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Droits de douane: le dollar accélère ses pertes, perd plus de 2,6% face à l’euro

Le dollar a accéléré sa chute jeudi, perdant plus de 2,6% face à l’euro, au lendemain de la déclaration de guerre commerciale lancée par Donald Trump, qui fait craindre pour l’économie américaine — un tel mouvement de la monnaie unique n’avait plus été vu depuis 2015, selon l’agence Bloomberg.Vers 10H25 GMT (12H25 à Paris), le billet vert dévissait de 2,08% face à l’euro, à 1,1085 dollar, après être tombé à 1,1144 dollar, un plus bas depuis septembre 2024. La devise américaine chutait également de 1,38% contre la livre, à 1,3189 dollar.

Droits de douane: Berlin appelle l’UE à montrer “ses muscles” à Washington, et à dialoguer

Le chancelier allemand Olaf Scholz et son ministre de l’Economie se sont montrés alarmistes jeudi sur les conséquences de la hausse des droits de douane décidée par Donald Trump, appelant l’Europe à montrer “ses muscles”, sans écarter l’option de taxer la tech américaine.Cette avalanche de droits de douane contre les partenaires commerciaux américains “constituent une attaque contre un ordre commercial qui a créé de la prospérité partout dans le monde”, a jugé le chancelier Olaf Scholz à la presse.Les Etats-Unis sont le premier débouché des exportations allemandes, un marché clé pour ses ventes de voitures, de machines ou de médicaments.Comme la Commission Européenne, Berlin se tient “à la disposition du gouvernement américain pour discuter et éviter une guerre commerciale”, a-t-il ajouté, et “nous devons montrer que nous avons des muscles solides”.Le vice-chancelier Robert Habeck a lui aussi appelé l’Europe à “augmenter énormément la pression” sur Washington et à ne pas jouer les “dégonflés”.Car il craint que les droits de douane “entraîne des pays dans la récession et cause des dommages considérables dans le monde entier”, aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie, région fortement frappée par ces surtaxes qui vont entraîner “la destruction des moyens de subsistance”.En conférence de presse, le ministre de l’Economie et du Climat n’a pas écarté l’idée française d’une taxe européenne sur les géants américains de la tech.”Tout est sur la table”, a assuré le ministre à ce sujet, tout en appelant l’Europe à ne pas riposter comme une “tête brulée”.Il faudrait “faire attention à ne pas rendre plus cher les produits dont on a besoin soi-même et que l’on ne peut pas compenser par d’autres pays”, a-t-il souligné.Ces nouveaux droits de douane menacent d’affaiblir un peu plus la première puissance européenne, très dépendante de son modèle exportateur et essorée par deux années successives de récession.Les industriels allemands ont soutenu eux aussi la stratégie de la Commission européenne et réclamé une réaction “coordonnée” en cas d’échec des négociations, alors que les Etats-Unis sont la première destination des exportations allemandes.”Les raisons invoquées pour justifier cette escalade protectionniste sont incompréhensibles”, a déclaré jeudi la Fédération allemande de l’industrie (BDI) dans un communiqué. Les droits de douane “menacent nos entreprises exportatrices et mettent en péril la prospérité, la stabilité, l’emploi, l’innovation et les investissements dans le monde entier”, a-t-elle ajouté.

Les partenaires de Trump appellent au dialogue après une offensive commerciale massive

Les principaux partenaires des Etats-Unis appellent jeudi au dialogue, au lendemain de l’offensive commerciale massive lancée par Donald Trump qui fait reculer les marchés mondiaux et craindre des conséquences lourdes pour l’économie mondiale.Pékin a dit jeudi “maintenir la communication” avec Washington sur le commerce et l’économie, tout en exhortant Washington à “annuler immédiatement” ses taxes douanières punitives et en promettant de riposter.La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assure qu’il n’est “pas trop tard” pour négocier mais aussi que l’UE est “prête à réagir”. Berlin pour sa part soutient l’Union européenne dans sa recherche d’une “solution négociée” avec Washington.Après avoir ouvert en forte baisse en réaction aux annonces tonitruantes de Donald Trump qui a présenté mercredi sa “déclaration d’indépendance économique”, les Bourses européennes reculaient un peu plus modérément dans la matinée: Francfort perdait 1,60%, Paris 2,00% et Londres 1,29%. Le dollar plonge face aux principales autres monnaies, cédant 2,6% face à l’euro, et l’or a atteint un nouveau sommet.”Il ne s’agit pas de mouvements de panique traditionnels, ce qui suggère que l’on s’attend toujours à ce que des accords puissent être conclus”, affirme dans une note Kathleen Brooks, analyste pour la société financière XTB.Plus tôt, Tokyo a perdu près de 3% en clôture, mais les indices chinois ont affiché des pertes plus modestes.- “Pillé, saccagé, violé” -“Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a asséné Donald Trump mercredi, avant d’exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé de 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations s’ajouteront à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place.Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.Malgré les appels au dialogue, la plupart des Etats critiquent vertement Trump.L’allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral, a jugé le Japon, l’Australie a dénoncé un “geste qui n’est pas celui d’un ami”, et le Bangladesh, deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde, le “coup de massue” à son industrie.La France, qui prévoit de réunir jeudi les représentants ses filières les plus touchées, déplore une “immense difficulté” pour l’Europe, et se dit prête à “attaquer les services numériques” américains dans le cadre d’une réponse continentale.- “Déclaration de guerre” -Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), il s’agit d’une “déclaration de guerre à l’économie mondiale”, d’autant plus que la fixation des niveaux de taxes pose question sur la méthode employée.Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites “non tarifaires”, par exemple des normes sanitaires ou environnementales.La Maison Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées: lingots d’or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américain.Pas trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ils relèvent d’un autre régime.Mais ils vont encaisser comme le reste du monde les 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui sont entrées en vigueur jeudi matin.Les nouveaux droits de douane “ne feront que des perdants”, a d’ailleurs critiqué l’industrie automobile allemande.- “Garder la tête froide” -Donald Trump a par ailleurs déclenché des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, ce qui entraînera “des contre-mesures”, a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney.Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement épargné, avec un taux plancher de 10%, mais ces sanctions américaines auront “un impact” sur l’économie britannique, a reconnu jeudi le Premier ministre Keir Starmer.Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a assuré que l’offensive protectionniste allait “coûter plus de 6.000 dollars par an à un ménage américain moyen”, sous forme de hausse du prix des produits importés.

Italie: les producteurs de parmesan jugent les droits de douane américains “absurdes”

Les producteurs du célèbre fromage italien Parmigiano Reggiano ont qualifié jeudi les droits de douane américains d'”absurdes”, estimant que leur produit n’était pas en concurrence avec les parmesans américains.L’annonce par le président Donald Trump de droits de douane de 20% sur tous les produits de l’UE signifie que ceux imposés sur le parmesan italien passeront de 15 à 35%, a indiqué Nicola Bertinelli, chef du regroupement des producteurs, Consorzio Parmigiano Reggiano.”Imposer des droits sur un produit comme le nôtre ne fait qu’augmenter le prix pour les consommateurs américains, sans vraiment protéger les producteurs locaux. C’est un choix qui nuit à tout le monde”, a-t-il dit, cité dans un communiqué.Les Etats-Unis représentent le principal débouché avec 22,5% du total des exportations de parmesan. Mais le parmesan italien représente seulement 7% des parts de marché de ce type de fromage aux Etats-Unis, selon M. Bertinelli.Une hausse des prix du parmesan ne se traduira pas nécessairement par une baisse des ventes car le Parmigiano Reggiano est un produit premium pour lequel les consommateurs sont déjà disposés à payer plus du double du prix des parmesans locaux, a-t-il ajouté.”Nous ne sommes en aucun cas en concurrence avec les fromages locaux: ce sont des produits différents qui ont un positionnement, des normes de production, une qualité et des coûts différents: il est donc absurde de frapper un produit de niche comme le Parmigiano Reggiano pour protéger l’économie américaine”, a ajouté M. Bertinelli.En 2019, pendant le premier mandat de Trump, des droits de douane supplémentaires de 25% ont fait grimper les prix du Parmigiano Reggiano, mais ces droits ont été suspendus en 2021 et “n’ont pas créé de problèmes pour nous en termes de ventes”, a précisé M. Bertinelli.

Macron réunit jeudi les “représentants des filières impactées” par les droits de douane de Trump

Emmanuel Macron réunit à l’Elysée jeudi, à 16H00, “les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires annoncées par les États-Unis”, a fait savoir la présidence de la République.Le président américain, Donald Trump, a signé mercredi un décret généralisant des droits de douane très lourds, de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux Etats-Unis et de 20% pour les produits arrivant de l’Union européenne.Selon la liste des invités obtenue par l’AFP, plusieurs représentants des secteurs les plus exportateurs seront représentés. Le Premier ministre, François Bayrou, et plusieurs ministres seront aussi présents.Pour l’aéronautique, qui représente un quart des exportations françaises vers les Etats-Unis, sera convié Guillaume Faury, le patron d’Airbus et président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).L’industrie et la chimie seront représentées par la patronne d’Eramet Christel Bories, Frédéric Sanchez de groupe Fives, Alexandre Saubot de l’organisation professionnelle France Industrie et le président de France Chimie Frédéric Gauchet.Pour l’agriculture et la viticulture, seront présents Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, Jean-François Loiseau, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) et Gabriel Picard de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).Le secteur automobile, qui sera touché par une surtaxe spécifique de 25% sur les voitures importées, sera représenté par Luc Chatel, président la Plateforme automobile (PFA).La pharmacie sera représentée par Emmanuelle Valentin de Sanofi France.Seront également conviés le directeur des Galeries Lafayette Nicolas Houzé, le secrétaire général du numéro un mondial du luxe LVMH Marc-Antoine Jamet et le délégué général de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA) Emmanuel Guichard.Les organisations patronales seront également représentées, avec Patrick Martin du Medef, Patricia Barbizet de l’Association française des entreprises privées (Afep), Amir Reza-Tofighi de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et Frédéric Coirier du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI).fff-od-max/jbo/tes

La Bourse de Paris recule après les annonces de droits de douane massifs aux Etats-Unis

La Bourse de Paris baisse fortement jeudi au lendemain de l’offensive commerciale de Donald Trump qui a décidé d’imposer des droits de douane massifs sur les produits importés aux Etats-Unis.L’indice vedette de la place boursière française, le CAC 40, cédait 1,94% vers 09H40, soit 152,18 points, pour s’établir à 7.706,33 points et voyait trois quarts des valeurs qui le compose évoluer en terrain négatif.”Les investisseurs sont ébranlés par les mesures plus agressives qu’anticipé prises par Donald Trump dans son effort de remodeler le paysage économique mondial”, commente Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.Dans un long discours mercredi soir, le locataire de la Maison Blanche a annoncé une salve de droits de douane. Les marchandises de l’Union européenne prendront 20% de taxes, les taux sont de 24% pour les importations japonaises et de 31% pour la Suisse.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place par Washington.Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 04H01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril.La baisse des marchés boursiers “reflète la perception que ces (droits de douane) sont négatifs pour la croissance mondiale et les profits des entreprises”, notent les analystes de Saxo Bank.”Non seulement les entreprises américaines verront leurs coûts augmenter en raison des taxes douanières – ce qui augmentera l’inflation aux États-Unis – mais leurs revenus seront probablement également affectés par des mesures de représailles”, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.A la cote parisienne, les valeurs du luxe, dominantes sur l’indice CAC 40, voyaient rouge. LVMH, leader mondial du secteur et première capitalisation boursière française, perdait 3,79% à 553,50 euros l’action, Hermès 3,34% à 2.343,00 euros et Kering 3,07% à 186,10 euros.Et alors qu’un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis sont liés à l’aéronautique, le secteur est en perte de vitesse sur la Bourse de Paris. Airbus cède 2,80% à 158,22 euros, Dassault Aviation 1,34% à 295,60 euros et Safran 3,15% à 236,70 euros.Les valeurs pharmaceutiques sont à l’inverse épargnées, la Maison Blanche ayant fait savoir dans la soirée mercredi que certaines catégories, dont les produits pharmaceutiques, n’étaient pas concernées par les nouveaux de droits de douanes annoncés mercredi.Sanofi grappillait 0,74% 101,14 euros, bioMerieux gagnait 1,62% à 119,00 euros, Eurofins 5,12% à 51,14 euros.

Droits de douane: l’UE envisage “d’attaquer” les services numériques américains

L’Union européenne, “prête à la guerre commerciale” avec les États-Unis, envisage dans sa riposte aux droits de douane annoncés par Donald Trump “d’attaquer les services numériques”, a indiqué jeudi la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas.”Nous sommes à peu près sûr qu’effectivement nous allons avoir des effets récessifs sur la production”, a-t-elle ajouté sur RTL, s’inquiétant notamment de l’impact “marqué” sur la filière vins et spiritueux.Le président américain Donald Trump a signé mercredi un décret généralisant des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20% pour les produits arrivant de l’UE.Après la décision américaine, l’UE prépare une riposte en deux temps: “une première riposte qui sera efficiente à peu près à la mi avril, qui va correspondre à sa première attaque sur l’aluminium et l’acier”.”Et puis il y a un deuxième jeu de riposte qui sera probablement prêt à la fin du mois d’avril sur l’ensemble des produits et des services”, a ajouté Sophie Primas.Pour l’instant, cette deuxième riposte est en “cours de négociation entre les pays membres de l’Union européenne”.”Mais on va attaquer aussi les services. C’est par exemple les services numériques qui aujourd’hui ne sont pas taxés et qui pourraient l’être, les Gafam par exemple”, a souligné la porte-parole. La riposte pourrait aussi concerner “l’accès à nos marchés publics”, a-t-elle indiqué.”Nous avons aujourd’hui toute une batterie d’outils et nous sommes prêts à cette guerre commerciale”, a-t-elle assuré. Donald Trump “se prend pour le maître du monde (…) C’est une posture impérialiste qu’on avait un peu oubliée, mais qui revient avec grande force et grande détermination”, a-t-elle dénoncé.Dans l’immédiat, Emmanuel Macron va réunir à l’Élysée jeudi après-midi les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires.”La première chose, c’est que nous fassions un bilan et prévisionnel de ce que seront les attaques et leurs effets sur l’ensemble des filières. Ensuite, nous regarderons comment nous pouvons soutenir nos industries de production”, a-t-elle dit.”On voit bien que tous les marchés d’exportation, notamment des vins et spiritueux, sont en train de se fermer. Il va falloir donc supporter notre production européenne”, a-t-elle jugé.De son côté, le Premier ministre François Bayrou a jugé que cette décision est une “immense difficulté” pour l’Europe et une “catastrophe” pour les Etats-Unis.A gauche, le socialiste Olivier Faure a également appelé l’UE à riposter.”Depuis le 20 janvier, Trump déroule. Parlons lui dans la seule langue qu’il connaisse, celle du rapport de force”, a-t-il réagi sur X. far/lum/jmt/eb

Bayer au tribunal face à un adolescent handicapé, exposé in utéro au glyphosate

Le groupe allemand Bayer comparaît jeudi devant un tribunal de l’Isère assigné par une famille dont le fils souffre de graves malformations qu’ils imputent à son exposition in utéro au glyphosate, le produit phare du géant de la chimie.”Ce combat me dépasse”, confie à l’AFP Théo, 17 ans, d’un mince filet de voix. L’adolescent n’a pas de cordes vocales et parle en faisant vibrer son Å“sophage.”Je représente tous les malformés” et en cas de victoire, “cela fera jurisprudence et permettra à d’autres victimes d’aller en justice beaucoup plus rapidement”, dit-il avant d’entrer dans le palais de justice de Vienne, où l’audience a débuté peu après 09H00.Empli d'”appréhension” mais aussi de “conviction”, il est venu avec toute sa famille, dans l’espoir que la justice, saisie au civil, reconnaisse le lien de causalité entre le glyphosate et son handicap. “Si on y parvient, ce sera une première”, souligne son avocat Me Bertrand Repolt. Il y a déjà eu des poursuites contre Bayer portées par des malades du cancer notamment, mais “c’est une procédure inédite (…) en matière de malformations congénitales”, explique-t-il.Concrètement, la famille réclame une expertise judiciaire dans le cadre d’une “recherche en responsabilité pour faute”, précise Me Repolt qui, “in fine”, compte réclamer des dommages et intérêts au groupe allemand.- 55 opérations -“Moi, j’attends que soient reconnus leurs comportements fautifs lorsqu’ils ont minoré la toxicité du glyphosate face aux agences réglementaires (…) ce qui a mené à son autorisation très large dans le monde entier”, ajoute la mère de Théo, Sabine Grataloup, 54 ans. En 2006, elle a utilisé du glyphosate pour désherber une carrière d’équitation, l’aspergeant “plusieurs fois par jour, sans protection particulière”. Elle ignore alors qu’elle est enceinte de “quelques semaines”, une période clé dans le développement fÅ“tal.Théo naît en mai 2007 “avec l’Å“sophage et la trachée qui ne se sont pas séparés correctement”. Depuis, il a subi 55 opérations chirurgicales qui lui permettent de manger normalement, mais il respire et parle toujours par un “trou dans la gorge”. En 2018, ses parents assignent la firme américaine Monsanto, tout juste rachetée par le groupe Bayer. C’est elle qui a fourni la molécule du glyphosate à la marque Glyper, l’herbicide utilisé par Mme Grataloup.”Monsanto fournissait le produit (…) qui a la même formulation que le Roundup”, fabriqué par l’Américain, explique-t-elle. Selon elle, le Glyper n’est “rien d’autre qu’un produit de revente du Roundup”. Et rien sur les bidons ne faisait mention du risque de malformations, dit-elle.- Milliards de dollars -Six ans plus tard, la justice va enfin les entendre. “C’est une étape décisive dans un processus qui a demandé des années de recherches, de formalisation et de procédures”, déclare Sabine Grataloup, qui espère approcher de “la fin du marathon”.Seul le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides a reconnu en 2022 le lien entre le glyphosate et les malformations de Théo, qui reçoit depuis depuis une indemnité mensuelle de 1.000 euros.Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde (800.000 tonnes en 2014), est classé en 2015 comme un “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.Depuis fin 2018, le produit est interdit en France pour un usage domestique. Son approbation en Europe a cependant été renouvelée en novembre 2023 pour 10 ans “sous réserve de certaines conditions et restrictions”.Depuis le rachat de Monsanto, Bayer a dû verser plus de 10 milliards de dollars en dommages et intérêts dans plus de 100.000 dossiers à cause du glyphosate, notamment aux Etats-Unis, accusé d’avoir causé des cancers, ce que le groupe nie.La procédure à Vienne rappelle “l’impérieuse nécessité de responsabiliser les entreprises face aux risques sanitaires qu’elles engendrent”, estime dans un communiqué Nadine Lauverjat de Générations Futures, une association qui lutte contre les effets des pesticides. Les avocats du groupe Bayer n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’audience.

Trump déclare la guerre commerciale et plonge l’économie mondiale dans l’inconnue

Les partenaires commerciaux des Etats-Unis menacent de riposter tout en privilégiant le dialogue jeudi, au lendemain de l’offensive commerciale massive lancée par Donald Trump qui faisait plonger les marchés mondiaux et craindre de lourdes conséquences sur l’économie mondiale.Après les annonces du président américain présentées comme une “déclaration d’indépendance économique”, la planète financière accuse le coup: en Asie, la Bourse de Tokyo a chuté de près de 3% en clôture pendant qu’en Europe Francfort perdait 2,45% à l’ouverture, Paris 2,15% et Londres 1,44%.”Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a asséné Donald Trump, avant d’exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place par.Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.La taxe généralisée de 10% entrera en vigueur le 5 avril à 04H01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril.- “Solution négociée” -Les réactions oscillent entre appels au dialogue et menaces de bras de fer, personne n’ayant pour le moment annoncé de riposte claire.Berlin a déclaré jeudi soutenir l’Union européenne dans sa recherche d’une “solution négociée” avec Washington, Paris a dit prévoir dans l’éventuelle riposte européenne en cours de négociation “d’attaquer les services numériques”, tout en planifiant de réunir jeudi les représentants ses filières les plus touchées. Tendant la main aux Américains, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré qu’il n’était “pas trop tard” pour négocier mais aussi que l’UE était “prête à réagir”.Si certains pays ont appelé à la retenue et au dialogue avec Washington pour éviter l’escalade, d’autres ont vertement critiqué la politique américaine.Pékin a exhorté Washington à “annuler immédiatement” ces droits de douane, tout en appelant au “dialogue” face au risque de “péril (pour) le développement économique mondial”, selon le ministère du Commerce.Le gouvernement japonais a estimé que l’allié américain pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral. L’Australie a dénoncé un “geste qui n’est pas celui d’un ami”.Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), il s’agit d’une “déclaration de guerre à l’économie mondiale”, d’autant plus que la fixation des niveaux de taxes pose question sur la méthode employée.Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites “non tarifaires”, par exemple des normes sanitaires ou environnementales.La Maison Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées: lingots d’or, produits pharmaceutiques, semi-conducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américainPas trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.Gare aux pays tentés par une surenchère: “Détendez-vous, encaissez le coup (…). Car si vous ripostez, il y aura une escalade”, a déjà averti le ministre des Finances Scott Bessent.Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la nouvelle liste. Signataires d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ils relèvent d’un autre régime.Mais ils vont encaisser comme le reste du monde les 25% de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui est entrée en vigueur jeudi matin.Les nouveaux droits de douane “ne feront que des perdants”, a d’ailleurs critiqué l’industrie automobile allemande.- “Garder la tête froide” -Donald Trump a par ailleurs déclenché des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, ce qui entraînera “des contre-mesures”, a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney.Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement épargné, avec un taux plancher de 10%, mais ces sanctions américaines auront “un impact” sur l’économie britannique, a reconnu jeudi le Premier ministre Keir Starmer.L’industrie chimique allemande, dont les Etats-Unis sont le premier marché d’exportation, a appelé l’UE à “garder la tête froide”.Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a assuré que l’offensive protectionniste allait “coûter plus de 6.000 dollars par an à un ménage américain moyen”, sous forme de hausse du prix des produits importés.

Droits de douane: l’UE tend la main à Trump mais se prépare au bras de fer

Soucieuse d’éviter une guerre commerciale aux “conséquences désastreuses”, l’Union européenne a temporisé jeudi et tendu la main aux Américains pour une issue négociée aux droits de douane de Donald Trump, tout en préparant sa riposte.Les nouvelles taxes annoncées par le président américain sont “un coup dur” pour l’économie mondiale, a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en regrettant “profondément” cette décision. “Les conséquences seront désastreuses pour des millions de personnes dans le monde”, a-t-elle averti, depuis Samarcande, en Ouzbékistan, où elle participe à un sommet Union européenne-Asie centrale.”Des millions de citoyens devront faire face à des coûts plus élevés pour l’alimentation. Les médicaments coûteront plus cher, de même que les transports. L’inflation augmentera”, a expliqué la présidente de l’exécutif européen, chargée de mettre en oeuvre la politique commerciale de l’UE au nom des 27 pays membres.- “Pas trop tard” pour négocier -Pour éviter une escalade funeste, l’Europe continue de promouvoir le dialogue avec l’administration américaine. “Il n’est pas trop tard pour répondre aux préoccupations par les négociations”, a déclaré Mme von der Leyen, soulignant que le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, était “en contact permanent” avec ses homologues américains. “Nous nous efforcerons de réduire les obstacles et non de les élever”, a-t-elle martelé, reprenant la ligne déjà exprimée depuis l’entrée en vigueur le 12 mars des taxes américaines de 25% sur l’acier et l’aluminium.Elle a aussitôt obtenu le soutien de Berlin. “Il est bon que la Commission européenne continue à viser une solution négociée avec les États-Unis”, a déclaré le vice-chancelier allemand Robert Habeck.A l’unisson, la Première ministre Giorgia Meloni a également dit vouloir “parvenir à un accord avec les Etats-Unis, afin d’éviter une guerre commerciale qui affaiblirait inévitablement l’Occident au profit d’autres acteurs mondiaux”.Le président français Emmanuel Macron avait émis l’espoir la semaine dernière que Donald Trump puisse “revenir” sur sa décision.- Viser les services numériques américains? – Mais les Européens sont aussi “prêts à réagir”, a mis en garde Ursula von der Leyen. Fait rare et signe de la gravité du moment, elle a prononcé son allocution trois fois successivement, en trois langues: anglais, français puis allemand.L’UE avait déjà annoncé qu’elle appliquerait à partir de mi-avril des droits de douane “forts mais proportionnés” sur une série de produits importés des Etats-Unis comme les bateaux, les motos ou le bourbon.”Nous nous préparons maintenant à d’autres contre-mesures pour protéger nos intérêts et nos entreprises si les négociations échouent”, a annoncé jeudi Mme von der Leyen.La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a elle évoqué la possibilité “d’attaquer les services numériques” américains, tout en rappelant que cette deuxième riposte était “en cours de négociation” entre les 27.Donald Trump a lancé mercredi soir une offensive commerciale en annonçant des droits de douane très lourds en particulier contre l’Asie et l’Union européenne, au risque d’asphyxier l’économie mondiale, mais aussi américaine.”Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a asséné le président américain.L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et par des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà mis en place par l’administration Trump. Les marchandises de l’UE prendront 20% de taxes. Les taux ont été fixés à 24% pour le Japon, 26% pour l’Inde ou 46% pour le Vietnam.