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Droits de douane : le secteur du luxe reste discret

Répercussion sur les prix, baisse des marges, délocalisation ? Le secteur du luxe reste silencieux sur les conséquences que pourraient avoir les annonces de droits de douane aux Etats-Unis, marché majeur du luxe depuis le ralentissement de la consommation en Chine.”Aucune entreprise parmi celles que nous couvrons (…) n’a communiqué sur l’impact des droits de douane, car toutes semblent encore en train de réfléchir à la suite”, écrit la banque HSBC dans une note.Zuzanna Pusz, analyste chez UBS s’attend “à ce que la plupart des entreprises européennes du luxe répercutent les tarifs douaniers via des hausses de prix auprès des consommateurs finaux, qui sont généralement moins sensibles aux prix” que dans d’autres secteurs, selon une note de la banque.”En fin de compte, ces tarifs douaniers inciteront probablement davantage les consommateurs américains du luxe à faire leurs achats à l’étranger”, ajoute-t-elle.Un constat que le gérant du groupe Hermès, Axel Dumas, avait déjà fait dès février, en marge de la présentation des résultats annuels, en affirmant que “si les droits de douane augmentent, on va augmenter nos prix pour compenser”. “Les clients américains nous resteront fidèles et ceux qui trouvent ça trop cher viendront profiter de nos infrastructures hôtelières à Paris et achèteront au Faubourg (magasin amiral et siège du groupe, situé rue du Faubourg-Saint-Honoré, NDLR)”, avait-il assuré.Au même moment, Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, avait souligné “le vent d’optimisme qui régnait” aux Etats-Unis et qu’il avait pu constater en assistant en bonne place avec sa fille Delphine, PDG de Dior, et son fils Alexandre, directeur général délégué de Moët-Hennessy, à la cérémonie d’investiture de Donald Trump.”Aux USA, on vous accueille à bras ouverts, les impôts vont descendre à 15%, les ateliers qu’on peut construire aux USA sont subventionnés dans toutes une série d’États et le président américain encourage ça, le marché se développe très vite”, avait-il dit.- “La psychologie, le vrai sujet” -LVMH peut compter sur 1.182 boutiques aux Etats-unis, trois ateliers Vuitton ou encore quatre vignobles mais une grande partie de sa production reste en France et notamment ses champagnes (Krug, Ruinart, Veuve Cliquot…), cognacs (Hennessy) ou vins (Cheval Blanc, chateau d’Yquem, Domaine des Lambrays). Ses marques de mode, maroquinerie (Dior, Céline, Loro Piana…) et parfums (Guerlain, Acqua di Parma…) sont aussi largement produites en Europe.Contacté par l’AFP après l’annonce par Donald Trump de droits de douane supplémentaires, s’élevant à 20% pour les produits de l’Union européenne, ni LVMH, ni son concurrent Kering, n’ont souhaité faire de commentaire. Chanel n’avait pas répondu vendredi après-midi.Selon Thomas Chauvet, analyste chez Citi, “les entreprises avec un fort pouvoir de fixation des prix et un positionnement haut de gamme, telles que Hermès et Richemont, seront probablement mieux placées pour atténuer l’impact via des hausses de prix”. “Les entreprises les plus exposées seront celles avec la plus forte part de leurs revenus générée aux États-Unis”, ajoute-t-il dans une note, citant Brunello Cucinelli (34%), Ferragamo (31%), LVMH (25%), Kering (24%), Richemont (20%). Le groupe helvète devrait d’autant plus souffrir que les droits de douane américains annoncés pour la Suisse sont de 31%.”Un impact indirect pourrait survenir en raison de l’effet potentiel sur le moral des consommateurs à l’échelle mondiale, en particulier au sein des segments clés que sont les consommateurs chinois (qui représentent environ 1/3 des ventes) et américains (25% des ventes)” du secteur, selon UBS.”C’est la psychologie, le vrai sujet”, confirme HSBC. “L’éléphant dans la pièce, ce ne sont pas tant les mécanismes des droits de douane sur les résultats du luxe, mais plutôt une combinaison de destruction de richesse (le NASDAQ a perdu 15 % ces trois derniers mois), de baisse du pouvoir d’achat américain (l’euro est au plus haut par rapport au dollar) et de la dégradation progressive du moral des consommateurs aux États-Unis”, ajoute HSBC.”Tout revient à cet élément immensurable: on n’achète pas du luxe parce qu’on est riche, mais parce qu’on croit en l’avenir”, selon la banque.

Wall Street chute encore à l’ouverture, craint une escalade commerciale

La Bourse de New York a de nouveau ouvert en nette baisse vendredi, inquiète des répresailles rapides et fermes de la Chine face à la salve de nouveaux droits de douane imposée par Donald Trump mercredi.Dans les premiers échanges, le Dow Jones reculait de 2,34%, l’indice Nasdaq perdait 3,14% et l’indice élargi S&P chutait de 3,39%.

Droits de douane de Trump : la Chine riposte fermement

La Chine a riposté avec fermeté vendredi à l’imposition de droits de douane massifs par Donald Trump, en imposant à son tour des taxes de 34% sur toutes les importations de biens américains et en saisissant dans la foulée l’Organisation mondiale du commerce international (OMC).Avant l’ouverture de Wall Street, l’ensemble des Bourses européennes, déjà plombées la veille, plongeaient en mi-journée après les annonces de rétorsion de la Chine — particulièrement frappée par les droits de douane américains — que Pékin appliquera dès le 10 avril.Face à l’escalade commerciale entre les deux premières puissances économiques du globe, la réaction a été en effet immédiate : vers 11H00 GMT, la Bourse de Francfort chutait de 5,08%, Paris de 4,26% et Londres de 3,90%. Milan dégringolait de 7,57% et Madrid de 6,02%.Peu avant, les cours du pétrole dégringolaient encore, avec une chute de plus de 5%, et le cuivre suivait le même mouvement.”Pour toutes les marchandises importées en provenance des Etats-Unis, un droit de douane supplémentaire de 34% sera imposé en plus du taux des droits de douane actuellement applicables”, a annoncé le ministère chinois des Finances.Le ministère chinois du Commerce a par ailleurs annoncé des contrôles à l’exportation sur sept éléments de terres rares,  y compris le gadolinium, utilisé notamment en imagerie par résonance magnétique, et l’yttrium, utilisé dans l’électronique grand public.”La Chine a déposé une plainte dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC”, a annoncé pour sa part le ministère chinois du Commerce dans un communiqué.L’onde de choc des annonces de M. Trump a continé de secouer vendredi l’Asie. La Bourse de Tokyo a accentué ses pertes en clôture : l’indice vedette Nikkei a perdu 2,75%, et l’indice élargi Topix 3,37%.De même, la Bourse de Sydney a chuté de 2,44% et celle de Séoul reculé de 0,86%. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.”A en juger par les réactions des marchés mondiaux, l’incertitude est plus grande que jamais”, soulignent les analystes de Tokai Tokyo Securities.Alors que les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis ont commencé à chercher la parade jeudi face au coup de massue infligé par Donald Trump, le président américain a balayé les inquiétudes. “L’économie avait beaucoup de problèmes… C’était un patient malade, (elle) va finir en pleine forme”, a-t-il assuré devant la presse, à bord d’Air Force One.Mais pour le Fonds monétaire international (FMI) les annonces de Donald Trump “constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle”, a averti sa directrice, Kristalina Georgieva.- Macron esquisse une riposte -La veille, un vent de panique avait soufflé sur Wall Street, où les ménages américains placent massivement leur épargne.Des milliards de dollars d’actions sont partis en fumée: -5,97% pour l’indice Nasdaq, -4,84% pour l’indice de référence S&P 500, leur pire séance depuis 2020, lors du premier mandat de Donald Trump.Les entreprises fuies par les investisseurs sont celles dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie. Comme l’habillement (Gap, -20,38%) ou la tech (Apple, -9,25%). Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui, précédemment visée, verra au total les taxes sur ses produits atteindre 54%), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis ce jeudi +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.Stupéfaits par l’ampleur de l’offensive américaine, qui rebat les cartes du commerce mondial, les principaux partenaires des Etats-Unis se sont globalement abstenus de jeter de l’huile sur le feu.La présidence américaine a laissé la porte ouverte à des négociations et mis en garde contre toute velléité de représailles, menaçant de sanctions supplémentaires.Face à une décision américaine “grave et infondée”, le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l’unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux Etats-Unis.La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé qu’il fallait avoir pour objectif de “supprimer” les droits de douane, “pas (de) les multiplier” par une surenchère. – Suspension de production -L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d’au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.Les marchandises de l’UE subiront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.Les surtaxes américaines pourraient réduire d'”environ 1%” le commerce mondial de marchandises en volume cette année, a affirmé jeudi la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.La surtaxe sur l’automobile, entrée en vigueur jeudi, a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce par Stellantis d’une suspension de la production dans certaines usines au Canada et Mexique. 

Espresso, iPhone ou baskets: comment l’offensive douanière de Trump va (aussi) toucher les Américains

Les marchés financiers plongent et le reste du monde retient son souffle, mais les droits de douane imposés tous azimuts par Donald Trump devraient aussi affecter les ménages américains.S’adressant aux journalistes jeudi, le président américain a assuré que les droits de douane rendraient les Etats-Unis plus riches.Mais, étant d’abord payées par les importateurs américains, ces taxes feront probablement grimper le prix de nombreux produits, de la tasse de café au nouvel iPhone. Au moment où les Américains se plaignent déjà de la baisse de leur pouvoir d’achat.- Bananes, riz et crevettes -Les Etats-Unis importent une part croissante des fruits et légumes frais qu’ils consomment, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Une grande partie provient du Canada et du Mexique, deux pays pas immédiatement concernés par les droits de douane annoncés mercredi, mais soumis eux aussi à des surtaxes.Pour le reste, certains produits devraient être affectés comme les bananes importées du Guatemala, de l’Equateur et du Costa Rica, tous soumis aux nouveaux droits de douane à partir du 5 avril, en l’occurrence au taux de 10%. Le café, dont environ 80% est importé selon le ministère, devrait voir son prix augmenter, les principaux exportateurs, le Brésil et la Colombie, étant bientôt frappés eux aussi à 10%. Les importations d’huile d’olive et d’alcool en provenance d’Italie, d’Espagne ou de Grèce seront touchées par la nouvelle taxe de 20% imposée à l’Union européenne à compter du 9 avril. Le riz parfumé au jasmin thaïlandais sera soumis à des droits de 36%, tandis que le riz basmati, comme les crevettes venues d’Inde, seront sous le coup d’une taxe à 26%.- Voitures et high-tech -Côté technologies, le consommateur américain ne devrait pas non plus être épargné, compte tenu de la quantité de produits fabriqués ou assemblés en Inde et en Chine.Malgré les mesures prises pour élargir sa chaîne d’approvisionnement, Apple fabrique toujours la grande majorité de ses iPhones en Chine, par l’intermédiaire du fournisseur taïwanais Foxconn.Au total, la Chine sera accablée de droits de douane de 54% à partir du 9 avril.Les amateurs américains d’iPhones, qui représentent jusqu’à 70% des ventes, restent toutefois “relativement plus enclins à accepter des augmentations de prix”, tempère Ming-Chi Kuo, spécialiste de la marque à la pomme.En plus des mesures annoncées mercredi, l’administration Trump a également mis en place des droits de douane de 25% sur les véhicules qui ne sont pas fabriqués aux Etats-Unis, ce qui, selon les analystes, pourrait augmenter de plusieurs milliers d’euros le coût d’une voiture.- Vêtements et textile -Les actions des entreprises de l’habillement et du textile, qui dépendent d’une main-d’Å“uvre bon marché dans des pays comme la Chine et le Vietnam, ont fortement chuté en Bourse jeudi, Nike perdant plus de 13% et Gap plus de 20%.Les nouveaux droits de douane signifient en effet que les importations aux Etats-Unis en provenance de la Chine ou du Vietnam seront plus chères. Le Budget Lab de l’université de Yale a estimé que l’effet de tous les droits de douane annoncés jusqu’au 2 avril entraînerait une hausse de 17% du coût des vêtements et du textile en général.Selon ce centre de réflexion, l’effet global sur les prix des droits de douane annoncés jusqu’à présent équivaut à une perte moyenne annuelle de 3.800 dollars (3.400 euros) par ménage.

Escalade des tensions commerciales Chine/USA: les Bourses européennes plongent

L’ensemble des Bourses européennes plongent vendredi dans le sillage de la réponse chinoise aux droits de douane américains, Pékin ripostant par des taxes de 34% sur les produits américains dès le 10 avril.En Europe, vers 11H00 GMT, la Bourse de Francfort chutait de 5,08%, Paris de 4,26% et Londres de 3,90%. Milan dégringolait de 7,57% et Madrid de 6,02%.A Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices, qui reflètent les échanges avant l’ouverture du marché à 13H30 GMT (15H30, heure de Paris), chutaient également: le Nasdaq perdait 2,79%, le S&P 500 2,59%, le Dow Jones 2,62%.”Les mesures de rétorsion de la Chine annoncent le début d’une escalade” des tensions entre les deux premières puissances commerciales du globe, commente Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France.Les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump mercredi soir sont particulièrement punitifs pour la Chine, qui s’est vu infliger des droits additionnels de 34%. Déjà visée par des droits de douanes, les taxes sur ses produits vont augmenter de 54% au total.Vendredi, Pékin va imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril selon l’agence d’Etat.”Le 2 avril restera comme un tournant dans l’histoire du commerce mondial. Les annonces de Donald Trump ont déclenché une onde de choc: marchés en tension, inflation relancée, partenaires commerciaux sur la défensive”, a commenté John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.A la cote européenne, les banques s’enfoncent: Société Générale dévisse de 11,42%, BNP Paribas de 9,15%, UniCredit de 12,35%, Barclays de 9,51%, Deutsche Bank de 10,55%.

Alstom veut accélérer sa production de trains à très grande vitesse

Confronté à une “course contre la montre” pour honorer ses nombreuses commandes de trains à très grande vitesse, Alstom a décidé d’accélérer en investissant 150 millions d’euros pour tripler ses capacités de production afin d’éviter les retards de livraison.”Nous avons fondamentalement revu notre gamme de produits”, tramways, métros, trains régionaux et TGV, a expliqué sur BFM Business le directeur général du groupe, Henri Poupart-Lafarge.Parmi ces nouveaux produits, le Avelia Horizon fait figure de fleuron. Ce train à très grande vitesse sur deux étages a été commandé à 115 exemplaires par SNCF Voyageurs, qui l’a baptisé TGV M.Ces rames, très attendues pour répondre à l’explosion de la demande de trains, doivent être mises progressivement en service à partir de début 2026. Une véritable “course contre la montre”, pour le constructeur ferroviaire français, qui a déjà enregistré plusieurs retards dans la livraison de ce matériel – initialement prévue avant les Jeux de Paris-2024.”Ce TGV rencontre un grand succès, à la fois en France mais on l’a vendu aux Etats-Unis, nous l’avons vendu au Maroc et nous l’avons vendu au premier opérateur privé, Proxima”, a également précisé sur BFM Business le directeur général d’Alstom.- Embauches -“Nous devons faire monter en capacité l’ensemble de nos usines”, a-t-il ajouté. Alstom va donc doubler les lignes de chaudronnerie et d’assemblage de son usine de La Rochelle, où sont assemblés les Avelia Horizon, et créer une nouvelle ligne de production dans son usine de Valenciennes.La création de cette nouvelle ligne, dans une usine habituée à fabriquer des métros et des RER, va absorder un cinquième des investissements prévus, soit 30 millions d’euros sur 150 millions.L’objectif est d’arriver à “un triplement des capacités de production”, a annoncé le directeur général.Actuellement le constructeur est en mesure de sortir environ un train Avelia Horizon par mois. Il souhaite pouvoir en sortir en moyenne 2,5 par mois d’ici deux ans.Ces investissement s’accompagneront de 1.000 embauches en France en 2025. Alstom prévoit aussi de construire un nouveau bâtiment dans son usine de Belfort, là où sont fabriquées les motrices de l’Avelia Horizon, “destiné aux activités de préparation à la mise en service commercial des trains à très grande vitesse”.- Délais serrés -L’objectif est d’atteindre une meilleure régularité dans les livraisons, ce qui repose en grande partie sur la chaîne d’approvisionnement, selon M. Poupart-Lafarge.”Nous avons eu en début d’année quelques soucis avec un certain nombre de fournisseurs. C’est d’ailleurs depuis trois ou quatre ans un souci constant compte-tenu de la situation économique”, a-t-il souligné. Alstom va donc dédier une partie des 150 millions d’euros à aider ses fournisseurs à monter en puissance.Les délais sont serrés puisque Proxima, la néocompagnie qui souhaite se lancer sur l’axe Atlantique pour concurrencer SNCF Voyageurs, a commandé 12 rames avec l’objectif de lancer son service commercial en 2028.Le Maroc a lui commandé 18 rames et souhaite les voir livrées avant la Coupe du monde de football 2030.Confronté à de grandes difficultés industrielles et financières en 2023, Alstom avait dû lancer il y a un an et demi un plan de désendettement qui s’est traduit par la vente de ses activités de signalisation en Amérique du Nord, la suppression de 1.500 postes administratifs et une augmentation de capital.Le constructeur ferroviaire a depuis redressé la barre, choisissant de privilégier des commandes à forte valeur ajoutée et la rentabilité aux volumes.

Batteries: les usines françaises avancent malgré la défiance du secteur

ACC, AESC, Verkor: les usines de batteries pour véhicules électriques grandissent dans le nord de la France, même si le secteur est en plein doute après la faillite du géant suédois Northvolt.La pionnière ACC monte en cadence à Douvrin. Elle a livré ses premières batteries pour la Peugeot 3008. “Nous avons fabriqué autant de cellules et de modules au premier trimestre 2025 que pendant toute l’année 2024”, a souligné Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC.A quelques kilomètres de là, AESC-Envision fait les derniers tests avant de lancer la production en série. L’usine du géant sino-japonais de la batterie s’est installée à Douai sur un parking de l’usine Renault, dont il équipera les R5 électriques.Près du port de Dunkerque et de l’imposante centrale nucléaire de Gravelines, au milieu des champs, l’usine de la start-up Verkor est sortie de terre et installe ses machines. “On va tout raccorder mécaniquement, électriquement, dans les prochaines semaines”, a déclaré mercredi à des journalistes Benoît Lemaignan, un des cofondateurs de Verkor. Après des tests, l’entreprise devrait démarrer la production au plus tard en début d’année 2026.L’objectif de Verkor est de produire 16 gigawattheures de batteries par an à partir de 2028, dont 12 pour Renault, soit de quoi équiper 150.000 véhicules. A quelques pas de la nouvelle usine, un terrain est réservé pour le groupe taïwanais ProLogium, qui compte y construire aussi sa propre usine française.- Stratégique -La réussite de ces usines de batteries pour voitures électriques en France, en Hongrie ou en Espagne est considérée comme stratégique par l’Europe, alors que la Chine produit encore 83% des batteries mondiales, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Plus de 60 milliards d’euros ont été investis dans ces usines à travers le continent depuis 2020, selon le géant de l’informatique Capgemini.Dans la “vallée de la batterie” du nord de la France, ces usines devraient créer 13.000 emplois directs et au moins le double d’emplois indirects, d’après l’Aria, qui représente les industriels locaux de l’automobile.Réuni cette semaine à Dunkerque, le secteur s’interrogeait sur les difficultés des entreprises à monter en cadence et surtout à trouver des financements. La faillite début mars de Northvolt, plus grande initiative européenne dans ce secteur stratégique, était liée à des retards dans sa production mais aussi à un ralentissement du marché des voitures électriques en Europe.Pour Richard Bouveret, patron de Blue Solutions, “il y a eu un peu d’hystérie” sur les financements et “beaucoup d’actionnaires le paient”. Cette filiale du groupe Bolloré mise sur un modèle de batteries et d’usines moins coûteuses, tandis que d’autres comme ProLogium visent des batteries plus puissantes promettant une recharge très rapide.”Il faut aller au-delà des produits qu’on a déjà et gagner la confiance des consommateurs comme des investisseurs”, a estimé M. Bouveret lors d’une table ronde.La rentabilité de ces projets pharaoniques reste incertaine. Les coûts de production en Europe sont environ 50% plus élevés qu’en Chine, la chaîne d’approvisionnement liée aux batteries reste relativement faible et le secteur manque de salariés qualifiés, notait l’AIE début mars dans un rapport.”On est à un moment charnière”, a résumé Pierre Bagnon, spécialiste du secteur chez Capgemini.Après leur construction, les usines doivent faire des tests pendant de longs mois et produire des cellules de batteries qui seront jetées, avant de monter en qualité et passer à la production en série. Le patron d’ACC, Yann Vincent, parle de cette phase de tests comme d’une “vallée de la mort”.”Le démarrage ne dure pas un an”, a précisé M. Bagnon. “Construire une industrie européenne pérenne, durable dans le temps en termes de consommation énergétique, se passe sur le temps long”, a-t-il relevé.”Que ce soit aux Etats-Unis ou en Asie, les niveaux de soutien ont été considérables. L’Europe n’a pas encore pris conscience de ce dont on parlait”, a lancé Benoît Lemaignan chez Verkor. Comparés à l’argent que l’Europe dépense pour importer du pétrole, “les petits milliards qui ont été mis sur la table pour construire une industrie de la batterie en Europe ne sont pas à la hauteur”, selon lui.

Droits de douane: Wall Street en berne, pire séance pour le Nasdaq et le S&P 500 depuis 2020

La Bourse de New York a nettement chuté jeudi, au lendemain de l’annonce par Donald Trump d’une large offensive commerciale mondiale, qui fait craindre pour l’économie américaine.Le Dow Jones a clôturé en perte de 3,98%, l’indice Nasdaq a chuté de 5,97%, sa pire séance depuis mars 2020, et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 4,84%, sa plus forte baisse en clôture depuis juin 2020.La place américaine a été chamboulée par les nouveaux droits de douane présentés mercredi par le président Trump, qui ont provoqué un vent de panique sur la plupart des marchés.Ces surtaxes sont particulièrement lourdes à l’encontre de l’Asie et de l’Union européenne, s’attirant des menaces de riposte qui risquent d’asphyxier l’économie des pays visés… mais aussi l’économie américaine.L’offensive de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations pour certains pays: 20% de taxes pour l’Union européenne, 34% pour la Chine 24% pour le Japon ou encore 31% pour la Suisse.”Les droits de douane sont plus élevés et plus graves que prévu, et il faudra un certain temps pour en déterminer les effets exacts, non seulement sur l’économie, mais aussi sur les bénéfices des entreprises”, a commenté auprès de l’AFP Tom Cahill, analyste de Ventura Wealth Management.”La croissance des bénéfices des entreprises sera beaucoup plus faible que ce que Wall Street avait prévu pour l’année”, estime cet analyste.M. Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser son pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire, à rebours des analyses de la plupart des économistes qui anticipent de lourdes conséquences néfastes pour l’économie américaine.”La demande sera moins forte que prévu, car de nombreux consommateurs vont examiner leur budget et prendre des décisions difficiles”, juge M. Cahill. “Les consommateurs vont commencer à épargner davantage, tout simplement car ils sont incertains de leur avenir”, prévoit-il.”La banque centrale américaine (Fed) reviendra probablement sur le devant de la scène et, si le chômage augmente et que la croissance économique s’affaiblit considérablement, elle procédera probablement à des réductions plus importantes” de ses taux que les deux baisses qu’elle prévoyait jusqu’à présent, a expliqué à l’AFP Angelo Kourkafas, analyste d’Edward Jones.Dans ce contexte, le marché obligataire a encore joué son rôle de valeur refuge. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est détendu à 4,03%, contre 4,13% à la clôture la veille. En séance, il a chuté jusqu’à 3,99%.A la cote, peu de valeurs ont été épargnées par l’onde de choc provoquée par M. Trump.Le secteur de la tech était en berne. Plusieurs géants du secteur ont plongé face aux craintes d’une facture plus lourde pour leur chaîne d’approvisionnement.Première capitalisation mondiale, Apple a connu sa pire chute depuis 5 ans (-9,25%), laissant s’envoler plus de 300 milliards de dollars de capitalisation boursière. D’autres géants du secteur ont aussi été touchés, comme Nvidia (-7,81%), Dell (-19,00%), Broadcom (-10,51%) ou HP (-14,74%).Entreprises de l’habillement et équipementiers sportifs ont aussi reculé, plombés par les annonces du président américain sur les droits de douane, avec une addition très lourde pour l’industrie textile.Les marques dont une partie des vêtements sont fabriqués en Chine ou au Vietnam (respectivement taxés à hauteur 34% et 46%, en plus des droits de douane déjà imposés) ont dévissé, à l’instar de Gap (-20,38%), Ralph Lauren (-16,27%), Lululemon (-9,58%) ou encore le géant américain Nike (-14,47%).”Si ces droits de douane restent en place pour une période prolongée, je pense que le marché boursier (peut encore baisser) de manière substantielle”, considère M. Cahill. M. Trump a lui prédit jeudi un bond financier et économique, en dépit des lourds droits de douane annoncés la veille.

Droits de douane de Trump : l’onde de choc continue de parcourir la planète

L’onde de choc provoquée par l’annonce par Donald Trump de droits de douane massifs pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis continue vendredi de parcourir la planète, les Bourses européennes ouvrant en baisse, suivant le mouvement en clôture des marchés asiatiques, toujours sonnés.En attendant d’en savoir davantage sur la réaction des partenaires commerciaux des Américains, les principaux indices boursiers européens continuaient de baisser dans les premiers échanges : Paris cédait 0,86%, Francfort 0,70%, Zurich 0,86% et Milan 1,55%.En Asie, la Bourse de Tokyo a accentué ses pertes en clôture : l’indice vedette Nikkei a perdu 2,75%, et l’indice élargi Topix 3,37%.De même, la Bourse de Sydney a chuté de 2,44% et celle de Séoul reculé de 0,86%. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.”A en juger par les réactions des marchés mondiaux, l’incertitude est plus grande que jamais”, soulignent les analystes de Tokai Tokyo Securities.Les droits de douane américains de 24% imposés au Japon constituent une “crise nationale” pour l’archipel, a déclaré vendredi le Premier ministre nippon, Shigeru Ishiba, devant le Parlement. Les Etats-Unis absorbaient l’an dernier 20% des exportations japonaises. Alors que les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis ont commencé à chercher la parade jeudi face au coup de massue infligé par Donald Trump, le président américain a balayé les inquiétudes. “L’économie avait beaucoup de problèmes… C’était un patient malade, (elle) va finir en pleine forme”, a-t-il assuré devant la presse, à bord d’Air Force One.Mais pour le Fonds monétaire international (FMI) les annonces de Donald Trump “constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle”, a averti sa directrice, Kristalina Georgieva.La veille, un vent de panique avait soufflé sur Wall Street, où les ménages américains placent massivement leur épargne.Des milliards de dollars d’actions sont partis en fumée: -5,97% pour l’indice Nasdaq, -4,84% pour l’indice de référence S&P 500, leur pire séance depuis 2020, lors du premier mandat de Donald Trump.Les entreprises fuies par les investisseurs sont celles dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie. Comme l’habillement (Gap, -20,38%) ou la tech (Apple, -9,25%). Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui, précédemment visée, verra au total les taxes sur ses produits augmenter de 54%), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole a reculé de plus de 6% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets.Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis ce jeudi +25% sur les voitures importées aux Etats-Unis.Le vice-président américain JD Vance a considéré jeudi dans une interview télévisée que la situation sur les marchés “pourrait d’une certaine manière être pire, car c’est une grosse transition”.- Macron esquisse une riposte -Stupéfaits par l’ampleur de l’offensive américaine, qui rebat les cartes du commerce mondial, les principaux partenaires des Etats-Unis se sont globalement abstenus de jeter de l’huile sur le feu.La présidence américaine a laissé la porte ouverte à des négociations et mis en garde contre toute velléité de représailles, menaçant de sanctions supplémentaires.Face à une décision américaine “grave et infondée”, le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l’unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux Etats-Unis.Vendredi, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a appelé vendredi les entreprises françaises à faire preuve de “patriotisme”. “Il est clair que si une grande entreprise française acceptait d’ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains”, a-t-il déclaré. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé qu’il fallait avoir pour objectif de “supprimer” les droits de douane, “pas (de) les multiplier” par une surenchère. Le Canada, l’une des cibles favorites de Donald Trump, n’a pas subi de nouveaux droits de douane mercredi. Mais le voisin des Etats-Unis paie tout de même un tribut croissant dans la guerre commerciale enclenchée par Washington, avec des surtaxes qui touchent déjà une partie de ses exportations. Ottawa a décidé jeudi de taxer en retour certaines voitures américaines.- Suspension de production -L’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d’au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril à 04H01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.Les marchandises de l’UE subiront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.Les surtaxes américaines pourraient réduire d'”environ 1%” le commerce mondial de marchandises en volume cette année, a affirmé jeudi la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.La surtaxe sur l’automobile, entrée en vigueur jeudi, a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce par Stellantis d’une suspension de la production dans certaines usines au Canada et Mexique. 

La Bourse de Paris recule toujours sous le coup des droits de douane américains

La Bourse de Paris évoluait en net repli vendredi, creusant ses pertes au surlendemain du séisme provoqué par l’ampleur des droits de douane annoncés par Donald Trump sur les produits importés aux Etats-Unis.Vers 09H45, le principal indice de la Bourse de Paris, le CAC 40, reculait de 1,07%, soit de 81.05 à 7.517,93 points. Jeudi, il a fini en chute de 3,31%.Depuis lundi et à ce stade de la séance, l’indice affiche une perte de 5,01%. A ce rythme, le CAC 40 se dirige vers sa plus mauvaise semaine depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.”Nous nous attendions à des annonces choquantes de Donald Trump, et cela a été pire” qu’escompté, écrit Xavier Chapard, stratégiste chez LBP AM.Les nouvelles taxes prévues sur les produits importés aux Etats-Unis vont d’un plancher de 10% pour tous à 54% en cumulé pour ceux en provenance de Chine. Les marchandises de l’Union européenne feront, elles, l’objet d’une taxe à l’importation de 20%. Certains territoires français d’outre-mer sont même visés par des droits de douane additionnels plus élevés (37% pour la Réunion et 50% pour Saint-Pierre-et-Miquelon).”Si ces tarifs ne sont pas réduits rapidement, ce qui est possible mais qui nous semble difficile, cela devrait pousser les Etats-Unis au bord de la récession dans les prochains trimestres”, estime M. Chapard.Cette politique commerciale des Etats-Unis, agressive et protectionniste, risque aussi de “faire remonter l’inflation américaine au-delà de 4% d’ici la fin de l’année”, ajoute le stratégiste.”La grande question est de savoir comment les partenaires commerciaux des États-Unis pourraient riposter. Cela déterminera l’impact sur l’économie mondiale”, écrit Jim Reid, économiste de Deutsche Bank. “Les investisseurs seront ainsi attentifs à tout accord potentiel visant à réduire les droits de douane. Donald Trump a déclaré jeudi soir que +les droits de douane donnent (aux Etats-Unis, NDLR) un grand pouvoir de négociation+, mais que les autres pays devraient offrir quelque chose de +phénoménal+ dans le cadre des négociations pour qu’il cède. Il n’y a donc aucun signe de soulagement immédiat”, a poursuivi Jim Reid.”Par exemple, le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi que les entreprises françaises devraient suspendre leurs investissements aux États-Unis”, a-t-il cité.La France investit davantage aux Etats-Unis que ce que les Américains injectent en France. En 2023, les investissements directs français outre-Atlantique s’élevaient à 370 milliards de dollars, faisant de la France le troisième investisseur européen et le cinquième investisseur étranger aux Etats-Unis, selon les chiffres du Bureau of Economic Analysis (BEA) américain.Dans le sens inverse, d’après la Banque de France, les Etats-Unis ont atteint un niveau total d’investissements de 142,1 milliards de dollars en France en 2023, ce qui fait du pays de Donald Trump le premier investisseur étranger en France.Â