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Guerre commerciale: la Banque du Japon abaisse de moitié sa prévision de croissance

La Banque du Japon (BoJ), laissant ses taux inchangés malgré une inflation persistante, a abaissé jeudi de moitié sa prévision de croissance pour la quatrième économie mondiale, assombrie par l’impact de la guerre commerciale.A la suite d’une réunion de deux jours, l’institution a maintenu à 0,5% son taux directeur: un statu quo largement attendu face à une conjoncture déjà précaire et fragilisée par l’offensive douanière engagée par le président américain Donald Trump.La Banque du Japon a pris acte de cet assombrissement de l’horizon économique: elle ne table plus que sur une croissance du PIB japonais de 0,5% sur l’année budgétaire 2025 entamée début avril, contre 1,1% prévu précédemment.Elle a également abaissé sa prévision pour la croissance économique de l’année suivante (année fiscale 2026), à 0,7% contre 1,1% attendu jusqu’alors.”L’introduction de taxes douanières de grande envergure devrait avoir un impact sur l’activité commerciale mondiale, et les incertitudes accrues entourant ces politiques sont susceptibles d’avoir un impact important sur le moral des entreprises et des ménages dans le monde entier, ainsi que sur les marchés financiers et marchés de capitaux”, s’alarme l’institution.”La croissance économique du Japon devrait ralentir, les politiques commerciales entraînant l’essoufflement économique des autres pays et pénalisant les bénéfices des entreprises nationales”, insiste-t-elle dans son rapport trimestriel.”L’incertitude demeure (…) Même si le cadre des droits de douane se finalise il s’agira toujours d’une mise en Å“uvre de mesures d’une ampleur sans précédent” aux conséquences difficiles à prévoir, a averti le gouverneur de la BoJ Kazuo Ueda.-Inflation tenace-Ces prévisions maussades sont publiées alors que le négociateur japonais est de nouveau à Washington ce jeudi pour reprendre les discussions sur les droits de douane massifs.Proche allié de Washington, le Japon est visé depuis début avril par des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile et l’acier. Or, l’automobile a représenté l’an dernier environ 28% des exportations japonaises à destination des Etats-Unis, et représente un emploi sur huit dans le pays.Le Japon est par ailleurs menacé d’une surtaxe “réciproque” de 24% sur toutes ses exportations, mise en pause jusqu’à début juillet.”Après plus d’un an des communications de la BoJ insistant sur la bonne santé et l’amélioration de l’économie nippone malgré des indicateurs concrets indiquant le contraire, ce changement de ton est notable et suggère que la banque centrale fera preuve de prudence dans les mois à venir”, observe Stefan Angrick, de Moody’s Analytics.Afin de contrer le retour de l’inflation au Japon depuis deux ans et demi, la BoJ a entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante où ils étaient restés quasiment nuls. Elle les a relevés par deux fois l’an dernier, puis en janvier.Mais la prudence de l’institution face aux incertitudes économiques a semblé éloigner la perspective de nouvelles hausses de taux: ce qui a fait décrocher le yen de 1% face au dollar jeudi.Pour autant, la BoJ pourrait reprendre ses relèvements de taux plus tard dans l’année face à une inflation toujours tenace: la hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) a encore accéléré à 3,2% sur un an en mars.Et l’inflation sous-jacente, corrigée des prix volatils de l’énergie et des aliments frais, s’est hissée à 2,9% -très au-delà de la cible d’environ 2% fixée par la BoJ. L’institution table pour 2025 sur une inflation sous-jacente moyenne de 2,2%.”L’inflation semble persistante”, notamment maintenue par les prix de l’énergie, après la réduction des aides publiques aux ménages pour les facteurs énergétiques, insiste M. Angrick, tout en reconnaissant que le calendrier des prochaines hausses de taux reste incertain.”Les marchés estiment toujours qu’une nouvelle hausse des taux d’ici fin 2025 est plus que probable”, rappelle Marcel Thieliant, expert de Capital Economics.”Nous pensons que l’impact économique des tensions commerciales ne sera pas aussi sévère que redouté: le corollaire est que la Banque est également trop pessimiste quant aux perspectives d’inflation”, poursuit-il.M. Angrick se veut plus prudent: “Un retour aux niveaux douaniers d’avant Trump n’est probablement pas à l’ordre du jour: l’économie nippone, déjà fragile avant le début de la guerre commerciale, va se détériorer considérablement au second semestre”, ce qui pourrait retarder de nouvelles hausses de taux à l’an prochain, juge-t-il.

Les immatriculations de Tesla continuent de s’effondrer en France en avril (-59%)

Les immatriculation de Tesla ont continué de chuter en France en avril, avec une baisse de près de 60% par rapport au même mois il y a un an, dans un marché des voitures électrique qui stagne.En pleine modernisation de sa gamme mais potentiellement freiné aussi par l’image de son patron Elon Musk, le constructeur américain de voitures électriques a vu ses immatriculations baisser de 44% en France depuis le début de 2025, avec 7.556 véhicules écoulés.Le marché des voitures neuves a accusé un repli de 5,64%, moins important que le mois précédent (-14,5%) avec 139.000 voitures immatriculées, selon les chiffres publiés mardi par la Plateforme automobile (PFA). “On est sur un niveau préoccupant de marché qui est très bas par rapport à la période pré-Covid”, a commenté à l’AFP Nicolas Le Bigot, directeur général par intérim de PFA.”Dans un contexte d’incertitude économique, les Français consomment moins, ils épargnent. Tout cela est amplifié par des incertitudes liées à la guerre commerciale que Trump a livrée à l’ensemble des pays de la planète, avec des droits de douane qui engendrent des impacts macro-économiques importants au plan financier mondial et touchent aussi la confiance des ménages”, ajoute-t-il.”Tout baisse, et dans cet ensemble qui baisse, on a une part de marché des véhicules électriques qui stagne à environ 18%”, a-t-il poursuivi.Le repli touche notamment Stellantis (-12% sur un an). Le groupe Renault reprend, lui, des couleurs (+2%) et dépasse Stellantis en termes de volume (39.000 voitures immatriculées en avril contre 33.786).Le numéro trois, Volkswagen, recule de 8,5%, freiné par ses marques Seat.

Après 100 jours, Trump reste obnubilé par Biden

Au pouvoir depuis cent jours, Donald Trump reste obnubilé par son prédécesseur Joe Biden et accable à la moindre occasion celui qui reste son meilleur ennemi politique.Si le Produit intérieur brut américain au premier trimestre a reculé, c’est à cause du “reliquat” laissé par son prédécesseur démocrate, a assuré mercredi le président américain, qui a prêté serment le 20 janvier, sur son réseau Truth Social.Il a nié tout lien entre le ralentissement économique ou la déprime boursière et sa politique protectionniste, bien que cette contraction de l’activité économique s’explique essentiellement par une flambée des importations en anticipation des droits de douane chers au républicain.”On pourrait même dire que le prochain trimestre sera en quelque sorte à cause de Biden”, a-t-il même ajouté pendant un conseil des ministres.Selon un décompte récent du New York Times, le milliardaire a évoqué son prédécesseur en moyenne six fois par jour depuis son investiture.Même l’influenceur conservateur Dave Portnoy, qui a été un puissant relais de cette rhétorique anti-Biden pendant la campagne, commence à s’en lasser.- “Pisser sur les pieds” -“Quel est déjà ce vieil adage? Ne viens pas me pisser sur les pieds et ensuite me dire qu’il pleut?” a-t-il protesté sur le réseau X, ajoutant “le marché boursier est un reflet direct des cent jours de Trump au gouvernement. Cela ne veut pas dire que cela ne va pas s’améliorer et qu’il ne faut pas être patient, mais c’est son marché pas celui de Biden.”Donald Trump, dont la cote de confiance a chuté ses dernières semaines, éreinte son prédécesseur à la moindre occasion.Il “sait qu’il a des problèmes en matière d’économie et de politique étrangère, et il cherche un moyen de se disculper. S’en prendre à Biden a fonctionné pour lui dans le passé. Mais cela ne marchera pas indéfiniment,”, prévoit Joseph Grieco, professeur de sciences politiques à l’université Duke, interrogé par l’AFP.Pendant un rassemblement dans le Michigan mardi, le républicain a demandé à ses partisans s’il préféraient “Joe l’endormi ou Joe l’escroc?” – ses deux surnoms de prédilection.Puis Donald Trump a fait une description particulièrement insultante de son prédécesseur, comme pendant ses meetings de campagne: “Il va à la plage, vous voyez? Et il pouvait s’endormir en quelques minutes … avec un filet de bave au coin de la bouche.”Le Washington Post a compté une trentaine de références à Joe Biden dans le long discours.- “L’autre gars” -L’actuel président a répété que le démocrate lui avait volé la victoire en 2020, ce que tous les faits démentent.En l’absence de réel répondant jusqu’ici de la part de l’opposition démocrate, entouré de conseillers et ministres qui rivalisent de flatteries, Donald Trump cherche visiblement où diriger son goût de la castagne politique. Et retombe toujours sur son punching-ball favori.Le président américain a attaqué Joe Biden sur les sujets les plus divers, qu’il s’agisse du prix élevé des oeufs, de frappes contre le Houthis du Yémen, d’immigration clandestine, des pailles en papier…Toute occasion est bonne pour lancer des piques relayées sur le réseau social X par les comptes affiliés à Donald Trump avec des émoticônes hilares.En mars, faisant la promotion depuis la Maison Blanche de Tesla, la marque de son allié Elon Musk, le républicain a lancé aux journalistes, en sortant d’un véhicule rouge: “Vous pensez que Biden pourrait rentrer dans cette voiture? Je ne crois pas.”Quand il était au pouvoir, Joe Biden avait adopté une stratégie tout autre. Il refusait souvent de seulement prononcer le nom de Donald Trump, qu’il appelait “l’autre gars”.

Washington et Kiev scellent un vaste partenariat pour l’accès aux ressources ukrainiennes

Les Etats-Unis de Donald Trump et l’Ukraine ont signé mercredi à Washington un vaste accord économique mettant en place un fonds d’investissement dans la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre et donnant aux Américains un accès aux ressources naturelles ukrainiennes.Cet accord intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie.”Je suis heureux d’annoncer la signature aujourd’hui de l’accord historique de partenariat économique” avec l’Ukraine, a déclaré le ministre américain des Finances, Scott Bessent, dans un message vidéo.”Avec les Etats-Unis, nous créons ce fonds qui attirera des investissements mondiaux dans notre pays”, s’est félicitée pour sa part la ministre ukrainienne de l’Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document.L’accord avec Washington financera des “projets d’extraction de minerais, de pétrole et de gaz”, a précisé la ministre ukrainienne sur Facebook.Mais l’Ukraine “conserve l’entière propriété et le contrôle de ces ressources” y compris le sous-sol, et ce sera “l’Etat ukrainien qui détermine où et quoi extraire”, a-t-elle dit.Selon le Trésor américain, cet accord “reconnaît l’importante aide financière et matérielle que le peuple américain a fournie à la défense de l’Ukraine depuis l’invasion à grande échelle de la Russie” — une expression très rarement utilisée par Washington depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.- “Très bonne chose” -Les Etats-Unis ont fourni, sous le précédent gouvernement de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d’aide à l’Ukraine.Lors de l’entrevue avec Volodymyr Zelensky au Vatican en marge des funérailles du pape, “je lui disais que c’était une très bonne chose” si cet accord était signé, “parce que la Russie est bien plus grande, bien plus forte”, a raconté Donald Trump mercredi soir sur la chaîne NewsNation.Donald Trump “veut que les deux parties s’assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine”, a souligné le sécrétaire au Trésor américain Scott Bessent sur Fox News. “C’est un signal pour les dirigeants russes. C’est aussi un signal pour le peuple américain que nous avons une chance de participer, d’obtenir (…) une compensation” pour les financements et armes fournies à l’Ukraine, a-t-il poursuivi.Le projet d’accord a été depuis des semaines au coeur de tensions entre Kiev et Washington, dont le soutien est crucial pour l’Ukraine.Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain, sous les caméras, avait précipité son départ et annulé la signature de l’accord.Une nouvelle version, proposée par Washington en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens.Un démocrate américain du Congrès, Gregory Meeks, a cependant dénoncé mercredi soir une “extorsion” de Donald Trump.- “Bel accord” -“C’est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l’Ukraine”, s’était félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal avant l’annonce de la signature du texte.”Aucune dette, aucune aide” accordée avant la signature “ne fait partie de cet accord”, avait assuré Denys Chmygal. Le document doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.Il ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l’Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky.”Cet accord montre clairement à la Russie que l’administration Trump est engagée à un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme”, écrit le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans le communiqué.Le texte met en place un “fonds d’investissement pour investir dans la reconstruction” de l’Ukraine, lequel fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains.La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l’armée russe.Cette dernière a tiré un drone sur une zone résidentielle à Odessa, dans le sud de l’Ukraine, tuant deux personnes et blessant cinq autres, a annoncé tôt jeudi le gouverneur de la région sur Telegram.Simultanément, des explosions ont été entendues dans un quartier de la ville de Soumy et des alertes anti-aériennes déclenchées, entre autres, dans les régions de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv, Soumy, Donetsk, Dnipropetrovsk, Zaporijjia.

Loi simplification: l’Assemblée rétablit un “test PME” différent de la version gouvernementale

Les députés ont rétabli mercredi un article attendu de la loi de “simplification”, pour mesurer les effets de nouvelles normes sur les petites et moyennes entreprises, mais dans la version défendue par les ciottistes et leurs alliés du RN, qui ont fait passer plusieurs amendements.L’esprit de la mesure, qui figurait dans la version initiale du projet du gouvernement, examiné en première lecture à l’Assemblée, consiste à analyser les effets d’une norme créée par un texte, pour anticiper d’éventuels effets délétères, notamment sur les petites entreprises.Le Sénat avait densifié l’article en proposant la création d’un Haut Conseil à la simplification pour les entreprises. Trop complexe pour une loi de simplification, avait décidé la commission spéciale de l’Assemblée, qui l’avait supprimé du texte avant la séance publique.La ministre du Commerce Véronique Louwagie avait prévenu qu’elle proposerait la réintroduction de cette mesure, l’une des vitrines du projet de loi.Plusieurs groupes politiques et le gouvernement ont proposé leur propre réécriture. C’est finalement le groupe UDR d’Eric Ciotti qui a fait adopter à une voix près un amendement confiant au “comité interministériel de la Transformation publique” la mission d’analyser “l’impact attendu des normes sur les petites et moyennes entreprises ainsi que sur les auto-entrepreneurs”.Dans la soirée, les députés ont commencé l’examen d’un article particulièrement irritant pour les écologistes, qui vise à faciliter le déploiement de centres de données (datacenters) en les qualifiant de projet “d’intérêt national majeur”.Ce statut accélère le lancement des chantiers et facilite une Reconnaissance impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), ouvrant la voie à une dérogation à la protection de certaines espèces.L’article, comme d’autres dispositions du projet de loi, simplifie aussi les dérogations au dispositif “Zéro artificialisation nette” (ZAN), destiné à lutter contre la bétonisation des zones rurales.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a défendu un enjeu “de souveraineté numérique”, pour éviter que ces datacenters ne s’installent “ailleurs en Europe ou hors d’Europe”.Un datacenter “où les vidéos Netflix sont stockées” ou “pour être plus provoquant des vidéos porno” serait “d’intérêt national majeur?”, a interrogé le député écologiste Nicolas Bonnet au cours de débats animés.”Quand toutes nos terres seront bétonnées, quand la biodiversité se sera effondrée (…) croyez-vous alors que notre pays sera souverain ?”, a lancé, à son tour, la députée insoumise Claire Lejeune.Durant l’examen de l’article, les députés ont confirmé une disposition introduite en commission qui ouvre la possibilité de déclarer “d’intérêt national majeur” les projets d'”infrastructures”, remettant au cÅ“ur des débats le chantier A69 dans le Tarn, suspendu après une décision de justice.La disposition devra toutefois être confirmée avec le vote final de l’article, les députés n’ayant pas fini d’examiner les 136 amendements en deux heures et demi de discussions. L’examen reprendra les 30 et 31 mai. Il restera alors des dizaines d’autres articles et plus de 850 amendements à discuter pour aller au bout de ce projet de loi qui s’éternise. Les débats s’annoncent aussi tendus, par exemple autour des “zones à faibles émissions” (ZFE), supprimées par la droite et l’extrême droite en commission.A la fin de la séance  le président de la commission chargée d’examiner le texte, Ian Boucard (LR), a plaidé pour qu’une semaine pleine de débats complémentaires soit trouvée, quitte à retarder la reprise de l’examen, pour éviter qu’il ne soit de nouveau interrompu.  

L’économie américaine en berne, Trump accuse Biden

L’économie américaine a viré au négatif au premier trimestre, un tournant spectaculaire que le président Donald Trump a imputé mercredi à son prédécesseur Joe Biden.Le milliardaire républicain, qui a juré de rendre les Etats-Unis plus riches, est confronté à des chiffres montrant un recul du produit intérieur brut (PIB) du pays en début d’année, alors que l’économie américaine était encore florissante fin 2024.En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le PIB s’est contracté de 0,3%, selon une première estimation publiée mercredi par le ministère du Commerce.Ce résultat – premier recul du PIB américain depuis 2022 – est nettement inférieur aux attentes de la majorité des analystes. Ceux-ci anticipaient tout de même un sérieux coup de frein pour la première économie mondiale, avec un PIB en toute petite hausse (+0,4%, selon le consensus publié par MarketWatch).”Notre pays va décoller économiquement, mais d’abord nous devons nous débarrasser du reliquat de Joe Biden”, a réagi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, qui célèbre cette semaine les 100 premiers jours de son second mandat entamé le 20 janvier.”Cela va prendre un moment, ça n’a rien à voir avec les droits de douane, c’est seulement qu’il nous a laissés avec de mauvaises statistiques”, a affirmé le chef de l’Etat, en enjoignant à ses concitoyens d'”ETRE PATIENTS!!!”- Poupées -Un peu plus tard, en conseil des ministres, il est apparu confiant, vantant l’arrivée d’investissements massifs aux Etats-Unis.Il a affirmé que la Chine était à l’inverse “assommée” par les droits de douane qu’il a imposés, avec des “usines qui ferment” dans tout le pays “parce qu’on n’achète plus leurs produits”.”Je ne voulais pas que ça arrive”, a-t-il ajouté, disant “beaucoup apprécier” son homologue chinois Xi Jinping et “espérer” un accord avec Pékin.Il a par ailleurs admis que la crise entre les deux pays, à coups de droits de douane prohibitifs, pourrait entraîner des ruptures d’approvisionnement et des hausses de prix côté américain.”Peut-être que les enfants auront deux poupées au lieu de 30, et peut-être que les deux poupées coûteront quelques dollars de plus”, a évacué Donald Trump.Pour l’opposition démocrate, l’économie américaine va dans le mur.Le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a ainsi jugé que Donald Trump devait “reconnaître son échec, faire marche arrière, et virer immédiatement son équipe économique”.- Le poids de la ruée vers l’import – Le recul du PIB au premier trimestre s’explique en grande partie par la règle de calcul selon laquelle les importations sont déduites de la production de richesse nationale.Or les achats à l’étranger ont bondi au début de l’année, entreprises et consommateurs se pressant d’acquérir certains biens avant qu’ils ne coûtent plus cher avec les nouveaux droits de douane. Revers de la médaille: les achats anticipés sont autant de dépenses en moins pour la suite, ce qui risque d’entraîner d’autres violents mouvements dans les prochaines publications.L’économie américaine faisait auparavant plus que ronronner, avec une croissance en rythme annualisé de 2,4% au dernier trimestre 2024, du plein emploi et une inflation en passe d’être maîtrisée.La nouvelle a fait plonger Wall Street à l’ouverture avant que les cours ne se reprennent en cours de journée.Selon une note d’analyse de Wells Fargo, l’économie américaine fait actuellement face à un plus grand risque de récession qu’il y a un mois, “mais ce recul de 0,3% du PIB au premier trimestre n’en constitue pas le point départ”, dans la mesure où les chiffres sont faussés par l’envolée des importations.”Je considère d’ordinaire que l’impact des présidents sur la performance économique est surévalué, surtout pendant leurs 100 premiers jours”, avait déclaré à l’AFP, avant la publication de mercredi, Tara Sinclair, professeure d’économie à l’université George Washington. “Mais cette fois, avait-elle ajouté, c’est différent, parce que le bond des importations découle directement d’une stratégie d’évitement par les acheteurs des droits de douane du président.”Depuis avril, l’exécutif a considérablement augmenté les droits de douane sur les produits étrangers, et plus que doublé les surtaxes sur ceux venus de Chine. Pékin a riposté par d’autres droits de douane, de quoi freiner les exportations américaines, un moteur de la croissance.La consommation des Américains – autre carburant du PIB – est aussi sous surveillance, car plusieurs baromètres récents montrent que leur confiance dans l’avenir a chuté.

Wall Street termine sans direction claire, chahutée par des données économiques

La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, prudente face à l’image d’une économie américaine vacillante, les investisseurs ayant aussi le regard rivé sur les résultats d’entreprises.Le Dow Jones a gagné 0,35%, l’indice Nasdaq a terminé proche de l’équilibre (-0,09%) et l’indice élargi S&P 500 a grappillé 0,15%.Wall Street a été fortement plombée en début de séance par le recul du produit intérieur brut (PIB) du pays au premier trimestre, alors que l’économie américaine était encore florissante fin 2024.”Dans un marché qui a commencé à afficher des prix plus élevés, voici ce que l’on obtient lorsque les nouvelles ne sont pas bonnes”, relève auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.Le PIB a diminué lors des trois premiers mois de l’année couvrant le début du second mandat de Donald Trump, dont la politique douanière a suscité une onde de choc dans le monde et au sein même de son pays.En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le PIB s’est contracté de 0,3%, contre une croissance de 0,4% attendue par les analystes.En outre, une enquête mensuelle a rapporté mercredi que les embauches dans le privé avaient fortement ralenti en avril. Cette enquête signée ADP/Stanford Lab évoque le “malaise” des employeurs face à l’incertitude générée par les nouvelles surtaxes douanières.En revanche, l’inflation a ralenti en mars aux Etats-Unis, à +2,3% sur un an, globalement dans la lignée des attentes des analystes, selon l’indice officiel PCE publié mercredi, montrant le rôle joué par le recul des prix de l’énergie.”Il est encore trop tôt” pour dire s’il y aura une récession aux Etats-Unis car “le problème est que nous avons encore de nombreuses inconnues” sur le plan commercial, avance pour sa part auprès de l’AFP Jack Albin, de Cresset.Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est très légèrement détendu à 4,16%, contre 4,17% mardi en clôture.Côté entreprises, “la saison des résultats a été correcte (…) il n’y a pas eu beaucoup de perturbations jusqu’à présent”, explique M. Hogan.Toutefois, “la plupart des entreprises restent floues sur leurs prévisions, dans une économie dont elles ne connaissent pas les règles”, détaille M. Albin.A la cote, le géant américain du café Starbucks a pris un coup de froid (-5,61%) après avoir annoncé mardi des résultats inférieurs aux attentes au deuxième trimestre de son exercice décalé, assurant que ces performances “décevantes” masquaient les “progrès et la dynamique” créés par son plan d’entreprise.Le groupe américain d’agroalimentaire Mondelez International (biscuits Lu et Oreo, chocolats Milka) a été recherché (+3,78%). L’entreprise a connu une croissance quasi-nulle au premier trimestre, mais a confirmé mardi ses objectifs annuels, malgré la flambée des cours du cacao.Par ailleurs, le géant technologique américain Microsoft a publié mercredi des résultats après Bourse sensiblement supérieurs aux attentes, une nouvelle fois emmenés par la croissance de l’informatique à distance (cloud) et de l’intelligence artificielle (IA).Le bénéfice net pointe à 25,8 milliards de dollars pour ce qui est le troisième trimestre comptable de l’exercice décalé de l’entreprise (de janvier à mars), en hausse de 18% sur un an.Le groupe Meta (Facebook, Instagram), qui a lui aussi publié ses résultats après la clôture, a quant à lui dégagé, au premier trimestre, des résultats nettement meilleurs que ne l’attendait le marché, porté par la croissance soutenue de ses recettes publicitaires.Dans les échanges électroniques après la fermeture de Wall Street, l’action de Microsoft grimpait de 5,50% et celle de Meta de 3,30%. Les investisseurs attendent désormais les résultats d’Amazon et Apple jeudi.

Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

L’essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol? Deux jours après la panne géante ayant touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au coeur de vifs débats en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.”Le manque de centrales nucléaires et le +boom+ des renouvelables ont mis à terre le réseau électrique”, assure en Une mercredi le quotidien conservateur ABC. “Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans” ont été “ignorées”, regrette de son côté El Mundo, également classé à droite. Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d’opposition: la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l’Espagne l’un des champions européens de la transition verte.Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l’éolien ont représenté en 2024 près de 40% du mix électrique espagnol. C’est près de deux fois plus qu’en 2014, et également le double du nucléaire, dont la part est tombée l’an dernier à 20%.Une évolution résolument défendue par l’exécutif, qui s’est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d’ici 10 ans, mais source de tensions, alors que plusieurs rapports récents ont pointé de possibles risques en l’absence de mesures fortes pour adapter le réseau.- Energie “sûre” -Dans son document financier annuel publié fin février, la maison-mère de REE, Redeia, avait ainsi mis en garde contre “la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations”.Cela pourrait “provoquer des coupures de production” potentiellement “sévères, allant jusqu’à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l’approvisionnement en électricité” de l’Espagne, avait-elle écrit.Un message relayé par le gendarme de la concurrence (CNMC). “A certains moments, les tensions du réseau de transport (d’électricité) ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, les dépassant même parfois”, a rappelé l’organisme dans un rapport de janvier.Après la coupure, des experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande d’électricité, plus difficile à corriger sans technologies adéquates dans un réseau où l’éolien et le solaire pèsent davantage, qui aurait pu contribuer à l’effondrement du système espagnol.Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, la présidente de REE, l’ex-députée socialiste Beatriz Corredor, a cependant assuré que la production d’énergie renouvelable était “sûre” et fonctionnait “de manière stable”.”Relier l’incident si grave de lundi à une pénétration des renouvelables n’est pas vrai, ce n’est pas correct”, a-t-elle insisté, ajoutant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l’y oblige la législation.- “Ignorance” -Interrogée sur cette polémique, la ministre de la Transition écologique Sara Aagesen a jugé mercredi “imprudent de faire des spéculations”, assurant que la cause de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne n’était toujours pas connue.Par le passé, “le système a parfaitement fonctionné avec une demande similaire et un mix énergétique comparable. Par conséquent, pointer les renouvelables (…) ne semble pas être approprié”, a-t-elle insisté, en qualifiant le réseau espagnol de “robuste”. Mardi, Pedro Sánchez avait lui aussi rejeté ces critiques. “Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance”, avait assuré le dirigeant socialiste.Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne, dont celle d’une cyberattaque, sur laquelle la justice espagnole a ouvert une enquête. Cette piste est cependant jugée peu crédible par REE, qui a assuré mardi n’avoir repéré “aucune intrusion” dans ses systèmes de contrôle.Selon les autorités, l’équivalent de 60% de la consommation électrique de l’Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l’espace de cinq secondes lors de la panne, survenue lundi à 12H33 (10H33 GMT) – un phénomène qualifié d'”inédit” par l’exécutif.Dans son compte-rendu des événements, REE a indiqué avoir identifié comme possible origine de cet effondrement deux incidents distincts à une seconde et demi d’intervalle, dont l’un ayant pu affecter un site de production solaire dans le sud-ouest de l’Espagne.A ce stade, il n’est “pas possible d’en tirer des conclusions”, a toutefois prévenu l’organisme.

STMicroelectronics annonce un millier de départs volontaires en France

Le groupe franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics compte se séparer “d’environ 1.000 personnes” en France sur les 2.800 départs volontaires prévus dans le monde d’ici fin 2027, a-t-il indiqué mercredi à l’AFP, une information qui a fait bondir les syndicats.Alors qu’elle connaît un début d’année difficile et fait face à une brouille entre ses coactionnaires français et italien, l’entreprise a fait mardi aux représentants du personnel cette annonce, qui s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet de réorganisation dévoilé en octobre. Elle compte quelque 12.000 salariés en France, sur un total de 50.000.”Il n’y aura aucun départ contraint et aucun site ne sera fermé dans le cadre de ce projet”, a rappelé STMicroelectronics mercredi.”On accueille très mal cette annonce”, a réagi auprès de l’AFP Nadia Salhi, déléguée syndicale CGT du groupe, décrivant un état de “sidération” parmi les salariés français du 13e acteur mondial, et deuxième européen, de l’industrie des semi-conducteurs.”On conteste ces suppressions d’emplois alors que l’entreprise touche beaucoup d’aides publiques”, a-t-elle insisté.- Guerre commerciale -En 2023, STMicroelectronics a reçu un soutien de l’Etat d’environ 487 millions d’euros sous forme de subventions et de crédits d’impôts notamment, avait expliqué son PDG, Jean-Marc Chéry, lors d’une audition au Sénat le 1er avril.Le syndicat dénonce également la volonté de la direction de pousser à la mobilité interne près de 2.500 salariés, pour changer de site ou d’emploi.Côté italien, à l’issue d’une réunion avec des dirigeants de STMicroelectronics et des représentants de la région Lombardie le 22 avril, les syndicats avaient fait état de 800 suppressions d’emplois prévues dans l’usine située à Agrate Brianza, dans le nord du pays.Le groupe, qui a présenté des résultats en nette baisse pour le premier trimestre 2025, a confirmé son objectif d’économies annuelles en dollars “dans le haut de la fourchette à trois chiffres à la fin 2027”.Le 24 avril, il avait fait état d’un résultat net au premier trimestre à 56 millions de dollars (49 millions d’euros, en chute de 89%), dans le sillage d’un recul de son chiffre d’affaires de 27,3%, à 2,52 milliards de dollars (2,21 milliards d’euros). Il espère un rebond au deuxième trimestre mais reste prudent devant la situation géopolitique.Le secteur des semi-conducteurs est miné par la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump, qui a fortement augmenté les droits de douane s’appliquant aux produits entrant aux États-Unis.Le groupe fait également face à une vive montée des tensions entre ses coactionnaires, la France et l’Italie, qui contrôlent conjointement 27,5% des parts mais tiennent des positions opposées sur la gouvernance de l’entreprise et son PDG.Nommé en 2018 et renouvelé pour un mandat de trois ans en 2023, Jean-Marc Chéry a ainsi vu le ministre italien des Finances Giancarlo Giorgetti lui retirer son soutien début avril.Une prise de position en lien avec le refus du conseil de surveillance de l’entreprise de soutenir l’une des deux candidatures proposées par Rome pour intégrer cette instance interne.Le conseil de surveillance a, de son côté, réaffirmé son soutien à M. Chéry.

ArcelorMittal demande “une application rapide” du plan européen pour l’acier avant de sortir le carnet de chèques

Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, Arcelor Mittal a continué de faire monter les enchères mercredi en demandant une application “rapide” du plan européen pour l’acier avant de réenvisager d’investir dans la décarbonation en Europe, notamment à Dunkerque en France. “Une mise en oeuvre rapide du plan est maintenant requise pour s’assurer que la fabrication d’acier en Europe redevient compétitive et puisse continuer d’investir pour son avenir”, a déclaré le directeur général du groupe Aditya Mittal dans le communiqué de résultats trimestriels du deuxième sidérurgiste mondial.Fin 2024, ArcelorMittal avait suspendu son projet d’investissement massif -à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.Le sidérurgiste a aussi annoncé ces dernières semaines un plan d’économies pour tenter de regagner sa compétitivité en Europe avec le transfert d’activités support vers l’Inde portant sur 1.400 postes. En France, le plan ne vise pas uniquement les fonctions support. Il porte aussi sur la production, avec 636 suppressions de postes prévues, dénoncées par les syndicats.ArcelorMittal n’est pas seul dans son cas. Les difficultés des sidérurgistes implantés en Europe ont poussé la Commission européenne à se mobiliser et à annoncer il y a quelques semaines un plan d’action pour soutenir la production et protéger le commerce de l’acier.- trop “tôt” -L’acier européen est pris en étau entre la baisse de la consommation sur le Vieux Continent, la concurrence jugée déloyale d’acier à bas prix venu de Chine notamment, les prix de l’énergie élevés en Europe et, désormais, les nouvelles taxes douanières.Avant de sortir le carnet de chèques pour financer de coûteuses installations à Dunkerque pour éliminer ou réduire ses émissions de CO2 et garantir la pérennité à long terme du site, ArcelorMittal demande un “accès à une énergie compétitive”, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières “efficace” et des “défenses commerciales” face aux importations à bas coûts. “Il y a désormais une bonne compréhension en Europe des défis auxquels l’industrie de l’acier fait face”, a salué le directeur financier du groupe Genuino Christino lors d’une réunion d’analystes. Le groupe a estimé que les perspectives en Europe sont “meilleures qu’il y a deux mois” et souligné l’impact du fonds d’infrastructure allemand récemment annoncé qui devrait “soutenir la demande” d’acier en Europe. Mais, interrogé sur l’éventualité pour ArcelorMittal de quitter l’Europe au profit de l’Inde ou l’Amérique Latine, M. Genuino n’a pas démenti, se bornant à dire qu’il est trop “tôt” pour évoquer ce sujet, principale crainte des syndicats européens.Alors qu’un comité d’entreprise se tenait mercredi également en France, Gaëtan Lecoq, secrétaire général de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, a affirmé à l’AFP que le groupe “veut liquider ses activités européennes pour aller produire en Inde ou au Brésil où la marge est plus élevée que sur le Vieux Continent”.”Nous avons appris qu’il y aurait 295 suppressions de postes” à Dunkerque, a-t-il dit. “Or il n’y a plus d’anciens sur ce site, ils sont déjà tous partis, ce sont des quarantenaires qui vont partir”, et beaucoup d’emplois “dans la maintenance” vont disparaître alors qu’ils “manquent pour entretenir l’outil de travail”: “La direction fait exprès de nous tirer une balle dans le pied pour mieux nous achever plus tard, ils sont en train d’accélérer notre chute” a-t-il estimé.- “incertitude renouvelée” -ArcelorMittal a quand même confirmé son enveloppe d’investissement pour ses projets de décarbonation, comprise entre 4,5 et 5 milliards de dollars, sans détailler par projet et par pays. Dunkerque n’a pas été cité.Au premier trimestre, le groupe a dégagé un bénéfice net de 805 millions de dollars, en retrait de 14% par rapport au premier trimestre 2024, mais supérieur aux attentes des analystes.Les analystes de Factset tablaient sur un bénéfice net de 429 millions de dollars, et ceux de Bloomberg sur 505 millions de dollars, après 938 millions de dollars au même trimestre en 2024, et une perte nette de 390 millions de dollars au quatrième trimestre 2024.Sur les conséquences du conflit commercial déclenché par l’annonce de surtaxes douanières aux Etats-Unis, M. Mittal s’est voulu rassurant à court terme, soulignant que ses usines étaient réparties partout dans le monde et que les exportations représentaient “une partie relativement modeste” de ses ventes.Néanmoins “l’incertitude renouvelée sur le commerce mondial heurte la confiance dans le domaine des affaires”, a-t-il averti.