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Choose France: nouvelle moisson d’investissements attendue notamment dans l’IA

Logistique, finance, tourisme, technologie, dont 6,4 milliards d’euros rien que pour l’américain Prologis, selon Le Parisien: un nombre record d’investissements étrangers est attendu lundi pour la 8e édition de Choose France à Versailles, avec le président Emmanuel Macron à la manÅ“uvre.- 37 milliards d’investissements annoncés, dont 20 millliards nouveaux – Alors que la France est classée par le cabinet EY pour la 6e année consécutive pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers, Choose France, qui réunit cette année plus de 200 “CEOs” (patrons) des cinq continents au château de Versailles, permettra cette année d’annoncer 37 milliards d’euros d’investissements, selon l’Elysée dimanche soir. Dont 20 “entièrement nouveaux”, un record, la dernière édition ayant permis d’engranger 15 milliards d’euros d’investissements.Certains, comme le président de la région Normandie Hervé Morin dans une interview à Ouest-France dimanche, jugent que Choose France “est d’abord une grande opération de communication” où l’on mettrait en avant des projets dans lesquels les régions, surtout, “ont joué un rôle majeur” de conviction.L’Elysée assure au contraire qu'”aucun recyclage” n’a lieu en matière de projets annoncés. La présidence de la République fait la part des choses entre les projets “nouveaux” et les 17 milliards de projets moins nouveaux mais “désormais localisés dont l’enveloppe globale avait été présentée lors du Sommet sur l’intelligence artificielle de Paris en février dernier”, où un total de 109 milliards d’euros d’investissement avaient été annoncés.- Secret bien gardé -Le détail des annonces de ce sommet intitulé “France, terre de créativité”, sera officiellement publié lundi matin.Dimanche soir, le journal Le Parisien a cependant dévoilé un investissement énorme de 6,4 milliards d’euros par le géant américain de la logistique Prologis, dont quatre data centers en Ile-de-France.Vendredi, La Tribune évoquait pour sa part la concrétisation d’une première tranche, pour 8 milliards d’euros, d’un projet émirati de data centers d’une valeur de 50 milliards d’euros annoncé en février dans le cadre du Sommet de l’intelligence artificielle à Paris, qui avait recueilli pour 109 milliards d’euros d’engagements privés.Le Parisien croit aussi savoir qu’Amazon annoncera un projet de développement à 300 millions d’euros.Le Figaro évoque lui quatre projets pour un total de 800 millions d’euros, dont 90 millions par l’allemand Daimler pour agrandir son usine de bus électriques de la Meuse, ou encore 450 millions d’euros par l’américain Circ dans la Moselle pour une usine de recyclage chimique du textile. Emmanuel Macron se rend dans la Meuse lundi sur le site de l’usine de bus Daimler située à Ligny-en-Barrois.Il effectuera au total quatre déplacements en marge du sommet.Le gouvernement a indiqué dimanche vouloir remettre à plat le secteur du recyclage du textile, estimant le modèle actuel “à bout de souffle”.- Macron présenté en faiseur de deals -Choose France, explique l’Elysée, c’est “une méthode”, consistant pour le gouvernement, mais surtout pour le président, à “consacrer du temps” à la discussion avec de grands patrons du monde, pour des engagements financiers où “la connaissance personnelle” est déterminante.Il présidera ainsi une table ronde avec des patrons sud-coréens, et deux autres, sur l’intelligence artificielle et sur la transition énergétique.Il recevra le magnat mexicain Carlos Slim, la présidente du constructeur de voitures électriques chinois BYD, Stella Li, et le directeur général de l’entreprise saoudienne Qiddiya, puis présidera un “dîner de travail” à Versailles. – Tourisme, télé, et Teddy Riner – Parmi les nouveautés de cette année, une séquence sur les investissements dans le tourisme et le patrimoine, une autre sur la production cinématographie et audiovisuelle. Dans une interview à La Tribune dimanche, Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, indique que la France “est très importante” pour la plateforme, dont les productions comme “Lupin”, “Sous la Seine”, “Tapie” ou “Ad Vitam” ont employé “25.000  acteurs et techniciens français entre  2021 et 2024”.Le judoka multi-médaillé d’or Teddy Riner sera l’invité d’honneur de l’assemblée plénière.Les fonds souverains du Golfe seront présents : Mubadala (Abou Dhabi), PIF (Arabie Saoudite), QIA (Qatar). Parmi les déplacements d’Emmanuel Macron figure, mardi, l’inauguration du bureau parisien du PIF. 

Transport de malades: les taxis appelés à manifester lundi en France

Les taxis sont appelés à manifester de nouveau lundi en France, notamment à Paris et Pau, pour protester contre un projet de nouvelle tarification imposée par l’Assurance maladie sur les transports de malades aux chauffeurs conventionnés.”Le 19 mai, les taxis de France se mobilisent à l’appel de l’intersyndicale des fédérations professionnelles contre ce modèle de tarification et l’impunité dont bénéficient les plateformes numériques de VTC”, indique la Fédération nationale du taxi (FNDT) dans un communiqué.Les rassemblements sont prévus “un petit peu partout sur le territoire”, notamment dans les agglomérations et plus particulièrement à Paris boulevard Raspail, dans le quartier des ministères, et à Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, a indiqué à l’AFP le secrétaire fédéral de la FNDT, Dominique Buisson.A Pau “nous allons exiger des actes et puis des paroles”, a expliqué Stéphane Abeilhon, porte-parole de l’Organisation syndicale des taxis de la Haute-Garonne (OST31), qui rejoindra depuis Toulouse la cité béarnaise, dont la gare et les deux artères principales seront bloquées “de facto” par la mobilisation (un millier de taxis attendus, selon lui).”Si Monsieur le maire de Pau ne nous reçoit pas, ça sera Monsieur le Premier ministre qui recevra nos fédérations à Paris. Il aura le choix”, dit M. Abeilhon.Dans la capitale, les manifestants prévoient de se retrouver chaque jour de la semaine à partir de 07H00 boulevard Raspail, qui sera pour l’occasion fermé à la circulation, et un stand sera installé au carrefour avec le boulevard Saint-Germain pour faire valoir leurs revendications, a précisé la FNDT, ajoutant attendre “plus de 5.000″ véhicules.Une partie d’entre eux viendront lundi de l’extérieur de la région parisienne, comme les taxis des Hauts de France qui prévoient de s’y rendre en convoi.”Nous demandons une réunion interministérielle, en présence des ministres. L’Etat doit arrêter de nous mépriser”, a dit M. Buisson. “Nous dépendons de sept ministères, Transports, Intérieur, Finances, Santé… . A la dernière réunion, en avril au ministère des Transports, aucun ministre n’était présent, ils avaient tous plus intéressant à faire.”Cette tarification, qui doit encore être approuvée par le gouvernement, doit entrer en vigueur le 1er octobre, selon l’Assurance maladie.L’objectif est de contrôler la croissance de la dépense de transports sanitaires, qui s’est élevée à 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (+45% depuis 2019).Les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge et d’une tarification kilométrique alignée sur le tarif fixé dans chaque département.- “Les réalités du terrain” -Le secteur se dit prêt à discuter, notamment favorable au transport partagé et à “l’optimisation des coûts”. Mais il demande le gel du projet actuel, selon lui défini unilatéralement, “basé sur de la théorie en oubliant la faisabilité”, ne prenant pas en compte par exemple les variations des temps de trajet, et in fine dans son application nocif pour les taxis comme les patients.Cette convention est “inacceptable tant sur le plan économique que des conditions de travail”, souligne par exemple le Syndicat des taxis de Bordeaux Métropole Gironde (STBMG).Elle “menace l’équilibre déjà fragile de notre profession, en particulier en zone rurale, entraîne une baisse des tarifs, ne prend aucunement en compte les spécificités territoriales ni les réalités du terrain”, énumère le Syndicat.A Bordeaux, les taxis n’assureront donc pas de transport médical vers les hôpitaux lundi, sauf pour les dialyses, a indiqué un un porte-parole. En revanche, aucune opération escargot n’est prévue dans la cité girondine. Les taxis ont manifesté à sept reprises ces derniers mois pour exprimer leur inquiétude sur ce projet.Aujourd’hui environ 85% des taxis font du transport conventionné de malades, certains pouvant réaliser 90% de leurs revenus par ce moyen, notamment en milieu rural, selon M. Buisson.Pour lui, “derrière tout ça, l’objectif est de dissuader des taxis de faire du transportant conventionnel, en bridant leurs rémunérations”.De fait la FNDT appelle à manifester aussi lundi contre “l’impunité” accordée aux plateformes numériques de VTC, “qui encouragent leurs chauffeurs à enfreindre les réglementations” (prise de clients sur la voie publique, etc.) et “optimisent fiscalement leurs activités en France”.

Le mégaprojet de loi de Trump “en bonne voie” au Congrès, assure un chef républicain

Le colossal projet de loi budgétaire vivement souhaité par Donald Trump est “en bonne voie” pour être adopté au Congrès, a affirmé dimanche le chef républicain Mike Johnson, malgré le malaise voire la colère de certains élus de son camp.Le plan est de voir le texte arriver dans l’hémicycle “d’ici la fin de la semaine”, a ainsi affirmé le président de la Chambre des représentants à l’émission Fox News Sunday.Donald Trump pousse les parlementaires à faire vite pour adopter cette “grande et belle loi”, comme il la décrit, surtout afin de concrétiser l’extension des crédits d’impôt de son premier mandat, qui arrivent à expiration à la fin de l’année.Selon une commission indépendante du Congrès, une telle extension accompagnée d’autres mesures fiscales entraînerait une hausse de plus de 4.800 milliards de dollars du déficit de l’Etat fédéral au cours de la prochaine décennie.Pour la compenser en partie, les républicains comptent effectuer des coupes claires dans certaines dépenses, en particulier Medicaid, l’assurance santé dont plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes dépendent.Mais dans le camp républicain, pourtant majoritaire dans les deux chambres du Congrès, le conflit ouvert entre différentes factions menace de retarder le processus.Du côté de l’aile modérée, on craint que d’importantes coupes dans Medicaid fassent peser un risque électoral trop élevé avant les élections législatives de mi-mandat, en novembre 2026.Pour une partie de l’aile ultraconservatrice, qui prône une réduction du déficit, ces coupes au contraire ne vont pas assez loin.Plusieurs élus conservateurs ont réussi à faire dérailler temporairement le processus vendredi en votant contre le texte lors de l’examen devant la commission du budget.”Nous n’aimons pas les écrans de fumée, nous voulons de vraies coupes”, a lancé devant la presse l’un d’entre eux, l’élu républicain Ralph Norman.Le “speaker” Mike Johnson tente depuis de convaincre les élus réfractaires.”C’est la plus grande réduction des dépenses de ces trois dernières décennies”, a-t-il encore argumenté sur Fox dimanche.La commission doit débattre à nouveau du texte dimanche tard dans la soirée, avec l’espoir à droite qu’il sera cette fois-ci adopté. Même s’il passe ce premier écueil, la bataille sera loin d’être terminée puisque les sénateurs républicains ont déjà fait part de leur volonté d’effectuer des changements majeurs quand le projet atteindra la chambre haute.Au grand dam de Donald Trump, qui voit la perspective d’une victoire législative de prestige s’éloigner à court terme.

Panne du contrôle aérien à Paris-Orly, les compagnies appelées à supprimer 40% de leurs vols, selon la DGAC

Les compagnies aériennes étaient appelées dimanche à supprimer 40% de leurs vols jusqu’à la fin de la journée à l’aéroport de Paris-Orly, en raison d’une panne du contrôle aérien, a annoncé la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).”Suite à une panne des dispositifs de contrôle aérien de la tour d’Orly en ce début d’après-midi du dimanche 18 mai 2025, une régulation du trafic aérien a été imposée impliquant une diminution importante du nombre de vols”, a indiqué la DGAC, précisant avoir “demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 40% sur l’aéroport de Paris-Orly pour la fin de journée”.”Les équipes techniques de la DGAC sont pleinement mobilisées pour rétablir un retour à la normale dans les meilleurs délais”, est-il précisé.La DGAC n’a pas détaillé à ce stade si le trafic serait encore perturbé lundi.L’aéroport de Paris-Orly a vu passer plus de 33 millions de passagers en 2024, soit la moitié de la fréquentation de Paris-Charles-de-Gaulle, selon les chiffres publiés par Aéroport de Paris (ADP).

Des milliers de personnes manifestent aux Canaries contre le surtourisme

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans les rues des îles Canaries pour à nouveau exiger des mesures face aux excès du tourisme de masse, à un moment où l’Espagne s’achemine vers une nouvelle année record en termes de fréquentation.Rassemblés à l’appel de la plateforme “Canarias tiene un límite” (“Les îles Canaries ont une limite”), les manifestants ont défilé à la mi-journée dans les sept îles de cet archipel situé au large des côtes du nord-ouest de l’Afrique.Arborant des pancartes portant les inscriptions “Les Canaries ne sont pas à vendre” ou “Les Canaries ne sont plus un paradis”, ils ont appelé à un “changement de modèle” et demandé des solutions face aux conséquences du surtourisme.Parmi les mesures réclamées pendant cette manifestation, la troisième organisée par cette plateforme en l’espace d’un an, figurent une régulation des loyers et un gel des nouvelles constructions touristiques.Selon les autorités, 7.000 personnes ont manifesté sur l’île de Tenerife, la plus grande de l’archipel. La police a par ailleurs recensé 3.000 manifestants à Grande Canarie, 1.500 à Lanzarote et un millier à Fuerteventura.Les associations dénoncent depuis des années un développement touristique qui, affirment-elles, favorise les investisseurs au détriment de l’environnement et de la population locale, notamment confrontée à l’envolée des loyers.Elles estiment n’être que peu entendues par les pouvoirs publics, alors que quatre habitants sur dix aux Canaries travaillent dans le secteur du tourisme, qui représente 36% du PIB. L’Espagne, la deuxième destination touristique mondiale, derrière la France, a accueilli au premier trimestre 17,1 millions de visiteurs internationaux, soit un nouveau record.Les Canaries, qui comptent 2,24 millions d’habitants, ont quant à elles reçu 4,36 millions de touristes étrangers en trois mois et s’acheminent vers une nouvelle fréquentation historique, après les 15,2 millions de visiteurs de 2024.

Le cannabis médical, une production “made in Germany” en plein boom

Dans un lieu tenu secret en Bavière, une épaisse porte en acier dissimule une activité en plein essor en Allemagne: la fabrication de médicaments à base de cannabis, dopée par une législation parmi les plus libérales d’Europe.Bonnets chirurgicaux, masques, blouses et gants bleus d’infirmiers: les salariés de la start-up Cantourage transforment les fleurs séchées de cannabis provenant de plus de 15 pays différents (Jamaïque, Ouganda, Portugal, Nouvelle Zélande, …) en produits pharmaceutiques “made in Germany”.A l’aide de petits ciseaux, ils taillent la matière première en petites boulettes marron vert destinées à soulager entre autres les douleurs chroniques, les insomnies et traiter certaines formes d’épilepsie.”Nous nous engageons à respecter les normes de sécurité les plus strictes, tant pour nos employés que pour nos produits”, affirme à l’AFP le patron de Cantourage, Philip Schetter, 41 ans, lors d’une visite de l’usine.S’il préfère ne pas révéler la localisation précise du site, c’est en sachant que les 4 à 6 tonnes d’herbe traitées tous les ans peuvent attirer les convoitises.La légalisation du cannabis récréatif reste rare dans le monde, mais l’usage médical de cette plante psychotrope est autorisé dans une cinquantaine de pays, dont l’Allemagne depuis 2017, le plus grand marché de l’Union européenne.- “HIGH” s’élance en bourse -Stimulées par cet environnement favorable, les entreprises disposant d’une licence pour commercialiser cet “or vert” ont essaimé en Allemagne. Parmi elles, Cansativa, plateforme allemande de vente en ligne de cannabis thérapeutique, fondée en 2017, et Cantourage, créée en 2019. Cette dernière entend tailler des croupières aux pionniers comme les laboratoires néerlandais Bedrocan ou canadien Aurora.En cinq ans, le chiffre d’affaires de Cantourage, qui emploie 70 personnes, est passé de moins d’un million à 40 millions d’euros. L’an dernier, l’entreprise a dégagé son premier bénéfice opérationnel.  Cantourage s’est malicieusement fait lister sous l’acronyme “HIGH” – terme bien connu des usagers de drogue – lors de son entrée à la bourse de Francfort fin 2022.- Frontière “floue” -Entré dans l’industrie du cannabis en 2018 où il supervisait pour le concurrent Aurora la construction de sites de production en Allemagne, Philip Schetter reconnaît que la frontière entre drogues récréatives et médicinales est parfois “floue”.L’an dernier, l’Allemagne a franchi une étape décisive dans l’assouplissement de la législation en autorisant la possession de cannabis à usage récréatif en quantité limitée.Parallèlement, la loi a aussi rendu plus facile la prescription de cannabis médical. Le cannabis n’est plus considéré comme une substance “stupéfiante”, ce qui facilite considérablement la délivrance sur ordonnance.”On peut se procurer du cannabis en pharmacie sans être gravement malade”, constate M. Schetter, se félicitant d'”une augmentation de la demande”. Le cannabis récréatif est quant à lui disponible dans des clubs dédiés.Au troisième trimestre 2024, les importations de matière première ont augmenté de plus de 70% par rapport à la période précédente, les trois premiers mois complets au cours desquels les réformes de l’Allemagne en matière de cannabis ont été mises en place.La filière allemande du cannabis thérapeutique est encore dépendante des importations de fleurs et d’extraits – le Canada fournissant les quantités les plus importantes -, alors que seules trois entreprises disposent actuellement d’une licence de culture dans le pays.Selon Bloomwell, plateforme allemande en ligne qui met en relation patients et médecins pour qu’ils leur prescrivent du cannabis, le nombre d’ordonnances a bondi en décembre dernier de 1.000% par rapport à mars 2024, juste avant la nouvelle législation. Mais l’arrivée au pouvoir début mai des conservateurs du chancelier Friedrich Merz, qui était opposé à la légalisation du cannabis récréatif, pourrait bouleverser le développement de la filière.Le nouveau gouvernement a promis d’évaluer à l’automne la loi sur le cannabis et éventuellement de faire machine arrière. Le patron de Cantourage assure rester serein: “Nous sommes une entreprise pharmaceutique. Nous fabriquons des médicaments et les livrons aux pharmaciens.”

Toujours populaire, la pastille de Vichy fête ses 200 ans

Son petit goût de menthe et sa forme octogonale ravivent les souvenirs d’enfance: 1,4 million de pastilles de Vichy (Allier) sont consommées chaque jour, signe d’un succès populaire qui ne se dément pas, 200 ans après leur création.”Ca me rappelle mon enfance. Ma grand-mère, mon père, c’était leur bonbon préféré. Il y avait toujours une boîte de (pastilles de) Vichy à la maison” raconte Luce Saigne, 67 ans, cliente d’une boutique vichyssoise où elle vient d’acheter un “stock” de pastilles, appréciant particulièrement la saveur anis.C’est en 1825 qu’un chimiste, Jean-Pierre-Joseph d’Arcet, a l’idée de créer un bonbon à partir des sels minéraux de l’eau de Vichy, connue pour ses vertus digestives.La pastille est d’abord vendue comme médicament, en pharmacie, et prend sa forme octogonale une trentaine d’années plus tard. Les confiseurs obtiennent ensuite le droit de la commercialiser. A Hauterive, près de Vichy, la Maison Moinet, créée en 1852, produit chaque année 850 tonnes de pastilles. Avec Carambar & Co, elle est l’un des deux fabricants de la célèbre sucrerie.Lancées en 1932 à la suite de l’acquisition de la source Roger, les pastilles du Bassin de Vichy appartiennent toujours à la famille Moinet.Dans son usine, où plane une entêtante odeur de menthe, les sels minéraux extraits de sa propre source située à quelques kilomètres, sont mélangés au sucre et aux arômes, produisant une poudre blanche qui forme la pastille, après compression.Des employés vérifient scrupuleusement son poids — 2,8 grammes — et sa dureté.-Un “côté chic”-“Il y a 50 ans, c’était un produit un peu vieillot, un peu ringard mais qui aujourd’hui (..) a trouvé un public plus jeune, s’est dynamisé” et “depuis dix ans, elle est redevenue à la mode, avec un côté un peu chic”, avance Lucas Michaille, 34 ans, responsable de production à l’usine d’Hauterive et septième génération de la famille Moinet.La recette a peu évolué: passée de médicament à confiserie, la pastille contient “moins de sels minéraux et un peu plus de sucre”, dit-il.Il y a 200 ans, “c’était une petite révolution. Les gens venaient en cure à Vichy pour (…) les eaux thermales, se soigner et cela a été vraiment une nouveauté: vous pouviez rapporter les bienfaits avec vous!”, raconte le trentenaire.Thé, limonade, liqueurs, sirop, glaces, bougies: la pastille se décline sous toutes les formes dans les boutiques du confiseur — deux à Vichy, une à Paris et une à Clermont-Ferrand.Plus ancienne confiserie de la ville thermale, elle propose également des spécialités régionales dont certaines sont toujours fabriquées dans l’arrière-boutique historique du centre-ville: pâte de fruits d’Auvergne, bonbons glacés du Bourbonnais, sucres d’orge de Vichy, etc.Mais la pastille, vendue sous sa propre marque et sous des marques distributeurs (MDD), représente 80% de la production en volume et 50% du chiffre d’affaires.-Nationale 7-La classique menthe reste l’arôme le plus demandé (95% des ventes), selon Lucas Michaille, devant les parfums orange, anis ou citron. “Je n’en ai pas mangé depuis 73 ans (…) je voulais regoûter et en offrir à des amis. En voiture, on passait sur la nationale 7, on s’arrêtait à Vichy, on achetait des pastilles, ça coupait le mal de coeur”, raconte Maryse Desrats, 77 ans.”On n’avait pas de tablettes, on chantait, ça donnait soif alors on mangeait des pastilles!”, se souvient-elle encore, en sortant de la boutique Moinet, sachet à la main.Pour célébrer ce bicentenaire, la ville de Vichy, où ont été installées des pastilles géantes, organise de nombreux événements jusqu’au mois de novembre en partenariat avec les deux fabricants: expositions, visites guidées, spectacles, conférences, escape game.Elle a par ailleurs annoncé vouloir engager une démarche en vue d’obtenir le label IGP (indication géographique protégée).

Aude: l’aloe vera au lieu de la vigne pour s’adapter à la sécheresse

Face au changement climatique, le viticulteur Laurent Maynadier, issu d’une famille de vignerons dans l’Aude depuis 13 générations, diversifie ses cultures en adoptant l’aloe vera, une plante de milieux arides dont il vient de récolter les premières fleurs.”On a testé des plantes aromatiques (thym, romarin, origan, sauge, lavande)” et deux d’entre elles “sont sorties du lot: l’aloe vera et le romarin. Le romarin, lui, n’est pas rentable. On s’est donc dirigé vers l’aloe vera”, explique avec conviction Laurent Maynadier, alors qu’il taille des fleurs jaunes en forme d’épis à l’aide d’un sécateur.”L’aloe vera est peu gourmand en eau, par rapport à la vigne. Il en a besoin de cinquante à cent fois moins, donc c’est quand même un gros avantage. C’est aussi une plante qui ne nécessite pas de produits phytosanitaires”, poursuit-il, sous le soleil qui arrose généreusement son exploitation à Fitou, dans les Corbières.A l’instar d’autres parties de l’Aude ou des Pyrénées-Orientales, cette zone est frappée par une sécheresse persistante depuis plusieurs années. Une tendance lourde liée au changement climatique que des pluies ponctuelles – comme celles qui ont largement dépassé la moyenne enregistrées en mars dans l’Aude – ne sauraient modifier de manière substantielle.Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a rappelé cette semaine que “les niveaux des nappes du Roussillon et du massif des Corbières restent bas à très bas” et le resteront dans les prochains mois. “Peu importe le scénario de pluies ou de températures”, insiste le BRGM.Dans ce contexte, Laurent Maynadier est loin d’être le seul à réduire la part des vignes dans son exploitation ou à diversifier sa production. Et l’aloe vera n’est pas non plus la seule plante introduite par des agriculteurs audois ou des Pyrénées-Orientales.Près de 5.000 hectares de vignes doivent être arrachés dans l’Aude – sur près de 27.500 dans toute la France – dans le cadre d’un dispositif gouvernemental mis en place en octobre dernier.Des pistachiers, des oliviers, voire des caroubiers, sont parfois plantés à leur place, souvent dans l’idée de les faire cohabiter avec la vigne.- Garder le métier des ancêtres -Laurent Maynadier a quant à lui déjà arraché la moitié de ses vignes: il en cultive actuellement neuf hectares, contre 18 il y a cinq ans. Ses 3.000 plantes d’aloe vera occupent actuellement une parcelle de 5.000 m2 (un demi-hectare), une surface qu’il compte augmenter, tout en expérimentant d’autres variétés de milieux arides, comme l’arganier.Et, bien entendu, il tient absolument à garder le métier de ses ancêtres.”Non, la vigne, je n’imagine pas l’abandonner un seul instant. Par contre, on sera obligé de revoir notre manière de travailler”, souligne-t-il, debout dans sa cave aux murs en pierre.Il faudra notamment “avoir un couvert végétal, avoir de l’agroforesterie, un paillage au sol. Ce sont des techniques (…) que l’on développera pour maintenir l’activité viticole”, ajoute-t-il, devant son alambic.Un alambic qui servira aussi à transformer la fleur de l’aloe vera. Le vigneron cultive depuis trois ans cette plante dont il met déjà à profit la palme.”La fleur, c’est la première fois que l’on va l’utiliser (…) pour faire des distillats, des eaux florales. Et cette eau florale a deux vocations: d’une part être utilisée dans les cosmétiques et d’autre part être utilisée en alimentaire”, précise-t-il.”C’est extrêmement intéressant économiquement. C’est plus intéressant aujourd’hui que la vigne”, relève-il, avant de résumer: “Je suis vigneron, je suis attaché à cette production, mais je sais aussi calculer.”lb-ech-vgr-dmc/ap/jco/er

En Tunisie, “l’oasis de la révolution” veut garder son modèle inédit d’autogestion

“La situation est bien meilleure qu’avant”: depuis que les habitants de Jemna ont arraché à l’Etat, lors de la révolution tunisienne de 2011, le contrôle de leur palmeraie et un modèle d’autogestion inédit, Abdelbasset Abed a décroché “un travail stable” et vu l’oasis se transformer radicalement.Il est l’un des environ 50 employés fixes de l’Association de Sauvegarde des Oasis de Jemna (ASOJ) qui exploite, dans cette localité de 8.000 habitants aux portes du Sahara, une palmeraie centenaire produisant la fameuse variété de dattes “Deglet Nour”.En retirant les branchages secs d’un palmier, M. Abed, 57 ans, se dit reconnaissant à l’ASOJ d’avoir “créé beaucoup d’activités et de dynamisme dans la région”. En période de récolte, les 12.000 dattiers donnent du travail à 160 personnes, 10 fois plus qu’avant l’autogestion dont deux tiers de saisonniers.Sur 15 ans, l’exploitation des dattes a rapporté près de 14 millions de dinars (4 millions d’euros) à l’ASOJ, intégralement réinjectés dans 185 hectares de palmiers et au profit des habitants d’une région marginalisée et pauvre en infrastructures.La liste des “bienfaits” de l’ASOJ est longue: un marché, un terrain de sport, des salles informatiques pour les écoles, des fonds pour les ONG locales dont l’UTAIM, une association pour enfants handicapés qui a reçu 50 palmiers comme source de financement stable.”Ils aident même les étudiants après le bac avec des bourses”, note M. Abed, pendant que d’autres travailleurs pollinisent les palmiers en grimpant agilement dans les arbres.”Même les morts bénéficient de l’ASOJ. On a aménagé dans le cimetière un endroit où s’asseoir pour présenter les condoléances aux familles”, souligne Tahar Ettahri, le président de l’ASOJ.- De haute lutte -Tous ces avantages, les Jemniens les ont acquis de haute lutte. Deux jours avant la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, ils ont pris le contrôle de la palmeraie, louée à vil prix à deux exploitants proches du régime.”Les jeunes de Jemna ont décidé de récupérer les terres de leurs ancêtres”, explique Tahar Ettahri, déplorant des spoliations démarrées avec la colonisation française.Face aux blindés envoyés par le gouverneur régional pour récupérer l’exploitation, les Jemniens ont résisté par un sit-in pacifique de 96 jours.Au démarrage de l’autogestion, une collecte de 34.000 dinars (10.000 euros) auprès de 832 contributeurs et un prêt ont financé la première année de pollinisation, irrigation et récolte.Syndicalistes, militants politiques, simples citoyens, “on s’est réunis avec pour objectif le bien-être de notre communauté. Issus d’horizons divers idéologiquement, notre intérêt pour Jemna nous a unis, c’est peut-être pour ça qu’on a réussi”, analyse M. Ettahri. Jemna est devenue un cas d’école: le sociologue Mohamed Kerrou décrit dans “Jemna, l’oasis de la révolution” ce rare succès du soulèvement populaire et idéaliste de 2011 qui fut à l’origine du “Printemps arabe”.Une explication vient du passé d’une oasis qui a donné nombre de penseurs au pays, avec pour valeur séculaire la justice sociale et un sens aigu de l’intérêt collectif. Il y a “une +agora de Jemna+, une place publique où on donne un micro aux gens. On opère un petit sondage et on choisit la solution” du plus grand nombre, souligne M. Ettahri.- “La solidarité et le social” -Malgré sa réussite – des recettes record de 1,8 million de dinars (600.000 euros) dès la quatrième d’année d’autogestion -, Jemna a dû ferrailler contre tous les gouvernements de l’après-révolution pour conserver son modèle “basé sur la solidarité et le social”, regrette M. Ettahri.Et 15 ans plus tard, les habitants attendent toujours de “régler le problème juridiquement avec l’Etat pour normaliser la vie de la palmeraie”, note-t-il. Ce n’est pas une lutte contre l’Etat, explique l’ex-syndicaliste. Au contraire, les habitants demandent depuis le début d’être locataires de la palmeraie, se disant prêts à verser 15 ans d’arriérés.Pour s’adapter à un décret du président Kais Saied instaurant des “entreprises citoyennes”, qui a cité Jemna en exemple, l’ASOJ a constitué une “société communautaire”. Mais de 334 membres au lieu du minimum légal de 50. “C’est beaucoup d’adhérents mais l’idée est de représenter sociologiquement la palette des habitants, du contremaître au paysan”, souligne M. Ettahri, insistant aussi sur leur volonté de rester bénévoles.Sans manquer d’ambition puisqu’ils comptent “lancer une usine de tri et emballage des dattes pour employer à l’année une centaine de femmes”, selon M. Ettahri.A 72 ans, l’enseignant retraité sept fois grand-père s’est mis en retrait. Même s’il reste à la tête de l’ASOJ, un peu comme une vigie.

Niger: des acteurs ont exprimé leur intérêt pour reprendre des sites miniers du français Orano

Plusieurs acteurs ont “exprimé leur intérêt” pour la reprise de sites miniers au Niger du spécialiste français de l’uranium Orano (ex-Areva) “et sont libres de faire des offres s’ils le souhaitent”, a indiqué le groupe samedi à l’AFP, confirmant une information du Financial Times.L’exploitation de l’uranium au Niger est au centre d’un bras de fer entre la junte qui a pris le pouvoir en 2023 à Niamey et le groupe français Orano, dont le capital est détenu à plus de 90% par l’Etat français. Un dossier qui illustre les tensions entre l’ex-puissance coloniale française et les militaires au Niger, qui ne cachent pas leur volonté de se tourner vers de nouveaux partenaires, comme la Russie ou l’Iran.”Plusieurs parties ont exprimé leur intérêt pour les actifs miniers du groupe au Niger et sont libres de soumettre des offres si elles le souhaitent”, mais la “priorité actuelle d’Orano reste de poursuivre la procédure d’arbitrage international”, a indiqué le groupe dans sa déclaration à l’AFP, en se disant “ouvert au dialogue” et aux “solutions” qui permettraient de “préserver ses intérêts et ceux de ses employés”.En décembre 2024, Orano avait acté la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger: la mine de Somaïr, celle de Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren. Ce dernier site est l’un des plus importants gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200.000 tonnes, et Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation en juin 2024.Mais le groupe français demeure majoritaire à plus de 60% dans ces filiales, et a rappelé dans sa déclaration à l’AFP avoir engagé “plusieurs procédures d’arbitrage international” contre l’Etat du Niger, dont la dernière en date fin janvier après la perte du contrôle opérationnel du site de la Somaïr.Une quantité d’environ 1.300 tonnes de concentré d’uranium qu’elle n’a pas pu faire sortir du pays est toujours bloquée sur ce site, pour une valeur marchande de 250 millions d’euros, selon le groupe. La première requête d’arbitrage avait été déposée fin décembre 2024 et concernait le retrait du permis d’exploitation du gisement d’Imouraren. C’est le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) qui a été saisi.- Plainte -Pour le groupe, le climat sur place s’est encore dégradé le 6 mai, quand l’entreprise s’était dite “très préoccupée”, “n’ayant pu entrer en contact avec son représentant dans le pays” à la suite d’une perquisition de ses bureaux par les forces de sécurité nigériennes à Niamey la veille, avait affirmé Orano.  Une semaine plus tard, la direction précisait dans un communiqué le 13 mai que “du matériel informatique ainsi que les téléphones portables de l’ensemble du personnel avaient été saisis”, et que les “directeurs généraux des filiales ont été entendus et interrogés sur place”. La direction se disait toujours sans nouvelle du directeur de l’établissement d’Orano Mining Niger et indiquait saisir le procureur de la République du Niger pour arrestation arbitraire et détention illégale notamment. En janvier, Orano, qui exploite de l’uranium dans le nord du Niger depuis 1971, avait dit à l’AFP avoir produit en 2023 plus de 7.100 tonnes d’uranium issu de ses sites miniers au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Le groupe a annoncé mi-février avoir réalisé un bénéfice de 633 millions d’euros en 2024, presque trois fois plus qu’en 2023 (217 millions d’euros), pour un chiffre d’affaires à 5,87 milliards d’euros (+23%).