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Mort de Jean-Yves Haberer, qui a mené le Crédit Lyonnais à la quasi-faillite

Un parcours académique et professionnel brillant, jusqu’à la chute: Jean-Yves Haberer, mort lundi à 92 ans, a été un grand commis de l’Etat avant de prendre les rênes du Crédit Lyonnais à la fin des années 1980 et de le mener à la quasi-faillite.Patron du Crédit Lyonnais de 1988 à 1993, Jean-Yves Haberer a lancé le groupe –public, à l’époque– dans une politique de forte expansion européenne, avec des conséquences funestes.Il avait été condamné en février 2005 à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour présentation de comptes inexacts, diffusion de fausses informations, destinées à dissimuler l’ampleur abyssale du déficit de l’établissement.Son décès a été annoncé par la famille dans le carnet du Figaro de mercrediNé le 17 décembre 1932 à Mazagan (El Jadida) au Maroc, Jean-Yves Haberer affiche un parcours académique et professionnel sans faute: Sciences Po Paris, ENA (dans la promotion de Jacques Chirac), puis Inspection des Finances. Il côtoie la politique, comme directeur de cabinet de Michel Debré, successivement ministre de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense, entre 1966 et 1969. En 1978, il accède à la tête du sanctuaire de l’administration des finances, le Trésor.Jean-Yves Haberer quitte les arcanes des cabinets ministériels et du Trésor pour un nouveau monde: celui de la banque d’affaires. Nommé président de Paribas en 1982, sur proposition du ministre de l’Economie de l’époque, Jacques Delors, il garde cette fonction quatre ans. En 1986, avec le retour de la droite au gouvernement et la privatisation de Paribas, M. Haberer est “remercié”.En 1988, le retour des socialistes aux affaires sera aussi celui de Jean-Yves Haberer, nommé président du Crédit Lyonnais par le nouveau ministre de l’Economie Pierre Bérégovoy.- “Crazy Lyonnais” -Jean-Yves Haberer lance alors le Crédit Lyonnais dans une politique de forte expansion. Son objectif: réaliser une banque à “l’allemande”, sur le modèle de la Deutsche Bank, en multipliant les prises de participation au capital des entreprises clientes pour faciliter leur développement.Entre 1988 et 1993, le Crédit Lyonnais multiplie ses participations par cinq. Dans le secteur public, il entre notamment au capital de Framatome, Usinor-Sacilor, Rhône-Poulenc, l’Aérospatiale. Certains dénoncent alors “le bras financier de Bercy”, “la banque à qui le pouvoir dit de dire oui” (allusion au slogan publicitaire de la banque à l’époque: “le pouvoir de dire oui”).Dans le privé, il soutient Bolloré, Lyonnaise de Eaux-Dumez, Bouygues, le Club Méditerranée, Hachette, Thomson-CSF-Finance, Pinault etc. Mais la situation économique se dégrade et des opérations en France comme à l’étranger creusent les comptes de la banque: Pelège, Adidas, Maxwell, Olympia and York, Fiorini etc.Surnommée par les Américains “Crazy Lyonnais”, la banque se retrouve empêtrée dans le marasme immobilier –elle est beaucoup plus engagée que les autres sur ce secteur– tout en devant faire face aux conséquences des erreurs de sa filiale néerlandaise, devenue propriétaire de la Metro Goldwyn Mayer (MGM).En 1993, le Crédit lyonnais est l’une des trois grandes banques françaises mais est en quasi-faillite. M. Haberer cède son poste et part au Crédit national, qu’il doit quitter cinq mois plus tard, sa réputation ternie par les déboires du Crédit Lyonnais.Après deux plans de sauvetage, la création d’une structure de défaisance (baptisée CDR, qui regroupe les actifs en difficulté), des ennuis judiciaires aux Etats-Unis ou avec Bernard Tapie, des recapitalisations, le Lyonnais est privatisé en 1999 puis vendu au Crédit agricole en 2003.En 2005, le Crédit Lyonnais, devenu un simple réseau de détail, change son nom en LCL. Au final, ses déboires auront coûté plus de 8 milliards d’euros, à la charge du contribuable.Après son départ, Jean-Yves Haberer avait reconnu des “erreurs”, tout en se qualifiant de “bouc émissaire”, soumis à des “persécutions politiques et médiatiques”.fmp/jbo/rhl

Avenir industriel de Fos: ouverture d’un débat public global, une première en France

Comment concilier développement économique, décarbonation et préservation du cadre de vie ? La Commission nationale du débat public (CNDP) donne mercredi le coup d’envoi de trois mois de discussions sur l’avenir de la région de Fos-Berre, deuxième zone industrielle la plus polluante de France située à 50 km de Marseille.Réunions publiques, débats mobiles, ateliers, ciné-débats, webinaires: inauguré mercredi soir à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), épicentre de la zone industrialo-portuaire choisie par l’Etat pour devenir, avec Dunkerque (Nord), une des premières “zones industrielles bas carbone” de France, ce débat global inédit se poursuivra jusqu’au 13 juillet.Pas moins de 17 rencontres sont déjà prévues dans 13 villes des Bouches-du-Rhône, du Gard et des Alpes-de-Haute-Provence. Selon la CNDP, une quarantaine de projets industriels (hydrogène, acier, chimie…) ou d’infrastructures (électricité, transport, logistique…) devraient contribuer à la transition de ce territoire, situé notamment sur les emprises du Grand Port de Marseille et qui produit un quart des émissions industrielles de CO2 en France.Au total, près de 20 milliards d’euros d’investissements potentiels sont attendus, avec à la clé la promesse de 10.000 emplois directs.”C’est inédit, c’est la première fois qu’est organisé en France un débat d’une telle ampleur, géographique mais aussi thématique”, a souligné le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc.Les échanges seront organisés autour d’ateliers “filières” (industrie verte, acier, projets portuaires, aéronautiques, logistiques…) et de rencontres territoriales ou thématiques allant de la “transition industrielle et décarbonation” aux “risques naturels et technologiques”, en passant par le “financement et la gouvernance”, l'”énergie et l’électricité”, la “mobilité et les transports”…”Il s’agit du premier débat public global qui porte sur plusieurs projets d’aménagement ou d’équipement sur un même territoire délimité et homogène”, a confirmé le président de la CNDP, Marc Papinutti, lors d’une conférence de presse à la veille du lancement.- “Pas un référendum “-“La solution de facilité aurait été de découper le grand projet Fos-Berre en autant de segments, et d’obtenir à chaque fois de petites victoires démocratiques”, a relevé M. Leclerc, également préfet de région. Mais, “à aucun moment, la population n’aurait eu une vision d’ensemble, ce qui aurait sans doute engendré un sentiment de frustration”, a-t-il noté.Parmi les principaux enjeux figurent la sécurisation de l’approvisionnement électrique, qui devrait passer par la construction d’une ligne à très haute tension (THT), mais aussi la préservation d’espaces naturels particulièrement riches en biodiversité.”On ne peut plus penser compétitivité des territoires sans acceptabilité de la part de ceux qui y travaillent et y vivent”, a affirmé le préfet.Des réunions publiques sont ainsi prévues à Beaucaire (Gard) et Arles (Bouches-du-Rhône), où l’opposition à une ligne THT aérienne de 65 km, traversant une partie de la Camargue, reste très vive malgré la présentation d’un tracé “de moindre impact”.Une contre-expertise indépendante relative à l’enfouissement total ou partiel de cette ligne sera prochainement publiée, tout comme les études d’impact environnemental réalisées notamment sur la plaine de Crau, qui abrite la dernière steppe protégée d’Europe, ou l’Etang de Berre, entouré de quatre sites Natura 2000.”Toutes les études alternatives seront publiées et prises en compte”, a assuré la présidente du Débat public Fos-Berre Provence, Audrey Richard-Ferroudji, en soulignant “l’importance de refléter, en toute indépendance, neutralité et transparence, l’ensemble des positions et argumentations exprimées par chacun lors des débats”.Mais “il ne s’agit pas d’un référendum”, a-t-elle insisté. “Les propositions alternatives seront discutées. Suite à cela, les décideurs, l’Etat et RTE (gestionnaire du réseau électrique), se positionneront.” La CNDP devra publier avant le 13 septembre son compte-rendu du débat. Les porteurs de projets auront trois mois pour y répondre.

Face aux menaces grandissantes, la Grèce lance la refonte la “plus importante” de son armée

La Grèce, membre de l’Otan, lance la refonte de son armée “la plus importante” de son histoire moderne à laquelle elle va consacrer quelque 25 milliards d’euros, a annoncé mercredi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, dans un contexte de défis grandissants pour la sécurité de l’Europe.Devant le Parlement, le chef du gouvernement conservateur a insisté sur l'”environnement international incertain” dans lequel baigne ce pays méditerranéen voisin de la Turquie et qui est l’un des pays de l’Otan qui consacrent plus de 3% de son PIB aux dépenses de défense.Cette vaste refonte est “la transformation la plus importante des Forces armées dans l’histoire moderne du pays”, a-t-il assuré.”De l’Arctique à la mer Égée, les équilibres se modifient”, a insisté M. Mitsotakis devant les députés. “Cela implique de nouveaux défis pour l’ensemble du continent européen (…) mais aussi pour des pays comme le nôtre”, a-t-il ajouté, évoquant un pays “petit peut-être en superficie” mais selon lui “grand en importance et en dynamisme” en raison surtout de sa position géographique stratégique en Méditerranée orientale, aux frontières extérieures de l’Union européenne.Il a souligné la nécessité pour la Grèce de “rester forte, stable et indépendante dans un monde qui change à un rythme imprévisible”.Le Premier ministre conservateur n’a pas détaillé le calendrier de cette réforme mais selon des sources ministérielles, ces 25 milliards d’euros d’investissements doivent s’étaler d’ici 2036.La France, l’Allemagne et la Pologne ont récemment annoncé vouloir renforcer leurs armées au moment où la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que l’Union européenne devait augmenter significativement ses dépenses d’armement dans un contexte géopolitique tendu.Outre l’acquisition de 20 avions de combat F-35, pour lesquels un accord a déjà été signé, Athènes veut renforcer son dôme antiaérien actuel avec des armes nouvelles, des drones navals et aériens, ou des radars.- “Bouclier d’Achille” -Ce “Bouclier d’Achille”, comme l’a présenté M. Mitsotakis, doit renforcer la défense antimissile et antiaérienne ainsi que des systèmes antidrones.Athènes a déjà doublé son budget de la défense pour 2025 par rapport à 2024, à 6,13 milliards d’euros.La Grèce, qui entretient des relations acrimonieuses avec son partenaire au sein de l’Otan, la Turquie, est l’un des quatre pays de l’Alliance qui consacrent plus de 3% de son PIB aux dépenses de défense, derrière la Pologne, l’Estonie et la Lettonie.Située aux frontières extérieures de l’Union européenne, elle cherche ces dernières années à renforcer sa position géopolitique en Méditerranée orientale, proche des zones conflictuelles du Moyen-Orient.”Historiquement, la Grèce a servi et continuera de servir d’avant-poste pour l’Europe, qui actuellement cherche à réorganiser sa défense dans une conjoncture internationale difficile”, explique à l’AFP Maria Gavouneli, professeure de droit international à l’université d’Athènes.Athènes a toujours justifié sa course aux armements par ses différends historiques avec Ankara, en particulier la délimitation de la zone exclusive économique (ZEE) en mer Egée qui sépare les deux voisins.- Réorganisation “nécessaire” -La réorganisation de l’armée s’avère “nécessaire”, analyse également Maria Gavouneli, en raison des retards accumulés dans la modernisation de ses armements et munitions “durant la crise économique de la dernière décennie et le gel des dépenses publiques”. En novembre dernier, le ministre de la Défense Nikos Dendias avait évoqué la prochaine acquisition de quatre systèmes de drones différents et le fusionnement des unités de l’armée.Le pays a signé ces dernières années des accords en matière de défense avec la France, les Etats-Unis et Israël.Après une crise des relations greco-turques en 2021, la Grèce avait signé avec la France un accord de coopération militaire en commandant 24 appareils Rafale et trois frégates de défense et d’intervention (FDI), baptisées Belharra à l’export, pour un montant total de plus de 5,5 milliards d’euros.Une quatrième frégate sera construite dans les chantiers navals de Grèce, une valeur ajoutée pour le renforcement de l’industrie de défense du pays.

Trump prêt à lancer la mère de toutes les batailles commerciales

Donald Trump doit lancer mercredi la mère de toutes les batailles commerciales, celle qu’il ne cesse de promettre depuis sa campagne, avec de nouveaux droits de douanes censés inaugurer un “âge d’or” de l’Amérique mais qui pourraient faire chavirer l’économie mondiale.L’imprévisible président américain était encore occupé mardi, selon sa porte-parole, à “peaufiner” son projet, dont la teneur autant que l’ampleur restent mystérieuses.”Demain, c’en sera fini de dépouiller l’Amérique”, a déclaré Karoline Leavitt, indiquant que les nouvelles taxes entreraient en vigueur “immédiatement”.Elles doivent être exposées mercredi, “jour de la libération”, selon Donald Trump, à 16H00 heure locale (20H00 GMT) à la Maison Blanche. Donc juste après la fermeture de la Bourse de New York, qui a déjà commencé à tanguer comme d’autres places à travers le monde.Mercredi matin, les marchés retenaient leur souffle avant les annonces du président américain. A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en petite hausse de 0,28%. La Bourse de Séoul a, elle, lâché 0,62%.Même ambivalence sur les places chinoises: vers 07H15 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng reculait de 0,02%, l’indice composite de Shanghai grignotait quelque 0,05% et celui de Shenzhen 0,09%.De leur côté, les marchés européens étaient en repli dans les premiers échanges. La Bourse de Paris perdait 0,63%, Francfort 0,74%, Londres 0,23% et Milan 0,62%.L’exécutif américain n’a pas commenté les diverses options circulant dans la presse à moins de 24 heures de l’annonce.Les Etats-Unis imposeront-ils une taxe unique de 20% sur toutes les importations? Des droits de douanes taillés sur mesure selon les pays d’où proviennent les marchandises? Ou opteront-ils pour un prélèvement plus modéré concentré sur un groupe restreint d’Etats, hypothèse révélée par le Wall Street Journal?L’impact sur l’économie mondiale pourrait être phénoménal. En 2024, les importations des Etats-Unis ont atteint quelque 3.300 milliards de dollars, un montant supérieur au Produit intérieur brut annuel de la France.- “Très gentil” -Le républicain de 78 ans a semé le doute en assurant lundi qu’il serait “très gentil” avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis.Lesquels tentent de se préparer en mêlant discours de fermeté, ouverture au dialogue et gestes d’apaisement.Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a dit que son pays serait “très réfléchi” quand il s’agira de répliquer aux “mesures injustifiées du gouvernement américain”.”Nous ne voulons pas nécessairement prendre des mesures de représailles”, mais “nous disposons d’un plan solide pour le faire si nécessaire”, a de son côté prévenu la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen.Certains espèrent un traitement indulgent, comme le Vietnam qui a annoncé réduire ses droits de douane sur une série de biens.Londres travaille aussi “d’arrache-pied” pour arriver à un traité commercial bilatéral avec Washington, permettant d’éviter un matraquage douanier, “mais il est probable qu’il y aura des droits de douane”, a dit le Premier ministre britannique Keir Starmer.D’autres grands exportateurs tentent de forger des alliances afin de peser face à Washington. Pékin, Tokyo et Séoul veulent par exemple “accélérer” leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange. – Baguette magique -Politiquement, le président américain ne peut se permettre une reculade complète. Il a vendu les droits de douane – en anglais “tariffs”, “le plus beau mot du dictionnaire” selon lui – comme une baguette magique capable de réindustrialiser l’Amérique, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Donald Trump, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, a jusqu’ici globalement balayé les risques d’inflation et de déroute boursière.Les analystes de Goldman Sachs ont exposé, dans une note, les dangers économiques liés à une avalanche de droits de douane, qui aurait le même impact négatif qu’une hausse d’impôts sur la consommation et le pouvoir d’achat.Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a déjà augmenté les droits de douane sur les produits venant de Chine, sur une partie des marchandises en provenance des voisins mexicain et canadien, de même que sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis.Dès mardi, le gouvernement mexicain a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, invoquant les incertitudes liées aux “tensions commerciales” avec son principal partenaire économique. Le PIB mexicain est attendu dans une fourchette de 1,5% à 2,3%, contre 2% à 3% précédemment.Jeudi, à 04H01 GMT, Washington prévoit également d’imposer 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger, ainsi que les pièces détachées.

Royaume-Uni: l’autorisation de voyage électronique s’impose aux visiteurs européens

Pour la première fois mercredi, les touristes européens qui entrent au Royaume-Uni doivent être munis de leur autorisation de voyage électronique (ETA), un document numérique payant obtenu au préalable, censé renforcer la sécurité aux frontières britanniques.Après avoir imposé en janvier ce système aux ressortissants d’une cinquantaine de pays et territoires, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, c’est au tour des voyageurs d’une trentaine de pays européens de devoir se munir de ce sésame pour le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE il y a cinq ans avec le Brexit.Tous devront remplir avant leur voyage un questionnaire en ligne, avant de s’acquitter d’une somme de 10 livres (12 euros). Celle-ci sera portée à 16 livres, soit environ 19 euros, à partir du 9 avril.Désormais, toute personne qui se rendra au Royaume-Uni devra soit être munie d’un visa, soit d’une ETA, exigée dans leur gare ou aéroport de départ.”Si vous n’êtes pas un ressortissant d’un pays soumis à un visa, un citoyen britannique ou irlandais, alors nous voulons récolter vos informations avant le départ pour vérifier que vous êtes autorisé à voyager au Royaume-Uni”, a expliqué mardi Phil Douglas, directeur général de la police britannique aux frontières.Cette démarche est “incroyablement facile” à réaliser, et permettra d’accélérer les contrôles des voyageurs à l’arrivée sur le sol britannique via des portiques automatisés, a-t-il assuré.A l’exception de l’Irlande, tous les ressortissants des pays de l’Union européenne (UE), mineurs ou majeurs, sont concernés, sauf ceux munis d’un visa (travail, études…). Leur ETA sera valable deux ans.Pour l’obtenir, ils doivent télécharger une application dédiée, “UK ETA” ou, à défaut, se rendre sur le site du gouvernement britannique, gov.uk.Cette démarche est similaire à celle de l’ESTA américain, dont le prix est équivalent.- “Période transitoire” -Il y aura, selon Phil Douglas, une “période transitoire” avec une forme de tolérance, qui devrait durer jusqu’en “septembre ou en octobre”. Mais “après cela, une personne n’aura plus le droit de monter dans l’avion ou le train pour venir au Royaume-Uni” sans son autorisation électronique.Le gouvernement britannique justifie cette mesure par la nécessité de “sécuriser les frontières”, en “numérisant le système d’immigration”.L’ETA a été lancé en 2023, d’abord pour les citoyens du Qatar, puis dans les autres pays du Golfe.Les ressortissants de pays notamment asiatiques ou africains comme l’Inde, l’Afghanistan, le Cameroun ou l’Egypte, restent eux soumis au traditionnel système de visa.Le gouvernement recommande de demander son ETA au moins trois jours ouvrés avant son voyage, des vérifications supplémentaires étant requises dans certains rares cas.Pour cela, le voyageur doit fournir une photo de son passeport, de son visage, et répondre à une série de questions. La démarche prend moins de dix minutes et l’autorisation de voyage, liée numériquement au passeport, est généralement accordée en quelques instants, selon le ministère britannique de l’Intérieur.Cette autorisation permet de séjourner au Royaume-Uni pendant six mois maximum. Elle autorise un nombre de voyages illimités pendant deux ans, mais la demande doit être renouvelée s’il y a changement de passeport.La plupart des personnes en transit au Royaume-Uni devront également s’en acquitter, sauf celles qui passeront par certains aéroports comme Heathrow ou celui de Manchester, où ils n’ont pas besoin de passer les contrôles aux frontières britanniques à l’atterrissage.L’UE prévoit de mettre en place le même type de système, avec ETIAS (European Travel Information and Authorisation System), une autorisation pour voyager dans 30 pays européens, dont l’entrée en vigueur devrait intervenir en 2026.

La Bourse de Paris flanche avant l’annonce de nouveaux droits de douane de Trump

La Bourse de Paris perd du terrain mercredi, se montrant fébrile avant les très attendues annonces douanières du président américain Donald Trump contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis.Vers 10H00, l’indice vedette de la place de Paris, le CAC 40, perdait 51,44 points, soit 0,65%, à 7.824,92 points. Mardi, il avait terminé en nette hausse de 1,10%, s’octroyant une respiration avant le couperet des nouveaux droits de douane.Le président Trump doit lancer la mère de toutes les batailles commerciales, qu’il ne cesse de promettre depuis sa campagne électorale, avec de nouveaux droits de douane censés inaugurer un “âge d’or” américain.Les annonces sont attendues à 16H00 heure locale à la Maison-Blanche (22H00 à Paris), après la fermeture de Wall Street.M. Trump était encore occupé mardi, selon sa porte-parole, à “peaufiner” son projet, dont la teneur autant que l’ampleur restent mystérieuses.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, la nouvelle salve douanière pourrait en effet “donner une nouvelle direction aux marchés mondiaux, mais il serait naïf de penser que cette journée marquera la fin des manÅ“uvres douanières” de M. Trump.”Il est plus probable que cela marque le début d’une nouvelle phase d’incertitude et de turbulences”, avec “la menace constante d’escalade, de retournements et de représailles”, estime-t-elle.Il est “certain que le niveau d’incertitude appelle toujours à une certaine prudence dans l’exposition aux marchés, notamment aux actifs risqués” comme les actions, notent les économistes de LBP AM.Crédit Agricole fait cap sur Banco BPMLa Banque centrale européenne (BCE) a autorisé le Crédit Agricole (-0,97% à 16,85 euros vers 10H00) à franchir le seuil de 10% du capital de la banque italienne Banco BPM, lui permettant ainsi de grimper jusqu’à 19,9% du capital, a indiqué mardi l’établissement français.Cette annonce intervient alors que UniCredit, numéro deux des banques italiennes, a précisé mardi le calendrier de son offre sur Banco BPM: UniCredit a indiqué qu’elle lancerait son offre le 28 avril. Banco BPM considère cette offre de reprise comme hostile.

Les jeunes, angle mort de la lutte contre le gaspillage alimentaire en France

Entre des portions pas adaptées pour une vie en solitaire, un mode de vie qui rend difficile l’organisation des repas et parfois une précarité poussant à consommer des produits qui se conservent moins bien, les jeunes sont ceux qui gaspillent le plus de nourriture en France. Lors d’Etats généraux sur le gaspillage alimentaire organisés à l’Assemblée nationale mi-mars, l’ingénieure agronome spécialisée dans la consommation Pascale Hebel en fait le constat: 46% des 18-24 ans ont déjà jeté au moins une fois dans le mois un yaourt contre 28% des 45-54 ans et 8% des 65 ans et plus. Idem pour les biscuits: 35% des 18-24 ans contre 15% des 45-54 ans et 7% des 65 ans et plus, selon un panorama des tendances de consommation d’octobre 2024 réalisé par le cabinet qu’elle dirige, C-Ways.Une étude de l’application Too Good To Go publiée en mai 2024 affirmait pourtant que 8 étudiants sur 10 identifiaient l’anti-gaspi comme une solution pour l’environnement. Alors pourquoi les jeunes gaspillent ? Ce gâchis n’est bien souvent pas intentionnel. Parmi les raisons avancées: le petit budget de cette tranche d’âge, qu’ils soient étudiants ou jeunes actifs aux salaires de débutants. Selon une étude menée par C-Ways pour l’Observatoire des vulnérabilités alimentaires 2024 de la Fondation Nestlé, “58% des 18-24 ans sont en insécurité alimentaire”. Or, paradoxalement, “quand on est en difficulté, on jette plus”, relève Pascale Hebel.Il est parfois difficile de cuisiner faute d’équipement, explique-t-elle en soulignant que 20% des personnes en insécurité alimentaire n’ont par exemple pas de réfrigérateur. Pour Emmeline Vriest, co-fondatrice de l’association Aux Goûts du Jour, qui accompagne différents publics dans l’amélioration de leurs comportements alimentaires, les jeunes en situation de précarité peuvent se tourner vers “des aliments à bas prix et donc qui se conservent souvent moins bien”.A cela, s’ajoute un problème dans “les conditionnements des aliments qui ne sont pas forcément adaptés à la vie seule”, tels que le pain, premier produit alimentaire gaspillé, souligne-t-elle.Les derniers chiffres de l’Insee indiquent qu’en 2021, 22% des 20-24 ans vivent seuls dans leur logement. Et les colocataires ne partagent pas forcément leur repas.- Education -Une mauvaise organisation peut aussi jouer, avance une étude OpinionWay-Smartway (une start-up qui aide les distributeurs à éviter de jeter des invendus) sur les Français et le gaspillage alimentaire (réalisée en ligne en juin 2023 sur un échantillon de 1.008 personnes). Selon ce sondage, 42% des 18-24 ans déclarent jeter un produit en raison d’une date de péremption dépassée, contre 20% des 65 ans et plus, et 17% des plus jeunes jettent de la nourriture après avoir cuisiné en trop grande quantité, contre 8% des 65 ans et plus.Des jeunes témoignent de ces difficultés, à l’image d’Antsa qui s’est confiée à l’AFP dans la queue d’une distribution alimentaire organisée tous les jeudis dans le 20e arrondissement de Paris par l’association Linkee, qui récupère des denrées invendues auprès de magasins ou professionnels de l’événementiel et les distribue à des étudiants.Antsa doit jongler entre son travail d’équipière dans un McDo et ses études. “Je prends le temps de cuisiner mais il m’arrive souvent de devoir manger au travail. Alors ce que j’ai préparé reste à la maison et pourrit”, regrette l’étudiante en sciences politiques de 19 ans.Pour Emmeline Vriest, il est nécessaire que les politiques publiques s’adaptent à une jeunesse aux modes de vie et de consommation hétérogènes, qui ne se réduisent pas seulement aux fast-food et aux plats préparés. “On est face à une génération dont les plus précaires vont être tributaires des aides alimentaires et les plus aisés vont plus facilement consommer en restauration rapide livrée à domicile”, souligne l’ingénieure agroalimentaire. L’éducation alimentaire est à ses yeux un levier d’action essentiel qui ne doit pas se limiter à l’école. Elle est aussi “importante à l’âge adulte, surtout pour les jeunes qui sont dans un moment de transition, de première gestion d’un budget, après avoir quitté leur famille, leurs habitudes ne sont pas encore ancrées”, affirme-t-elle.

“Un marché assez chaotique”: les boutiques de CBD dans le brouillard

Offre supérieure à la demande, affrontements juridiques, concurrence des buralistes: confrontées à de nombreux défis, les boutiques spécialisées dans la vente de CBD s’interrogent sur leur avenir.”Le moment d’engouement est passé”, observe Antonin Blaise, gérant d’une boutique de CBD à Orléans. L’offre est maintenant supérieure au “potentiel de consommateurs”, explique celui qui a dû fermer une de ses enseignes à Vendôme, commune d’un peu plus de 15.000 habitants dans le Loir-et-Cher, ne faisant pas assez de bénéfices.”Les boutiques dans les petites villes souffrent beaucoup. La concurrence est très rude”, explique-t-il, “mais c’est la même chose dans les grandes villes”. A Orléans, cinq magasins de CBD ont ouvert dans le centre.Le cannabidiol (CBD), la molécule non psychotrope du cannabis, a connu un élan de popularité depuis quelques années, favorisé par une législation plus favorable et son développement dans les secteurs des compléments alimentaires et cosmétique. En 2022, 10% des Français adultes disaient avoir consommé du CBD, selon une étude de Santé Publique France.Aujourd’hui, après un boom, le nombre de boutiques de CBD s’établit autour de 2.000, selon plusieurs acteurs du secteur interrogés par l’AFP. – “Prix cassé” -Le nombre de consommateurs s’est stabilisé. Beaucoup d’anciens fumeurs de cannabis, qui utilisent le CBD comme produit de transition, finissent par s’en détourner.”Le CBD n’est pas addictif comme le tabac”, explique le vendeur d’une boutique dans le 14e arrondissement de Paris, qui a requis l’anonymat. Selon lui, le nombre de boutiques va donc devoir diminuer pour s’aligner sur la demande.La concurrence vient aussi des boutiques en ligne qui n’ont pas les mêmes coûts de fonctionnement.”C’est la course au prix cassé sur internet”, déplore Antonin Blaise, “avec des produits à 30 centimes le gramme alors que c’est minimum deux euros en boutique”. Les buralistes sont aussi de plus en plus nombreux à vendre des produits à base de CBD et sont déjà “bien implantés dans les villes et villages”, explique Mathieu Luquet, cofondateur de Weedzy, une marque française de CBD destinée aux bureaux de tabac, qui parle d'”un marché assez chaotique”.”C’est comme avec l’essor” de la cigarette électronique, souligne-t-il, “beaucoup de magasins se sont montés rapidement avant de fermer” au profit des buralistes également entrés sur le marché.Les gérants de “CBD shop” doivent aussi respecter un cadre réglementaire en constante évolution. En 2024, plusieurs molécules synthétiques et “hémisynthétiques” (naturelles mais retravaillées) ont été classées comme stupéfiants.Vendus dans des boutiques de CBD, ces produits se présentent sous la forme d’huile, d’herbe, de gummies (compléments alimentaires sous forme de bonbons gélifiés) ou de liquides pour cigarettes électroniques.L’Union des professionnels du CBD (UPCBD) avait saisi le Conseil d’État pour contester le classement de certaines molécules qui, selon eux, sont “présentes naturellement” dans le chanvre.Le président de l’UPCBD, Paul Maclean, déplore ce qu’il estime être “une épée de Damoclès au-dessus de la tête des professionnels”, inquiet que “certains vendeurs soient mal informés” sur les règles et la composition des produits qu’ils vendent.- Risque pénal -Le flou juridique concerne également les consommateurs.Dans un arrêt du 21 juin 2023, la Cour de cassation a statué que la conduite sous l’emprise du CBD, si des traces de THC sont trouvées lors d’un dépistage, constituait une infraction.”On perd des clients qui ont peur d’être positif lors d’un contrôle car les tests salivaires sont trop sensibles et pas adaptés à la composition du CBD”, s’inquiète Antonin Blaise.Autre incertitude: les denrées alimentaires produites à partir de fleurs de CBD qui, dans l’Union européenne, nécessitent une autorisation pour leur commercialisation.Mais, faute d’études scientifiques concluantes, l’autorité européenne chargée de l’évaluation du risque n’a pas publié d’avis sur le CBD.Résultat: les produits alimentaires fabriqués à partir de fleurs de CBD se retrouvent sur le marché français “de manière illégale”, selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. “Si la loi est appliquée, la plupart des produits alimentaires en boutique devront être retirés de la vente”, s’inquiète Jérôme Lecoq, secrétaire de l’association France Cannabis. “Beaucoup de boutiques ne pourront encaisser le coup et devront fermer”.

L’Australie confrontée à une “guerre du tabac”

L’augmentation en Australie des prix des cigarettes à des niveaux stratosphériques provoque une “guerre du tabac” et nourrit le marché noir, privant les pouvoirs publics de milliards de dollars de recettes fiscales, avertissent des experts.A 29 euros le paquet de 25 cigarettes, de nombreux fumeurs se tournent vers le marché de la contrebande, échappant à l’impôt indirect sur le tabac, a déploré récemment le ministre des Finances et trésorier australien Jim Chalmers.En mars, Canberra a ainsi raboté de quatre milliards d’euros sa prévision de recettes fiscales sur les ventes de tabac d’ici 2029.”C’est une crise fiscale, donc nous perdons des milliards et des milliards de dollars en droit d’accise (impôt indirect, ndlr) mais aussi, ce qui m’inquiète plus (…), c’est qu’elle est devenue un problème majeur de criminalité”, alerte James Martin, professeur de criminologie à l’université Deakin de Melbourne (sud-est).Depuis début 2023, plus de 220 incendies volontaires ont visé des revendeurs du marché noir ou des propriétaires de boutiques ayant refusé de vendre des produits illicites à base de tabac selon M. Martin, qui dénonce des actes d'”extorsion” et d'”intimidation”.L’Australie se targue d’être à la pointe de la lutte contre le tabagisme. En 2012, le pays avait été le premier au monde à imposer les paquets de cigarettes banalisés.- “Hémorragie” -Des criminels se disputant le contrôle du “lucratif” marché illégal du tabac sont à l’origine de “violences”, selon Heather Cook, directrice générale de la commission du Renseignement en matière criminelle.Et les forces de l’ordre ne peuvent résoudre le problème seules, affirme James Martin, car “si nous rendons plus difficile l’accès à la nicotine, les gens vont se tourner vers le marché noir”.D’après le criminologue, Canberra a fait deux erreurs: avoir accru le prix des cigarettes à un niveau tel qu’à un rythme d’un paquet par jour, la facture d’un fumeur grimpe à quelque 8.700 euros par an; mais aussi avoir restreint les ventes de vapoteuses uniquement en pharmacie.”Le gouvernement doit baisser la taxe indirecte sur le tabac pour cesser l’hémorragie vers le marché noir, et doit légaliser les produits de vapotage”, plaide M. Martin.L’enseignant mentionne la Nouvelle-Zélande voisine, seul pays ayant introduit un niveau de taxation similaire à l’Australie sur le tabac, mais qui a légalisé les cigarettes électroniques en 2020. “La Nouvelle-Zélande avait un taux de tabagisme supérieur au nôtre il y a tout juste quatre ans. Il est aujourd’hui considérablement plus bas que celui de l’Australie”, dit-il.- “Guerre” -Les cigarettes de contrebande arrivent en Australie depuis la Chine et le Moyen-Orient, et les vapoteuses essentiellement de Shenzhen, dans le sud de la Chine, selon le criminologue.Et ce marché prospère: la police australienne aux frontières a rapporté avoir saisi 1,8 milliard de cigarettes et plus de 436 tonnes de feuilles de tabac illicites entre juillet 2023 et juin 2024.Le tabagisme a nettement reculé ces dernières décennies dans le pays-continent, de 24% de fumeurs parmi les plus de 14 ans en 1991, à 8,3% en 2023, selon une enquête publique.Mais la consommation de nicotine par personne est, elle, “relativement stable” depuis 2016, d’après une enquête de l’Institut australien de la santé, qui s’est intéressé aux traces dans les eaux usées de cette molécule addictive présente dans les cigarettes, vapoteuses et substituts du tabac.D’après Edward Jegasothy, enseignant en santé publique à l’université de Sydney (est), que les prix soient stables ou nettement en hausse les proportions de fumeurs en Australie ont baissé au même rythme.Le marché noir nuit aux politiques publiques car il offre des alternatives moins chères, explique l’expert à l’AFP, défendant une baisse des taxes sur le tabac et un renforcement des contrôles de police.M. Jegasothy rappelle aussi que la politique fiscale sur le tabac pèse avant tout sur les catégories socio-économiques les plus en difficulté, les plus exposés au tabagisme et qui consacrent une part plus importante de leurs revenus aux cigarettes.”Il y a peu de preuves suggérant que notre guerre de facto contre la nicotine constitue une stratégie optimale pour réduire les méfaits liés à la nicotine”, ont avertit récemment dans un article scientifique MM. Jegasothy et Martin.