, qui fut chancelière de 2005 à 2021, a salué l’attitude “joyeuse, optimiste et intrépide” de Koehler. “Il a rendu des services exceptionnels à l’Allemagne”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.Le chancelier social-démocrate allemand Olaf Scholz a de son côté salué la mémoire d’un “homme politique engagé qui tout au long de sa vie a oeuvré en faveur d’un monde plus juste”, sur X.  Horst Koehler a été président de l’Allemagne de 2004 à 2010, une fonction essentiellement honorifique dans ce pays, après avoir été directeur général du FMI de 2000 à 2004 et président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) de 1998 à 2000. L’ONU avait annoncé en 2019 sa démission “pour raison de santé” de ses fonctions d’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, qu’il occupait depuis 2017.A ce poste, M. Kohler avait essayé de relancer la recherche d’une solution pour l’ancienne colonie espagnole contrôlée majoritairement par le Maroc mais revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario.Après six ans d’interruption de dialogue, il avait réussi à faire reprendre langue aux parties concernées, notamment en réunissant en Suisse à deux reprises -en décembre puis en mars- le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. En 2004 Horst Kohler était devenu le premier président allemand à n’avoir pas fait carrière en politique mais à être issu du monde de l’économie.”Horst qui?” avait alors surnommé le tabloïd Bild cet homme plus familier des chefs d’Etat et des organisations internationales que des Allemands pour lesquels il restait alors largement inconnu. Horst Kohler a toutefois été élu en 2004 par une assemblée de grands électeurs où l’opposition au chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder était majoritaire.- Accent sur l’Afrique – Pour être élu président cet homme discret avait démissionné de son poste de directeur général du FMI, où son plus gros dossier a été la gestion de la crise financière en Argentine.Elu pour un second mandat de président fédéral en 2009 il avait créé la surprise en démissionnant l’année suivante après avoir semblé justifier l’intervention militaire allemande en Afghanistan par la défense d’intérêts économiques. Ces propos avaient fait scandale dans un pays majoritairement pacifiste.Entre temps il a toutefois acquis une stature politique dans son pays en dénonçant par exemple les salaires des grands patrons ou le “monstre” constitué selon lui par les marchés financiers. Sur la scène internationale, il a mis l’accent sur le partenariat avec l’Afrique.Cet homme grand et sportif affichait modestie et ton personnel lors de ses rencontres publiques.L’ancien secrétaire d’Etat aux Finances sous le chancelier conservateur Helmut Kohl a également joué un rôle clé dans l’unification monétaire de l’Allemagne le 1er juillet 1990, quand la RDA a adopté le Mark-ouest.Il a également eu un rôle important dans les négociations sur l’aspect financier du retrait des troupes soviétiques de la RDA et s’était imposé dans les sommets économiques internationaux comme le “sherpa” d’Helmut Kohl.Il avait également préparé l’introduction de l’euro dans un pays qui voyait d’un très mauvais oeil la disparition du sacro-saint Deutsche Mark. Il a aussi participé à l’élaboration du Pacte de stabilité et de croissance européen.M. Köhler est né en 1943 de parents allemands originaires de Bessarabie roumaine qu’ils ont dû quitter pour se réfugier en Pologne occupée, après que la Roumanie a dû céder ses territoires orientaux à l’Union soviétique. Fuyant l’Armée rouge à la fin de la guerre, la famille s’était installée en Allemagne de l’Est, avant de fuir à nouveau à l’Ouest en 1953.

RDC: le Burundi craint un conflit régional, urgence sanitaire à Goma

Le conflit dans l’est de la RDC risque de se transformer en guerre régionale a alerté le président du Burundi voisin samedi, près d’une semaine après l’entrée du M23 et des troupes rwandaises dans Goma, sous la menace d’une crise sanitaire.Après avoir conquis la capitale de la province du Nord-Kivu où ils sont entrés dimanche, les combattants du groupe armé antigouvernemental et les forces de Kigali ont progressé ces derniers jours dans la province voisine du Sud-Kivu, faisant planer une possible menace sur son chef-lieu Bukavu.”Si l’est du Congo n’a pas la paix, la région n’a pas la paix”, a mis en garde le président burundais Evariste Ndayishimiye dans une vidéo postée sur sa chaîne YouTube officielle. “Ce n’est pas le Burundi seulement, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, c’est toute la région, c’est une menace”, a-t-il poursuivi avant d’ajouter que son pays n’allait pas “se laisser faire”.Dans le conflit qui ravage l’est de la RDC depuis plus de trois ans et s’est accéléré ces dernières semaines, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller ses nombreuses richesses naturelles dans la région.Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.Dans une lettre aux dirigeants africains datée de vendredi, le chef de l’Africa CDC Jean Kaseya a mis en garde contre le risque d’épidémies. “Si aucune mesure décisive n’est prise, ce ne seront pas seulement les balles qui feront des victimes, mais la propagation incontrôlée d’épidémies majeures et de pandémies potentielles qui viendront de cette région fragile”, a alerté M. Kaseya.Le dernier variant du virus du mpox, qui s’était rapidement propagé dans de nombreux pays à travers le monde l’an dernier, avait été détecté la première fois dans le Sud-Kivu.Selon des journalistes de l’AFP à Goma, la ville souffre désormais de pénuries de carburant et de liquidités. Dans la cité sous son contrôle, le M23 a promis d’installer sa propre administration. Dans le centre-ville, des marchés ont néanmoins rouvert. Des commerçants installent leurs étals, des femmes transportent des brassées de feuilles de manioc et de bananes.- “Intégrité territoriale” -Le M23 et les troupes rwandaises ont pris le dessus en quelques semaines sur une armée congolaise mal équipée. Les autorités congolaises recrutent à la hâte depuis vendredi des “volontaires” sans formation pour intégrer des milices pro Kinsahsa.Le président congolais Félix Tshisekedi a promis cette semaine dans un message à la nation “une riposte vigoureuse”.Depuis la chute de Goma, le groupe armé et les soldats rwandais ont progressé dans la province voisine du Sud-Kivu vers Kavumu. Cette localité abrite un aéroport militaire stratégique et l’armée congolaise y a établi sa principale ligne de défense, à 40 km au nord de la ville de Bukavu et son million d’habitants, selon des sources locales.L’armée ougandaise, déjà présente dans l’est de la RDC, a annoncé vendredi qu’elle allait “renforcer ses défenses”. Au moins 700 personnes ont été tuées et 2.800 blessées lors des combats pour le contrôle de Goma entre dimanche et jeudi, a dit vendredi un porte-parole de l’ONU.Sur le plan diplomatique, les initiatives se poursuivent pour tenter de trouver une issue à une crise. L’offensive sur Goma a suscité de nombreux appels internationaux à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises. Lors d’un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Harare vendredi, les dirigeants des États membres ont affirmé leur “engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale”.Les combats ont par ailleurs aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l’ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier.burx-blb/cld/cm

Concerts: pour l’industrie du live, la délicate équation de la tarification dynamique

En oeuvre dans l’aérien, le ferroviaire ou le sport, la fluctuation des prix appelée tarification dynamique représente un outil pour “maximiser” les recettes de billetterie et le remplissage des salles de concerts, défendent des acteurs du spectacle vivant.”On n’aura pas le choix, ça viendra en France !”, lance Olivier Darbois, directeur général de Corida, filiale du groupe Because qui produit les tournées d’artistes français (Justice, Juliette Armanet…) et internationaux de passage en France (Eric Clapton, Rosalia…).Face aux coûts des concerts en hausse et des shows toujours plus spectaculaires et donc plus chers, l’industrie du live lorgne sur la tarification dynamique comme levier de recettes supplémentaires. “Il faut en parler sans tabou” et “l’encadrer de façon à ce que ça soit acceptable par les publics”, revendique le producteur, également président du syndicat Ekhoscènes, voix des entrepreneurs du spectacle vivant privé.La réflexion a fait l’objet d’une table ronde vendredi au Midem à Cannes, salon professionnel géré par Live Nation, l’un des deux géants de l’événementiel – avec AEG – connu pour opérer en billetterie via Ticketmaster.La plateforme se trouve sous le coup d’une enquête de l’autorité britannique de la concurrence, après le fiasco de la vente de billets par tarification dynamique pour la tournée du groupe reformé Oasis.Un cas “très mal géré”, balaie M. Darbois, qui rejette une application “ultra libérale et ultra sauvage”.La tarification dynamique nécessite en outre l’accord sine qua none de l’artiste, martèle-t-il, affirmant que ce ne sont “ni la salle, ni le producteur, ni les plateformes de vente qui imposeront ce système”.En France, Indochine a fait connaître sa position après l’envolée des prix pour la tournée d’Oasis sur les sites de vente officiels et de revente non officiels: son leader Nicola Sirkis a déclaré à la radio-télévision belge RTBF que cette stratégie représentait le “capitalisme à outrance”.- “Remplissage” -“Ce qui me gêne le plus dans cette communication de la tarification dynamique, c’est qu’on a l’impression que la problématique est d’augmenter les prix de 50%: ce n’est absolument pas le cas”, nuance Xavier Pierrot, directeur délégué de la LDLC Arena, près de Lyon.”Notre première des priorités, c’est d’augmenter le remplissage, pas d’augmenter les prix”, assène-t-il. En clair: tout mettre en oeuvre pour que “la salle soit pleine” car des places non vendues ou laissées vides par des spectateurs ne se présentant pas sont un manque à gagner pour l’ensemble des parties prenantes.La tarification dynamique doit permettre d’ajuster le prix des places “à la hausse ou à la baisse”, avance même M. Pierrot, qui a officié auparavant pour la billetterie du club français de football Olympique lyonnais.”Optimiser le remplissage” ne signifie pas faire du profit “à tout prix”, abonde Frédéric Longuépée, PDG de Paris La Défense Arena, plus grosse salle indoor d’Europe, qui a piloté les activités commerciales du tournoi de tennis Roland-Garros puis du club de foot Paris Saint-Germain.- “Sanctuaire culturel” -La tarification dynamique a en réalité autant d’enjeux que de déclinaisons.Son application revêt diverses formes: annoncer de façon plus transparente l’évolution des prix, jouer sur les catégories de places, augmenter la capacité d’une salle, associer à un tarif plus élevé une meilleure expérience client ou encore améliorer le marché de la revente pour mieux en capter la valeur… au lieu de la laisser aux mains de sites peu scrupuleux.Reste “le sanctuaire culturel” français, reconnaît le patron de Paris La Défense Arena auprès de l’AFP, conscient qu’il y a “plus d’affect dans la musique que l’aérien”, “parce que les fans y mettent leur cÅ“ur”.”Mais je pense qu’il ne faut pas tourner le dos aux nouvelles pratiques. Le monde étant ce qu’il est, c’est-à-dire global, préparons-nous pour que nous puissions l’adapter aux spécificités culturelles françaises, plutôt que de le subir”, encourage M. Longuépée.Pour ces acteurs, une chose est sûre: la tarification dynamique ne déferlera pas sur les salles de concert mais s’installera progressivement, à géométrie variable selon les conditions d’un marché français qui n’est pas une copie du modèle anglo-saxon.

RDC: pour mettre la pression sur le Rwanda, les Européens face au dilemme des sanctions

Face à l’escalade militaire dans l’est de la RDC, où le groupe armé M23 et les forces rwandaises continuent à progresser, les Européens hésitent sur des sanctions pour renforcer la pression sur Kigali.Si de nombreuses capitales européennes ont condamné l’offensive éclair qui a conduit à la prise de Goma, la grande ville de l’Est congolais, elles cherchent encore une réponse coordonnée après l’échec de la médiation angolaise pour le compte de l’Union africaine.Le 25 janvier, l’Union européenne (UE) a brandi la menace de sanctions réclamées à cor et à cri par Kinshasa, affirmant qu’elle “examinera tous les outils à sa disposition afin de demander des comptes aux responsables du maintien du conflit”.Les dirigeants des Vingt-Sept espèrent ainsi négocier un cessez-le-feu rapide, avant une hypothétique reprise du dialogue.La Belgique “joue un rôle moteur pour convaincre de sévir tous azimuts contre le Rwanda”, souligne à l’AFP un diplomate en poste dans la région des Grands Lacs.Bernard Quintin, ministre belge des Affaires étrangères, a affirmé cette semaine avoir appelé ses homologues européens à des “mesures concrètes”, seul moyen selon lui d’avoir un “impact significatif”, lors d’une réunion à Bruxelles. De nouvelles sanctions ciblées (gels d’avoirs, interdiction de voyager…) sont à l’étude – plusieurs visent déjà des responsables du M23 et des officiers rwandais impliqués en RDC.- “Processus lent” -Mais c’est un “processus lent, lourd”, qui nécessite une adoption à l’unanimité du Conseil de l’UE, “et nous n’y sommes pas encore”, confie un diplomate européen.Parmi les autres options, la suspension du partenariat UE-Rwanda sur les matières premières critiques signé en février 2024.Ce partenariat avait suscité l’ire du président congolais Félix Tshisekedi, qui accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources minières de l’Est congolais – ce que Kigali dément.”C’est comme si l’Union européenne nous faisait la guerre par procuration”, avait-il lancé, “tout le monde sait que le Rwanda n’a même pas un gramme de ces minerais dits +critiques+ dans son sous-sol”.Autre possibilité: revoir “la Facilité européenne pour la paix dite +Cabo Delgado+”, qui prévoit un soutien financier pour le déploiement de l’armée rwandaise dans la lutte antijihadiste au Mozambique. Kigali avait reçu à ce titre une nouvelle aide de 20 millions d’euros en novembre. Toutefois, de telles mesures sont loin de faire l’unanimité à ce stade, selon plusieurs sources.L’une d’elles, à Bruxelles, estime que “de toutes façons, des sanctions n’auraient aucun effet sur le terrain. Il est déjà trop tard”.La France, qui entretient de bons rapports avec les deux pays impliqués, est très active sur le dossier et semble privilégier pour l’instant une “diplomatie de coulisses” plutôt que coercitive.Emmanuel Macron s’est entretenu au téléphone avec les présidents Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame ainsi qu’avec leurs homologues de la région (Angola, Burundi, Ouganda…).Son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est rendu à Kinshasa et Kigali jeudi et vendredi pour demander à nouveau le retrait des forces rwandaises de RDC et la cessation des hostilités.- “Partenaire précieux” -“Nous avons fait un gros travail de rapprochement depuis 2019 sur les questions mémorielles avec le Rwanda (la France a reconnu ses responsabilités “lourdes et accablantes” dans le génocide des Tutsis de 1994, ndlr), c’est devenu un partenaire important, personne ne veut se le mettre à dos”, souligne par ailleurs une source française.Londres a certes menacé de couper son aide au développement, mais d’autres hésitent à bousculer Paul Kagame, qui dirige son pays d’une main de fer tout en le développant à un rythme spectaculaire depuis 30 ans. Avec un rôle de leadership régional important aux plans économique, diplomatique et militaire.”Le Rwanda est vu comme un partenaire sécuritaire précieux, un pays africain qui règle des problèmes africains” au Mozambique notamment, mais aussi en Centrafrique où ses soldats sont vus d’un bon oeil pour contrer l’influence russe de Wagner, rappelle-t-on à Bruxelles. C’est aussi l’un des principaux contributeurs aux missions de maintien de la paix de l’ONU dans le monde.Si les Etats-Unis ont eux aussi évoqué des sanctions, l’arrivée de la nouvelle administration “ne facilite pas leur implication sur ce dossier, si tant est qu’ils aient envie de s’en saisir”, ajoute la source française.Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, certains doutent qu’un consensus se dégage pour sévir contre Kigali, en raison de l’opposition probable de la Chine et de la Russie. Les pays africains siégeant au conseil (Algérie, Somalie, Sierra Leone) ont également opposé un blocage ces dernières semaines, refusant de citer nommément le Rwanda avant d’infléchir leur position.Mercredi, le Congolais Tshisekedi a dénoncé le manque de soutien envers son pays. “Votre silence et votre inaction (…) constituent un affront”, a-t-il accusé.

La facture d’électricité baisse d’environ 15% pour la plupart des ménages

Après deux ans de hausses successives, une baisse moyenne de 15% des prix de l’électricité entre en vigueur ce samedi pour plus de 24 millions d’abonnés au tarif réglementé, une première depuis dix ans. Cette baisse concerne les quelque 20,4 millions de foyers au “tarif bleu” d’EDF (60% des 34 millions d’abonnés résidentiels) auxquels s’ajoutent les 4 millions d’abonnés indexés sur ce tarif.Pour les 10 millions d’abonnés qui ne dépendent pas des tarifs réglementés de vente (TRV), mais sont en offre de marché, tout dépendra de leurs fournisseurs, qui restent libres de répercuter ou non les deux fortes hausses prévues le 1er février pour tous les consommateurs (en TRV ou non) côté taxes et acheminement.Ces clients en offre de marché ont déjà bénéficié depuis plus d’un an de la forte baisse des cours de l’électricité sur les marchés de gros. Et même si leur avantage par rapport au TRV devrait se réduire, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) s’attend à ce que leurs offres restent “compétitives”. Plusieurs fournisseurs ont annoncé qu’elles resteraient moins chères que le tarif réglementé.Au tarif réglementé, l’ampleur de la ristourne dépend du type d’offre.En tarif “Base”, la baisse sera ainsi de 14,5%. Les abonnés en heures creuses/heures pleine bénéficieront eux d’une baisse de 16%, soit une économie annuelle de 651 euros pour une maison de 4 personnes en cuisson-chauffage-eau chaude.Mais elle se limite à 2% pour les abonnés en option Tempo (qui propose des tarifs réduits en échange d’une baisse de consommation certains jours).EDF appliquera la baisse sur les mensualités de tous ses clients mensualisés “dès le mois de mars et au plus tard à l’été”, a indiqué le fournisseur historique à l’AFP. La facture se compose de trois volets: le coût de l’énergie en elle-même, les taxes et l’acheminement.C’est la première composante, avec le fort repli des cours de l’électricité sur les marchés, qui permet d’amortir les hausses des taxes et du coût de l’acheminement, et de faire baisser la facture. Au 1er février, la part acheminement augmentera de 12,9% tandis que les taxes gouvernementales vont remonter d’environ 50% par rapport à leur niveau actuel, actant la fin du bouclier tarifaire mis en place pendant la crise énergétique.Cette première baisse des tarifs réglementés de l’électricité depuis dix ans ne compense pas les fortes hausses des deux dernières années : entre février 2022 et février 2024, l’augmentation moyenne a atteint 44% malgré le bouclier tarifaire.

Le Livret A moins rémunérateur: son taux baisse à 2,4%

Le Livret A rapporte moins à ses propriétaires à partir de samedi: après être resté pendant deux ans à 3%, son taux descend à 2,4%, reflétant le ralentissement de la hausse des prix l’an dernier.Le taux fixé pour ce produit d’épargne très populaire, revu deux fois par an, est aussi valable pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS).Le ministre de l’Economie Eric Lombard avait avalisé mi-janvier les propositions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, de baisser le taux du Livret A jusqu’à 2,4% et de ramener celui du Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux épargnants ne dépassant pas un certain niveau de revenus, à 3,5%, contre 4% aujourd’hui. Cette baisse du taux du Livret A est inédite depuis début 2020, et depuis 2009 par son ampleur.”Après la baisse de l’inflation, ces nouveaux taux protègent l’épargne des Français”, avait déclaré M. Lombard au moment de son annonce.Le taux du Livret A est calculé à partir de la moyenne semestrielle du taux d’inflation (hors tabac) et des taux d’échanges entre les banques, mais le taux de ce compte épargne préféré des Français étant éminemment politique, il a fait l’objet de fréquentes dérogations ces dernières années.Il avait ainsi été fixé à 3% début 2023. Le ministre de l’Economie de l’époque, Bruno Le Maire, s’était engagé six mois plus tard à ce qu’il ne soit pas revu en baisse avant janvier 2025.Les intérêts versés en 2024 sur les deux livrets défiscalisés, Livret A et LDDS, ont atteint un record, à 16,80 milliards d’euros, selon la Caisse des dépôts (CDC).A ces intérêts records s’ajoutent les dépôts des épargnants français qui ont excédé les retraits, produisant ainsi un excédent de 21,42 milliards d’euros déposés sur ces deux livrets.Cela porte l’encours total de ces deux produits d’épargne à 603,1 milliards d’euros au 31 décembre 2024, en hausse de 38,2 milliards d’euros par rapport à 2023 (+6,8%).La baisse du taux du Livret A offre un bol d’air aux acteurs qui le rémunèrent, c’est-à-dire les banques et la CDC, que M. Lombard dirigeait jusqu’à sa nomination comme ministre fin décembre.

Laver les bouteilles et les réutiliser plutôt que les casser pour les recycler

Une petite coopérative engagée vient de réussir, avec des moyens limités, à ouvrir près de Toulouse une usine de lavage de bouteilles en verre qui permet leur réemploi, un procédé plus respectueux de l’environnement et moins consommateur d’énergie que le recyclage.”Au lieu de casser une bouteille pour la faire fondre dans des fours très énergivores, on la lave. Cela permet d’économiser 80% de CO2″, résume Jodie Martin, 34 ans, directrice de Consign’Up, la voix couverte par le bruit de l’énorme laveuse achetée d’occasion en Italie.Les cinq autres personnes qui travaillent pour la coopérative, dont quatre femmes de moins de 30 ans, s’affairent dans le froid du hangar, à Portet-sur-Garonne, casques anti-bruit aux oreilles, autour des machines ou tapis roulants transportant les bouteilles en file indienne.Deux d’entre elles poussent des caisses grillagées à roulettes contenant des centaines de bouteilles sales récupérées par les magasins partenaires après avoir été consignées à 30 centimes l’unité, une pratique autrefois répandue en France, qui a disparu dans les années 80.Introduites manuellement dans la laveuse de plus de 6,5 mètres de long et 2,5 mètres de haut, ces bouteilles y “sont trempées dans un bain à 80°, désinfectées, puis rincées trois fois”, détaille en souriant Charlotte Rabinovitch, 26 ans, responsable technique de la coopérative.- Trente utilisations -Après un séchage automatique, l’œil humain est mis à contribution: “Devant ce tableau lumineux, on va scruter chaque bouteille pour s’assurer qu’il n’y a pas de résidu, d’étiquette ou d’ébrèchement”, explique Jodie Martin, blouse blanche et charlotte réglementaire sur la tête.Enfin, les bouteilles sont mises en palette et recouvertes d’un tissu en plastique que Charlotte Rabinovitch, ingénieure agronome de formation, scelle au chalumeau.Ce procédé permet de réutiliser un contenant jusqu’à 30 fois, alors que la fabrication de bouteilles en verre recyclé nécessite une température de plus de 1.000° pendant plusieurs heures et l’ajout de matières premières vierges, souligne Jodie Martin.Des études de l’Agence de la transition écologique (Ademe), dont notamment une datant de 2023, font aussi ressortir l’intérêt écologique de la réutilisation des contenants en verre.C’est également le cas de celle, souvent citée par les professionnels du secteur, réalisée en 2009 en Alsace, selon laquelle le réemploi peut permettre d’économiser 76% d’énergie et produire 79% de gaz à effet de serre en moins.Cependant, observe Jodie Martin, le recyclage est davantage aidé que le réemploi.Ainsi, la coopérative doit augmenter rapidement son activité pour atteindre son seuil de rentabilité. Elle espère passer des 500.000 bouteilles de vin, bière ou jus de fruits qu’elle compte laver en 2025 à plus d’un million en 2026.- Besoin de soutien -Dans ce contexte, poursuit Jodie Martin, les éco-organismes, comme Citeo, qui perçoivent des contributions des entreprises pour organiser le traitement des déchets et limiter leur volume “commencent à nous soutenir, mais on a besoin que ce soutien se développe”.Depuis 2023, Citeo consacre annuellement 5% des contributions perçues au développement du réemploi, selon l’éco-organisme.D’une manière générale, pour le réemploi des emballages en France, “on est sur une trajectoire qui monte, mais pas à la hauteur des objectifs. Il faut encore progresser”, explique à l’AFP Véronique Mathevon, chargée de l’économie circulaire à l’Ademe Occitanie.”En 2023, tout emballage confondu, l’objectif de réemploi était de 5% au niveau national, mais on était plutôt à 2,5%”, note-t-elle, précisant que le réemploi du verre, bien que plus important que celui d’autres matières, reste loin derrière le recyclage.”On attend un peu plus de mobilisation du gouvernement”, résume Cloé David, 24 ans, responsable de la logistique, alors qu’elle apporte une palette à des livreurs. Également ingénieure agronome de formation, elle tient beaucoup aux “valeurs” de la coopérative: “Plus que la rentabilité, on cherche à avoir un projet qui ait du sens”.”Partager ces valeurs nous a permis de créer une cohésion d’équipe vraiment très forte”, conclut-elle, enthousiaste.

USA: le contrôle aérien sous le microscope après la collision à Washington

La collision entre un avion de ligne et un hélicoptère militaire à Washington mercredi soir a révélé au grand public les problèmes de sous-effectif latent dans le contrôle aérien aux Etats-Unis, où les équipements sont aussi souvent vieux et parfois même complètement obsolètes.Le syndicat des contrôleurs aériens se plaignait encore, pas plus tard que mi-décembre lors d’une audition parlementaire, de moult maux.De son côté, un membre du Bureau de la responsabilité du gouvernement (GAO) – organisme d’audit du Congrès – craignait que le retard technologique pris par l’agence de l’aviation civile (FAA) ne la place dans une situation critique, face à la forte hausse du trafic aérien.Une mise à niveau “sera le travail de nombreuses années et nécessitera des milliards de dollars”, relevait Kevin Walsh, membre du GAO, devant une commission sénatoriale.L’enquête sur la collision, qui a fait 67 morts, ne fait que commencer mais les critiques envers l’agence de contrôle aérien (ATC) n’ont pas tardé à fuser.Ses difficultés ne datent en réalité pas d’aujourd’hui et des velléités de privatisation ont émergé périodiquement au fil des ans, et encore récemment par des conservateurs en amont de la seconde présidence de Donald Trump.L’institut juridique de droite Cato qualifiait fin 2024 le système de l’ATC de “vieillot, mal géré et… se dirigeant tout droit vers une crise”, estimant qu’il était tout désigné pour une privatisation dans le contexte d’une Maison Blanche conseillée par le milliardaire Elon Musk et son projet de réduire les dépenses publiques.Mais, pour Andy Busch, professeur de civisme américain à l’université du Tennessee, la situation actuelle pourrait au contraire inciter les parlementaires “à prendre du recul et à faire preuve de prudence”.- “Mis à niveau” -Selon Michael McCormick, qui a travaillé pour la FAA dans le contrôle aérien, les précédentes initiatives de privatisation ont échoué face à l’opposition du secteur.”Ce tragique accident va, à coup sûr, attirer les projecteurs sur le dispositif de contrôle aérien et pourrait, au final, aboutir à un niveau adéquat de financements pour que le dispositif puisse être mis à niveau et entretenu”, explique-t-il à l’AFP.Selon lui, les technologies les plus modernes ont déjà permis à l’ATC de passer à un système d’observation s’appuyant sur les satellites.Mais un manque de fonds a privé les systèmes secondaires, avec pour conséquence par exemple une panne en janvier 2023 qui a paralysé le ciel des Etats-Unis, rappelle Michael McCormick.La pénurie durable de personnel s’explique en partie, d’après lui, par le départ obligatoire à la retraite à 55 ans et par des blocages budgétaires réguliers – les “shutdown” – qui ont entravé les recrutements. Ces problèmes se sont aggravés avec la pandémie, qui a gelé toute formation des mois durant.Une situation fréquemment dénoncée par les compagnies aériennes, désireuses d’augmenter leurs programmes de vols face à la forte demande de voyages de loisirs et d’affaires.Des centres névralgiques de correspondance comme New York ou Miami sont particulièrement affectés par le manque de personnel, n’ayant que deux-tiers voire moins des contrôleurs nécessaires. – “Faire retomber la pression” -La FAA a levé des restrictions sur les créneaux de vols dans les aéroports new-yorkais pour permettre aux compagnies de réduire le nombre de vols en échange de l’utilisation d’avions plus grands.Cette initiative de l’été 2023, a été reconduite jusqu’en octobre 2025. Signe probablement que le régulateur s’attend à ce que la pénurie perdure.En septembre 2023, l’organisation du trafic aérien et le syndicat national des contrôleurs aériens (NATCA) avaient évalué à plus de 3.000 le nombre de contrôleurs manquants dans les tours des aéroports américains.Ils étaient environ 10.800 fin 2024. La FAA en a recruté 1.500 en 2023, plus de 1.800 en 2024 et l’objectif est d’en embaucher 2.000 de plus en 2025, avait précisé le ministère des Transports en décembre.L’organisme Airlines for America, qui rassemble les plus grandes compagnies aériennes américaines, oeuvre avec la FAA et les universités pour accroître le nombre d’établissements de formation afin de ne plus compter que sur le centre de la FAA.L’université Louisiana Tech a récemment reçu le feu vert pour ajouter, dès ce printemps, un premier cursus de quatre ans, avant d’aller plus loin.La FAA “souhaite vraiment que nous nous lancions dans le programme”, explique Matthew Montgomery, responsable de la branche aviation professionnelle à Louisiana Tech. “Elle veut davantage de monde pour faire retomber la pression”.