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La Bourse de Paris plie face aux craintes de récession aux Etats-Unis

La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,90% lundi, à l’issue d’une séance marquée par des craintes de récession grandissantes aux Etats-Unis et par les incertitudes sur le vaste plan de relance économique voulu en Allemagne.L’indice phare de la place boursière française, le CAC 40 a cédé 73,20 points et s’est établi à 8.047,60 points à la clôture. Vendredi, il a connu une baisse de 0,94%, réussissant toutefois à signer un bilan hebdomadaire stable (+0,11%).”Deux grandes forces ont joué négativement” sur les marchés lundi, commente Nicolas Forest, responsable des investissements au sein de la société Candriam.”La première est la nouvelle administration américaine qui, ces dernières semaines, a mis en place une politique économique qui crée énormément d’incertitude” et surtout, au cours du weekend, Donald Trump a “laissé penser qu’un ralentissement plus fort de l’économie serait possible”, a poursuivi Nicolas Forest.Le président américain est en effet resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé lors d’un entretien diffusé dimanche s’il s’attendait à une récession aux Etats-Unis. “Il y a une période de transition”, a cédé dans la foulée le milliardaire républicain.Avec son retour au pouvoir, plusieurs experts craignent une récession aux Etats-Unis, soit un recul du Produit intérieur brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs.”Les marchés s’attendaient à ce que Trump puisse mettre de l’eau dans son vin pour éviter une dépréciation trop forte des marchés d’actions”, a poursuivi Nicolas Forest, or les dernières déclarations du président américain laissent penser l’inverse. “La deuxième force” qui entraîne la Bourse dans le rouge est “le revirement de l’Allemagne”, poursuit Nicolas Forest.Les Verts allemands ont annoncé qu’ils refuseraient d’apporter les voix nécessaires à l’adoption au Parlement du plan géant d’investissements mis sur pied par le futur gouvernement de Friedrich Merz, dont ils critiquent les lacunes.Or, si le parti écologiste allemand maintient son refus, il priverait le futur chancelier de la majorité des deux tiers nécessaire pour faire adopter les changements constitutionnels nécessaires à ce programme de dépenses sans précédent. L’examen du texte débutera jeudi à la chambre basse des députés.Les valeurs industrielles ont nettement reculé: le groupe sidérurgique ArcelorMittal a lâché 4,76% à 29,03 euros et le géant des matériaux Saint-Gobain 5,48% à 100,10 euros.OPA en vue sur VeralliaLa société BWGI, contrôlée par la holding brésilienne de la famille Moreira Salles, va lancer en avril une offre publique d’achat sur le fabricant de bouteilles et emballages en verre Verallia (+3,69% à 29,26 euros), ex-filiale de Saint-Gobain, dont elle détient déjà 28,8% du capital. BWGI proposera 30 euros par action de Verallia, pour une valeur d’entreprise de 6,1 milliards d’euros (dette comprise), selon un communiqué de la société brésilienne publié lundi.

Wall Street chute face aux craintes de récession

La Bourse de New York chutait lundi, accusant le coup face aux inquiétudes sur les conséquences de la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis.Vers 15H50 GMT, le Dow Jones reculait de 1,07%, l’indice Nasdaq chutait de 3,06% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 1,97%.”La pression accrue sur le S&P 500 et le Nasdaq est due en partie aux baisses importantes des méga-capitalisations et des fabricants de puces”, ont souligné les analystes de Briefing.com.Les “Sept Magnifiques”, le surnom donné aux grands noms du secteur technologique reculaient tous, Tesla en tête. L’action du pionnier des véhicules électriques plongeait de 8,07%, sa capitalisation boursière fondant de moitié depuis mi-décembre alors qu’elle avait bondi dans la foulée de l’élection de Donald Trump, soutenu par le patron du groupe Elon Musk, devenu un proche allié. Les autres magnifiques faisaient également grise mine: Alphabet chutait de 4,06%, Amazon (-2,60%), Meta (-3,74%), Apple (-3,97%), Microsoft (-2,22%), Nvidia (-3,47%). Pour Christopher Low, de FHN Financial, le recul de la place américaine s’explique de façon générale par les déclarations de l’administration Trump jugées peu rassurantes par les investisseurs.Donald Trump est resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé lors d’un entretien diffusé dimanche s’il s’attendait à une récession aux Etats-Unis. “Je déteste prédire les choses comme ça”, a rétorqué le président américain.”Il y a une période de transition”, a avoué dans la foulée le milliardaire républicain, qui mène ses partenaires commerciaux à la baguette depuis son retour à la Maison Blanche, à commencer par ses voisins canadien et mexicain. Interrogé sur la chaîne de télévision CNBC vendredi, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a lui jugé que l’économie américaine et le marché boursier entreraient dans une “période de détox” alors qu’ils étaient “addicts aux dépenses publiques, que l’administration promet de réduire drastiquement.Il y a aussi “les nouvelles sur le front des droits de douane”, ajoute auprès de l’AFP Christopher Low.”Les surtaxes chinoises sur les produits agricoles américains entrent en vigueur” ce lundi, et “par ailleurs, Mark Carney, désigné chef du parti libéral au Canada au cours du week-end, a déclaré qu’il maintiendrait les mesures de rétorsion à l’encontre des États-Unis”, souligne l’analyste.Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays “gagnera” et “ne fera jamais partie des Etats-Unis, de quelque façon que ce soit” alors que le président américain ne cesse de dire qu’il souhaite que le Canada devienne le “51e Etat américain”.Ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, M. Carney a promis de “bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales”.Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.En parallèle, les acteurs de marché attendent avec attention la publication, mercredi, de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour le mois de février.”Ces données sur l’inflation sont particulièrement importantes étant donné ce qu’il se passe à Washington”, juge Christopher Low.D’autant que “nous ne disposons que de très peu de données reflétant la période du mandat du président Trump, la plupart des données dont nous disposons datent de janvier ou de début février” ce qui crée “un réel sentiment d’incertitude pour les investisseurs”.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se détendait nettement à 4,22% contre 4,30% vendredi à la clôture.Au tableau des valeurs, le titre du géant pharmaceutique danois Novo Nordisk, connu pour Ozempic et Wegovy, ses traitements pour le diabète et la perte de poids, chutait de plus de 8% après la publication d’une étude sur un autre médicament coup-faim, dont les résultats se sont avérés inférieurs aux attentes des analystes.La plateforme d’échanges de cryptomonnaies Coinbase, qui n’a pas été retenue pour figurer dans l’indice élargi S&P 500, reculait de 9,41%.

Une cinquantaine de mesures pour tenter d’adapter la France à un réchauffement de 4°C

Comment adapter la France à un réchauffement pouvant atteindre quatre degrés? Après de nombreux retards, le gouvernement a lancé lundi son troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), mettant l’accent sur la mise en oeuvre d’une cinquantaine de mesures au niveau local, d’ores et déjà jugées insuffisantes par certains experts du climat.Records de chaleur, inondations, érosion côtière: dans une France déjà plus chaude de 1,7 degré depuis 1900, les conséquences du dérèglement climatique ne “sont plus une exception” mais “notre nouvelle norme” et une “réalité tragique”, a déclaré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, en dévoilant les contours de ce “PNACC-3”.Ce plan, attendu depuis fin 2023, compte 52 mesures destinées à protéger davantage les populations, mieux anticiper les risques, assurer la résilience des territoires et adapter les activités humaines face à des conditions climatiques extrêmes.Il se base sur une trajectoire de réchauffement de référence en France à +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100. – Dimension territoriale – L’accent est particulièrement mis sur les territoires et secteurs les plus menacés comme les littoraux, les montagnes, les forêts et l’agriculture.Parmi les mesures, le renforcement des protections pour les travailleurs exposés aux canicules, différentes études pour mieux adapter transports et exploitations agricoles, des feuilles de route pour adapter chaque secteur économique, une évolution des règles de rénovation des logements ou encore une protection des principaux sites culturels français (Tour Eiffel, Mont Saint-Michel…).Un “travail” va également débuter dans le but de donner une “valeur juridique” à la Trajectoire de référence de l’adaptation au changement climatique (TRACC), un document de référence pour les acteurs publics. Cent intercommunalités seront accompagnées en 2025 dans le cadre d’une Mission adaptation.Ronan Dantec, vice-président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable au Sénat, a salué cette “dimension territoriale”. “Pour la première fois on a une trajectoire très claire, c’était absolument essentiel pour les acteurs locaux”, a-t-il déclaré.L’accent a aussi été mis sur le financement des mesures, l’une des principales critiques énoncées avant la consultation publique lancée en octobre. – Quels financements ? -Outre le réchaussement, déjà annoncé, du fonds Barnier, créé en 1995 pour aider collectivités, petites entreprises et particuliers à financer les travaux nécessaires pour réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles, Agnès Pannier-Runacher a aussi annoncé une “mobilisation inédite du Fonds vert à hauteur de 260 millions d’euros”. Près d’un milliard d’euros des crédits des Agences de l’eau seront orientés vers l’adaptation et une enveloppe de 30 millions sera consacrée à la prévention des gonflements des sols à dominante argileux. Une nouvelle mission pour mobiliser davantage les acteurs privés, et notamment les banques, dans la prévention des risques sera lancée “au premier semestre 2026″.”Il est essentiel que l’adaptation soit dotée de moyens à la hauteur des enjeux”, a souligné la ministre, assurant avoir augmenté les enveloppes “à hauteur de 40%”. Mais pour I4CE, institut de recherches spécialisé dans l’économie du climat, cela reste “quand même à nuancer”.”La hausse du Fonds Barnier pourrait rapidement se révéler insuffisante et la réorientation du Fonds Vert vers l’adaptation est surtout l’effet d’une diminution des moyens alloués aux autres priorités, les crédits dédiés à l’adaptation se maintiennent mais n’augmentent pas”, juge Guillaume Dolques, expert Adaptation chez I4CE.Pour lui, ce plan “n’est qu’une première étape” et n’aura “de sens que si certains arbitrages sont faits et que l’on se donne les moyens des ambitions”.Ronan Dantec reconnaît aussi que dans le contexte budgétaire tendu, il va “probablement manquer de l’argent”, mais reste malgré tout “très satisfait de ce PNACC” avec lequel, dit-il, “on a vraiment franchi des paliers importants” sur le chantier de l’adaptation, longtemps insuffisamment pris en compte.L’ONG Oxfam juge ce plan “inopérant, car dépourvu de gouvernance adaptée et de moyens budgétaires pour sa mise en Å“uvre”. Il constitue “une nouvelle occasion manquée de protéger la population”, dit Oxfam, regrettant notamment que les besoins des plus vulnérables (personnes âgées, enfants …) ne soient pas suffisamment pris en compte.”L’inaction coûtera bien plus cher que l’adaptation”, souligne l’ONG. Un constat partagé par Agnès Pannier-Runacher: “un euro investi dans l’adaptation, c’est huit euros évités pour réparer les dommages”, a-t-elle souligné.

Droits de douane: l’UE regrette le manque d’engagement américain pour trouver un accord

La Commission européenne a regretté lundi le manque d’engagement américain pour trouver un accord avec l’UE afin d’éviter la mise en place de droits de douane, à deux jours de l’entrée en vigueur de taxes sur l’acier et l’aluminium européen.”L’administration américaine ne semble pas s’engager pour parvenir à un accord”, a regretté le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, lors d’un point presse à Bruxelles, rappelant qu’il s’était rendu aux Etats-Unis en février pour “rechercher un dialogue constructif” afin d’éviter “la douleur inutile” d’une guerre commerciale.Parmi une série de restrictions commerciales annoncées, le président américain Donald Trump veut imposer de nouveaux droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium à tous ses partenaires commerciaux, y compris l’Union européenne. Ceux-ci doivent entrer en vigueur mercredi.Maros Sefcovic a souligné lundi que l’UE et les Etats-Unis avaient “conjointement identifié quelques domaines qui permettaient d’avancer en favorisant des bénéfices mutuels”, au cours des négociations avec l’administration américaine. “Mais au final, comme on dit, une main ne peut pas applaudir seule”, a-t-il expliqué, rappelant que les Européens étaient déterminés à défendre leurs intérêts et à répliquer à toute mesure commerciale des Américains.”Tout comme les États-Unis veillent sur leurs intérêts, l’Union européenne veille sur les siens. Par conséquent, nous protégerons toujours les entreprises, les travailleurs et les consommateurs européens contre les droits de douane injustifiés”, a affirmé le commissaire européen.Il a toutefois souligné que l’UE restait ouverte au dialogue.”Nous voulons avoir une relation constructive et positive avec les Etats-Unis d’Amérique. C’est pourquoi je soulignerais une fois de plus que nos portes sont ouvertes pour un engagement constructif. Nous sommes absolument convaincus que personne ne gagne avec des droits de douane”, a-t-il martelé.

Finlande: fuite de liquide de refroidissement radioactif dans l’enceinte du réacteur EPR

Une fuite de 100 m3 de liquide de refroidissement radioactif s’est produite vendredi dans l’enceinte du réacteur EPR Olkiluoto 3 (OL3) en Finlande, le plus puissant d’Europe, sans “poser de risque”, a annoncé son exploitant TVO lundi.  La fuite a eu lieu à l’occasion de la maintenance annuelle “lors du remplissage de la piscine du réacteur”, a précisé TVO dans un communiqué.”Le liquide de refroidissement s’est écoulé dans des salles de confinement fermées à l’environnement et dans le système de drainage du sol de l’enceinte de confinement”, a-t-il ajouté.”L’incident n’a présenté aucun risque pour le personnel, l’environnement ou la sûreté nucléaire”, a-t-il ajouté.Selon TVO, cette fuite s’est produite “à la suite d’une erreur humaine, une trappe de la piscine n’ayant pas été fermée correctement”.”L’importance de l’événement pour la radioprotection a finalement été faible, grâce aux mesures de sécurité prises”, a-t-il ajouté.Le calendrier de la maintenance n’est pas affecté et devrait s’achever comme prévu en mai.TVO “a commencé à enquêter sur la cause de l’incident et soumettra ultérieurement un rapport” à l’autorité de sûreté nucléaire finlandais (Stuk), en particulier “sur les mesures visant à empêcher qu’il se reproduise”, a indiqué l’autorité dans un communiqué séparé.OL3 est le réacteur nucléaire le plus puissant en opération en Europe et fournit 14% de l’électricité de la Finlande.Comme nombre d’autres chantiers d’EPR, il a été marqué par d’innombrables retards et d’énormes surcoûts qui ont été une des principales causes du démantèlement industriel de son constructeur, le groupe français Areva, depuis rebaptisé Orano.

Face à la grogne, Londres promet des factures réduites aux riverains des pylônes

Le gouvernement britannique a annoncé lundi des factures d’énergie réduites pendant dix ans aux personnes habitants près de pylônes en construction ou en projet, destinés à connecter les énergies renouvelables au réseau électrique, qui suscitent des levées de bouclier dans le pays.Les ménages situés à moins de 500 mètres “de pylônes neufs ou modernisés économiseront jusqu’à 2.500 livres (près de 3.000 euros) sur leurs factures sur 10 ans, soit 250 livres par an”, une mesure qui devrait être en place à partir de 2026, a annoncé le gouvernement lundi dans un communiqué.National Grid, entreprise propriétaire du réseau en Angleterre et au Pays de Galles, prévoit d’investir 35 milliards de livres (42 milliards d’euros) d’ici 2031 pour transformer le réseau électrique, un chantier d’une ampleur inédite depuis les années 1960.”Le réseau électrique britannique a été conçu dans les années 1930 pour connecter des centrales électriques au charbon” mais “une refonte est nécessaire alors que le Royaume-Uni s’éloigne des combustibles fossiles et que la demande en électricité augmente”, résume le gouvernement.Des groupes d’opposants partout dans le pays estiment que les alternatives aux pylônes n’ont pas été sérieusement étudiées. Certains, déterminés à se battre en justice, promettent une “guerre des pylônes” au gouvernement.Ces réductions de factures reviennent à “soudoyer” les riverains “en échange de la destruction de leur environnement local et de leurs entreprises”, a dénoncé auprès de l’AFP Rosie Pearson, fondatrice d’un groupe d’opposants en Est-Anglie, région au nord-est de Londres.Selon elle, les promoteurs ne devraient “pas être autorisés à payer pour détruire la nature” mais si les projets vont de l’avant “les résidents et les entreprises doivent être entièrement indemnisés pour leurs pertes financières”.De son côté, le gouvernement soutient que les pylônes sont moins chers, et le premier ministre travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir en juillet, a juré de passer outre ceux qu’il voit comme des “bloqueurs”.Au-delà des infrastructures énergétiques, le gouvernement veut “que la Grande-Bretagne se remette à construire” et entend réformer des règles d’aménagement du territoire particulièrement contraignantes: un projet de loi sur l’urbanisme et les infrastructures sera discuté à partir de cette semaine au Parlement.Sur les pylônes, au-delà des réductions de factures, les développeurs de nouvelles infrastructures devront “financer des projets tels que des clubs sportifs, des programmes éducatifs ou des installations de loisirs”, promet l’exécutif dans son communiqué.

Le Niger, producteur d’or noir, confronté à une pénurie inédite d’essence

Assis sur le banc d’une station-service à Niamey, Amadou Sani fait de grands gestes de la main aux usagers qui rebroussent aussitôt chemin. “Ils ont compris qu’il n’y a plus d’essence”, dit ce pompiste à l’AFP.Le Niger est confronté depuis le début du mois à une pénurie inédite de l’essence Super, la plus utilisée dans cet État sahélien de 26 millions d’habitants.”Nos réservoirs sont à sec depuis trois jours, personne ne peut vous dire quand nous serons ravitaillés, c’est l’incertitude”, explique le gérant d’une station en banlieue de la capitale.”Vous voyez ce taxi là-bas, son conducteur a fait le tour de la ville et a fini par tomber en panne sèche ici”, raconte-t-il.Sous un soleil de plomb et en plein ramadan, on peut voir des habitants à bout de souffle sillonner Niamey en poussant leurs motos ou marchant bidon vide à la main.Le pays, qui produit du pétrole mais en raffine peu, a déjà connu des pénuries de carburant, mais qui n’ont jamais atteint cette ampleur.L’unique raffinerie du pays, la Soraz, “n’arrive plus à satisfaire la demande intérieure” qui a explosé “depuis plus d’un an”, affirmait samedi soir la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep, publique).En cause notamment, l’assèchement du florissant marché noir alimenté à partir du Nigeria voisin, géant économique et l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole.En 2023, les prix y ont triplé, après la suppression des subventions sur l’essence par le gouvernement.Le carburant qui arrivait frauduleusement du Nigeria “représentait jusqu’à 50% des parts du marché” et alimentait les grandes régions proches du Nigeria, comme Zinder, Maradi (sud), Tahoua et Dosso (sud-ouest), selon le directeur commercial de la Sonidep, Maazou Oumani Aboubacar.La pénurie a d’abord touché plusieurs villes nigériennes avant de gagner la capitale, Niamey, où de nombreuses stations-service n’ont plus de carburant à vendre. Dimanche, dans le centre de la ville, le trafic routier a été moins dense que d’habitude.Les rares stations servant encore de l’essence sont prises d’assaut par des dizaines d’automobilistes et de motocyclistes.”J’espère avoir deux litres d’essence pour faire des courses très urgentes”, lance Moussa Saidou.Juché sur sa moto, casque et lunettes noires, Issa Mahamadou ne décolère pas. “Je veux visiter mes chantiers mais je n’ai plus d’essence!”, s’impatiente ce maçon.- Production nationale -Avec le déclin du marché noir, “toute la consommation du pays repose désormais sur la production nationale”, constate Oumani Aboubacar, de la Sonidep. Depuis 2011, le Niger produit quelque 20.000 barils d’essence et gasoil raffinés par jour, et n’a jusqu’ici pas augmenté ses capacités. Il a arrêté ses exportations l’année dernière.La raffinerie du pays ne fournit à la Sonidep que “25 camions-citernes d’essence par jour”, quand les besoins quotidiens nationaux atteignent “jusqu’à 50 camions-citernes”, souligne M. Aboubacar.Pour combler le déficit, “nous procédons depuis un an à des importations, essentiellement du Nigeria”, assure-t-il.La Sonidep dispose également “d’un stock considérable d’essence” au port de Lomé, au Togo, qui devra être acheminé dans les prochains jours à Niamey grâce à “des escortes (militaires) spéciales” à travers l’est du Burkina Faso, frappé par des attaques jihadistes meurtrières.Les baisses des prix du carburant récemment décidées par le régime militaire au pouvoir depuis 2023 au Niger ont aussi dopé la consommation nationale, selon les syndicats.Le pays exporte par ailleurs son pétrole brut, acheminé via un oléoduc reliant Agadem (nord-est du Niger) au port béninois de Sèmè-Kpodji. Une brouille entre la junte nigérienne et le Bénin a perturbé ces exportations pendant plusieurs mois.

Offensif contre Trump, Carney assure que le Canada “gagnera”

Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays “gagnera” et “ne fera jamais partie des Etats-Unis, de quelque façon que ce soit”.”Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu’un lance le gant. Que les Américains ne s’y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera”, a-t-il lancé dimanche soir, en référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par Donald Trump.”Donald Trump attaque les familles, les travailleurs, les entreprises canadiennes, nous n’allons pas le laisser réussir”, a promis Mark Carney, lors de son discours après avoir été triomphalement élu à la tête du parti libéral pour remplacer Justin Trudeau.Le président américain a lancé une guerre commerciale avec son voisin en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu’il souhaite que le Canada devienne le “51e Etat américain”. “Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays”, a-t-il mis en garde, “s’ils devaient réussir ils détruiraient notre façon de vivre”. “Aux Etats-Unis (…), il n’y aura jamais de droit à la langue française”, a-t-il dit dans son discours, passant régulièrement de l’anglais au français. “La joie de vivre, la culture, et la langue française font partie de notre identité”. L’ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de “bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales”.Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.M. Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps, puisque le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre.- Elections – Dans le centre des congrès de la capitale Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été installés sous des spots rouges, la couleur du parti, les militants ont exulté à l’annonce des résultats.Pour Sean Cruz, militant, ce vote est synonyme d’espoir “c’est un bon résultat. Nous avons besoin d’un nouveau visage au gouvernement et d’un nouveau visage au sein du parti”.Luzminda Longkines, toute de rouge vêtue, se réjouit d’avoir un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le “pays est cassé”. “Mais c’est faux et Donald Trump vient d’unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun!”Dans son discours d’adieu, Justin Trudeau a lui aussi mis en garde le pays estimant que les attaques de Donald Trump représentaient un “défi existentiel”.Mark Carney, originaire de l’ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.”Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections”, estime Cameron D. Anderson de l’Université Western Ontario. – Félicitations internationales -Jusqu’ici les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés et impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l’arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.Économiste sorti à la fois de Harvard aux Etats-Unis et d’Oxford au Royaume-Uni, il a fait fortune en tant que banquier d’affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d’Angleterre.Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.La Chine, qui entretient des relations tumultueuses avec le Canada, a félicité M. Carney, tout en disant “espérer que la partie canadienne pourra garder une vision objective et rationnelle” et “suivre une politique positive et pragmatique” à son égard, selon la déclaration d’un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.Le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit, lui, de “travailler en étroite collaboration avec lui sur des priorités internationales communes, notamment au sein du G7”.

En Chine, les vendeurs sereins face aux taxes sur les produits américains

Dans un marché du centre de Pékin, clients et vendeurs font peu de cas de l’entrée en vigueur lundi de droits de douane sur une gamme de fruits, légumes et autres produits importés des Etats-Unis.L’Etat-parti chinois a répliqué aux droits de douane du président américain Donald Trump en décidant de taxes de 10% à 15% sur plusieurs produits agricoles américains entrant en Chine, dont le poulet, le boeuf, certaines céréales et le coton.Mais malgré une répercussion possible sur les prix, vendeurs et clients de ce marché pékinois restent confiants.”Si les prix montent, alors les gens consommeront moins de produits importés”, expose à l’AFP M. Shi, un marchand de fruits.”La vente des produits locaux va augmenter, et je pense que c’est quelque chose que les gens peuvent accepter”, poursuit-il. Sur l’étal de M. Shi, des produits du monde entier sont soigneusement présentés: bananes, fraises, durians ou encore mangoustans. Mais il affirme que les fruits provenant de Chine sont ceux qui se vendent le mieux.”Nos produits locaux sont plus frais que les choses importées”, soutient ce trentenaire, qui travaille depuis trois ans sur le marché.M. Shi estime qu’il pourrait vendre moins de variétés américaines pour les remplacer par des produits venant d’autre pays, comme la Thaïlande et la Malaisie.Entre les étals, un flot ininterrompu de clients, pour la plupart des retraités, déambule les mains chargées de sacs remplis de viande et de produits frais.Parmi eux, He Yulian, venue rendre visite à sa fille à Pékin, affirme qu’elle se fait peu de cas de la guerre commerciale naissante.Pour la sexagénaire, la qualité du produit importe plus que son origine. Mais “si on sait qu’un produit vient des Etats-Unis, alors on pourra essayer d’en acheter moins, voire pas du tout”, ajoute-t-elle. – Scandales alimentaires -Malgré tout, cette retraitée du Shanxi reconnaît préférer certains produits importés, comme le lait ou sa version en poudre pour enfants, à leurs équivalents chinois.Plusieurs scandales alimentaires ont laissé des traces dans la société chinoise.En 2008, un produit laitier auquel avait été ajouté de la mélamine, un produit toxique, avait tué six enfants et empoisonné des centaines de milliers d’autres. Ces dernières années, l’Etat-parti chinois a promis de renforcer la règlementation en matière de sécurité alimentaire.Mais la méfiance persiste: en 2022, le géant chinois de produits transformés à base de viande de porc, Henan Shuanghui, avait dû s’excuser après la révélation de pratiques non hygiéniques, comme l’emballage de morceaux de viande tombés au sol.”Ce n’est pas que nous ne sommes pas patriotes”, insiste Mme He, mais c’est parce que “nous avons une responsabilité envers nous-mêmes”.Les droits de douane chinois sont entrés en vigueur lundi – les produits expédiés avant cette date en seront toutefois exemptés jusqu’au 12 avril.Pour M. Shi, la guerre commerciale initiée par Donald Trump bénéficiera in fine aux produits chinois, en les rendant plus compétitifs.Mais il reconnaît que les consommateurs en paieront d’abord le prix.Après tout, “ce sont les gens ordinaires qui en souffrent le plus”, conclut-il.

La Bourse de Paris hésite, entre croissance européenne et droits de douane

La Bourse de Paris peinait à trouver une direction claire lundi, après une ouverture en baisse, les investisseurs restant prudents face à la politique commerciale des Etats-Unis malgré des données rassurantes sur l’économie de la zone euro.Vers 09H30, l’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, prenait 0,15%, oscillant toutefois entre gains et pertes.Vendredi, il avait terminé en baisse de 0,94%, à l’issue d’une semaine mouvementée, entre incertitudes liées aux revirements de politique douanière aux Etats-Unis et promesses d’investissements massifs pour la défense en Europe.Les investisseurs hésitent en ce début de semaine entre les incertitudes qui entourent la politique commerciale américaine, et “la croissance aux États-Unis (qui) devrait probablement ralentir de manière spectaculaire”, note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.Le président américain Donald Trump a porté à 20% les surtaxes douanières des Etats-Unis visant les produits chinois, et des droits chinois adoptés en représailles par Pékin ciblent depuis ce lundi un éventail de produits agricoles américains.Des droits de douane de 25% sur toutes les importations américaines d’acier et d’aluminium, dont celles venant du Canada et du Mexique, deux fournisseurs importants, doivent aussi entrer en vigueur dès mercredi.Donald Trump compte également imposer des droits de douane “réciproques” aux partenaires commerciaux des États-Unis à partir du 2 avril.En parallèle, aux Etats-Unis, “les paris sur une récession augmentent, et les dernières prévisions pointent une forte baisse de la croissance économique au premier trimestre”, souligne Mme Ozkardeskaya.En zone euro en revanche, la croissance a été revue à la hausse, de quoi apporter un soutien aux places du Vieux continent. “Il est rassurant de voir que les dernières données montrent que la reprise en zone euro était enclenchée depuis l’année dernière”, commentent les analystes de LBP AM.Thales caracole en tête”Les investisseurs se tournent avec un Å“il nouveau vers l’Europe qui devrait bénéficier d’une nouvelle course au réarmement”, commentent les analystes de Natixis.En tête du CAC 40 lundi peu après l’ouverture, le groupe Thales prenait 2,32% à 242,20 euros l’action vers 09H30.Dassault Aviation profitait également de la dynamique, gagnant 1,19% à 39,87 euros le titre.