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Branle-bas face aux droits de douanes et à la “disparition” de l’ancien ordre commercial mondial

“Le monde tel qu’on le connaissait a disparu” avec la flambée des droits de douanes imposée par Washington, a affirmé dimanche le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a multiplié les contacts avec ses partenaires européens ce week-end.La décision du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douanes additionnels d’au moins 10% sur une grande partie des produits importés par les Etats-Unis fait craindre des répercussions massives sur l’économie mondiale et le commerce international.”Les anciens postulats ne peuvent plus être considérés comme acquis”, a estimé Keir Starmer dans une tribune au journal conservateur The Sunday Telegraph. “Le nouveau monde est moins régi par des règles établies, et davantage par des accords et des alliances”, a-t-il insisté.Durant le week-end, le dirigeant britannique s’est notamment entretenu avec plusieurs dirigeants européens pour discuter de l’impact de ces droits de douanes et évoquer les réponses envisagées.La décision américaine a déjà suscité un vent de panique sur les marchés financiers ces derniers jours, et l’inquiétude reste de mise avant la réouverture des Bourses mondiales lundi.Dimanche, Keir Starmer a échangé avec le chancelier allemand Olaf Scholz, son futur successeur Friedrich Merz, et avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les dirigeants ont affirmé que l’Europe devait “se montrer à la hauteur de la situation et veiller à ce que l’impact sur les travailleurs soit minimisé”, selon un compte-rendu publié par Downing Street.La situation rend “important pour le Royaume-Uni de renforcer simultanément ses relations commerciales avec d’autres pays”, a aussi fait valoir Keir Starmer, qui tente d’assouplir les barrières commerciales avec l’UE quatre ans après l’entrée en vigueur du Brexit.La veille, le dirigeant britannique s’était aussi entretenu avec le président français Emmanuel Macron. Ils avaient convenu qu’une guerre commerciale n’était “dans l’intérêt de personne”.Les consultations vont se poursuivre cette semaine au sein de l’UE. Les ministres du Commerce extérieur des 27 doivent se réunir lundi à Luxembourg pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”.L’UE s’est vu imposer des droits supplémentaires de 20% sur ses exportations vers les Etats-Unis. Ils doivent entrer en vigueur le 9 avril. Bruxelles a promis d’ouvrir des “négociations sérieuses” avec Washington contre ces taxes jugées “injustifiées”.Lors de son échange avec Keir Starmer dimanche, Ursula von der Leyen a réaffirmé “l’engagement de l’UE à entamer des négociations avec les Etats-Unis, tout en précisant que l’UE était prête à défendre ses intérêts par des contre-mesures proportionnées si nécessaire”, selon un compte-rendu publié par la Commission.Elle a également “insisté sur sa détermination à travailler avec les partenaires (de l’UE) pour répondre à cette nouvelle réalité pour l’économie mondiale”, tout en reconnaissant que chacun “agira en fonction de ses propres priorités”. La Chine n’a, elle, pas tardé à riposter en dégainant des droits de douanes de 34% sur ses importations en provenance des Etats-Unis, le même niveau que celui annoncé par Donald Trump à l’égard des exportations chinoises vers les Etats-Unis, augurant d’une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales.- “toutes les options” envisagées -“Plus de 50 pays” ont entamé des négociations avec Washington, a indiqué dimanche le conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.A Londres, relativement moins mal loti que d’autres grandes économies avec un taux minimal de 10%, le gouvernement travailliste a lancé une consultation auprès du monde économique sur une éventuelle riposte.”La priorité immédiate est de rester calme et de se battre pour le meilleur accord possible”, a toutefois affirmé Keir Starmer dimanche. “Cependant, toutes les options restent sur la table”, a-t-il insisté.Le Premier ministre s’est dit “prêt à utiliser la politique industrielle pour protéger les entreprises britanniques de la tempête”. Samedi, le constructeur automobile Jaguar Land Rover a annoncé suspendre en avril ses expéditions vers les Etats-Unis, le temps d’analyser l’impact des droits de douanes.Le gouvernement britannique espère aboutir à un accord de partenariat économique plus large qu’il négocie depuis des semaines avec Washington, et qui pourrait supprimer tout ou partie de ces droits.”Je ne conclurai un accord que s’il est bénéfique pour les entreprises britanniques et la sécurité des travailleurs”, a toutefois prévenu Keir Starmer.

Leica rayonne après un siècle d’excellence photographique

Pour être “très rapide et discrète”, la photographe Franziska Stünkel, spécialisée dans les clichés urbains, pris sur le vif, ne jure que par son boitier Leica, appareil emblématique de la marque allemande qui fête son centenaire.L’artiste berlinoise, qui capture dans les reflets des vitres le court instant où objets et humains “coexistent” dans un même motif, explique qu’elle aime “réduire la photographie à l’essentiel”.Une pratique pour laquelle le petit boîtier noir de son modèle “M11” numérique fait merveille, dit à l’AFP la photographe de 51 ans .Bien avant elle, des figures du photojournalisme tels que Robert Capa et Henri Cartier-Bresson ont contribué à la renommée de Leica. Née à Wetzlar, dans le centre de l’Allemagne, la marque à la pastille rouge résiste grâce à un positionnement de niche sur un marché de la photo archi-dominé par les géants japonais tels que Sony, Canon et Nikon. Si l’entreprise Leica de fabrication d’optiques et de microscopes a été fondée en 1869 par l’entrepreneur Ernst Leitz, c’est en 1925 qu’elle a présenté son premier modèle d’appareil 35 mm qui a jeté les bases de la photographie moderne, auparavant pratiquée en chambre grand format.- 600 pièces par appareil -Aujourd’hui, les boîtiers “made in Wetzlar” sont toujours assemblés à la main dans une usine de la ville située au nord de Francfort. Dans un environnement sans poussière, 70 ouvriers, équipés de tournevis de précision et autres pincettes, assemblent plus de 600 pièces par appareil. Un travail minutieux “qui demande beaucoup d’expérience”, explique Peter Schreiner, responsable du montage des appareils photo. Dans une halle voisine, le polissage des lentilles se fait jusqu’à “une précision de 0,1 millionième de mètre”, avant les phases également délicates de collage et de laquage, souligne Roland Elbert, chef de la fabrication optique.Après une décennie difficile dans les années 2000, l’entreprise Leica affiche une santé insolente et a totalement embrassé la technologie numérique qui représente aujourd’hui l’essentiel des ventes.Un “appareil qui fait de vous un meilleur photographe”, affirme à l’AFP l’artiste Alan Schaller, qui utilise un modèle “M11 Monochrom”, dédié à la photographie en noir et blanc.Ce Britannique règle l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO de l’objectif, assurant être “plus rapide qu’avec n’importe quel appareil automatique”.Un modèle, le “M6”, reste fabriqué pour les nostalgiques de l’argentique.- Smartphones -Les ventes annuelles de l’exercice 2024/2025 devraient “atteindre la marque record des 600 millions d’euros pour une croissance annuelle proche de 10%”, se félicite Matthias Harsch, aux commandes de l’entreprise depuis huit ans.C’est plus rapide que les ventes mondiales d’appareils numériques qui ont crû de 4% en 2024 à 6,84 milliards d’euros, selon l’institut de consommation GfK.L’innovation reste au cÅ“ur de la marque avec un budget de recherche de “plus de 10 % des ventes”, affirme M. Harsch.Au-delà des appareils photo, Leica se diversifie avec des montres, un projecteur laser pour une expérience de cinéma à la maison, et surtout une incursion toujours plus prononcée dans la photographie mobile. Son optique équipe désormais les smartphones du chinois Xiaomi, numéro trois du secteur, et le “Leitz Phone”, conçu avec Sharp pour le marché japonais. Pour autant la marque chérie des artistes n’a pas l’impression de perdre son âme : “avec un téléphone, on fait des clichés, le reste c’est de la photographie”, sourit le patron, évoquant une “cohabitation pacifique” entre les deux segments.La différence est aussi dans le prix : compter près de 9.000 euros pour le boitier nu du “M 11” et quelques milliers d’euros de plus pour l’objectif. Leica ne communique pas le nombre d’unités vendues.Les droits de douane tous azimuts lancés mercredi par les Etats-Unis seront “examinés” par Leica, commente sobrement son patron. Lors du premier mandat de Donald Trump, l’entreprise avait déjà dû affronter des surtaxes frappant ses objectifs. L’Amérique du Nord a représenté en 2024 20% des ventes de Leica, contre un tiers pour l’Asie et autant pour l’Europe, hors Allemagne (10%).

Pro-Trump, les agriculteurs américains piégés par la guerre commerciale

Déjà plombés par des cours déprimés, les agriculteurs américains craignent de voir leurs exportations chuter après l’instauration de nouveaux droits de douane par Donald Trump, pour qui ils ont massivement voté l’an dernier.”On savait que ça arrivait”, explique Jim Martin, qui cultive du soja et du maïs dans l’Illinois (nord). “On s’inquiète de savoir comment tout ça va se résoudre.”Les Etats-Unis ont mis en place samedi une taxe universelle de 10% sur leurs importations, qui s’ajoute aux droits déjà en vigueur.Dès mercredi, le gouvernement Trump va encore les relever pour plusieurs dizaines de pays, dont la Chine, lestée de 34% supplémentaires.La Chine a riposté dès vendredi et imposé le même montant de droits de douane aux produits américains, une mesure qui entrera en vigueur jeudi.L’an dernier, l’agriculture américaine a exporté pour 24,6 milliards de dollars (22,4 mds d’euros) de sa production vers la Chine, son troisième partenaire commercial derrière le Mexique et le Canada.Le soja pèse, à lui seul, pour plus de la moitié du total (52%), très loin devant le boeuf (6%) et le coton (6% également).Les agriculteurs ont encore en mémoire le premier mandat de Donald Trump et les 25% assignés, en 2018, au soja américain par la Chine pour répondre à une première salve protectionniste des Etats-Unis.Les exportations de l’oléagineux en Chine avaient dégringolé de 75% cette année-là.Pour compenser une partie des 27 milliards de dollars de chiffre d’affaires perdus à l’export, le ministère de l’Agriculture (USDA) avait injecté 23 milliards d’aide en 2018 et 2019.Les électeurs des 444 comtés américains considérés comme dépendants de l’agriculture n’en ont pas moins voté à 78% pour Donald Trump à la présidentielle de novembre dernier, soit plus encore qu’en 2016 (73%).”Le président a dit que ça irait mieux à long terme”, observe Jim Martin, “donc il faut qu’on décide à quel point on est prêt à patienter”.- Double peine -Le tour de vis sur les tarifs douaniers intervient à une période où les cours du soja sont déjà proches de leurs plus bas depuis 2020, lestés par une production et des stocks abondants.Avant même ce début de guerre commerciale, le soja américain était déjà en mauvaise posture face à son concurrent brésilien, aidé par le dollar fort.En 2015, les deux géants de la glycine max, son nom scientifique, étaient encore au coude à coude sur le front de l’export.Cette année, le Brésil devrait vendre à l’étranger un volume plus que double de son rival (105 millions de tonnes contre 50), qui piétine depuis dix ans.La position du Brésil a encore été renforcée par l’ouverture, en novembre, du terminal portuaire géant de Chancay, au Pérou, financé par un opérateur chinois et qui va faciliter l’exportation vers la Chine de denrées alimentaires.”Il va y avoir encore moins de raisons d’acheter du soja américain”, anticipe Michael Slattery, qui cultive maïs, soja et blé dans le Wisconsin (nord). “C’est moins cher de l’acheter au Brésil, de très loin.””La perte de ce marché (la Chine) est un gros coup dur, parce qu’il est très coûteux de trouver d’autres acheteurs”, prévient Christopher Barrett, professeur à l’université de Cornell.En 2018, Donald Trump ne s’en était pris qu’à la Chine. Cette fois, il a relevé les droits de douane de tous ses partenaires commerciaux, ce qui pourrait amener d’autres pays à répliquer, souligne l’universitaire.Pour les exportateurs, la passe d’armes entre Etats-Unis et Chine est une double peine.Leurs ventes risquent d’être pénalisées, tandis que “les droits de douane vont augmenter le coût de leurs approvisionnements”, de l’outillage aux engrais, met en exergue la fédération paysanne américaine (AFBF).C’est “un bouleversement majeur de l’ordre international”, décrit Michael Slattery.”J’ai essayé de vendre autant de soja et de maïs que je pouvais”, dit-il, “avant que Trump n’annonce combien il allait appliquer de droits de douane.”

Le Vietnam demande un délai pour les droits de douane américains alors que sa croissance économique ralentit

Le Vietnam a demandé un délai de dernière minute pour l’application des droits de douane colossaux imposés par Washington, alors que sa croissance économique a légèrement ralenti au premier trimestre. La puissance manufacturière d’Asie du Sud-Est, dont les Etats-Unis sont le plus grand marché à l’exportation, a enregistré une croissance économique de 6,93% au premier trimestre 2025, en glissement annuel, en légère baisse par rapport à la croissance de 7,55% au dernier trimestre 2024, selon les chiffres publiés dimanche par le Bureau général des statistiques.Mais le Vietnam se voit imposer par les Etats-Unis des nouveaux droits de douane de 46%, censés entrer en vigueur le 9 avril et qui pourraient menacer son économie. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un nouveau blitz commercial mondial annoncé mercredi par le président américain Donald Trump, qui a fait vaciller les marchés du monde entier. Cependant, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé à M. Trump un délai d'”au moins 45 jours” pour l’application de ce nouveau tarif de 46%, selon une copie d’une lettre officielle consultée par l’AFP. Dans cette lettre, To Lam indique qu’il a nommé le vice-premier ministre Ho Duc Phoc pour servir de contact principal avec la partie américaine sur la question, “dans le but de parvenir à un accord le plus rapidement possible”. Il déclare également qu’il espère rencontrer M. Trump à Washington d’ici la fin du mois de mai pour finaliser l’accord. Vendredi, M. Trump avait déclaré avoir eu un appel “très productif” avec M. Lam, qui, selon lui, souhaitait conclure un accord sur les droits de douane. Malgré le défi que représentent les droits de douane américains, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh a estimé que l’objectif d’une croissance d'”au moins 8%” cette année était maintenu.- Des dommages importants -Les droits de douane américains menacent de “nuire considérablement” au modèle de croissance actuel du Vietnam, qui dépend fortement des exportations vers les Etats-Unis, estime Sayaka Shiba, analyste principal du risque-pays au sein du cabinet de recherche BMI. Dans le pire des cas, ils pourraient coûter au Vietnam 3 points de PIB cette année, selon elle. M. Trump a affirmé que le pays communiste imposait aux Etats-Unis des droits de douane de 90%, un chiffre basé sur l’excédent commercial de 123,5 milliards de dollars l’an dernier du Vietnam avec les Etats-Unis. Les experts estiment que les nouveaux droits de douane frapperont durement des secteurs économiques tels que les fruits de mer, les vêtements, les chaussures, le bois, les produits électroniques et les smartphones. Les grandes entreprises américaines qui ont des usines au Vietnam, comme Nike et Adidas, devraient voir leurs commandes diminuer et leurs chiffres d’affaire baisser, ce qui pourrait entraîner des réductions d’effectifs dans les usines et des pertes d’emplois, a estimé auprès de l’AFP Pham Van Dai, professeur d’économie à l’université Fulbright du Vietnam.Les investisseurs sont “dans l’expectative”, “c’est le pire moment pour eux pour prendre des décisions à long terme”, juge M. Dai, ajoutant qu’ils ont besoin “d’une politique plus claire de la part des Etats-Unis” et de connaître “les réponses des (autres) pays”.

“Tenez bon”, lance Trump pour l’entrée en vigueur des droits de douane de 10%

“Tenez bon”, a lancé samedi Donald Trump après l’entrée en vigueur des droits de douane additionnels de 10% visant une grande partie des produits importés par les Etats-Unis, reconnaissant que cela n’allait “pas être facile”.Ce plancher universel de 10%, s’ajoutant aux taxes douanières qui existaient au préalable, représente une déflagration pour le commerce mondial qui doit s’amplifier dans les jours qui suivent.”C’est une révolution économique et nous allons gagner”, a écrit en lettres majuscules le président américain sur sa plateforme Truth Social samedi, exhortant toutefois ses compatriotes à “tenir bon” car “ce ne sera pas facile”.”Le résultat final sera historique”, a-t-il également promis.Ces droits de douane de 10% visent une grande partie des produits que les Etats-Unis importent du reste du monde, certains biens étant toutefois exemptés pour l’heure, dont le pétrole, les semi-conducteurs, ou encore les minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importés ne sont pas non plus concernés, mais ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières.Canada et Mexique restent exemptés de cette nouvelle vague, mais pour une partie seulement de leurs exportations, le solde faisant déjà l’objet de taxes supplémentaires.- “Dans l’intérêt de personne” -L’addition sera nettement plus lourde dès le 9 avril pour des dizaines de pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. +54% au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), +20% pour l’Union européenne (UE), +46% pour le Vietnam, +24% pour le Japon…Samedi, l’entrepreneur américain Elon Musk a pris le contrepied de son allié Donald Trump en plaidant pour une “zone de libre-échange” à droits de douane nuls incluant Amérique du Nord et Europe, lors d’une interview en visio-conférence par le dirigeant italien d’extrême droite Matteo Salvini.Au sein de la majorité républicaine au Congrès, quelques voix commencent aussi à s’élever contre ce brutal tour de vis.”La liberté et la paix s’appuient sur des marchés ouverts et du libre-échange”, a écrit le sénateur du Kentucky Rand Paul sur X (ex-Twitter).Son collègue Chuck Grassley avait déposé jeudi, conjointement avec son homologue démocrate Maria Cantwell, une proposition de loi limitant les prérogatives du président en matière de droits de douane.Une guerre commerciale n’est “dans l’intérêt de personne” mais rien ne doit être “exclu”, ont abondé samedi le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron, lors d’un entretien téléphonique.Le Bangladesh a convoqué une réunion d’urgence samedi pour répondre aux craintes du secteur textile de son pays, deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde qui exporte 20% de ses produits finis aux Etats-Unis.L’ONU commerce et développement (Cnuced) s’est inquiétée vendredi de trouver toujours dans la liste les pays plus pauvres de la planète.L’organisation internationale a souligné que les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement n’étaient responsables, respectivement, que de 1,6% et 0,4% du déficit commercial américain.- Des milliers de milliards partis en fumée -L’annonce mercredi de Donald Trump, justifiée par l'”urgence nationale” de réduire le déficit américain, a foudroyé l’économie mondiale. Les barrières douanières promises seront aussi hautes, selon les économistes, que dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une époque où les flux étaient éminemment plus faibles et les pays moins dépendants de la production des autres.Face à la riposte annoncée par Pékin (+34% sur les produits américains dès le 10 avril) et aux craintes d’une spirale négative pour l’économie mondiale, les marchés financiers se sont effondrés.En deux jours, Wall Street a vu s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.Exhorté vendredi par Donald Trump à baisser les taux d’intérêt, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) a brossé un tableau plutôt sombre des perspectives pour l’économie américaine, avec les droits de douane: potentiellement plus d’inflation, moins de croissance et davantage de chômage.

A Cuba, le pari du solaire pour tenter de sortir de la crise énergétique

Non loin des ruines d’une centrale nucléaire jamais achevée, des travailleurs s’activent pour installer 44.000 panneaux solaires à Cienfuegos, dans le centre de Cuba. L’île cherche à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles pour tenter de surmonter sa crise énergétique.Des dizaines de conteneurs, sur lesquels sont visibles des inscriptions en chinois, sont alignés non loin du chantier du parc photovoltaïque “La Yuca”. Des chariots élévateurs, chargés de panneaux solaires, se faufilent entre les structures de béton où les plaques vont être installées. “Nous câblons, nous creusons des tranchées et nous montons des panneaux”, explique sur place un responsable. Le chantier doit être achevé en mai. L’île de 9,7 millions d’habitants, qui reste très dépendante des énergies fossiles pour faire tourner ses huit vieilles centrales électriques et plusieurs générateurs, s’est lancée dans un vaste projet de production d’énergie photovoltaïque.Au total, 55 parcs solaires doivent voir le jour dès 2025. Cinq sont situés dans la province centrale de Cienfuegos, zone stratégique qui compte un port industriel, une raffinerie, une centrale électrique, et qui fut choisie dans les années 1980 pour un projet avorté de centrale nucléaire.Le ministre de l’Energie et des Mines, Vicente de la O Levy, a reconnu l’urgence de la situation: “Plus de la moitié de tout le combustible que consomme le pays va dans la production d’électricité”, a-t-il déclaré au quotidien d’Etat Granma. L’achat de carburant représente la “facture” la plus importante pour Cuba, “plus que les aliments, plus que les médicaments, plus que tout”, a-t-il ajouté. Le fragile réseau électrique cubain s’est totalement déconnecté à quatre reprises au cours des six derniers mois en raison d’avaries ou de pénuries de combustible, laissant à chaque fois le pays entier sans courant, parfois pendant plusieurs jours. – Appui de la Chine -L’énergie produite par les parcs solaires sera d’abord fournie au réseau électrique national pour être distribuée dans tout le pays, ont précisé les autorités, sans forcément résoudre dans l’immédiat les déficits chroniques que subissent les habitants de la zone. Belkys Vila, 59 ans, qui vend des vêtements dans la cour de sa maison, vit non loin d’un parc solaire inauguré récemment dans la province de Cienfuegos, mais passe toujours “plus de temps sans courant (…) qu’avec du courant”.Sa voisine, Juanita Roa, 70 ans, cuisine au charbon de bois. “Ici, les femmes se lèvent à trois heures du matin pour laver, cuisiner” pendant “le court moment où il y a du courant”, dit-elle.Le projet de production d’énergie solaire implique un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars que l’île communiste, sous embargo américain et plongée dans une profonde crise économique, a lancé avec le soutien financier de la Chine.Aucun chiffre d’investissement n’a été rendu public. Le gouvernement prévoit de produire 1.200 mégawatts d’ici fin 2025, alors que le pays souffre d’un déficit quotidien de génération électrique d’environ 1.500 MW. Jorge Piñón, chercheur à l’Université du Texas, salue l’objectif de Cuba de produire grâce à l’énergie renouvelable 12% de son énergie d’ici 2025 et 37% d’ici 2030. Il s’interroge cependant sur l’absence de “grandes batteries de stockage pour utiliser l’énergie solaire pendant la nuit” et “équilibrer l’offre et la demande”. “Les premiers conteneurs de stockage sont déjà à Cuba, mais ils n’ont pas encore la batterie à l’intérieur”, a reconnu le ministre De la O Levy.Par le passé, Cuba a déjà tenté de réduire sa dépendance au pétrole. A seulement 15 kilomètres du parc photovoltaïque “La Yuca”, apparaît l’imposante coupole construite pour protéger ce qui devait être un réacteur nucléaire. Sur les épais murs de béton, des inscriptions en russe sont toujours visibles.Moscou avait largement participé au financement du projet pour lequel des physiciens et ingénieurs soviétiques s’étaient rendus à Cuba. Après la chute de l’URSS, le programme a été abandonné par Fidel Castro (1926-2026). Eliecer Machin, un physicien formé en URSS, se souvient du “coup dur” qu’a représenté l’abandon du projet. A 60 ans, il vit toujours dans la “cité nucléaire” construite pour accueillir le personnel de la centrale atomique, mais survit en élevant des cochons.

Camaïeu, Go Sport, Gap: l’homme d’affaires Michel Ohayon mis en examen pour banqueroute

L’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon a été mis en examen vendredi à Paris pour banqueroute, abus de biens sociaux et escroqueries en bande organisée notamment, soupçonné d’avoir détourné à son profit de l’argent des enseignes en difficulté Go Sport, Gap France et Camaïeu, ce qu’il conteste.L’entrepreneur, qui a fait fortune dans l’immobilier avant de bâtir un éphémère empire commercial, a été mis en examen pour banqueroute, abus de biens sociaux, escroqueries en bande organisée, abus de confiance et blanchiment aggravé, a indiqué samedi le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec l’interdiction de diriger ou de gérer une société de quelque moyen que ce soit et l’obligation de verser au tribunal un cautionnement de 500.000 euros.”Il a injecté plus de 68 millions d’euros de sa fortune personnelle, il n’y a eu aucun enrichissement, tout au contraire, M. Ohayon s’est appauvri dans cette affaire pour sauver un secteur du +retail+ qui connait une crise en France sans précédent”, a réagi auprès de l’AFP son avocat, Me Olivier Pardo. “Il suffit de voir le nombre de faillites qui ont eu lieu depuis le Covid”.Selon Me Pardo, “les accusations portées contre lui sont une négation du fonctionnent d’un groupe de sociétés”. “Nous démontrerons les responsabilités des uns et des autres”, a-t-il promis.L’épouse de M. Ohayon a également été mise en examen.Les autres personnes placées en garde à vue dans ce dossier cette semaine ont été relâchées sans poursuites à ce stade, selon deux sources proches du dossier.Selon le parquet, les investigations ont mis en évidence “l’existence de prélèvements des ressources de trésorerie significatives des différentes structures sociales que Michel Ohayon dirige en droit ou de fait, sans justification économique ou juridique, dans un contexte de situation financière sous tension pour ces sociétés, qui apparaissent contraires à leur intérêt social”.- 50 millions d’euros -Ces opérations ont “été dissimulées comptablement et ou justifiées par des opérations juridiques fictives”, selon la même source. “Le produit tiré de l’ensemble des infractions reprochées est estimé à plus de 50 millions d’euros.”Camaïeu, Gap, Go Sport, La Grande Récré… Les déboires financiers de ces enseignes grand public, que le sexagénaire venait d’acquérir en quelques années, ont fait les gros titres depuis la liquidation de la première, en septembre 2022, avec 2.600 employés sur le carreau.Il avait dû céder Gap France et Go Sport, placées en redressement judiciaire peu après. Sa holding, la Financière immobilière bordelaise (FIB), le bras armé des investissements de l’ancien vendeur de vêtements devenu propriétaire d’immeubles et d’hôtels de luxe, était en 2023 en cessation de paiements, avec 500 millions d’euros de passif.Le groupe Celio a racheté Camaïeu, les autres chaînes de vêtements et jouets étant reprises par des concurrents à la barre des tribunaux de commerce. De cet éphémère empire commercial, Michel Ohayon a seulement conservé une vingtaine de magasins Galeries Lafayette en province.Pour le parquet, il est “établi” que les procédures de redressement judiciaire de Camaïeu, Gap et Go Sport ont été provoquées “du fait notamment de ces mouvements de trésoreries suspects”.L’homme d’affaires est entre autres soupçonné d’avoir détourné de l’argent des enseignes à des “fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle il était directement ou indirectement intéressé”.Par exemple, d’avoir viré du groupe Go Sport la somme “a minima de 36,5 millions d’euros sur les comptes de la société Hermione People and Brands (HPB)”, une autre de ses sociétés, ce qui a “entraîné la cessation de paiement du groupe”, ou encore d’avoir consommé la trésorerie de Camaïeu “à hauteur de 41,3 millions d’euros pour le seul mois de septembre 2021”.Les parquets de Lille, Grenoble et Bordeaux s’étaient dessaisis au profit de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) des signalements -provenant notamment de commissaires au compte- et plaintes reçus à la fin de 2022 et début 2023 sur des soupçons de détournements commis au préjudice des enseignes Gap, Camaïeu, Go Sport et Campus Academy.Plus de 300 ex-salariés de Camaïeu ont assigné il y a quelques semaines quatre sociétés de la galaxie Ohayon, dont la FIB et HPB, dans le cadre d’une action en responsabilité civile.

Le Sénat adopte une feuille de route pour financer le programme de Trump

Le Sénat américain a adopté très tôt samedi une faramineuse résolution budgétaire, préambule à l’adoption de  mesures phares de Donald Trump, mais qui divise le camp républicain dans un contexte d’incertitude sur l’avenir économique des Etats-Unis.La chambre haute à majorité républicaine a adopté le texte après une session marathon de vote au cours de la nuit, en raison des nombreux amendements ajoutés par les démocrates.La résolution n’est pas un budget en soi, mais une feuille de route sur les niveaux de dépenses à atteindre pour l’Etat fédéral.”Cette résolution jette les bases d’une augmentation des fonds pour sécuriser la frontière, accroître notre domination énergétique, bâtir une défense nationale, tailler dans les dépenses inutiles et empêcher une augmentation des impôts sur les familles et les petites entreprises”, s’est félicité dans un communiqué le sénateur républicain James Lankford.”En votant ce texte, les sénateurs républicains ont pris le parti des milliardaires, contre la classe moyenne, en totale soumission à Donald Trump”, a déploré de l’hémicycle le chef de la minorité démocrate, Chuck Schumer.”C’est une prise en tenaille brutale de la part des républicains: les droits de douane de Donald Trump augmentent les coûts d’un côté, et de l’autre les sénateurs républicains diminuent Medicaid et font passer des réductions d’impôts pour les milliardaires”, a-t-il insisté.Les démocrates s’opposent en bloc au texte, qui selon eux prépare le terrain à d’importantes coupes dans des programmes publics comme Medicaid, l’assurance santé pour les Américains aux revenus modestes. Ils dénoncent aussi la guerre commerciale déclenchée par le président.Une version similaire du texte devra désormais être adoptée à la Chambre des représentants, et une fois cette étape franchie, les élus des deux chambres pourront entamer le travail de fond en commissions sur le contenu du budget lui-même.Mais le gouffre entre la résolution du Sénat et celle voulue par les responsables de la Chambre des représentants présage d’une impasse législative.Car si la première prévoit des coupes dans les dépenses publiques à hauteur de quatre milliards de dollars, la seconde approcherait plutôt les 1.500 milliards de dollars, dans le sillage du démantèlement de vastes pans de l’administration fédérale par Elon Musk et sa commission Doge.- Crédits d’impôt -Depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, Donald Trump a signé une kyrielle de décrets exécutifs. Mais pour concrétiser certains points de son programme, il devra passer par le Congrès.En haut de la liste de ses priorités: les vastes crédits d’impôt adoptés lors de son premier mandat, qui expirent à la fin de l’année et qu’il souhaite rendre permanents.Selon des analystes indépendants, cette pérennisation entraînerait cependant un surcoût pour les finances publiques de plus de 4.000 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.Le Cato Institute, de tendance libertarienne, a qualifié la résolution dans son ensemble de “naufrage fiscal”.A cet onéreux volet de dépenses du budget, vient s’ajouter une incertitude sur le volet recettes: les droits de douane annoncés mercredi par Donald Trump sur le reste du monde ont fait chuter les places boursières dans le rouge et alimenté les craintes de récession pour la première économie mondiale.L’impasse législative qui s’annonce pourrait cependant durer de nombreuses semaines, voire de nombreux mois, et retarder considérablement la mise en place du programme de Donald Trump. Et ce alors que la campagne pour les élections de mi-mandat pointe déjà le bout de son nez.

L’industrie horlogère suisse craint de payer cher les droits de douane de Donald Trump

Durant sa campagne électorale, le président américain Donald Trump avait mis en vente des montres à 100.000 dollars fabriquées en Suisse. L’horlogerie est pourtant le secteur du pays alpin qui risque d’être le plus touché par ses droits de douane punitifs. Le décret de la Maison Blanche est tombé en plein salon horloger à Genève, où les grandes marques comme Rolex, Patek Philippe, Cartier, Bulgari ou Tag Heuer présentent cette semaine leurs nouveautés, portant un sérieux coup au moral de ce secteur qui dépend fortement des Etats-Unis pour sa croissance. Au vu de son excédent commercial avec les Etats-Unis, la Suisse s’est vu imposer des droits de douane de 31% (contre 20% pour l’Union européenne), difficiles à absorber même pour des fabricants de montres de luxe. Les Etats-Unis sont le plus gros marché des horlogers suisses qui a absorbé 16,8% de leurs exportations en 2024. Les exportations de montres suisses s’y chiffraient à 4,37 milliards de francs suisses (4,65 milliards d’euros), en hausse de 5% sur un an, aidant à atténuer la forte chute de la demande en Chine.Ces droits de douane sont “nuisibles et injustifiés”, a réagi Yves Bugmann, le président de la fédération horlogère auprès de l’AFP, qui demande au Conseil fédéral (gouvernement) d’expliquer “rapidement le point de vue de l’économie” suisse à ses homologues américains. Jeudi, la présidente de la Confédération et le ministre de l’Economie ont dit vouloir se rendre “très prochainement” aux Etats-Unis pour tenter de convaincre l’administration de Donald Trump que ces mesures douanières sont “contreproductives pour chacun”. Pour l’instant, la Suisse a choisi de ne pas répliquer aux droits de douane pour ne pas faire monter la tension avec Washington. – Fabriqué en Suisse -L’horlogerie, un secteur emblématique de la Suisse qui emploie 65.000 personnes dans le pays, est potentiellement un des plus affectés.Les produits pharmaceutiques, son premier secteur d’exportation, font partie de ceux qui en sont exemptés. Les équipements industriels, un autre pan important de l’économie helvétique, sont beaucoup plus touchés, mais beaucoup de grandes entreprises du secteur disposent d’usines aux Etats-Unis. L’horlogerie – pour qui le label “Swiss Made” (fabriqué en Suisse) est le principal argument de vente – produit par contre ses montres sur son propre sol.  Et pour compenser ces droits de douane “clairement plus élevés qu’attendu”, les prix vont devoir augmenter d’environ “11% à 13%”, selon les analystes de la Banque cantonale de Zurich, qui doutent qu’ils puissent être répercutés intégralement, au détriment des marges.   L’ampleur des droits de douane “a pris tout le monde par surprise”, a indiqué Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux à l’AFP, qui s’attend lui aussi à des répercussions sur la rentabilité.  – Ambiance maussade -D’après lui, le segment haut de gamme sera en meilleure posture pour augmenter ses prix et les consommateurs les plus fortunés auront peut-être davantage tendance à faire leur achats lors de voyages à l’étranger, sans néanmoins que cela suffise pour compenser l’affaiblissement qui va en résulter. Les grandes marques se réunissent chaque année à Genève au luxueux salon appelé Watches & Wonders. Mais la ville entière vibre au rythme de l’horlogerie à grand renfort de fêtes et expositions, les petites marques organisant également des événements pour profiter de la venue des collectionneurs et détaillants. Mais cette fois, “l’ambiance est plutôt maussade”, constate Jon Cox, qui s’attend cependant à ce que le gouvernement cherche à négocier une réduction des droits de douane.  “Il est évident qu’il va y avoir un impact mais nous restons optimistes”, a déclaré à l’AFP Edouard Meylan, le patron de la marque de luxe H. Moser, car “beaucoup pensent que cette mesure sera temporaire”. Durant sa campagne électorale, Donald Trump avait mis en vente 147 exemplaires d’une montre en or et diamants. Selon un reportage du quotidien suisse Le Temps, la commande avait été passée auprès d’un horloger indépendant suisse, approché en toute discrétion par l’intermédiaire d’un fabricant de montres en marque blanche durant cette semaine horlogère à Genève à la même période l’an passé.   

Les produits du monde entier visés par une surtaxe de 10% à l’entrée des Etats-Unis

Une grande partie des produits que les Etats-Unis importent du reste du monde sont visés depuis samedi par des droits de douane additionnels de 10% décidés par Donald Trump, une déflagration pour le commerce mondial qui doit s’amplifier dans les jours qui suivent.Ce plancher universel de 10%, dont certains produits sont exemptés, s’additionne aux taxes douanières qui existaient au préalable.Certains biens sont toutefois pour l’heure exemptés: pétrole, gaz, cuivre, or, argent, platine, palladium, bois de construction, semiconducteurs, produits pharmaceutiques, ou encore minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importés ne sont pas non plus concernés, mais ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières.Et le Canada et le Mexique, soumis à un autre régime, paient déjà un nouveau tribut à la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump.L’addition sera nettement plus lourde dès le 9 avril pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. +54% au total pour la Chine (visée en plusieurs temps), +20% pour l’Union européenne (UE), +46% pour le Vietnam, +24% pour le Japon…Cela représentera quelque 80 pays et territoires, en comptant les 27 pays du bloc européen, selon un document officiel publié vendredi par le gouvernement américain. Le Bangladesh a convoqué une réunion d’urgence samedi pour répondre aux craintes du secteur textile de son pays, deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde qui  exporte 20% de ses produits  prêts à l’emploi aux Etats-Unis.La liste des plus taxés a été raccourcie: elle ne comprend plus les îles françaises de Saint-Pierre-et-Miquelon – que la Maison Blanche avait présentées comme étant visées par +50% de droits de douane -, ni les territoires australiens des îles Heard et McDonald, dans la région subantarctique, qui abritent seulement des colonies de manchots.Leur présence avait suscité un mélange de stupéfaction et de moqueries concernant la méthodologie de l’administration américaine.- Des milliers de milliards partis en fumée -L’ONU commerce et développement (Cnuced) s’est inquiétée vendredi de trouver toujours dans la liste les pays plus pauvres de la planète.L’organisation internationale a souligné que les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement n’étaient responsables, respectivement, que de 1,6% et 0,4% du déficit commercial américain.Ces pays, a-t-elle observé, “ne contribueront ni à rééquilibrer le déficit commercial ni à générer des recettes significatives”.L’annonce mercredi de Donald Trump, justifiée par l'”urgence nationale” de réduire le déficit américain, a foudroyé l’économie mondiale. Les barrières douanières promises seront aussi hautes, selon les économistes, que dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une époque où les flux étaient éminemment plus faibles et les pays moins dépendants de la production des autres.Face à la riposte annoncée par Pékin (+34% sur les produits américains dès le 10 avril) et aux craintes d’une spirale négative pour l’économie mondiale, les marchés financiers se sont effondrés.En deux jours, la place américaine a vu s’envoler plus de 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market.”Sachez que je ne changerai jamais de politique. C’est un bon moment pour devenir riche, plus riche que jamais!”, a fanfaronné vendredi le président américain, sur sa plateforme Truth Social.Il a par ailleurs exhorté le président de la Réserve fédérale (Fed) à baisser les taux d’intérêt, estimant que c’était le moment “parfait” grâce aux progrès observés sur certains prix (pétrole, oeufs) depuis son retour au pouvoir en janvier.Quelques minutes plus tard, le président de l’institution monétaire a pourtant brossé un tableau plutôt sombre des perspectives pour l’économie américaine, avec les droits de douane: potentiellement plus d’inflation, moins de croissance et plus de chômage.