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“A69, on finit!”, plusieurs milliers de pro-autoroute se font entendre après l’arrêt du chantier

Plusieurs milliers de partisans de l’autoroute A69 se sont rassemblés samedi sur son tracé aux abords de Castres pour donner de la voix et défendre un projet “essentiel” pour la région, un peu plus d’une semaine après l’arrêt du chantier décidé par la justice.La sono crache un rap qui scande “On déroule l’autoroute!”, un organisateur confie en souriant: “on a fourni les paroles et l’IA a fait le reste”.Le morceau s’entend de loin, malgré le violent vent d’autan qui fait voler le sable du chantier où se sont rassemblés les partisans de l’autoroute contestée – entre 7 et 8.000 personnes selon les organisateurs, 3.700 selon la préfecture – derrière une banderole de tête proclamant: “Le bon sens, on finit!.”On a été un peu assommé par cette décision mais cette manifestation est là pour montrer que notre territoire ne va pas se résigner”, explique Guy Bousquet, chef d’entreprise et président de l’association pro-autoroute Via81.Les petits drapeaux avec le slogan “A69, on finit!” s’agitent derrière lui, leur couleur bleu horizon rappelle les maillots du Castres Olympique arborés par trois joueurs du l’équipe locale de rugby venus à la manifestation.Pierre-Yves Revol, le patron du club et par ailleurs président du groupe pharmaceutique Pierre-Fabre, influent acteur économique de la région et ardent défenseur du projet autoroutier, est là également mais ne souhaite pas s’exprimer.Dans le cortège, Kevin Rodriguez, conducteur d’engin sur le chantier de l’autoroute, est venu “écouter ce que les élus disent, savoir s’il va y avoir des avancées” et espérant “que les travaux vont reprendre”.”Jeudi midi (27 février, date de la décision du tribunal sur le fond), ils nous ont dit machine à l’arrêt, fin de chantier, ça fout un coup au moral”, raconte-t-il, affirmant ne pas comprendre: “c’était avant qu’il fallait se réveiller, le chantier, il est là maintenant”. La justice estime que les apports du projet sont insuffisants au regard des atteintes portées à l’environnement.”On peut pas laisser comme ça, faut finir”, abonde à ses côtés un collègue, conducteur de niveleuse qui souhaite rester anonyme et pour qui cette interruption de chantier, “ça été comme un +carjacking+ (vol de voiture, NDLR), on conduit et on vous sort du véhicule”. Désormais au chômage technique, il veut croire que l’Etat “peut passer au-dessus (de la décision du tribunal) et que le chantier peut continuer”.- “Souci d’attractivité” -Blouse blanche parmi les chasubles bleues des pro-A69, Marie-Noël Cufi est médecin à l’hôpital de Castres-Mazamet. Elle est venue défendre un projet “essentiel”.   “Pour nous, un enjeu important c’est de rapprocher la métropole (toulousaine) pour des questions de qualité, notamment des transferts pour les patients, et puis il y a le souci de l’attractivité, on vit dans un territoire rural, enclavé et attirer des professionnels de santé est un challenge important au quotidien”, explique-t-elle, estimant que l’autoroute constituait un atout sur ces deux plans.”C’est une nécessité cette autoroute, des entreprises en ont besoin, on va pas rester figé, il faut avancer”, clame encore Burno Santamaria, de Castres, salarié d’un atelier de découpe de viande à Puylaurens (Tarn), sur le tracé de l’autoroute. Les manifestants veulent croire qu’une voie est encore possible pour une reprise rapide des travaux.”L’Etat fait le travail pour soutenir le chantier A69 et qu’on poursuive les travaux”, s’est félicité le député du Tarn (Renaissance) Jean Terlier, faisant référence à l’appel que prévoit de former le gouvernement à la décision du 27 février, ainsi qu’à un outil procédural qu’il entend utiliser: “un sursis à exécution”. Cette procédure permettrait de suspendre la décision de première instance.”Nous ne pouvons plus être soumis à l’aléa judiciaire”, a-t-il par ailleurs ajouté, annonçant “prendre l’initiative d’une proposition de loi de validation” de l’autorisation environnementale du chantier, qui pourrait être débattue “dans les semaines qui viennent”. L’autoroute devait être mise en service fin 2025.Le constructeur Atosca, concessionnaire désigné de l’A69 qui assurait le pilotage des travaux, était également représenté au rassemblement.”Le moment le plus difficile dans cette opération pour moi, ça a été d’annoncer aux 1.000 personnes (travaillant sur le chantier) (…) que l’on arrêtait totalement”, a dit à l’AFP Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca.”On entend les opposants mais la majorité silencieuse, nous on a toujours considéré qu’elle était présente”, a-t-il estimé.

Gare du Nord: le trafic a repris normalement samedi matin

Le trafic a repris normalement samedi matin au départ et à l’arrivée de la gare du Nord à Paris, l’une des plus fréquentées d’Europe, qui est restée paralysée vendredi toute la journée après la découverte d’une bombe de 500 kg datant de la Seconde guerre mondiale, a indiqué la SNCF.”Le trafic a repris normalement, tout est ouvert, tout circule normalement”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la SNCF samedi peu après 08H00 (07H00 GMT).Les trains à grande vitesse à destination de Londres ou de Bruxelles ont repris “comme un samedi normal”, a précisé Eurostar. Deux TGV ont été ajoutés au plan de transport de samedi, l’un au départ de Paris et l’autre au départ de Londres, pour prendre en charge les passagers qui n’ont pu embarquer vendredi, a ajouté l’entreprise ferroviaire franco-britannique qui fait rouler les trains entre Paris, Londres et le Benelux.Une opération de déminage exceptionnelle a eu lieu dans la journée de vendredi. “Une bombe de 500 kilos avec 200 kilos d’explosifs à l’intérieur, c’est assez rare” a souligné le ministre délégué aux Transports français Philippe Tabarot.Les écoles et des riverains ont été évacuées. Une partie du boulevard périphérique et de l’autoroute A1 ont été fermées pendant l’opération, et 300 policiers mobilisés pour sécuriser le périmètre.C’est au cours de travaux réalisés dans la nuit de jeudi à vendredi que l’engin explosif a été découvert, à 2,5 km de la gare du Nord. La bombe était située à environ 200 m au nord du boulevard périphérique parisien. La gare du Nord est l’une des plus fréquentées d’Europe, avec plus de 226 millions de voyageurs en 2023, selon les chiffres de la SNCF.

Taxes ou non? Une semaine d’atermoiements de Trump tend les acteurs économiques

Deux pas en avant, un pas en arrière. Donald Trump a soufflé le chaud et le froid durant une semaine où les retournements ont été nombreux sur les droits de douane visant le Canada et le Mexique, pour finalement en suspendre une part importante.En trois jours, les droits de douane de 25%, imposés début février et retardés un mois dans la foulée, sont devenus effectifs, avant d’être largement abandonnés, a priori jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Ces derniers visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans cet autre pays.Les droits de douane devaient mettre la pression sur le Canada et le Mexique, auxquels Donald Trump reproche de n’en faire pas assez contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde à l’origine d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Une politique “surprenante” car “incroyablement autodestructrice”, estime cependant le directeur des programmes économiques du CSIS, Philip Luck.”Imposer 25% de droits de douane sur tous les produits provenant du Canada et du Mexique, c’est comme de la kryptonite pour l’économie”, a-t-il ajouté.Et pour cause: les flux commerciaux entre les trois pays nord-américains sont essentiels pour les Etats-Unis.Les importations comme les exportations de biens et services depuis et vers le Canada et le Mexique représentent près de 25% du total, selon les données du département américain du Commerce.- La Chine pas épargnée -Pour justifier son recul, le président américain a expliqué vendredi vouloir “aider” ses voisins qui “commercent beaucoup avec nous”, alors que “dans notre cas, c’est moins significatif”.Il a relancé dans la foulée les tensions avec le Canada, se disant prêt à imposer “dès aujourd’hui (vendredi, NDLR), ou attendre jusque lundi ou mardi”, des taxes sur les produits laitiers et le bois d’oeuvre.”Le Canada nous escroque depuis des années avec des taxes de 250% sur les produits laitiers et le bois d’Å“uvre, cela ne se reproduira plus. Nous allons leur imposer exactement le même tarif, à moins qu’ils ne l’abandonnent. C’est ce que la réciprocité”, a-t-il ajouté.Une constante se dégage malgré tout: alors que la situation relative aux pays nord-américains ne cesse de fluctuer, elle est restée particulièrement stable concernant la Chine.Pékin a en effet subi deux hausses de dix points de pourcentage (pp) de droits de douane qui sont appliqués à ses produits entrant aux Etats-Unis, sans qu’aucune pause ni exemption n’ait été annoncée.Cette politique représente “un taux effectif moyen de 30% sur les produits chinois”, selon le président de l’Alliance industrielle américaine, Scott Paul.La Maison Blanche a également mis fin à l’exemption de taxes profitant aux petits envois, dont ont largement profité ces dernières années les groupes chinois Shein et Temu.- Tensions sur l’économie -Pékin a aussitôt répondu, imposant des droits de douane sur une série de produits américains, ciblant particulièrement les produits agricoles provenant d’Etats ayant largement voté en faveur de Donald Trump.La semaine à venir devrait ouvrir un nouveau front, avec l’entrée en vigueur mercredi de droits de douane de 25% sur toutes les importations américaines d’acier et d’aluminium, dont celles venant du Canada et du Mexique, deux importants fournisseurs.A l’heure actuelle, les Etats-Unis appliquent des droits de douane sur “un peu moins de la moitié de leurs importations d’acier et d’aluminium”, estime Scott Paul.Sachant que des produits d’aciérie ou à base d’aluminium ne sont plus fabriqués aux Etats-Unis, l’inquiétude grandit du côté des entreprises et des industriels américains.”Certains industriels reporteront leurs commandes” alors que d’autres “ont déjà commencé à augmenter leurs stocks”, comme l’a mis en lumière la forte hausse du déficit commercial au mois de janvier.Le déficit commercial au mois de janvier a en effet atteint son plus haut niveau depuis 1992, sous l’effet combiné d’importants achats d’or et d’anticipation des droits de douane.Les atermoiements du président américain ont renforcé l’incertitude sur les marchés boursiers, Wall Street effaçant dans la semaine la plupart de ses gains depuis l’élection présidentielle, le 5 novembre, alors que la confiance des consommateurs et des entreprises pique du nez.

Wall Street termine dans le vert après une semaine mouvementée

La Bourse de New York a terminé en hausse vendredi, se reprenant à l’issue d’une semaine dans le rouge, marquée par les rebondissements et incertitudes sur les droits de douane imposés par les Etats-Unis à ses partenaires commerciaux.Le Dow Jones a gagné 0,52%, l’indice Nasdaq a avancé de 0,70% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,55%.Après une ouverture en hausse, la place américaine a abordé avec scepticisme les dernières données du chômage aux Etats-Unis.Selon le ministère du Travail américain, il y a eu moins de créations d’emplois qu’attendu par les analystes en février et le taux de chômage a légèrement progressé, atteignant 4,1%.Le mois dernier, 151.000 emplois ont été créés, soit davantage qu’en janvier (125.000, chiffre révisé en baisse), mais moins que ce qu’attendaient globalement les analystes (autour de 170.000), selon le consensus publié par MarketWatch.Il y a un an en février, la première puissance économique mondiale avait créé 222.000 emplois. Le taux de chômage était de 4% en janvier dernier.Les principaux indices boursiers américains ont rebondi à la mi-journée, après le discours du président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell.Celui-ci a estimé vendredi que l’économie des Etats-Unis était confrontée à un “haut niveau d’incertitudes” et que l’institution monétaire pouvait “attendre plus de clarté” sur les réformes engagées par le nouveau gouvernement avant de bouger ses taux.”Le nouveau gouvernement est en train de mettre en place des réformes politiques significatives dans quatre domaines: le commerce, l’immigration, la politique fiscale et la régulation”, a relevé le président de la Fed. “L’incertitude autour de ces réformes et leurs effets potentiels reste élevée”, a-t-il ajouté.Malgré ces propos, “Powell a adopté un ton calme et rassurant, ce qui a donné au marché une excuse pour se redresser”, a estimé auprès de l’AFP Patrick O’Hare, de Briefing.com.Le patron de l’institution monétaire américaine “a dit que la Fed est tout aussi confuse et incertaine de ce que Trump va faire ensuite que l’investisseur moyen. Donc, le renversement de la tendance baissière initiale a probablement plus à voir avec le fait que le marché est survendu à court terme”, a jugé auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA.Wall Street a connu une semaine chahutée par les annonces tonitruantes du président Donald Trump sur les droits de douane suivies de revirements sur certaines catégories de produits et provenances uniquement. Les trois principaux indices américains ont lâché entre 2,37% et 3,45%.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait à 4,31% contre 4,28% la veille en clôture.Au tableau des valeurs, le géant américain de la pharmacie Walgreens Boots Alliance a été recherché (+7,45%) après la signature d’un accord de retrait de cote, la société d’investissement Sycamore Partners s’apprêtant à débourser environ 10 milliards de dollars pour racheter les actions de l’entreprise.Le groupe de prêt-à-porter Gap a décollé lui de 18,84% après avoir publié, jeudi après Bourse, des résultats supérieurs aux attentes pour le quatrième trimestre de son exercice décalé.La chaîne de supermarchés de demi-gros Costco a été sanctionnée pour ne pas avoir atteint les attentes des analystes sur son bénéfice net au second trimestre de son exercice décalé. Son action a lâché 6,07%.La société informatique américaine Hewlett Packard Enterprise (HPE) a dévissé (-11,97%) après avoir annoncé jeudi un plan social conséquent visant environ 2.500 emplois, et des prévisions de revenus en dessous des attentes.L’entreprise américaine Intuitive Machines a aussi été boudée (-22,11%) après avoir annoncé que sa sonde s’étant posée un peu plus tôt sur la Lune n’avait probablement pas aluni à la verticale comme espéré, une déconvenue qu’elle avait déjà connue l’an passé.

Economie américaine: le président de la Fed évoque “un haut niveau d’incertitudes”, attend “plus de clarté”

Le président de Réserve fédérale (Fed) a estimé vendredi que l’économie des Etats-Unis était confrontée à un “haut niveau d’incertitudes” et que l’institution monétaire pouvait “attendre plus de clarté” sur les réformes engagées par le nouveau gouvernement avant de bouger ses taux.Jerome Powell a prononcé à plusieurs reprises le mot “incertitudes”, évoquant notamment “un haut niveau d’incertitudes”, lors d’un discours à New York puis pendant la session de questions-réponses qui a suivi. “Le nouveau gouvernement est en train de mettre en place des réformes politiques significatives dans quatre domaines: le commerce, l’immigration, la politique fiscale et la régulation”, a relevé le président de la Fed. “L’incertitude autour de ces réformes et leurs effets potentiels reste élevée”, a-t-il ajouté.La séquence actuelle autour des droits de douane – faite d’annonces tonitruantes du président Donald Trump suivies de revirements sur certaines catégories de produits et provenances uniquement -, rend nerveux les marchés financiers comme les entreprises, alors que des hausses de prix se profilent pour les consommateurs.”Il y a encore une grande incertitude sur les produits qui vont être taxés, pour combien de temps et dans quelle ampleur”, a relevé Jerome Powell.”Mais il est probable que cela affecte les exportateurs, les importateurs, les distributeurs et, dans une certaine mesure, les consommateurs”, a-t-il poursuivi. Depuis le choc inflationniste qui a suivi la pandémie de Covid-19, la Réserve fédérale s’efforce, via ses taux d’intérêt, de ramener l’inflation vers la cible de 2%. Elle était encore à 2,5% en janvier (contre 7,2% en juin 2022). Ce retour vers l’objectif de 2% a été “semé d’embûches”, a dit M. Powell. “Nous nous attendons à ce que cela continue.”Tout l’enjeu pour la banque centrale, a-t-il expliqué, est de jauger si les hausses de prix induites par les nouveaux droits de douane sont ponctuelles ou si le regain d’inflation peut durer.En cas de hausse seulement ponctuelle, “il n’est pas approprié de réagir” en augmentant les taux d’intérêt pour éviter la surchauffe, “parce que notre politique conduirait inutilement à réduire l’emploi et l’activité”, a-t-il estimé.Dans l’immédiat, “nous n’avons pas besoin de nous presser, et sommes bien placés [en matière de taux] pour attendre plus de clarté” sur les changements politiques en cours, a déclaré M. Powell.Il s’agit d’une façon pour lui de dire aux marchés financiers que la Fed laissera probablement encore ses taux inchangés le 19 mars, à l’issue de sa prochaine réunion de politique monétaire.Après avoir abaissé ses taux lors de trois réunions successives, en septembre, novembre et décembre 2024, la Fed avait interrompu ce mouvement en janvier, maintenant ses taux à leur niveau actuel (entre 4,25 et 4,50%). Donald Trump demande lui de nouvelles baisses pour que le coût du crédit diminue.

Prix de l’électricité: la guerre commerciale se tend entre industriels et EDF

La tension est montée d’un cran vendredi entre les gros industriels et EDF dans le feuilleton sur le prix de l’électricité jugé trop élevé par les premiers qui disent jouer leur “survie”, alors que l’électricien assure ne “pas croire” à des “délocalisations” liées aux factures de courant.Des fonderies d’aluminium à la chimie, les industriels français les plus gourmands en électricité, dont certains se disent menacés dans leur “survie” par les prix trop élevés de l’énergie, s’inquiètent d’une nouvelle initiative de l’électricien national.EDF a annoncé jeudi qu’elle allait proposer des contrats à long terme adossés à sa production nucléaire à travers un système d’enchères européennes pour livrer de l’électricité en France à des entreprises de taille significative de tous secteurs (centres de données, transports…) et à des fournisseurs d’électricité.Cette annonce a eu l’effet d’une douche froide pour l’association Uniden qui représente les industriels les plus consommateurs d’énergie: elle a dénoncé une “attitude incompréhensible” d’EDF avec qui les négociations tarifaires s’enlisent depuis plus d’un an. En cause: un prix au mégawattheure (MWh) jugé trop élevé pour garantir leur compétitivité face à une féroce concurrence américaine et chinoise.EDF “préfère clairement vendre aux plus offrants plutôt qu’à ceux qui en ont besoin”, tempête l’Uniden.Depuis novembre 2023, les industriels sont engagés – après accord avec l’Etat – dans un bras de fer commercial avec EDF pour des contrats de long terme dits d’allocation de production nucléaire (CAPN) qui remplaceraient les tarifs d’électricité à prix cassé dont ils bénéficient jusqu’à fin 2025, date d’extinction du système dit Arenh. Pour “l’après-Arenh”, EDF avait proposé des contrats de moyen et long terme à destination des entreprises, avec l’objectif d’atteindre un prix moyen de 70 euros sur 15 ans pour un mégawattheure de son électricité nucléaire.Une offre mal reçue par la cinquantaine de gros industriels de l’aluminium, de la chimie, l’acier ou du verre, habitués à payer 42 euros du MWh, une partie de leurs électrons.Après des mois de négociations bilatérales secrètes entre l’électricien et ces grands clients, le ministère de l’Energie a regretté jeudi soir qu’un seul contrat ferme ait été signé à date.- “Chapeau trop grand” -Depuis des mois, l’Etat et unique actionnaire d’EDF, fait pression pour qu’elle conclue plus de contrats alors que les industriels agitent la menace de délocalisations, notamment dans la chimie.Argument contré par EDF, qui admet les problèmes du secteur de la chimie, mais les attribue surtout au renchérissement du gaz.”Il ne faut pas essayer de faire porter à l’électricité un chapeau trop grand pour elle”, a réagi vendredi auprès de l’AFP le directeur executif chargé du pôle clients, Marc Benayoun.EDF a par ailleurs essayé d’éteindre l’incendie, soulignant que son nouveau système d’enchères s’ajoutait aux discussions en cours mais ne les remplaçait pas. Les negociations “se poursuivent” avec les industriels, a assuré M. Benayoun.Il se dit optimiste sur les chances de signer bientôt “plusieurs contrats” à long terme avec des industriels, issues de “dix” lettres d’intention, contre neuf jusqu’à présent.Selon lui, l’électricien devrait transmettre “la semaine prochaine” un “dossier complet” au gouvernement pour tirer un premier bilan. Il a reconnu au passage qu’EDF aura signé “moins de CAPN que prévu”.Mais il a annoncé à l’AFP qu’un “deuxième gros contrat” long terme serait signé la semaine prochaine, après le premier dévoilé par le PDG d’EDF Luc Rémont fin février. M. Benayoun a indiqué que ce premier contrat avait été signé avec un industriel de la chimie, sans révéler l’identité du deuxième.Le dirigeant assure que “tous vont trouver une solution avant début 2026”, et que les contrats long terme ne sont qu’une des solutions.Les industriels peuvent aussi se tourner vers les marchés qui “sont très attractifs aujourd’hui: (…) A 4 ans, sur 2026-29, le prix tourne autour de 60 euros le MWh” alors qu’il était à 85 euros fin 2023″ au début des discussions, quand Bruno Le Maire était le locataire de Bercy. L’ex-ministre de l’Economie est sorti de son silence sur le réseau social “X” pour prendre fait et cause pour les industriels en estimant que le projet d’enchères d’EDF “affaiblirait l’industrie française”.

Entreprises: l’index égalité femmes-hommes progresse très légèrement en 2025

L’index égalité femmes-hommes au sein des entreprises en France, publié chaque année à l’approche du 8 mars, a très légèrement progressé entre 2024 et 2025, mais 98% des employeurs ont encore des efforts à faire, selon les résultats dévoilés vendredi par le ministère du Travail. Chaque année au 1er mars, les entreprises de plus de 50 salariés doivent calculer et publier leur index.Il se mesure sur 100 points avec cinq critères: l’écart de rémunération femmes-hommes (40 points), l’écart dans les augmentations annuelles (20 points), l’écart dans les promotions (15 points), les augmentations au retour de congé maternité (15 points) et la part de femmes dans les dix plus gros salaires (10 points).Lorsque la note est inférieure à 75, l’entreprise doit prendre des mesures correctives dans les trois ans.Pour 2025, la note moyenne déclarée par les entreprises s’établit à 88,5 sur 100, contre 88 les deux années précédentes, selon le bilan du ministère.Le taux d’entreprises concernées ayant déclaré leur index est en hausse constante, atteignant 80% en 2025 (contre 77% en 2024 et 54% en 2020).Mais seules 2% des entreprises atteignent le score maximal de 100, soit 560 entreprises, et 98% doivent par conséquent “encore produire des efforts pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes”, écrit le ministère.En outre, 69 entreprises ont une note inférieure à 75 depuis 4 ans (essentiellement des entreprises de 50 à 250 salariés), selon le bilan.En termes de contrôle, le ministère indique que depuis 2019, “101 pénalités concernant l’index” ont été notifiées, ainsi que “1.001 mises en demeure”.”Le salaire moyen des femmes est toujours largement inférieur à celui des hommes, y compris à travail égal, et certaines études montrent que l’écart peine à se résorber”, a déploré la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet dans un communiqué.”Cet index a des biais grossiers qui font que c’est une machine à invisibiliser les écarts de salaire”, a dénoncé lors d’une conférence au ministère du Travail la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, qui évalue à “20 ou 30″ le nombre d’entreprises sanctionnées chaque année pour non-respect de l’égalité femmes/hommes.”Combien d’entreprises n’ont ni accord ni plan d’action alors que c’est obligatoire ? On n’a pas le chiffre”, a-t-elle déploré en interpellant le ministère.”L’index a permis une prise de conscience et une mise en mouvement, mais il reste du chemin à faire”, a estimé pour sa part Astrid Panosyan-Bouvet.”La transposition de la directive européenne” sur la transparence salariale qui doit être réalisée d’ici juin 2026 “donne l’occasion de l’améliorer considérablement”, a-t-elle souligné.Cette transposition fera l’objet d’un projet de loi en septembre 2025 en concertation avec les partenaires sociaux, a indiqué le ministère.Cette directive “va aller bien plus loin que l’index”, a poursuivi la ministre. Elle permettra notamment “d’afficher clairement sur toutes les offres d’emploi une indication de la rémunération proposée et il ne sera plus possible pour un employeur de demander la rémunération antérieure”, s’est-elle réjouie dans le communiqué.

Emprunt national, livret d’épargne: les pistes du gouvernement pour financer le réarmement

Investir plus dans la défense sans altérer le modèle social français ni augmenter les impôts ou creuser le déficit public: le gouvernement réfléchit à différentes pistes de financement, dont celui d’un emprunt national. Le Premier ministre François Bayrou s’est donné “des semaines, peut-être jusqu’à deux mois” pour dire comment mobiliser des moyens supplémentaires tout en assurant une réorganisation de l’action publique. – Souscription nationaleFrançois Bayrou a affirmé vendredi qu’un emprunt national était une “possibilité”, mais que la décision n’était “pas du tout prise”. Une telle souscription, qui permet de lever l’épargne des Français, sur base volontaire ou forcée, ne serait pas une première en France, même si le dernier grand emprunt remonte à 1993 sous Edouard Balladur. En juin 2009, le président Nicolas Sarkozy avait souhaité lancer un nouvel emprunt auprès des Français, avant d’y renoncer parce que le coût aurait alors été beaucoup plus élevé que d’aller sur les marchés.- Rémunération attractiveLa France se finance habituellement auprès d’investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds, etc.).Avec un emprunt national, “l’avantage est qu’on ne s’adresse pas directement au marché”, où les taux d’intérêt ont nettement remontés, explique Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management.Cela pourrait en outre être un moyen de rassurer les investisseurs, en montrant la capacité de l’Etat à “mobiliser assez facilement l’épargne nationale”, développe M. Dor. Et “cela peut même être un moyen de faire baisser les taux” sur les marchés, selon lui, comme ce fut le cas pour la Belgique en 2023.- Appétit suffisant?Les Français auraient-ils suffisamment d’appétit pour un emprunt national? Au-delà de la confiance qu’ils accordent au gouvernement, la question de sa rémunération est centrale.Pour être attractive, la souscription doit offrir un rendement supérieur aux produits d’épargne existants comme le Livret A et Livret de développement durable et solidaire (LDDS), qui rapportent 2,4%, ou les fonds d’assurance vie au capital garanti. Mais le taux d’intérêt devrait être inférieur à celui des emprunts à dix ans émis sur les marchés, l’Etat n’étant pas obligé de s’aligner en profitant du fait que les particuliers peuvent difficilement accéder directement au marché obligataire ou moyennant des frais importants. Peuvent s’y ajouter aussi des avantages fiscaux: les gains du Livret A, par exemple, échappent à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. “Il y a moyen d’attirer des dizaines de milliards si les conditions sont attractives”, estime Eric Dor. Il met toutefois en garde contre une concurrence trop forte envers les banques et les assurances “en suscitant des retraits qui les déstabiliseraient”. – Livret d’épargneL’épargne des Français constitue une manne importante: l’encours de l’assurance vie dépassait 2.000 milliards d’euros à fin janvier, et celui des Livrets A et des LDDS plus de 600 milliards. Le ministère de l’Economie et des Finances se veut toutefois rassurant: “hors de question de confisquer l’épargne de qui que ce soit”. Selon le Premier ministre, pour financer l’industrie de la défense, une forme de placement type livret d’épargne fait “partie des solutions” envisagées. Un livret d’épargne “défense souveraineté” adopté en 2023 avait été retoqué par le Conseil constitutionnel. Une autre piste serait de flécher vers la défense une partie de l’épargne réglementée existante vers la défense, comme le Sénat l’avait voté en 2024, avant la dissolution. Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a par ailleurs dit souhaiter davantage de “fonds spécialisés dans la défense”. – Investisseurs privés et fonds européensEric Lombard, avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, réunira le 20 mars des banques, assurances et fonds d’investissement “afin de les mobiliser” alors qu’actuellement, “trop souvent, les règles ne permettent pas d’investir dans le secteur de la défense”, a-t-il souligné. A Bercy, on indique par ailleurs attendre un plan de bataille stratégique avant de déterminer les efforts budgétaires qui permettront d’accroître la commande publique militaire.La France pourra compter aussi sur une partie des quelque 800 milliards d’euros de fonds européens annoncés mardi, dont 150 milliards sous forme de prêts.   Pour l’eurodéputé (Place Publique) Raphaël Glucksmann, interrogé sur France Inter, il faut “augmenter la part européenne de ces investissements”. Un “emprunt commun de 500 milliards” sera proposé au Parlement européen “la semaine prochaine”. 

Nutri-Score: inquiétudes quant à l’avenir de l’étiquetage de qualité nutritionnelle

L’association de consommateurs Foodwatch et l’un des concepteurs du Nutri-Score ont fait part vendredi de leurs inquiétudes quant à la mise en place d’une nouvelle version de cet affichage d’information nutritionnelle, après des déclarations critiques de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.Cet étiquetage qui classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels a été conçu par des spécialistes de la nutrition et mis en place en 2017 en France, sur la base du volontariat. Il s’est fait une place assez importante dans les rayons des grandes surfaces et une poignée de pays européens l’ont à leur tour adopté.Dans une étude qualitative réalisée par Santé publique France et Kantar Public auprès de 71 personnes et publiée en novembre 2024, les sondés jugeaient l’indicateur “facile et rapide à utiliser” et était notamment utile pour “les produits transformés” comme les plats préparés, car les consommateurs se sentaient “incapables d'(en) évaluer eux-mêmes la qualité”.Un nouveau mode de calcul, plus sévère avec les produits transformés par l’industrie agroalimentaire pour tenir compte de travaux scientifiques plus récents, nécessite un arrêté gouvernemental pour entrer en vigueur en France.Il avait été avalisé par de précédentes équipes gouvernementales mais la ministre actuelle de l’Agriculture, Annie Genevard, a assumé le fait de bloquer la publication de cet arrêt cette semaine. Interrogée au Sénat, elle a indiqué: “l’arrêté est à ma signature. Je n’ai pas encore signé. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manoeuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près”.- “Magnifiques salaisons françaises” -L’élue du Doubs, fief du fromage Comté et des saucisses de Montbéliard ou de Morteau, reproche à l’indicateur de donner une mauvaise note aux produits “remarquables” du terroir ou issus des “magnifiques salaisons françaises”, fromage et charcuterie notamment. Pourtant, “le Nutri-Score ne dit pas qu’il ne faut pas consommer les produits, il rappelle que certains produits qui sont très gras, très sucrés, très salés, doivent être consommés en petites quantités, pas trop fréquemment”, a expliqué à l’AFP Serge Hercberg, professeur de nutrition et concepteur de cet étiquetage largement plébiscité par les spécialistes.”L’interdiction des publicités pour des produits gras sucrés salés (PGSS), l’étiquetage nutritionnel et la taxation des boissons sucrées sont les politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l’obésité”, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) de juillet 2024.L’association de défense des consommateurs Foodwatch a de son côté jugé “irresponsable” la déclaration de la ministre, qui “se fait la porte-voix des arguments des lobbies laitiers et bloque une mesure de santé publique attendue et prête depuis un an”, selon Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch.- Coût des maladies chroniques -L’association a adressé, avec la fédération d’associations de patients France Assos Santé et le Réseau Action Climat, une lettre ouverte au Premier ministre François Bayrou vendredi.”Il n’est plus possible de faire reposer la responsabilité des maladies chroniques liées à une mauvaise alimentation sur la seule responsabilité des consommateurs, alors même que ces derniers n’ont pas accès à une information claire et neutre sur ce qu’ils achètent et consomment”, écrivent-ils.Les “maladies liées à la nutrition”, comme l’obésité (multipliée par 4 depuis 1997 chez les 18-24 ans pour atteindre 9,2% en 2020), le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l’hypertension ont “un coût humain et également un coût social et un coût économique extrêmement important”, déplore M. Hercberg. La ministre de l’Agriculture “ne sait peut-être pas qu’il y a une épidémie mondiale d’obésité”, et “son refus d’un indicateur basé sur la science est consternant”, a déploré la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier sur X. Interrogé vendredi, le ministère de la Santé français a indiqué que Catherine Vautrin avait “déjà exprimé sa position”, en l’occurrence qu’elle était “extrêmement vigilante sur les Nutri-Scores” et qu’il fallait “aller plus loin sur le sujet”.La Commission européenne, décisionnaire en matière d’information obligatoire aux consommateurs, a réitéré récemment “continuer à travailler” sur une solution consensuelle d’étiquetage nutritionnel qui ne soit pas le Nutri-Score, auquel sont opposés de grands industriels, certains secteurs agricoles et le gouvernement italien.bur-cda-ref-sb-sac-tg/abb/nth

Après sa rencontre avec Trump, le patron de CMA-CGM se dit contre les “barrières” douanières

Le PDG de CMA-CGM Rodolphe Saadé a déclaré vendredi au quotidien Les Echos être contre les “barrières douanières” au lendemain de sa rencontre avec le président américain Donald Trump pour annoncer un investissement de 20 milliards de dollars sur 4 ans aux Etats-Unis par le troisième armateur mondial.”Je ne suis pas en faveur des barrières douanières, parce qu’il n’y a rien de pire pour le libre-échange que d’imposer des tarifs douaniers entre les différents pays. Une fois qu’on a dit ça, si les décisions sont prises, on s’adaptera”, affirme le PDG. Depuis son investiture en janvier, Donald Trump a commencé à relever tous azimuts les taxes américaines sur les importations – revenant parfois en arrière ensuite – et menace de continuer à le faire. Le département du commerce américain a aussi proposé de taxer tous les navires de commerce accostant dans les ports américains s’ils ont été construits en Chine ou s’ils battent pavillon chinois.”Ce serait pour nous un sujet majeur si cette réglementation se mettait en place. Une annonce a été faite, on ne sait pas si elle ira jusqu’au bout”, ajoute Rodolphe Saadé, précisant ne pas avoir eu d’échange à ce sujet avec Donald Trump mais qu’une telle mesure représenterait des “montants considérables” pour son groupe.Interrogé par Les Echos sur la possibilité que les échanges avec ses partenaires chinois, les armateurs Cosco et OOCL, soient limités par de nouvelles mesures américaines, Rodolphe Saadé affirme qu’il n’y a “aucune règle décidée par les Etats-Unis concernant l’arrêt des partenariats avec des compagnies chinoises”, “pour l’instant”.”Aujourd’hui, la règle dit que les opérateurs chinois pourraient être taxés. Que les compagnies internationales qui opèrent des navires chinois pourraient aussi être taxées. Et le troisième point dit qu’un ratio va être calculé sur les commandes de navires à venir. Si cette réglementation était actée, cela créerait de réelles difficultés pour l’ensemble des compagnies maritimes”, ajoute le dirigeant.CMA-CGM “étudie la possibilité de construire des navires de taille intermédiaire aux Etats-Unis”, confirme-t-il après l’avoir exprimé auprès du président américain qui souhaite selon lui “aider les compagnies maritimes qui veulent investir aux Etats-Unis”.Un investissement de 20 milliards de dollars sur 4 ans (développement de ports à conteneurs, nouveaux bateaux sous pavillon américain, R&D avec la tech américaine) dans le pays par CMA-CGM a été annoncé jeudi, un résultat “de l’élection” présidentielle, qui s’est notamment traduite par de “grandes protections”, selon Donald Trump.