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A Damas, ananas, kiwi et mangue sortent de la clandestinité après Assad

Mangues, kiwis, ananas : les étals des souks de Damas regorgent désormais de fruits exotiques, autrefois interdits sous le pouvoir d’Assad, qui les considérait comme des produits de luxe et sanctionnait sévèrement ceux qui les vendaient.”Nous ne cachons plus les ananas, aujourd’hui nous les exposons en pleine vitrine (..) le temps de la peur de l’ananas est terminé”, déclare Marwan Abou Hayla, un vendeur de fruits et légumes de 46 ans.”L’ananas, le kiwi et la mangue étaient tous des fruits introuvables, vendus à des prix exorbitants”, raconte en souriant ce commerçant du souk animé d’Al-Chaalan dans le centre de la capitale syrienne.Pendant des décennies, les fruits tropicaux étaient considérés comme des produits de luxe réservés à une élite. Pour économiser les devises étrangères et soutenir la production locale, leur importation était entravée par les autorités, et leur vente était passible d’amendes, voire de prison. Les services de sécurité perquisitionnaient les magasins à la recherche des contrevenants.Face aux restrictions, les commerçants avaient pris l’habitude de recourir à des circuits parallèles.”On les acheminait en contrebande, notamment par le biais des chauffeurs de taxi, tout comme l’essence et le diesel”, raconte Marwan Abou Hayla, en allusion à la contrebande de ces produits depuis le Liban voisin. “Parfois, ils les cachaient dans le compartiment moteur du véhicule, en petites quantités.”Alors que le kilo d’ananas avoisinait les 300.000 livres syriennes (environ 23 dollars) l’an dernier, il est aujourd’hui vendu autour de 40.000 livres, soit 4 dollars.”L’ananas est devenu comme la pomme de terre ou l’oignon”, affirme-t-il.- “A la télévision” -Depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad en décembre, l’économie s’est libéralisée et de nombreux produits jadis interdits ou introuvables ont fait leur apparition sur le marché syrien.Le dollar, dont l’usage – et même sa simple mention – était auparavant passible de sanctions, circule désormais librement. Des véhicules récents roulent dans les rues, et le carburant est de nouveau accessible.Ahmed al-Harith, un commerçant de 45 ans, explique que les avocats, les ananas, les kiwis ou les bananes de Somalie sont aujourd’hui largement accessibles, alors que “le prix d’un seul fruit équivalait autrefois au salaire d’un fonctionnaire”.”Je voyais les fruits exotiques plus souvent à la télévision que sur les marchés”, raconte Nour Abed al-Jabbar, une étudiante en médecine de 24 ans, selon laquelle certains “ne savent pas comment éplucher” l’ananas.Mais dans un pays ravagé par quatorze années de guerre, qui ont détruit l’économie et plongé plus de 90 % de la population sous le seuil de pauvreté, les fruits exotiques restent pour certains un luxe inabordable.Elham Amin, une femme au foyer de 50 ans, a bien noté que “les devantures des épiceries sont devenues plus colorées”. Mais elle n’emmène pas ses enfants lorsqu’elle fait les courses, de peur qu’ils réclament ces nouveautés qui ne sont pas à sa portée.”Les conditions de vie sont difficiles, et l’ananas reste un luxe pour une famille comme la nôtre”, confie-t-elle.

Après le recul du ZAN, l’Assemblée approuve la suppression des “zones à faibles émissions”

Saisie du projet de loi de “simplification”,l’Assemblée nationale a approuvé mercredi coup sur coup un recul du principe de “zéro artificialisation nette”, et surtout la suppression des zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation des véhicules les plus polluants.Introduite en commission à l’initiative de LR et du RN, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) a été adoptée par 98 voix contre 51, avec celles de l’alliance RN-UDR, de la droite, de LFI et quelques macronistes.Écologistes et socialistes ont largement voté contre, comme certains députés MoDem et Horizons. Le gouvernement était opposé à la suppression, proposant sans succès, un compromis.Initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE sont une mesure emblématique de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit’Air 3 ou plus selon les villes.”La pollution de l’air cause plus de 8.000 décès prématurés chaque année en Ile-de-France”, les ZFE sont “un outil indispensable pour protéger la santé publique et répondre à l’urgence climatique”, a souligné la ville de Paris dans un communiqué, appelant “à rétablir cette mesure essentielle”.Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a dénoncé “un vote contre la santé des Français” et celui de Montpellier Michaël Delafosse (PS) “une erreur funeste pour les générations à venir”.Mais les ZFE sont critiquées, jusque dans les rangs du gouvernement, par de nombreux responsables politiques, notamment à droite, qui considèrent qu’elles excluent des catégories de la population ne pouvant acheter des véhicules moins polluants.”Je ne vais pas vous dire que je pleure”, a réagi sur CNews et Europe 1 le ministre (LR) des Transports, Philippe Tabarot.”Le texte tel qu’il a été défini aujourd’hui est dépassé”, a-t-il ajouté, appelant à améliorer le dispositif par “des mesures de bon sens”, mais “certainement pas en montant les Français contre les Français”.Leur suppression “n’est pas une défaite pour l’écologie” mais “pour l’écologie punitive et pour tous ceux qui veulent systématiquement taper sur les Français”, a abondé sur X la patronne des députés RN Marine Le Pen.Le groupe LFI a également salué une “victoire” contre “un dispositif injuste”. Les Insoumis ont proposé “dès 2022 un moratoire sur les ZFE (…) Il est urgent de planifier nos mobilités en mettant de réels moyens dans des alternatives en transports en commun”, ont-ils commenté dans un communiqué.- “Démagogie” -La ministre macroniste de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a tenté, en vain, de faire adopter un compromis, pour sanctuariser le fait que les ZFE ne seraient obligatoires qu’autour de Paris et Lyon, et instaurer toute une batterie d’exceptions à la main des collectivités qui veulent les mettre en place.”Ce ne sera pas possible de le faire même pour ceux qui le souhaitent”, a déploré le ministère dans un communiqué, après le vote de l’Assemblée.L’ancien ministre macroniste des Transports Clément Beaune, désormais Haut-commissaire au Plan, a déploré sur X une “triste semaine de démagogie anti-écolo”, citant également une loi agricole visant entre autres à réintroduire certains néonicotinoïdes, et qui poursuit sa route au Parlement grâce à un coup tactique du bloc central.Concernant la loi simplification, les députés ont aussi adopté mercredi un article pour faciliter l’implantation de vastes centres de données numériques. Mais après son passage en commission, il comporte surtout une révision significative du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre la bétonisation d’espaces naturels et agricoles.L’article permet de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces naturelles aménageables, “sans justification”, et prévoit d’exclure du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme “projet d’intérêt national majeur”.L’Assemblée a aussi adopté un amendement visant à sécuriser la conformité de projets comme celui de l’autoroute A69 – une limitation du “droit aux recours” selon la gauche -, ou un article ambitionnant de simplifier l’implantation d’antenne-relais.Des députés estiment toutefois que certaines dispositions, comme l’abrogation des ZFE, encourent un risque de censure au Conseil constitutionnel, comme cavaliers législatifs (trop éloignés du texte initial).Les votes sur les articles devront être confirmés par celui sur le projet de loi, alors que les débats sur ce texte, morcelés depuis début avril, doivent reprendre mi-juin, avec 623 amendements à étudier.sac-gbh-bl-juc-sde/vk

Le Mauritanien Sidi Ould Tah, élu nouveau super banquier de l’Afrique

L’ancien ministre mauritanien de l’Economie, Sidi Ould Tah, a été élu jeudi président de la Banque africaine de développement (BAD) et va succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de cette institution qui doit faire face au désengagement financier des Etats-Unis. Il n’aura fallu que trois tours de scrutin pour que M. Tah l’emporte, avec 76,18% des voix, devançant largement son rival zambien Samuel Munzele Maimbo qui a recueilli 20,26%. Le Sénégalais Amadou Hott termine troisième avec 3,55% des voix. Fondée en 1964, la BAD qui compte 81 pays membres, dont 54 africains, est l’une des grandes banques multilatérales de développement.Ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux ainsi que des remboursements et revenus des prêts.Pour remporter l’élection qui se déroulait à Abidjan, siège de l’institution, il fallait obtenir une double majorité: celle des votes de tous les pays membres mais aussi celle des pays africains. Et sur ce terrain, M. Tah a obtenu un score fleuve avec 72,37% des suffrages africains. “Je voudrais d’abord remercier l’Afrique pour la confiance. Je vous remercie pour cette confiance dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagne”, a déclaré M. Tah, à l’issue de son élection. “Je veux féliciter le Dr Sidi Ould Tah pour son élection réussie (…) je suis entré dans cette course mû par l’amour pour notre continent et pour offrir une vision pour le futur de l’Afrique. Aujourd’hui les gouverneurs ont choisi le leader qui, selon eux, va donner la vision de l’Afrique que nous voulons à ce moment décisif”, a déclaré M. Maimbo dans un communiqué transmis à l’AFP.   Car le nouveau président de l’institution va être immédiatement confronté à un environnement économique international chamboulé, notamment par les annonces de l’administration Trump.Outre les droits de douane, certaines décisions affectent directement la BAD puisque les Etats-Unis veulent supprimer leur contribution d’un demi-milliard de dollars au fonds de la banque, destiné aux pays à faible revenu du continent.Cinq candidats étaient en lice pour l’élection de jeudi, dans la capitale économique ivoirienne où se trouve le siège de l’institution.- Prestigieux poste – Au fil des tours de vote, M. Tah a rallié les voix de nombreux pays, dans ce scrutin où le poids de chaque Etat actionnaire est pondéré par la hauteur de sa participation au capital de la banque.Les cinq plus gros contributeurs africains: le Nigeria, l’Egypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Maroc, étaient particulièrement courtisés, tout comme les Etats-Unis et le Japon, plus gros contributeurs non-régionaux. A la tête de ce prestigieux poste d’une institution qui s’est imposée au niveau international, M. Tah devrait mettre à profit ses dix années à la tête d’une autre institution multilatérale, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea).Il devrait toutefois rester dans la continuité des “High 5”, les cinq priorités établies par le président sortant: éclairer, nourrir, industrialiser, intégrer et améliorer la qualité de vie des populations. “Je suis fier de l’héritage que je laisse derrière moi. Nous avons construit une institution financière de classe mondiale qui va continuer à faire progresser la position de l’Afrique dans un environnement mondial qui évolue rapidement”, a déclaré M. Adesina, mardi, précisant que 565 millions de personnes en Afrique ont bénéficié de projets de la BAD ces dix dernières années.La banque a, par exemple, aidé à la construction de la plus grande station d’épuration d’Afrique, à Gabal el Asfar en Egypte, contribué à la réalisation d’un pont entre Sénégal et Gambie, à l’extension du port de Lomé au Togo, ou encore à des projets d’assainissement au Lesotho et d’accès à l’électricité au Kenya.Pendant les dix ans de gouvernance de l’homme au nÅ“ud papillon, le capital souscrit de l’institution a par ailleurs triplé, passant de 93 à 318 milliards de dollars.

Pays-Bas: rappel de bonbons Haribo après une contamination au cannabis

Haribo a procédé jeudi au rappel des bonbons de sa marque “Happy Cola Fizz” aux Pays-Bas à la suite de la découverte de cannabis dans certains paquets et après que plusieurs personnes, dont des enfants, sont tombées malades. L’Autorité néerlandaise de sécurité alimentaire et des produits de consommation (NVWA) a précisé que seuls trois sachets de bonbons Haribo “Happy Cola Fizz” étaient concernés par la détection d’une telle contamination, mais qu’un rappel généralisé de la gamme avait été lancé par précaution.”Il y a des sachets en circulation qui pourraient contenir des bonbons susceptibles d’entraîner des problèmes de santé tels que des étourdissements, lorsqu’ils sont consommés”, a déclaré la NVWA dans un communiqué. “Du cannabis a été retrouvé dans les [bonbons en forme de] bouteilles de cola en question” a précisé la porte-parole du NVWA Saida Ahyad. La NVWA a été alertée par la police, après que plusieurs personnes – enfants et adultes – ayant mangé ce type de bonbons sont tombées malades.Mme Ahyad a indiqué que la police enquêtait désormais sur la manière dont le cannabis avait pu se retrouver dans les sachets de bonbons.”Après consultation avec la NVWA et comme il est d’usage dans ce type de situations, Haribo a émis un avertissement de sécurité “, a ajouté Mme Ayhad, exhortant à ne pas consommer ces bonbons.De son côté, Patrick Tax, vice-président marketing de la société allemande, a assuré que le rappel de produit concernait “un nombre limité de cas” et un seul type de produit dans l’est du pays. “La sécurité de nos consommateurs est notre priorité absolue et Haribo prend cet incident très au sérieux”, a-t-il affirmé dans un communiqué à l’AFP. “C’est une question en cours d’investigation et nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités néerlandaises pour soutenir leur enquête et établir les faits ayant conduit à la contamination” , a-t-il ajouté.

Les moments-clés de Musk à la Maison Blanche

Elon Musk vient d’annoncer la fin de la mission de réduction de la dépense publique confiée par Donald Trump il y a quatre mois, au cours desquels l’homme le plus riche du monde s’est imposé comme la personnalité la plus iconoclaste de l’entourage du président américain. Rappel de quelques moments-clés, témoins de son influence et des controverses qu’il a suscitées.Salut nazi?Dès l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, le patron de Tesla et SpaceX, également propriétaire du réseau social X, fait polémique lors d’un meeting de soutien au nouveau président en levant le bras droit sur scène à deux reprises, dans un geste décrit par des élus démocrates et des historiens comme un salut nazi. L’homme le plus riche du monde s’en défend sans lever l’ambiguïté: “l’attaque selon laquelle +tout le monde est Hitler+ est tellement éculée”, lâche-t-il.   “Fiers d’être Allemands”En pleine polémique autour de ce geste, Elon Musk intervient le 25 janvier par visioconférence devant des milliers de sympathisants du parti d’extrême droite allemand AfD, à l’approche des élections législatives. “C’est OK d’être fier d’être Allemands. Battez-vous pour un avenir radieux pour l’Allemagne”, lance-t-il. Un enfant dans le bureau ovaleAlors que certains commencent à le surnommer “président Musk”, l’homme d’affaires défend le 12 février dans le Bureau ovale ses coupes brutales dans les services fédéraux. Son fils de quatre ans est perché sur ses épaules, sous le regard protecteur de Donald Trump. Tout en parlant, l’homme d’affaires essaie de distraire “X”, le fils qu’il a eu avec l’artiste Grimes. Jusqu’à ce qu’il le confie à une femme présente dans la salle, qui l’emmène dehors.L’homme à la tronçonneuseChargé de sabrer dans le budget fédéral à la tête d’une Commission pour l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk brandit le 20 février une tronçonneuse sur la scène d’une grande convention conservatrice. L’outil lui a été offert par le président argentin, Javier Milei, qui en a fait un symbole de son programme de réduction des services de l’Etat.La vedette du gouvernementLors de la première réunion du gouvernement Trump le 26 février, Musk semble voler la vedette. Mais 10 jours plus tard, une nouvelle réunion donne lieu à des accrochages entre le patron de SpaceX et le secrétaire d’Etat Marco Rubio et le ministre des Transports Sean Duffy, autour des coupes annoncées dans les services fédéraux, selon des médias américains. “Il n’y a pas eu d’affrontement, j’étais là”, assure Donald Trump.Tesla en vitrine à la Maison BlancheElon Musk à son côté, Donald Trump se pose le 11 mars en promoteur des véhicules Tesla à la Maison Blanche, alors que la marque voit ses ventes baisser et des voitures vandalisées du fait des prises de positions politiques de son patron.Des millions pour le WisconsinA la veille d’une élection pour remplacer un juge à la Cour suprême de l’Etat-clé du Wisconsin, Elon Musk s’implique à fond pour le candidat conservateur, allant jusqu’à offrir le 27 mars deux chèques d’un million de dollars à deux électeurs. C’est pourtant la candidate démocrate qui l’emporte.    “Crétin”Après l’imposition par Trump de lourds droits de douane sur les importations des Etats-Unis, Musk prend le contre-pied en plaidant pour une “zone de libre-échange” entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Le 8 avril, il traite publiquement de “crétin” Peter Navarro, conseiller au commerce de Trump et architecte de ces barrières douanières. Ce dernier avait reproché à Tesla de n’être qu’un “assembleur” de voitures faites de pièces fabriquées hors des Etats-Unis.”Déçu”Il aura fallu attendre le 27 mai, plus de quatre mois après l’investiture de Donald Trump, pour entendre une première critique d’Elon Musk à l’égard de son grand allié républicain: dans une interview, le multimilliardaire se dit “déçu” par la “grande et belle loi” budgétaire poussée par le président, lui reprochant de creuser le déficit budgétaire, à rebours de la mission d’austérité qui lui a été confiée. Le lendemain, il confirme son départ du gouvernement, comme “prévu”.

Wall Street ouvre en hausse après une décision judiciaire sur les droits de douane

La Bourse de New York a ouvert en hausse jeudi, optimiste après qu’un tribunal américain a décidé de bloquer une partie des droits de douane imposés par l’administration Trump, les investisseurs étant aussi satisfaits des résultats du géant Nvidia.Dans les premiers échanges, le Dow Jones prenait 0,16%, l’indice Nasdaq progressait de 1,51% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,87%.

Au nom de l’inox et des batteries, la plus grande mine de nickel au monde déloge une tribu

Bokum, membre d’une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs d’Indonésie, presque totalement isolée du monde moderne, se désespère: sa forêt vierge, stupéfiante de beauté sur une île des Moluques, est riche en nickel. Et abrite depuis six ans la plus grande mine de ce métal au monde, exploitée par des groupes chinois et français.Pour le voir de ses yeux, il faut s’enfoncer profondément dans la jungle de l’île de Halmahera, 2.400 km à l’est de Jakarta. Ici vit la tribu des Hongana Manyawa (“Peuple de la forêt”), dont 500 membres mènent encore une vie nomade et sans aucun contact avec la civilisation moderne.Bokum, lui, fait partie des 3.000 autres membres de la tribu acceptant des contacts limités. C’est donc lui qui montre à une équipe de l’AFP comment la vaste concession minière de Weda Bay Nickel défigure ses terres tribales.Au milieu d’une nature à couper le souffle, les machines abattent et creusent, et la mine s’étend pour répondre à la demande phénoménale de nickel, principalement pour fabriquer de l’acier inoxydable, et indispensable à la plupart des batteries des véhicules électriques. Pas moins de 17% du nickel mondial vient de cette seule mine, selon son site en 2023. L’Indonésie en est de très loin le premier producteur.”J’ai peur qu’ils continuent à détruire la forêt”, confie Bokum, qui dit ne plus trouver les cochons sauvage et poissons dont il se nourrissait. “Nous ne savons pas comment survivre sans notre terre, sans notre nourriture”.L’homme vit à 45 minutes de marche, un peu plus au coeur de la forêt. Il a accepté de témoigner en compagnie de son épouse Nawate qui, elle, garde le silence. Mais il ne s’attardera pas, car avant de se mettre en route, il a aperçu des ouvriers près de chez lui.”Les ouvriers de la mine ont essayé de cartographier notre territoire”, explique-t-il, une machette à portée de main. “C’est notre maison et nous ne la leur donnerons pas”.Le sort des Hongana Manyawa a suscité une certaine émotion ces derniers mois, après la diffusion de vidéos virales montrant des membres de la tribu amaigris et sortis de leur forêt pour mendier de la nourriture. Mais l’avenir de cette région, si loin de la capitale Jakarta, n’est pas une priorité.Trois jours de périple, sur 36 km à travers les 45.000 hectares de la concession minière, permettent pourtant de voir ce que coûtent, pour les humains comme pour la nature, les technologies modernes.Des explosions à répétition pour exposer le minerai font fuir des volées d’oiseaux. Des hélicoptères partagent le ciel avec des perroquets verts, des hiboux des Moluques, des calaos et des abeilles géantes.Des souches d’arbres, le long de la route, sont d’autres indices de l’invasion des machines. Et au loin, on aperçoit des gardiens de la mine tirant sur des oiseaux tropicaux avec leurs fusils à air comprimé.Toute la nuit, le vacarme des excavatrices arrachant la terre pénètre l’épaisse végétation, rivalisant avec les croassements des grenouilles et le bourdonnement des insectes.Le fond des rivières est tapissé d’une lourde boue recrachée par l’exploitation minière. Les poissons ont quasiment disparu de cette eau qui, quand on la traverse à gué, irrite la peau tant elle est souillée.- “Protocoles de contact” -La constitution indonésienne consacre les droits fonciers des autochtones. En 2013, la Cour constitutionnelle a même donné aux communautés locales le contrôle des forêts coutumières, plutôt qu’à l’Etat.Mais dépourvus de titres fonciers et faute de législation spécifique, les Hongana Manyawa ont peu de chances de faire valoir leurs droits sur les terres qui chevauchent la concession, selon les ONG.A fortiori face au géant qui leur fait face. La concession appartient à Weda Bay Nickel (WBN) qui a, via une coentreprise, pour actionnaire majoritaire le géant chinois de l’acier Tsingshan et minoritaire le groupe minier français Eramet, dont le nouveau patron accompagne le président Emmanuel Macron en visite en Indonésie. La mine demande à augmenter son droit d’extraction.WBN a indiqué à l’AFP être “engagée dans une exploitation minière responsable et la protection de l’environnement” et qu’elle formait ses employés au “respect des coutumes et traditions locales”. Il n’existe “aucune preuve que des groupes isolés ou non-contactés soient impactés par les activités de WBN”, selon l’entreprise.Eramet déclare à l’AFP avoir demandé aux actionnaires majoritaires de WBN l’autorisation de procéder cette année à un audit indépendant des “protocoles de contact” avec les Hongana Manyawa.Un examen plus approfondi de la manière dont la tribu utilise les forêts et les rivières de la région est également en cours, ajoute Eramet, qui affirme toutefois qu’il n’y a “aucune preuve” que des membres de la tribu vivent isolés dans sa concession.Mais le gouvernement indonésien a admis le contraire, dans une déclaration à l’AFP. Il existe “des preuves de l’existence de tribus isolées autour de Weda Bay”, a déclaré la direction générale du charbon et des minéraux du ministère indonésien de l’Energie et des Ressources minérales.La même direction dit s’engager à “protéger les droits des peuples autochtones et à garantir que les activités minières ne nuisent pas à leur vie et à leur environnement”.C’est la première reconnaissance officielle par Jakarta de la présence de Hongana Manyawa isolés dans la zone, selon l’ONG de défense des droits des autochtones Survival International.Pour l’ONG, qui évoque un “coup dur” pour les revendications d’Eramet, une zone interdite pour protéger la tribu est “le seul moyen d’empêcher son anéantissement”.Eramet indique sur son site former ses employés à la façon de se comporter s’ils rencontrent des Hongana Manyawa. Elle conseille aux employés de WBN d’éviter d’interagir avec des personnes non contactées si leur présence “est démontrée”.Tsingshan n’a pas répondu aux questions de l’AFP.Eramet, qui nie polluer l’eau de la région, affirme que l’exploitation minière a “créé de nombreuses nouvelles opportunités économiques”.Mais Bokum constate l’inverse: “depuis que l’entreprise a détruit notre maison, notre forêt, nous avons du mal à chasser, à trouver de l’eau propre”, affirme-t-il dans la langue indigène Tobelo. – Racket, prostitution -Depuis le début de l’exploitation du sol en 2019, la zone s’est rapidement transformée en une sorte de Far West.A un checkpoint près de l’immense parc industriel de Weda Bay, le véhicule des journalistes de l’AFP a été stoppé par plusieurs hommes exigeant de l’argent, avant qu’un responsable local n’intervienne.Non loin des villes limitrophes, à savoir Lelilef Sawai, Gemaf et Sagea, on croise des employés avec casques de chantier sur des routes boueuses et encombrées.Des boutiques rudimentaires bordent la route où des prostituées racolent les clients devant des hôtels infestés de punaises de lit.Au loin, les tours de fusion du nickel crachent un nuage artificiel qui flotte dans le ciel.La main-d’Å“uvre de la mine a plus que doublé depuis 2020 pour atteindre près de 30.000 personnes. Pour la plupart, il s’agit d’étrangers dont l’arrivée a créé des tensions et coïncidé avec une hausse des cas de maladies respiratoires et de VIH.”Les entreprises minières n’ont pas de bonnes pratiques, violent les droits de l’homme et font rarement de contrôles”, accuse Adlun Fiqri, porte-parole de l’association Save Sagea.”Bien avant l’exploitation minière, tout était vraiment calme et c’était agréable de vivre dans la forêt,” confie plus loin Ngigoro, qui a quitté le groupe isolé des Hongana Manyawa avec sa mère lorsqu’il était enfant. A l’époque, ils n’avaient “peur de rien”.”Cette terre appartient aux Hongana Manyawa,” ajoute cet homme de 62 ans, qui marque son chemin dans la forêt par des entailles sur les troncs d’arbre à l’aide de sa machette. Le sentiment est partagé dans l’est de l’île. Au moins 11 manifestants autochtones contre les activités minières y ont été interpelés, selon Amnesty International lundi.- Tesla s’en mêle -Bokum affirme avoir déménagé au moins six fois pour échapper aux mineurs qui empiétaient sur le territoire de son peuple.Les ONG craignent que la mine ne fasse tout simplement disparaître la tribu.”Ils dépendent entièrement de ce que la nature leur fournit et alors que leur forêt tropicale est dévastée, il en va de même pour eux,” s’alarme Callum Russell, de Survival International.Le gouvernement affirme avoir “réalisé une documentation” pour comprendre ces tribus isolées et assure les avoir impliquées “dans le processus de décision.”Mais pour les défenseurs des indigènes, ceci est impossible car la plupart d’entre eux n’utilisent pas la technologie moderne et évitent tout contact avec les étrangers.Récemment, quelques voix se sont élevées, notamment de grandes entreprises. Le constructeur automobile américain Tesla, propriété de Elon Musk, qui a signé des accords d’investissement dans le nickel indonésien, a proposé des zones interdites pour protéger les peuples autochtones.L’entreprise suédoise de véhicules électriques Polestar a déclaré l’an passé qu’elle chercherait à éviter de mettre en péril des “communautés non contactées” dans sa chaîne d’approvisionnement.Mais pour Bokum, le danger est déjà là: un site d’exploitation à ciel ouvert de 2,5 kilomètres de long s’étend juste derrière la colline où il cultive ananas et manioc.La mine a bien essayé de communiquer avec Bokum et son épouse, en leur fournissant des téléphones portables. Mais pour capter un signal, Bokum doit se rapprocher de la mine et quand des ouvriers s’approchent de chez lui, il réitère sa promesse, machette à la main: “C’est notre terre. Nous ne consentirons pas à sa destruction.”

Une page se tourne chez Dior avec le départ de Maria Grazia Chiuri

Le bruit courait depuis plusieurs mois: la créatrice Maria Grazia Chiuri quitte ses fonctions de directrice artistique des collections Femme de Dior, laissant ainsi la porte ouverte à Jonathan Anderson, dont le nom revient avec insistance pour lui succéder.Nommée en 2016, Maria Grazia a été la première femme à occuper le poste de directrice artistique dans la maison parisienne, propriété du groupe LVMH.Dans un communiqué, Dior a exprimé sa “plus vive gratitude” à Mme Chiuri après une “formidable collaboration”, précisant que c’est elle qui avait souhaité quitter son poste.”Je suis tout particulièrement reconnaissante du travail accompli par mes équipes et par les Ateliers. (…) Ensemble, nous avons construit un chapitre marquant dont je suis immensément fière”, a souligné Maria Grazia Chiuri, citée dans ce texte.Delphine Arnault, patronne de Christian Dior Couture, a pour sa part salué son “immense travail avec un point de vue féministe inspirant et une créativité exceptionnelle”.Après l’extravagant et provocateur John Galliano et l’acclamé mais éphémère Raf Simons, la styliste de 61 ans a en effet réussi en neuf ans à imposer sa vision de la femme Dior, à travers notamment un style plus “portable” et “confortable” et ses collaborations avec des artistes féministes.Fraîchement débarquée de Valentino, la créatrice avait notamment fait sensation en présentant pour son premier défilé en octobre 2016 un simple t-shirt blanc arborant le message “We should all be feminists” en lettres noires, une phrase empruntée à l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. “Elle a vraiment écrit un chapitre de l’histoire de la maison Dior”, a estimé auprès de l’AFP Serge Carreira, professeur affilié à Sciences Po, spécialiste de l’industrie du luxe.Si certains lui reprochent un manque de créativité, cet expert juge au contraire qu'”elle a réussi à impulser et créer une identité Dior Femme extrêmement cohérente, très authentique aussi par rapport à elle, qu’elle a constamment revigorée et alimentée avec des idées nouvelles”.- Standing ovation – La créatrice a présenté mardi à Rome, sa ville natale, sa dernière collection croisière lors d’un défilé dans les jardins de la Villa Albani, un palais néoclassique du XVIIIe siècle. Cet événement spectaculaire, inspiré par le “Bal Blanc” donné à Paris en 1930 par Mimi Pecci-Blunt, s’est conclu par une standing ovation des invités. Parmi eux figuraient Silvia Venturini Fendi, petite-fille des fondateurs de Fendi et directrice artistique des collections homme de la maison, et Valentino Garavani, fondateur de Valentino. Soit deux grands noms de la mode italienne avec lesquels a collaboré Maria Grazia Chiuri avant de rejoindre Dior. Formée à l’Instituto Europeo di Design de Rome, la styliste a en effet d’abord travaillé chez Fendi dans les années 1990, où, avec son compatriote Pierpaolo Piccioli, elle a imposé les sacs comme des pièces incontournables, à l’image du fameux “baguette”. Elle a ensuite rejoint Valentino, toujours avec son comparse, en 1999. Nommés en 2008 codirecteurs artistiques de la griffe, ils ont contribué pendant huit ans au renouveau de la maison italienne.- L’hypothèse Anderson – Le départ de Maria Grazia Chiuri de Dior est l’un des plus gros événements du vaste mercato qui agite le milieu de la mode ces derniers mois.  Le nom de son successeur n’a pas été officiellement annoncé, même si le nom de Jonathan Anderson circule depuis plusieurs mois. Nommé à la tête de Dior Homme en avril, en remplacement de Kim Jones, le créateur nord-irlandais deviendrait ainsi le premier styliste à diriger à la fois les collections Homme et Femme de la maison parisienne.”Ce serait d’une certaine façon une sorte de nouveau chapitre, avec peut-être l’idée de tisser des liens et d’avoir une plus grande cohérence entre un discours homme et un discours femme, et donc d’avoir quelque chose d’impactant pour les audiences et pour les consommateurs”, a relevé Serge Carreira, alors que LVMH, tout comme l’ensemble du secteur du luxe, traverse un ralentissement de sa croissance. Salué pour avoir propulsé sur le devant de la scène la marque espagnole Loewe, également propriété du groupe LVMH, Jonathan Anderson est considéré à 40 ans comme un des enfants prodiges de la mode.Nul doute que son premier défilé pour Dior en juin sera l’un des plus scrutés de la Fashion Week masculine de Paris, avant celui de Matthieu Blazy chez Chanel en octobre. 

Loi simplification: après le recul du ZAN, l’Assemblée approuve la suppression des “zones à faibles émissions”

Saisie du projet de loi de “simplification”, l’Assemblée nationale a approuvé mercredi coup sur coup un recul du principe de “zéro artificialisation nette”, et surtout la suppression des zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation de certains véhicules.Introduite en commission à l’initiative de LR et du RN, la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) a été adoptée par 98 voix contre 51, avec celles de l’alliance RN-UDR, de la droite, de LFI et quelques macronistes.Ecologistes et socialistes ont largement voté contre, comme certains députés MoDem et Horizons. Le gouvernement était opposé à la suppression, proposant, sans succès, un compromis.Initiées en 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE sont une mesure emblématique de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, excluant de leur périmètre certains véhicules très anciens et polluants, identifiés par les vignettes Crit’Air 3 ou plus selon les villes.Mais leur application est critiquée par de nombreux responsables politiques qui considèrent qu’elles excluent des catégories de la population ne pouvant acheter des véhicules moins polluants.”Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que je pleure”, a réagi jeudi sur CNews Europe 1 le ministre (LR) des Transports, Philippe Tabarot.”Le texte tel qu’il a été défini aujourd’hui est dépassé”, a-t-il ajouté, appelant à améliorer le dispositif par “des mesures de bon sens (…) qui puissent nous permettre de garder des objectifs nationaux et européens au niveau de la pollution de l’air, mais certainement pas de cette manière et certainement pas en montant les Français contre les Français”.Leur suppression “n’est pas une défaite pour l’écologie, c’est une défaite pour l’écologie punitive et pour tous ceux qui veulent systématiquement taper sur les Français”, a abondé sur X la patronne des députés RN Marine Le Pen.Le groupe LFI a salué une “victoire” contre “un dispositif injuste”. “LFI a proposé dès 2022 un moratoire sur les ZFE (…) Il est urgent de planifier nos mobilités en mettant de réels moyens dans des alternatives en transports en commun”, a-t-il poursuivi dans un communiqué.”La pollution de l’air est à l’origine de près de 40.000 décès prématurés par an (…) Et les zones à faibles émissions ont contribué à baisser ces décès précoces”, avait défendu dans l’hémicycle la ministre macroniste de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.- “Démagogie” -Elle a tenté de faire adopter un compromis, pour sanctuariser le fait que les ZFE ne seraient obligatoires qu’autour de Paris et Lyon, et instaurer toute une batterie d’exceptions à la main des collectivités qui veulent les mettre en place.”Ce ne sera pas possible de le faire même pour ceux qui le souhaitent”, a déploré le ministère dans un communiqué, après le vote de l’Assemblée.L’ancien ministre macroniste des Transports Clément Beaune, désormais Haut-commissaire au Plan, a déploré sur X une “triste semaine de démagogie anti-écolo”, citant également une loi agricole visant entre autres à réintroduire certains néonicotinoïdes, et qui poursuit sa route au Parlement grâce à un coup tactique du bloc central lundi.Concernant la loi simplification, les députés ont aussi adopté mercredi un article pour faciliter l’implantation de vastes centres de données numériques. Mais après son passage en commission, il comporte surtout une révision significative du “zéro artificialisation nette” (ZAN), dispositif de lutte contre la bétonisation d’espaces naturels et agricoles.L’article permet de “dépasser jusqu’à 30%” la limite de surfaces naturelles aménageables, “sans justification”, et prévoit d’exclure du décompte du ZAN les constructions reconnues par décret comme “projet d’intérêt national majeur”.L’Assemblée a aussi adopté un amendement visant à sécuriser la conformité de projets comme celui de l’autoroute A69 – une limitation du “droit aux recours” selon la gauche -, ou un article ambitionnant de simplifier l’implantation d’antenne-relais.Des députés estiment toutefois que certaines dispositions, comme l’abrogation des ZFE, encourent un risque de censure au Conseil constitutionnel, comme cavaliers législatifs (trop éloignés du texte initial).Les votes sur les articles devront être confirmés par celui sur le projet de loi, alors que les débats sur ce texte, morcelés depuis début avril, doivent reprendre mi-juin, avec 623 amendements à étudier.

La Bourse de Paris en hausse après la décision d’un tribunal américain de bloquer les droits de douane de Trump

La Bourse de Paris évolue en forte hausse jeudi après la décision d’un tribunal américain de bloquer les droits de douane américains imposés par l’administration Trump depuis avril, profitant aussi des résultats du géant américain de la technologie Nvidia, meilleurs qu’attendu.L’indice vedette CAC 40 avançait nettement de 1,01% vers 09H50, s’octroyant 78,84 points pour s’établir à 7.866,94 points. Mercredi, le CAC 40 avait terminé en baisse de 0,49% (-38,69 points).Trois juges du tribunal de commerce international des Etats-Unis (ITC) ont estimé que les surtaxes que l’administration Trump impose sur ses importations relevaient d’une prérogative du Congrès et que le président américain avait ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose.”Le monde entier suivra de près les efforts déployés par le système judiciaire des États-Unis pour que la plus haute fonction de l’État soit tenue de rendre des comptes”, écrit dans une note Derren Nathan, responsable de la recherche sur les actions de Hargreaves Lansdown.Les juges considèrent que le président ne peut pas invoquer la loi d’urgence économique de 1977, utilisée pour justifier l’usage de décrets présidentiels, afin d’instituer ces droits de douane massifs, pour “imposer une surtaxe illimitée sur les produits provenant de quasiment tous les pays”, selon le jugement que l’AFP a pu consulter.Cela concerne tant les surtaxes douanières liées au fentanyl imposées par Donald Trump au Canada, au Mexique et à la Chine, que les droits de douane dits “réciproques” d’au moins 10% imposés le 2 avril sur l’ensemble des produits entrant aux Etats-Unis, et jusque 50% selon le pays d’origine.Ces droits de douane, d’une ampleur inédite, font craindre aux marchés qu’une guerre commerciale affecte la croissance mondiale.”Cette décision jette le trouble sur plusieurs accords commerciaux déjà conclus et sur ceux qui sont encore en phase de négociation”, commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique chez XTB.”Ironiquement, c’est un groupe conservateur représentant les petites entreprises qui a porté plainte contre les droits de douane, accusant le président d’imposer des taxes commerciales en invoquant une +situation d’urgence+ sans fondement”, a relevé l’économiste.Le gouvernement Trump a interjeté appel mercredi, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.A la Bourse de Paris, les secteurs du luxe et de l’automobile, particulièrement exposés aux conséquences d’une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, profitaient de la nouvelle pour reprendre de la hauteur.Kering gagnait 2,98% à 178,42 euros vers 09H50, LVMH 1,82% à 492,45 euros et Hermès 1,76% à 2.423 euros.Stellantis s’offrait 2,96% à 9,28 euros l’action. STMicroelectronics profite de l’effet NvidiaLes titres des firmes technologiques sont soutenus par les solides résultats publiés par le champion américain des semi-conducteurs Nvidia, baromètre du secteur.Le groupe est allé au-delà des attentes pour les résultats du premier trimestre de son exercice décalé, grâce notamment à un impact moindre que prévu des restrictions américaines à l’exportation de ses puces vers la Chine.A Paris, le groupe franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics bondissait de 3,80% à 23,20 euros. Soitec, spécialiste de la conception de matériaux semi-conducteurs, prenait 6,86% à 47,53 euros, au lendemain d’une violente chute de plus de 20% de son action après l’annonce du retrait de l’ensemble de ses prévisions de résultats pour l’année fiscale en cours.