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Faute de croissance, Londres tranche des milliards de dépense publique

Après les impopulaires hausses d’impôts de l’automne, les coupes budgétaires douloureuses du printemps: l’économie britannique ne décolle pas et la ministre des Finances Rachel Reeves a annoncé mercredi des milliards de livres d’économie pour équilibrer les comptes.”L’incertitude mondiale accrue a eu deux conséquences, d’abord sur nos finances publiques, et ensuite sur notre économie”, a affirmé Mme Reeves lors d’un discours budgétaire très attendu au Parlement britannique, dans lequel elle a dévoilé des prévisions très dégradées pour la croissance du pays cette année.L’organisme public de prévision budgétaire, l’OBR, a réévalué mercredi son estimation de la croissance à 1% en 2025, une baisse significative par rapport aux 2% anticipés fin octobre.Outre cette économie en berne, le gouvernement travailliste du Premier ministre Keir Starmer doit composer avec les taux d’emprunt élevés de la dette britannique, l’augmentation annoncée des dépenses militaires et les menaces de guerre commerciale de Donald Trump.Le total de la cure d’amaigrissement détaillée mercredi par Mme Reeves, qui permet de dégager 14 milliards de livres par an d’ici la fin de la décennie, a fait hurler l’opposition conservatrice et suscité des critiques dans sa propre majorité.Près de 5 milliards par an seront tranchés dans des aides pour les personnes handicapées ou malades, les dépenses publiques subiront un coup de rabot de 6,1 milliards, tandis que les coûts de fonctionnement de l’administration centrale seront réduits de 15% — avec à la clé la suppression de 10.000 postes de fonctionnaires.- Calme sur les marchés -Le gouvernement avait égrené la plupart de ses annonces dans les jours précédant le discours, atténuant la réaction des marchés, qui restaient relativement calmes mercredi.Avocate d’une discipline budgétaire de fer, la Chancelière de l’Echiquier, de son titre officiel, a rejeté les critiques affirmant que ses choix signent un retour à l’austérité – référence aux coupes douloureuses imposées en 2010 du temps des conservateurs.Le jeu en vaut la chandelle, selon elle: les réformes, simplifiant notamment des règles d’aménagement du territoire particulièrement contraignantes dans le pays, “augmenteront de manière permanente le niveau du produit intérieur brut (PIB)” à plus long terme, a-t-elle assuré.De fait, l’OBR se montre plus optimiste à plus long terme, augmentant légèrement sa prévision de croissance pour 2026 (1,9%) et les années suivantes.Mais les coupes budgétaires sont difficiles à avaler pour de nombreux députés travaillistes, d’autant que le gouvernement de centre gauche avait déjà pris la décision controversée de supprimer, avant l’hiver, une aide au chauffage pour les retraités.”Je reconnais les difficultés auxquelles (Mme Reeves) est confrontée” mais “les coupes dans les prestations de santé et d’invalidité entraîneront une augmentation de la pauvreté, y compris une pauvreté extrême, ainsi qu’une aggravation des conditions de santé”, a prévenu la députée travailliste Debbie Abrahams.- Pas au bout de ses peines -“Les coupes budgétaires pour les plus vulnérables ne sont absolument pas la solution”, a martelé Thomas Lawson, directeur général de l’association d’aide aux personnes handicapées Turn2us.Le budget présenté par Mme Reeves en octobre, avec une forte hausse des cotisations patronales (qui entrent en vigueur le mois prochain) et des emprunts exceptionnels pour investir et relancer la croissance, avait aussi suscité l’ire des patrons et provoqué la nervosité des marchés.Face au mécontentement, l’exécutif met en avant l’augmentation des moyens à destination du NHS, le système public de santé défaillant, ou encore une ambitieuse réforme du droit du travail au bénéfice des salariés.Mais les analystes craignent que le gouvernement ne soit pas au bout de ses peines au point d’être contraint de prendre d’autres décisions difficiles lors du prochain budget, à l’automne.”La chancelière Rachel Reeves a juste fait du rafistolage budgétaire”, a affirmé Paul Dales, analyste de Capital Economics, ce qui augure selon lui de “changements plus importants à venir”.”La pression pour augmenter les dépenses de défense et autres ne fera probablement que s’accentuer. Et vu l’inquiétude des marchés face à une augmentation des emprunts publics, de nouvelles hausses d’impôts semblent inévitables”, a ajouté l’analyste.

Exploitation minière en eaux profondes: un retour à la normale de la vie marine peut-être “impossible”

Plus de quarante ans après un test d’exploitation minière en eaux profondes, des chercheurs ont observé de timides signes de vie sur le site, mais un retour à la normale y sera peut-être “impossible”, met en garde une étude publiée mercredi dans Nature.Des scientifiques basés au Royaume-Uni ont cherché à évaluer les conséquences de l’extraction dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), immense plaine à plus de 4.000 mètres de profondeur, dans les eaux internationales entre Hawaï et le Mexique.Un test y a été mené en 1979 avec une machine qui a raclé le fond marin, en retirant les nodules, ces galets de métaux comme le cobalt et le manganèse, aujourd’hui très recherchés pour les batteries, les panneaux solaires ou les écrans tactiles.Les scientifiques ont étudié le site en 2023 et observé que les traces de cette activité étaient toujours bien visibles 44 ans plus tard.”Le nombre d’animaux a été réduit pour beaucoup d’espèces à l’intérieur des traces mais nous avons aussi observé les premiers signes de rétablissement biologique”, a souligné l’auteur principal de l’étude, Daniel Jones, du Centre national d’océanographie (NOC) britannique.Les scientifiques ont observé des créatures plutôt petites et mobiles à l’intérieur de la zone d’extraction mais les animaux plus gros qui se fixent sur le plancher océanique y étaient toujours “très rares”.Les effets de l’extraction durent probablement “de nombreuses décennies au moins” et un plein retour de la vie est peut-être “impossible” avec l’extraction des nodules, qui servent d’habitat pour la vie marine. Cette mise en garde intervient au moment où les pays débattent de la création d’un premier code minier que l’Autorité internationale des fonds marins est censée finaliser cette année. Les défenseurs de l’environnement s’opposent à toute exploitation minière et veulent protéger la biodiversité, largement méconnue, de ces abysses.Daniel Jones a localisé le site du test de 1979 en parcourant les archives. Selon lui, cette expérimentation cache une histoire rocambolesque: la CIA essayait à l’époque de retrouver un sous-marin nucléaire russe, utilisant l’exploitation minière comme couverture.Mais l’agence de renseignement américaine a fini par louer son bateau pour une véritable opération d’extraction.”Nos résultats ne disent pas si l’exploitation minière en eau profonde est socialement acceptable. Mais ils fournissent les données nécessaires pour prendre des décisions politiques mieux informées”, a souligné Adrian Glover, du Musée d’histoire naturelle de Londres, co-auteur de l’étude.

La Bourse de Paris a baissé de 0,96%, attend d’en savoir plus sur les droits de douane américains

La Bourse de Paris a reculé de 0,96% mercredi, attendant d’en savoir davantage sur la politique commerciale des Etats-Unis, à l’approche du 2 avril, date à laquelle des droits de douane américains conséquents devraient être mis en oeuvre.L’indice vedette de la Bourse française, le CAC 40, a reculé de 77,91 points à 8.030,68 points. Mardi, il a terminé en nette hausse de 86,26 points (+1,08%) à la clôture.”Sur le fond, les marchés sont sains et les niveaux de valorisation ne sont pas très élevés”, commente Xavier Girard, expert en investissements financiers de Milleis Banque Privée. Toutefois, “le marché pour l’instant a perdu sa boussole” face à l’incertitude de la politique commerciale menée par le président américain, a-t-il ajouté.La promesse de Donald Trump d’appliquer des droits de douane “réciproques” aux partenaires commerciaux des États-Unis le 2 avril tient les marchés en haleine depuis plusieurs séances.Ce n’est pas “la grande inquiétude, mais plutôt la grande attente. On espère que ces futures annonces nous conforteront dans l’idée qu’il y a beaucoup de bluff et qu’on n’entre pas dans une ère de droits de douane à 25% ou tout le monde serait perdant”, a ajouté Xavier Girard.Donald Trump avait déclaré vendredi devant des journalistes dans le Bureau ovale ne rien vouloir changer de sa politique commerciale, évoquant toutefois une éventuelle “flexibilité”. Puis, au cours du week-end, des rumeurs de presse se sont fait grandissantes quant à des droits de douane sectoriels, plus ciblés que ce qui est craint par les marchés. Lundi, face à la presse, le président américain a affirmé qu’il pourrait “donner des répits à de nombreux pays” concernant ces surtaxes.Mercredi en fin de journée, le Maison Blanche a indiqué que des annonces sur les droits de douane sur l’industrie automobile tomberaient le jour-même.”Ces nombreux allers-retours rendent la lecture très complexe” ajoute Xavier Girard.Michelin dérapeLe géant du pneumatique Michelin a lâché 6,05% à 32,14 euros, une baisse sans catalyseur apparent, a noté M. Girard.Le titre affiche toujours une progression de 1,07% depuis le 1er janvier.AccorInvest redresse la barreLe géant hôtelier AccorInvest, ex-pôle immobilier d’Accor, a nettement redressé la barre en 2024, réduisant son endettement grâce à 720 millions d’euros de cessions, et des discussions sont en cours pour la vente des hôtels super-économiques F1, a indiqué à l’AFP le PDG Gilles Clavié. Le PDG d’Accor (-0,20% à 44,82 euros), groupe qui détient encore 30% d’AccorInvest ainsi que la marque F1, avait confirmé fin février que des discussions étaient en cours, sans plus de précision.

Le coût des événements climatiques a atteint cinq milliards d’euros en 2024

Le coût des événements climatiques en France a atteint cinq milliards d’euros pour les assureurs en 2024, moins que la moyenne 2020-2024 (5,6 milliards), mais beaucoup plus que la moyenne des années 1982-1989 (1,5 milliard), a indiqué mercredi France Assureurs.Ce chiffre de cinq milliards d’euros classe 2024 au 9e rang en termes de coûts pour la profession depuis 1982, date de la création du régime des catastrophes naturelles.Dans le détail, les tempêtes, la grêle et la neige ont coûté 2,2 milliards d’euros aux assureurs, les catastrophes naturelles ont pesé pour deux milliards et l’assurance récoltes 800 millions. Les tempêtes comme la grêle sont couvertes dans les contrats dommages des assureurs, tandis que les inondations et les sécheresses dépendent du régime “cat nat”. L’Etat prend alors la moitié des coûts à sa charge permettant de réduire la facture des assureurs.Au cours de l’année 2024, les dommages causés par les tempêtes Kirk et Leslie en octobre, et les épisodes cévenols et méditerranéens se sont élevés à 785 millions d’euros.Les inondations qui ont frappé le Nord et le Pas-de-Calais entre novembre 2023 et janvier 2024 ont eux coûté 430 millions d’euros au total.Les territoires d’Outre-mer ont été frappés pour leur part, en l’espace de 13 mois, par trois cyclones (Belal en avril 2024 puis Garance en mars 2025 à La Réunion, et le cyclone Chido en décembre à Mayotte) pour un coût cumulé de plus d’un milliard d’euros. Les dégâts causés par Chido à Mayotte représentent à eux seuls 500 millions d’euros. En assurance habitation, avec une année 2024 la plus pluvieuse et la moins ensoleillée depuis plus de 20 ans sur le territoire métropolitain, la fréquence de dégâts des eaux a connu une hausse de 12%, particulièrement dans les régions avec les plus forts excédents pluviométriques. Ces excédents de pluie génèrent un risque élevé de retrait-gonflement des argiles (RGA), qui fait se fissurer les bâtiments, en cas de forte sécheresse durant l’été 2025, avertit France Assureurs. En 20 ans, les indemnisations des dégâts des eaux ont plus que doublé (+134%) du fait de la hausse de la fréquence et du coût moyen des sinistres. Elles représentent le premier poste de sinistres en 2024 en assurance habitation.

Livreurs de repas à domicile: les algorithmes des plateformes font dérailler leur santé

Le management par algorithmes des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo, qui incite à enchaîner les courses, fait peser des risques sur la santé des livreurs de repas à domicile, alerte mercredi une agence sanitaire.De l’attribution des courses aux modalités de rémunération, en passant par les sanctions, tout est géré par des processus automatisés, avec des risques physiques et mentaux pour la santé des livreurs, rapporte l’Anses.”On bombarde, on prend des risques, c’est l’application qui veut ça, mais c’est super dangereux”, témoigne auprès de l’AFP Vany, livreur depuis 2016 pour différentes plateformes, dont Deliveroo et Uber Eats.Plusieurs fois, Vany a fait des “petites chutes”, le forçant à aller “travailler en boitant, mais chaque année des livreurs meurent en prenant des risques. J’y pense souvent”, indique celui qui partage sur les réseaux sociaux son quotidien de livreur.Pour Henri Bastos, directeur scientifique santé et travail à l’Anses, “avec cette utilisation de technologies numériques pour attribuer des tâches de travail, les évaluer, surveiller les performances des travailleurs, les sanctionner, les livreurs n’ont pas de marge de manÅ“uvre, de négociation possible, ni de soutien d’une personne physique qui pourrait répondre aux difficultés rencontrées sur le terrain”, décrit-il à l’AFP.En découlent des accidents de la route, des chutes, des troubles musculo-squelettiques et des atteintes à la santé mentale: “stress, fatigue, épuisement liées à la pression constante des notifications, à l’isolement et à l’absence de relations professionnelles stables”.Les livreurs des plateformes souffrent aussi de troubles du sommeil, de maladies métaboliques, respiratoires ou cardiovasculaires liées à l’activité exercée en horaires atypiques, dans un environnement de travail difficile: pollution urbaine, bruit…- “Protection insuffisante” -Il y a aussi des “conséquences socio-familiales: pour s’assurer un niveau de vie décent, les livreurs vont accepter un grand nombre de courses et donc avoir des amplitudes d’horaires importantes, travailler parfois 7 jours sur 7″, relève M Bastos.”Avoir une vie sociale, c’est très dur”, confirme Vany, qui livre dans le quartier d’affaires de la Défense en général de 7H45 à 14H30 puis de 18H30 à 22H00, tous les jours de semaine et le samedi soir.En majorité indépendants, ces travailleurs ne bénéficient “ni d’une politique de prévention des risques adéquate, ni d’une protection sociale suffisante”, souligne l’Anses. Il n’y a pas d’obligation de déclarer leurs accidents du travail.”Les désavantages du statut d’indépendant devraient être normalement compensés par les revenus, mais ce n’est plus le cas”, rapporte Vany.En outre, le contexte réglementaire de cette activité est en construction. A l’échelle française, où un accord entre plateformes et syndicats fixant un revenu minimal horaire a été récemment signé, et européenne, les États membres ayant deux ans pour intégrer dans leur législation la directive de novembre 2024 renforçant les droits de ces travailleurs.Ce texte prévoit de requalifier comme salariés quelque cinq des 30 millions de livreurs travaillant sous statut d’indépendant en Europe. Les modalités de requalification dépendent des États, ce qui permet à l’Anses de formuler des préconisations.L’agence recommande ainsi aux pouvoirs publics de rendre obligatoire, pour ces travailleurs, l’application des dispositions en matière de santé et sécurité prévues pour les salariés dans le Code du travail et d’imposer “une limitation et un contrôle de leur temps de travail”.L’Anses “appelle à responsabiliser les plateformes, pour qu’elles assurent une protection de la santé et de la sécurité de ces travailleurs”, résume M. Bastos.Enfin, l’agence sanitaire veut rendre obligatoire la collecte de données pour continuer à documenter les effets de cette organisation du travail. Saluant “la qualité” du rapport, la CGT appelle, dans un communiqué publié mercredi, le gouvernement à adopter “de toute urgence une législation ambitieuse en matière de protection sociale” des livreurs.Pour l’Union-Indépendants, “cette expertise confirme ce que nous dénonçons depuis longtemps : les conditions de travail actuelles dégradent la santé des livreurs, physiquement comme mentalement”.Le syndicat interpelle les pouvoirs publics, leur demandant d'”imposer des règles de transparence strictes” aux plateformes, de “garantir une protection réelle en matière de santé et sécurité” aux livreurs et “d’intégrer les conclusions de l’Anses dans la transposition de la directive européenne”.ref-ola-mep-max/grd/LyS

L’interdiction des ventes d’iPhone en Indonésie sera levée en avril, annonce Apple

Le géant de l’informatique Apple a annoncé mercredi que l’iPhone 16 serait disponible en Indonésie à partir du mois prochain, indiquant que l’interdiction de vente dans la plus grande économie d’Asie du Sud-Est avait été levée. En octobre, le gouvernement indonésien avait interdit la commercialisation et la vente de ce modèle, le plus récent des iPhone, parce qu’Apple n’avait pas respecté la réglementation exigeant que 40% des téléphones soient fabriqués à partir de pièces locales. Le mois dernier, Apple a toutefois conclu un accord avec le gouvernement indonésien pour investir dans ce pays de 280 millions d’habitants, après des mois d’impasse. “Aujourd’hui, Apple annonce que tous les iPhone de la série 16 (…) seront disponibles à partir du 11 avril”, a déclaré la société dans un communiqué. Le ministère indonésien de l’Industrie n’a pas répondu à la demande de commentaire de l’AFP. Le ministère avait déclaré ce mois-ci qu’il avait approuvé des certificats locaux pour une douzaine de produits Apple. La semaine dernière, le ministère de la Communication et des affaires numériques avait annoncé qu’Apple avait également obtenu un certificat nécessaire pour tous les appareils de télécommunication avec transmission. En novembre, Jakarta a rejeté une proposition d’investissement de 100 millions de dollars de la part d’Apple, estimant qu’elle ne présentait pas l'”équité” requise par le gouvernement. Apple a ensuite accepté d’investir 150 millions de dollars dans la construction de deux usines, l’une à Bandung, dans la province de Java Ouest, pour la production d’accessoires, et l’autre à Batam pour les AirTags. Le mois dernier, le ministre de l’Industrie, Agus Gumiwang Kartasasmita, a déclaré qu’Apple s’était également engagé à construire un centre de recherche et de développement sur les semi-conducteurs en Indonésie, le qualifiant de “premier du genre en Asie”.Malgré l’interdiction des ventes d’iPhone en Indonésie, le gouvernement avait autorisé l’importation des appareils s’ils ne faisaient pas l’objet d’un commerce. L’Indonésie a également interdit la vente des téléphones Google Pixel parce qu’ils ne respectaient pas l’exigence de 40% de pièces locales.

Rubio dans les Caraïbes pour parler de sécurité énergétique et d’Haïti

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, est arrivé mercredi à Kingston, en Jamaïque, dans le cadre d’une tournée dans les Caraïbes centrée sur la sécurité énergétique face au Venezuela et la situation explosive en Haïti, pays miné par les gangs.Le chef de la diplomatie américaine, qui avait fait son premier déplacement à l’étranger en Amérique centrale il y a quelques semaines, doit participer à une réunion des pays de la Communauté caribéenne (Caricom), avant de visiter jeudi le Guyana puis le Suriname.Il sera notamment question de sécurité énergétique et des moyens de réduire la dépendance des pays des Caraïbes au pétrole vénézuélien, alors que Washington s’efforce dans le même temps d’étrangler l’économie vénézuélienne, largement dépendante du pétrole.Le président américain, Donald Trump, a annoncé lundi que les pays achetant du gaz ou du pétrole vénézuélien seraient frappés à partir du 2 avril de droits de douane de 25% sur toutes leurs marchandises entrant aux Etats-Unis.”De la même manière que nous avons travaillé avec les pays du Golfe pour assurer la coopération en matière de sécurité face aux menaces régionales (Iran, etc.), nous voulons travailler avec le Guyana pour assurer la coopération et les garanties en matière de sécurité”, a affirmé mardi l’envoyé spécial américain pour l’Amérique latine, Mauricio Claver-Carone.”Nous avons vu les menaces du Venezuela. Il est évident que c’est inacceptable et nous voulons travailler ensemble pour garantir un accord de coopération contraignant en matière de sécurité”, a-t-il dit.Le Guyana et le Venezuela se disputent l’Essequibo, territoire guyanien riche en pétrole revendiqué par le Venezuela.Le différend ancien sur l’Essequibo a été ravivé lorsque ExxonMobil a découvert en 2015 des gisements qui confèrent au Guyana les réserves de pétrole brut par personne parmi les plus élevées au monde.”En route pour la Jamaïque afin d’y rencontrer nos partenaires caribéens et renforcer la sécurité de notre hémisphère et lutter contre le crime organisé. On s’efforcera de lutter contre l’immigration illégale, la violence et la contrebande dans la région”, a déclaré M. Rubio sur le réseau X.Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité et il a récemment fait expulser des Etats-Unis des centaines de Vénézuéliens accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, les envoyant dans une prison salvadorienne.- Le “défi” haïtien -Inquiet, le secteur privé de la Communauté des Caraïbes (Caricom) va profiter du voyage de M. Rubio pour “demander aux Etats-Unis de reconsidérer les mesures” de taxation des navires chinois, a dit à l’AFP Patrick Antoine, de l’Organisation du secteur privé des Caraïbes (CPSO), depuis Georgetown, siège du Caricom.Il estime que l’inflation pourrait augmenter de 30% dans la sous-région si Washington taxe les navires des armateurs chinois et surtout ceux des opérateurs caribéens travaillant avec des bateaux chinois. “Il n’y a pas d’alternative à l’utilisation de ces navires spécialement conçus d’origine chinoise pour le transport maritime à courte distance dans la Caricom”, souligne-t-il.La violence des gangs en Haïti sera un autre sujet au sein du Caricom, qui regroupe les pays des Caraïbes dont les Etats-Unis.”Le défi, c’est évidemment Haïti”, a reconnu Mauricio Claver-Carone, soulignant que la situation y est “désastreuse”.”Nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour pouvoir continuer à soutenir la police nationale haïtienne”, a-t-il dit.M. Rubio s’entretiendra à Kingston avec le président du conseil de transition haïtien, Fritz Jean.Pays le plus pauvre des Amériques, Haïti subit depuis longtemps les violences de bandes criminelles dans un contexte de grande instabilité politique.Mais la situation s’y est dégradée ces derniers mois en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya.

Lignes à haute tension: un éleveur indemnisé par RTE pour ses vaches malades

Le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) a été définitivement condamné à verser 444.000 euros à un éleveur de la Manche dont les vaches tombaient malades à côté d’une ligne à haute tension, a indiqué mercredi à l’AFP le cabinet de l’avocat de l’agriculteur.Représenté par Me François Lafforgue, l’éleveur laitier Dominique Vauprès avait constaté des mammites (inflammation d’une mamelle) à répétition après l’installation en 1991 d’une ligne à très haute tension (THT) de 400.000 volts à proximité de son exploitation, située à Isigny-le-Buat.Son lait était devenu impropre à la consommation et par conséquent invendable, a-t-il expliqué à l’AFP.Il avait porté plainte contre le RTE et avait essuyé une première défaite en justice en 2012.Lors d’un nouveau jugement, confirmé en appel en 2023, la société a été condamnée à indemniser Dominique Vauprès. La cour de cassation a rejeté le 13 mars le pourvoi formulé par RTE.La société doit donc verser à M. Vauprès 444.417 euros, a confirmé à l’AFP le cabinet de l’avocat de M. Vauprès, Me Lafforgue.Il s’agit de la deuxième victoire d’un éleveur laitier dans un cas de mammite liée à une ligne THT, après un premier éleveur d’une commune voisine qui lui n’avait été indemnisé par RTE qu’à hauteur de 37.024 € en 2015.Contacté par l’AFP, M. Vauprès a exprimé “son immense soulagement”.”Je suis très content. De toute façon, j’avais dit que je ne lâcherai jamais. Et je vais continuer à aider les autres” éleveurs dans une situation similaire, a déclaré l’éleveur, membre de l’Anast (Association Nationale Animaux Sous Tension) qui regroupe des agriculteurs de plusieurs départements français.La société RTE a indiqué dans un communiqué avoir “pris acte de la décision de la Cour de cassation”.Si “sur les 100.000 km de lignes électriques exploitées par RTE, 70% sont implantées en domaine agricole”, “il est important de rappeler que dans la quasi-totalité des cas, la présence dans le voisinage d’ouvrages électriques à haute et très haute tension ne présente aucune difficulté particulière”, a-t-elle affirmé.

Washington pourrait manquer le boom des technologies vertes, selon Berlin

L’Europe doit saisir les “énormes opportunités économiques” offertes par l’essor des technologies vertes, a déclaré mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz, ajoutant qu’il revenait aux États-Unis de décider s’ils voulaient en profiter ou non.”Le marché mondial des technologies clés respectueuses du climat continue de croître rapidement”, a estimé M. Scholz lors du Dialogue de Petersberg sur le climat, qui réunit des ministres de quelque quarante Etats à Berlin.Le dirigeant, désormais en charge des affaires courantes jusqu’à la nomination de son successeur conservateur Friedrich Merz attendue fin avril, a ajouté regretter “profondément” que Donald Trump ait de nouveau quitté l’accord de Paris, par lequel les Etats signataires s’engagent à limiter le réchauffement climatique et a souligné les “énormes” opportunités économiques que manquent ainsi les Etats-Unis.”Contester et ignorer les faits ne fera pas disparaître les conséquences du changement climatique, ni la responsabilité des États-Unis en tant que plus grand émetteur historique de gaz à effet de serre”, a critiqué le responsable allemand.Selon la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock, les données économiques contredisent le “vieux préjugé” selon lequel investir dans la protection du climat est “inabordable”. L’Europe souhaite particulièrement travailler avec “les entreprises et les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’autres régions du monde”, a déclaré la ministre écologiste lors de cette réunion qui prépare le terrain au sommet COP30 de novembre au Brésil. “Si d’autres, comme les États-Unis, décident de rester en dehors, c’est leur décision”, a-t-elle insisté.Dans un discours par vidéo conférence, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appuyé leurs propos. “Les énergies renouvelables renouvellent les économies”, a-t-il dit.”Elles alimentent la croissance, créent des emplois, réduisent les factures d’énergie et purifient notre air. Et chaque jour, elles deviennent un investissement encore plus judicieux”.A cet égard, les conservateurs, vainqueurs des législatives du 23 février, et les sociaux-démocrates qui négocient une coalition gouvernementale ont convenu, sous la pression des Verts, de réserver 100 milliards d’euros pour des investissements protégeant le climat, sur un paquet de 500 milliards sur douze ans prévus pour moderniser l’économie.Les bouleversements géopolitiques mondiaux font craindre la relégation de la lutte contre le réchauffement climatique derrière les question sécuritaires et économiques, a souligné le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Mais il n’y a pas d’alternative”, a-t-il averti: “l’humanité n’a pas d’alternative et ne peut pas attendre”.