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Cyclone à La Réunion: un fonds de 200 millions d’euros pour aider les collectivités

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, avait promis une réponse rapide après le passage du cyclone Garance, qui s’est abattu sur la Réunion le 28 février: il a annoncé vendredi la mobilisation d’un fonds représentant “200 millions d’euros” pour les collectivités territoriales de l’île.Ce “soutien de l’Etat” vise “la remise en état des équipements publics, pour permettre de rétablir les services de proximité”, et notamment “les écoles”, a poursuivi le ministre sur Réunion La 1ère.Ce fonds de secours servira aussi pour “les biens non assurés, pour acquérir des matériels de développement et de sécurisation, pour les biens de première nécessité”.Le 28 février dernier, l’île de 900.000 habitants a été touchée par le passage du cyclone Garance, qui a causé de nombreux dégâts, notamment dans l’est et le nord, faisant cinq morts et six blessés dont trois grièvement, selon un dernier bilan. Manuel Valls a “évidemment à l’esprit, par exemple, les écoles (…) détruites, qui vont rendre la rentrée scolaire difficile à Saint-Benoît” le 17 mars. Le ministre, arrivé jeudi sur l’île, a pu mesurer l’impatience qui montait chez les élus et habitants. Il a d’ailleurs commencé sa visite par la commune de Saint-Benoît, la plus sinistrée, en rencontrant des habitants et des commerçants. “Il y a encore beaucoup de travail à faire, notamment pour l’électricité et l’eau”, a-t-il estimé. Selon les derniers chiffres de la préfecture de La Réunion, 20.000 clients sont toujours sans électricité et 7.220 habitants totalement privés d’eau.Le ministre des Outre-mer a également annoncé des “avances pour les agriculteurs afin d’éviter les trous dans la trésorerie”. Selon le préfet de La Réunion, Patrice Latron, Garance a fait deux fois plus de dégâts sur les exploitations agricoles que le cyclone Belal, un an plus tôt.”Belal, c’était 50 millions de dégâts. Là, on va s’approcher des 100 millions d”euros”, a estimé le préfet.- Exploitations “dévastées” -Le ministre des Outre-mer est venu “constater les dégâts, s’imprégner des images et annoncer tous les dispositifs à mettre en Å“uvre pour la reconstruction”. Manuel Valls a notamment annoncé que “les dispositifs de catastrophe naturelle et de calamité agricole” seraient “rapidement mis en Å“uvre pour débloquer les assurances et les aides de l’État”. La commission catastrophe naturelle se tient d’ailleurs ce vendredi au ministère de l’Intérieur.Ce vendredi, le ministre des Outre-mer s’est rendu sur une exploitation maraîchère dans l’est avant d’échanger avec les représentants des filières agricoles. Selon Olivier Fontaine, président de la chambre d’agriculture de La Réunion, “toutes les exploitations sont touchées. Il y a énormément de dégâts dans le nord, dans le sud et dans l’ouest”.  D’autant que les productions agricoles avaient déjà été fragilisées par le cyclone Belal puis par un épisode de sécheresse qui a duré environ sept mois.”La canne à sucre et les exploitations de fruits et légumes sont dévastées. De nombreux élevages ont perdu leur toit. Même les cultures traditionnelles comme la vanille ou le cacao ont été touchées”, poursuit Olivier Fontaine.Dans l’après-midi, Manuel Valls s’entretiendra avec les représentants du monde économique, largement frappé également. Selon Didier Fauchard, le président du Medef à la Réunion, “90% des adhérents ont été impactés”, par les vents mais aussi et surtout par les coupures d’électricité et d’eau.”De nombreux commerces ont dû jeter leurs produits frais car la chaîne du froid a été rompue. Et certains ne peuvent toujours pas rouvrir”, assure-t-il.

En Espagne, la fin programmée du nucléaire met le gouvernement sous tension

A rebours d’une partie de l’UE, acquise au retour de l’atome, l’Espagne continue de miser sur une sortie définitive du nucléaire, prévue à l’horizon 2035. Mais la pression monte sur l’exécutif, sommé par de nombreux acteurs de revoir sa position.”Notre pari, c’est les renouvelables”: voilà, résumé par la ministre de l’Ecologie Sara Aagesen, le credo de l’Espagne, devenue en quelques années l’un des champions européens de la transition énergétique. Un choix assumé par le gouvernement de gauche, qui souhaite fermer toutes ses centrales nucléaires d’ici 10 ans.Pour le pays, c’est un “changement important” car cela implique de compenser “une énergie constante et prévisible” par des sources d’énergie “plus volatiles”, comme le solaire et l’éolien, explique à l’AFP Enric Bartlett, professeur spécialiste de l’énergie à l’Esade Law School.Au plus fort de l’engouement pour l’atome, dans les années 1980, l’Espagne disposait de huit centrales, qui fournissaient 38% de son électricité. Aujourd’hui, elle n’en a plus que cinq, comptant sept réacteurs et représentant 20% de son mix électrique.Et ce poids devrait à nouveau reculer en 2027-2028 avec la fermeture programmée des deux réacteurs d’Almaraz, dans la région d’Estrémadure (ouest). Cette centrale, la plus puissante du pays, produit 7% de l’électricité espagnole et 15% de l’électricité madrilène.Sa fermeture, actée en 2019 dans le Plan national pour l’énergie et le climat (PNIEC), a reçu l’aval des entreprises concernées. Mais à l’approche de la date butoir, qui implique de lancer très en amont la mise en veille, l’inquiétude monte dans la filière.- “Irréparable” -Pour les partisans de l’atome, la donne a en effet changé: “L’accord a été adopté dans un contexte industriel, géopolitique, social et économique complètement différent”, estime le Forum nucléaire, lobby représentant le secteur.Avec l’électrification du parc automobile et les besoins générés par l’essor des data centers, sur fond d’engouement pour l’intelligence artificielle (IA), la demande d’électricité risque en effet de bondir dans la péninsule au cours des prochaines années.Dans ce contexte, on ne peut pas “fermer les centrales” sans s’assurer qu’il y a “une alternative viable avec toutes les sources d’énergie non émettrices de CO2”, insiste le Forum, qui met en garde sur un possible impact pour le “tissu productif” espagnol.Un message relayé récemment par Ignacio Sánchez Galán, président du géant énergétique Iberdrola, qui exploite des parcs renouvelables mais aussi plusieurs centrales nucléaires: l’atome “est absolument nécessaire” pour que “les lumières restent allumées”, a-t-il insisté.Avec une trentaine d’autres entreprises, Iberdrola a publié fin février un manifeste pour une “prolongation de la vie des centrales”. “Le démantèlement prématuré de ces infrastructures serait un coup économique et social irréparable” pour l’Espagne, assure le texte.- “Souveraineté” -Le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez fait également face à une offensive politique du Parti populaire (droite), principale formation d’opposition, qui vient de faire voter au Parlement une résolution demandant à l’exécutif de suivre l’exemple de ses voisins européens.Début février, la Belgique a en effet annoncé vouloir prolonger la vie de ses réacteurs. La Suède et les Pays-Bas ont lancé de nouveaux projets de centrales. Et l’Italie vient de rouvrir l’hypothèse d’un retour à l’atome, 25 ans après avoir fermé ses derniers réacteurs.Il faut “protéger l’emploi et la souveraineté énergétique du pays”, a martelé la présidente conservatrice de la région de Madrid Isabel Diaz Ayuso lors d’un déplacement fin février à la centrale d’Almaraz, où les syndicats de salariés sont également mobilisés.Aujourd’hui, l’Espagne “n’est pas prête pour remplacer le nucléaire”, a insisté l’élue, qui met en garde contre une hausse des tarifs de l’électricité – qui pourrait atteindre 23% pour les ménages et 35% pour les entreprises, selon une étude de PwC.Face à cette fronde, la ministre Sara Aagesen a joué ces dernières semaines la prudence, en rappelant que les entreprises avaient elles-mêmes “fixé le calendrier de fermeture” et en insistant sur la solidité du système électrique espagnol.Si en 2035 “nous avons la puissance installée et les réseaux de transport et de stockage adéquats (…) le plan de fermeture devrait pouvoir être mené à bien sans perturbations”, abonde Enric Bartlett. Mais pour y parvenir, selon lui, il faudra “augmenter sensiblement les investissements”.

Les microalgues, un “or vert” qui tarde à pousser en Europe

Pour beaucoup, c’est un nouvel “or vert” paré de toutes les vertus: les microalgues qui font rêver de nombreux secteurs, de l’alimentation aux cosmétiques, tardent à se développer en Europe, entre coûts de production élevés et réglementation stricte.Ces micro-organismes photosynthétiques constituent un groupe varié de plusieurs centaines de milliers d’espèces qui peuplent les eaux de notre planète depuis plus de 3,5 milliards d’années.Ces microalgues, qualifiées d'”or vert” dans plusieurs publications universitaires, ont pour une dizaine d’entre elles atteint une production à l’échelle industrielle.Sont valorisées leur capacité à croître exponentiellement mais aussi leur polyvalence: elles peuvent servir à produire des lipides type oméga-3, offrant une alternative à l’huile de poisson, ou être consommées comme compléments alimentaires riches en protéine, à l’image de la spiruline. Cette cyanobactérie, généralement présentée sous forme de poudre bleue, est un aliment traditionnellement consommé dans plusieurs pays comme le Mexique ou le Tchad. La France, leader de la production de spiruline en Europe (200 tonnes par an environ selon Eurostat), en consomme 400 tonnes chaque année selon la Fédération des spiruliniers de France.- L’Asie plus performante –  Plus largement, on retrouve aussi des microalgues dans des pâtes, des biscuits, des bonbons, des yaourts, des boissons ou encore le pain, selon un rapport publié en juillet 2024 dans le cadre du programme européen Circalgae, qui vise à valoriser les déchets de l’industrie de production des algues.Néanmoins, la filière européenne de la microalgue reste balbutiante: le continent ne produit ainsi que 650 tonnes de biomasse de microalgue chaque année sur un total mondial de 130.000 tonnes, selon l’Association européenne de la biomasse algale (EABA). “Les pays asiatiques sont plus performants que nous dans la production. Ils ont un certain savoir-faire et une habitude de consommation traditionnelle, en plus de profiter d’un climat favorable à la culture des microalgues”, analyse Maeva Subileau, professeure de biotechnologie à l’Institut Agro de Montpellier, dans le sud de la France. Hélène Marfaing, membre du Centre d’étude et de valorisation des algues, souligne aussi que “la réglementation réfrène un peu l’apparition de nouveaux dossiers” de mise sur le marché d’algues en alimentaire.Elle évoque notamment la lourdeur du règlement européen Novel Food, en vigueur depuis 1997, auquel doit se soumettre tout aliment qui n’est pas traditionnellement consommé au sein de l’UE.- Lumière naturelle ou fermentation -Le produit doit passer une série de tests rigoureux pour s’assurer de sa non-toxicité, un processus long et coûteux (généralement entre 500.000 et un million d’euros). “Il faut avoir les reins solides pour se lancer là-dedans”, estime Mme Marfaing, pour qui “assouplir certaines règles faciliterait l’introduction de nouvelles espèces de microalgues”.Identifier des microalgues économiquement rentables peut, en outre, prendre plusieurs années. Le développement de la gamme de colorant bleu naturel de Fermentalg, entreprise productrice de microalgues par fermentation installée à Libourne (Gironde, dans le sud-ouest de la France), a ainsi supposé “six à sept ans de recherches” et “quatre à cinq ans de développement”, selon son directeur général Pierre Josselin.En outre, les rendements des cultures semblent prometteurs mais nécessitent des moyens conséquents de production, de récolte et d’extraction de molécules, quelle que soit la technologie retenue.Pour une production avec lumière naturelle, il faut une large surface d’étangs à ciel ouvert. Une culture en circuit fermé nécessite éclairage artificiel et régulation de la température, ce qui s’avère plus onéreux: entre 500.000 et 800.000 euros pour 100 hectares, contre 370.000 euros en lumière naturelle, selon le rapport Circalgae.Enfin, la culture par fermentation, possible seulement avec certaines espèces de microalgues, est la plus coûteuse mais permet de produire “jusqu’à 100 grammes de matière par litre”, contre “10 grammes par litre” au mieux sans ce procédé, selon Maeva Subileau.Pour l’heure, la filière des microalgues en Europe a généré un chiffre d’affaires d’environ 350 millions d’euros en 2018, selon l’EABA. 

La Chine promet de répondre fermement aux pressions des Etats-Unis

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a dénoncé vendredi les tentatives d’imposer une “loi de la jungle” dans le monde et promis que Pékin répondrait “fermement” à la guerre commerciale lancée par Donald Trump.Le président américain a imposé cette semaine de nouveaux droits de douane généralisés sur les produits chinois, après une mesure similaire en février. Ils devraient affecter des centaines de milliards d’euros d’échanges commerciaux.Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump bouleverse l’ordre international, entre la pression exercée sur l’Ukraine pour négocier un accord de paix avec la Russie et sa proposition de déplacer les Palestiniens de la bande de Gaza.Dans ce contexte, Wang Yi, lors d’une conférence de presse, a présenté vendredi la Chine comme un phare de “stabilité” dans un monde instable. Il a défendu la coopération sino-américaine en matière de lutte antidrogue, notamment sur le fentanyl. C’est au nom d’une collaboration jugée insuffisante dans ce domaine que Washington a imposé ses droits de douane sur les produits chinois.Les Etats-Unis n’auraient pas dû “répondre par de l’ingratitude, et encore moins en imposant des taxes injustifiées”, a déploré Wang Yi.”Il y a environ 190 pays dans le monde”, a-t-il ajouté. “Imaginez si chaque pays mettait l’accent sur sa propre priorité et croyait en (sa) force et (son) statut, le monde verserait dans la loi de la jungle.”- “Pas de vainqueur” -L’actuelle politique américaine n’est ainsi “pas celle d’un grand pays responsable”, a estimé Wang Yi.Le ministre s’exprimait en marge de la session parlementaire annuelle, le principal événement politique de l’année en Chine.Wang Yi en a profité pour plaider en faveur de relations sino-américaines apaisées.”Si la coopération est choisie, elle peut aboutir à un bénéfice réciproque. Mais si la pression continue, la Chine répondra fermement”, a-t-il souligné.Sur le dossier de l’Ukraine, envahie par l’armée russe le 24 février 2022, l’expérimenté diplomate a également appelé, comme le fait Pékin depuis le début de la guerre, à négocier la paix.”Il n’y a pas de vainqueur dans un conflit, et il n’y a pas de perdant dans une négociation”, a-t-il déclaré. “La Chine salue et soutient tous les efforts en faveur de la paix.”Dans le même registre, le ministre a appelé “les grandes puissances” à “promouvoir un cessez-le-feu total et durable à Gaza et accroître l’aide humanitaire” dans le territoire côtier, où une trêve est en vigueur depuis le 19 janvier entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.- “Dénigrer la Chine” -La Chine a promis cette semaine qu’elle se battrait “jusqu’au bout” si les Etats-Unis poursuivent leur guerre commerciale, critiquant un bras de fer qui “déstabilise” l’économie mondiale.Le géant asiatique s’est fixé mercredi un objectif de croissance annuel “d’environ 5%”, ambitieux au moment où la guerre commerciale entre Pékin et Washington pèse sur une économie chinoise déjà lestée par une consommation atone et une crise dans l’immobilier.Au niveau régional, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis ont persisté tout au long de l’année écoulée, notamment autour de l’île de Taïwan, que Pékin revendique.”Réaliser l’unification complète de la patrie est l’aspiration commune de tous les Chinois. C’est la tendance générale de l’histoire et c’est une juste cause”, a plaidé Wang Yi.”Jouer la carte de Taïwan pour essayer de contrer la Chine, c’est comme essayer de mettre son bras pour arrêter un train en marche”, a-t-il souligné, une apparente référence au soutien militaire et politique de Washington à Taipei.Wang Yi a également évoqué l’autre dossier régional sensible, celui de la mer de Chine méridionale, où Pékin revendique la quasi-totalité les îlots, au détriment d’autres pays voisins.Le ministre a accusé vendredi les Philippines d’avoir volontairement provoqué des incidents ces derniers mois avec des navires ou des aéronefs chinois, près de zones disputées.”Chaque fois que les Philippines mènent une action en mer, c’est sur la base d’un scénario écrit par des forces extérieures à la région, et sous les caméras des médias occidentaux, qui filment en direct”, a déclaré Wang Yi.”Cette pièce de théâtre suit toujours le même schéma et le même objectif: délibérément dénigrer la Chine”, a-t-il affirmé.

Volte-face de Trump qui recule sur les droits de douane imposés au Canada et au Mexique

La tension commerciale entre les Etats-Unis et ses voisins a baissé d’un cran jeudi, après que Donald Trump a reculé sur les droits de douane de 25% qu’il avait imposés au Canada et au Mexique, amenant Ottawa à suspendre certaines mesures de représailles.Le président républicain a mis en pause jusqu’au 2 avril les droits de douane de 25% pour les produits mexicains et canadiens respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM). Parallèlement, il a décidé de réduire à 10% les droits de douane imposés à la potasse canadienne, utilisée comme engrais par l’agriculture américaine.”Cela va grosso modo exclure les produits éligibles à l’ACEUM des droits de douane existants”, a déclaré Donald Trump à la presse depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche. “Pour protéger nos agriculteurs dans cette période cruciale, nous allons réduire ceux imposés à la potasse canadienne de 25% à 10%”, a-t-il ajouté.Le Canada a répondu en annonçant renoncer à mettre en place, pour l’heure, sa deuxième phase de droits de douane sur les produits américains “jusqu’au 2 avril, le temps que nous continuions à travailler pour retirer toutes les taxes”, a expliqué sur X le ministre canadien des Finances, Dominic LeBlanc.Ottawa avait répondu mardi par des représailles tarifaires sur 30 milliards de dollars canadiens (environ 19,5 milliards de dollars) de produits américains et assuré que la liste s’allongerait avec le temps, pour atteindre un total de 125 milliards de dollars canadiens (87 milliards de dollars).- Droits de douane réciproques -Donald Trump avait annoncé dans un premier temps jeudi une exemption sur les produits mexicains après avoir échangé avec la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, avant de dire quelques heures plus tard que le Canada en bénéficierait aussi.Selon un responsable américain, plus de 50% des produits mexicains et 38% de produits canadiens sont entrés en 2024 aux Etats-Unis sous le régime de l’ACEUM.La surtaxe de 25%, que Donald Trump a justifiée par la nécessité de combattre l’immigration illégale et les arrivées aux Etats-Unis de fentanyl, concernait par exemple les avocats et les tomates du Mexique ou le bois de construction et la volaille du Canada.Mercredi, Donald Trump avait déjà concédé une exemption d’un mois pour le secteur crucial de l’automobile à la demande des constructeurs américains. Le Mexique et le Canada avaient déjà bénéficié d’une première pause d’un mois sur l’imposition des taxes.Mais le 2 avril correspond à la date d’entrée en vigueur des droits de douane réciproques, qui prévoient que les Etats-Unis taxent les produits provenant d’un pays au même taux que le sont les produits américains entrant dans ledit pays.Donald Trump a aussi assuré que des droits de douane sur l’acier et l’aluminium mondiaux entreraient en vigueur comme prévu la semaine prochaine, y compris sur les métaux provenant du Canada et du Mexique.- Inquiétude sur l’économie -S’il s’est montré positif à l’égard de la présidente mexicaine, Donald Trump a gardé un ton plus acerbe à l’égard de M. Trudeau, l’accusant d’utiliser la question des droits de douane pour tenter de s’accrocher au pouvoir, alors que le Premier ministre quittera son poste dans quelques jours.Depuis Pékin, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a dénoncé vendredi des droits de douane américains “injustifiés”, mettant en garde contre “la loi de la jungle” sur la scène internationale.L’économie chinoise devrait affronter une hausse de 20% des droits de douane additionnels sur ses produits entrant aux Etats-Unis, selon le dernier acte du bras de fer commercial engagé avec Washington.”Si la coopération est choisie, elle peut aboutir à un bénéfice réciproque, mais si la pression continue, la Chine répondra fermement”, a déclaré Wang Yi.Plusieurs indicateurs de confiance ont piqué du nez depuis le début de l’année et les risques de stagflation, l’association d’une croissance faible et d’une inflation élevée, sont revenus dans la bouche d’un certain nombre d’analystes.”Sur le long terme je ne suis pas inquiet au sujet de l’inflation”, a cependant balayé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, estimant que “l’accès à des produits bon marché n’est pas le fondement du rêve américain” mais plutôt “la prospérité, l’ascension sociale et la sécurité économique” pour tous.Les places mondiales ont été secouées ces derniers jours, Wall Street en particulier accusant un net repli mais Donald Trump a assuré que sa politique douanière n’avait rien à voir avec les humeurs de la Bourse.La Bourse de New York a terminé jeudi une troisième séance de forte baisse en quatre jours, déçue d’apprendre le maintien des droits de douane sur l’acier et l’aluminium et par les atermoiements du président américain.”Je ne regarde pas les marchés”, a lancé ce dernier face à la presse.En attendant, le déficit commercial au mois de janvier a atteint son plus haut niveau depuis 1992, sous l’effet combiné d’importants achats d’or et d’anticipation des droits de douane.

Wall Street glisse face aux multiples développements sur les droits de douane

La Bourse de New York s’est nettement repliée jeudi, plombée par la confirmation des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, alors que les investisseurs ont accueilli avec scepticisme les reports de certaines surtaxes visant le Canada et le Mexique.Le Dow Jones a lâché 0,99%, l’indice Nasdaq a chuté de 2,61% et l’indice élargi S&P a perdu 1,78%.”L’humeur du marché a changé, après avoir été entièrement tournée pendant plus de deux ans vers la prise de risque”, juge auprès de l’AFP Steve Sosnick, d’Interactive Brokers.Selon l’analyste, la place américaine entre probablement “dans une période de transition”, face à “un environnement difficile, avec des inquiétudes sur la faiblesse économique” des Etats-Unis et des craintes au sujet de la guerre commerciale lancée par Donald Trump et ses conséquences.L’annonce par le président américain d’un report jusqu’au 2 avril des droits de douane de 25% infligés mardi sur les produits mexicains et canadiens respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM), n’a pas suffit à provoquer un rebond de Wall Street.Selon un responsable américain, plus de 50% des produits mexicains et 38% de produits canadiens sont entrés en 2024 aux Etats-Unis sous le régime de l’ACEUM.La première annonce de Donald Trump, à la mi-journée, ne concernait que le Mexique, ce qui a inquiété les investisseurs, estime Steve Sosnick. Lorsque le Canada a bénéficié des mêmes déclarations, “le mal était fait et le marché n’a pas pu se reprendre”, ajoute l’analyste.En fin de séance, la place américaine a aussi été heurtée par de nouvelles déclarations du locataire de la Maison Blanche, qui a notamment assuré que les droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium pour tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis “seront effectifs la semaine prochaine”.Le locataire de la Maison Blanche a affirmé que ses récents reculs sur les droits de douane ne sont pas liés aux baisses observées ces derniers jours sur les indices boursiers américains.”Je ne regarde même pas les marchés”, a déclaré à la Maison Blanche le président américain. Le magnat des affaires new-yorkais a pourtant la réputation de suivre avec attention les mouvements de la Bourse pour évaluer les résultats de ses politiques.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans était stable par rapport à la veille, à 4,28%.Au tableau des valeurs, le concepteur de puces informatiques Marvell Technology a dévissé de 19,81% après avoir publié des résultats et prévisions globalement au niveau des attentes. “Mais +comme prévu+ n’est pas suffisant” pour les investisseurs qui sont “inquiets de la fragilité des valeurs associées à l’intelligence artificielle (IA)”, secteur qui a tiré Wall Street vers le haut ces dernières années, relève Steve Sosnick.Dans le sillage de Marvell, la plupart des valeurs du secteur des semi-conducteurs ont chuté: le géant Nvidia a lâché 5,74%, Broadcom a perdu 6,33% avant la publication de ses propres résultats et Micron a reculé de 5,37%.Les “Sept Magnifiques”, le surnom donné aux grands noms du secteur technologique, ont tous reculé, à l’image d’Alphabet (-0,45%), Amazon (-3,68%), Meta (-4,35%), Tesla (-5,61%) ou Apple (-0,17%).L’enseigne de lingerie Victoria’s Secret a été boudée (-8,24%), plombée par des prévisions pour le trimestre en cours inférieures à celles des analyste, évoquant des “incertitudes dans l’environnement macroéconomiques”.

Sites porno: les géants PornHub ou YouPorn désormais soumis à l’obligation de vérifier l’âge

Les sites pornographiques établis dans d’autres pays de l’Union européenne (UE) que la France, comme les géants PornHub ou YouPorn, ont désormais l’obligation de vérifier la majorité de leurs utilisateurs sous peine de sanctions.Selon un arrêté ministériel publié jeudi, ils sont inclus dans une disposition légale mise en place en janvier, qui ne s’appliquait jusqu’à présent qu’aux éditeurs de sites établis en France et en dehors de l’UE.Ce délai s’expliquait par le temps nécessaire à la mise en place de la procédure permettant à l’Arcom, le gendarme français du numérique, de notifier les pays concernés en cas de non-respect de la loi française.Hébergé à Chypre, le groupe Aylo (maison mère de YouPorn et PornHub), tout comme Jacquie et Michel, installé en Hongrie et en Espagne, ont trois mois pour mettre en oeuvre un système de vérification de l’âge “respectueux de la vie privée” et “efficace”, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à leur blocage, a précisé le ministère de la Culture.Selon l’Arcom, dix-sept premiers sites européens font partie des plateformes qu’elle va contrôler.Cet arrêté “va enfin permettre de bloquer l’accès aux mineurs aux sites pornographiques les plus fréquentés en France”, se félicite le ministère, évoquant une “avancée majeure dans la protection de nos enfants et adolescents en ligne”. D’ici à trois mois, ces sites devront eux aussi exiger l’envoi d’une photo ou d’un document d’identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de double anonymat qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité.Sans cela, ils s’exposent à une sanction de l’Arcom qui peut, depuis l’adoption en mai 2024 de la loi dite Sren visant à sécuriser internet, ordonner un blocage par les opérateurs télécoms et le déréférencement des sites incriminés.Dans un communiqué publié jeudi, le gendarme du numérique indique que, depuis janvier, il a procédé à des vérifications “sur six services parmi les plus fréquentés”.”Aucun de ces services n’avait mis en Å“uvre un système de vérification de l’âge, bien qu’ils y soient tenus”, note l’Arcom, qui va les en notifier par courrier, “première étape à un éventuel blocage”.- “Long dossier” -Ce système de vérification de l’âge est réclamé de longue date par les associations de protection de l’enfance. “On est forcément satisfait de toutes les avancées dans ce très long, trop long dossier”, a réagi auprès de l’AFP Justine Atlan, de e-Enfance.La directrice générale de l’association se félicite que “ces géants” de la pornographie n’échappent plus à la loi française “pour des raisons techniques”, alors que plusieurs collectifs ont multiplié ces dernières années les procédures devant la justice pour tenter de faire bloquer certains sites X.Selon une étude de l’Arcom menée sur le premier semestre 2024, près de 40% des enfants accèdent à des sites pornographiques chaque mois.En décembre, le groupe Aylo avait affirmé à l’AFP être “conscient de la nouvelle règle et s’engage(r) à toujours respecter la loi”, tout en jugeant ces mesures “inefficaces” et “dangereuses” pour la sécurité et la vie privée des utilisateurs.”Aylo défend depuis des années publiquement la vérification de l’âge des utilisateurs”, a affirmé jeudi le groupe, interrogé par l’AFP.”Malheureusement, la manière dont nombre de législations dans le monde ont mis en oeuvre cette vérification est inefficace, hasardeuse et dangereuse”, relève-t-il, en évoquant “les centaines de milliers de données personnelles sensibles collectées” à cette fin, ce qui “met en danger la sécurité des utilisateurs”.”La meilleure solution (…) consiste à vérifier l’âge à la source : sur l’appareil”, ajoute le groupe, renvoyant au “contrôle parental”.Contacté par l’AFP, le site français Tukif, qui applique déjà le système de vérification d’âge, s’est dit “pas entièrement convaincu par la procédure”.Il craint “un effet contre-productif” qui verrait le trafic “se reporter vers des plateformes moins modérées” et, “in fine, aggraver la situation pour les mineurs qui chercheraient à consulter des sites pornographiques”.Malgré l’arsenal déployé par l’Arcom, des moyens de contournement existent, via l’installation d’un VPN (un réseau privé virtuel) ou des sites miroirs, qui répliquent à l’identique une page sous un nom de domaine différent.D’autres pays, comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne, imposent aussi des restrictions d’accès aux sites X liées à l’âge.

Guerre commerciale de Washington: Pékin se battra “jusqu’au bout”

La Chine a promis jeudi qu’elle se battra “jusqu’au bout” si les Etats-Unis poursuivent leur guerre commerciale, critiquant un bras de fer qui “déstabilise” l’économie mondiale.Des milliers de délégués venus de toute la Chine sont réunis cette semaine à Pékin pour un conclave politique annuel très orchestré, au moment où le président américain Donald Trump intensifie son offensive tarifaire contre les produits chinois.Ce nouvel acte de la guerre commerciale “perturbe” l’économie mondiale, a affirmé jeudi le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, lors d’une conférence de presse en marge de la session parlementaire.Cela perturbe également “la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales, freinant ainsi le développement de l’économie mondiale”, a-t-il dénoncé.La Chine “se battra jusqu’au bout”, a ajouté le ministre.Les autorités ont annoncé mercredi un objectif de croissance ambitieux “d’environ 5%” pour 2025, un objectif conforme aux prévisions d’analystes interrogés par l’AFP. Mais nombre d’experts estiment qu’il est ambitieux compte tenu de l’ampleur des défis économiques auxquels la Chine est confrontée.L'”incertitude de l’environnement extérieur s’accroît”, a reconnu jeudi Zheng Shanjie, président de la Commission nationale du développement et de la réforme, lors de la même conférence de presse.”Nous sommes également confrontés à des problèmes tels qu’une demande intérieure insuffisante, des difficultés de production et de fonctionnement dans certains secteurs et certaines entreprises”, a-t-il ajouté.- “Jusqu’au bout” -La Chine a officiellement atteint de justesse son objectif de croissance “d’environ 5%” en 2024, notamment grâce à un niveau record d’exportations.Mais la guerre commerciale lancée par la nouvelle administration de Donald Trump pourrait porter un coup dur à ce pilier de la croissance chinoise.Pour faire face à ces défis internes et externes, les autorités ont annoncé mercredi vouloir faire de la consommation interne une “force motrice” de la croissance.Jeudi, les responsables économiques du pays ont également annoncé une augmentation des dépenses budgétaires, une décision “importante” selon le ministre chinois des Finances, Lan Fo’an.”Les dépenses publiques continueront d’augmenter (en 2025), ce qui contribuera fortement à promouvoir un développement économique et social durable et sain”, a déclaré le ministre lors du même point de presse.Les taux d’intérêt seront également abaissés “en fonction de la situation économique et financière”. Le chef de la planification économique, Zheng Shanjie, s’est dit “pleinement confiant” quant à l’atteinte de l’objectif de croissance “d’environ 5%” pour 2025.”Nous avons toutes les bases et garanties” pour cela, a-t-il assuré.Le géant asiatique peine à assurer pleinement sa relance économique depuis la pandémie, lesté par une crise du secteur immobilier, une consommation atone et un taux de chômage élevé chez les jeunes.A cela s’ajoute la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump, qui a imposé cette semaine de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises.Ces taxes américaines devraient avoir des répercussions sur des centaines de milliards d’euros d’échanges commerciaux entre les deux plus grandes économies mondiales.L’Etat-parti chinois a déjà répliqué en annonçant des taxes allant jusqu’à 15% sur une gamme de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le blé, effectives à partir du 10 mars.Cette riposte ciblée reste toutefois plus modérée que les taxes imposées par Donald Trump, qui visent l’ensemble des produits chinois.

L’ex-PDG de Casino Jean-Charles Naouri sera jugé pour manipulation de cours et corruption

L’ancien PDG de Casino Jean-Charles Naouri sera jugé à Paris en octobre pour manipulation de cours et corruption, soupçonné d’avoir manÅ“uvré pour maintenir artificiellement le cours de l’action de son entreprise en 2018 et 2019, ce qu’il conteste.Le procès devrait se tenir devant le tribunal correctionnel de Paris du 1er au 16 octobre, a appris l’AFP jeudi de source judiciaire, précisant que les citations des personnes prévenues étaient en cours.La société Casino Guichard Perrachon, qui a changé de mains en 2024, est également citée devant le tribunal, pour manipulation de cours en bande organisée et corruption privée active.Contactée par l’AFP, l’entreprise a indiqué que “la nouvelle gouvernance ne commente pas des faits antérieurs à son arrivée”. Casino a en effet changé de main depuis les faits reprochés, tombant en 2024 dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky au terme d’une restructuration spectaculaire de sa dette, devenue insoutenable.M. Naouri, premier actionnaire et patron du groupe pendant plusieurs décennies, l’avait en effet fait grossir à coup d’acquisitions financées par de l’endettement.Trois anciens hauts cadres de l’entreprise seront également jugés pour les mêmes infractions. Parmi eux, l’ancien directeur de la communication comparaitra en plus pour délit d’initié.L’éditeur de presse Nicolas Miguet devra répondre de manipulation de cours en bande organisée, corruption privée passive, blanchiment de cette corruption et délit d’initié.- “Feuilleton manipulatoire” -Dans leur note aux fins de poursuites datée du 20 décembre 2024 et dont l’AFP a eu connaissance, les magistrats du parquet national financier (PNF) pointent une manipulation de cours “orchestrée par Casino” de septembre 2018 à juin 2019, et l'”intention frauduleuse des dirigeants et cadres de Casino ainsi que de Nicolas Miguet dans la diffusion de leur +feuilleton manipulatoire+.”Sous couvert d’une convention de prestations de conseils, d’environ 800.000 euros, Nicolas Miguet aurait utilisé ses différents canaux de diffusion pour défendre le cours de Bourse de l’entreprise, notamment auprès d’actionnaires individuels. Ce, sans informer son public de ses liens financiers avec le groupe, selon le ministère public.”C’est abracadabrantesque, car quelle personne raisonnable peut imaginer qu’il y a eu possibilité de manipulation de cours via un petit journal style Hebdo Bourseplus?”, une de ses publications, a-t-il réagi auprès de l’AFP.A cette époque, Casino était sous le feu d’analystes financiers s’inquiétant de sa solvabilité et était pressé par les marchés de réduire son endettement. Début septembre 2018, l’action Casino était tombée au plus bas jusqu’alors, autour de 25 euros.M. Naouri “conteste vigoureusement l’interprétation du PNF et aura l’occasion de s’en expliquer devant le tribunal, l’enquête ayant été parcellaire et ayant volontairement/artificiellement occulté les attaques spéculatives virulentes auxquelles a dû faire face durant cette période” l’entreprise, soutiennent dans un communiqué ses avocats, Mes Olivier Baratelli, Nicolas Huc-Morel et Marie-Aix Canut-Bernard, qualifiant les poursuites de “fantaisistes”.Pour eux, “ce contexte exceptionnel (…) a parfaitement justifié” que les dirigeants de Casino “aient souhaité que l’entreprise s’entoure de professionnels compétents dans leurs domaines respectifs” dans le but de “protéger tout simplement l’intérêt social du groupe”.La défense de M. Naouri a déposé une plainte avec constitution de partie civile en juillet 2024, pour qu’un juge d’instruction enquête sur les vendeurs à découvert.Parmi eux, le fonds américain Muddy Waters, qui avait mis en lumière en 2015 les fragilités d’un groupe très endetté.Alexandre Bompard, PDG du concurrent Carrefour depuis 2017, et Matthieu Pigasse, alors chez Lazard, banque qui conseillait Carrefour, ont été entendus en tant que témoins au cours de l’enquête en octobre 2024, à la demande de la défense de M. Naouri, selon la note aux fins de poursuites. Ils ont été interrogés sur une éventuelle tentative de rapprochement entre Carrefour et Casino en septembre 2018. A cette période, Nicolas Miguet conseillait de vendre des titres Carrefour et d’acheter des titres Casino.Une audience de mise en état est fixée au 28 avril en vue du procès.

Immobilier: en pleine crise, les grands du secteur espèrent voir la fin du tunnel en 2025

Les acteurs de l’immobilier et du bâtiment espèrent tourner la page de la crise profonde qui a frappé la construction neuve en France en 2024, les grands groupes ayant fait le dos rond en attendant un redémarrage cette année.”2024 est la pire année depuis plus de 50 ans et le début de nos statistiques”, a résumé auprès de l’AFP Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers.L’an dernier, les promoteurs ont mis en vente 59.000 nouveaux logements en France, soit moitié moins que deux ans auparavant, illustration du niveau de crise qui secoue l’immobilier neuf et face à laquelle ils sont en première ligne. Hors année du Covid, ce sont environ 125.500 logements qui ont été mis en vente par an en moyenne entre 2017 et 2022.Sur l’ensemble de 2024, 330.400 logements ont été autorisés à la construction, une baisse de 12,3% par rapport à 2023, déjà très basse, et de 28% par rapport aux douze mois précédant la crise sanitaire.Particulièrement exposé, Nexity, premier promoteur immobilier français, a dû en 2024 tailler dans ses effectifs, sa structure et son offre pour s’adapter. Son chiffre d’affaires a reculé de 17%, à 3,5 milliards d’euros, et le groupe a mis en place un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de 500 suppressions de postes.Les géants de la construction ont souffert plus marginalement de cette crise, une grande part – voire le principal – de leur activité étant positionnée sur les chantiers d’infrastructures, l’énergie ou encore les centres de données dont ils ont fait des piliers de leur croissance.Mais tous ont dû s’adapter. Chez Bouygues, cela s’est traduit par la suppression de 225 postes, avec une centaine de reclassements dans le groupe. Même chose chez Vinci, avec une réduction d’environ 150 postes.”Bouygues Immobilier s’est adapté dans une nouvelle configuration de marché et donc est prêt à suivre le redémarrage du marché quand ce redémarrage arrivera. On verra bien si c’est en 2025 ans ou plus tard”, a résumé jeudi Olivier Roussat, le directeur général de Bouygues.- “Signaux encourageants” – “Vinci immobilier est toujours dans une période de crise très sérieuse, avec néanmoins peut être quelques facteurs d’espoir”, avait indiqué Xavier Huillard, le PDG du groupe en présentant les résultats annuels début février.Également présent sur le secteur mais côté électricité, l’équipementier Legrand a largement compensé la déprime du bâtiment par sa présence dans les centres de données. Pour son patron, Benoît Coquart, la sortie de crise n’interviendra pas avant la fin de l’année 2025.”Le bâtiment neuf va continuer de souffrir. Par contre, il devrait y avoir une reprise du nombre de transactions immobilières”, a-t-il avancé mi-février. “Donc oui, il pourrait y avoir amélioration du marché, mais elle sera progressive et la plupart des spécialistes l’attendent plutôt sur la fin de l’année 2025 que sur le début.””Quel que soit le rythme et le calendrier de la reprise, une chose qui demeure structurellement, c’est qu’on manque de logements en France”, ajoute-t-il. “Donc à un moment ou à un autre, il faudra de toute façon construire ou faire des rénovations lourdes” pour combler ce manque.Après deux ans de crise, Véronique Bédague, la PDG de Nexity, veut croire à une reprise en 2025. Elle avance les “signaux encourageants sur le plan macroéconomique, avec la baisse des taux d’intérêt de la banque centrale qui se traduit par des baisses significatives de taux d’intérêt des crédits immobiliers”, ce qui implique un “pouvoir d’achat immobilier qui s’améliore”. Elle souligne aussi “une stabilisation des coûts de travaux” et des mesures positives pour soutenir l’immobilier neuf dans le budget de l’Etat voté.Optimiste pour 2025, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers Pascal Boulanger s’inquiète néanmoins d’un redémarrage “de la machine” qui puisse provoquer des hausses de prix.