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Hydroélectricité: des pistes de députés pour relancer les investissements et sortir du blocage avec Bruxelles

La production hydroélectrique en France souffre d’un manque d’investissements lié au régime de concessions auquel il est soumis et qui est à l’origine du contentieux avec la Commission européenne, selon un rapport parlementaire qui rejette toutefois une simple mise en concurrence.”Il est aujourd’hui fondamental de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le régime juridique des concessions hydroélectriques et ce, depuis plus de vingt ans”, indiquent les députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Philippe Bolo (Modem) dans leur rapport publié mardi.Le parc hydroélectrique contribue non seulement à la production énergétique mais constitue aussi un important outil de flexibilité pour le système électrique français et européen, grâce au capacités de stockage des barrages, relèvent-ils.Ces derniers représentent la deuxième source production électrique en France derrière le nucléaire, avec 13,92% de la production d’électricité en 2024, soit 74,7 térawattheures (TWh), rappellent-ils. Et il s’agit de la première source d’électricité renouvelable française (50,47%).Selon les rapporteurs, la France compte 340 concessions, soit 90% de la puissance hydroélectrique installée, dont 61 sont échues au 31 décembre 2025.Les principaux concessionnaires sont EDF (70% de la puissance hydroélectrique), la Compagnie nationale du Rhône (CNR, 25%) et la société hydroélectrique du Midi (SHEM, 3%), le reste étant réalisé par des petits acteurs, majoritairement privés (environ 70, exploitant 750 MW de capacités installées).L’autre régime, celui de l’autorisation, concerne environ 2.300 installations de moins de 4,5 MW. Les exploitants sont généralement aussi propriétaires de leur installation et la durée des autorisations est plafonnée à 75 ans par la loi.Mais faute de visibilité sur l’avenir des concessions, les exploitants ne peuvent réaliser des investissements non prévus dans leurs cahiers des charges, ni ceux nécessaires au bon fonctionnement et au renouvellement des ouvrages, soulignent-ils.”Le pays est enlisé depuis plus de vingt ans dans un différend avec la Commission européenne”, qui a ouvert deux procédures à l’encontre de la France, l’une datant de 2015, l’autre de 2019, rappellent les rapporteurs.Ces procédures portent sur la position dominante d’EDF et l’absence de remise en concurrence des concessions échues. La France refuse cette ouverture à la concurrence, mais cette situation empêche tout investissement substantiel dans le parc hydroélectrique.Revenir sur le régime de concessions ne doit pas se traduire par la mise en concurrence du secteur, plaident les rapporteurs, qui préconisent de passer du régime de concession à celui d’autorisation, ce qui permettrait d’exclure les ouvrages hydroélectriques de l’obligation de mise en concurrence.Et pour répondre à la crainte d’une “privatisation” de ces installations aux concessionnaires, ils suggèrent de qualifier les barrages d’ouvrages publics dans la loi, comme les aéroports.En parallèle, ils proposent une révision de la directive “concessions” en excluant les activités hydroélectriques de son champ d’application, ce qui pourrait amener la Commission européenne à lever sa procédure.Mais cette révision “prendra plusieurs années, au moins cinq ans, pour aboutir”, admettent-ils.

La course aux métaux, au coeur des tensions géopolitiques, souligne le rapport CyclOpe

La course aux métaux et minéraux est au coeur des tensions géopolitiques et ravive “l’histoire dans sa forme la plus crasse” avec un retour “des empires” et des “annexions de territoires”, a estimé Yves Jegourel, coordonnateur du rapport CyclOpe sur les matières premières, paru mardi.Avec Donald Trump, ses droits de douane et ses prétentions sur le Groenland ou les terres rares ukrainiennes, les “tabous sont tombés”, a souligné M. Jegourel, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, lors de la présentation à la presse de la 39e édition de ce rapport.L’année 2024 a été marquée par une “volatilité extrême” des prix des métaux: certains comme l’or et l’argent ont “atteint des sommets” et des métaux stratégiques comme le germanium ou le gallium ont progressé de respectivement 56% et 33%, selon le CyclOpe.Dans le même temps, les cours de certains métaux liés à la transition énergétique et aux batteries électriques ont chuté: le nickel “s’est effondré” (-22%) en raison d’une surabondance de l’offre. Le lithium a perdu 57%.”Ce qui fait la différence sur les prix, ce n’est pas la demande, mais la contrainte sur l’offre”, qu’elle soit géologique (raréfaction des gisements ou des teneurs), sociétale, environnementale, logistique ou géopolitique, a ajouté l’expert, qui coordonne les 70 auteurs de l’ouvrage avec Philippe Chalmin, professeur émérite à l’université Paris-Dauphine.”Les métaux sont un enjeu majeur de souveraineté et de puissance, et revêtent un enjeu d’autant plus stratégique qu’ils sont au cÅ“ur de la transition énergétique”, a ajouté M. Jegourel, soulignant un besoin de “cohérence” dans les politiques publiques européennes et une nécessaire “sobriété” pour réussir la transition.”Une voiture électrique de 2 ou 2,5 tonnes ne va évidemment pas, même électrique, dans le sens de la transition énergétique”, a-t-il lancé.L’expert déplore que l’histoire ait “éloigné le citoyen des matières premières” et évoque “un travail à faire” notamment vis-à-vis de l’acceptation sociétale des mines. “Il faut que tout le monde comprenne qu’on ne peut pas rouler en trottinette électrique dont les batteries sont alimentées par du lithium australien, et s’opposer à la mine” a-t-il ajouté.Selon lui, un “sujet majeur” se joue aussi autour de l’étain et “de ce qui se passe au Myanmar”, pays clé de production de ce minerai et où la production s’est réduite.Les cours de l’étain ont progressé de 16% en 2024, soutenus par le boom de l’intelligence artificielle, puisqu’il en faut pour “toutes les micro-soudures des composants électroniques”.

France: vers une croissance ralentie, mais sans redémarrage de l’inflation

L’économie française devrait croître “légèrement” au deuxième trimestre, ralentie par l’incertitude liée aux droits de douane américains, mais sans redémarrage de l’inflation, a estimé mardi la Banque de France, ce qui ouvre la voie à une nouvelle baisse des taux en zone euro. Après une hausse de 0,1% du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, “l’activité progresserait légèrement au deuxième”, a-t-elle indiqué dans son enquête mensuelle de conjoncture. “Notre enquête confirme une certaine résilience de l’économie française”, a souligné son gouverneur, François Villeroy de Galhau, dans un entretien aux journaux du groupe Ebra.  “Pour autant, celle-ci est affectée par les incertitudes, et il semble que l’incertitude internationale ait pris le pas sur l’incertitude nationale”, a-t-il ajouté. “A ce stade, nous voyons pour 2025 une croissance ralentie, mais sans récession”, a-t-il précisé. La Banque de France, qui table actuellement sur une croissance annuelle de 0,7%, comme le gouvernement, actualisera ses prévisions macroéconomiques en juin. – “Cap économique européen” -Elle a toutefois précisé que sa prévision trimestrielle était encore “très préliminaire” en raison d’un mois de mai marqué par plusieurs jours fériés “et des incertitudes sur les droits de douane”. De son côté, l’Institut national de la statistique (Insee) anticipe une croissance de 0,2% au deuxième trimestre. Washington a imposé des droits de douane de 25% sur l’acier, l’aluminium et les automobiles en provenance de l’Union européenne, et de 10% sur la plupart des autres biens exportés. Bruxelles a menacé, le 9 mai, de taxer les voitures et avions américains en cas d’échec des négociations.  “Le protectionnisme de l’administration Trump entraînera un redémarrage de l’inflation aux Etats-Unis, mais pas en Europe, ce qui permettra sans doute une nouvelle baisse des taux d’ici l’été”, a indiqué François Villeroy de Galhau, qui siège dans l’instance de décision monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). En avril, la BCE avait baissé ses taux, pour la septième fois depuis juin 2024, espérant contrer l’effet des tensions commerciales exacerbées avec les États-Unis qui menacent la croissance. Le taux de dépôt, qui fait référence, a été abaissé de 25 points de base, à 2,25%. Sa prochaine réunion de politique monétaire est prévue début juin. “Mais, pour lever l’incertitude, et dès lors qu’il n’y a malheureusement plus de cap américain, il est très important de donner un cap économique européen: il est urgent de construire la souveraineté économique et financière de l’Europe”, a plaidé le gouverneur de la Banque de France. Il a appelé à “une mobilisation générale européenne. Cela ne se fera pas tout seul; il faut agir maintenant et fortement selon les recommandations du rapport Draghi: intégrer plus notre marché unique, investir mieux, innover plus vite avec moins de bureaucratie”. – Attentisme -Dans ce contexte, l’indicateur d’incertitude de la Banque de France, basé sur une analyse textuelle des commentaires des quelque 8.500 entreprises interrogées entre le 28 avril et le 6 mai, a remonté légèrement dans les services et l’industrie en avril, mais il s’est replié dans le bâtiment. A l’exception du secteur viticole, “il n’y a pas d’effet direct à ce stade sur l’activité des hausses de droits de douane américains. En revanche, il y a sans doute un effet indirect via l’incertitude, via les comportements attentistes que cela génère”, a noté son chef économiste, Olivier Garnier, lors d’une conférence de presse. L’activité serait soutenue, entre avril et juin, par les services marchands et l’industrie manufacturière, tandis que la construction se replierait.  Sur le seul mois d’avril, l’activité a “nettement” progressé dans l’industrie et le bâtiment, et “plus modérément” dans les services marchands.  La construction a enregistré un sursaut, profitant notamment de la baisse des taux d’intérêt. Alors que l’agroalimentaire, la pharmacie ou l’automobile ont tiré l’activité industrielle, l’aéronautique a perdu en dynamisme “en raison de la baisse du dollar qui affecte les ventes aux Etats-Unis et de difficultés sur la chaîne logistique”. Les carnets de commande restent jugés dégarnis, sauf pour l’aéronautique. En mai, l’activité est attendue en repli dans les trois grands secteurs en raison des fermetures liées aux ponts.  

ArcelorMittal: les salariés à Paris, pour du métal, avec ou “sans Mittal”

Plusieurs centaines de salariés d’ArcelorMittal ont manifesté mardi devant le siège français du groupe sidérurgiste pour défendre leur emploi et l’avenir de l’acier en France, mettant la pression sur la direction qui envisage la suppression de plus de 600 postes dans le pays.Devant le siège social à Saint-Denis en banlieue parisienne, où se tenait un CSE central, puis à l’Assemblée nationale, ainsi qu’à Luxembourg où se tenait le comité d’entreprise européen du groupe, plusieurs représentants syndicaux ont décrit une désindustrialisation à bas bruit du groupe, auxquels ils reprochent un manque d’investissements dans ses outils de production.Alors que le numéro deux mondial de l’acier envisage de supprimer 1.400 postes en Europe, dans les fonctions support, le comité d’entreprise européen du groupe a assuré n’avoir “aucune information” de la direction “sur le coût total de ce projet” et a déploré l’absence “d’analyse sérieuse des risques inhérents à la délocalisation de ces services” pour la production. Pour l’instance européenne, “ce processus de délocalisation n’est que la première étape”.Afin d’y remédier, au moins pour la France, l’hypohtèse d’une “nationalisation” était sur toutes les lèvres dans le rassemblement à Saint-Denis.- Proposition de loi -“Les Italiens l’ont fait, les Anglais l’ont fait (…) alors pourquoi nous, Français, on n’est pas capable de le faire?”, s’est interrogé Gaétan Lecocq, de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, site le plus menacé par les suppressions de postes, après être monté à la tribune où il a défendu une prise de contrôle des hauts fourneaux français par l’Etat.Devant lui, des salariés acquis à cette option, clamant : “Du métal sans Mittal !”.”On est venu manifester notre mécontentement, on ne comprend pas les 600 licenciements”, a déclaré Francis Carru, de Dunkerque, devant l’entrée du siège français du sidérurgiste qui avait des airs de forteresse, avec des dizaines de CRS devant l’entrée. Il craint “pour (son) emploi et les emplois futurs”, redoutant “une fermeture de site” pure et simple.”ArcelorMittal est en train, clairement, d’organiser la délocalisation de la production depuis des années, et là, on est face à une urgence, c’est vraiment une question de semaines”, a ajouté la députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, qui a déposé mardi matin une proposition de loi de nationalisation, démarche également portée par le PCF et le PS.”La nationalisation n’est pas une réponse en soi aux difficultés de la sidérurgie européenne”, a rétorqué la ministre délégué chargée des PME, Véronique Louwagie, quelques heures plus tard, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, estimant que la réponse se ferait à l’échelle européenne.- “Vaches à lait” -“Arcelor Mittal considère ses actifs en Europe comme des vaches à lait”, a estimé pour sa part Jean-Marc Vecrin, représentant national CFDT, devant une commission d’enquête sur les licenciements dans l’industrie à l’Assemblée. Il a dénoncé une “désindustrialisation silencieuse”, reprochant au groupe de “réduire à peau de chagrin les investissements de maintien de l’outil” industriel tout en percevant des aides publiques.Au coeur du maintien d’une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d’investissement – à hauteur de 1,8 milliard d’euros dont plus de 800 millions d’aide promise par l’Etat – pour électrifier les hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l’acier produit en Europe.Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, ArcelorMittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application “rapide” du plan européen pour l’acier pour regagner en compétitivité, avant d’annoncer s’il investit ou non.”Le plan de décarbonation d’ArcelorMittal est loin d’être réalisé et a du plomb dans l’aile parce que le groupe met des conditions au niveau européen, sans aucune assurance que ces décisions soient prises”, a indiqué Eric Cocquerel, député LFI et président de la commission des finances de l’Assemblée, lors d’un point presse.Il a évalué à “environ 800 millions d’euros” au minimum les aides perçues par ArcelorMittal depuis 2020. “L’État attend (…) qu’Arcelor apporte des réponses sur sa stratégie à moyen terme en France et sur la confirmation de ses projets”, a déclaré Mme Louwagie.Le président d’ArcelorMittal France Alain le Grix de la Salle est attendu devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale le 20 mai prochain.

La Bourse de Paris en petite hausse après l’inflation américaine

La Bourse de Paris a gagné 0,30% mardi, à l’issue d’une séance marquée par le ralentissement de l’inflation aux Etat-Unis en avril, alimentant les espoirs de baisses de taux d’intérêt de la banque centrale américaine (Fed).L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40 a gagné 23,73 points, à 7.873,83 points, reprenant son souffle au lendemain d’une forte progression de 1,37% (+106,35 points). Depuis le 1er janvier, le CAC 40 a gagné 6,68%.Les investisseurs se sont tournés mardi vers la publication de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis, qui a légèrement ralenti en avril, s’établissant à +2,3% sur un an, contre +2,4% en mars, selon le ministère américain du Travail. Il s’agit du rythme d’inflation le plus faible depuis février 2021.Les analystes s’attendaient à ce que cet indice reste, comme en mars, à +2,4% sur un an, selon le consensus publié par MarketWatch.Les données d’inflation pour avril étaient attendues par les investisseurs, ce mois correspondant à l’entrée en vigueur des hausses de droits de douane imposées par Trump.”Dans l’ensemble, nous pensons qu’il est encore trop tôt en avril pour constater des effets des droits de douane et rien dans le rapport ne saute aux yeux. Les prix de l’habillement, une catégorie plus sensible aux pressions des droits de douane, ont même enregistré une baisse des prix”, écrivent les économistes de Barclays dans une note. “Cela dit, nous pensons que les droits de douane pourraient commencer à affecter les prix dans les mois à venir, avec un pic au cours de l’été”, estiment-ils.Le rapport sur l’inflation aux Etats-Unis “fait écho à la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed) la semaine passée, après que son président, Jerome Powell, a mis en garde contre un risque d’inflation et de hausse du chômage plus élevés”, a commenté Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM. “Finalement, avec une inflation plus faible qu’attendu, cela desserre une des deux contraintes qui pèsent sur la Fed pour baisser ses taux cette année et l’enjeu est de savoir si elle pourra le faire plusieurs fois dans l’année”, a-t-il poursuivi.La Fed laisse ses taux dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre, faute de pouvoir prévoir où va l’économie américaine face à la tempête douanière déclenchée par Trump.STMicroelectronics recherchéLa perspective de possibles baisses de taux au cours de l’année a soutenu le secteur technologique, gourmand en investissement et pour qui l’amélioration des conditions de financement est importante. A la cote parisienne, STMicroelectronics a gagné 2,87% à 23,31 euros.

Climat: Les Amis de la terre veulent à nouveau attaquer Shell en justice

La branche néerlandaise des Amis de la terre, Milieudefensie, a entamé mardi une nouvelle action en justice contre Shell, visant à empêcher le géant pétrolier d’investir dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz.En novembre dernier, la justice néerlandaise avait rejeté en appel un recours de Milieudefensie et d’autres groupes de défense du climat qui estimaient que Shell ne faisait pas assez pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, annulant ainsi un jugement historique rendu trois ans auparavant.Le tribunal avait toutefois affirmé que Shell devait apporter une “contribution appropriée” aux objectifs climatiques de l’accord de Paris, sans spécifier pour autant un pourcentage de réduction des émissions de CO2.”La science est claire comme de l’eau de roche et il y a un élan juridique”, a déclaré Sjoukje van Oosterhout, responsable de l’affaire chez Milieudefensie, lors d’une conférence de presse.”Comme nous l’avons dit à maintes reprises, ce que veut Milieudefensie ne fera pas avancer la transition énergétique”, a riposté Shell, dans une déclaration envoyée à l’AFP, ajoutant que la transition requiert “une collaboration entre les gouvernements, les entreprises et les consommateurs”.Le géant pétrolier a par ailleurs affirmé être “l’un des principaux investisseurs privés dans la transition énergétique aux Pays-Bas”.Dans une lettre à Shell, Milieudefensie avance que l’entreprise a “manqué à son obligation légale de diligence en vertu du droit néerlandais” en raison de ses investissements dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz.Milieudefensie met notamment en cause les intentions d’augmentation de la production et de ventes d’énergie fossile de Shell après 2030, confirmées en mars dernier lors du Capital Markets Day de l’entreprise.”Shell possède en tout ou en partie 700 gisements de pétrole et de gaz non exploités”, indique Milieudefensie, citant les données et la modélisation de Rystad Energy, société indépendante de recherche énergétique.”Ces actifs, s’ils sont exploités, pourraient entraîner 5,2 milliards de tonnes (Gt) d’émissions supplémentaires de CO2 dans l’atmosphère” a poursuivi l’ONG, précisant qu’un tel chiffre représenterait 36 fois les émissions de CO2 des Pays-Bas en 2024.Milieudefensie souhaite également que la justice ordonne à Shell de réduire ses émissions pour contribuer à la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C après 2030. L’ONG a formé un pourvoi en cassation concernant l’affaire rejetée en novembre, mais les procédures judiciaires en cours ne couvrent que les cinq prochaines années.Shell a de son côté indiqué se concentrer sur le développement “d’activités rentables et évolutives” sur leurs plateformes à faible émission de carbone, prévoyant d’y allouer jusqu’à 10% de leur capital d’ici 2030.Milieudefensie a également entamé en mars une action en justice contre ING, exigeant du géant bancaire qu’il réduise de moitié ses émissions de CO2 d’ici à 2030.

Renault condamné à 18.750 euros d’amende pour recours abusif à l’interim à Sandouville

Le constructeur automobile Renault a été condamné mardi au Havre à 18.750 euros d’amende pour recours abusif à des intérimaires entre 2014 et 2018, selon le parquet du Havre.La SAS Renault, représentée par Luca de Meo, directeur général de l’entreprise, et Jean-Luc Mabire, ex-directeur du site, comparaissaient pour “mise à disposition de salarié temporaire pour un emploi durable et habituel” entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2018.L’entreprise a été “condamnée à 18750 euros d’amende, affichage pendant 2 mois de la décision devant le site de Sandouville et publication à ses frais d’un avis de condamnation dans le journal Paris-Normandie”, a déclaré à l’AFP la procureure du Havre Soizic Guillaume.L’enquête, révélée en 2019 par le média d’investigation en ligne Le Poulpe, avait mis au jour qu'”en moyenne et mensuellement, 1.238 intérimaires étaient employés sur le site, majoritairement sur des postes durables et permanents liés à la production et à l’activité habituelle de l’usine” entre 2014 et 2016, selon des documents que l’AFP a consultés.L’usine de Sandouville, proche du Havre (Seine-Maritime), qui produit notamment le Renault Trafic, employait l’année dernière 1.850 salariés et 600 intérimaires. C’est un des trois sites de production d’utilitaires en France pour Renault, qui fabrique un utilitaire sur six vendu en Europe.Malgré les rappels à l’ordre des autorités, elle avait encore employé en 2016 et 2017 plus d’intérimaires que de salariés en CDI, dans des proportions pouvant atteindre 80% des effectifs présents, selon le rapport d’enquête.Les mis en causes de l’époque, directeur du site et DRH, avaient respectivement expliqué en audition avoir été “très vite dépassés” par “l’accroissement d’activité”.Mais des documents internes versés au dossier par la CGT avaient révélé “des carnets de commandes pleins avec des ordres de fabrication jusqu’à 71 jours soit trois mois d’avance”. D’après le rapport d’enquête, cela “aurait dû conduire la direction à une autre politique de recrutement”.D’après la CGT, “ces intérimaires occupaient des emplois durables et permanents liés à l’activité habituelle de fabrication des véhicules pour le site, et l’augmentation des volumes de production entraînait des variations de cadence journalières acceptées par ces effectifs précaires facilement manipulables”.Cités par Le Poulpe, les inspecteurs de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) de Normandie identifiaient les intérimaires comme “une population très exposée, de très loin les premières victimes d’accidents du travail au sein de la société Renault”.

Assemblée: la réintroduction de néonicotinoïdes joue son match retour en commission

La proposition de loi visant à lever les contraintes pesant sur le métier d’agriculteur poursuit mardi son parcours en commission des Affaires économiques à l’Assemblée. Le bloc central, partagé entre revendications de syndicats agricoles et opposition des défenseurs de l’environnement, devrait continuer d’y étaler ses division.Ce texte à l’origine portée au Sénat par Laurent Duplomb (LR) prévoit notamment de réintroduire par dérogation et pour certaines filières (noisette, betterave) un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdits en France depuis 2018, mais autorisés en Europe jusqu’en 2033.La semaine dernière, devant la commission du Développement durable – saisie au fond sur deux articles -, le texte a subi un important revers, avec la suppression d’un article ouvrant la voie à des dérogations environnementales pour certains projets de prélèvement et de stockage d’eau.Rapporteure du texte, la macroniste Sandrine Le Feur s’est inquiétée d’une proposition de loi qui servirait “de cheval de Troie pour affaiblir nos exigences environnementales au nom d’une fausse urgence”. Contrairement à Sandrine Le Feur, la députée macroniste Anne-Sophie Ronceret a défendu un texte qui “répond à un cri du terrain”.Des positions divergentes au sein du groupe, qui a choisi de laisser à ses députés une liberté de vote sur ce texte.Au sein du bloc central, le groupe MoDem est également tiraillé.Une réunion s’est tenue dans la matinée pour tenter de trouver une position commune avant l’ouverture des débats en commission des Affaires économiques vers 16H15. Le groupe porte “la voix d’un compromis, il faut voter le texte, mais il faut l’aménager pour qu’il puisse être acceptable par le plus grand nombre”, a déclaré à l’AFP son président Marc Fesneau.Sur la mesure la plus irritante, la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, pesticide nocif pour les pollinisateurs, le groupe propose un amendement, non pas de suppression, mais qui “clarifie ce qu’est une filière en impasse”, explique l’ancien ministre de l’Agriculture. “C’est la position du groupe, mais nous n’en voudrons pas à ceux qui ne le défendent pas”, confie une source au groupe.- “Trahison” -Au sein de l’exécutif, qui a décidé d’inscrire le texte à l’agenda de l’Assemblée, et garde en tête la colère agricole début 2024, les inquiétudes sont fortes, selon plusieurs sources.D’autant que la FNSEA et Jeunes agriculteurs, après le revers essuyé sur le texte en commission du Développement durable, se sont fendus d’un communiqué pour partager leur “déception immense” menaçant “d’une “réaction” à “la hauteur” de la “trahison” des députés. Dans la foulée, le Rassemblement national affirmait défendre “seul contre tous” les agriculteurs.”Sur la loi Duplomb, les agriculteurs l’attendent, et chez nous, on en a besoin pour dégager le RN”, s’inquiète une députée LR.Le rapport de force devrait être plus favorable au soutien du texte mardi: “Il y a la commission du Développement durable, où certains se croient les gardiens du temple d’une forme d’écologie. Et après, il y a la commission des Affaires économiques, pour qui l’agriculture est quand même un sujet sur le fond”, croit Henri Alfandari (Horizons).Au sein de la commission, “il existe un constat unanime, il y a une crise du monde agricole”, mais c’est sur “comment la résoudre” que s’expriment les désaccords, nuance sa présidente, la députée LFI Aurélie Trouvé.Mardi, la Confédération paysanne, 3ème syndicat agricole, a par exemple appelé la commission à rejeter la “PPL Duplomb”. “Pour lever réellement les +entraves+ au métier, il faut enfin mettre en place les outils qui permettent de garantir un revenu agricole et de stopper l’accaparement du foncier agricole”, a plaidé le syndicat.Avec plus de 600 amendements, et des mesures qui “fracturent” le bloc présidentiel, Mme Trouvé dit s’attendre à des débats fournis qui devraient s’étendre jusqu’à la semaine prochaine. Près d’un tiers ont été déposés par les députés écologistes, “très mobilisés” contre ce texte qu’ils estiment dangereux, explique Charles Fournier. L’élu pense aussi que c’est “le bloc central” qui fera la bascule, s’inquiétant toutefois d’une plus forte “offensive à leur droite et à l’extrême droite” ainsi que des “coups de semonce” des deux premiers syndicats agricoles. Il dit s’attendre “à du fumier devant un certain nombre” de permanences.Son examen dans l’hémicycle est prévu fin mai. Avec un vote probablement durant le week-end de l’ascension, où la mobilisation des différents camps est difficilement prévisible.

L’ère de Jean-Laurent Bonnafé à la tête de BNP Paribas pourra se poursuivre au delà de 2026

L’ère de Jean-Laurent Bonnafé, à la tête de BNP Paribas depuis 2011, va se poursuivre au delà de 2026 avec le renouvellement mardi de son mandat en tant qu’administrateur et l’extension à 68 ans de la limite d’âge impartie au directeur général de la banque.Cet homme discret, né en 1961, atteindra en 2026 la limite d’âge actuelle de 65 ans.A l’issue de “beaucoup de discussions à l’intérieur du conseil d’administration”, les délibérations sont arrivées à l’idée qu'”il serait souhaitable que Jean-Laurent, un homme jeune, plein d’énergie (…) puisse avoir la visibilité d’un mandat supplémentaire”, a déclaré le président du conseil d’administration de la banque, Jean Lemierre, durant l’assemblée générale des actionnaires.Le renouvellement du mandat de M. Bonnafé a été approuvé par 99,16% des actionnaires et l’extension de la limite d’âge à 68 ans par 97,17%.Ingénieur formé à Polytechnique, passionné de mathématiques, Jean-Laurent Bonnafé a commencé sa carrière dans le service public: au ministère de l’Industrie d’abord, puis quelques mois comme conseiller technique au cabinet du ministre du Commerce extérieur.En 1993, il entre à la BNP, à la direction des Grandes entreprises. Quatre ans plus tard, en 1997, il devient responsable de la stratégie et du développement. Lors de la fusion de BNP avec Paribas en 2000, il copilote le processus d’intégration des deux banques.Ce père de deux enfants aux cheveux blancs toujours bien coiffés et aux fines lunettes – qu’il passe son temps à remonter – entre au Comité exécutif de BNP Paribas en 2002, chargé notamment d’intégrer la banque belge Fortis de 2009 à 2010, après la crise des subprimes, avant de prendre en 2011 la direction générale.”Il a fait preuve d’une extrême résilience à cette crise-là et à d’autres crises qui ont eu lieu depuis lors”, raconte Maxime Jadot, président du conseil d’administration de l’entité belge du groupe, BNP Paribas Fortis.Sous sa houlette, la banque, condamnée en 2014 à une sanction faramineuse de 6,6 milliards d’euros de la part des Etats-Unis pour avoir commercé en dollars avec des pays sous embargo américain, notamment le Soudan, l’Iran et Cuba entre 2002 et 2009, parvient à limiter la casse en matière d’image.- “Flèche en acier trempé” -Depuis quelques années, BNP Paribas doit faire face aux attaques répétées des associations de défense de l’environnement, qui l’accusent de continuer à financer les énergies fossiles.Questionné lors de l’assemblée générale par des associations sur la politique climat de la banque, le dirigeant a affirmé que la banque “doit organiser une transition”, tout en ajoutant qu’il n’était “pas question que la banque embarque dans son bilan des projets à financer qui n’auraient pas de sens économique” pour remplacer les énergies fossiles.Jean-Laurent Bonnafé, qui ne cherche pas la lumière, exprime au besoin ses opinions de manière tranchante.M. Jadot estime que le banquier pourrait être comparé à “une flèche en acier trempé” car “il va droit au but et très loin”, tout en faisant preuve de “résilience”.Du côté syndical cette image fait sourire.Il est “perçu comme un mercenaire” par certains salariés, estime un acteur du monde syndical: quelqu’un qui est là pour “bien gérer la banque, moyennant rétribution et qui est prêt à réaliser absolument tout ce qu’on lui demande”.”S’il a un mandat du conseil d’administration pour faire une économie qui peut avoir des conséquences sociales, il l’appliquera de la même manière”, assure cette personne qui tient à garder l’anonymat.Selon un grand patron français, client de BNP, “il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette” entre Jean-Laurent Bonnafé et Jean Lemierre, dit-il à l’AFP pour décrire le duo qui oeuvre à la tête de la première banque française.Ses collaborateurs soulignent sa proximité avec les clients, qu’il rencontre aussi souvent qu’il le peut.”C’est un homme très simple, très pédagogue, avec lequel discuter est toujours un vrai régal”, confirme le président de Vinci Xavier Huillard à l’AFP. “Il a à la fois une culture économique et une connaissance très large et très profonde des métiers de la finance.”Forte de recettes et d’un bénéfice en hausse en 2024, BNP Paribas a confirmé ses objectifs pour 2026. Elle compte finaliser en 2025 l’acquisition de la filiale de gestion d’actifs de son compatriote Axa. Â