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A Châteauroux, “la plus grande boulangerie d’Europe” aux défis de la décarbonation et du rajeunissement

Une production dense dont les lignes arrivent à saturation: pourvoyeur d’emplois historique pour l’agglomération de Châteauroux, dans l’Indre, l’usine Harrys, qualifiée de “plus grande boulangerie d’Europe”, tente de répondre à des défis majeurs de décarbonation et de rajeunissement de ses effectifs.Une odeur de brioche qui sort du four et le ballet de dizaines de camions qui vont et viennent quotidiennement: depuis plus de 50 ans, le paysage n’a pas changé, ou presque, dans cette zone industrielle de Montierchaume, à la frontière de Châteauroux, au coeur de la campagne berrichonne.L’entreprise de viennoiserie française Harrys, 1.300 salariés en France, rachetée par le géant italien Barilla en 2007, est depuis toujours un des principaux employeurs du département, où elle est présente depuis 55 ans.”On est fiers de cet ancrage local, nous employons à Châteauroux 520 salariés, ce qui fait de cette usine la plus grosse boulangerie d’Europe”, affirme fièrement Sébastien Machet, le directeur du site.Dans le détail, 75% de la production du groupe pour la France, dont le pain de mie sans croûte et les célèbres brioches aux pépites de chocolat, provient de ce site de 35.000 m2.”L’entreprise n’est peut-être pas notre premier employeur, mais c’est le deuxième de l’agglomération et le sixième du département”, précise le maire de Châteauroux Gil Avérous (DVD) auprès de l’AFP.L’entreprise revendique faire aussi travailler des chauffeurs, des opérateurs de maintenance et surtout une centaine d’agriculteurs locaux pour les matières premières.Cette économie, “ADN de la ville” selon le maire, est même un sujet d’attractivité pour l’agglomération de 43.000 habitants, confrontée à des fermetures d’usines historiques depuis plusieurs années, comme avec le producteur de jantes Impériales Wheels et la disparition de ses 180 emplois en 2024.- Saturation -L’édile, tout comme le directeur du site, évoque une “fidélité” presque sans égal des salariés “100% castelroussins” de l’usine.Ces dernières années, pourtant, cette fidélité a forcé la marque à s’adapter, face à des effectifs dont l’ancienneté tourne “autour de 40, 42 ans” et entraîne chaque année 20 départs à la retraite.Pour y remédier, “un programme de transfert de compétences” a été mis en place “avec l’équivalent de 20 embauches chaque année” en remplacement, explique Sébastien Machet, évoquant des coûts de formation nécessaires de “500.000 euros par an”.D’autant que l’usine tourne à plein régime, 65.000 tonnes de produits en sortent chaque année, au point qu’une de ses huit lignes de production arrive à saturation.”D’ici cinq ans, on va devoir se poser des questions sur l’augmentation du nombre de lignes de production” pour répondre à l’activité, dit M. Machet, “ce sera l’occasion d’agrandir encore l’usine grâce à la disponibilité foncière autour du site”.- Céramique -Un investissement chiffré entre 35 et 40 millions par le groupe, mais qui représente un enjeu “majeur” pour Châteauroux et Gil Avérous, pour qui un tel investissement serait une “aubaine”.Un projet qui serait accueilli “très favorablement” par les organisations syndicales, selon Pascal Charlon, délégué CGT. “Nous avons un dialogue franc et direct avec la direction, nous sommes mieux lotis qu’ailleurs”, estime-t-il. “Les conditions de travail se sont largement améliorées depuis le début des années 2010”, date du dernier conflit social d’ampleur dans l’usine.Alors, désormais, priorité est mise sur “la réduction de l’empreinte carbone”, selon son directeur, qui évalue les factures de gaz et d’électricité à 5 ou 6 millions d’euros par an.”Avec la flambée des cours du gaz et de l’électricité il y a quatre ans, la facture d’énergie a été multipliée par trois”, dit M. Machet. Un investissement de six millions d’euros est prévu sur deux ans dans des récupérateurs de chaleur et à terme émettre “1.000 tonnes de CO2” en moins.Autre projet, éliminer les Pfas, les polluants éternels, des moules à pain en téflon en passant “progressivement vers des moules en céramique”.

Grève SNCF: pagaille évitée dans les trains, polémique sur le recours aux volontaires pour remplacer les grévistes

Des perturbations localisées dans les trains régionaux et des circulations quasi normales sur les TGV: la “semaine noire” annoncée à la SNCF n’atteint pas l’ampleur espérée par les syndicats contestataires du groupe, qui accusent la direction d’avoir eu recours à des “briseurs de grève”.”Il y a une volonté d’invisibiliser complètement le conflit”, s’indigne le secrétaire fédéral SUD-Rail, Fabien Villedieu. Son syndicat, en pointe dans la contestation, appelait les conducteurs à se mettre en grève mercredi, puis les contrôleurs pour tout le week-end à partir de vendredi.La CGT-Cheminots appelait elle toutes les catégories de personnel à la mobilisation dès lundi. Les deux organisations syndicales réclament des mesures salariales et une meilleure anticipation des plannings, trop imprévisibles à leur goût.Les deux autres syndicats, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, n’ont pas appelé à la grève.”On estime qu’il y a 40% de conducteurs de train en grève” dans toute la France mercredi, assure Fabien Villedieu. Les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France avec une moyenne d’un train sur deux supprimés et la Nouvelle-Aquitaine avec seulement quatre TER sur dix en circulation. Les TGV roulent eux normalement.En début de semaine, les perturbations ont surtout concerné les Hauts-de-France, place forte de la CGT. Côté TGV, la grève des contrôleurs des 9, 10 et 11 mai n’entraînera la suppression que de 10% des trains, selon la direction.- Cadres volontaires -La SNCF est parvenue à limiter les effets de la grève par un recours massif aux “volontaires accompagnement occasionnel” (VAO), des cadres de l’entreprise ayant reçu une formation express et capables de remplacer ponctuellement les chefs de bord.Ces “mercenaires briseurs de grève” sont des “gens archi sous-formés et archi-surpayés”, s’emporte M. Villedieu. Les VAO bénéficient de sept jours de formation et sont rémunérés entre 15 et 50 euros de l’heure en fonction du type de service pour remplacer les contrôleurs grévistes.”Ca n’est pas acceptable d’instrumentaliser de cette manière l’encadrement”, a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. SUD-Rail a annoncé son souhait d’attaquer ce dispositif en justice.Pour autant, d’après un cadre syndical de la SNCF, “le mouvement n’est pas aussi suivi qu’ils (CGT et SUD) le pensaient”. Certaines régions ont été quasiment épargnées, comme le Centre-Val-de-Loire, où l’on comptait 16% de grévistes chez les conducteurs mardi.Chez les contrôleurs, le taux de gréviste atteint 31% pour vendredi, dont environ 60% sur le TGV, selon les déclarations d’intention des salariés. Il pourrait être un peu plus élevé samedi, indique un document interne à la direction. – Grève en juin -“Chez les contrôleurs, cette grève n’est pas aussi populaire que les précédentes”, souligne le rédacteur de la lettre spécialisée Mobilettre et spécialiste des transports, Gilles Dansart.D’après lui, les jeunes contrôleurs ne sont pas en phase avec les plus âgés, rassemblés au sein du Collectif national ASCT (CNA), et très engagés sur les questions des fins de carrière et des droits à la retraite.”La majorité des syndicats ne cautionnent pas les mouvements catégoriels”, ajoute-t-il. La “semaine noire” a été évitée mais “l’hypothèse d’un conflit important n’était pas crédible”, juge-t-il.La stratégie mise en place par la direction avec le recours aux VAO a en plus été efficace, dit Gilles Dansart.Pour autant, les syndicats sont loin d’avoir rendu les armes. “La colère restera et il y aura des suites dans la mobilisation. On ne s’arrêtera pas là”, prévient Fabien Villedieu de SUD-Rail. La CGT-Cheminots a d’ores et déjà appelé les cheminots à une nouvelle journée de mobilisation le 5 juin.Après l’échec du dernier mouvement contre le démantèlement de Fret SNCF en fin d’année dernière, les syndicats contestataires jouent gros sur ce dossier.

Sur une île écossaise, les difficultés d’une distillerie aggravent la crainte du dépeuplement

A la distillerie de Harris, il n’est pas seulement question de whisky: cette entreprise a permis à des dizaines de jeunes de rester travailler sur cette île du nord de l’Ecosse qui se dépeuple. Mais un plan social vient d’être annoncé et avec lui, la crainte de l’exode des locaux grandit.Quand on arrive en ferry à Tarbert, c’est d’abord le bâtiment blanc de la distillerie que l’on voit, dressé dans le petit port. Elle est la fierté locale, avec son gin et son whisky aux multiples récompenses qui se vendent aux quatre coins du monde. “Je dis souvent que le monde n’avait pas besoin d’un nouveau whisky, mais que l’île, elle, en avait besoin”, raconte Shona MacLeod, qui a fait partie des dix premiers salariés. Mais dix ans après son ouverture, la distillerie est rattrapée par la crise qui frappe le whisky depuis plusieurs mois.L’objectif initial était de “créer des emplois à long terme pour les gens” alors que la population de Harris a baissé d’environ 50% en 50 ans, les jeunes étant forcés de partir pour trouver du travail, explique Shona MacLeod. Il y a environ 1.800 habitants sur cette île battue par les vents, connue pour ses plages à l’eau turquoise.- “Triste” -La distillerie compte une cinquantaine de salariés, avec une moyenne d’âge de 32 ans.Quand l’AFP l’a visitée, plusieurs d’entre eux avaient du mal à dissimuler leur émotion: des suppressions d’emplois ont été annoncées fin avril. L’entreprise n’a pas encore annoncé combien sont concernés, misant d’abord sur les départs volontaires.”C’est désespérément triste”, reconnaît Ron MacEachran, le directeur financier, les larmes aux yeux. Lui aussi a ses racines là, plus précisément à Scalpay, une petite île à quelques kilomètres reliée par un pont depuis 1997. Il se souvient quand la région était “florissante”, il y a des décennies, avec un port prospère et 80 enfants inscrits à l’école du village.”Nous avons reporté le plus possible la décision de réduire le personnel, mais il a fallu la prendre (…) pour permettre à l’entreprise de naviguer à travers ce qui semble être un défi qui va durer”. Le directeur financier met en avant plusieurs facteurs pour expliquer la crise du whisky: une surproduction, des changements dans les habitudes des consommateurs, la volatilité internationale. Les droits de douane de 10% imposés par Donald Trump, alors que les Etats-Unis sont les premiers importateurs de whisky écossais, “participent à créer de l’incertitude”.  – “Meilleur job” -Alors quel avenir pour le “Hearach”, le whisky star de la distillerie? Son nom désigne en gaélique les personnes nées et élevées à Harris. Et le gin, servi dans les bars branchés de Londres? Il doit son goût particulier à un ingrédient local: la laminaire sucrée, une algue récoltée à la main dans la mer autour de Harris.Le whisky et le gin sont fabriqués par une équipe de cinq distillateurs.”Après le Covid, j’étais prêt à quitter l’île pour commencer ma carrière” face à la difficulté de trouver un travail, avait raconté avant l’annonce du plan social l’un d’eux, Donald MacRae, 27 ans. Il s’était imaginé professeur de sport sur le continent, puis il a vu que la distillerie recrutait.Il a finalement acheté une maison sur l’île. Sa petite amie travaille également à la distillerie.”Mes racines sont ici”. “Beaucoup de jeunes sont heureux de vivre ici, ce sont juste les opportunités qui manquent”, avait-il expliqué.”C’est le meilleur job que j’ai eu”, se félicitait son collègue Thomas MacRae, également âgé de 27 ans. Lui était prêt à partir pour Glasgow avant d’être embauché à la distillerie: “je ne le voulais pas mais je pensais qu’il le fallait pour travailler”. En raison du plan social, “des jeunes salariés pourraient avoir à quitter l’île”, regrette Shona MacLeod.”Mais nous avons eu du succès et nous en aurons encore”, espère-t-elle.C’est “un gros caillou sur la route” mais l’objectif de la distillerie “ne va pas changer”, affirme Ron MacEachran. Il promet de “poursuivre l’aventure pour offrir des emplois sur l’île et stimuler l’économie” locale. “Nous avons quelque chose de très précieux ici”, vante le directeur, fier de son gin et son whisky. De plus, une lueur d’espoir est aussi arrivée mardi dans le monde des spiritueux: le Royaume-Uni a signé un accord commercial avec l’Inde, ce qui devrait fortement augmenter les exportations vers ce pays qui raffole de whisky. 

Espagne: Sánchez réclame à nouveau du temps pour établir les causes de la méga-panne

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a de nouveau réclamé mercredi “du temps” pour déterminer les causes de la panne électrique ayant touché la péninsule ibérique le 28 avril, assurant à nouveau qu’il n’y avait “aucune preuve” à ce stade permettant d’incriminer les énergies renouvelables.”Le processus va prendre du temps, car pour le faire, il faudra examiner (…) de manière minutieuse environ 756 millions de données”, a expliqué le dirigeant socialiste lors d’une audition au Congrès des députés consacrée notamment à cet incident.”Les citoyens veulent savoir ce qui s’est passé. Je veux leur assurer que le gouvernement aussi”, a-t-il ajouté, en promettant “d’aller au fond de l’affaire”: “Ce que nous n’allons pas faire, c’est fermer le débat prématurément. Nous n’allons pas faire de conclusions hâtives”.Face aux députés, le chef du gouvernement a expliqué que la panne avait débuté par trois incidents distincts dans un très court laps de temps, et non deux comme indiqué dans un premier temps par les autorités. Le troisième, qui n’a pas pu être surmonté, a laissé le pays sans lumière.”L’information technique préliminaire nous dit qu’une perturbation a été enregistrée d’abord dans le sud de l’Espagne, ce qui pourrait avoir généré cette perte de production, et quelques secondes après, deux autres ont eu lieu, cette fois dans le sud-ouest du pays”, a-t-il détaillé.Selon le Premier ministre, “le système a réussi à surmonter les deux premières perturbations”. Mais “il n’a pas pu contenir la troisième”, qui “s’est étendue à l’ensemble du système électrique péninsulaire”, a-t-il poursuivi.La ministre de la Transition écologique, Sara Aagesen, avait déjà indiqué lundi que trois incidents, survenus en moins de 30 secondes, avaient été identifiés.D’après les autorités, 15 gigawatts d’électricité, soit l’équivalent de 60% de la consommation électrique espagnole, ont été perdus subitement du système le 28 avril à 12H33 locales (10H33 GMT), un phénomène qualifié d'”inédit” par le gouvernement. Après cet incident, plusieurs experts ont pointé le boom des énergies renouvelables et son possible impact sur la stabilité du réseau, ce qui a conduit la droite espagnole à réclamer l’extension du fonctionnement des cinq centrales nucléaires en opération.À ce jour, “il n’y a aucune preuve empirique pour dire que l’incident a été provoqué par un excès de renouvelables ou par le manque de centrales nucléaires en Espagne”, a insisté mercredi Sánchez, comme il l’a déjà fait plusieurs fois depuis le 28 avril.Un discours dénoncé par le leader de l’opposition, le conservateur Alberto Núñez Feijóo: “Quelle honte, M. Sánchez! Quelle honte!”, a-t-il lancé, en assurant que l’opposition ne permettrait pas que cet incident “se solde sans démissions”.

Chine et Etats-Unis annoncent des discussions commerciales

La Chine et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils allaient se réunir le week-end prochain en Suisse pour jeter les bases d’une négociation commerciale, une première depuis l’imposition par Donald Trump de droits de douane exorbitants sur les produits chinois et la riposte de Pékin.Ces discussions ont été organisées “à la demande des Etats-Unis”, a déclaré mercredi Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en conférence de presse.Dans le même temps, la banque centrale chinoise a annoncé un train de mesures pour soutenir l’économie du pays menacée par la guerre commerciale avec Washington et une consommation intérieure morose.La Chine “ne sacrifiera pas sa position de principe” et “défendra la justice” lors de cette rencontre entre son vice-Premier ministre He Lifeng, le ministre américain des Finances Scott Bessent et le représentant américain au commerce Jamieson Greer, a averti mercredi le ministère chinois du Commerce.”Si les Etats-Unis parlent d’une manière et agissent d’une autre, ou (…) s’ils tentent de continuer à contraindre et à faire chanter la Chine sous le couvert de discussions, la Chine ne sera jamais d’accord”, a-t-il ajouté dans un communiqué.”J’ai hâte de mener des discussions productives dans l’optique de rééquilibrer le système économique international pour mieux servir les intérêts des Etats-Unis”, a pour sa part déclaré M. Bessent dans un communiqué.- A Genève -Les deux parties se réuniront samedi et dimanche afin de jeter les bases de futures négociations, a-t-il dit, lors d’un entretien à la chaîne Fox News mardi.”Je m’attends à ce que nous parlions de désescalade, pas d’un grand accord commercial”, a-t-il anticipé. “Il nous faut la désescalade avant de pouvoir aller de l’avant.”Les discussions auront lieu à Genève, a indiqué à l’AFP Valentin Clivaz, un porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères.”Nous sommes en contact avec les deux parties pour l’organisation de la rencontre”, a-t-il souligné. “Nous nous réjouissons de la confiance accordée à la Suisse.”Afin de soutenir une économie plombée par une consommation atone et la guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine a également annoncé mercredi la baisse d’un taux d’intérêt clé et du montant des réserves obligatoires des banques pour faciliter le crédit.”Le taux de réserve obligatoire va être réduit de 0,5 point de pourcentage”, a expliqué le chef de la banque centrale chinoise, Pan Gongsheng, lors d’une conférence de presse. – “Pas soutenable” -Les annonces économiques se sont poursuivies avec la baisse des taux d’emprunt pour ceux qui achètent leur premier bien immobilier. Le taux pour les premiers achats immobiliers avec des prêts d’une durée supérieure à cinq ans sera réduit de 2,85% à 2,6%, selon Pan Gongsheng.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, son administration a imposé de nouveaux droits de douane d’un montant total de 145% sur les marchandises en provenance de Chine, auxquels s’ajoutent des mesures sectorielles.Pékin a riposté en imposant 125% de droits de douane sur les importations américaines entrant en Chine, ainsi que des mesures plus ciblées.Ces niveaux sont jugés intenables par la plupart des économistes, au point de faire planer sur les Etats-Unis et la Chine, mais aussi probablement au-delà, un risque de récession qui s’accompagnerait d’une flambée des prix.”Ce n’est pas soutenable, (…) tout particulièrement côté chinois”, a estimé le secrétaire américain au Trésor. “145% et 125%, c’est l’équivalent d’un embargo”.Les discussions des 10 et 11 mai constitueront le premier contact public officiel entre les deux plus grandes économies du monde en vue de résoudre cette guerre commerciale.

La Bourse de Paris en timide baisse avant la Fed, l’attention sur les négociations commerciales

La Bourse de Paris évolue en petite baisse mercredi, patientant avant la décision de la banque centrale américaine attendue plus tard dans la journée, sur fond d’avancées potentielles dans les négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.Vers 10H00 heure de Paris, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, cédait 0,50%, soit une perte de 38,35 points, pour s’établir à 7.658,57 points. La veille, il avait reculé de 0,40% pour s’établir à 7.696,92 points.La banque centrale des Etats-Unis devrait une nouvelle fois laisser ses taux d’intérêt inchangés mercredi, le temps de voir comment la première économie mondiale encaisse l’offensive protectionniste de Donald Trump, et malgré les pressions du président américain pour que l’institution baisse ses taux.”Aucun changement n’est attendu, mais la conférence de presse de Jerome Powell qui suivra pourrait s’avérer décisive”, commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.Son intervention sera même “plus importante que la décision elle-même”, souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.”Il lui faudra employer une rhétorique habile pour réaffirmer l’engagement de la Fed à combattre l’inflation, indépendamment des appels à des baisses de taux”, affirme Mme Brooks.Par ailleurs, sur le front de la guerre commerciale, “l’annonce de négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis ravive l’espoir d’un apaisement des tensions entre les deux plus grandes économies du monde”, souligne Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group.La Chine a toutefois déclaré mercredi que les négociations sur les droits de douane qui se tiendront en Suisse le week-end prochain ont été organisées “à la demande des Etats-Unis”, soulignant que sa position à l’égard des surtaxes américaines “reste inchangée”.Joli ScorLe réassureur Scor a annoncé mercredi une légère hausse de 1,7% à 200 millions d’euros de son bénéfice net au premier trimestre, confirmant son redressement après avoir connu un trou d’air courant 2024. Les marchés ont salué ce redressement. Vers 10H00 à la Bourse de Paris, l’action Scor prenait 5,11% à 27,96 euros.Grand LegrandLe spécialiste français des équipements électriques Legrand poursuit son accélération dans les centres de données, au coeur de sa stratégie de croissance et affiche une hausse de 12,3% de son chiffre d’affaires au premier trimestre. Le groupe a également confirmé ses objectifs annuels en dépit du contexte macroéconomique mondial autour des droits de douane et ces résultats ont été salués à la Bourse de Paris. L’action Legrand progressait de 2,20% à 100,30 euros vers 10H00.

ArcelorMittal: Xavier Bertrand somme François Bayrou de venir à Dunkerque

“Qu’est-ce qu’il attend?” Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a sommé mercredi le Premier ministre François Bayrou de se déplacer sur le site d’Arcelormittal à Dunkerque où près de 300 suppressions de postes sont annoncées sur un total de plus de 600 en France. “Il y a 636 postes qui sont supprimés, 636 familles dans lesquelles on se dit que demain +il y a plus de boulot, il faut en retrouver un+. Il attend quoi?”, s’est agacé le responsable LR sur franceinfo. Dunkerque, “c’est pas plus loin, c’est pas plus longtemps” qu’un trajet pour Pau, dont François Bayrou est resté maire, a-t-il insisté. Il a souhaité que le chef du gouvernement organise “une table ronde” réunissant “les organisations syndicales, les élus, les ministres concernés, l’Union européenne et ArcelorMittal” et qu'”à l’issue de cette réunion, on sache clairement ce que Mittal fait comme investissement et quand”. “Est-ce que vous restez?”, “est-ce que vous allez garder toute la production d’acier ? Est-ce que vous avez l’idée de garder les hauts-fourneaux ou de les fermer à terme?”, a-t-il développé, rappelant qu’au total 15.000 personnes sont concernées dans les Hauts-de-France, le Grand-Est et le sud de la France. Promettant de “continuer à (se) battre pour qu’on garde une production d’acier en France et en Europe”, il a défendu le principe de “limiter à 15% de la demande les importations” au niveau européen. “Si vous ne faites pas la limitation à 15% des importations, il n’y a aucune nationalisation qui tiendra la route”, a-t-il répondu aux élus, de gauche notamment, qui réclament que l’État entre au capital d’ArcelorMittal, une idée rejetée le gouvernement.Le sidérurgiste a annoncé récemment un plan d’économies pour tenter de regagner sa compétitivité en Europe avec le transfert d’activités support vers l’Inde portant sur 1.400 postes.En France, le plan ne vise pas uniquement les fonctions support. Il porte aussi sur la production, avec 636 suppressions de postes prévues.

L’emploi salarié privé stable en France au premier trimestre 2025

L’emploi salarié du secteur privé en France est resté stable au premier trimestre 2025 (0,0%), gagnant 9.400 emplois, après avoir enregistré une baisse de 68.000 emplois (-0,3%) au dernier trimestre 2024, selon une première estimation publiée par l’Insee mercredi.Sur un an, l’emploi salarié privé recule de 0,3% avec 69.900 emplois détruits, mais il excède “encore largement son niveau d’avant crise sanitaire (fin 2019) de 5,5%”, avec 1,1 million d’emplois de plus, ajoute l’Institut national de la statistique.Au premier trimestre, l’emploi intérimaire a reculé moins fortement que durant les trimestres précédents, de seulement 0,3% contre 1,6% de baisse en moyenne par trimestre en 2023 et 2024. L’emploi intérimaire a ainsi perdu 44.600 postes par rapport au premier trimestre 2024 et se situe à 8,5% en-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire.Par secteurs d’activité, l’emploi salarié privé est stable dans l’industrie hors intérim et continue de diminuer dans la construction (-0,7%) pour le neuvième trimestre consécutif, tandis que l’emploi salarié agricole recule légèrement (-0,5%).L’emploi salarié privé se maintient au même niveau dans le secteur tertiaire marchand (commerce, transport, finance…) hors intérim et rebondit de +0,8% dans le secteur tertiaire non marchand (administration, santé, enseignement, action sociale).Cette stabilité de l’emploi survient dans un contexte de hausse du nombre d’inscrits à France Travail qui a progressé de 0,8% au premier trimestre, hors effet des nouvelles règles d’affiliation, et de 8,7% compte tenu de l’inscription obligatoire des allocataires du RSA à France et des nouvelles règles d’actualisation, selon les chiffres rapportés la semaine dernière par le ministère du Travail.

Un Français sur deux prévoit de partir en vacances cet été, selon un sondage

Un Français sur deux a l’intention de partir en vacances au moins une semaine cet été mais, “conscients des effets de l’inflation”, 39% d’entre eux déclarent vouloir réduire leur budget vacances en restreignant les dépenses “plaisir”, selon un sondage publié mercredi.23% des Français savent déjà qu’ils ne partiront pas, particulièrement chez les habitants issus des territoires ruraux (31%), les seniors (27%) et les personnes aux revenus modestes (32%), selon ce sondage Ipsos.Digital réalisé pour l’Alliance France Tourisme, groupe de réflexion qui réunit notamment des entreprises comme Accor, SNCF Connect ou encore la Compagnie des Alpes.Pour ceux qui partiront cet été, le budget moyen prévu s’élève à 1.820 euros.Les restriction de dépenses “plaisir” se feront sur les restaurants, le shopping et les activités (70%) ou en écourtant le séjour (30%).La France reste la destination majoritaire, choisie par 68% des vacanciers, qui privilégient les locations saisonnières individuelles (39%), suivies par l’hôtel (26%) et l’hébergement gratuit chez des proches (20%). Le camping conserve ses fidèles (17% pour les longs séjours), notamment parmi ceux voyageant en France (21%).A la question “si vous étiez payé pour partir en vacances, où iriez-vous ?”, 28% des personnes interrogées choisissent une plage paradisiaque, 23% en pleine nature, coupé du monde, 20% en croisière autour du monde mais 3% “chez mamie, parce que sa cuisine vaut tous les hôtels 5 étoiles”.Quant aux “pires cauchemars” des vacanciers, le vol (argent, papiers, téléphone) est en tête (54%) suivi de l’hébergement qui n’existe pas ou ne correspond pas du tout à la description, et de tomber malade loin de chez soi (41%). La mauvaise météo est au pied du podium (35%).Le “workation” (travailler depuis un lieu de vacances) séduit 24% des vacanciers, un chiffre qui grimpe à 45% chez les 18-34 ans.Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon national représentatif de 1.000 Françaises et Français, âgés de 18 à 75 ans, selon la méthode des quotas.

Très réchauffantes, les émissions de méthane liées à l’énergie se maintiennent à des niveaux records

Les émissions de méthane liées au secteur des énergies fossiles sont restées en 2024 à des niveaux proches des records historiques, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié mercredi, qui alerte sur une hausse de rejets massifs issus d’installations pétrogazières pour ce gaz à effet de serre très puissant.En 2024, la production record du secteur de l’industrie fossile (gaz, pétrole, charbon) a été responsable du rejet dans l’atmosphère de plus de 120 millions de tonnes de méthane, proche du record atteint en 2019, selon la nouvelle édition de ce “Global Methane Tracker”.Invisible dans l’air et inodore, le méthane, deuxième plus important gaz à effet de serre après le CO2, est la molécule du gaz naturel qui s’échappe des gazoducs, des mines de charbon, mais aussi des vaches ou des déchets. Environ 580 millions de tonnes de méthane sont rejetées chaque année, dont 60% attribuables à l’activité humaine – avec l’agriculture en tête suivie de l’énergie – et près d’un tiers aux zones humides naturelles. Le secteur de l’énergie est responsable d’environ un tiers des émissions de méthane anthropiques, en raison de fuites qui se produisent au moment de l’extraction et de la production (torchage, lâchers de méthane), et du transport (gazoducs, navires). Au pouvoir bien plus réchauffant que le CO2, le méthane est responsable d’environ 30% du réchauffement planétaire depuis la révolution industrielle, mais il a une durée de vie plus courte. Il constitue de ce fait un levier prioritaire pour une réduction rapide des émissions. Les mesures de lutte contre le méthane restent pourtant “en deçà des ambitions”, a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. Et cela alors qu’environ 70% de ces émissions pourraient être facilement évitées à moindre coût – le gaz capturé pouvant être revendu, selon l’Agence de l’OCDE.- Des sites “super-émetteurs” -La Chine est le plus grand émetteur mondial de méthane lié à l’énergie, principalement issu de son secteur charbonnier. Suivent ensuite les Etats-Unis et la Russie.Les chiffres de l’AIE sont basés sur des données mesurées, quand les observations sont possibles, par opposition aux émissions déclarées qui peuvent être obsolètes ou estimées à partir des informations du secteur énergétique. L’AIE souligne ainsi que son estimation est environ 80% plus élevée que le total déclaré par les pays aux Nations unies.Mais “la transparence s’améliore” grâce à plus de 25 satellites qui traquent depuis l’espace les “plumes” de méthane s’échappant des installations pétrogazières, mais aussi des déchetteries, élevages intensifs, rizières… L’un d’eux, l’Européen Sentinel 5P, qui ne détecte que les fuites les plus importantes, a observé que les “événements de super-émissions de méthane” dans les installations pétrogazières ont atteint un niveau record en 2024, malgré une couverture réduite. Des fuites massives repérées partout dans le monde, mais particulièrement aux Etats-Unis, au Turkménistan et en Russie. Les puits de pétrole et de gaz abandonnés, et les mines de charbon, sont également des sources importantes de fuites de méthane, selon une nouvelle analyse de l’AIE pour le rapport. Ensemble, ils constitueraient le “quatrième plus grand émetteur mondial de méthane issu des combustibles fossiles”, contribuant pour quelque 8 millions de tonnes en 2024.Selon l’AIE, les engagements actuels des entreprises et des pays en matière de réduction des rejets de méthane couvrent 80% de la production mondiale de pétrole et de gaz. Mais aujourd’hui seuls environ 5% de cette production “respectent de manière vérifiable une norme d’émissions de méthane proches de zéro”.Pourtant s’attaquer à ces émissions de méthane d’origine énergétique ralentirait considérablement le réchauffement climatique, évitant ainsi une hausse d’environ 0,1°C des températures mondiales d’ici 2050. “Cela aurait un impact considérable, comparable à l’élimination d’un seul coup de toutes les émissions de CO2 de l’industrie lourde mondiale”, indique le rapport.Le groupe de réflexion Ember a estimé mercredi que l’industrie fossile doit réduire ses émissions de méthane de 75% d’ici 2030 si le monde veut se mettre sur la voie de la neutralité carbone en 2050. Or, le méthane du charbon “est toujours ignoré”, a déploré Sabina Assan, analyste chez Ember. “Il existe aujourd’hui des technologies rentables” et faciles “à mettre en Å“uvre pour lutter contre le méthane”, dit-elle. “Nous ne pouvons plus laisser les mines de charbon s’en tirer à bon compte”.