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Léon XIV: plus de touristes américains à Rome? Les commerçants se frottent les mains

Les commerçants de Rome jubilent à l’idée qu’un pape venu des Etats-Unis puisse attirer encore davantage de touristes américains dans la capitale italienne, tant ces derniers ont de sérieux attraits, dont leur portefeuille.Dans le quartier central du Trastevere, déjà bondé de touristes, l’hypothèse réjouit. “Dans leur culture, c’est 10% de pourboire automatiquement. Donc quand ils sont ici, ils gardent cette habitude”, sourit ainsi Roberto, restaurateur du quartier, spécialisé dans la cuisine du sud du pays.”C’est super pour le business”, abonde à quelques rues de là Cristiano Bolognesi, tenancier du restaurant Da Massi. “Ils ne dépensent pas autant qu’avant, mais ils ont quand même des dollars. Je pense que l’impact se verra dans les prochains mois.”A la mairie de Rome, on veut aussi y croire, l’adjoint chargé du tourisme Alessandro Onorato pariant auprès de l’AFP que “l’élection du pape Léon XIV affectera les flux de touristes américains.”Et de rappeler que les Américains “constituent déjà notre premier marché: sur les deux premiers mois de 2025, c’était 313.000” touristes venus des Etats-Unis “sur un total de 633.000” dans la métropole. Et “2,5 millions” sur “5 millions de visiteurs” en 2024 déjà.Né à Chicago, Léon XIV est le premier pape américain, suscitant l’enthousiasme dans son pays natal, qui compte la quatrième plus grosse population de catholiques au monde. “Je suis sûr qu’il aura un impact sur l’arrivée d’Américains” s’enthousiasmait mercredi Rick, venu du Texas contempler depuis la place Saint-Pierre le balcon d’où Léon XIV a prononcé son premier discours. “Ce n’est pas simplement qu’il est Américain, c’est aussi ce qu’il a fait dans d’autres pays en tendant la main au monde ou sa mission de justice sociale”, ajoute son épouse, Karla. “Nous faisons partie des Américains, – ce n’est pas le cas de tous -, qui pensent qu’il faut traiter correctement les migrants”, ajoute Rick.Et “c’est vrai que nous sommes habitués à donner des pourboires, j’en ai donné un tout à l’heure au chauffeur Uber et il était très surpris,” s’amuse le texan.- Un budget “dans la moyenne haute” -Pour Stefano Corbari, président de la plus grosse fédération d’agences de voyage du Latium, la Fiavet Lazio, “le tourisme américain se porte bien en ce moment, nous avons déjà eu une explosion l’an dernier et les diocèses américains sont généralement bien organisés, dès l’année prochaine, ils commenceront à organiser des voyages à Rome”, veut-il croire.D’après un sondage en février du lobby européen ETC (European Travel Commission), les touristes américains sont un peu plus enclins à prévoir un gros budget lors de leur voyage en Europe, – plus de 200 euros par jour pour 33% d’entre eux -, que ceux venus de Chine (29%) ou du Canada (20%).”Ce n’est plus l’âge d’or, lorsque les touristes américains dépensaient des sommes énormes, mais ils attendent un certain niveau de qualité et voyagent peu de temps, donc leur budget est dans la moyenne haute”, assure Stefano Corbari à l’AFP.Comme son prédécesseur François, le pape “pourra peut-être aussi attirer les Sud-Américains, de bons clients”, estime Cristiano Bolognesi, Léon XIV ayant passé plus de 20 ans au Pérou, dont il possède aussi la nationalité, ce qui fait de lui également le premier pape péruvien.Le tourisme en Italie est directement à l’origine de plus de 6% du PIB, ou presque 13% en prenant en compte les effets indirects notamment sur la restauration, la culture, ou les transports, selon l’institut national de statistiques Istat.Le Vatican, dont les recettes reposent en partie sur ses musées, devrait également accueillir avec optimisme l’arrivée de nouveaux touristes attirés par l’élection de Léon XIV, tant ses finances sont chroniquement déficitaires (presque 70 millions de perte en 2023).Mais comme dans d’autres villes européennes, habitants et responsables politiques estiment que Rome est victime de surtourisme, qui s’est accentué après la crise du Covid, les prix de nuitée s’envolant depuis 2019. La mairie de Rome avait dit fin 2024 envisager de faire payer l’accès à la célèbre fontaine de Trevi, et de limiter l’ouverture de nouveaux logements de vacances. Elle disait souhaiter un tourisme “durable pour la ville et pour l’environnement”, un thème cher au pape François.

Commerzbank resserre les rangs face aux visées d’UniCredit

Direction, salariés et actionnaires de Commerzbank ont affiché leur opposition jeudi face aux ambitions de rachat de l’italienne UniCredit lors de l’assemblée des actionnaires de la deuxième banque privée allemande.Après une année 2024 marquée par un bénéfice historique de 2,7 milliards d’euros, Commerzbank “a encore ses plus belles années devant elle”, a déclaré la présidente du directoire, Bettina Orlopp, lors d’un discours régulièrement salué par les applaudissements de quelque 600 participants.La deuxième banque allemande privée, sauvée par l’Etat allemand en 2008, est sous pression depuis que sa rivale UniCredit, pilotée par son bouillonnant patron Andrea Orcel, a profité à l’automne de la sortie partielle de l’État allemand pour entrer massivement au capital. La banque milanaise a depuis reçu le feu vert pour augmenter sa participation jusqu’à 29,99%, proche du seuil de déclenchement d’une offre publique obligatoire.- Pas de tabou -Lors de la discussion générale, Klaus Nieding, de l’association de petits actionnaires DSW, a rejeté une possible acquisition par UniCredit, appelant les actionnaires à “s’y opposer clairement”.L’indépendance de Commerzbank “serait préférable, ne serait-ce que pour la place économique allemande”, déclare à l’AFP Josef Simon, 70 ans, petit actionnaire présent dans la salle du palais de congrès de Wiesbaden (ouest), près de Francfort où le groupe a son siège.”L’intérêt de l’ensemble de la banque et de ses parties prenantes” doit primer, a souligné Andreas Thomae, du gestionnaire d’actifs Deka, à l’adresse du podium occupé par l’ensemble des membres du directoire et du conseil de surveillance.La direction devrait à ce titre étudier toutes les options stratégiques, y compris avec UniCredit, a estimé de son côté Hendrik Schmidt, pour le gestionnaire d’actifs DWS. “Les coopérations ne doivent pas être tabou”, a-t-il prévenu.Chaque scénario alternatif devra “être évalué à l’aune de la stratégie autonome et très attractive actuellement suivie par la banque” qui ambitionne d’augmenter son bénéfice de plus de 50% d’ici 2028, a répondu Mme Orlopp.En amont de l’assemblée tenue en présence pour la première fois depuis 2019, environ 200 salariés s’étaient rassemblés devant le palais des congrès dans l’unique but de soutenir l’indépendance de la deuxième banque privée allemande créée il y a 155 ans.Ce scénario serait “mieux pour nous”, a déclaré à l’AFP Christine Pfeiffenberger, 52 ans, salariée de la banque au logo jaune, portant une pancarte où était écrit en italien “mon coeur bat en jaune”.Kevin Voß, membre du syndicat des services Verdi et du conseil de surveillance de Commerzbank, redoute qu’un rachat par UniCredit ne provoque une nouvelle “hécatombe d’emplois” en Allemagne, comme jadis chez la bavaroise HypoVereinsbank, acquise par l’italienne dans les années 2000.Pour conforter son indépendance, Commerzbank a engagé un plan social pour supprimer plus de 3.000 emplois en Allemagne, sur 21.000, avec l’approbation du comité d’entreprise, et opéré un programme de rachat de propres actions.UniCredit, en tant que grand actionnaire détenant à ce jour près de 10%, n’est pas représenté à l’assemblée des actionnaires.Son PDG, Andrea Orcel, alimentant régulièrement les spéculations sur un rachat, a envoyé un courrier au gouvernement allemand de Friedrich Merz, entré en fonction la semaine dernière, pour entamer un dialogue, écrit l’agence Bloomberg.  La fusion, qui serait l’une des plus ambitieuses depuis la crise financière de 2008, a ses partisans qui appellent de leurs voeux la formation de champions bancaires européens capables de s’affirmer dans la compétition internationale.Le patron italien d’UniCredit vante le “potentiel” d’un tel mariage au moment où l’Europe cherche à stimuler sa croissance économique et ses capacités d’investissement.Mais la perspective d’un rachat suscite la méfiance à Berlin, alors que l’Etat fédéral reste le principal actionnaire de Commerzbank avec 12% du capital.En Bourse, le titre a fait un bond de plus de 60% depuis le début de l’année, rendant toute tentative de rachat nettement plus onéreuse.

La rémunération des dirigeants d’Euronext rejetée lors de l’Assemblée générale

Les actionnaires de l’opérateur boursier paneuropéen Euronext ont rejeté la rémunération des dirigeants du groupe pour 2024, à l’issue d’une vote consultatif au cours de l’assemblée générale jeudi à Amsterdam.Un actionnaire néerlandais a notamment critiqué la manière dont Euronext a établi le seuil de déclenchement d’une part variable de la rémunération des dirigeants du groupe.Parmi les critères de rémunération à long terme des dirigeants, l’un d’eux est adossé à la performance d’un indice “TSR (Total Shareholder Return)” d’Euronext, comparée à celle du Stoxx 600 Financial Services. Or entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2024, le premier a progressé moins vite que le second ce qui ne permettait pas le déclenchement d’une partie de la rémunération des dirigeants telle que présentée lors de l’assemblée générale.La rémunération attribuée malgré tout “contredit directement le principe fondamental selon lequel la rémunération doit refléter la performance réalisée. Elle revient à récompenser la direction malgré une sous-performance par rapport à l’indice sectoriel”, a abondé un actionnaire face au conseil d’administration.Ce dernier s’est défendu en expliquant que le cours de l’indice avait été fortement influencée par la performance d’UBS en Bourse, à la suite de sa fusion avec Credit Suisse et que sans cet effet, “la performance du TSR d’Euronext aurait été nettement supérieure à celle de l’indice de référence”.”Le comité de rémunération tente de justifier cette décision en blâmant UBS pour avoir +gâché la fête+”, a maintenu l’actionnaire lors de l’assemblée générale.”Vous avez, vous savez, volé nos portefeuilles et violé les principes de base de la gouvernance, ce qui crée un précédent troublant. Si des critères de performance prédéterminés peuvent être ajustés rétroactivement lorsque les résultats ne sont pas jugés satisfaisants, cela remet en question l’intégrité du cadre de rémunération”, a-t-il poursuivi.L’an dernier un majorité d’actionnaires avaient déjà voté contre la rémunération des dirigeants. “Aucune mesure corrective n’a été prise ou mentionnée dans le rapport 2024. Cela montre une indifférence manifeste du conseil d’administration face à un signal fort de mécontentement”, a encore dit l’actionnaire au conseil d’administration.

TikTok menacé d’une amende dans l’UE pour manque de transparence des publicités

La Commission européenne a ouvert la voie jeudi à une sanction financière contre TikTok, estimant à titre préliminaire que le groupe ne respectait pas ses obligations de transparence en matière de publicité en ligne.Le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, “ne fournit pas les informations nécessaires concernant le contenu des publicités, les utilisateurs ciblés par celles-ci, ni l’identité de ceux qui financent des campagnes publicitaires”, selon l’exécutif européen.Cette mise en cause constitue une première pour TikTok dans le cadre du nouveau règlement de l’UE sur les services numériques (DSA), pleinement entré en vigueur l’an dernier pour protéger les internautes contre les contenus jugés dangereux.La plateforme est dans le viseur des autorités tant en Europe qu’aux États-Unis pour son impact sur la santé mentale des enfants, son usage des données d’utilisateurs, ou encore son influence sur le débat public et les élections au profit de puissances étrangères.- “Qui se cache” derrière ? -“La transparence dans la publicité en ligne — qui paie et comment les utilisateurs sont ciblés — est essentielle”, a déclaré Henna Virkkunen, commissaire chargé de la souveraineté technologique et de la mise en oeuvre du DSA.”Que ce soit pour défendre l’intégrité de nos élections, protéger la santé publique ou encore protéger les consommateurs contre les publicités frauduleuses, les citoyens ont le droit de savoir qui se cache derrière les messages qu’ils voient”, a-t-elle martelé.De son côté, TikTok s’est dit “déterminé” à respecter ses obligations. “Nous ne sommes pas d’accord avec certaines des interprétations de la Commission”, a expliqué un porte-parole, tout en soulignant la volonté du groupe de poursuivre le dialogue.TikTok a désormais accès au dossier de l’enquête et peut répondre par écrit aux constatations préliminaires.Si l’accusation est confirmée, le groupe pourrait écoper d’une amende pouvant atteindre 6% de son chiffre d’affaires annuel mondial et être placé sous surveillance renforcée jusqu’à la mise en Å“uvre de mesures correctrices.La mise en cause annoncée jeudi fait suite à une enquête ouverte par la Commission en février 2024. Outre la transparence publicitaire, cette procédure se penche aussi sur les effets négatifs des algorithmes de la plateforme en matière d’addiction et la vérification de l’âge des utilisateurs pour accéder à certains contenus. Mais sur ces points, l’enquête se poursuit, sans accusation formelle à ce stade.- Manipulations russes en Roumanie ? -La Commission a par ailleurs ouvert une autre procédure contre TikTok en décembre 2024, soupçonnant la plateforme d’avoir manqué à ses obligations et ouvert la porte à de possibles manipulations russes dans l’élection présidentielle en Roumanie. Sur ce dossier aussi, les investigations continuent.TikTok a par ailleurs écopé le 2 mai d’une amende de 530 millions d’euros dans l’UE pour avoir échoué à garantir la protection des données personnelles des Européens.Le puissant réseau social, qui compte 1,5 milliard de membres, est depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux qui redoutent son lien avec les autorités chinoises et un possible usage des données de ses utilisateurs à des fins d’espionnage ou de propagande.Paradoxalement, TikTok est plutôt considéré comme exemplaire en matière de dialogue avec la Commission européenne, qui endosse un rôle de gendarme du numérique dans l’UE.En avril 2024, le réseau social avait accepté de suspendre une fonction de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompensait les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans et était accusée dans l’UE de susciter l’addiction.Le dialogue est bien moins coopératif du côté de X, propriété du milliardaire américain Elon Musk, proche de Donald Trump. Trois infractions le concernant ont été établies dans l’UE en juillet 2O24, à titre préliminaire: tromperie des utilisateurs avec les coches bleues censées certifier les sources d’informations, transparence insuffisante autour des publicités, non respect de l’obligation d’accès aux données de la plateforme par des chercheurs agréés.Sur ces trois volets, une discussion difficile se poursuit avec la Commission, soupçonnée de retarder toute sanction par crainte de provoquer la colère du président américain, dans un contexte de tensions commerciales exacerbées.

La Chine appelle la France à un climat d’affaires “plus équitable” (vice-Premier ministre)

Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a appelé jeudi la France à proposer un climat des affaires “plus équitable, plus juste et plus prévisible”, à l’occasion d’une visite à Paris, au moment où plusieurs dossiers affectent la relation économique entre les deux pays.La Chine “espère que la France offrira un climat des affaires plus équitable, plus juste et plus prévisible”, a déclaré le dirigeant chinois en préambule d’une réunion avec le ministre français de l’Economie Eric Lombard au ministère.Les relations entre la France et la Chine ont été affectées ces derniers mois par plusieurs dossiers économiques épineux qui touchent notamment la filière française du cognac et de la viande bovine.Des mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur instauration.Emmanuel Macron s’est déclaré mardi “raisonnablement optimiste” quant aux négociations en cours avec la Chine sur le cognac.La France n’exporte par ailleurs plus de viande bovine vers la Chine depuis fin 2024, du fait d’un embargo total décrété par Pékin, lié à la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie non transmissible à l’homme qui affecte essentiellement les ovins mais aussi les bovins.La viande bovine française est “bienvenue” sur le marché chinois, avait déclaré mardi le vice-Premier ministre chinois lors d’une visite dans une ferme bovine à Harquency (Eure), sans donner ni calendrier ni détails sur la levée des restrictions actuelles.”La Chine invite également les entreprises françaises à accroître leurs investissements en Chine. (Nous) encourageons davantage d’entreprises chinoises capables et désireuses d’investir et de faire des affaires en France”, a également assuré He Lifeng jeudi à Paris.

Climat: limiter les rots du bétail grâce à une algue, le pari d’une ferme de Tasmanie

C’est une ferme invisible à l’oeil nu, sans irrigation ni fertilisant: au large de Triabunna, en Tasmanie, s’étend une exploitation de 1.800 hectares où l’on cultive l’asparagopsis, une algue destinée à réduire l’impact climatique des animaux d’élevage.Plus d’une quarantaine d’études scientifiques ont établi ses bénéfices, explique la chercheuse Fran Cowley. Sous forme de complément alimentaire intégré au fourrage ou au grain, cette algue rouge, abondante sur le littoral de l’île australienne, peut réduire le méthane que les ruminants émettent par leurs rots et flatulences.Selon l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les ruminants, de par leur processus de digestion, produisent environ un tiers des émissions de méthane, le 2e grand gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique actuel.En laboratoire, “si on emploie la mesure la plus précise d’inhibition du méthane, l’asparagopsis est à même de supprimer 95% de la production de méthane des animaux qui en ingèrent”, souligne Mme Cowley, professeure à l’école de Science rurale et environnementale à l’université de Nouvelle-Angleterre.Elle a aussi mené l’expérience la plus longue en la matière, selon elle. Après 200 jours dans des parcs d’engraissement de bovins du Queensland australien, les émissions des animaux ont été réduites de moitié sur la période, par rapport au bétail non supplémenté, d’après des résultats publiés en août 2024.Il s’agit d’une amélioration par rapport à une précédente étude, la plus poussée alors sur le terrain, qui n’avait révélé qu’une réduction de 28% au sein d’un troupeau japonais.Selon Mme Cowley, le bromoforme que contiennent les algues influe sur le système digestif en réduisant rots et flatulences, mais n’a pas d’impact négatif sur la santé des animaux qui en ingèrent, ni sur les produits qui en sont issus.”Le bromoforme peut être cancérigène. Mais il est administré en très faible quantité et entièrement dissous dans la panse, il n’y a aucune accumulation dans le lait ou la viande, dont par ailleurs, ni le goût ni la consistance ne sont affectés”, explique la chercheuse.- Champ de recherche -A Triabunna, dans l’est de la Tasmanie, le PDG de Sea Forest crée dans sa vaste ferme marine des compléments alimentaires à partir des algues, sous forme d’huiles, de pellets et de pierres à lécher.Après une quinzaine d’années dans l’industrie textile, Sam Elsom s’est lancé en 2019, souhaitant devenir “le catalyseur d’une agriculture durable, sans coût supplémentaire pour les éleveurs ou les consommateurs”.Une partie de la production est assurée en pleine mer et une autre sur la terre ferme, dans des bassins alimentés en eau de mer, “un cadre qui permet de contrôler la lumière, la quantité de nutriments, la disponibilité en carbone et surtout (qui est) plus facilement reproductible qu’une concession marine”.Il dit travailler déjà avec Ashgrove, un producteur laitier de Tasmanie, la chaîne de hamburgers Grill’d, présente dans toute l’Australie, et qu’un accord a été signé l’an dernier avec Morrisons, une chaîne britannique de grande distribution.”Nous avons eu aussi des discussions très encourageantes avec des producteurs de produits laitiers en France, nous sommes en train de demander une autorisation pour nos produits auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)”, précise-t-il.Pour autant, cette solution reste aujourd’hui limitée.”En termes de régulation, il n’y a aucune incitation ni contrainte pour les éleveurs à réduire leurs émissions de méthane, pour le moins en Australie, mais à vrai dire aussi dans le reste du monde”, explique Fran Cowley. “Et les algues restent encore assez chères. Il faudrait en tirer une forte valeur ajoutée pour que ça vaille la peine, mais ce n’est pas le cas pour l’instant”.Que faire en outre pour la vaste majorité des ruminants qui dans le monde sont élevés en plein air?, ajoute-t-elle: “on ne peut pas ajouter ce complément alimentaire dans l’herbe qu’ils broutent”.La chercheuse est cependant optimiste. “C’est un champ de recherche assez nouveau qui a énormément avancé en à peine dix ans, et je m’attends à ce que de nouveaux produits soient créés dans les deux à cinq prochaines années.”

A69: au Sénat, une loi de validation pour relancer un chantier contesté

Suspendu par la justice administrative, le chantier de l’autoroute A69 Toulouse-Castres voit son sort examiné jeudi matin par le Sénat, qui devrait adopter une loi de “validation” pour tenter d’obtenir la reprise des travaux malgré des interrogations juridiques et l’opposition résolue des écologistes.Les parlementaires parviendront-ils à court-circuiter la suite de la procédure judiciaire entourant le projet? C’est tout l’objet de cette initiative atypique lancée à la chambre haute par les deux sénateurs du Tarn, Marie-Lise Housseau et Philippe Folliot.”Nous faisons notre travail de parlementaire en essayant de proposer une porte de sortie pour faire en sorte d’arrêter cette situation ubuesque et stopper cette gabegie”, a lancé M. Folliot dans la matinée, en ouverture des débats. Le vote est attendu à la mi-journée.Sa démarche, portée à l’identique l’Assemblée nationale par les députés du Tarn Jean Terlier (Renaissance) et Philippe Bonnecarrère (non-inscrit), entend permettre aux parlementaires de “reprendre la main”, après l’annulation par le tribunal administratif de Toulouse de l’autorisation de construire cette portion d’autoroute de 53 km, entraînant la suspension du chantier entamé en 2023.Concrètement, il s’agit de faire reconnaître par la loi que ce chantier répond à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), nécessaire pour justifier aux yeux de la justice les atteintes portées à l’environnement par un tel chantier.Le texte de loi tient donc en quelques lignes seulement… Mais il promet des débats très animés, tant sur le fond que sur la forme, avec de sérieuses interrogations sur sa conformité à la Constitution, dénoncée par les oppositions au projet qui y voient une tentative de passage en force, voire de “contournement” de la séparation des pouvoirs.- “Désenclavement” -Les défenseurs du texte, qui défendent le nécessaire “désenclavement” d’un bassin d’environ 100.000 personnes (Castres-Mazamet) et veulent donner des perspectives aux acteurs économiques locaux, peuvent se targuer d’un soutien politique très large.Si le gouvernement ne pourrait “qu’accueillir positivement un vote favorable” du Sénat, selon le ministre des Transports Philippe Tabarot, l’exécutif a préféré ne pas “prendre position” officiellement sur ce texte, pour “n’interférer ni dans la procédure juridictionnelle en cours, ni dans le travail parlementaire”, a-t-il ajouté. Mais “la position du gouvernement n’est plus à prouver sur la nécessité de cette autoroute”, a-t-il pris soin de rappeler, alors que la cour administrative d’appel de Toulouse doit examiner le 21 mai un premier recours contre l’arrêt des travaux.Après l’adoption très probable du texte au Sénat, les députés ont déjà prévu de l’inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 2 juin, lors d’un espace réservé au groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR).Ils peuvent ainsi légitimement envisager une adoption définitive dès cette date, tant le rapport de force leur semble favorable. En effet, seule une partie de la gauche – La France insoumise et Les Ecologistes notamment – s’opposent au texte au Parlement.Ces groupes y sont minoritaires, mais leurs troupes sont en nombre suffisant pour saisir le Conseil constitutionnel en vue d’obtenir la censure du texte.- “Précédent très grave” -“Le Conseil sera évidemment saisi”, a confirmé à l’AFP le sénateur écologiste Ronan Dantec, qui dénonce “une loi de posture qui instaurerait un précédent très grave” pour les futurs projets.Les pro-A69 estiment à l’opposé que leur démarche ne “remet pas à en cause les principes constitutionnels”: elle répond simplement “à une situation d’urgence qui sert à éviter les conséquences dramatiques d’un arrêt du projet”, martèle le sénateur Horizons Franck Dhersin, rapporteur du texte.De nombreux élus suivent avec grande attention l’avenir de cette autoroute, dont la construction devait se terminer fin 2025. Elle conditionne selon eux de nombreux projets d’infrastructures.C’est pourquoi plusieurs élus socialistes d’Occitanie devraient voter pour le texte, à rebours de la position majoritaire du groupe, qui préfère ne pas participer au vote.

La Bourse de Paris, prudente, évolue dans le rouge

La Bourse de Paris est en légère baisse jeudi, accusant le contrecoup de l’optimisme du début de semaine lié aux annonces dessinant une accalmie dans de la guerre commerciale de Donald Trump. L’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, perdait 0,40% vers 10H50 heure de Paris. Mercredi, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,47%, à 7.836,79 points, soit un recul de 37,04 points.”L’enthousiasme autour de la détente commerciale retomb(e) quelque peu”, observe Franklin Pichard, directeur de la recherche chez Kiplink.Une succession d’accords commerciaux entre les Etats-Unis et ses partenaires d’échanges, avec en premier lieu l’annonce lundi de la réduction des surtaxes douanières qu’Etats-Unis et Chine s’imposent mutuellement, avaient relancé l’optimisme sur les marchés. Mais “l’appétit pour l’optimisme commercial commence à montrer des signes d’épuisement”, relève Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Dans la lignée de la séance de la veille, morose, le soulagement des investisseurs a laissé place à la prudence. Et il existe une crainte “que les prix des actions n’aient trop augmenté, ce qui les rendrait vulnérables à des changements soudains”, commente Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group.”Des prises de bénéfice après de très bonnes séances sont inévitables”, abonde Christopher Dembik conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Ubisoft dégringoleLe géant du secteur enregistre une perte nette de 159 millions d’euros, plombé par le lancement en demi-teinte de “Star Wars Outlaws” l’été dernier et l’arrêt prématuré de son jeu de tir en ligne “XDefiant”, selon ses résultats annoncés mercredi soir.Des données mal accueillies par les investisseurs : le titre de l’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft décrochait de 19,79% à 9,34 euros vers 10H00. L’action valait plus de 23 euros il y a un an. Sanofi s’exporteLe géant pharmaceutique Sanofi (+0,61%), dont la moitié des ventes sont américaines, a annoncé mercredi son intention d'”investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2030″, emboîtant le pas à d’autres laboratoires qui ont déjà pris la même initiative pour se prémunir d’éventuels droits de douane.

Les Bourses européennes ouvrent en légère baisse

Les Bourses européennes ont ouvert en légère baisse jeudi, après plusieurs jours d’optimisme grâce à l’évolution de la guerre commerciale, et avant la publication d’indicateurs macroéconomiques et de résultats d’entreprises. Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,33%, celle de Francfort 0,61%, Londres 0,40% et Milan 0,26%.

Trump à Abou Dhabi après avoir été fêté à Ryad et Doha

Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d’un coup d’éclat sur la Syrie.Il n’est toutefois pas exclu que l’impulsif président américain change ses projets.Il a évoqué mercredi la “possibilité” d’un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s’y rendait afin de parler de l’issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.S’il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s’est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.- Milliards -Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.Mais alors qu’en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d’investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.L’Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d’investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l’avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.Adepte d’une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l’amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.Et s’il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c’est en bonne partie dû à l’insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.- Président syrien “séduisant” -Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de “deals” spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d’Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu’il a décrit comme un homme “jeune et séduisant”.L’ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l’ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d’appels au respect des droits humains et à la démocratie.Ces notions n’ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s’est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en TurquieDans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.- Ne pas “sonder les âmes” -“Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c’est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d’utiliser l’action américaine pour faire justice”, a-t-il déclaré.”C’est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l’Amérique”, a encore dit l’ancien promoteur immobilier.L’extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d’extrême-droite en Europe, a applaudi “la meilleure explication d’une politique étrangère intelligente et réaliste que j’aie jamais entendue de la part d’un président américain”.