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Les Bourses européennes finissent en nette hausse

Les marchés boursiers européens ont terminé en fanfare mercredi, portés par des espoirs de trêve en Ukraine, quelques heures avant la publication des résultats très attendus du mastodonte des puces électroniques Nvidia, deuxième capitalisation mondiale.Paris a pris 1,15%, Francfort 1,71% et Milan 1,32%. Londres a gagné 0,72%.

Les grands argentiers du G20 se réunissent à l’heure d’une “menace” pour “la croissance mondiale”

Un mois après l’investiture de Donald Trump, les ministres des Finances du G20, à l’exception de celui des Etats-Unis, sont réunis depuis mercredi au Cap où le président sud-africain a mis en garde contre une “menace” pesant sur la “croissance mondiale”.”L’érosion du multilatéralisme pose une menace à la croissance et à la stabilité mondiales”, a averti mercredi Cyril Ramaphosa en ouverture de cette rencontre des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G20.Cette réunion, comme celle des ministres des Affaires étrangères la semaine passée, se tient en l’absence du principal représentant des Etats-Unis sur fond de craintes de guerres commerciales après les multiples augmentations de droits de douanes décidées par le chef d’Etat américain Donald Trump.Le ministre italien de l’Economie Giancarlo Giorgetti, dont la cheffe de gouvernement est réputée proche du nouveau locataire de la Maison Blanche, a fait part des mêmes inquiétudes.”Le protectionnisme, les barrières commerciales et l’incertitude politique menacent la croissance”, a-t-il déclaré en session, selon un communiqué de son ministère dans lequel il cite les risques d’augmentation des coûts de production et de l’inflation.”Il est vital de veiller à ce que les droits et les intérêts des personnes vulnérables ne soient pas piétinés par les ambitions des puissants”, avait lancé plus tôt le président de l’Afrique du Sud, dont toutes les aides ont été coupées par la Maison Blanche qui l’accuse de traitement “injuste” des Afrikaners, descendants des colons européens.Pretoria craint pour le futur de l’Agoa, accord commercial entre le continent et Washington, ainsi que pour le financement américain du partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), a reconnu le ministre sud-africain de l’Energie mardi.”Un ordre international fondé sur des règles équitables, transparentes et inclusives est, en fin de compte une condition essentielle à la stabilité économique et à une croissance soutenue en ces temps de contestation géopolitique accrue”, a encore exhorté Cyril Ramaphosa au premier des deux jours de rencontre au Cap.A l’inverse de Marco Rubio qui avait boycotté la réunion des chefs de la diplomatie en taxant Pretoria d'”anti-américanisme”, le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a invoqué des “obligations à Washington”.En revanche, le président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell est, lui, bien présent. Comme son homologue de la BCE (Banque centrale européenne) Christine Lagarde.Plusieurs ministres des finances européens, comme la Britannique Rachel Reeves, le Français Eric Lombard ou Giancarlo Giorgetti ont assisté au discours du chef d’Etat de l’Afrique du Sud, premier pays du continent à présider le G20 et par conséquent le premier également à accueillir son sommet en novembre à Johannesburg.- Dette record des pays en développement -En plein mouvement de désengagement américain en Europe, Rachel Reeves prévoit de soutenir devant ses homologues du G20 qu’une défense forte est le “socle de la croissance économique” et plaidera pour un “commerce libre et équitable”, ont annoncé ses services.Le bouleversement des règles du jeu par Donald Trump éclipse en partie les thèmes promus par l’Afrique du Sud pour ce G20, à savoir la croissance inclusive et soutenable ainsi que l’innovation financière pour soulager les pays accablés par la dette et les conséquences du changement climatique.”Parlez à n’importe quel dirigeant africain”, a lancé Cyril Ramaphosa mercredi. “Ils vous diront que des ponts, écoles et hôpitaux sont emportés par des inondations qu’ils n’ont jamais vues auparavant et qu’ils savent maintenant dues au changement climatique. Ils ne sont pas en mesure de reconstruire ces routes et ces ponts sans imposer un lourd fardeau de dette à leurs économies.”Le montant total de la dette extérieure des pays en développement a atteint un record de 1.400 milliards de dollars en 2023, selon le Programme de développement des Nations unies (UNDP)Dix-sept pays consacrent plus de 20% de leurs recettes publiques aux paiements d’intérêts, a averti l’UNDP dans un communiqué mardi, un seuil qui est d’après le programme onusien “fortement lié au risque de défaut”.

Ukraine : Zelensky espère voir Trump à Washington vendredi pour finaliser l’accord sur les minerais

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mercredi viser une rencontre vendredi à Washington avec Donald Trump pour finaliser un accord cadre sur l’exploitation de minerais ukrainiens et lui demander en face-à-face s’il comptait arrêter l’aide américaine à Kiev.Le président américain a procédé en deux semaines à un revirement total de la position des Etats-Unis sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine, allant jusqu’à qualifier Volodymyr Zelensky de “dictateur” et reprenant les éléments de langage du Kremlin quant aux causes de l’invasion russe depuis février 2022.Le chef de l’Etat ukrainien tente, quant à lui, comme il le peut, de jouer l’apaisement, tant le soutien de Washington est crucial pour Kiev, alors qu’il recherche une “paix durable” pour son pays, dévasté par les combats, les destructions et la mort de dizaines de milliers de soldats et civils.Ces derniers jours, les discussions – tendues – tournaient entre représentants américains et ukrainiens sur un accord concernant l’exploitation de minerais ukrainiens par les Etats-Unis.”Il y a une date de travail (…) vendredi” pour le voyage à Washington, a annoncé mercredi Volodymyr Zelensky au cours d’une conférence de presse à Kiev.Sa rencontre avec Donald Trump, non confirmée à l’heure actuelle par la Maison Blanche, devrait permettre la signature de cet accord-cadre, en vue d’un texte plus détaillé, ce que le président américain disait absolument vouloir en compensation de l’aide militaire et financière versée depuis trois ans.Les points d’achoppement – en particulier sur la somme de 500 milliards de dollars d’aide américaine évoquée par M. Trump – ont fini par disparaître, a assuré M. Zelensky. Le document prévoit qu’Américains et Ukrainiens exploitent en commun des richesses minières et que les revenus qui en seront issus aillent dans un fonds “commun”.- Quid de l’aide américaine ? -Pour l’Ukraine, une condition clé pour donner accès à ses ressources à ses alliés est d’obtenir des garanties de sécurité, devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un éventuel accord de cessation des hostilités. A ce stade, le texte de l’accord sur les minerais comporterait une référence à la sécurité de l’Ukraine mais pas de garanties concrètes.Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit mercredi vouloir demander à son homologue américain s’il comptait vraiment “arrêter” l’assistance à l’Ukraine.”Ma question sera très directe : les Etats-Unis vont-ils arrêter le soutien ou pas ? Allons nous pouvoir acheter des armes (aux Etats-Unis), si ce n’est plus de l’aide ?”, a-t-il déclaré devant les journalistes.L’Ukraine a pu résister pendant trois ans aux forces russes, plus nombreuses et mieux armées, grâce à la résilience de ses troupes et de sa population, mais aussi et surtout, grâce au soutien militaire et économique occidental, Etats-Unis en tête, ce qui a longtemps provoqué la colère de Moscou.Mais depuis son appel à Vladimir Poutine le 12 février, Donald Trump a renversé les rapports de force, s’alignant sur le Kremlin concernant le dossier ukrainien.Russes et Américains ont promis de poursuivre leurs discussions en vue de remettre à plat leurs relations bilatérales et des diplomates des deux pays se retrouveront jeudi à Istanbul, d’après le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.Pris par surprise par cette séquence d’événements en leur défaveur, Européens et Ukrainiens sont pour le moment relégués au rang de spectateurs.Le président français Emmanuel Macron -qui était à Washington lundi- et le Premier ministre britannique Keir Starmer -attendu jeudi sur place- cherchent, pour leur part, à convaincre Donald Trump qu’un accord global pour “une paix durable” en Ukraine ne pourra être trouvé qu’avec leur participation et celle des autorités ukrainiennes.La Première ministre italienne Giorgia Meloni a à cet égard réclamé mercredi que des “garanties de sécurité” soient données à Kiev “dans le cadre de l’Otan” afin de parvenir à une paix “juste”.Pour tenter de se coordonner et débriefer la rencontre Macron-Trump de lundi, les dirigeants des 27 Etats membres de l’UE se réunissent dans la journée en visioconférence.- Journaliste tuée -En attendant d’éventuelles avancées sur le front diplomatique, les forces russes, comme tous les jours depuis trois ans, ont bombardé mercredi les villes et les villages d’Ukraine, faisant au moins sept morts, selon les autorités, dont cinq dans la région de Donetsk (est) et une journaliste ukrainienne de l’agence de presse publique Ukrinform, Tetiana Koulyk.Sa maison dans le district de Boutcha, près de Kiev, a été touchée par un drone russe dans la nuit de mardi à mercredi, d’après Ukrinform. Un autre corps a été trouvé sur place.L’armée ukrainienne a pour sa part revendiqué une contre-offensive réussie près de Pokrovsk, une ville de l’est de l’Ukraine que les troupes russes tentent de conquérir, et aux abords d’une autoroute clé desservant la grande cité de Dnipro, dans le centre.

Wall Street dans le vert, les résultats de Nvidia dans le viseur

La Bourse de New York évolue en hausse mercredi, avant les résultats très attendus du mastodonte américain des puces électroniques Nvidia, indicateur clé dans un marché focalisé sur les perspectives de l’intelligence artificielle (IA).Vers 15H15 GMT, le Dow Jones avançait de 0,45%, l’indice Nasdaq gagnait 1,07% et l’indice élargi S&P 500 prenait 0,74%.”Tous les regards sont tournés vers Nvidia”, résume auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.Le géant américain des cartes graphiques et puces électroniques et deuxième capitalisation boursière mondiale publiera ses résultats mercredi à la clôture, les premiers depuis son plongeon en Bourse fin janvier.Nvidia avait été secouée par l’arrivée de l’IA chinoise DeepSeek, un modèle chinois d’agent conversationnel extrêmement performant tout en fonctionnant sur des puces à capacité réduite, avec un développement à bas coût.La perspective d’une solution plus rentable a remis en question la domination des champions américains de l’intelligence artificielle et fait vaciller les certitudes des investisseurs.”L’IA a été à l’origine de la croissance du marché que nous avons eu ces deux dernières années et personne n’est plus exposé sur le sujet que Nvidia car leurs produits sont à la base de la plupart des dépenses engagées sur l’IA”, souligne Steve Sosnick.Selon l’analyste, “tout le monde veut savoir si ces dépenses vont continuer de croître, si elles resteront stables ou si elles diminueront” et, en ce sens, “les commentaires et les prévisions” de l’entreprise seront plus importants que ses données du trimestre passé.”La réaction des investisseurs aux résultats de Nvidia donnera le ton au marché dans son ensemble”, a écrit dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.Mais, veut croire l’analyste, une “déception” aux yeux des investisseurs “pourrait aussi déclencher un rééquilibrage continu des méga-capitalisations vers d’autres secteurs du marché”.Vers 15H15 GMT, les valeurs du secteur des semi-conducteurs étaient globalement en hausse à l’image de Nvidia (+3,32%), Broadcom (+3,76%), AMD (+1,11%), Qualcomm (+1,44%), Micron (+4,87%), Intel (+2,92%).La place américaine est aussi animée par les achats à la baisse de nombreux traders, après plusieurs séances consécutives en recul, ajoute Steve Sosnick.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans était quasi stable à 4,30% contre 4,29% la veille en clôture.Au tableau des valeurs, le géant américain de l’automobile General Motors bondissait de 7,09% après avoir annoncé l’augmentation de son dividende trimestriel et le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actions à hauteur de 6 milliards de dollars.Autre mastodonte du secteur, le groupe Stellantis reculait franchement (-4,13%) après avoir publié mercredi un bénéfice net en forte baisse sur l’année 2024, à 5,5 milliards d’euros (-70%), pour une marge opérationnelle de 5,5%. Le groupe s’est notamment attaqué au deuxième semestre à ses difficultés en Amérique du Nord, en réduisant ses stocks via des baisses de prix et des pauses dans le production de ses usines.Le britannique BP était en baisse (-2,06%) après avoir enterré mercredi une stratégie climatique autrefois ambitieuse et annoncé un recentrage sur la production et les investissements dans le pétrole et le gaz, avec l’espoir de doper ses bénéfices en berne et ses redistributions aux actionnaires.Le groupe, qui s’était distingué à partir de 2020 par son plan de neutralité carbone, était déjà largement revenu depuis deux ans sur ses objectifs climatiques.TJ, la holding de contrôle des chaines d’habillement TJ Maxx et Marshalls ou de décoration HomeGoods, connues pour leurs prix bas, avançait de 0,88% après avoir publié des résultats supérieurs aux attentes pour le quatrième trimestre de son exercice décalé.

Altice France ouvre un “nouveau chapitre” avec un accord pour réduire sa dette

Le bras de fer engagé avec les créanciers s’achève: Altice France, maison mère de l’opérateur SFR, a officialisé mercredi la conclusion d’un accord pour alléger sa lourde dette, en échange d’une partie de son capital.L’endettement du groupe, qui atteignait 23,7 milliards d’euros au troisième trimestre 2024 et planait comme une menace permanente sur l’avenir de l’entreprise fondée par Patrick Drahi, sera substantiellement diminué. Grâce à cet accord trouvé avec des créanciers représentant plus de la moitié de la dette, Altice France verra celle-ci réduite de 8,6 milliards d’euros et elle atteindra ainsi 15,5 milliards d’euros.”Il s’agit de loin de la plus importante restructuration jamais réalisée en France et l’une des plus importantes en Europe”, a souligné Jean-Pierre Farges, associé au sein du cabinet d’avocat Gibson Dunn, qui a conseillé une partie des créanciers, dans un communiqué.En contrepartie de la réduction de la dette, 45% des parts du groupe seront transmis aux créanciers signataires, qui recevront aussi 1,6 milliard d’euros en cash. Patrick Drahi restera donc son principal actionnaire. “Il s’agit (…) avant tout d’un refinancement sans impact sur l’activité de notre groupe et de nos filiales, nos orientations stratégiques, notre organisation et nos effectifs”, a assuré le directeur général d’Altice France, Arthur Dreyfuss, dans un courriel envoyé aux salariés du groupe et transmis à l’AFP. Avant la mise en Å“uvre de l’accord, prévue d’ici la fin de l’année, le groupe a appelé les autres créanciers à se joindre à la transaction. “Notre entreprise est en passe d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire et retrouverait ainsi la sérénité et la capacité de poursuivre son développement”, a fait valoir Arthur Dreyfuss.- Multiples cessions -Il ambitionne même de faire baisser son endettement à 13 milliards d’euros, grâce à la “vente d’actifs non stratégiques”, selon un communiqué publié par Altice, qui n’a pas donné davantage de détails sur les entités concernées.Le groupe a déjà entamé une cure d’amaigrissement en 2024: la cession majeure, et très symbolique, s’est déroulée à l’été avec le passage de la filiale Altice Media, qui incluait BFM et RMC, dans le giron de l’armateur CMA-CGM du milliardaire Rodolphe Saadé.A la même période, Altice France a aussi vendu ses centres de données, ainsi que ses parts dans La Poste Mobile, tandis que les autres filiales du groupe à l’étranger procédaient à des cessions. Le groupe de Patrick Drahi, qui n’est plus coté en Bourse depuis 2021, a également connu un scandale de corruption impliquant l’ex-dirigeant de sa filiale portugaise et cofondateur du groupe.Mais, pour Arthur Dreyfuss, l’accord trouvé devrait permettre d’engager le groupe vers un avenir plus serein.Selon lui, le ratio de son niveau de dette comparé à son résultat brut d’exploitation (Ebitda) devrait ainsi être ramené à 4, contre 6,6 actuellement, ce qui ferait d’Altice France “une entreprise classique du secteur en termes d’endettement moyen” et correspond à l’objectif fixé en mars 2024.Pour assurer son avenir, SFR devra toutefois “redevenir l’opérateur préféré des Français”, a indiqué M. Dreyfuss. L’opérateur, qui a pâti en 2024 d’une reprise de la guerre commerciale sur un marché français des télécoms très concurrentiel, avait ainsi vu son nombre d’abonnés au mobile descendre sous la barre symbolique des 20 millions.

Salon de l’agriculture: la grande distribution entre engagements et coup de communication

Cinq patrons de la grande distribution ont présenté mercredi des “engagements” impulsés par l’animatrice Karine Le Marchand et devant aider le monde agricole, en plein sprint final des négociations commerciales avec les fournisseurs industriels et en l’absence du leader du secteur E.Leclerc, qui a salué l’initiative.L’animatrice de l’émission de téléréalité L’amour est dans le pré Karine Le Marchand a organisé mercredi une rare prise de parole commune des patrons de la grande distribution, lors du Salon international de l’agriculture (SIA).Si le leader E.Leclerc et son médiatique représentant Michel-Edouard Leclerc manquaient à l’appel, Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (Mousquetaires/Intermarché), Dominique Schelcher (Coopérative U), Guillaume Darrasse (Auchan) et Philippe Palazzi (Casino) étaient bien présents. A elles cinq, ces enseignes représentent près des deux tiers des parts de marchés du gigantesque secteur de la grande distribution alimentaire.Elles se sont engagées à aider les producteurs agricoles, sans dévoiler d’objectif chiffré.D’une part, “les agriculteurs qui se déclarent en difficulté et qui emploient deux salariés hors saisonniers pourront aller voir” les magasins proches de ces enseignes, pour écouler leur production à un prix qui “ne sera pas négocié”, a assuré Mme Le Marchand, précisant que le dispositif était “réservé” aux producteurs qui ne vendent pas déjà en grandes surfaces.- “Alerte surproduction” -Le PDG de Carrefour et patron de la fédération patronale des supermarchés (FCD) Alexandre Bompard a par ailleurs présenté une “alerte surproduction”, devant aider “les filières qui se retrouvent en surproduction”. Quand France Agrimer, établissement public spécialiste des produits de l’agriculture et de la mer, verra “un prix en baisse de 15 à 20% pendant plusieurs jours”, il “pourra alerter sur un état de surproduction”.L’idée est alors “de se tourner vers les patrons de médias ou de presse pour demander à accompagner pour ces moments d’alerte”, a indiqué le patron du seul distributeur du CAC 40.L’initiative n’est pas sans susciter du scepticisme, alors que la distribution négocie avec ses fournisseurs de l’agro-industrie jusqu’au 1er mars les conditions de commercialisation d’une large partie de ce qui sera vendu en magasins en 2025. Ces négociations ont lieu dans un climat traditionnellement tendu.Le président de la Fédération patronale de l’industrie laitière (Fnil), François-Xavier Huard avait d’ailleurs ironisé: “l’amour est peut-être dans le pré, mais pas dans les salles de négociations”. L’Association nationale des industries alimentaires (Ania), représentant des agro-industriels, a dénoncé un “énième coup de communication”.Christiane Lambert, présidente de la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (Fict) et ex-patronne du syndicat agricole majoritaire FNSEA, a aussi dit se méfier “des effets d’annonce et des coups de com’ au moment du salon”, malgré les “bonnes intentions” de Karine Le Marchand.”Il faut saluer toute initiative visant à améliorer le revenu des agriculteurs”, a aussi réagi Dominique Chargé, président de la Coopération agricole qui représente plusieurs milliers de coopératives agricoles, mais cela “ne suffira pas à sauver l’agriculture française ni à rééquilibrer les rapports de force”.- Absence de Leclerc -Karine Le Marchand avait auparavant déploré l’absence du leader E.Leclerc, “problématique parce qu’au départ on avait un quatrième pilier”, consistant à “mettre la pression sur les industriels tous ensemble pour qu’ils soient sur la transparence de l’origine France”. Sans le leader du secteur, la proposition a dû être abandonnée, a-t-elle regretté.Michel-Edouard Leclerc a de son côté jugé qu’il s’agissait d'”une bonne initiative”, “intéressante pour les enseignes qui n’ont pas encore de démarche organisée avec les producteurs locaux”. Il a assuré que E.Leclerc avait déjà des dispositifs similaires en place. “C’eût été contre-productif de faire comme si on lançait cette initiative…”, a-t-il glissé mercredi sur son compte X.La défiance reste importante entre les différents maillons de la chaîne alimentaire française qui, malgré les joutes verbales, restent d’importants partenaires commerciaux. Le gouvernement prévoit de revoir une nouvelle fois les lois Egalim, qui visent à mieux protéger la rémunération des agriculteurs lors des négociations entre industriels et distributeurs. Le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola a dit mercredi sur Public Sénat prévoir une révision des lois Egalim “avant l’été ou juste après l’été”.cda-mdz-gbh-hrc/jbo/LyS

Pêche: des populations de poissons en panne de renouvellement

En dépit du recul de la surpêche, un tiers des poissons débarqués en France proviennent de populations qui peinent à se renouveler, souffrant du changement climatique, de la pollution et de la destruction de leurs habitats.Dans son bilan annuel présenté mercredi, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a annoncé que 58% des poissons débarqués en France en 2023 provenaient de populations non surpêchées, tandis qu’un poisson sur cinq (19%) était issu de populations de poissons surexploitées.Après une nette amélioration entre 2008 et 2016, l’état de santé des populations de poissons débarquées en France ne connaît, depuis plusieurs années, que des “fluctuations mineures”, a souligné Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer lors d’une conférence de presse.Le recul de la surpêche aurait dû accroître l’abondance des stocks, car “si on pêche moins, il y a plus de poissons dans la mer”, note la chercheuse. Mais, malgré la forte baisse (-19%) des débarquements de poissons en France, passés de 400.000 tonnes en moyenne en 2010-2018 à 323.000 tonnes en 2023, on peine à voir se matérialiser les bénéfices d’une gestion un peu plus durable de la ressource.Pour tenter d’expliquer ce paradoxe, les chercheurs de l’Ifremer se sont penchés sur le “recrutement”, c’est-à-dire l’abondance annuelle de jeunes poissons.En analysant systématiquement les données disponibles, les scientifiques se sont aperçus que près de 31% des poissons débarqués en France provenaient de populations dont le recrutement est en baisse et seulement 20% de populations dont le recrutement est en hausse – les données sont insuffisantes pour les 49% restants.- “déclin de la biodiversité”-“Les poissons pondent des milliers, voire des millions d’Å“ufs, et seulement une infime partie de ces Å“ufs vont devenir des bébés poissons. On dit traditionnellement que c’est 1 sur 100.000, voire 1 sur 1 million ou 10 millions pour des espèces comme le cabillaud”, souligne Mme Ulrich.”Les larves et les Å“ufs de poissons sont des organismes très fragiles. Ils n’ont que quelques jours pour réussir à trouver un environnement favorable pour devenir un poisson”, explique-t-elle.Le succès de la reproduction peut ainsi être affecté par de multiples facteurs comme la pollution, la présence d’espèces invasives, la surpêche ou la destructions des habitats, a listé Mme Ulrich, rapprochant ce phénomène de celui plus général de “déclin de la biodiversité”. Même des populations de poissons en bon état (pas surpêchés et à la biomasse importante) peinent à générer de jeunes poissons, comme ou le merlu de l’Atlantique ou le hareng de Mer du Nord.Ce dernier poisson est sans doute victime du réchauffement climatique: la période d’éclosion des larves de harengs n’est plus synchronisée avec les efflorescences de zooplancton, leur principale source de nourriture.La sole de Manche Est, une espèce très dépendante des habitats côtiers, a sans doute souffert de la dégradation des vasières en baie de Seine. Malgré une “gestion assez stricte depuis bientôt 15 ans”, la population est désormais considérée comme effondrée.Si ces difficultés de renouvellement ne sont pas forcément liées à la surpêche, “il est essentiel d’éviter de surpêcher ces populations déjà fragiles”, a souligné Youen Vermard, chercheur en halieutique à l’Ifremer.Une moindre abondance de jeunes poissons signifie en effet des captures de pêche plus faibles à terme. C’est pourquoi, “même quand une population de poissons va bien, on peut avoir des quotas (de pêche) à la baisse parce qu’on projette un moindre nombre de poissons” à l’avenir, a expliqué M. Vermard.C’est le cas du merlu de l’Atlantique, qui malgré une population en bon état, fait l’objet de baisse de quotas depuis plusieurs années, en raison d’une faible abondance de jeunes poissons.

En 2024, seulement 59.000 logements créés en France, moitié moins que la normale

En 2024, la France a créé 59.000 nouveaux logements, moitié moins que deux ans auparavant, une nouvelle illustration de la grave crise qui secoue l’immobilier neuf.  Hors année du Covid, environ 125.500 logements ont été mis en vente par an en moyenne entre 2017 et 2022. En 2024, ce chiffre n’atteint plus que 59.014, soit 29% de moins que l’année précédente et presque moitié moins qu’en 2022, selon les données publiées mercredi par le ministère de l’Aménagement du territoire.Les particuliers ont réservé 67.906 nouveaux logements l’année passée, 5% de moins qu’en 2023, année déjà catastrophique pour la production de nouveaux logements en raison de la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt qui ont bloqué les projets d’achat immobilier de nombreux ménages. Le nombre de réservations est près de 40% inférieur au niveau de 2022, et est moitié moins que le niveau moyen 2017-2022. “Tout est à jeter en 2024, c’est la pire année depuis plus de 50 ans et le début de nos statistiques”, a réagi auprès de l’AFP Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. “La crise a nourri la crise : comme on ne vendait pas, on n’a pas produit (de nouveaux logements, NDLR), donc on n’a pas acheté de terrains et on a moins de collaborateurs”, poursuit-il. Optimiste pour 2025, Pascal Boulanger s’inquiète néanmoins du redémarrage “de la machine” qui pourrait provoquer des hausses de prix : en raison de salaires plus importants “pour faire revenir les 5.000 collaborateurs qui ont quitté le métier” et de surenchères sur les terrains à vendre si tous les promoteurs se remettent “tous à acheter du foncier”. Au quatrième trimestre, le prix moyen au mètre carré des appartements neufs commercialisés a été de 4.756 euros, en légère hausse de 0,5%, par rapport au trimestre précédent. – 2 à 3 ans pour se remettre -Le nombre de nouveaux logements commercialisés entre octobre et décembre a légèrement rebondi de 6,4% par rapport au trimestre précédent, à 14.335. Ce sont surtout des appartements qui ont été mis en vente au dernier trimestre (+8,1% sur un trimestre), tandis que le nombre de maisons commercialisées a continué de ralentir, de 15,5%. Les réservations de logements par des individus ont reculé de 4,2% au dernier trimestre, par rapport au précédent, à 17.122. Ce sont surtout des appartements que les particuliers ont réservé (16.331 logements). Concernant les maisons, 791 réservations ont été enregistrées au dernier trimestre, soit 8,9% de moins que lors des trois mois précédents. Le nombre de maisons réservées tombe à un nouveau plus bas depuis au moins 2019.Le stock de logements proposés à la vente, qui atteint un plus haut au milieu de l’année 2023, se résorbe très lentement : 117.472 logements étaient disponibles au dernier trimestre, 3% de moins que lors des trois mois précédents. “On a plein de stock car on n’a plus du tout de réservations, mais si les réservations reprennent à une vitesse normale, on a deux fois moins d’offres que lors d’une année normale”, souligne Pascal Boulanger.Les mesures inscrites dans le budget 2025 de l’Etat pourraient relancer l’achat de logements chez les particuliers, selon le porte-parole des promoteurs, même s’il ne s’attend pas à “atteindre des sommets en 2025″.”Il faudra entre deux et trois ans pour remettre la machine en route”, prévient Pascal Boulanger.Sur le territoire, les zones les plus tendues en matière de logements disponible (Paris, une grande partie de l’Île-de-France, la Côte d’Azur et la zone frontalière avec la Suisse) ont concentré 50,7% des réservations et 47,2% des mises en vente comptabilisées au quatrième trimestre. Les autres grandes agglomérations de plus de 250.000 habitants ont représenté 40,4% des réservations et 39,4% des mises en vente

BP fait volte face sur le climat et remet plein gaz sur les hydrocarbures

Le britannique BP a enterré mercredi une stratégie climatique autrefois ambitieuse et annoncé un recentrage sur la production et les investissements dans le pétrole et le gaz, avec l’espoir de doper ses bénéfices en berne et ses redistributions aux actionnaires.”Nous allons accroître nos investissements et notre production (d’hydrocarbures) pour pouvoir produire de l’énergie à forte marge dans les années à venir” et “nous serons très sélectifs dans nos investissements dans la transition”, a résumé dans un communiqué le directeur général Murray Auchincloss.BP, qui s’était distingué à partir de 2020 par un ambitieux plan de neutralité carbone, est déjà largement revenu depuis deux ans sur ses objectifs climatiques, et avait assuré en décembre vouloir réduire “de manière significative” ses investissements dans les énergies renouvelables.Il dévoile mercredi une “remise à zéro” de sa stratégie lors d’une journée dédiée aux investisseurs. M. Auchincloss s’exprimera en début d’après-midi lors d’une présentation en ligne.Parmi les annonces détaillées en amont dans un communiqué, le groupe affirme notamment qu’il augmentera sa production d’hydrocarbures d’ici 2030, là où il visait précédemment une diminution de 25% en 2030 par rapport à 2019 (un objectif déjà revu à la baisse en 2023).Il compte aussi augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz à 10 milliards de dollars par an, soit les deux tiers des investissements prévus en 2025, tout en réduisant de 5 milliards de dollars par an ses investissements dans ses projets de transition (qui pèseront désormais de 1,5 à 2 milliards par an).BP a aussi annoncé un objectif de 20 milliards de dollars de cessions d’ici 2027, qui pourraient notamment concerner sa filiale de lubrifiants moteurs Castrol.L’entreprise est sous pression d’investisseurs activistes, qui plaidaient pour des changements importants de stratégie: c’est notamment le cas du fonds Bluebell, qui appelle depuis plus d’un an le groupe à revoir à la baisse ses ambitions jugées “irrationnelles” sur les énergies propres.Des informations de presse ont aussi fait état ces dernières semaines d’une prise de participation “significative” du fonds d’investissement activiste Elliott Management, connu pour demander des changements stratégiques au sein des groupes dans lesquels il investit.

Assurance: Munich Re maintient ses objectifs malgré le coût record des incendies de Los Angeles

Le premier réassureur mondial Munich Re a indiqué mercredi que les incendies record qui ont frappé la Californie en janvier pourraient lui coûter 1,2 milliard d’euros, mais sans que cela ne remette en cause ses objectifs annuels.Cette estimation du coût d’assurance pour les incendies ayant touché Los Angeles et ses environs est jugée “raisonnable”, bien que “l’incertitude demeure élevée” quant au montant final, a déclaré Christoph Jurecka, directeur financier du groupe, lors d’une conférence téléphonique.Le groupe munichois, spécialisé dans la couverture des risques financiers des assureurs, considère cet événement comme le plus grand sinistre lié aux feux de forêt jamais enregistré par l’industrie de l’assurance. “Nous estimons les dommages pour le marché entre 35 et 40 milliards de dollars”, selon M. Jurecka.La part supportée par ce géant du secteur, qui est aussi assureur primaire en Californie, semble ainsi limitée.”Nous avons pris des décisions réfléchies ces dernières années concernant le risque d’incendie de forêt en Californie, et avons certainement réduit le risque par rapport à il y a 5 ans”, a expliqué le directeur financier.En d’autres termes, pour se protéger contre des pertes importantes dans cette région à haut risque d’incendie, Munich Re a pu jouer sur la taille de son portefeuille de clients ou modifier les conditions dans les contrats.La société météorologique privée AccuWeather avait estimé plus tôt les pertes économiques globales à entre 250 et 275 milliards de dollars, sans préciser la part des pertes assurées. Munich Re va ressentir l’impact de cette catastrophe sur le premier trimestre de 2025. – “Appétit” pour le risque -Malgré tout, Munich Re continue de prévoir un bénéfice net en hausse en 2025, à 6 milliards d’euros, comme communiqué en décembre. “L’année est encore longue”, mais la catastrophe en Californie “s’intègre parfaitement dans notre budget réservé pour les grands sinistres cette année”, a affirmé M. Jurecka.Pour l’année 2024, il a fait état d’un bénéfice net de 5,7 milliards d’euros en 2024, meilleur que les 5 milliards prévus mais conforme aux attentes des analystes interrogés par FactSet.Au quatrième trimestre, le résultat net est en léger retrait de 3% sur un an, à 979 millions d’euros, en deçà des attentes des analystes.Le groupe munichois a néanmoins décidé d’augmenter le dividende à 20 euros par action (contre 15 euros au titre de l’exercice 2023) et va lancer un programme de rachat d’actions de 2 milliards d’euros, portant le retour aux actionnaires à 4,6 milliards d’euros, selon un communiqué distinct publié mardi soir.Les sinistres majeurs ont coûté en tout l’an dernier 3,89 milliards d’euros, dont 2,64 milliards d’euros liés aux catastrophes naturelles, le plus coûteux étant l’ouragan Helene qui a frappé le sud-est des Etats-Unis (0,5 milliard d’euros).Au quatrième trimestre, l’ouragan Milton, dans la même région, a généré des pertes de 400 millions d’euros.Munich Re garde de “l’appétit pour couvrir les risques de grande envergure”, soit les ouragans, typhons ou tremblements de terre, y compris les incendies de forêt, tant que la “rémunération du risque est adéquate”, a expliqué le patron du groupe, Joachim Wenning.