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La Bourse de Paris dopée par les investissements européens dans la défense

La Bourse de Paris a terminé en nette hausse de 1,56% mercredi, portée par les annonces  d’investissements massifs de l’Allemagne et de la Commission européenne pour muscler la défense.L’indice vedette CAC 40 s’est envolé de 125,83 points pour terminer à 8.173,75 points. Depuis le 1er janvier, l’indice affiche une forte progression de 10,74%.En comparaison, l’indice paneuropéen Euro Stoxx 600 est en hausse de 9,55% sur la même période.”Aujourd’hui tout a tourné autour de l’Europe”, a commenté Farhad Razaqzada, analyste de StoneX.La perception de marché “a été porté par le fait que le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé injecter des centaines de milliards d’euros dans la défense et les infrastructures, ce qui marque une rupture significative avec les règles sur l’endettement traditionnellement rigides de l’Allemagne. Cela alimente ainsi l’optimisme quant à une reprise économique plus large dans toute l’Europe”, explique l’analyste.L’Allemagne va lancer un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur 10 ans pour rénover les infrastructures et rendre plus compétitive son économie en récession.Surtout, toutes les dépenses de défense dépassant le seuil de 1% du Produit intérieur brut (PIB) allemand, soit au-dessus de 45 milliards d’euros environ, ne seront plus décomptées dans le dispositif du “frein à l’endettement”, tandis qu’aujourd’hui, le déficit budgétaire annuel du gouvernement est limité à 0,35% du PIB.Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre au moins 100 milliards d’euros par an, selon l’une des négociatrices du SPD, soit deux fois plus qu’actuellement.Ces annonces “sont historiques”, lance François Rimeu, stratégiste sénior de Crédit Mutuel Asset Management. En parallèle, il faut aussi prendre en compte “le plan de réarmement de l’UE”, a-t-il ajouté.La Commission européenne a dévoilé mardi un plan pour mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense européenne, mais aussi pour fournir une aide “immédiate” à l’Ukraine après le gel de l’aide américaine.La présidente de l’institution européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé sa volonté d’encourager les États à dépenser plus pour leur défense, sans être contraints par les règles budgétaires qui les obligent à limiter leur déficit public à 3% de leur Produit intérieur brut (PIB).Par ailleurs, “la Banque européenne d’investissement (BEI) pourrait financer tous les projets de la défense, ce qu’elle n’avait pas le droit de faire jusque-là”, a aussi relevé François Rimeu, après que la présidente de la BEI, Nadia Calvino, a appelé à élargir les investissements éligibles, selon une lettre mardi, consultée par l’AFP.Sur le marché obligataire, les taux auxquels empruntent la France ont flambé, les investisseurs anticipant que ces annonces alimentent un regain d’inflation.L’emprunt français à 10 ans est passé de 3,23% mardi à 3,49% mercredi. L’emprunt allemand à échéance 10 ans est passé de 2,49% mardi à 2,79% mercredi, sa plus forte progression sur une séance depuis la réunification de l’Allemagne en 1990.A la cote parisienne, le sidérurgiste ArcelorMittal a bondi de 10,47% à 30,17 euros. Le géant des matériaux Saint-Gobain a gagné 8,84% à 100,55 euros. Le groupe industriel de défense et de technologies Thales s’est envolé de 7,63% à 245,40 euros.Du côté des banques, la Société Générale affiche une forte progression de 5,17% sur la séance, à 40,46 euros et BNP Paribas 4,14% à 74,66 euros.

L’Allemagne de Merz fait le pari du “No limit” pour se réarmer

L’Allemagne prend un virage encore impensable il y a peu en préparant des investissements sans précédent pour se réarmer, un pari politique du futur chancelier Friedrich Merz amorcé sous la pression du désengagement de Donald Trump vis-à-vis des Européens.L’annonce, mardi soir, du chef des conservateurs allemands, dix jours après sa victoire aux législatives, envoie un signal fort en pleine tempête provoquée par le rapprochement de Donald Trump avec la Russie.Pour les Vingt-Sept dirigeants de l’UE, qui participeront jeudi à un sommet crucial sur la sécurité du continent et l’aide à l’Ukraine, cet électrochoc allemand s’ajoute au projet de la Commission européenne, annoncé le même jour, de mobiliser près de 800 milliards d’euros pour des projets de défense.Si c’est bien le chancelier sortant Olaf Scholz qui représentera l’Allemagne au sommet, Friedrich Merz fait également le déplacement et a déjà rencontré mercredi à Bruxelles le Secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.Les sommes annoncées par Berlin “sont une surprise, tout comme la rapidité avec laquelle cela s’est fait”, souligne Jacob Ross, politologue au centre de réflexion DGAP, alors que le camp conservateur CDU/CSU et ses partenaires sociaux-démocrates (SPD) ont à peine entamé les discussions pour former une coalition gouvernementale.”Certaines décisions changent le pays pour longtemps”, commente l’hebdomadaire Die Zeit. L’accord de mardi “sur des prêts jusqu’alors inimaginables pourrait en faire partie”.Les partenaires européens, et notamment Paris “vont se demander quelles seront les conséquences pour leurs propres économies, pour la zone euro, pour les rapports de force en Europe”, ajoute M. Ross, politologue au centre de réflexion DGAP.- Plafond levé -Première économie de la zone euro, en récession depuis deux ans, et sous pression du retournement d’alliance des Etats-Unis, son allié historique, l’Allemagne veut renforcer son armée et relancer la croissance.Dans le domaine de la défense, le plafond national que s’est fixé constitutionnellement le pays pour limiter son endettement va de facto être levé. Pour le futur chancelier, la seule règle qui vaille est désormais celle du “quoi qu’il en coûte”.L’objectif est d’atteindre un volume d'”au moins cent milliards d’euros par an” de dépenses militaires, a dit une responsable du SPD, Manuela Schwesig, soit deux fois plus que ce qui est prévu actuellement. Cela rapprocherait l’Allemagne du seuil annuel de 3% du PIB correspondant au nouvel objectif que pourraient bientôt retenir les pays de l’Otan. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a parlé d'”un jour historique” pour l’Allemagne”, qui va pouvoir assumer “un rôle moteur” pour renforcer l’Otan et l’Europe.Le deuxième volet des annonces porte sur les infrastructures du pays, longtemps négligées : les rails, les routes, les écoles, les réseaux de communication vont bénéficier d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur dix ans.L’ensemble du plan d’investissements “bazooka” pourrait être présenté à la chambre des députés sortante le 13 mars, selon la presse allemande, pour un vote le 17 mars, avant même que ne se réunisse la nouvelle assemblée issue des récentes législatives.- Confiance ébranlée -“Pour la sécurité, ce sera +No limit+”, a promis Markus Söder, dirigeant conservateur bavarois qui a négocié l’accord avec les sociaux-démocrates.”Pour beaucoup d’entre nous, la confiance fondamentale en l’Amérique est au moins profondément ébranlée”, a reconnu M. Söder.L’Allemagne voit dans la douleur Washington se détourner de l’Europe et menacer de refermer le parapluie militaire sous la protection duquel elle s’est placée depuis la Seconde guerre mondiale.Un nouveau séisme géopolitique après le choc de l’invasion russe de l’Ukraine depuis février 2022. En réaction, Berlin avait déjà annoncé un “changement d’époque” pour sa défense et sa diplomatie. Mais l’enveloppe exceptionnelle de cent milliards d’euros alors décidée pour moderniser l’armée s’est vite révélée insuffisante.Le pari politique de Friedrich Merz n’est toutefois pas sans risque pour ce défenseur de la rigueur budgétaire et des baisses d’impôt.”A peine élu, le futur chancelier allemand prend un virage à 180 degrés”, s’émeut le tabloïd Bild mercredi rappelant que le chef de l’opposition “avait promis de ne pas s’endetter davantage (…). Maintenant, il veut des dettes gigantesques (…)”.Le parti d’extrême droite AfD, devenu la seconde force politique à la chambre des députés, après avoir doublé son score aux législatives, l’a accusé d’avoir “menti aux électeurs”.

Chine: le périple quotidien des agriculteurs âgés pour gagner un complément de revenu

Des agriculteurs chinois âgés transportant d’énormes paniers remplis de légumes s’entassent avant l’aube dans une station de métro, à la périphérie de la mégapole de Chongqing, avant d’affronter un long périple en transports en commun vers le marché où ils vendront leur marchandise.Au moment où l’économie est au centre de la session annuelle de l’Assemblée populaire nationale (APN) à Pékin, les retraités qui se sont déversés dans le centre-ville de Chongqing pour vendre de la ciboulette, de la laitue et des Å“ufs d’oie, savent qu’ils n’en retireront que de maigres revenus.A l’ouverture de cette session mercredi, les dirigeants chinois ont annoncé un objectif de croissance d’environ 5% en 2025, malgré la crise dans le secteur de l’immobilier, une faible demande sur le marché intérieur et un contexte géopolitique tourmenté.Ce spectacle incongru d’agriculteurs transportant leurs paniers au pied des gratte-ciels futuristes de Chongqing rappelle que pour beaucoup, notamment les habitants des zones rurales et les personnes âgées, gagner sa vie est toujours un combat dans la deuxième économie mondiale.Wu Baixing, 71 ans, habitante d’un village des environs de la ville, a raconté à l’AFP qu’elle marchait souvent pendant une heure jusqu’à la station de métro la plus proche pour vendre des légumes dans le centre-ville, une tâche épuisante quand il faut transporter des dizaines de kilos de marchandise.Wu complète ainsi sa pension de retraite de moins de 200 yuans (27,53 dollars) par mois, un montant moyen pour un habitant d’une zone rurale, bien moindre que celui perçu par les retraités urbains, conformément au système chinois d’enregistrement des ménages les classant dans deux catégories.La vente de légumes est loin d’être lucrative, “car il y a beaucoup de légumes et de nombreux agriculteurs qui les vendent”.Bravant une bruine persistante, un groupe d’agriculteurs attend déjà à la gare de Shichuan, au nord-est de Chongqing, plus de deux heures avant le premier train de 06H30.Beaucoup portent des paniers tressés sur leur dos ou les transportent sur des chariots, d’autres tiennent deux paniers en équilibre sur un joug en bambou posé sur leurs épaules.Des dizaines d’agriculteurs investissent les rames au look épuré qui relient les territoires agricoles au cÅ“ur de ville densément peuplé. Les paniers envahissent l’allée centrale du métro.- “Personne ne veut m’embaucher” -Les personnes âgées de 65 ans ou plus ont droit à la gratuité dans le métro, mais les trajets vers le marché impliquent souvent des correspondances et peuvent prendre jusqu’à deux heures.Xiong, agriculteur de 69 ans, fait partie d’un groupe qui a pris trois trains différents mercredi pour se rendre au marché de Minsheng dans le centre de Chongqing.Le groupe a dû se faufiler parmi la foule des heures de pointe, sprintant entre les escalators pour attraper les correspondances.Arrivés à destination, ils affrontent la circulation pour atteindre le marché couvert.Liu Guiwen, 72 ans, déclare à l’AFP qu’elle ne gagne qu’une trentaine de yuans par jour en vendant ses produits.”Quand j’étais jeune, je ne cultivais pas de légumes, quand j’étais jeune, je travaillais”, souligne-t-elle.Dans le rapport d’activité rendu public mercredi, les dirigeants chinois se sont engagés à “prendre des mesures solides pour faire avancer la réforme et le développement” dans les campagnes et à fournir une aide aux habitants des zones rurales à faibles revenus.L’urbanisation s’est intensifiée, mais les ruraux représentaient encore 33% de la population de la Chine en 2024, selon les chiffres du gouvernement.Liu Lu’an, 63 ans, se dit heureux que ses enfants aient échappé à leur milieu agricole et travaillent à présent dans des usines en ville.”Les jeunes d’aujourd’hui ne voudraient pas revenir travailler comme agriculteurs. Ils ont des emplois avec des avantages sociaux”, ajoute Liu.”A présent que j’ai plus de 60 ans, personne ne veut m’embaucher”, relève-t-il.Liu et sa femme ont transporté ce jour-là environ 40 kilos de légumes au marché. “Je le fais tant que je n’ai pas de dettes et  qu’il y a de quoi manger”, déclare-t-il.

Comment le Mexique répondrait-il aux taxes aux frontières de Trump?

Le Mexique annoncera dimanche des mesures “douanières et non douanières” en représailles aux droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur les importations mexicaines, si aucun compromis n’intervient d’ici là. Une mesure jugée par les experts nécessaire mais risquée pour la deuxième économie d’Amérique latine.La présidente Claudia Sheinbaum doit annoncer les détails des mesures de rétorsion dimanche lors d’un rassemblement populaire à Mexico sur Zocalo la plus grande place d’Amérique latine.Elle a toutefois assuré ne vouloir en “aucune façon” une “confrontation économique ou commerciale” avec son partenaire principal, destination de plus de 80% des exportations du pays.Les barrières douanières frapperont durement l’économie mexicaine, pouvant même entraîner une récession, disent les experts. Ils n’écartent cependant pas un accord de dernière minute et la suspension des droits de douane.Mardi soir, le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, a d’ailleurs affirmé que M. Trump était prêt à “faire un pas” vers le Mexique et le Canada, et à annoncer possiblement un compromis dès mercredi, après des échanges “toute la journée”.- Comment répondra le Mexique? -Le report à dimanche de l’annonce des représailles et les concessions à Trump ces dernières semaines semblent indiquer que la présidente mexicaine de gauche nationaliste maintient une ligne conciliante et orientée vers la négociation.”En n’imposant pas de tarifs immédiatement, comme l’a fait le Canada, le Mexique a encore espoir de pouvoir négocier un accord de dernière minute et ainsi annuler les tarifs douaniers”, estime Diego Marroquin, expert au Wilson Center à Washington.Début févier, le Mexique a réussi à suspendre les droits de douane pour 30 jours en déployant 10.000 soldats à la frontière comme l’exigeait Washington. Mexico a aussi livré la semaine dernière 29 narcotrafiquants notoires présumés à Washington, une première dans la coopération binationale en matière sécuritaire.Si l’équipe de Claudia Sheinbaum devait se voir forcée d’imposer des barrières douanières, elle devrait viser les marchandises produites dans les Etats républicains — la base électorale de Trump — comme le Texas, le Nebraska ou l’Iowa.Le Mexique pourrait aussi privilégier les mesures “non douanières” pour préserver “l’intégration et le libre échange en Amérique du Nord”, fait valoir Valeria Moy, directrice du think tank IMCO.”Tout est sur la table”, des restrictions pour investir dans des actifs mexicains jusqu’à taxer les profits des entreprises ou exiger des visas aux Américains, ajoute-t-elle.Le gouvernement mexicain devra “prendre des décisions importantes pour l’avenir du pays” y compris la recherche “si nécessaire d’autres partenaires commerciaux” si le dialogue n’aboutit pas, a ajouté mercredi la présidente.- L’économie s’écroulera-t-elle? -Des droits de douane de 25% “pousseraient l’économie mexicaine vers la récession au cours des prochains trimestres”, selon le cabinet de conseil britannique Capital Economics.Une baisse du PIB de 1% cette année “serait plausible” considérant que le pays ne dispose pas de ressources fiscales pour stimuler l’économie avec des investissements publics, ajoute-t-il.Depuis 2023, le Mexique a remplacé la Chine comme premier partenaire commercial des Etats-Unis.”Avec les tarifs douaniers, il est très probable que le Mexique tombe en récession, en raison de sa grande dépendance vis-à-vis de ses exportations à destination des Etats-Unis”, prévient elle aussi Gabriela Siller, cheffe analyste économique de la banque BASE.Au total, 83% des exportations mexicaines sont destinées aux Etats-Unis, ce qui représente 26,7% du PIB mexicain, souligne l’experte.Les secteurs automobile et électronique sont particulièrement exposés aux taxes aux frontières puisque plus de la moitié de la demande provient des Etats-Unis.Mme Sheinbaum insiste toutefois sur le fait que l’économie mexicaine résistera.Durant “la pandémie, le PIB a chuté de près de 9%. Plus de 10 millions d’emplois ont été perdus. Et en deux ans, le pays s’est relevé”, a-t-elle affirmé mardi.- Le libre échange est-il mort? -Le Mexique et le Canada sont protégés, en théorie, contre les barrières douanières américaines grâce à l’accord de libre-échange que les trois pays maintiennent depuis 1994 et que Donald Trump a renégocié pendant son premier mandat (2017-2021).Mme Sheinbaum accuse Washington de “violer” le traité commercial, mais en même temps demeure ouverte au dialogue pour résoudre ce conflit.Les droits de douane “pourraient détruire” l’accord commercial, prévient M. Marroquin. “Ils ne vont pas mettre fin au commerce tel qu’on le connaît, mais l’intégration sera affectée”, ajoute-t-il. Du même coup, les taxes menacent de mettre fin à la relocalisation des grands investissements de l’Asie vers le Mexique pour alimenter la demande américaine, un phénomène appelé “nearshoring”.”Il est probable que ces tarifs douaniers atténuent l’optimisme” lié aux bénéfices tirés de ce phénomène, note Capital Economics.En janvier, Claudia Sheinbaum a présenté un plan pour remplacer les importations chinoises par des produits nationaux, dans une tentative apparente de calmer les inquiétudes de Washington.Les Etats-Unis accusent les entreprises chinoises d’utiliser le Mexique pour exporter leurs marchandises vers leur territoire.

Wall Street en hausse, portée par la perspective d’un ajustement des droits de douane

La Bourse de New York progresse mercredi, accueillant avec optimisme les commentaires du secrétaire au Commerce américain sur de possibles ajustements des droits de douane mis en place par Washington.Vers 15H10 GMT,, le Dow Jones gagnait 0,54%, l’indice Nasdaq prenait 0,40% et l’indice élargi S&P 500 avançait de 0,36%.Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a assuré mercredi, lors d’une interview accordée à Bloomberg TV, que certains secteurs d’activités pourraient finalement être épargnés par les droits de douane imposés sur les produits canadiens et mexicains, assurant que la décision devrait tomber dans la journée.”C’est le président qui décide mais nous nous attendons à ce que certains secteurs” soient finalement épargnés, a déclaré M. Lutnick, précisant que l’annonce devrait se faire dans l’après-midi.Un premier geste d’apaisement alors que Donald Trump avait menacé mardi d’aller plus loin sur les importations canadiennes si Ottawa mettait en place des mesures de représailles.Depuis mardi, les importations en provenance du Canada et du Mexique sont taxées à hauteur de 25%, et 10% pour les hydrocarbures canadiens. Les produits chinois sont quant à eux frappés par des droits de douane additionnels de 20% par rapport à la taxation en vigueur avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.Le Canada a répliqué par la mise en place “immédiate” de droits de douane ciblés de 25% sur certains produits américains, tandis que Pékin a annoncé mardi des taxes de 10% et 15% sur une série de produits agricoles en provenance des États-Unis et allant du poulet au soja.La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a promis quant à elle des représailles “douanières et non douanières”.En début de séance mercredi, les investisseurs ont accueilli de nouvelles données sur l’emploi américain, les embauches dans le secteur privé ayant connu un fort ralentissement en février aux Etats-Unis, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi, qui cite le contexte politique comme facteur.Le mois dernier, 77.000 créations nettes d’emploi ont été enregistrées, d’après cet indicateur, contre 186.000 en janvier (chiffre révisé à la hausse).Les analystes s’attendaient à un bien moindre ralentissement, avec autour de 148.000 créations, selon le consensus publié par MarketWatch.Ce ralentissement “sera interprété comme un signe d’essoufflement de la croissance américaine” et fait en conséquence nettement bouger le marché obligataire, a relevé dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.Vers 15H00 GMT, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se détendait nettement à 4,18% contre 4,24% à la clôture mardi.La publication de cet indicateur “érode une partie de l’enthousiasme suscité par les commentaires du secrétaire au Commerce Lutnick”, estime auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities.A l’agenda mercredi, la banque centrale américaine (Fed) publiera son Livre beige, une enquête régulière auprès de responsables d’entreprises d’un bout à l’autre des Etats-Unis.”Cela va probablement renforcer l’idée que l’économie (américaine, ndlr) est en perte de vitesse”, anticipe Peter Cardillo.Au tableau des valeurs, le spécialiste de cybersécurité CrowdStrike se repliait nettement (-10,80%) après avoir publié des prévisions globalement en dessous des attentes des analystes, estimant pouvoir réaliser un bénéfice net par action entre 3,33 et 3,45 dollars pour l’exercice en cours.L’enseigne de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch était boudée (-14,56%) après le partage de prévisions inférieures aux attentes du marché, anticipant un bénéfice net par action compris entre 1,25 et 1,45 dollar contre environ 1,97 dollar attendu par les analystes.La chaîne d’équipement sportif Foot Locker profitait en revanche de la publication d’un bénéfice net par action supérieur aux attentes au quatrième trimestre de 2024, malgré des résultats en demi-teinte. Son cours grimpait de 9,27%.

Les smartphones, points d’entrée vulnérables face aux fraudes

Hameçonnage via SMS, deepfakes, applications malveillantes: la sécurité des smartphones, très exposés au risque d’attaques et de fraude, est au cÅ“ur des préoccupations du secteur des télécommunications et des mobiles, réuni à Barcelone pour le Salon mondiale du mobile (MWC).A la veille de l’ouverture du Salon, le fabricant chinois Honor a présenté un nouvel outil, bientôt intégré à ses smartphones: d’un simple clic sur une vidéo reçue, l’utilisateur peut demander à l’appareil de vérifier l’authenticité de la vidéo. Grâce à un outil d’intelligence artificielle (IA), et après un rapide “scan”, le téléphone indique, avec un résultat affiché comme sûr à 99%, qu’il s’agit d’une véritable vidéo ou bien d’un “deepfake”. Ces vidéos très réalistes, elle-même générées grâce à l’IA, sont difficilement détectables pour un Å“il non expert. L’Association mondiale des opérateurs télécoms, qui organise dans la capitale catalane cette grand-messe annuelle, a quant a elle développé “Scam signals”, une interface de programmation (API) destinée à protéger les utilisateurs contre les fraudes bancaires par téléphone. Le dispositif, conçu en partenariat avec l’association sectorielle du secteur financier britannique UK Finance, doit lutter contre les appels frauduleux, qui encouragent les consommateurs à autoriser des paiements sur leur application bancaire, en détectant certaines données, comme la longueur d’un appel, au moment d’une transaction bancaire. De quoi permettre aux banques, en cas de doute, de “bloquer la transaction, vérifier si tout va bien, avant de valider le virement”,  détaille Samantha Kight, directrice de la sécurité au sein de la GSMA. Mais si une telle solution est désormais adoptée par certains opérateurs télécoms au Royaume-Uni, la fraude emprunte aussi d’autres canaux, et les smartphones demeurent encore peu protégés. De quoi faire de ces objets du quotidien des cibles de choix. – Fraude bancaire en hausse -En 2024, la fraude aux applications bancaires est celle qui a connu la progression la plus importante de l’ensemble des attaques sur les mobiles, selon l’entreprise de cybersécurité Kaspersky. Selon son rapport annuel sur l’état des menaces mobiles, publié à l’occasion du MWC, les attaques pour vol de données bancaires sur smartphone via des “chevaux de troie”, des “logiciels malveillants sont conçus pour voler les identifiants des utilisateurs relatifs aux services bancaires en ligne” ont ainsi triplé en un an. Une hausse qui révèle la vulnérabilité des utilisateurs face aux applications, qui cachent parfois des dispositifs malveillants. Dans la plupart des cas de fraudes bancaires, “les utilisateurs installent une application malveillante”, détaille à l’AFP Marc Rivero, analyste au sein de l’équipe internationale de recherche et d’analyse de Kaspersky. “Par exemple, ils veulent installer un jeu, ils trouvent un lien sur internet (…) et ils téléchargent l’application. L’application semble être officielle, mais c’est une fausse, et le logiciel malveillant est installé sur l’appareil”, poursuit-il. – Menaces invisibles -Une menace qui n’existe pas uniquement via des liens dénichés sur internet. Les magasins d’applications officiels, pré-installés sur les téléphones et plus sécurisés, comportent parfois des failles. Avec toutefois une différence majeure selon les systèmes d’exploitation des smartphones, Android, ou iOS pour les iPhone. Sur ces derniers, les applications malveillantes restent bien plus rares, témoignent plusieurs experts.Pour Roxane Suau, directrice produit de Pradeo, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité des smartphones, le danger est renforcé par des menaces quasi-invisibles. “Quand les téléphones ne sont pas protégés (par un outil de cybersécurité), on ne voit pas si quelqu’un a cliqué sur le lien de phishing ou a téléchargé un logiciel malveillant”, indique-t-elle.  “Donc c’est vrai que dans le grand public, il n’y a pas une énorme prise de conscience”. L’experte se veut toutefois mesurée: le niveau de risque auquel sont exposés les téléphones dépend en grande partie des paramètres réglés par l’utilisateur. Au-delà de la vigilance sur les applications téléchargées, elle recommande ainsi de ne pas laisser la fonction bluetooth allumée en permanence, de désactiver la connexion automatique au réseau wifi, afin de sélectionner soi-même le réseau, et d’effectuer les mises à jour de l’appareil le plus souvent possible. 

Groenland et Danemark rejettent les visées de Trump sur le territoire autonome

Donald Trump s’est attiré mercredi un net refus du Groenland et du Danemark après avoir réaffirmé ses visées expansionnistes sur le territoire autonome danois, lors de son discours au Congrès.”Nous ne voulons être ni Américains ni Danois, nous sommes Groenlandais”, a dit le Premier ministre du Groenland Mute Egede. “Les Américains et leur chef doivent comprendre cela”.”Nous ne sommes pas à vendre et nous ne pouvons pas simplement être pris”, a-t-il insisté sur Facebook, en réaction aux propos du président américain qui a dit vouloir s’emparer du Groenland “d’une manière ou d’une autre”. “Cela ne se produira pas”, avait plus tôt réagi le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen auprès de la télévision publique danoise DR, soulignant un aspect “positif” du discours de M. Trump: la mention du respect des Groenlandais à décider de leur avenir.Le président américain a en effet assuré “à l’incroyable peuple du Groenland” soutenir “fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux Etats-Unis d’Amérique”.”Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l’obtenir. D’une manière ou d’une autre, nous l’obtiendrons”, a-t-il dit dans ce premier discours de politique générale depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.”Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais imaginé possibles”, a-t-il déclaré.Le Groenland est sous le feu des projecteurs depuis fin décembre et le souhait répété de Donald Trump d’intégrer la plus grande île arctique aux Etats-Unis.Des élections législatives y sont prévues le 11 mars.”Des élections auront bientôt lieu au Groenland et je pense que tout le monde – y compris nous-mêmes – doit faire attention à ne pas faire toutes sortes de suppositions sur l’avenir” des Groenlandais, a dit mercredi le chef de la diplomatie danoise Lars Løkke Rasmussen à la télévision TV2.Dans la même veine, M. Trump a réitéré ses ambitions concernant le canal de Panama, le jour-même de l’annonce que deux ports détenus par le géant hongkongais Hutchison vont être cédés à un consortium américain.”Pour renforcer encore notre sécurité nationale, mon administration va reprendre le canal de Panama, et nous avons déjà commencé à le faire”, a-t-il affirmé, en faisant référence à cet accord.Donald Trump a menacé de reprendre le canal dès le jour de son investiture au motif qu’il est, selon lui, exploité par la Chine.Que ce soit à propos du Groenland, du canal de Panama ou encore de l’imposition de tarifs douaniers, y compris contre des pays alliés et voisins comme le Canada et le Mexique, le président américain montre clairement qu’il se soucie surtout de ses intérêts.- Le Lesotho? “Jamais entendu parler” -S’il ne s’est guère attardé sur l’Ukraine dans son discours, il n’en a pas moins assuré que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui il avait eu un vif échange vendredi dans le Bureau ovale, était “prêt” à négocier avec la Russie et à signer un accord sur les minerais.Plus tôt dans la journée de mardi, le dirigeant ukrainien avait dit vouloir “arranger les choses” avec le président américain après leur accrochage.M. Zelensky était parti sans signer cet accord sur les minerais et l’administration Trump a ensuite annoncé le gel de son assistance militaire à l’Ukraine, trois ans après son invasion par la Russie.”Simultanément, nous avons eu des discussions sérieuses avec la Russie et nous avons reçu des signaux forts indiquant qu’ils sont prêts pour la paix”, a encore affirmé le président américain.”Ne serait-ce pas magnifique?”.Donald Trump ne s’est pas non plus épanché sur le Proche-Orient, si ce n’est pour dire “nous ramenons nos otages de Gaza” et rappeler son rôle au cours de son premier mandat dans la conclusion des accords d’Abraham, entre Israël et certains pays arabes.Par ailleurs, il a promis de “faire la guerre aux cartels” mexicains de la drogue, parlant d'”une grave menace” pour la “sécurité nationale” des Etats-Unis.Justifiant enfin les coupes budgétaires massives dans l’aide des Etats-Unis à l’étranger, le président américain a énuméré une série de “gaspillages” selon lui, comme les “40 millions de dollars pour des bourses d’études sur la diversité, l’équité et l’inclusion en Birmanie”.Il a aussi cité les “huit millions de dollars pour promouvoir les LGBT+ dans la nation africaine du Lesotho, dont personne n’a jamais entendu parler”. Contactée par l’AFP, People’s Matrix, la principale ONG soutenant les personnes LGBTQ au Lesotho, a assuré ne pas avoir reçu cette somme. “On n’a aucune idée de l’affectation de ces 8 millions de dollars”, a affirmé son porte-parole, Tampose Mothopeng. “On ne sait pas qui a reçu ou va recevoir cet argent.”

Automobile: l’UE va “protéger” une industrie européenne “en danger de mort”, selon Séjourné

L’industrie automobile européenne est “en danger de mort”, a averti Stéphane Séjourné, le vice-président de la Commission, avant la présentation mercredi de son plan pour aider la filière à surmonter le choc de la transition verte.Quotas minimums de véhicules électriques dans les flottes d’entreprises, soutien à l’innovation, obligation de composants européens dans les voitures vendues en Europe… Le responsable français a détaillé dans un entretien à l’AFP les pistes de l’exécutif bruxellois pour relancer un secteur en crise.La bataille du véhicule électrique “n’est pas perdue”, estime-t-il, avant une visite à l’usine Renault de Douai dans le nord de la France. “La Commission européenne sort de sa naïveté, protège et organise la filière, lui donne la possibilité de gagner en compétitivité”, souligne Stéphane Séjourné, alors que les fermetures de sites se multiplient dans un secteur qui emploie 13 millions de personnes en Europe.Affaiblis par un marché en berne, des constructeurs comme Volkswagen ou Stellantis affrontent l’arrivée de concurrents chinois massivement subventionnés, au moment même où ils consentent d’énormes investissements dans l’électrification des véhicules pour respecter l’interdiction des motorisations essence et diesel dans l’UE à partir de 2035. Et la menace de surtaxes américaines brandie par Donald Trump arrive au pire moment… – Booster la demande -Les voitures électriques, encore trop chères, ont vu leur part de marché reculer dans l’UE pour la première fois en 2024, à 13,6% sur l’année. Afin de “booster la demande”, la Commission étudie “des obligations” imposées aux entreprises pour verdir leurs flottes, explique le commissaire européen. Des quotas de véhicules électriques leur seraient imposés dans un texte présenté d’ici la fin de l’année.Ces achats seraient aussi facilités par des “incitations fiscales” harmonisées à l’échelle de l’UE qui seront proposées aux Etats membres. Les véhicules d’entreprises sont un levier puissant car ils représentent près de 60% des nouvelles immatriculations en Europe.- Promouvoir le “Made in Europe” -“Je veux que les consommateurs européens puissent acheter des véhicules européens”, affirme Stéphane Séjourné. Le plan, présenté à Bruxelles à la mi-journée par le commissaire aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, prévoit des “exigences de contenus européens pour les cellules de batterie et certains composants des véhicules électriques vendus dans l’UE”, afin d’aider les sous-traitants.”On est en train de travailler à la liste” des composants concernés, explique Stéphane Séjourné qui évoque “un choc d’offres” en complément des efforts pour relancer la demande. “Tous les pays le font aujourd’hui, que ce soit les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, il n’y a que l’Europe qui n’a pas mis en place ces dispositifs”, affirme-t-il.La Commission va par ailleurs explorer des subventions directes à la fabrication de batteries dans l’UE et veut assouplir le cadre des aides d’Etat qui limite aujourd’hui ce type de soutien.- Assouplir l’application des normes d’émissions -L’objectif de vendre uniquement des véhicules neufs à zéro émission de CO2 à partir de 2035 “est maintenu mais avec des flexibilités” afin d’éviter de plomber certains constructeurs en retard en leur infligeant les lourdes amendes prévues par la réglementation, explique le vice-président de l’exécutif européen. “C’est du bon sens. On n’allait pas pénaliser les constructeurs qu’on souhaitait aider”.L’assouplissement consistera à prendre en compte les émissions sur trois ans, de 2025 à 2027, au lieu d’une seule année, ce qui revient à accorder un délai supplémentaire pour augmenter les ventes de véhicules électriques.- Accélérer le déploiement des bornes de recharge -Les infrastructures de recharge des véhicules électriques restent insuffisantes en Europe et très inégalement réparties, un frein à l’achat dénoncé de longue date par la filière automobile. La Commission veut “accélérer le déploiement des bornes de recharge” et va mobiliser 570 millions d’euros à cet effet entre 2025 et 2026.- Favoriser l’innovation -La Commission va mettre en place et soutenir une Alliance pour les véhicules connectés et autonomes afin de combler le retard dans les logiciels et technologies clé aujourd’hui dominées par la Chine et les Etats-Unis. L’industrie européenne pourra ainsi mutualiser des ressources dans ces domaines où les économies d’échelle sont cruciales, sans être freinée par les règles de concurrence.Stéphane Séjourné veut par ailleurs “harmoniser les règles d’utilisation et de tests de la voiture autonome en Europe” afin de faciliter leur déploiement sur les routes.

La Chine vise 5% de croissance en 2025, malgré la guerre commerciale

La Chine a annoncé mercredi un objectif de croissance ambitieux “d’environ 5%” en 2025 et une hausse de son déficit budgétaire, dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis et de difficultés économiques internes persistantes.Ces annonces ont été faites par le Premier ministre Li Qiang à l’ouverture à Pékin de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP) — contrôlée par le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir –, qui réunit des milliers de délégués.L’économie chinoise fait face à une crise durable du secteur immobilier, à une consommation atone et à un fort taux de chômage chez les jeunes.Malgré cela, Li Qiang a annoncé un objectif de croissance d'”environ 5%” pour 2025, un objectif identique à celui de l’an dernier, ainsi qu’une inflation de 2%.Le Premier ministre a dans le même temps annoncé un relèvement inédit du déficit budgétaire d’un point de PIB en 2025, à 4%, pour une somme totale de quelque 5.660 milliards de yuans (734 milliards d’euros).L’Etat-parti prévoit enfin de créer 12 millions d’emplois urbains en 2025.Cet objectif de croissance semble “compliqué mais atteignable”, estime Dylan Loh, professeur adjoint à l’Université de technologie de Nanyang à Singapour.Mais les faibles niveaux de consommation relèvent d’un “problème de confiance” des ménages, ajoute l’expert, qui est “bien plus difficile à régler”.”Nous restons sceptiques sur la capacité (de ces annonces) à éviter un ralentissement de la croissance cette année”, écrit dans une note Julian Evans-Pritchard de chez Capital Economics.L’objectif de croissance “n’a été atteint que de justesse l’année dernière, grâce à des exportations plus fortes que prévu et à un plan de stimulation de dernière minute”, précise le spécialiste. “Et même avec ces efforts, la véracité du taux de croissance de 5,0 % publié par le Bureau national des statistiques de Chine (BNS) est discutable”, estime-t-il.- “Force motrice” -Outre ses difficultés internes, l’économie chinoise doit faire face à une intensification de la guerre commerciale avec Washington, dont le dernier acte a conduit à une hausse de 20% des droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis.Ces taxes concernent plusieurs centaines de milliards de dollars d’échanges commerciaux entre les deux plus grandes économies mondiales, et pourraient plomber les exportations chinoises, un des piliers de la croissance.”À l’international, des changements inédits depuis un siècle ont lieu à un rythme plus rapide”, note le rapport d’activité de l’exécutif chinois présenté à l’ouverture de la session parlementaire.Or, “sur le plan national, les bases de la reprise et de la croissance économique durable de la Chine ne sont pas suffisamment solides”, selon le document.Pour soutenir son activité économique, Pékin s’est engagé à faire de la demande intérieure sa “force motrice” en 2025.”Nous (…) remédierons au plus vite à la faiblesse de la demande intérieure, en particulier celle de la consommation des ménages”, souligne le rapport.Mais une “reprise massive de l’emploi, des revenus ainsi que du marché immobilier” sera nécessaire “avant de pouvoir réellement constater un changement dans les habitudes de consommation”, affirme à l’AFP Yue Su, analyste à l’Economist Intelligence Unit.La Chine a répliqué mardi aux droits de douane américains et promis de lutter “jusqu’au bout” en la matière.Les autorités chinoises vont imposer des taxes allant jusqu’à 15% sur une gamme de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé, à partir du 10 mars.- Budget militaire en hausse -Ces contre-mesures sont une “réponse relativement modérée” par rapport aux droits de douane de Donald Trump, qui visent eux l’intégralité des produits chinois, écrit Lynn Song, économiste pour la Chine continentale chez ING.”La riposte aurait pu être beaucoup plus forte, mais avec chaque nouvelle escalade, le risque d’une réponse plus forte (de la part des Etats-Unis) augmente également”, ajoute-t-il.En marge de la cérémonie d’ouverture de mercredi, la Chine a par ailleurs annoncé que son budget de la Défense augmenterait de 7,2% en 2025.Pékin augmente ses dépenses militaires depuis plusieurs décennies, notamment pour renforcer sa projection militaire en Asie-Pacifique.Le géant asiatique est le deuxième pays du monde à dépenser le plus en matière militaire, derrière les Etats-Unis.Le statut de Taïwan, île revendiquée par la Chine mais n’ayant jamais été contrôlée par le Parti communiste chinois, est l’une des nombreuses sources de tensions dans les relations sino-américaines.Donald Trump a proposé une réduction coordonnée des budgets de la Défense des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. Pékin s’est toutefois montré dubitatif.Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué le mois dernier que toute réduction des dépenses militaires devrait d’abord être effectuée par Washington.

Trump vise le Groenland, “d’une manière ou d’une autre”

Donald Trump a réaffirmé ses visées expansionnistes dans son discours au Congrès, disant notamment vouloir s’emparer du Groenland “d’une manière ou d’une autre”, mais il s’est attiré mercredi un net refus danois.”Cela ne se produira pas”, a réagi le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen auprès de la télévision publique danoise DR, soulignant un aspect “positif” du discours de M. Trump, la mention du respect des Groenlandais à décider de leur avenir.Le président américain a en effet assuré “à l’incroyable peuple du Groenland” soutenir “fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux Etats-Unis d’Amérique”.Il a toutefois insisté vouloir annexer ce territoire autonome danois “d’une manière ou d’une autre”.”Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l’obtenir. D’une manière ou d’une autre, nous l’obtiendrons”, a-t-il dit dans ce premier discours de politique générale depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.”Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais imaginés possibles”, a-t-il déclaré.Le Groenland est sous le feu des projecteurs depuis fin décembre et le souhait répété de Donald Trump d’intégrer la plus grande île arctique aux Etats-Unis.Des élections législatives y sont prévues le 11 mars.”Des élections auront bientôt lieu au Groenland et je pense que tout le monde – y compris nous-mêmes – doit faire attention à ne pas faire toutes sortes de suppositions sur l’avenir” des Groenlandais, a dit mercredi le chef de la diplomatie danoise Lars Løkke Rasmussen à la télévision TV2.Dans la même veine, M. Trump a réitéré ses ambitions concernant le canal de Panama, le jour-même de l’annonce que deux ports détenus par le géant hongkongais Hutchison vont être cédés à un consortium américain.”Pour renforcer encore notre sécurité nationale, mon administration va reprendre le canal de Panama, et nous avons déjà commencé à le faire”, a-t-il affirmé, en faisant référence à cet accord.Donald Trump a menacé de reprendre le canal dès le jour de son investiture au motif qu’il est, selon lui, exploité par la Chine.Que ce soit à propos du Groenland, du canal de Panama ou encore de l’imposition de tarifs douaniers, y compris contre des pays alliés et voisins comme le Canada et le Mexique, le président américain montre clairement qu’il se soucie surtout de ses intérêts.- Le Lesotho ? “Jamais entendu parler” -S’il ne s’est guère attardé sur l’Ukraine, il n’en a pas moins assuré que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui il avait eu un vif échange vendredi dans le Bureau ovale, était “prêt” à négocier avec la Russie et à signer un accord sur les minerais.Plus tôt dans la journée de mardi, le dirigeant ukrainien avait dit vouloir “arranger les choses” avec le président américain après leur accrochage.M. Zelensky était parti sans signer cet accord sur les minerais et l’administration Trump a ensuite annoncé le gel de son assistance militaire à l’Ukraine, trois ans après son invasion par la Russie.”Simultanément, nous avons eu des discussions sérieuses avec la Russie et nous avons reçu des signaux forts indiquant qu’ils sont prêts pour la paix”, a encore affirmé le président américain.”Ne serait-ce pas magnifique ?”.Donald Trump ne s’est pas non plus épanché sur le Proche-Orient, si ce n’est pour dire “nous ramenons nos otages de Gaza” et rappeler son rôle au cours de son premier mandat dans la conclusion des accords d’Abraham, entre Israël et certains pays arabes.Par ailleurs, il a promis de “faire la guerre aux cartels” mexicains de la drogue, parlant d'”une grave menace” pour la “sécurité nationale” des Etats-Unis.Justifiant enfin les coupes budgétaires massives dans l’aide des Etats-Unis à l’étranger, le président américain a énuméré une série de “gaspillages” selon lui, comme les “40 millions de dollars pour des bourses d’études sur la diversité, l’équité et l’inclusion en Birmanie”.Il a aussi cité les “huit millions de dollars pour promouvoir les LGBT+ dans la nation africaine du Lesotho, dont personne n’a jamais entendu parler”.