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Droits de douane: les calculs de Trump médusent les économistes

Un calcul qui relève de “l’astrologie”? Les économistes semblent médusés jeudi par la formule retenue par l’administration Trump pour évaluer les droits de douane imposés par les Etats-Unis au reste du monde.”Ceci est à l’économie ce que le créationnisme est à la biologie et l’astrologie à l’astronomie”, s’est moqué l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers sur le réseau X.Le président Donald Trump a annoncé mercredi une vague de droits de douane sans précédent sur les importations américaines, allant d’un plancher de 10% pour tous, à 50% pour un pays pauvre comme le Lesotho.A l’appui de sa décision, le patron de la Maison Blanche a présenté un tableau en deux colonnes, listant à gauche les droits de douane appliqués selon lui aux exportations américaines par les partenaires commerciaux de Washington, et à droite les nouveaux droits de douane qui seront imposés par les Etats-Unis à partir de samedi à chaque pays.Par “gentillesse”, comme l’a expliqué M. Trump, les nouveaux tarifs douaniers seront inférieurs de moitié environ aux taux pratiqués selon Washington par les pays étrangers.Par exemple, la Maison Blanche a calculé que l’Union européenne taxait les importations américaines à hauteur de 39%. En réponse, les Etats-Unis entendent donc désormais taxer les exportations de l’UE à 20%.Le problème, c’est que le calcul ne correspond pas du tout aux statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon cette dernière, l’UE pratique en moyenne un tarif douanier de 1,7%, très loin des 39% avancés par Donald Trump.En ce qui concerne la Chine, elle taxerait, selon la Maison Blanche, à hauteur de 67% les produits américains. Mais elle appliquait en 2024 un tarif douanier moyen de 4,9%, d’après l’OMC.- ‘Stupide’ -Pour son calcul, la Maison Blanche affirme avoir pris en compte d’autres barrières commerciales que les simples droits de douane – citant notamment les normes environnementales ou la manipulation des taux de change. Mais il est difficile de comprendre comment de telles barrières non tarifaires peuvent se traduire en chiffres.Le représentant américain au Commerce a publié une formule aux multiples variables exprimées en lettres grecques. L’administration Trump a divisé sa balance commerciale (la différence entre importations et exportations) par la valeur des importations – et ce quel que soit le pays. Un calcul qui ne prend pas en compte les spécificités des liens commerciaux.”La formule se fonde sur la valeur relative de l’excédent commercial avec les Etats-Unis”, confirment les économistes de Deutsche Bank.”Cette approche est tellement pleine d’erreurs qu’il est difficile de savoir par où commencer”, a estimé le prix Nobel d’économie Paul Krugman sur son blog. Il a souligné que les calculs prenaient en compte uniquement les biens échangés, omettant les services.Au final, cette méthode est “stupide”, tranche-t-il.En appliquant la formule publiée par l’administration aux statistiques américaines de 2024, l’AFP a obtenu les chiffres présentés par le président américain. Les nouveaux droits de douane annoncés pour chaque pays correspondent à ce résultat, divisé par deux. Si la formule donne moins de 10%, ou en cas d’excédent commercial, les Etats-Unis appliquent uniformément un taux plancher de 10%. C’est le cas pour plus d’une centaine de pays ou territoires, dont le Royaume-Uni et l’Australie.Pour une raison indéterminée, seul l’Afghanistan, taxé à 10% seulement, ne correspond pas à ce calcul, Kaboul étant largement en excédent commercial avec les Américains.”Il est désormais manifeste que l’administration Trump n’a pas utilisé les chiffres des douanes pour calculer ses droits réciproques”, assène Larry Summers. “Cette politique tarifaire n’a aucun sens, même si l’on croit au protectionnisme”.

Droits de douane: le Lesotho, pays le plus touché, va envoyer une délégation aux Etats-Unis

Le Lesotho a annoncé jeudi l’envoi “en urgence” d’une délégation gouvernementale aux Etats-Unis pour plaider sa cause, après que le président américain Donald Trump a imposé à ce petit pays d’Afrique australe des droits de douane de 50%, les plus élevés annoncés pour une seule nation.D’autes pays africains ont été visés par des “tarifs réciproques” bien au-dessus du nouveau taux plancher de 10% décrété par Washington: 47% pour Madagascar, 40% pour l’île Maurice, 37% pour le Botswana, 30% pour la Guinée équatoriale et 30% pour l’Afrique du Sud. Mais c’est le Lesotho, entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud, qui est en tête de la liste des nombreux pays frappés par les droits de douane additionnels massifs présentés mercredi par Donald Trump, dans le cadre d’une guerre commerciale mondiale qui s’intensifie.”Nous devons nous rendre d’urgence aux Etats-Unis pour dialoguer avec leurs dirigeants et plaider notre cause”, a déclaré le ministre du Commerce du Lesotho, Mokhethi Shelile, à des journalistes, disant craindre “la fermeture immédiate d’usines et les pertes d’emplois”.Le produit intérieur brut (PIB) du Lesotho – 2 milliards de dollars annuels – dépend fortement de ses exportations de produits textiles, notamment de jeans.L’industrie textile est la plus grande pourvoyeuse d’emplois dans ce petit royaume montagneux de quelque 2,3 millions d’habitants, grand comme la Belgique, et qui est accusé par l’administration Trump d’être parmi “les pires contrevenants” avec des droits de douane élevés sur les importations américaines.”Il y a onze usines dans le pays, dont la plupart exportent des marchandises aux Etats-Unis et fournissent du travail à 12.000 personnes”, a souligné M. Shelile.- Chercher “des solutions” -“Les marchandises actuellement en production seront touchées par ces droits de douane et ne seront pas exportées vers les Etats-Unis”, a précisé le ministre, en indiquant qu’il avait demandé aux usines de continuer à produire pendant que le gouvernement cherche “des solutions”.Ces annonces de Donald Trump montrent que le Lesotho a besoin de “diversifier” ses partenaires commerciaux, a reconnu M. Shelile, qui dit avoir déjà commencé à étudier d’autres options.”Nous ne pouvons pas compter uniquement sur les Etats-Unis”, a poursuivi le ministre. “Même si cette transition prendra du temps, le processus est déjà en cours.”Le Lesotho figure parmi la trentaine de pays d’Afrique subsaharienne qui ont accès au marché américain dans le cadre de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial promulgué en 2000 qui permet d’exporter certains produits africains aux Etats-Unis sans droits de douane.Le gouvernement malgache a de son côté déclaré jeudi avoir contacté l’ambassade des Etats-Unis pour “demander des éclaircissements et étudier les possibilités d’ajustement de ces nouvelles barrières tarifaires”.Le gouvernement “mobilisera tous les leviers diplomatiques et commerciaux pour obtenir une révision de ces mesures”, a-t-il déclaré.Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pour sa part estimé que les droits de douane constituaient “un obstacle au commerce et à la prospérité partagée”. Il a souligné l’urgence de conclure “un nouvel accord commercial bilatéral mutuellement bénéfique”. Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud.Le Kenya, qui s’est vu de son côté imposer un taux plancher de 10%, a indiqué que les nouveaux tarifs présentaient “à la fois des défis et des opportunités”, lui donnant un “avantage concurrentiel” par rapport aux autres pays exportateurs de textile frappés par des taux beaucoup plus élevés.Les annonces de Donald Trump font aussi craindre la fin de l’AGOA, qui doit être réexaminé en septembre prochain.Le roi Letsie III du Lesotho a récemment dit craindre la perte d’emplois pour “30.000 à 40.000 personnes”.

Avec ses droits de douane, Trump foudroie l’économie mondiale

Les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis cherchent la parade jeudi face au coup de massue sur les droits de douane infligé par Donald Trump, qui provoque un vent de panique sur les marchés.Le président américain a balayé les inquiétudes jeudi en affirmant que les Etats-Unis en ressortiraient “plus forts” qu’avant, et que les marchés financiers allaient bientôt “prospérer”.Mais dans l’immédiat, c’est la gueule de bois à Wall Street, où les ménages américains placent massivement leur épargne.Des milliards de dollars d’actions sont partis en fumée: – 5,16% pour l’indice Nasdaq, -4,12% pour l’indice élargi S&P 500 vers 19H05 GMT.Les entreprises fuies par les investisseurs sont celles dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie. Comme l’habillement (Gap, -20,33%) ou la tech (Apple, -9,40%). Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui, précédemment visée, verra au total les taxes sur ses produits augmenter de +54%), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole a reculé de plus de 6% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets.Les marchés asiatiques et européens ont chuté lourdement pendant la journée (-2,77% à Tokyo, -3,31% à Paris).Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis ce jeudi +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.- Le Lesotho en route pour Washington -Stupéfaits par l’ampleur de l’offensive américaine, qui rebat les cartes du commerce mondial, les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis se sont globalement abstenus de jeter immédiatement de l’huile de feu.La présidence américaine a laissé la porte ouverte à des négociations et mis en garde contre toute velléité de représailles sur les exportations américaines, au risque d’une sanction douanière supplémentaire.Tandis que le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé jeudi soir qu’il fallait avoir pour objectif de “supprimer” les droits de douane”, “pas (de) les multiplier” par une surenchère de part et d’autre de l’Atlantique.Le Lesotho a annoncé jeudi qu’il allait envoyer une délégation gouvernementale aux États-Unis pour plaider sa cause.Le petit royaume enclavé d’Afrique australe est censé payer la plus lourde addition, +50% de droits de douane, avec l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon auquel la présidence américaine a réservé un traitement à part. Le Canada, l’une des cibles favorites de Donald Trump, n’a pas subi de nouveaux droits de douane mercredi. Mais le voisin des Etats-Unis paie tout de même un tribut croissant dans la guerre commerciale enclenchée par Washington, avec des surtaxes qui touchent déjà une partie de ses exportations. Ottawa a décidé jeudi de taxer en retour certaines voitures américaines.- “Masochistes” -L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d’au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.Les marchandises de l’UE prendront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.Les surtaxes américaines pourraient réduire d'”environ 1%” le commerce mondial de marchandises en volume cette année, a affirmé jeudi la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.”Les droits de douane de Trump sont les plus coûteux et les plus masochistes que les États-Unis aient appliqués depuis des décennies”, a fustigé jeudi sur X Larry Summers, l’ancien ministre des Finances sous Bill Clinton.La surtaxe sur l’automobile, entrée en vigueur jeudi, a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce par Stellantis d’une suspension de la production dans certaines usines au Canada et Mexique. Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire, à rebours de la plupart des économistes qui anticipent de lourdes conséquences pour l’économie américaine.

Droits de douane: le Lesotho, pays le plus touché, va envoyer une délégation aux Etats-Unis

Le Lesotho a annoncé jeudi l’envoi “en urgence” d’une délégation gouvernementale aux Etats-Unis pour plaider sa cause, après que le président américain Donald Trump a imposé à ce petit pays d’Afrique australe des droits de douane de 50%, les plus élevés annoncés pour une seule nation.D’autes pays africains ont été visés par des “tarifs réciproques” bien au-dessus du nouveau taux plancher de 10% décrété par Washington: 47% pour Madagascar, 40% pour l’île Maurice, 37% pour le Botswana, 30% pour la Guinée équatoriale et 30% pour l’Afrique du Sud. Mais c’est le Lesotho, entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud, qui est en tête de la liste des nombreux pays frappés par les droits de douane additionnels massifs présentés mercredi par Donald Trump, dans le cadre d’une guerre commerciale mondiale qui s’intensifie.”Nous devons nous rendre d’urgence aux Etats-Unis pour dialoguer avec leurs dirigeants et plaider notre cause”, a déclaré le ministre du Commerce du Lesotho, Mokhethi Shelile, à des journalistes, disant craindre “la fermeture immédiate d’usines et les pertes d’emplois”.Le produit intérieur brut (PIB) du Lesotho – 2 milliards de dollars annuels – dépend fortement de ses exportations de produits textiles, notamment de jeans.L’industrie textile est la plus grande pourvoyeuse d’emplois dans ce petit royaume montagneux de quelque 2,3 millions d’habitants, grand comme la Belgique, et qui est accusé par l’administration Trump d’être parmi “les pires contrevenants” avec des droits de douane élevés sur les importations américaines.”Il y a onze usines dans le pays, dont la plupart exportent des marchandises aux Etats-Unis et fournissent du travail à 12.000 personnes”, a souligné M. Shelile.- Chercher “des solutions” -“Les marchandises actuellement en production seront touchées par ces droits de douane et ne seront pas exportées vers les Etats-Unis”, a précisé le ministre, en indiquant qu’il avait demandé aux usines de continuer à produire pendant que le gouvernement cherche “des solutions”.Ces annonces de Donald Trump montrent que le Lesotho a besoin de “diversifier” ses partenaires commerciaux, a reconnu M. Shelile, qui dit avoir déjà commencé à étudier d’autres options.”Nous ne pouvons pas compter uniquement sur les Etats-Unis”, a poursuivi le ministre. “Même si cette transition prendra du temps, le processus est déjà en cours.”Le Lesotho figure parmi la trentaine de pays d’Afrique subsaharienne qui ont accès au marché américain dans le cadre de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord commercial promulgué en 2000 qui permet d’exporter certains produits africains aux Etats-Unis sans droits de douane.Le gouvernement malgache a de son côté déclaré jeudi avoir contacté l’ambassade des Etats-Unis pour “demander des éclaircissements et étudier les possibilités d’ajustement de ces nouvelles barrières tarifaires”.Le gouvernement “mobilisera tous les leviers diplomatiques et commerciaux pour obtenir une révision de ces mesures”, a-t-il déclaré.Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pour sa part estimé que les droits de douane constituaient “un obstacle au commerce et à la prospérité partagée”. Il a souligné l’urgence de conclure “un nouvel accord commercial bilatéral mutuellement bénéfique”. Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud.Le Kenya, qui s’est vu de son côté imposer un taux plancher de 10%, a indiqué que les nouveaux tarifs présentaient “à la fois des défis et des opportunités”, lui donnant un “avantage concurrentiel” par rapport aux autres pays exportateurs de textile frappés par des taux beaucoup plus élevés.Les annonces de Donald Trump font aussi craindre la fin de l’AGOA, qui doit être réexaminé en septembre prochain.Le roi Letsie III du Lesotho a récemment dit craindre la perte d’emplois pour “30.000 à 40.000 personnes”.

L’usine chimique Vencorex sera fixée sur sa reprise le 10 avril

Reprise partielle par un groupe chinois ou rachat en coopérative par des salariés ? Le tribunal de commerce de Lyon a étudié jeudi les options de l’usine chimique Vencorex, menacée de liquidation, et tranchera le 10 avril.Après un premier délai supplémentaire de six mois accordé en mars, le tribunal effectuait un point intermédiaire sur la situation de cette société installée à Pont-de-Claix, près de Grenoble, et devrait désormais se prononcer le 10 avril, ont indiqué les participants à l’issue de la réunion.Les deux scénarios à l’étude sont celui, annoncé de longue date, d’une reprise partielle par le groupe chinois Wanhua, avec 50 à 70 emplois maintenus sur les 450 que comptait initialement Vencorex, et celui de la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), bâti dans l’urgence par deux salariés de la CGT aidés par un entrepreneur local. “On est très confiants sur la possibilité de faire une offre ferme. Notre offre est bien meilleure en termes d’activités et au niveau emploi”, ont affirmé les deux salariés, Denis Carré et Séverine Dejoux, à la sortie du tribunal.Baptisé CIRCEI (Coopérative industrielle de relance Chimie Electrochimie Isocyanate), le projet envisage la reprise totale des actifs corporels et incorporels de Vencorex, ainsi que 273 employés sur les 301 que compte désormais l’entreprise, après une première vague de licenciement en mars. Les salariés proposent un prix symbolique de 2 euros pour cette reprise.”Notre ambition est de créer une plateforme d’innovation chimique, de nombreuses entreprises pourraient venir s’installer sur le site et fonctionner clés en main”, a expliqué leur partenaire Olivier Six, PDG d’une entreprise d’ingénierie métallique voisine de Vencorex et élu d’opposition à Grenoble.”Il nous manque quatre semaines pour transformer tous les engagements en argent”, a-t-il souligné.Pour la relance de l’usine, le projet CIRCEI aura besoin de 20 millions de ligne de trésorerie au redémarrage, et de 120 millions d’euros à horizon 2029. Dans leur offre présentée au tribunal, que l’AFP a pu consulter, la SCIC compte sur 60 millions d’euros publics, sous forme de subventions, de capitaux, de quasi fonds propres et de prêts. Et 40 millions qui devront être empruntés à des banques.Environ 300.000 euros ont déjà été promis par des collectivités locales et la Région Auvergne-Rhône-Alpes a confirmé sa volonté de s’investir, sans préciser de montant, selon Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix.- “Dossier hors du commun” -Salariés, élus locaux et nationaux redoutent depuis des mois un “scénario catastrophe” en Isère si Vencorex, qui joue un rôle central pour la chimie régionale, devait fermer l’essentiel de son activité.Selon eux, une liquidation ne mettrait pas seulement en péril les emplois directs mais des milliers d’autres dans la région en raison de l’interconnexion des activités. Un démantèlement entraînerait en outre une perte de souveraineté pour des secteurs comme le nucléaire ou le spatial – dont certains groupes utilisent les sels produits par Vencorex – et laisserait sans solution un vaste site lourdement pollué, arguent-ils. Plusieurs élus dont François Hollande, Olivier Faure et le député LR Olivier Marleix ont écrit cette semaine à Emmanuel Macron pour l’appeler à se saisir de ce “dossier hors du commun” et lever les obstacles au projet de SCIC. “Une intervention rapide de l’État au plus haut niveau est indispensable pour empêcher une catastrophe industrielle, environnementale, sociale et stratégique”, soulignent-ils dans leur courrier, évoquant le risque de voir “dépecer notre industrie” si Wanhua arrive à ses fins.Jeudi devant le tribunal, Gauthier Herrmann, directeur de l’activité Europe de Wanhua, a qualifié l’offre chinoise de “solide, basée sur un investissement important”. “Elle permet d’optimiser la plateforme et de la stabiliser et de réduire les coûts pour pérenniser l’activité à Pont-de-Claix”, a-t-il déclaré après l’audience. Vencorex a été placé en redressement judiciaire le 10 septembre à la demande de son actionnaire, le groupe thaïlandais de pétrochimie PTT GC. Une demande de nationalisation temporaire de Vencorex a été rejetée au début de l’année par le Premier ministre François Bayrou.

Droits de douane: la Bourse de Paris signe sa pire séance depuis 2023

La Bourse de Paris a enregistré jeudi son plus fort recul quotidien depuis deux ans, au lendemain du lancement de l’offensive commerciale de Donald Trump, qui a décidé d’imposer des droits de douane massifs sur les produits importés aux Etats-Unis.Le CAC 40 a perdu 3,31%, terminant à 7.598,98 points, soit une baisse de 258,85 points lors de sa pire séance depuis le 15 mars 2023 (-3,58%).Le président américain a lancé mercredi une charge commerciale massive sous la forme de droits de douane très lourds, en particulier contre l’Asie et l’Union européenne, s’attirant des menaces de riposte qui risquent d’asphyxier l’économie mondiale.L’offensive de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations: 20% de taxes pour l’Union européenne, 34% pour la Chine, 24% pour le Japon ou 31% pour la Suisse.”Il s’agissait du pire scénario possible pour les marchés, qui craignent l’impact de ces mesures sur la croissance aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde”, a expliqué à l’AFP David Kruk, responsable du trading de La Financière de l’Échiquier.”Ces nouveaux droits de douane sonnent le glas de la mondialisation. Les marchés avaient sous-estimé leur ampleur et il en résulte des risques pour la croissance mondiale”, a renchéri Max Stainton, analyste pour Fidelity International.”Les droits de douane annoncés par Trump vont clairement donner un coup de frein au commerce mondial”, a relevé Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM, interrogé par l’AFP.Ruée vers le marché de la detteFace au choc, les investisseurs se sont rués vers les valeurs refuges, au premier rang desquels les obligations d’Etats, ces morceaux de dette d’un pays avec différents horizons de remboursement.Le marché de la dette est “le grand gagnant” des annonces douanières, a commenté Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB. Par conséquent, “les rendements (taux d’intérêt, NDLR) chutent fortement partout” dans le monde, a-t-elle noté. En effet, plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser.Le taux auquel la France emprunte sur dix ans a ainsi reculé à 3,37%, contre 3,43% la veille en clôture. Son équivalent allemand a baissé à 2,65%, contre 2,72% mercredi.Stellantis en chute libreLe géant de l’automobile Stellantis, qui détient les marques américaines Chrysler, Jeep et Dodge, a annoncé jeudi suspendre la production dans certaines de ses usines au Canada et au Mexique, premières perturbations depuis l’entrée en vigueur des droits de douane voulus par M. Trump sur les véhicules fabriqués à l’étranger. Le titre du groupe a cédé 8,12% à 9,37 euros.EssilorLuxottica encaisse le coupLe géant français de l’optique Essilorluxottica, qui réalise près de la moitié de ses ventes aux Etats-Unis, a enregistré un lourd recul de 7,36%, à 247,90 euros.

Après les annonces de Trump, les marchés financiers chamboulés

Bourses, dollar et pétrole en chute libre, ruée vers les valeurs refuges et les emprunts d’Etat, “tech” au tapis… Les marchés financiers réagissent avec fracas jeudi aux hausses de droits de douane annoncées la veille par Donald Trump aux Etats-Unis.A Wall Street, les principaux indices subissaient de lourdes pertes: le S&P 500 chutait de 3,78% vers 16H00 GMT, le Nasdaq, indice à dominante technologique, perdait 4,88% et le Dow Jones abandonnait 3,10%. En Europe aussi, les investisseurs se sont détournés des actions: Paris a cédé 3,31%, son plus fort recul quotidien depuis la séance du 15 mars 2023. Francfort a perdu 3,01%, Milan 3,60% et Londres 1,55%.Le président américain a lancé mercredi une charge commerciale massive sous la forme de droits de douane très lourds, en particulier contre l’Asie et l’Union européenne, s’attirant des menaces de riposte qui risquent d’asphyxier l’économie mondiale.L’offensive de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations pour certains pays: 20% de taxes pour l’Union européenne, 34% pour la Chine 24% pour le Japon ou encore 31% pour la Suisse.”Il s’agissait du pire scénario possible pour les marchés. On craint l’impact sur la croissance aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde”, explique à l’AFP David Kruk, responsable du trading de La Financière de l’Échiquier.Conséquence de ces mauvaises perspectives pour la première économie mondiale: le billet vert dévissait vers 16H00 GMT de 2,06%, à 1,1053 dollar pour un euro, une ampleur rarement observée.Le prix du pétrole dégringolait aussi, de quelque 7% en Europe et aux Etats-Unis: les investisseurs tablent sur une croissance mondiale plus faible, et donc moins de demande pour l’or noir.Les valeurs refuges recherchées, les taux d’intérêt reculentDans ce contexte d’incertitude, les valeurs refuges sont plébiscitées: l’or évolue à un haut niveau, à 3.109 dollar l’once, le franc suisse prend 2,64%, à 1,1644 dollars, et la monnaie japonaise 1,83% à 146 yens pour un dollar vers 16H00 GMT.Mais c’est surtout le marché de la dette, lui aussi considéré comme une valeur sûre en cas de tempête, qui est “le grand gagnant” des annonces douanières, commente Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.Les emprunts d’Etat étaient recherchés, et par conséquent leur taux d’intérêt reculait: le taux du bon du Trésor américain atteignait 4,05%, contre 4,13% la veille. Son équivalent allemand, référence en Europe, était à 2,64%, contre 2,72% mercredi soir.La “tech” dévisseCes mesures pourraient sonner le glas du modèle de production de nombreux secteurs, qui fabriquent des composants ou l’ensemble de leurs produits dans des usines en Asie.Premiers concernés: les géants de la “tech”, tête de gondole des marchés américains. Une partie des composants de ces entreprises sont produits à l’étranger, comme à Taïwan – ciblé à hauteur de 32% de surtaxes supplémentaires.Apple est particulièrement touchée, dévissant de 8,22% vers 15H50 GMT. Ailleurs sur la cote: Nvidia (-6,19%), Microsoft (-1,95 %), Tesla (-5,58%), Amazon (-7,22%), Meta (-6,02%) et Alphabet (-3,04%).En Europe, les spécialistes des puces électroniques Infineon (-7,96% à Francfort) et STMicroelectronics (-8,17% à Paris) ont souffert.”Plus généralement, ces valeurs attiraient de façon disproportionnée les capitaux. Il n’est pas étonnant qu’elles s’effondrent particulièrement lorsqu’ils se retirent”, selon David Kruk.L’industrie textile, dont une partie des vêtements sont fabriqués en Chine, au Vietnam ou au Cambodge (respectivement taxés à hauteur de 34%, 46% et 49%, en plus des droits de douane déjà imposés), est aussi touchée: à Wall Street, vers 15H50 GMT, Gap perdait 18,57%, Ralph Lauren 15,93%, Lululemon 11,03%. Nike cédait 9,97%, ce qui équivaut à une perte de 9 milliards de dollars de capitalisation boursière.En Europe, Adidas a abandonné 11,72%, Puma 11,16%, JD Sports a cédé 7,89%.Le fret maritime en perte de vitesseLes valeurs du secteur du transport maritime ont chuté, plombées par les perspectives de reflux du commerce mondial. L’armateur allemand Hapag-Lloyd a abandonné 7,95% à Francfort, A.P. Moller-Maersk 9,49% à Copenhague et Kuehne + Nagel 2,34% à Zurich.Les banques britanniques dans le rouge”Les banques britanniques sont particulièrement exposées à l’Asie du sud-est. Si l’économie exportatrice de la Chine se détériore, c’est moins bon pour leur activité”, explique Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM. A la cote londonienne, Standard Chartered a chuté de 12,80%, Barclays de 9,08% et HSBC de 8,62%.

Rebaptisé Mandarin Oriental Lutetia, le palace Lutetia passe sous pavillon asiatique

Le groupe asiatique d’hôtellerie de luxe Mandarin Oriental a décroché le contrat de gestion de l’emblématique palace parisien Lutetia, qui se voit rebaptisé à partir de jeudi le “Mandarin Oriental Lutetia, Paris”.Le groupe hôtelier, propriété d’un conglomérat basé à Hong Kong, gèrera ainsi deux palaces à Paris sur chacune des rives de la Seine: le Mandarin Oriental, rue Saint Honoré, près de l’emblématique place Vendôme, et le Mandarin Oriental Lutetia, près du quartier de Saint-Germain-des-Prés.Le Lutetia appartient depuis 2010 à Locka Holding BV, filiale du groupe israélien d’immobilier de luxe Alrov qui en garde les murs.La famille Akirov, propriétaire du groupe Alrov, et le PDG du groupe Mandarin Oriental Laurent Kleitman ont participé jeudi à une cérémonie d’inauguration dans le palace de la rive gauche, dévoilant une plaque aux couleurs du groupe asiatique sur la façade.”Pour nous c’est bien plus qu’un hôtel, c’est une institution”, a déclaré Georgi Akirov, disant partager “une vision commune” avec Mandarin Oriental.”Cela va nous apporter une visibilité sur des zones que nous ne connaissons pas, comme l’Asie”, a estimé le directeur de l’établissement, Jean-Pierre Trevisan.Sans donner de détails financiers sur le contrat de gestion, une source proche du dossier a indiqué qu’il s’agissait d’un engagement “de très long terme qui permet d’installer l’hôtel dans le temps”, parlant de “plusieurs décennies”.Le groupe asiatique ne prévoit pas d’apporter de changements majeurs à l’établissement, récemment rénové, mais une visibilité à l’international et son réseau commercial.Fondé en 1910 par la famille Boucicaut, propriétaire du magasin Le Bon Marché, le Lutetia est le seul palace de la rive gauche de la Seine, tout près de l’historique grand magasin.Surnommé “le paquebot”, l’établissement au style Art nouveau et Art déco a accueilli des personnalités telles que Picasso, Matisse, Charles de Gaulle et James Joyce, qui a notamment terminé entre ses murs son roman Ulysse.- “Héritage” -Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel a été réquisitionné par les forces d’occupation, abritant les services de renseignement allemands, puis à la Libération il a servi de lieu de refuge pour les personnes déportées de retour des camps, “ajoutant une dimension historique unique à son riche héritage”, souligne le communiqué. Le Lutetia a obtenu la distinction “Palace” en 2019, après quatre ans de travaux et une rénovation d’un coût de 200 millions d’euros signée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.Les travaux ont été financés par le groupe Alrov qui a déboursé 145 millions d’euros en 2010 pour son acquisition, avaient indiqué à l’époque des sources proches du dossier à l’AFP.Il propose 184 chambres dont 47 suites. Certaines de ses suites ont été décorées par des célébrités, comme le réalisateur Francis Ford Coppola ou l’actrice Isabelle Huppert.Le prix d’une nuitée dans le palace va de 1.500 euros à plus de 10.000 euros pour une suite.C’est l’un des 31 palaces que compte la France, une distinction récompensant “des caractéristiques exceptionnelles”, comme “une situation géographique incomparable, un caractère de légende par le biais d’un intérêt historique ou une fréquentation de personnalités renommées…”, selon Atout France, l’agence qui promeut le tourisme français à l’étranger.Le groupe Mandarin Oriental exploite aujourd’hui 43 hôtels, 12 résidences et 26 maisons dans 26 pays et territoires.Les chambres de son autre palace parisien, rue Saint-Honoré, dont il a acheté les murs pour 290 millions d’euros en 2013, vont de 1.700 à plus de 20.000 euros la nuit pour une suite.Le chef Thierry Marx y a dirigé un restaurant pendant 14 ans avant d’annoncer son départ fin 2023 pour se concentrer sur ses autres projets.Le groupe, qui souhaite doubler son portefeuille au cours des dix prochaines années, a 28 chantiers en cours, à Athènes, Rome, Budapest, Miami, Koweït, au Caire ou encore à Vienne.

L’offensive protectionniste de Trump foudroie les partenaires des Etats-Unis et affole les marchés

Les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis ont globalement temporisé jeudi face au coup de massue sur les droits de douane infligé par Donald Trump qui provoque un vent de panique sur les marchés.Le président américain a parlé mercredi d’une “déclaration d’indépendance économique” pour son pays, et a prédit jeudi sur sa plateforme Truth Social que les Etats-Unis en ressortiraient “plus forts” qu’avant. Mais dans l’immédiat, c’est la gueule de bois à Wall Street, où les ménages américains placent massivement leur épargne: vers 15H50 GMT, l’indice Nasdaq chutait de 5,00% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 3,96%.Parmi les entreprises fuies par les investisseurs, figurent celles de l’habillement comme Gap (-18,72%), dont le modèle économique repose largement sur la confection en Asie.Les nouveaux droits de douane annoncés par la présidence américaine sont particulièrement punitifs pour des pays incontournables pour l’industrie textile, comme la Chine (qui subira au total +54% de taxes sur ses produits), le Cambodge (+49%), le Vietman (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole plongeait d’environ 7% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets.Les marchés asiatiques et européens ont chuté lourdement pendant la journée (-2,77% à Tokyo, -3,31% à Paris). Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis une semaine +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.- “Maintenir la communication” -Pour l’heure, aucun pays n’a ajouté de l’huile sur le feu en matière de guerre commerciale.Pékin a dit jeudi “maintenir la communication” au sujet du commerce et de l’économie, tout en exhortant Washington à “annuler immédiatement” ses taxes douanières punitives et en promettant de riposter.Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, va parler avec ses homologues américains vendredi. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré qu’il n’est “pas trop tard” pour négocier, mais dit aussi que l’UE était “prête à réagir”.La veille, Donald Trump avait adopté un ton particulièrement vindicatif: “Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, a-t-il asséné avant d’exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés.Il s’insurge en particulier contre le déficit commercial américain, qui représentait encore un trou massif en février selon les chiffres les plus récents publiés jeudi.- “Masochistes” -L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d’au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.Les marchandises de l’UE prendront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.Selon les analystes d’Oxford Economics, cette salve de Trump et ses conséquences pourraient ralentir nettement la croissance mondiale et la ramener sous les 2%.”Les droits de douane de Trump sont les plus coûteux et les plus masochistes que les États-Unis aient appliqués depuis des décennies”, a fustigé jeudi sur X Larry Summers, l’ancien ministre des Finances sous Bill Clinton.- Des usines à l’arrêt en Amérique du Nord -Malgré les appels au dialogue politique, la plupart des États critiquent vertement l’initiative américaine.L’Australie a dénoncé un “geste qui n’est pas celui d’un ami”.La France, qui réunit jeudi les représentants de ses filières les plus touchées, déplore une “immense difficulté” pour l’Europe, et se dit, comme Berlin, prête à cibler la tech américaine dans le cadre d’une réponse continentale.”Toute tentative d’imposer un protectionnisme (…) n’a plus sa place dans le monde”, a quant à lui affirmé le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays récolte le taux minimal de 10%.La surtaxe sur l’automobile a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce jeudi par Stellantis de la fermeture de son usine Chrysler de Windsor (Canada) pendant deux semaines. Le groupe envisage aussi des “pauses” dans ses usines mexicaines. Le suédois Volvo Cars, propriété du groupe chinois Geely, a affirmé qu’il allait devoir augmenter sa production de véhicules aux Etats-Unis.Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire, à rebours de la plupart des économistes qui anticipent de lourdes conséquences pour l’économie américaine.

Droits de douane: un calcul simple à l’origine des chiffres

Pour déterminer les droits de douane annoncés mercredi par le président américain, Donald Trump, la Maison Blanche a fait un calcul relativement simple, appliqué de manière uniforme à tous les pays, soulevant interrogations et critiques d’économistes, dont le prix Nobel Paul Krugman.Donald Trump a dénoncé de supposés “tarifs douaniers” que les autres pays imposeraient aux États-Unis. Mais les chiffres présentés ne correspondent pas au niveau des droits de douane actuels.Ainsi, la Chine taxerait, selon la Maison Blanche, de 67% les produits américains. Mais elle appliquait en 2024 un tarif douanier moyen de 4,9%, d’après les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).L’écart est tout aussi grand pour l’Union Européenne (1,7% selon l’OMC, 39% pour Donald Trump) ou encore l’Inde (6,2% contre 52%).La Maison Blanche affirme avoir pris en compte d’autres barrières commerciales que les simples droits de douane – citant notamment les normes environnementales ou la manipulation des taux de change.Le représentant américain au Commerce a publié une formule aux multiples variables exprimées en lettres grecques. Mais plusieurs d’entre-elles s’annulent et en font une simple division.Dans les faits, pour calculer les supposées taxes douanières, la Maison Blanche a divisé la balance commerciale (la différence entre importations et exportations) par la valeur des importations – et ce quel que soit le pays. Un calcul qui ne prend pas en compte les spécificités des liens commerciaux.”La formule se base sur la valeur relative du surplus commercial avec les Etats-Unis”, confirment les économistes de Deutsche Bank.”Cette approche est tellement pleine d’erreurs qu’il est difficile de savoir où commencer”, a estimé le prix Nobel d’économie Paul Krugman sur son blog. Il souligne notamment que les calculs prennent en compte uniquement les biens échangés, omettant les services.Au final, la méthode est “stupide”, tranche-t-il.En appliquant la formule publiée par l’administration aux données de 2024 publiées par le bureau américain du recensement (Census), l’AFP a obtenu les chiffres présentés par le président américain. Les nouveaux droits de douane annoncés pour chaque pays correspondent à ce résultat, divisé par deux. Si la formule donne moins de 10%, ou en cas d’excédent commercial, les Etats-Unis appliquent uniformément un taux plancher de 10%. C’est le cas pour plus d’une centaine de pays ou territoires, dont le Royaume-Uni et l’Australie.Seuls les droits de douane de 10% décidés pour l’Afghanistan ne s’expliquent pas par ces calculs.Par ailleurs, la formule se base sur des hypothèses simples pour estimer l’impact d’une hausse des prix des produits importés sur la demande domestique américaine. Appelée “élasticité”, cette variable est considérée comme étant la même pour chaque pays, peu importe le produit.Un des articles scientifiques cités par la Maison Blanche pour étayer sa formule souligne pourtant que l’élasticité “varie en fonction des produits et des importateurs”.