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Main-d’Å“uvre exploitée: la société Loro Piana (LVMH) sous “administration judiciaire”

La maison de mode italienne Loro Piana, propriété du géant français du luxe LVMH, a été placée sous “administration judiciaire” en Italie pour avoir “facilité par négligence” l’exploitation d’ouvriers chez des sous-traitants, selon le verdict du tribunal de Milan dont l’AFP a obtenu une copie lundi.Cette mesure, d’une durée d’un an, a un objectif “plutôt de prévention que de répression” afin d’éviter qu’une entreprise ne soit entraînée dans des circuits criminels, selon la même source.Dans un communiqué, les carabiniers du service de défense des conditions de travail disent avoir “exécuté un décret d’administration judiciaire du tribunal de Milan” contre cette maison, réputée pour ses vêtements en cachemire, jugée “incapable d’empêcher et d’endiguer des phénomènes d’exploitation de main-d’Å“uvre dans le cadre de la production” de ses collections.Loro Piana est accusée de “ne pas avoir mis en place les mesures adéquates pour vérifier les conditions réelles de travail (…) des sociétés sous-traitantes”.Les juges du tribunal de Milan estiment que la direction de Loro Piana a “facilité par négligence” l’exploitation de main-d’Å“uvre, à cause d’une “carence généralisée de modèles d’organisations et d’un système d’audit interne défaillant”.Selon les enquêteurs, la maison confiait la confection de vêtements à une société dépourvue de toute capacité productive, laquelle recourait elle-même à une autre société, qui à son tour faisait appel à des ateliers employant des ouvriers chinois en Italie pour faire baisser ses coûts.Dans ces ateliers étaient exploités des ouvriers en situation irrégulière sans respecter le législation sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, notamment pour “les salaires, les horaires de travail, les pauses et les vacances”.L’enquête a débuté en mai dernier après la plainte d’un ouvrier chinois passé à tabac par son patron parce qu’il réclamait le paiement de ses arriérés de salaires.Les carabiniers ont constaté que des ouvriers étaient logés dans des “dortoirs construits abusivement et dans des conditions hygiéniques et sanitaires en dessous du minimum éthique”.Deux ressortissants chinois propriétaires d’ateliers ont été déférés devant la justice pour exploitation de main-d’Å“uvre, ainsi que deux Italiens pour violations des normes sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail. Sept ouvriers dépourvus de titres de séjours ont aussi été renvoyés devant la justice.Le tribunal a aussi infligé des amendes d’un montant de plus de 181.000 euros et des sanctions administratives d’environ 60.000 euros.Les activités de deux ateliers chinois ont en outre été suspendues “pour violations graves en matière de sécurité et recours au travail au noir”.Dans un communiqué parvenu lundi soir à l’AFP, Loro Piana affirme ne pas avoir été au courant des activités de son sous-traitant et quand la socoiété a été informée, le 20 mai dernier, “elle a interrompu tout rapport avec le fournisseur concerné en moins de 24 heures””Loro Piana condamne fermement toute pratique illégale et réitère son engagement continu dans la protection des droits humains”, selon la même source.Loro Piana avait été acheté par LVMH en 2013. L’actuel président de la société est Antoine Arnault, fils aîné de Bernard Arnault, patron de LVMH, dont un autre fils, Frédéric, est directeur général de cette filiale italienne.Plusieurs prestigieuses maisons de mode, dont Armani, ont déjà été épinglées par la justice italienne dans des affaires similaires.L’autorité italienne de la concurrence a ainsi contraint en mai la marque de luxe Dior, appartenant également à LVMH, à verser deux millions d’euros d’aide aux “victimes d’exploitation” dans le cadre d’une enquête sur les conditions de travail de ses sous-traitants. L’autorité avait toutefois exclu toute “infraction”.

Cinq pays européens, dont la France, vont tester une application de vérification de l’âge en ligne

Cinq pays européens, dont la France, vont tester une application permettant de vérifier l’âge des utilisateurs en ligne et d’empêcher les enfants d’accéder à des contenus dangereux, a annoncé lundi la Commission européenne.”Ce dispositif permettra aux utilisateurs de prouver facilement qu’ils ont plus de 18 ans, ce qui protégera les enfants des contenus inappropriés”, a expliqué Henna Virkkunen, commissaire européenne chargée des questions technologiques.Très concrètement, il s’agit d’un prototype européen que chaque Etat membre pourra ajuster en fonction de ses propres règles: par exemple selon qu’une interdiction est en vigueur sur internet pour les enfants de 12, 13 ou 15 ans, etc.Les cinq premiers pays à franchir le pas sont la France, le Danemark, la Grèce, l’Italie et l’Espagne.Cette proposition était particulièrement poussée par la France, la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, défendant une vérification de l’âge “au niveau européen” pour accéder aux réseaux sociaux. “Grâce à ces lignes directrices, l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans devient possible. C’est une étape décisive et attendue pour protéger nos enfants”, a réagi Mme Chappaz dans un communiqué.”C’est une victoire pour la protection de nos enfants (…) La France sera au rendez-vous!”, a renchéri Emmanuel Macron sur le réseau X.Début juin, le président français s’était engagé à aller dans le sens d’une telle interdiction, si, “d’ici quelques mois”, cela ne se faisait pas au niveau européen.- “Plus d’excuse” -L’Union européenne dispose d’un arsenal législatif parmi les plus stricts au monde pour encadrer les géants du numérique.Mais les appels à aller plus loin se multiplient parmi les Vingt-Sept, alors que des études démontrent les effets négatifs des réseaux sociaux sur la santé mentale et physique des jeunes.Lundi, la Commission européenne a également publié des recommandations à l’attention des réseaux sociaux pour les jeunes, pour permettre par exemple aux mineurs de bloquer plus facilement des utilisateurs.Ces mesures incluent également la suppression de fonctionnalités potentiellement addictives comme les “coches”, qui indiquent qu’un message a été lu et peuvent pousser à attendre frénétiquement une réponse. “Il est primordial de veiller à ce que nos enfants et nos jeunes soient en sécurité en ligne”, a déclaré la commissaire Henna Virkkunen. “Les plateformes n’ont aucune excuse pour poursuivre des pratiques qui mettent les enfants en danger”, a-t-elle estimé.De son côté, l’Arcom, gendarme du numérique français, a salué des mesures qui reprennent “sur de nombreux points” ses recommandations et a loué “l’affirmation sans équivoque de l’obligation faite aux plateformes destinées aux adultes (y compris les sites pornographiques) de vérifier effectivement l’âge de leurs utilisateurs” partout dans l’UE.Bruxelles mène actuellement des enquêtes sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, propriétés du groupe américain Meta, ainsi que sur TikTok, dans le cadre de son nouveau Règlement sur les services numériques (DSA). Il est reproché à ces plateformes de ne pas suffisamment protéger les enfants des contenus nuisibles.Fin mai, la Commission a également ouvert une enquête sur quatre sites pornographiques (Pornhub, Stripchat, XNXX, et XVideos) soupçonnés de ne pas empêcher l’accès des enfants aux contenus pour adultes.

La Bourse de Paris termine en légère baisse

La Bourse de Paris a reculé de 0,27% lundi, freinée par les dernières menaces douanières du président américain Donald Trump, qui a promis des droits de douane de 30% sur les produits exportés par l’Union européenne aux Etats-Unis.Le CAC 40 a perdu 21,12 points, clôturant à 7.808,17 points, au terme d’une séance marquée par un volume d’échanges plus faible que d’habitude, en raison du 14 juillet, jour de fête nationale. Vendredi, la Bourse de Paris avait terminé en baisse de 0,92%.”Tant que la situation ne dégénère pas, les investisseurs restent en retrait et observent la situation sans céder à la panique”, a expliqué Andreas Lipkow, analyste indépendant.M. Trump a annoncé samedi l’imposition à partir du 1er août de droits de douane de 30% pour les produits de l’UE exportés aux Etats-Unis.Cette décision a jeté un froid alors que des négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington.En réaction, la Commission européenne a mis lundi sur la table des 27 Etats membres de l’UE une liste de représailles possibles à hauteur de 72 milliards d’euros, dans le cas où ces menaces américaines entreraient en vigueur.Le président Trump a lui prévenu qu’en cas de riposte, il augmenterait d’autant ses droits de douane sur les produits européens entrant aux Etats-Unis, en plus des 30% annoncés samedi.Malgré ces nouvelles, les marchés restent résilients.”Les investisseurs parient sur le TACO (les initiales de “Trump Always Chickens Out”, c’est-à-dire “Trump se dégonfle toujours”, soit un revirement du président américain, NDLR)”, a rapporté Neil Wilson, analyste pour Saxo Markets.Par ailleurs, les marchés “s’attendent à ce que les négociations se poursuivent”, a expliqué à l’AFP Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi insisté dimanche sur le fait que l’UE avait “toujours été très claire sur le fait qu'[elle préférait] une solution négociée”.”Les trois prochaines semaines de négociation seront (…) décisives”, a souligné Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank. “Si des droits de douane massifs sont vraiment appliqués le 1er août, en plein creux estival, les marchés pourraient réagir violemment”, a-t-il averti.Les spiritueux dans le rougeLes titres des géants français du secteur des spiritueux ont cédé face aux annonces de M. Trump, les Etats-Unis étant l’un de leurs principaux marchés.Rémy Cointreau a perdu 1,18% à 93,62 euros. LVMH, qui détient la maison Hennessy, a lâché 1,67% à 479,55 euros. Le géant des vins et spiritueux Pernod Ricard a reculé de 1,18%, à 93,62 euros.

Les Bourses européennes finissent sans impulsion

Les marchés boursiers européens ont terminé sans élan lundi, freinés par les dernières menaces douanières du président américain Donald Trump qui ont visé samedi l’Union européenne et le Mexique.Paris a perdu 0,27% et Francfort 0,39%. Milan a gagné 0,27%. Epargnée par ces annonces grâce à l’accord commercial déjà existant entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, la Bourse de Londres a connu une hausse plus marquée, prenant 0,64%.

Une responsable de la Commission européenne plaide pour une “concurrence loyale” avec la Chine

L’Union européenne cherche une “concurrence loyale” avec la Chine et non un nivellement par le bas des salaires et des normes environnementales, a déclaré lundi à l’AFP Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, chargée de la transition écologique et de la concurrence.De profondes frictions tendent les relations économiques entre les 27 pays de l’UE et Pékin. Bruxelles craint qu’une production manufacturière surabondante, alimentée par des subventions publiques massives, n’aggrave un déficit commercial considérable et que l’UE soit inondée de produits chinois bon marché, au détriment des entreprises européennes. S’exprimant lors d’une visite à Pékin en amont d’un important sommet UE-Chine qui se tiendra dans la ville ce mois-ci, Teresa Ribera a rejeté les accusations de la Chine selon lesquelles l’Union se livrerait à du “protectionnisme”.”Nous, Européens, ne voulons pas nous lancer dans une course aux bas revenus, à la dégradation des droits du travail ou à la dégradation des normes environnementales”, a dit Teresa Ribera.”Il est évident que nous ne pourrions pas être en bonne position si nos marchés étaient inondés, ce qui pourrait nous affaiblir avec des prix qui ne reflètent pas les coûts réels”, a-t-elle ajouté. En octobre, l’UE a imposé des taxes supplémentaires à l’importation allant jusqu’à 35% sur les véhicules électriques chinois et a enquêté sur les fabricants chinois de panneaux solaires. Reconnaissant qu’en matière d’énergie verte, l’UE pourrait “bénéficier à très court terme” d’un accès à des produits bons marchés chinois, elle a surtout averti que “cela pourrait anéantir la possibilité” d’investissements à long terme dans l’avenir de l’Union. – Bras de fer avec les USA -La visite de Teresa Ribera intervient alors que Pékin cherche à améliorer ses relations avec l’UE pour faire contrepoids aux États-Unis, dont le président Donald Trump a lancé des menaces de droits de douane tous azimuts et a retiré son pays des accords internationaux sur le climat.”Je ne pense pas que nous ayons beaucoup vu par le passé une grande économie, un grand pays, qui décide de s’isoler de manière aussi nette”, a-t-elle relevé auprès de l’AFP.”C’est dommage. Les Chinois pensent peut-être que les États-Unis leur ont donné une excellente occasion d’être beaucoup plus importants sur la scène internationale”, a-t-elle noté. Cette visite a également lieu alors que l’UE est négociation avec les États-Unis en matière commerciale. Donald Trump a bouleversé des mois de négociations samedi en annonçant qu’il imposerait des droits de douane de 30% aux produits européens entrant aux Etats-Unis si aucun accord n’était trouvé d’ici au 1er août. Ce lundi, la Commission européenne a réagi en proposant aux 27 pays de l’UE des représailles possibles à hauteur de 72 milliards d’euros, si Washington impose cette surtaxe de 30%.- “Grande marge d’amélioration” -Une issue aux tensions commerciales liées aux préoccupations de Bruxelles à l’égard de la surcapacité industrielle chinoise “viendra” mais “pas aujourd’hui”, a fait savoir Teresa Ribera, après une réunion lundi avec le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang à Pékin.Teresa Ribera s’est félicitée d’avoir eu un échange “profond et positif” avec les responsables chinois, mais a jugé qu’il y avait encore “une grande marge d’amélioration”, lors d”une conférence de presse à l’issue de cette réunion. “Pour progresser, nous devons identifier quels sont les points d’inquiétude de chaque côté”, a-t-elle souligné. Interrogée un peu plus tôt sur la possibilité d’un accord, elle a répondu: “Qui sait? Nous ferons de notre mieux.” Elle a toutefois insisté sur le fait que les règles européennes de concurrence numérique – souvent dénoncées par Donald Trump comme des “obstacles non tarifaires” au commerce – n’étaient pas à l’ordre du jour.”C’est une question de souveraineté”, a relevé la responsable européenne. “Nous ne transigerons pas sur la manière dont nous entendons défendre nos citoyens, notre société, nos valeurs et notre marché.”

Sur les marchés financiers, l’impact de plus en plus limité des menaces douanières de Trump

Les marchés financiers semblent s’accoutumer depuis des semaines aux annonces multiples et contradictoires de Donald Trump en matière de droits de douane, loin de la réaction de panique provoquée par l’offensive protectionniste du “Liberation Day”, début avril. Jusqu’à quand ?Alors que le président américain a annoncé samedi l’imposition dès le 1er août de droits de douane de 30% sur les produits provenant du Mexique et de l’Union Européenne importés aux Etats-Unis, les Bourses du Vieux Continent ne reculaient que modérément lundi.Ces “tarifs douaniers sont aussi élevés que début avril”, mais “la réaction des marchés est complètement différente”, relève Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank, interrogée par l’AFP.Le 4 avril, après l’annonce par Donald Trump d’une rafale de “droits de douane réciproques” visant presque tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, les Bourses européennes et américaines avaient perdu entre 4% et 6%, du jamais vu depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020.- “TACO” -Malgré plusieurs annonces douanières ces derniers jours, visant plus d’une dizaine de pays et certains produits comme le cuivre, “les marchés semblent de plus en plus blindés”, résume Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Les indices américains ont retrouvé des plus hauts historiques, tandis que les Bourses européennes attirent à nouveau les investisseurs. Le principal indice de la Bourse de Francfort, le Dax, grimpe en effet de plus de 20% depuis le début de l’année.Comment expliquer cette résilience? D’abord, les marchés ont l’expérience des revirements de Donald Trump. L’entrée en vigueur de la plupart des taxes douanières a été repoussée plusieurs fois, le temps d’aboutir à des accords commerciaux avec les pays concernés.La presse financière a même donné un nom à ces revirements incessants, relativisant le risque pour les investisseurs: le “TACO”( les initiales de “Trump Always Chickens Out”, c’est-à-dire “Trump se dégonfle toujours”, NDLR).”Les investisseurs continuent de parier sur le TACO, et sur le fait que les négociations se prolongeront”, estime Ipek Ozkardeskaya.L’absence de riposte européenne à ce stade a aussi rassuré les marchés. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a pour l’instant choisi de faire le dos rond dans l’espoir d’obtenir un accord qui s’avérerait moins douloureux.Finalement, les investisseurs ont pris en compte le fait que les annonces douanières de Donald Trump sont “davantage un levier tactique qu’une menace économique immédiate”, abonde Stephen Innes, de SPI Asset Management, interrogé par l’AFP.-  “Réagir violemment” -“Les marchés attendent que les négociations se poursuivent”, explique à l’AFP Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France. Mais cette complaisance pourrait ne pas durer. La date butoir du 1er août est scrutée. “Contrairement aux dernières dates qui ont été repoussées, celle-ci a l’air vraiment solide”, estime-t-il.”Si des droits de douane massifs sont vraiment appliqués le 1er août, en plein creux estival, les marchés pourraient réagir violemment”, renchérit Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.Les effets des droits de douane déjà mis en place par l’administration Trump sur l’économie américaine sont aussi scrutés. Les droits de douane, tous secteurs confondus, sont en moyenne à plus de 16% à l’entrée des produits sur le sol américain, contre moins de 5% avant l’élection du Républicain.”Il faudra surveiller les prochaines données sur le comportement des consommateurs et les résultats d’entreprises, qui donneront une idée des conséquences de cette politique sur l’économie”, estime Alexandre Baradez.Les marchés craignent notamment que les droits de douane n’accroissent le risque de “stagflation”, c’est-à-dire un ralentissement économique couplé à une flambée de l’inflation, qui empêcherait la Réserve fédérale américaine (Fed) de baisser ses taux pour relancer l’activité.”L’absence de réaction des marchés accroît l’écart entre la façon dont les investisseurs veulent voir la réalité et ce à quoi la réalité économique ressemblera”, prévient Ipek Ozkardeskaya.

Droits de douane: l’UE veut négocier mais s’impatiente face à Trump

L’Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les Etats-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump de lui imposer le 1er août des droits de douane de 30%, mais sa patience s’amenuise et sa riposte pourrait atteindre les 72 milliards d’euros, a indiqué lundi le négociateur en chef de l’UE.”Nous négocions d’abord, mais nous nous préparons en même temps”, a assuré le commissaire européen chargé du Commerce, Maros Sefcovic, devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres du Commerce de l’UE à Bruxelles. Il a souligné qu’il s’agissait d’une position commune des Vingt-Sept.Le commissaire européen, qui négocie avec Washington au nom des 27, a confirmé son intention de poursuivre les discussions jusqu’à la date butoir du 1er août décidée par Donald Trump, y compris dès lundi avec ses homologues américains.”Mais comme je l’ai déjà dit, il faut deux mains pour applaudir”, et donc l’UE doit aussi préparer d’éventuelles représailles en cas d’échec des discussions, a-t-il relevé. La liste de 72 milliards d’euros de marchandises américaines que l’UE pourrait cibler n’épuise pas le champ de toutes les possibilités, a-t-il dit.L’UE a déjà préparé une liste distincte d’importations américaines d’une valeur de 21 milliards d’euros qu’elle est prête à viser en raison des droits de douane déjà imposés par le président américain sur l’acier et l’aluminium. Ces mesures sont actuellement suspendues.La décision de Donald Trump, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.- “Changer de méthode” -Et certains pays jugent que l’UE doit désormais passer à la vitesse supérieure et montrer sa force.”Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode”, a ainsi affirmé à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin. Et il ne faut avoir “aucun tabou”, a-t-il martelé.”Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit +si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre+”, a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UE.La présidente de la Commission européenne – qui négocie au nom des Etats membres de l’UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l’Allemagne, dont les ventes vers les Etats-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l’UE.Elle a annoncé dimanche que l’Union n’allait pas riposter pour l’instant aux droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium, dans l’espoir d’obtenir un accord qui s’avérerait moins douloureux.”Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu’au 1er août”, a-t-elle déclaré.- 100 milliards d’euros -Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission à “défendre résolument les intérêts européens” et à “accélérer la préparation de contre-mesures crédibles”.Le chancelier allemand Friedrich Merz s’est dit dimanche d’accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Ursula von der Leyen et avec Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s’impliquer “intensivement” pour tenter d’arriver à une solution. La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d’une “guerre commerciale” au sein du monde occidental.”L’Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L’Italie fera sa part. Comme toujours”, a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l’accuse de manquer de fermeté face à Washington.Depuis son retour à la présidence des Etats-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d’un ralentissement économique mondial.

Wall Street sans entrain face aux pressions commerciales de Trump

La Bourse de New York évolue sans grand dynamisme lundi, montrant de légers signes d’inquiétude face aux nouvelles annonces douanières de Donald Trump, à l’entame d’une semaine riche en données économiques.Vers 13H50 GMT, le Dow Jones grappillait 0,07%, l’indice Nasdaq lâchait 0,10% et l’indice élargi S&P 500 perdait 0,09%.”Les annonces concernant les droits de douane partagées au cours du week-end semblent très importantes. Mais une fois de plus, le marché choisit de ne pas s’en émouvoir outre mesure”, a commenté auprès de l’AFP Steve Sosnick, analyste d’Interactive Brokers.Le président américain a annoncé samedi l’imposition dès le 1er août de droits de douane de 30% sur les produits provenant du Mexique et de l’Union européenne importés aux Etats-Unis.Cette décision a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.Malgré les menaces de M. Trump sur un possible relèvement des surtaxes américaines en cas de rétorsion, la Commission européenne a proposé lundi aux 27 pays de l’UE une liste de représailles possibles à hauteur de 72 milliards d’euros.Le calme de la place américaine face à ces annonces “est fondé sur la conviction que des droits de douane moins élevés seront négociés et que, quoi qu’il arrive sur le front commercial, il n’y aura pas d’impact délétère sur l’économie ou l’inflation”, a jugé Patrick O’Hare, analyste de Briefing.com.Les investisseurs pourront avoir un premier aperçu de ces effets cette semaine avec la publication de plusieurs indicateurs clés sur l’état de santé de l’économie américaine, dont l’inflation côté consommateurs (CPI) et producteurs (PPI).Jusqu’à présent, le marché “a montré qu’il aime les bonnes données et ne réagit pas mal aux mauvaises”, a rappelé M. Sosnick. Selon l’analyste, “il est toutefois difficile d’ignorer les données liées à l’inflation” en raison de leur importance dans la décision de la Réserve fédérale (Fed) de modifier, ou non, ses taux directeurs.La grande majorité des investisseurs estiment que la banque centrale américaine va maintenir ses taux à ce niveau à l’issue de sa prochaine réunion, selon l’indicateur publié par CME, FedWatch.Mais ils sont de moins en moins à anticiper une baisse de taux en septembre.”Plus les droits de douane sont repoussés, plus il est difficile pour la Fed d’agir, car elle veut voir les effets des droits de douane avant de faire quoi que ce soit en matière de taux”, a assuré M. Sosnick.Sur le marché obligataire, le rendement de l’emprunt américain à dix ans était stable par rapport à la clôture vendredi, à 4,41%.Côté entreprises, le groupe pharmaceutique Kenvue (+0,82% à 21,53 dollars), fabricant du Tylenol et des produits Neutrogena, avançait après avoir annoncé la démission de son patron, Thibault Mongon.Les valeurs associées au secteur des cryptomonnaies profitaient des nouveaux sommets atteints par le bitcoin, à l’image des plateforme d’échange Coinbase (+1,76% à 393,88 dollars) et Robinhood (+1,24% à 99,56 dollars) ou du “mineur” (créateur de monnaie numérique) Riot Platforms (+7,02% à 13,29 dollars).Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+1,21% à 317,31 dollars) avançait après des déclarations de son patron Elon Musk assurant que les actionnaires de l’entreprise se verront proposer un projet d’investissement au capital de la start-up xAI, autre société contrôlée par M. Musk.

Comment l’Europe a été prise de court par Trump sur les droits de douane

Tout au long de la semaine dernière, diplomates, responsables et fonctionnaires européens ont fermement cru à la possibilité d’un accord avec Donald Trump sur les droits de douane. Jusqu’à ce qu’une lettre du président américain vienne tout bouleverser.La décision unilatérale du milliardaire républicain d’imposer des droits de douane de 30% aux produits européens entrant aux Etats-Unis — soit trois fois le taux en vigueur — a pris les 27 Etats membres de l’UE de court.”J’ai été surpris. Nous étions tous plutôt optimistes quant à la perspective de conclure un accord de principe” avec les Etats-Unis, a confié Ville Tavio, ministre finlandais chargé des questions commerciales.Et pour cause: depuis plusieurs jours, la Commission européenne relayait des signaux résolument positifs émanant de ses tractations avec Washington. Un “bon échange” entre la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen et Donald Trump; des discussions “productives” entre le commissaire Maros Sefcovic, chargé de négocier l’accord, et ses homologues américains…Autant d’éléments qui nourrissaient l’espoir d’un compromis négocié.L’accord imaginé? Une taxe générale de 10% imposée par les Etats-Unis sur les importations européennes, assortie de nombreuses exemptions pour des secteurs clé comme l’acier, l’automobile, la pharmacie ou l’aéronautique.- Pas de lettre? -Même lorsque Donald Trump a commencé à envoyer ses premières lettres lundi dernier — imposant 25 % de droits de douane à la Corée du Sud et au Japon, puis 50 % au Brésil — les Européens n’étaient toujours pas particulièrement inquiets.”D’après ce que je comprends, nous ne recevrons pas de lettre”, avançait Olof Gill, un porte-parole de la Commission mercredi, confiant dans les chances d’un accord imminent entre Bruxelles et Washington.Même son de cloche vendredi, en début d’après-midi. “De notre côté, nous sommes prêts”, à conclure un accord, répétait Olof Gill. “Voyons ce qui se passe quand nos amis à Washington se réveillent dans quelques heures.”Le couperet est finalement tombé peu après, quand la Commission a reçu la nouvelle que des droits de douane de 30% seraient imposés sur tous les produits européens entrant aux Etats-Unis, à partir du 1er août.L’information est rapidement partagée avec les responsables des plus grandes capitales européennes. D’autres n’apprennent la nouvelle que lorsque la missive, signée au feutre noir par le président américain, est publiée sur le réseau de Donald Trump samedi, en début d’après-midi, heure européenne.Plusieurs chefs d’Etat montent au créneau, comme le président français Emmanuel Macron, qui exprime “sa très vive désapprobation”, exhortant désormais l’Union européenne à défendre ses intérêts.La lettre de Donald Trump décrétant ces droits de douane est-elle à prendre pour argent comptant? Ou s’agit-il simplement d’une façon d’augmenter la pression sur les Européens?Réunis à Bruxelles lundi, les ministres européens chargés du commerce extérieur ont tous exprimé l’espoir de parvenir à une solution négociée avec Washington d’ici le 1er août.”Je ne peux pas m’imaginer en rester là sans effort véritable”, a affirmé le discret Maros Sefcovic, promettant d’échanger à nouveau avec ses homologues américains, Jamieson Greer et Howard Lutnick, possiblement dès lundi.

Wall Street ouvre sans entrain face aux pressions commerciales de Trump

La Bourse de New York a ouvert sans grand dynamisme lundi, montrant des signes d’inquiétude face aux nouvelles annonces douanières de Donald Trump, à l’entame d’une semaine riche en données économiques.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 0,15%, l’indice Nasdaq grappillait 0,03% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 0,09%.