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Commission d’enquête : Coquerel (LFI) annonce saisir la justice après le refus de Kohler d’être auditionné

Le député Eric Coquerel (LFI) a annoncé mardi qu’il saisirait “dès ce jour” le procureur de la République pour demander des poursuites contre le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, après son nouveau refus d’être auditionné devant une commission d’enquête sur les raisons du dérapage des finances publiques.”J’ai donné une dernière chance à Monsieur Kohler pour se présenter devant notre commission puisqu’il en a l’obligation. Il vient de me répondre à l’instant que ce ne sera pas le cas. Donc je vais évidemment entamer dès ce jour une poursuite devant le procureur de la République”, a annoncé M. Coquerel, président de cette commission d’enquête, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée.”Certains diront qu’il a peut-être des choses à cacher. Je ne suis même pas sûr que ça soit l’élément fondamental. L’élément fondamental ? C’est que ces gens-là pensent qu’ils n’ont pas de comptes à rendre au Parlement. Je rappelle que Monsieur Kohler n’est pas le président de la République”, a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis devant des journalistes.La commission des Finances de l’Assemblée, présidée par Eric Coquerel, a obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatés sur les années 2023 et 2024.Alexis Kohler, bras droit du président Emmanuel Macron, n’a pas répondu à la convocation de la commission invoquant des problèmes d’agenda, puis “le principe de séparation des pouvoirs”, selon différents courriers adressés à Eric Coquerel et consultés par l’AFP, dont le dernier est daté du 3 mars.Le secrétaire général de l’Elysée y invoque à nouveau “le principe de séparation des pouvoirs” entre l’exécutif et le législatif, pour justifier le fait qu’un collaborateur du président de la République puisse refuser d’être auditionné devant une commission d’enquête, estimant qu’une telle audition risquerait de “porter atteinte aux principes constitutionnels qui encadrent le fonctionnement de nos institutions”.Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.M. Kohler s’est déjà présenté devant des commissions d’enquête, en 2019 sur l’affaire Benalla au Sénat, ou en 2020 sur les concessions d’autoroute, toujours à la chambre haute.

“Cela n’a pas de sens”: à la frontière, des Canadiens “terrifiés” par l’annonce de tarifs douaniers

Malgré tout, ils gardaient un peu d’espoir. Mais soudain, l’annonce qu’ils redoutaient tous est tombée: le président américain Donald Trump a confirmé lundi l’imposition de droits de douane sur les produits canadiens, plongeant les habitants de Windsor, ville frontalière, dans la consternation. La commune de 250.000 habitants, installée en face de Détroit, est le cÅ“ur battant de l’industrie automobile canadienne. Et elle était jusqu’ici en plein essor.Mais cela, c’était avant, avant les menaces douanières du président américain. Aujourd’hui, les habitants canadiens se sentent trahis par leur voisin et redoutent les fermetures d’usines et, par ricochet, de nombreux sous-traitants.”Nous sommes tous terrifiés”, lâche à l’AFP Joel Soleski, 26 ans, ouvrier pour Stellantis, le géant automobile. Il dit désormais craindre d’être licencié “jusqu’à nouvel ordre.”Le constructeur est l’un des plus exposés à ces droits de douane, selon un rapport de l’agence Moody’s: 40% de ses voitures vendues aux États-Unis (sous les marques Ram, Fiat, Dodge ou Chrysler) sont fabriquées dans les deux pays frontaliers.Et si Joel Soleski est très inquiet, c’est aussi parce que toute sa vie est ici: “Je viens d’acheter ma première maison”, poursuit-il. “Ce sera difficile si ma petite amie doit payer toutes les factures”.Sur le parking de Stellantis lundi, parmi les dizaines de travailleurs qui terminent leur journée de travail, l’angoisse et la colère sont palpables.Ils viennent d’apprendre que le président américain a douché tous leurs espoirs et affirmé que le Canada et le Mexique n’avaient “plus de marge de manÅ“uvre” pour éviter l’entrée en vigueur, dans la nuit de lundi à mardi, des droits de douane de 25% sur leurs produits entrant aux Etats-Unis.Pourtant à Windsor, depuis des années, on a presque oublié qu’il y avait une frontière, l’économie est profondément intégrée et les pièces automobiles peuvent traverser la frontière jusqu’à six fois avant qu’un véhicule ne soit assemblé.- “Aucun sens” -“Je ne vois pas comment cela pourrait fonctionner”, s’indigne John D’Agnolo, président du syndicat qui représente 2.000 travailleurs chez Ford, côté canadien.La décision de Donald Trump “n’est pas logique et n’a absolument aucun sens”, insiste-t-il avec colère. Les premiers licenciements pourraient tomber en quelques semaines, estime ce responsable syndical. Et à terme, selon lui, les véhicules coûteront plus chers pour les consommateurs.Au total, plus de 2 millions d’emplois sont en jeu au Canada et 500.000 rien que dans la province de l’Ontario, la plus peuplée du pays où est installée Windsor. Christina Grossi, qui travaille dans le laboratoire de chimie de Ford, est sous le choc: “ce sont nos emplois, nous faisons cela depuis 100 ans”, dit-elle.”On dirait que Donald Trump veut nous voler, c’est terrifiant”, ajoute cette quinquagénaire qui se sent fortement trahie par un pays qu’elle a toujours considéré comme un grand allié. Son fils étudie aux Etats-Unis, elle a des liens très forts depuis son enfance avec son voisin du sud… La “rupture” voulue par Donald Trump n’a pas de sens pour elle.Cela fait des semaines que le Canada attend de connaitre la décision du président Donald Trump, qui semble prêt à balayer l’alliance solide qui unit les pays depuis plus d’un siècle, un accord de libre-échange et des milliards de dollars d’échanges transfrontaliers quotidiens.Lundi, le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford est de nouveau monté au créneau: “s’ils veulent essayer d’anéantir l’Ontario, je ferai tout pour les en empêcher, y compris leur couper l’énergie”.”Ils dépendent de notre énergie”, a-t-il insisté. “Ils ont besoin de sentir la douleur. Ils veulent nous frapper durement. Nous allons riposter deux fois plus fort.”

De Nokia à BlackBerry, les reconversions variées des ex-gloires du portable

Ils ont connu la lumière… avant d’être supplantés par la concurrence. Loin des radars médiatiques, les pionniers de la téléphonie mobile continuent pourtant de creuser leur sillon, en misant sur les réseaux, les services aux entreprises ou les produits de niche.BlackBerry, Motorola, HTC, Ericsson: au salon mondial du mobile (MWC), qui se tient depuis lundi à Barcelone, plusieurs grand noms de l’histoire du smartphone disposent toujours d’un stand – certains confidentiels et d’autres énormes, à l’image de Nokia et de ses murs d’écrans lumineux.Une source d’étonnement pour les visiteurs peu au fait de l’évolution du secteur, tant ces marques jadis incontournables semblent, pour certaines d’entre elles au moins, désormais hors circuit. Dans les allées, “il y a un côté +back to the future+” (retour vers le futur), concède Thomas Husson, vice-président du cabinet Forrester.Virages technologiques ratés, impact des sanctions imposées au fabricant chinois Huawei, effets de mode… Depuis la popularisation du téléphone mobile à la fin des années 1990, le secteur a connu plusieurs bouleversements qui ont rebattu les cartes du marché.”De grosses marques sont apparues puis ont disparu” tandis que “des poids lourds comme Nokia, BlackBerry, Ericsson ont vu leur part de marché s’effondrer”, observe Ben Wood, directeur de la recherche chez CCS. Un phénomène qui s’est accéléré ces dernières années avec la consolidation du marché.Selon le cabinet spécialisé Counterpoint, 720 marques étaient actives sur le marché du smartphone en 2017, année de l’apogée du secteur avec 1,5 milliard d’appareils vendus. Aujourd’hui, elles ne sont plus que 250, dont une trentaine seulement d’envergure internationale.L’industrie du smartphone, dominée par Apple (23% des ventes), Samsung (16%) et Xiaomi (13%), est “très concurrentielle” et soumise à une “valse de l’innovation” permanente, rappelle Thomas Husson. Dans ce contexte, les marques peuvent “rapidement passer de la lumière à l’ombre”.- “Effet vintage” – Pour les entreprises, être éjectées du podium n’est pas synonyme de fin de route pour autant. Ces dernières années, plusieurs d’entre elles ont ainsi continué à prospérer, en mettant l’accent sur d'”autres capacités” que la production de terminaux, souligne Ben Wood.Le géant suédois Ericsson, fabricant du fameux téléphone à clapet T28s, s’est ainsi recentré depuis 2011 sur les infrastructures et les logiciels pour opérateurs. Un virage payant, le groupe fondé en 1876 étant aujourd’hui le numéro deux mondial des équipements télécoms, derrière Huawei.Même choix pour son concurrent finlandais Nokia qui, après avoir connu une ascension fulgurante dans les années 2000 avec son mythique “3310”, bestseller apprécié pour sa robustesse et l’endurance de sa batterie, s’est recyclé dans les réseaux mobiles et le stockage de données.Grâce à cette stratégie, l’ex-numéro un mondial du portable – qui a signé en 2016 un accord de licence autorisant la société HMD à produire des téléphones sous sa marque – a retrouvé le chemin de la croissance et dispose aujourd’hui de nombreuses “opportunités”, a assuré son président Pekka Lundmark dimanche.Le canadien BlackBerry, qui a marqué l’histoire avec ses célèbres terminaux à clavier physique et mollette de navigation avant d’être ringardisé par l’arrivée des smartphones à écran tactile, s’est quant à lui reconverti dans les services aux entreprises et aux gouvernements.Le groupe basé dans l’Ontario, désormais très discret au MWC, mise notamment sur l’internet des objets (IoT) et les systèmes embarqués pour l’automobile afin de renouer avec sa glorieuse histoire et redonner de l’élan à son cours boursier, qui a fondu ces quinze dernières années. Face à la concurrence, d’autres encore ont recentré leur production sur les télévisions et l’électroménager, à l’instar du sud-coréen LG. Ou bien sur les produits de réalité virtuelle, comme le taïwanais HTC, venu à Barcelone avec son casque de quatrième génération Vive Focus Vision.Certaines marques, plus rarement, “continuent même de vendre des téléphones sur des secteurs de niche”, complète Thomas Husson, qui cite l’exemple de Motorola mobility, aujourd’hui propriété du chinois Lenovo, qui propose des téléphones incassables ou enroulables comme des bracelets.De quoi remettre ces marques au goût du jour? “Il peut y avoir un petit effet de mode, un effet vintage. Mais on parle de volumes très faibles”, juge ce spécialiste, qui dit ne pas croire à un “revival” des anciens géants de la téléphonie sur le marché du smartphone. 

La Bourse de Paris recule après les nouveaux droits de douane de Trump

La Bourse de Paris évolue dans le rouge mardi, plombée par les craintes des investisseurs pour l’économie mondiale après l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane aux États-Unis contre le Canada, le Mexique et la Chine.Vers 08H40 GMT, le CAC 40 cédait 0,87% à 8.127,53 points, en recul de 72,18 points. La veille, l’indice vedette avait terminé en nette hausse de 1,09% à 8.199,71 points.”Les menaces douanières se matérialisent. Ce n’était pas, comme espéré par les marchés, seulement une tactique de négociation”, explique Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.Donald Trump a mis à exécution ses promesses de taxer lourdement les importations en provenance du Mexique, du Canada et de la Chine, les premiers partenaires commerciaux des États-Unis, avec l’entrée en vigueur mardi de droits de douane.Les importations en provenance du Mexique et du Canada seront imposées à hauteur de 25% et 10% pour les hydrocarbures canadiens. Les produits chinois subiront 20% de droits de douane, contre 10% jusqu’ici.Ce niveau de taxation sur les importations américaines est “le plus élevé depuis la fin des années 1940”, et met “un coup d’arrêt brutal à la mondialisation entamée dans l’après-guerre”, estime dans une note Paul Ashworth, chez Capital Economics.Estimant que “rien ne justifiait ces mesures” américaines, Ottawa a déjà annoncé mettre en place des droits de douane de 25% sur certains produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars canadiens.Et Pékin va riposter avec des droits de douane supplémentaires sur le poulet, le blé, le maïs ou encore le soja.”Le spectre d’une guerre commerciale à grande échelle plane à nouveau, menaçant d’étouffer la croissance mondiale”, résume Stephen Innes, de SPI Asset Management.En outre, “cela augmente le risque de voir Donald Trump concrétiser” une autre de ses menaces, “imposer des droits de douane réciproques le 2 avril” contre l’ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis, observe Lloyd Chan, analyste de la banque MUFG.Et “ce n’est plus qu’une question de temps avant que les États-Unis ne se concentrent sur l’économie européenne”, estime Andreas Lipkow, analyste indépendant.Le ministre français de l’Économie Éric Lombard a d’ailleurs estimé mardi qu'”il faut” que l’Union européenne parvienne à “un accord équilibré” avec les États-Unis sur les droits de douane.Dans ce contexte, côté obligataire, le rendement de l’emprunt à dix ans français atteignait 3,19%, contre 3,21% la veille en fermeture. Celui de son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,46%.Thales flambeL’action du groupe français de défense Thales bondissait vers 8H40 GMT de 10,84% à 246,40 euros à Paris, après la publication de résultats record en 2024, dans un environnement géopolitique qui, de surcroit, incite les États à investir dans leur défense. Les autres entreprises du secteur étaient aussi en hausse, à l’image de Safran (+0,62% à 259,70 euros) et Dassault Aviation (+4,95% à 296,60 euros).La veille, elles avaient déjà fortement grimpé, portées par la perspective d’une augmentation des dépenses militaires sur le continent, en raison des craintes liées au désengagement américain qui se dessine sur le front ukrainien et en Europe.Dans ce contexte, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a d’ailleurs dévoilé mardi un plan pour mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense européenne.

Thaïlande: un tribunal accepte une action de groupe dans une affaire de poisson envahissant

Un tribunal thaïlandais a accepté mardi une action de groupe déposée par des centaines de pêcheurs réclamant 73 millions de dollars de dommages et intérêts à un géant de l’agroalimentaire concernant le tilapia noir, espèce invasive, a annoncé un représentant du conseil des avocats thaïlandais.Cette espèce étrangère, originaire d’Afrique de l’Ouest, a été trouvée dans 19 provinces de Thaïlande, endommageant les écosystèmes des rivières, des marécages et des canaux. En 2024, le gouvernement thaïlandais a déclaré que son éradication était une priorité nationale.Outre l’impact écologique, les autorités craignent la menace qu’elle représente pour l’industrie thaïlandaise de l’élevage de poissons, l’une des sources de revenus les plus importantes du pays.Un tribunal thaïlandais a accepté d’examiner l’affaire contre Charoen Pokphand (CP), un gros groupe agroalimentaire, mardi, selon un membre du Conseil des avocats de Thaïlande.”Aujourd’hui, un tribunal civil de Bangkok a accepté le dossier déposé par les professionnels de la pêche de Samut Songkhram qui ont été affectés par le tilapia”, a déclaré Somchai Armeen, un avocat spécialiste de l’écologie en charge de l’affaire, sur son compte Facebook.La plainte, déposée il y a six mois au nom de plus de 1.400 professionnels de la pêche, accuse CP d’avoir introduit le tilapia noir en Thaïlande en important l’espèce du Ghana en 2010, a indiqué un communiqué du conseil.Les pêcheurs ont demandé 2,48 milliards de bahts (73 millions de dollars) de compensation, a-t-il ajouté.Charoen Pokphand est l’un des plus grands conglomérats de Thaïlande. Ses fondateurs, les frères Chearavanont, sont la deuxième famille la plus riche de Thaïlande, selon Forbes en 2024. L’entreprise a fait l’objet d’un examen accru pour des pratiques monopolistiques, en particulier après sa fusion avec Tesco, autre géant du secteur, en 2020.

Frites surgelées: le nord de la France, nouvel Eldorado à l’accent belge

Un site de production tournant à plein régime, d’autres en chantier: depuis quelques années, les projets d’usines de frites surgelées fleurissent dans les Hauts-de-France, mais sont menés par des industriels belges, faute de savoir-faire français en la matière.A Bourbourg, près de Dunkerque (Nord), il faut 90 minutes à une pomme de terre pour finir en frites, après avoir été nettoyée, pelée à la vapeur, découpée, blanchie, précuite, pesée puis emballée.Grâce à ses deux lignes de production et un fonctionnement “sept jours sur sept, 24 heures sur 24″, cette usine du groupe belge Clarebout, numéro 3 mondial de la transformation de pommes de terre, peut traiter jusqu’à 2.500 tonnes par jour, assure David Caron, le directeur du site qui a ouvert en 2023.Pour Clarebout, c’est une première: ses deux autres usines sont situées à la frontière, à quelques dizaines de kilomètres, mais côté belge.”Le but était d’avoir une usine en France pour faire du +made in France+ et pouvoir travailler avec les producteurs français”, explique David Caron.Autre acteur belge du secteur, Ecofrost a fait un choix similaire en installant son usine, actuellement en travaux, à Péronne (Somme). Au coeur du Santerre, “une région très productrice en termes de pommes de terre”, souligne Matthieu Lenglet, cofondateur de cette usine et producteur de pommes de terre à une trentaine de kilomètres de là.- Doubler la production française -Enfin, Agristo, qui compte plusieurs usines dans les Flandres belges, a racheté le site du sucrier Tereos à Escaudoeuvres, près de Cambrai (Nord), et prévoit d’y démarrer en 2027 sa production.A elles seules, ces trois usines devraient permettre de quasiment doubler d’ici cinq ans la production française de pommes de terres transformées, qui s’élevait en 2023/2024 à 1,6 million de tonnes, selon le Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT).Pendant vingt ans, cette production transformée a stagné en France, tandis qu’elle a quadruplé en Belgique, selon Bertrand Ouillon, délégué général du GIPT. Une évolution qu’il explique par “des raisons financières, des systèmes d’aide et (…) des réglementations plus souples en Belgique qu’en France”.Mais les terres agricoles sont saturées en Belgique, et les industriels soulignent le besoin de se fournir auprès de producteurs plus proches de leurs usines.Autre problématique: dans les Flandres belges, “le bassin d’emploi est presque asséché, c’est très compliqué d’avoir accès à de la main-d’oeuvre”, relève Sylvain Bourdon, futur directeur de l’usine française d’Agristo.Pour autant, l’expertise belge était indispensable, assure David Caron de Clarebout: “On a clairement eu besoin de la maîtrise, du savoir-faire de nos collègues de Belgique (…). Faire une frite, ça paraît simple. Mais il y a toute une notion de connaissance du produit, connaissance des équipements, paramètres à maîtriser”.- Un déficit commercial à combler -Même logique chez Ecofrost à Péronne: “On va envoyer un petit groupe pilote de personnes en Belgique, qui vont devenir référents chacun d’une partie du process et vont revenir former” le reste des équipes, explique le directeur du site Grégoire Dechilly.Ces créations d’usines, ainsi que les 350 millions d’euros d’investissements annoncés l’an dernier par le géant canadien McCain pour moderniser et augmenter la capacité de ses trois sites dans le Pas-de-Calais et la Marne, sont une aubaine pour la balance commerciale française.Car dans le secteur de la pomme de terre, le commerce extérieur tricolore souffre depuis des décennies d’un paradoxe: la France est le premier exportateur mondial de patates, notamment à destination de la Belgique… mais une bonne partie d’entre elles finissent par revenir dans l’Hexagone une fois transformées en frites, chips ou encore pommes noisettes.La France a encore enregistré sur 2023/2024 un déficit commercial de 473 millions d’euros sur les pommes de terre transformées, d’après le GIPT. Avec les nouvelles usines, “on va devenir exportateur net”, espère Bertrand Ouillon.Mais il va falloir considérablement doper la production française de pommes de terre pour répondre à la demande des industriels, notamment dans la région Hauts-de-France, qui concentre plus de 60% de la production nationale de patates.”On est en ordre de marche”, assure Joanny Dussurgey, président du Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT), selon lequel tout le secteur français est mobilisé pour relever ce défi.

Le géant TSMC augmente ses investissements aux Etats-Unis sous le patronage de Trump

Le géant taïwanais des semiconducteurs TSMC a annoncé lundi à la Maison Blanche qu’il allait investir 100 milliards de dollars aux Etats-Unis, amenant Taipei à exiger que “ses processus de fabrication les plus avancés” restent dans l’île pour ne pas affaiblir sa position face aux menaces d’invasion de la Chine.”Ils investiront au moins 100 milliards de dollars aux Etats-Unis à court terme pour construire des usines à la pointe en matière de production de semiconducteurs”, a déclaré le président américain Donald Trump, prenant la parole avant le PDG de TSMC, C.C. Wei.Cet investissement permettra “de créer des milliers d’emplois”, “très bien payés”, a-t-il salué.M. Wei a souligné que son entreprise était déjà en train d’investir 65 milliards de dollars pour la construction de trois usines en Arizona.L’investissement total, a-t-il expliqué, s’élèvera désormais à 165 milliards, pour trois autres usines de fabrication et deux sites de conditionnement, toujours en Arizona. Un centre de recherche et développement est également prévu.Donald Trump a placé la technologie au premier plan de son second mandat, en faisant figurer des magnats du secteur en bonne place lors de son investiture et en annonçant des investissements importants dans les infrastructures liées à l’intelligence artificielle (IA).Il a aussi appelé les entreprises étrangères à créer des emplois dans l’industrie aux Etats-Unis, soulignant que cela leur permettrait d’échapper aux droits de douane qu’il met en place. Depuis février, il fait notamment planer la menace de droits de douane de 25% sur les semiconducteurs.Les entreprises “viennent ici investir beaucoup d’argent parce qu’elles veulent être dans le plus grand marché du monde, et elles veulent éviter les droits de douane qu’elles subiraient si elles n’étaient pas installées ici”, a mis en avant le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, également présent lundi à la Maison Blanche.Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) subit depuis longtemps des pressions pour déplacer une plus grande partie de sa production hors de Taïwan, où se trouve la majeure partie de ses usines.- “Bouclier de silicone” -Un investissement de cette taille est soumis au feu vert des autorités taïwanaises.Le gouvernement veillera auprès de TSMC à ce que “ses processus de fabrication les plus avancés restent à Taïwan”, a averti la porte-parole de la présidence, Karen Kuo.TSMC produit des semiconducteurs utilisés dans tous les domaines technologiques, des iPhones d’Apple aux équipements d’intelligence artificielle de pointe de Nvidia.Le géant taïwanais est à l’avant-garde de la révolution de l’intelligence artificielle (IA) générative, produisant les puces les plus avancées du monde, nécessaires pour alimenter les produits conçus par la Silicon Valley.Mais TSMC est aussi au coeur des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine. Pékin revendique la souveraineté sur Taïwan, qui est soutenue par Washington, et menace de recourir à la force pour en reprendre le contrôle.Dans ce contexte, une délocalisation massive de la production de semiconducteurs de pointe pourrait affaiblir le “Bouclier de silicone” dont jouit Taïwan en raison des bouleversements qu’impliquerait une guerre pour le marché mondial de la tech, selon l’expert Yifan Chen.”Taïwan sans industrie des semiconducteurs et de la tech, c’est comme l’Ukraine sans armes nucléaires”, souligne cet enseignant à la Tamkang University de Taïwan.”Il est important que nous maintenions notre position clé dans la chaîne industrielle internationale et que nous soyons à la pointe des technologies-clés”, a déclaré pour sa part à la presse le Premier ministre Cho Jung-tai.Le ministre taïwanais de la Défense, Wellington Koo, s’est toutefois dit “convaincu que les Etats-Unis n’abandonneront pas” la région Asie-Pacifique.”Les Etats-Unis ne peuvent pas se retirer (de la région) car il en va de leur intérêt premier”, a-t-il déclaré dans des propos rapportés mardi et ce “que ce soit d’un point de vue économique, géopolitique ou de sécurité militaire”.Interrogé pour savoir si l’implantation de l’entreprise taïwanaise aux Etats-Unis permettrait de “minimiser” les conséquences pour les Etats-Unis d’une invasion de l’île par la Chine, Donald Trump a répondu qu’il “ne pouvait pas dire +minimiser+, ce serait évidemment un événement catastrophique”.Mais l’investissement de TSMC “nous placerait au moins dans une position où nous aurions, pour cette activité très, très importante, une très grosse partie de cette activité aux Etats-Unis”, a-t-il souligné.

Wall Street chute après les nouvelles annonces de Trump sur les droits de douane

La Bourse de New York a terminé en forte baisse lundi, minée par les dernières annonces de Donald Trump sur l’entrée en vigueur de surtaxes visant le Canada, le Mexique et la Chine.Le Dow Jones a reculé de 1,48%, l’indice Nasdaq a chuté de 2,64% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,76%, sa plus grosse perte depuis décembre.La place américaine était déjà orientée à la baisse en début de journée, après la publication d’un indice de production industrielle montrant des inquiétudes grandissantes vis-à-vis des prix et de la demande.Les industries américaines sont en train d’affronter “le premier choc opérationnel” résultant de la mise en place de nouvelles taxes sur les importations, selon cette enquête de la fédération professionnelle ISM.Mais les principaux indices boursiers américains ont surtout chuté en fin de séance, après une conférence de presse de Donald Trump.Le président américain a notamment prévenu que le Canada et le Mexique n’avaient “plus de marge de manÅ“uvre” pour éviter l’entrée en vigueur dans la nuit de lundi à mardi des droits de douane sur l’ensemble de leurs produits aux Etats-Unis.Il a par ailleurs signé lundi le décret imposant désormais 20% de droits de douane sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, contre 10% jusqu’ici.Donald Trump reproche au Canada, au Mexique et à la Chine de ne pas lutter assez efficacement contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes dans ce pays.Afin de les forcer à agir, il avait imposé début février 25% de droits de douane sur l’ensemble des produits canadiens et mexicains, pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange signé durant son premier mandat, avant de les suspendre pour un mois, satisfait des premiers gestes consentis par Ottawa et Mexico.Dans le même temps, la Chine s’était vu imposer 10% de droits de douane supplémentaires, venant s’ajouter aux 10% déjà existants, une augmentation entrée en vigueur lundi.L’indice VIX – dit “indice de la peur” – qui mesure la nervosité des investisseurs, a évolué en nette hausse, à son plus haut niveau depuis décembre.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se détendait nettement à 4,16% contre 4,21% à la clôture vendredi. Son équivalent à deux ans suivait la même dynamique, à 3,95% contre 3,99% à la clôture précédente.Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Nvidia a chuté de 8,69% après que Singapour a annoncé enquêter sur un possible acheminement de ses puces sophistiquées vers des pays sous sanctions américaines par des intermédiaires. 

Wall Street chute après les nouvelles annonces de Trump sur les droits de douane

La Bourse de New York a terminé en forte baisse lundi, minée par les dernières annonces de Donald Trump sur l’entrée en vigueur de surtaxes visant le Canada, le Mexique et la Chine.Le Dow Jones a reculé de 1,48%, l’indice Nasdaq a chuté de 2,64% et l’indice élargi S&P 500 a lâché 1,76%, sa plus grosse perte depuis décembre.La place américaine était déjà orientée à la baisse en début de journée, après la publication d’un indice de production industrielle montrant des inquiétudes grandissantes vis-à-vis des prix et de la demande.Les industries américaines sont en train d’affronter “le premier choc opérationnel” résultant de la mise en place de nouvelles taxes sur les importations, selon cette enquête de la fédération professionnelle ISM.”Les hausses de prix se sont accélérées en raison des droits de douane, ce qui a entraîné des retards dans la passation de nouvelles commandes, des arrêts de livraison de la part des fournisseurs et des répercussions sur les inventaires”, a décrit le responsable de l’enquête, Timothy Fiore.Mais les principaux indices boursiers américains ont surtout chuté en fin de séance, après une conférence de presse de Donald Trump.Le président américain a notamment prévenu que le Canada et le Mexique n’avaient “plus de marge de manÅ“uvre” pour éviter l’entrée en vigueur dans la nuit de lundi à mardi des droits de douane sur l’ensemble de leurs produits aux Etats-Unis.Il a par ailleurs signé lundi le décret imposant désormais 20% de droits de douane sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, contre 10% jusqu’ici.Washington, Ottawa et Mexico négocient toujours afin d’interrompre durablement le flux vers les Etats-Unis de fentanyl, un puissant opioïde responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes dans ce pays.Donald Trump reproche au Canada, au Mexique et à la Chine de ne pas lutter assez efficacement contre ce trafic.Afin de les forcer à agir, il avait imposé début février 25% de droits de douane sur l’ensemble des produits canadiens et mexicains, pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange signé durant son premier mandat, avant de les suspendre pour un mois, satisfait des premiers gestes consentis par Ottawa et Mexico.Dans le même temps, la Chine s’était vu imposer 10% de droits de douane supplémentaires, venant s’ajouter aux 10% déjà existants, une augmentation entrée en vigueur lundi.L’indice VIX – dit “indice de la peur” – qui mesure la nervosité des investisseurs, a évolué en nette hausse, à son plus haut niveau depuis décembre.Toutefois, pour Angelo Kourkafas, d’Edward Jones, “la toile de fond reste favorable”, la place américaine restant relativement proche de ses records.”Nous allons d’abord obtenir les effets négatifs de la politique de la nouvelle administration avant de passer aux conséquences positives sur la croissance” aux Etats-Unis, estime l’analyste.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se détendait nettement à 4,16% contre 4,21% à la clôture vendredi. Son équivalent à deux ans suivait la même dynamique, à 3,95% contre 3,99% à la clôture précédente.Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Nvidia a chuté de 8,69% après que Singapour a annoncé enquêter sur un possible acheminement de ses puces sophistiquées vers des pays sous sanctions américaines par des intermédiaires. Selon des informations de presse, des serveurs de Dell (-7,01%) et Super Micro Computer (-13,00%) contenant ces puces auraient été envoyées en Malaisie depuis Singapour, et les enquêteurs cherchent désormais à savoir si elles ont ensuite été acheminées vers d’autres pays, comme la Chine.

Le Salon du mobile de Barcelone entre course à l’IA et tensions géopolitiques

La course à l’innovation va-t-elle effacer les tensions géopolitiques dans le secteur de la tech? Séduite par les promesses de l’intelligence artificielle (IA), l’industrie des télécoms a affiché son optimisme lundi au Salon du mobile (MWC) de Barcelone, malgré quelques signes de crispation.La grand-messe annuelle de l’industrie des smartphones et des services connectés, qui devrait accueillir quelque 100.000 professionnels jusqu’à jeudi, a une nouvelle fois déroulé le tapis rouge à l’IA, ce qui n’a pas empêché quelques frictions géopolitiques de s’inviter dans les débats.”J’ai une certaine inquiétude à l’égard de l’approche que l’Europe adopte”, a ainsi déclaré Brendan Carr, patron de la puissante agence fédérale américaine des communications (FCC), en attaquant le règlement européen sur les services numériques (DSA) lors d’une table rondeEntrée en vigueur l’an dernier, cette réglementation vise à faire respecter au sein de l’UE les limites à la liberté d’expression, généralement définies par le droit national, comme l’interdiction des insultes racistes. Elle fait l’objet de vives critiques de la part de l’administration américaine et des géants de la tech. “Il y a un risque que ce régime réglementaire impose des règles excessives en matière de liberté d’expression”, a martelé M. Carr. Ces propos, qui font écho à ceux tenus par le vice-président américain JD Vance mi-février lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich, surviennent dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes liées notamment aux droits de douane américains sur les produits chinois.Déjà relevées de 10% depuis l’entrée en fonction de Donald Trump, ces taxes à l’importation doivent être à nouveau augmentées de 10% mardi. Ces mesures tarifaires, que le président américain menace d’étendre à d’autres partenaires, dont l’UE, pourraient avoir des conséquences sur l’ensemble du marché de la tech et des smartphones.”Nous vivons dans un contexte géopolitique assez difficile”, a reconnu la directrice générale adjointe des réseaux de communication au sein de la Commission européenne, Renate Nikolay. “Dans ce contexte, il est crucial d’assurer notre souveraineté technologique et notre autonomie stratégique”, a-t-elle insisté.- “L”IA va tout transformer” -Dans les allées du salon, où une foule dense s’est pressée toute la journée pour découvrir les gadgets et les innovations présentés au public, la question des droits de douane est cependant passée au second plan.”Nos clients s’interrogent sur l’impact des évolutions des politiques internationales, y compris américaines”, mais “il n’y a pas de mouvement de panique (…) à ce stade”, a estimé auprès de l’AFP Clotilde Bégon-Lours, du cabinet de conseil BCG. “Malgré les tensions géopolitiques en cours, l’état d’esprit reste positif”, a abondé Cédric Foray, responsable du secteur des télécoms au sein de EY. Un optimisme lié, selon lui, à l’essor de l’IA et à ses applications “concrètes” pour la filière télécoms.Le géant coréen Samsung a ainsi vanté lundi les capacités de l’outil intégré à son dernier modèle de smartphone sorti en début d’année, qui permet de réaliser des tâches simples dictées par l’utilisateur en “langage naturel”. Le fabriquant chinois Honor a quant à lui présenté un outil de détection des “deepfakes”, des images générées avec l’IA, destiné à protéger les utilisateurs contre les mauvais usages de cette technologie.”Si vous vous baladez sur les stands des opérateurs télécoms et des vendeurs de tech, on est vraiment dans la démonstration d’application concrète de l’IA”, a souligné Clotilde Bégon-Lours.Depuis l’arrivée de ChatGPT en 2022 et le développement de l’intelligence artificielle générative, cette technologie s’est largement invitée chez les fabricants, qui ont développé des outils directement intégrés aux smartphones.”L’IA va tout transformer, partout”, a assuré l’ex-ingénieur de Google et futurologue Ray Kurzweil, qui s’est exprimé en visioconférence sur la scène principale.Dans ce contexte d’euphorie, susceptible de rebattre les cartes du marché, les principaux opérateurs européens ont de nouveau appelé Bruxelles à lever les freins réglementaires qui empêchent, selon eux, l’émergence de poids lourds au sein de l’UE.”Il est temps que les grandes entreprises de télécommunications européennes soient autorisées à se consolider et à se développer”, a lancé le PDG du géant des télécoms espagnols Telefonica, Marc Murtra.