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En Asie centrale, la renaissance d’un immense projet soviétique de centrale hydroélectrique

En Asie centrale, pas d’électricité ou d’agriculture sans coopération sur l’eau: après des décennies de rivalités, la construction de l’immense centrale hydroélectrique de Kambar-Ata-1 par le Kirghizstan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan doit assurer la sécurité énergétique et alimentaire de la région.Fait notable, ce projet, pensé sous l’URSS, a été relancé sans les deux superpuissances voisines que sont la Russie, allié historique, et la Chine, partenaire d’ordinaire incontournable. Il doit permettre de répondre aux pénuries existantes et aux défis causés par le changement climatique.Kambar-Ata-1 est “très important pour l’Asie centrale, sa sécurité alimentaire et énergétique”, a déclaré fin janvier le ministre kirghiz de l’Energie Taalaïbek Ibraev lors d’une visite sur le futur site du chantier, au milieu des montagnes du Kirghizstan, à laquelle a assisté l’AFP.Même enthousiasme quelques jours plus tard lors d’une réunion trilatérale. Pour les ministres ouzbek et kazakh, ce projet “apportera de grands avantages à la région” et “assurera à long-terme la stabilité et le développement de l’Asie centrale”.Des déclarations impensables il y a peu, du fait des rivalités entre nations, mais rendues possibles par un réchauffement des relations en raison d’un déficit hydrique et énergétique croissant insurmontable sans coopération.Mais pour que Kambar-Ata génère de l’électricité à partir des eaux émeraude de la rivière Naryn, il faudra attirer les investisseurs internationaux: au moins 3,5 milliards de dollars sont nécessaires.Les travaux débutant en 2025 vont durer de longues années, à l’instar de la centrale de Rogoun au Tadjikistan, futur plus haut barrage du monde, dont la mise en service est sans cesse repoussée.- “Atténuer l’impact du changement climatique” -L’effondrement économique post-soviétique, la corruption et les conflits avaient tenu à distance les investisseurs et mis un coup d’arrêt aux colossaux projets énergétiques lancé sous l’URSS en Asie centrale, comme Kambar-Ata ou Rogoun.”La chute de l’Union soviétique a détruit les liens hydriques et énergétiques” entre pays centrasiatiques, explique à l’AFP Rassoul Oumbetaliev, spécialiste kirghiz des questions énergétiques.Le défunt président ouzbek “Islam Karimov était constamment opposé à Kambar-Ata-1”, invoquant le spectre d’une “guerre pour les ressources en eau et en énergie”, rappelle l’expert.Dans le système hérité de l’ère soviétique, le Kirghizstan et le Tadjikistan déficitaires en électricité mais situés en amont des fleuves doivent fournir de l’eau au Kazakhstan, à l’Ouzbékistan et au Turkménistan pour l’agriculture.En échange, ceux-ci envoient de l’électricité, mais tous s’accusaient de ne pas respecter leurs engagements.La construction de nouveaux barrages doit résoudre les tensions.D’après M. Oumbetaliev, “Kambar-Ata revêt une grande importance pour le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui veulent pendant la saison estivale de l’eau en grande quantité”, qui sera accumulée là-bas.Pour le Kirghizstan, la centrale doit permettre l’export d’électricité vers les pays voisins, voire jusqu’en Afghanistan et au Pakistan. D’autant que le pays utilise d’après la Banque mondiale “moins d’un cinquième de son potentiel hydroélectrique”.Et Kambar-Ata doit pouvoir couvrir le déficit électrique croissant (3,9 milliards de kilowatt-heure en 2024) grâce à sa capacité de production estimée à 5,6 milliards de kilowatt-heure.Tous savent que les pénuries sont appelés à se multiplier, et le phénomène s’aggravera, selon les experts, du fait du changement climatique.Selon la Banque eurasiatique de développement, “construire de nouvelles centrales hydroélectriques tout en rénovant celles existantes atténuera l’impact du changement climatique”. D’après elle, 2023 a été le “point de bascule” dans la prise de conscience des questions hydriques en Asie centrale.- Électricité non rentable -Avec Kambar-Ata-1, qui doit mieux réguler et stocker l’eau, le gouvernement kirghiz attend un effet positif pour les centrales situées en aval.En premier lieu celle de Toktogoul, qui fournit 40% de l’électricité du Kirghizstan.Accroché au coeur de la centrale, un immense bas-relief représente Vladimir Lénine avec une citation de 1920 du fondateur de l’URSS : “Le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’électrification de tout le pays”.Le communisme a disparu mais l’électrification n’est toujours pas achevée.Au Kirghizstan, le secteur énergétique n’est pas rentable, vétuste et reste largement subventionné pour contenir les tensions sociales dans un pays à l’économie fragile et prompt à se révolter.Kambar-Ata doit résoudre l’équation, au moins en partie.”Aujourd’hui, le tarif auquel nous vendons ne justifie pas les coûts de production d’électricité. Si nous continuons comme ça, dans 5 à 10 ans, nous n’aurons plus d’électricité. Il faut donc construire la centrale”, a expliqué le ministre kirghiz de l’Energie.

Nvidia fait mieux qu’attendu et rassure sur la demande de semi-conducteurs

Le géant américain des semi-conducteurs Nvidia a de nouveau dépassé les attentes pour les résultats du quatrième trimestre de son exercice décalé, le patron Jensen Huang affirmant que la demande pour sa nouvelle puce Blackwell était “incroyable”.Le groupe de Santa Clara (Californie) a enregistré un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, pour les trois mois allant de novembre à janvier, en hausse de 80%, selon un communiqué publié mercredi.Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, donnée la plus suivie par le marché, le bénéfice atteint 89 cents, soit mieux que les 81 cents attendus par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.Depuis l’arrivée de ChatGPT, en novembre 2022, la course à l’intelligence artificielle (IA) générative bénéficie à Nvidia, dont les semi-conducteurs, aussi appelés cartes graphiques (GPU), sont les plus recherchés du marché.En trois ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise a quasiment quintuplé et Nvidia a dépassé, sur l’exercice comptable qu’elle vient d’achever fin janvier, le seuil symbolique des 100 milliards de dollars.Mais les marchés financiers, qui ont catapulté ce joyau de la tech au deuxième rang des capitalisations boursières mondiales, s’inquiètent régulièrement de la capacité de Nvidia à maintenir la croissance stratosphérique des dernières années.Ces craintes se sont accentuées avec le lancement, fin janvier, de l’interface d’IA générative de la start-up chinoise DeepSeek, développée sans le microprocesseur vedette de Nvidia, le H100, et uniquement avec des puces moins performantes.Le groupe chinois, inconnu du grand public jusqu’ici, affirme également avoir utilisé une fraction de la quantité de semi-conducteurs habituellement utilisés par les grands acteurs de l’IA.DeepSeek a provoqué un séisme à Wall Street et raboté la capitalisation de Nvidia de plusieurs centaines de milliards de dollars.- “Vitesse de la lumière” -Cité dans le communiqué de résultats, Jensen Huang a affirmé que la demande pour son nouveau produit phare, la puce Blackwell, lancée fin 2024, était “incroyable”.Il a expliqué que cette croissance était notamment due à l’émergence de nouveaux programmes d’IA générative qui utilisent la méthode dite de la chaîne de pensée (CoT), prenant un peu plus de temps pour réagir mais fournissant des réponses de meilleure qualité.La demande pour Blackwell est “sans précédent”, a martelé la directrice financière Colette Kress lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.Nvidia accélère la production de cette nouvelle carte graphique, a expliqué la responsable.”Nos clients vont à toute vitesse pour augmenter la taille de leurs infrastructures et travailler sur la nouvelle génération de modèles”, a poursuivi Colette Kress, estimant qu'”il sera normal pour ces centres de démarrer avec 100.000 GPU ou plus”.Chaque Blackwell coûte, au minimum, 30.000 dollars, selon les modèles.”L’IA avance à la vitesse de la lumière”, a insisté Jensen Huang, évoquant le tournant actuel des agents IA, des logiciels à même d’effectuer plusieurs tâches complexes sur demande de l’utilisateur.Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a grimpé de 78%, pour monter à 39,3 milliards de dollars.La croissance est tirée, une nouvelle fois, par les centres de stockage de données (data centers), essentiels à l’IA, activité dont les revenus ont progressé de 93% sur un an.Fin janvier, OpenAI, le spécialiste du “cloud” Oracle et la société japonaise d’investissement SoftBank ont annoncé un grand projet, baptisé Stargate, qui prévoit d’engager au moins 500 milliards de dollars dans des infrastructures IA aux Etats-Unis, en partenariat avec Nvidia.”Nvidia a balayé les inquiétudes quant à la production des puces Blackwell et les menaces sur l’explosion de la demande” de capacités de calcul, clés pour le développement de l’IA et fonction des semi-conducteurs utilisés, a commenté Derren Nathan, analyste d’Hargreaves Lansdown.Après avoir initialement reflué après la publication, le cours du titre Nvidia gagnait près de 2% dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street.Selon Derren Nathan, le cours de l’action s’est contenté d’une progression mesurée du fait des prévisions de marge publiées mercredi pour le premier trimestre de l’exercice comptable 2026 (de février à avril).Le groupe s’attend à voir le taux de marge brute descendre à une fourchette comprise entre 70,6% et 71,0%, contre 73% au trimestre précédent.La directrice financière a expliqué que Nvidia avait donné la priorité, à court terme, à l’accélération des cadences de production de la puce Blackwell, mais que le taux de marge devrait remonter en fin d’exercice.

L’UE cherche un difficile équilibre entre compétitivité et ambitions climatiques

L’Union européenne a proposé mercredi de mettre un coup de frein à certains de ses projets sur le climat pour donner un peu d’air aux entreprises, soumises à une concurrence féroce venant des Etats-Unis et de la Chine.Sous la pression d’industriels, de Paris et de Berlin, mais au grand dam des ONG, la Commission européenne a proposé la modification de plusieurs textes très ambitieux, dont certains ont été adoptés il y a quelques mois à peine.En faisant cela, l’Europe montre qu’elle “sait se réformer”, a affirmé le commissaire européen Stéphane Séjourné. “Sans tronçonneuse mais avec des hommes et des femmes compétents, qui écoutent les acteurs économiques”, a-t-il lancé, en clin d’oeil à Elon Musk et au président argentin Javier Milei.L’exécutif européen souhaite très concrètement:-  Le report d’un an et la révision du “droit de vigilance” imposé aux industriels. Ce texte exigeait des entreprises qu’elles préviennent et remédient aux violations de droits humains et dommages environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur, y compris chez leurs fournisseurs et sous-traitants.- Faire passer de 50.000 à 10.000 le nombre d’entreprises devant se plier à une sorte de comptabilité verte. Le but de cette règle était d’harmoniser la manière dont les entreprises publient leurs données de “durabilité”, mais elle était très critiquée par les lobbies patronaux.La cheffe de l’exécutif européen Ursula von der Leyen avait placé la lutte contre le changement climatique au coeur de son premier mandat. Mais face au risque d’une guerre commerciale avec l’Amérique de Donald Trump, qui menace d’imposer de nouveaux droits de douane au Vieux Continent, elle tourne son attention vers les entreprises.”La France salue le diagnostic clair de la Commission sur les difficultés de l’industrie européenne et les idées novatrices qu’elle propose pour y répondre”, a réagi en soirée le ministère français de l’Economie et des Finances: “le Clean Industrial Deal trace la voie du rebond européen (…) il faut maintenant accélérer son déploiement.”L’organisation patronale française Medef a été moins enthousiaste, qualifiant les annonces d'”insuffisantes”.- Bataille au Parlement – Les propositions de Bruxelles seront soumises à l’approbation du Parlement européen et des Etats membres.Au Parlement, la bataille s’annonce “très difficile”, prédit la centriste Marie-Pierre Vedrenne. Illustration du virage pris par Bruxelles, l’eurodeputée française soutenait il y a encore quelques mois les textes, qu’elle veut aujourd’hui modifier.”Il est vrai qu’en tant qu’élue, quand tu as travaillé pendant cinq ans sur un dossier, ce n’est pas très facile de dire que tu t’es trompée”, confie-t-elle. “Mais je pense que le monde a complètement changé depuis”, assure l’élue.Dans une lettre publiée la semaine dernière, les socialistes ont exhorté la Commission à “revoir” sa copie. Tout comme les ONG environnementales, vent debout contre cette proposition.”C’est du pur délire”, dénonce Amandine Van Den Berghe, de l’ONG ClientEarth. “Changer de cap maintenant pénaliserait fortement les grandes entreprises qui se sont engagées dans la voie du développement durable et qui ont commencé à investir de l’argent et des ressources pour se conformer à la législation”, assure-t-elle.- Mobiliser “jusqu’à 100 milliards d’euros” -L’Europe rétorque qu’elle n’entend pas remettre en cause la lutte contre le changement climatique, ni même son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.”Nos objectifs climatiques et sociaux restent inchangés”, a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un discours prononcé face à des industriels, réunis à Anvers.C’est d’ailleurs pourquoi elle a également dévoilé mercredi une stratégie pour soutenir la décarbonation de l’industrie européenne, baptisée “Pacte pour une industrie propre”.Dans ce document d’une vingtaine de pages figurent peu de propositions chiffrées, à part l’objectif de “mobiliser jusqu’à 100 milliards d’euros” pour des projets d’industrie propre. Il comprend aussi une ribambelle d’incitations pour investir dans l’énergie verte, avec une emphase sur le “Made in Europe”.L’UE propose aussi des achats groupés de matières premières essentielles pour l’électronique et les technologies propres, un peu à la manière de ce qu’elle a fait avec les vaccins durant la pandémie.Bruxelles pense avoir une carte à jouer dans ce secteur, face au climatoscepticisme de Donald Trump.”Le fait que les Etats-Unis s’éloignent maintenant de leur programme climatique ne signifie pas que nous devrions faire de même. Au contraire. Cela signifie que nous devons aller de l’avant”, veut croire le commissaire européen à l’Energie, Dan Jørgensen.

Wall Street hésitante avant Nvidia et face aux droits de douane

La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, quelque peu froissée par les incertitudes autour des droits de douane, et retenant son souffle avant la publication des résultats du mastodonte Nvidia.Le Dow Jones a perdu 0,43%, l’indice Nasdaq a gagné 0,26% et l’indice élargi S&P 500 a terminé proche de l’équilibre (+0,01%).Les investisseurs évoluent “dans un environnement très incertain”, a observé auprès de l’AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.”Ce sont des incertitudes sur ce que les nouvelles politiques de l’administration Trump signifieront pour l’économie” américaine, selon l’analyste.Mercredi, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a déclaré que les surtaxes visant le Mexique et le Canada, annoncés début février, puis suspendus jusqu’au 4 mars, devraient finalement être effectives à compter du 2 avril.Quelques jours plus tôt, le président américain Donald Trump avait pourtant assuré que les États-Unis allaient relever leurs droits de douane contre le Canada et le Mexique “à la date prévue”, en dépit des gages apportés par ces deux pays.Par ailleurs, M. Trump a aussi annoncé mercredi, à l’occasion de la première réunion de son cabinet à la Maison Blanche, que les produits européens feraient l’objet “prochainement” de 25% de droits de douane.”Il est difficile pour les investisseurs de se faire une idée réelle de ce qui est dit et de ce qui va être fait”, commente M. Hogan.Selon l’analyste, ce climat d’intertitudes pousse les acteurs du marché vers la “sécurité” du marché obligataire. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est encore détendu, à 4,25% contre 4,29% la veille en clôture. Une semaine plus tôt, il s’établissait autour de 4,53%.Côté indicateurs, Wall Street attend désormais de pied ferme la publication vendredi de l’indice des prix PCE, privilégié par la banque centrale américaine (Fed). Cet indice a récemment progressé (à +2,6% sur un an en décembre). L’objectif de la Fed est de le ramener à 2%.La place américaine a aussi retenu son souffle avant la publication des résultats trimestriels de Nvidia, “le nom le plus important de l’univers de l’intelligence artificielle (IA)”, selon M. Hogan.La deuxième capitalisation boursière mondiale a terminé la journée dans le vert (+3,76%), avant d’annoncer après Bourse qu’elle a de nouveau dépassé les attentes pour les résultats du quatrième trimestre de son exercice décalé, le patron Jensen Huang affirmant que la demande pour sa nouvelle puce Blackwell est “incroyable”Le groupe de Santa Clara (Californie) a enregistré un bénéfice net de 22,1 milliards de dollars, pour les trois mois allant de novembre à janvier, en hausse de 80%, selon un communiqué publié mercredi.En attendant les résultats de Nvidia, les valeurs du secteur des semi-conducteurs ont terminé en hausse, à l’image de Broadcom (+5,06%), AMD (+0,74%), Qualcomm (+0,55%), Micron (+4,82%), ou Intel (+2,35%).Ailleurs, à la cote, le géant américain de l’automobile General Motors a pris de la vitesse (+3,75%) après avoir annoncé l’augmentation de son dividende trimestriel et le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actions à hauteur de 6 milliards de dollars.Autre mastodonte du secteur, le groupe Stellantis a perdu du terrain (-5,27%) après avoir publié mercredi un bénéfice net en forte baisse sur l’année 2024, à 5,5 milliards d’euros (-70%), pour une marge opérationnelle de 5,5%. Le groupe s’est notamment attaqué au deuxième semestre à ses difficultés en Amérique du Nord, en réduisant ses stocks via des baisses de prix et des pauses dans la production de ses usines.Le pionnier de l’électrique Tesla continuait de reculer (-3,96%) après son plongeon de la veille, dû à des ventes divisées par deux en Europe à cause d’un changement de gamme et possiblement des prises de position de son patron Elon Musk qui feraient fuir les acheteurs.

Ukraine: Zelensky à Washington vendredi pour un accord sur les minerais

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu vendredi à Washington pour finaliser un accord cadre sur l’exploitation de minerais, mais Donald Trump a averti mercredi que Kiev pouvait “oublier” une adhésion à l’Otan et qu’il incombait à l’Europe d’apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine.Dans ce contexte tendu, la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, qui se trouvait à Washington pour une rencontre initialement prévue avec son homologue américain Marco Rubio, a vu cette rencontre annulée en raison “de problèmes d’agenda”.Le président américain, tout en bouleversant la relation avec les Européens, a procédé en deux semaines à un revirement total de la position de son pays sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine, s’en prenant à Volodymyr Zelensky et reprenant les éléments de langage du Kremlin quant aux causes de l’invasion lancée en février 2022 par Vladimir Poutine.Le président ukrainien tente de son côté de jouer l’apaisement, tant le soutien de Washington est crucial dans la recherche d’une “paix durable” pour son pays dévasté par les combats, les destructions et la mort de dizaines de milliers de soldats et civils.Les discussions tournaient ces derniers jours sur un accord concernant l’exploitation de minerais ukrainiens par les Etats-Unis, avec une incertitude jusqu’au bout sur une éventuelle rencontre des deux présidents.”Zelensky vient vendredi, c’est confirmé à présent”, a affirmé mercredi Donald Trump, après que le président ukrainien avait évoqué dans la journée ce 28 février comme une “date de travail”.La rencontre devrait permettre la signature d’un accord-cadre sur l’accès des Etats-Unis aux ressources du sous-sol ukrainien exigé par Donald Trump en compensation de l’aide militaire et financière versée depuis trois ans.Les points d’achoppement – en particulier sur le montant de 500 milliards de dollars évoqué par M. Trump – ont fini par disparaître, a assuré M. Zelensky.- Quid de l’aide américaine? -Pour l’Ukraine, une condition clé est d’obtenir des garanties de sécurité, devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un hypothétique cessez-le-feu. “Les garanties de paix et de sécurité sont la clé pour empêcher la Russie de détruire la vie d’autres nations”, a plaidé M. Zelensky mercredi dans son allocution du soir.Mais Donald Trump a été tranchant le même jour sur ce point.”L’Otan, on peut oublier ça”, a-t-il d’emblée déclaré, écartant une perspective d’entrée dans l’alliance qui était réclamée de longue date par l’Ukraine.Quant aux garanties militaires, “nous allons demander à l’Europe de le faire parce que, vous savez, l’Europe est leur voisin immédiat”, a lancé Donald Trump, concédant simplement que les Etats-Unis allaient “s’assurer que tout se passe bien”.La France et Royaume-Uni ont proposé de déployer plusieurs dizaines de milliers de soldats en Ukraine pour garantir la paix, mais à condition que les Etats-Unis en assurent la couverture aérienne.A ce stade le texte de l’accord sur les minerais comporterait une référence à la sécurité de l’Ukraine mais pas de garanties concrètes.Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit mercredi vouloir demander à son homologue américain s’il comptait vraiment cesser toute assistance à l’Ukraine et si dans ce cas Kiev pourrait au moins “acheter des armes” aux Etats-Unis.”Il est important pour moi et pour nous tous dans le monde que l’aide de l’Amérique ne s’arrête pas”, a-t-il souligné dans son allocution du soir.L’Ukraine a pu résister pendant trois ans grâce à la résilience de ses troupes et de sa population, mais aussi grâce au soutien militaire et économique occidental.Mais depuis son appel à Vladimir Poutine le 12 février, Donald Trump a renversé les rapports de force, s’alignant sur le Kremlin dans le dossier ukrainien.- Passage par Londres -Russes et Américains ont promis de poursuivre leurs discussions bilatérales et des diplomates des deux pays se retrouveront jeudi à Istanbul, selon Moscou.Les Européens sont quant à eux sur la touche, quand ils ne sont pas la cible d’attaques ou de démarches outrageantes.La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas “ne rencontrera pas le secrétaire d’Etat en raison de problèmes d’agenda”, a ainsi annoncé mercredi un porte-parole à Bruxelles alors que l’ex-Première ministre estonienne se trouvait déjà à Washington avec le but annoncé de rencontrer Marco Rubio.Le président français Emmanuel Macron, qui était à Washington lundi, et le Premier ministre britannique Keir Starmer qui y est attendu jeudi, cherchent pour leur part à convaincre Donald Trump qu’un accord global pour “une paix durable” en Ukraine n’est possible qu’avec leur participation et celle des Ukrainiens.Volodymyr Zelensky a indiqué mercredi qu’il envisageait de passer à son retour de Washington – dimanche selon une source britannique – par Londres où “les Européens et moi rencontrerons Keir Starmer”, a-t-il dit. – Journaliste tuée -Sur le terrain, les forces russes, comme tous les jours depuis trois ans, ont bombardé mercredi les villes et les villages d’Ukraine, faisant au moins sept morts, selon les autorités, dont cinq dans la région de Donetsk (est) et une journaliste ukrainienne de l’agence de presse publique Ukrinform, Tetiana Koulyk.Sa maison dans le district de Boutcha, près de Kiev, a été touchée par un drone russe dans la nuit de mardi à mercredi, d’après Ukrinform. Un autre corps a été trouvé sur place.L’armée ukrainienne a pour sa part revendiqué une contre-offensive réussie près de Pokrovsk, une ville de l’est de l’Ukraine que les troupes russes tentent de conquérir, et aux abords d’une autoroute clé desservant la grande cité de Dnipro, dans le centre.

Les argentiers du G20 se réunissent à l’heure d’une “menace” pour “la croissance mondiale” selon Ramaphosa

Un mois après l’investiture de Donald Trump, les ministres des Finances du G20, à l’exception de celui des Etats-Unis, sont réunis depuis mercredi au Cap où le président sud-africain a mis en garde contre une “menace” pesant sur la “croissance mondiale”.”L’érosion du multilatéralisme pose une menace à la croissance et à la stabilité mondiales”, a averti mercredi Cyril Ramaphosa en ouverture de cette rencontre des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G20.Cette réunion, comme celle des ministres des Affaires étrangères la semaine passée, se tient en l’absence du principal représentant des Etats-Unis sur fond de craintes croissantes de guerres commerciales.Le chef d’Etat américain Donald Trump a annoncé mercredi que les produits européens seront “prochainement” taxés à 25%. S’agissant du Canada et du Mexique, les droits de douane de 25% également, annoncés puis suspendus jusqu’au 4 mars, devraient finalement être effectifs à compter du 2 avril.Le ministre italien de l’Economie Giancarlo Giorgetti, dont la cheffe de gouvernement est réputée proche du nouveau locataire de la Maison Blanche, a fait part des mêmes inquiétudes que son hôte au Cap.”Le protectionnisme, les barrières commerciales et l’incertitude politique menacent la croissance”, a-t-il déclaré en session, selon un communiqué de son ministère dans lequel il cite les risques d’augmentation des coûts de production et de l’inflation.”Il est vital de veiller à ce que les droits et les intérêts des personnes vulnérables ne soient pas piétinés par les ambitions des puissants”, avait lancé plus tôt le président de l’Afrique du Sud, dont toutes les aides ont été coupées par la Maison Blanche qui l’accuse de traitement “injuste” des Afrikaners, descendants des colons européens.Pretoria craint pour le futur de l’Agoa, accord commercial entre le continent et Washington, ainsi que pour le financement américain du partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), a reconnu le ministre sud-africain de l’Energie mardi.”Un ordre international fondé sur des règles équitables, transparentes et inclusives est, en fin de compte une condition essentielle à la stabilité économique et à une croissance soutenue en ces temps de contestation géopolitique accrue”, a encore exhorté Cyril Ramaphosa au premier des deux jours de rencontres au Cap.A l’inverse de Marco Rubio qui avait boycotté la réunion des chefs de la diplomatie en taxant Pretoria d'”anti-américanisme”, le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a invoqué des “obligations à Washington”.En revanche, le président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell est, lui, bien présent. Comme son homologue de la BCE (Banque centrale européenne) Christine Lagarde.Plusieurs ministres des finances européens, comme la Britannique Rachel Reeves, le Français Eric Lombard ou Giancarlo Giorgetti ont assisté au discours du chef d’Etat de l’Afrique du Sud, premier pays du continent à présider le G20 et par conséquent le premier également à accueillir son sommet en novembre à Johannesburg.- Dette record des pays en développement -En plein mouvement de désengagement américain en Europe, Rachel Reeves prévoit de soutenir devant ses homologues du G20 qu’une défense forte est le “socle de la croissance économique” et plaidera pour un “commerce libre et équitable”, ont annoncé ses services.Le bouleversement des règles du jeu par Donald Trump éclipse en partie les thèmes promus par l’Afrique du Sud pour ce G20, à savoir la croissance inclusive et soutenable ainsi que l’innovation financière pour soulager les pays accablés par la dette et les conséquences du changement climatique.”Parlez à n’importe quel dirigeant africain”, a lancé Cyril Ramaphosa mercredi. “Ils vous diront que des ponts, écoles et hôpitaux sont emportés par des inondations qu’ils n’ont jamais vues auparavant et qu’ils savent maintenant dues au changement climatique. Ils ne sont pas en mesure de reconstruire ces routes et ces ponts sans imposer un lourd fardeau de dette à leurs économies.”Le montant total de la dette extérieure des pays en développement a atteint un record de 1.400 milliards de dollars en 2023, selon le Programme de développement des Nations unies (UNDP).Dix-sept pays consacrent plus de 20% de leurs recettes publiques aux paiements d’intérêts, a averti l’UNDP dans un communiqué mardi, un seuil qui est d’après le programme onusien “fortement lié au risque de défaut”.

La Bourse de Paris finit dans le vert avant Nvidia

La Bourse de Paris a terminé en nette hausse mercredi, portée par des espoirs de trêve en Ukraine, en attendant la publication des résultats très attendus du mastodonte des puces électroniques Nvidia.Le CAC 40 a pris 1,15% à 8.143,92 points, en hausse de 92,85 points. Mardi, il avait cédé 0,49% pour s’établir à 8.051,07 points.La place parisienne, comme l’ensemble des marchés européens, a été portée par “la nouvelle selon laquelle l’Ukraine a accepté un accord qui donnera aux États-Unis un accès aux minéraux ukrainiens”, selon Kathleen Brooks. Kiev a en effet approuvé mercredi les termes d’un accord sur ses minerais avec les États-Unis. Donald Trump a demandé à l’Ukraine de lui donner accès à ses ressources minières pour compenser les milliards de dollars d’aide versés par l’administration de son prédécesseur Joe Biden. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky pourrait signer l’accord dès vendredi à Washington.”Cela est vu comme un pas vers le processus de paix”, ajoute Kathleen Brooks.Les valeurs de la défense ont été dynamiques, l’Europe devant investir davantage dans le militaire, alors que se dessinent des perspectives de désengagement militaire américain. A Paris, Safran a gagné 1,51% à 248,70 euros. Les investisseurs se tourneront mercredi en fin de journée vers les résultats de Nvidia, champion américain des microprocesseurs et deuxième capitalisation mondiale. La publication est attendue après la clôture des marchés à New York, dans un contexte de doutes ces dernières semaines sur les perspectives de croissance réelle des secteurs liés au développement de l’intelligence artificielle. Ce sentiment s’est accru depuis que le chinois DeepSeek a revendiqué le développement d’un modèle aussi performant que ses concurrents américains, avec beaucoup moins de ressources.Les entreprises du secteur ont évolué prudemment mercredi: STMicroelectronics a reculé de 2,50% et Soitec a pris 0,42%.Le spécialiste des paiements électroniques, Worldline a dévissé de 17,01% à 6,16 euros. Même si le groupe a divisé par trois sa perte nette en 2024, “le second semestre de l’année 2024” est “plus faible que prévu” et “le chiffre d’affaires du quatrième trimestre 2024” a été “moins bon que prévu”, retiennent les analystes de Jefferies. Le constructeur automobile Stellantis a perdu 4,05% à 12,94 euros, après avoir publié mercredi un bénéfice net en forte baisse en 2024 et encaissé un important recul de ses marges au deuxième semestre.fcz/leb/LyS

En 2024, seulement 59.000 logements mis en vente pour les particuliers en France, moitié moins que la normale

En 2024, les promoteurs ont produit et mis en vente 59.000 nouveaux logements, soit moitié moins que deux ans auparavant, une baisse illustrant de nouveau la grave crise qui secoue l’immobilier neuf.  Hors année du Covid, environ 125.500 logements ont été mis en vente par an en moyenne entre 2017 et 2022. En 2024, ce chiffre n’atteint plus que 59.014, soit 29% de moins que l’année précédente et presque moitié moins qu’en 2022, selon les données publiées mercredi par le ministère de l’Aménagement du territoire.Les particuliers ont réservé 67.906 nouveaux logements l’année passée, soit 5% de moins qu’en 2023, année déjà catastrophique pour la production de nouveaux logements en raison de la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt qui ont bloqué les projets d’achat immobiliers de nombreux ménages. Le nombre de réservations est près de 40% inférieur au niveau de 2022, et est moitié moins élevé que le niveau moyen 2017-2022. S’ajoutent 52.500 logements réservés par des bailleurs sociaux, des banques, ou autres investisseurs institutionnels l’année passée. Un chiffre un peu supérieur à celui de 2023, année au cours de laquelle des entreprises avaient tenté de compenser la baisse du nombre d’acheteurs particuliers pour les promoteurs.  Au quatrième trimestre, les institutionnels, et en particulier les bailleurs sociaux, ont nettement freiné leurs réservations (10.055 logements), de 25% par rapport au trimestre précédent. “2024 est la pire année depuis plus de 50 ans et le début de nos statistiques”, a réagi auprès de l’AFP Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. “La crise a nourri la crise: comme on ne vendait pas, on n’a pas produit (de nouveaux logements, NDLR), donc on n’a pas acheté de terrains et on a moins de collaborateurs”, poursuit-il. Optimiste pour 2025, M. Boulanger s’inquiète néanmoins du redémarrage “de la machine” qui pourrait provoquer des hausses de prix: en raison de salaires plus importants “pour faire revenir les 5.000 collaborateurs qui ont quitté le métier” et de surenchères sur les terrains à vendre si tous les promoteurs se remettent “tous à acheter du foncier”. Au quatrième trimestre, le prix moyen au mètre carré des appartements neufs commercialisés a été de 4.756 euros, en légère hausse de 0,5%, par rapport au trimestre précédent. – 2 à 3 ans pour se remettre -Le nombre de nouveaux logements commercialisés entre octobre et décembre a légèrement rebondi de 6,4% par rapport au trimestre précédent, à 14.335. Les réservations de logements par des individus ont reculé de 4,2% au dernier trimestre, par rapport au précédent, à 17.122. Le nombre de maisons réservées a de nouveau baissé au dernier trimestre et est tombé à un nouveau plus bas depuis au moins 2019.Le stock de logements proposés à la vente, qui atteint un plus haut au milieu de l’année 2023, se résorbe très lentement: 117.472 logements étaient disponibles au dernier trimestre, soit 3% de moins que lors des trois mois précédents. “On a plein de stock car on n’a plus du tout de réservations, mais si les réservations reprennent à une vitesse normale, on a deux fois moins d’offres que lors d’une année normale”, souligne M. Boulanger.Les mesures inscrites dans le budget 2025 de l’Etat pourraient relancer l’achat de logements chez les particuliers, selon le porte-parole des promoteurs, même s’il ne s’attend pas à “atteindre des sommets en 2025″.”Il faudra entre deux et trois ans pour remettre la machine en route”, prévient Pascal Boulanger.Sur le territoire, les zones les plus tendues en matière de logements disponibles (Paris, une grande partie de l’ÃŽle-de-France, la Côte d’Azur et la zone frontalière avec la Suisse) ont concentré 50,7% des réservations et 47,2% des mises en vente comptabilisées au quatrième trimestre. Les autres grandes agglomérations de plus de 250.000 habitants ont représenté 40,4% des réservations et 39,4% des mises en vente.Fin janvier, le ministère de l’Aménagement du territoire indiquait que 330.400 logements ont été autorisés à la construction en 2024, et 263.100 ont été mis en chantier, des chiffres inférieurs d’environ un tiers à ceux de l’année précédant la crise sanitaire.

BP enterre son ambitieuse stratégie climat et remet les gaz sur les hydrocarbures

Le géant britannique des hydrocarbures BP a renoncé mercredi à une stratégie climatique autrefois ambitieuse pour se recentrer sur le pétrole et le gaz, avec l’espoir de doper ses bénéfices en berne et ses redistributions aux actionnaires.Le groupe, qui s’était distingué à partir de 2020 par un plan de neutralité carbone qui allait plus loin que ses principaux rivaux, était déjà largement revenu depuis deux ans sur ses objectifs climatiques.Il avait de nouveau prévenu en décembre qu’il comptait réduire “de manière significative” ses investissements dans les énergies renouvelables.”Nous allons accroître nos investissements et notre production” dans les hydrocarbures “pour pouvoir produire de l’énergie à forte marge dans les années à venir” et “nous serons très sélectifs dans nos investissements dans la transition”, a confirmé mercredi le directeur général Murray Auchincloss dans un communiqué.”Notre optimisme sur une transition rapide était mal placé et nous sommes allés trop loin, trop vite”, a-t-il ajouté un peu plus tard lors d’une présentation en ligne, affirmant que “le pétrole et le gaz seront nécessaires pendant des décennies à venir”.Après la publication voici deux semaines d’un bénéfice net réduit de 97% l’an dernier, le dirigeant s’est exprimé mercredi en début d’après-midi auprès d’investisseurs pour “remettre à zéro” la stratégie du groupe.BP a ainsi annoncé le retrait de “tous ses objectifs précédents”, notamment en termes de réduction d’émissions (il assure cependant viser toujours une réduction des émissions issues de ses opérations), pour se concentrer sur “la génération de retours plus élevés” pour ses actionnaires, trancher dans ses coûts, jusqu’à 5 milliards de dollars d’ici 2027, et réduire sa dette.BP avait déjà annoncé en janvier 4.700 suppressions d’emplois en interne, plus de 5% de ses effectifs.- Production en hausse -Le groupe prévoit désormais qu’il augmentera sa production d’hydrocarbures d’ici 2030, là où il visait précédemment une diminution de 25% par rapport à 2019 (un objectif déjà revu à la baisse précédemment).Il compte aussi augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz à 10 milliards de dollars par an, soit les deux tiers des investissements prévus en 2025.En parallèle, il réduira de 5 milliards de dollars par an ses investissements dans ses projets de transition (qui ne pèseront désormais plus que 1,5 à 2 milliards par an).BP a aussi annoncé un objectif de 20 milliards de dollars de cessions d’ici 2027, qui pourraient notamment concerner sa filiale de lubrifiants moteurs Castrol.”Les objectifs financiers sont ambitieux” mais “la réaction du marché laisse penser que les investisseurs vont avoir besoin d’être convaincus qu’ils peuvent être atteints”, selon Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.De fait, le titre de BP à la Bourse de Londres recule de près de 2% vers 16H00 GMT.- Sous pression -Pour Greenpeace, qui louait en 2022 “le plus ambitieux des géants pétroliers” pour sa transition, ces renoncements successifs ne passent pas.”C’est la preuve irréfutable que les entreprises du secteur des combustibles fossiles ne peuvent pas ou ne veulent pas participer aux solutions à la crise climatique”, a réagi peu après les annonces Charlie Kronick, un responsable de l’ONG au Royaume-Uni.Ces revirements successifs ont aussi échaudé certains actionnaires favorables à des objectifs climatiques ambitieux, dont des gros fonds de pension.Mais l’entreprise est également sous pression d’investisseurs activistes qui plaidaient pour des changements importants de stratégie: c’est le cas du fonds Bluebell, qui appelle depuis plus d’un an le groupe à revoir à la baisse ses ambitions jugées “irrationnelles” sur les énergies propres.Des informations de presse ont aussi fait état ces dernières semaines d’une prise de participation “significative” du fonds d’investissement activiste Elliott Management, connu pour demander des changements stratégiques au sein des groupes dans lesquels il investit.Le britannique n’est pas le seul à faire machine arrière sur ses objectifs climatiques pour doper sa rentabilité: c’est notamment le cas de Shell, groupe du même pays. Le français TotalEnergies maintient, lui, ses objectifs de réduction d’empreinte carbone, mais a annoncé récemment qu’il allait réduire de 500 millions de dollars, de 5 à 4,5 milliards de dollars, la part de ses investissements en 2025 dédiée aux “énergies bas carbone”.

Les Bourses européennes finissent en nette hausse

Les marchés boursiers européens ont terminé en fanfare mercredi, portés par des espoirs de trêve en Ukraine, quelques heures avant la publication des résultats très attendus du mastodonte des puces électroniques Nvidia, deuxième capitalisation mondiale.Paris a pris 1,15%, Francfort 1,71% et Milan 1,32%. Londres a gagné 0,72%.