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Le ton monte à nouveau entre Trump et le Canada

Donald Trump, pour qui l’annexion du Canada est une idée fixe depuis son retour au pouvoir, a redoublé d’agressivité commerciale mardi contre Ottawa, tandis que les autorités canadiennes ont promis de répliquer à toute surenchère de droits de douane.Le président américain a souhaité mardi, à sa manière, la bienvenue au nouveau Premier ministre canadien Mark Carney.Réagissant à l’annonce par la province canadienne de l’Ontario d’une surtaxe sur les exportations d’électricité vers trois Etats américains, il a annoncé sur son réseau Truth Social qu’il doublait à 50%, contre 25% auparavant, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens, devant entrer en vigueur mercredi.Le Canada “devra réagir” si Donald Trump met à exécution cette menace, a indiqué mardi à l’AFP une source gouvernementale haut placée.Le président américain a par la suite publié un autre message plein de colère sur Truth Social, assurant, à propos des menaces sur l’électricité, que le Canada allait “payer pour ça un prix si lourd que les livres d’histoire en parleront pendant de nombreuses années.”- “La seule chose sensée” -Avec cette annonce, le président américain frappe au coeur les échanges commerciaux entre deux pays intimement liés sur le plan économique, et jusqu’alors étroitement alliés sur le plan diplomatique.50% de l’aluminium et 20% de l’acier importés aux Etats-Unis proviennent du Canada, selon le cabinet EY-Parthenon. “Augmenter le prix de matières premières cruciales pour l’industrie américaine, qui emploie 10 millions de personnes, c’est ce que ferait un ennemi des Etats-Unis”, a critiqué sur X mardi l’économiste et ancien ministre des Finances américain Larry Summers.M. Trump a par ailleurs écrit qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures que cela “mettrait à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”.La “seule chose sensée” à faire pour le pays est de devenir le “51ème Etat américain”, ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale, a répété le responsable républicain de 78 ans.Le futur chef du gouvernement canadien Mark Carney a assuré mardi que la riposte de son pays aurait “un impact maximal sur les Etats-Unis et un impact minimum sur le Canada”.”Nous maintiendrons nos droits de douane jusqu’à ce que les Américains nous montrent du respect”, a-t-il déclaré sur X.”Le Canada n’est pas à vendre”, a également répondu sur CNBC mardi Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, la province canadienne la plus peuplée.M. Ford a assuré que la seule solution était d’abandonner cette guerre commerciale, “parce que cela renforcera nos deux pays. Nous sommes votre plus important client, nous achetons plus de produits américains que n’importe quel autre pays dans le monde”.Donald Trump, dans le même message sur Truth Social mercredi, écrit que si les Canadiens devenaient américains, “il n’y aurait plus de droits de douane, ni rien d’autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d’impôts, ils seraient plus en sécurité (…) qu’avant.”- “Artificielle” -Il a qualifié d'”artificielle” la frontière séparant les deux pays.Depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes et les revirements tout aussi spectaculaires en matière de droits de douane, ce qui fait tanguer la finance et l’économie mondiales.Le Canada est peu à peu apparu comme la cible privilégiée de la rhétorique commerciale agressive et des visées expansionnistes du président américain, qui convoite également le Groenland ainsi que le canal de Panama.L’ancien promoteur immobilier n’a de cesse de clamer son “amour” pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des “perturbations” financières passagères.Cet “âge d’or” protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine.Mardi, les indices vedettes de la Bourse de New York, le Dow Jones et le Nasdaq, continuaient de s’enfoncer après avoir subi de lourdes pertes lundi.La première puissance mondiale importe environ la moitié de l’acier et de l’aluminium qu’elle utilise, pour l’automobile, l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, comme les conserves.

Le Congrès américain s’affaire pour éviter la paralysie budgétaire

La Chambre américaine des représentants doit se prononcer mardi sur un texte budgétaire provisoire pour l’année 2025 qui permettrait à l’administration Trump d’éviter une paralysie de l’Etat fédéral, le fameux “shutdown”, avant la date limite de vendredi soir.Le vote est attendu en fin d’après-midi à Washington et une issue favorable ouvrirait la voie à l’adoption du texte au Sénat dans les jours suivants.Au vu de leur courte majorité, les républicains de la Chambre des représentants savent qu’ils sont sur le fil du rasoir, mais leur chef, Mike Johnson, a affiché son optimisme mardi. “Nous aurons les voix” nécessaires pour faire passer le texte, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse mardi.”On peut le faire de notre propre côté”, sans l’aide des voix démocrates, a-t-il assuré, tout en appelant les démocrates à être “responsables” et à voter en faveur de la proposition des républicains.Mais le chef de la minorité démocrate à la chambre basse, Hakeem Jeffries, a assuré qu’aucun élu de son camp ne voterait mardi en faveur de ce texte, qualifié d’attaque “sur les anciens combattants les séniors, et les familles”, en raison de coupes prévues dans certaines dépenses publiques.”Inacceptable”, a jugé Hakeem Jeffries. – “Pas de dissidence” -Face au risque de voir quelques républicains voter contre et faire échouer le texte dès la première étape, Mike Johnson s’affaire en coulisses depuis plusieurs jours, et peut compter sur l’appui de Donald Trump.Le président a appelé au cours du week-end les élus républicains à voter en faveur du texte, et leur a lancé comme un avertissement: “PAS DE DISSIDENCE”.Avec des indices boursiers en chute et des craintes grandissantes de récession, Donald Trump fait face aux premiers vents contraires de son second mandat en matière économique. Et il sait qu’une paralysie de l’Etat fédéral n’arrangerait rien.Le Congrès a jusqu’à minuit dans la nuit de vendredi à samedi pour adopter un budget temporaire.Sans quoi, des centaines de milliers de fonctionnaires se trouveront au chômage technique, sans paie. Le trafic aérien sera perturbé, comme le versement de certaines d’aides alimentaires aux familles à bas revenus, entre autres conséquences.Une situation à risque que Donald Trump souhaite éviter un mois et demi seulement après son retour à la Maison Blanche.Le républicain se souvient sûrement que lors de son premier mandat, un litige avec les démocrates sur le financement de la construction de son mur à la frontière avec le Mexique avait provoqué une paralysie partielle de l’Etat fédéral pendant 35 jours.- Coupes claires -Face à la perspective d’un nouveau “shutdown”, républicains et démocrates se rejettent la faute.”Les démocrates détestent tellement ce que le président Trump soutient et ce que le peuple américain soutient, qu’ils sont prêts à paralyser notre gouvernement”, a déclaré l’élue républicaine Lisa McClain lors d’une conférence de presse.La démocrate Rosa DeLauro a dénoncé de son côté un texte qui “fera mal aux Américains travaillant dur”, notamment sur la question du logement.”Ce chèque en blanc au milliardaire non élu Elon Musk échoue à faire baisser les coûts pour se loger, et à la place, coupe plus de 700 millions de dollars de subventions pour les loyers des Américains à bas revenus et travailleurs”, a déclaré l’élue dans un communiqué.Car le risque de paralysie budgétaire arrive sur fond de coupes claires dans les dépenses publiques américaines, menées sous l’égide d’Elon Musk.L’homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla et SpaceX, est devenu lors de la campagne de 2024 un allié et important soutien financier de Donald Trump.A la tête d’une commission à l’efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk s’est lancé dans le démantèlement de plusieurs agences gouvernementales, qu’il accuse de fraude et de gestion dispendieuse, et le limogeage de dizaines de milliers de fonctionnaires.Avant le vote mardi, les démocrates ont présenté leur propre version d’un texte budgétaire qui garderait le même niveau de dépenses publiques et repousserait à avril, plutôt que septembre comme le souhaitent les républicains, la date limite pour l’adoption d’un budget plein pour l’année 2025.

La Bourse de Paris termine en nette baisse face aux droits de douane

La Bourse de Paris a terminé en nette baisse mardi, les investisseurs digérant de nouvelles annonces de droits de douane de Donald Trump contre le Canada, sur fond d’inquiétudes sur l’économie américaine.Le CAC 40, l’indice vedette de la place de Paris, a terminé en baisse de 1,31%, soit une perte de 105,69 points, pour s’établir à 7.941,91 points. Il termine ainsi sous la barre des 8.000 points pour la première fois depuis plus d’un mois.Les indices européens sont “retournés à la réalité”, commente Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, interrogée par l’AFP.”Les craintes à propos de l’économie américaine sont de plus en plus poussées, et l’on ajoute à cela une incertitude très forte avec les droits de douane” de Donald Trump qui “se répercute sur les indices boursiers”, poursuit-elle.Donald Trump a proféré mardi de nouvelles menaces commerciales contre le Canada, annonçant entre autres doubler à 50% le taux des droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens qui doivent entrer en vigueur mercredi.Le président américain a par ailleurs assuré sur sa plateforme Truth Social qu’il imposerait le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures et que cela “mettra à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada”, estimant une nouvelle fois que la “seule chose sensée” à faire pour le pays était de devenir le “51e Etat américain”, ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale.La semaine passée, les places européennes avaient trouvé un certain soutien dans “l’euphorie autour du plan d’investissement allemand avec l’espoir qu’il pourrait relancer la croissance en Europe”, note par ailleurs Mme de Montpellier.Mais les Verts allemands ont menacé lundi de torpiller le plan d’investissements géant du futur gouvernement de Friedrich Merz, dont ils critiquent les lacunes.”La parenthèse enchantée en Europe se termine pour le moment, tant que le plan allemand n’est pas voté”, poursuit l’économique de ING.Stellantis en queue de pelotonLe constructeur automobile Stellantis, très présent au Mexique, a perdu 5,30% à 11,32 euros, soit la plus forte baisse sur le CAC 40 mardi.”Les valeurs qui sont exposées aux droits de douane sont celles qui souffrent le plus”, explique Charlotte de Montpellier.

Rejets toxiques à Mourenx: Sanofi mis en examen pour une partie des faits

Une victoire d’étape en demi-teinte pour les plaignants: Sanofi a été mis en examen fin 2024 pour plusieurs infractions dans l’enquête sur les rejets toxiques de son usine à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), produisant le médicament Dépakine, mais échappe à ce stade au principal grief, la mise en danger d’autrui.Le parquet de Paris a confirmé l’information obtenue par l’AFP de source proche du dossier selon laquelle Sanofi a été mise en examen le 28 novembre pour un délit, obstacle à un contrôle administratif environnemental, et pour deux infractions contraventionnelles, exploitation irrégulière d’une installation ainsi que non-déclaration d’accident ou d’incident par l’exploitant d’une installation classée.Dans le détail, le groupe se voit ainsi reprocher, selon le parquet, de n’avoir, entre 2012 et 2018, pas respecté les limites d’émission du bromopropane, un composé organique volatil (COV) ou encore d’avoir tardé à informer les inspecteurs de l’environnement de ces rejets de bromopropane.Le groupe a en revanche été placé, à ce stade, sous le statut de témoin assisté pour l’infraction la plus lourde, mise en danger d’autrui, selon le parquet.Sollicité par l’AFP, Sanofi n’a pas réagi dans l’immédiat.L’association France Nature Environnement (FNE) avait révélé ces rejets toxiques hors normes en 2018 de bromopropane et de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, un médicament anti-épileptique accusé d’être à l’origine de troubles neuro-développementaux chez les enfants.”Si ces dépassements ont été possibles, c’est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l’usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l’air”, accusait l’association.L’usine avait été mise à l’arrêt immédiatement après les révélations de FNE, avant de reprendre sa production par étapes, sous contraintes environnementales et contrôles accrus. En juin 2020, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, Bassin de Lacq-Orthez et environs avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la saisie d’un juge d’instruction du pôle santé publique du tribunal de Paris.L’information judiciaire avait été ouverte en août 2022.- “Troubles neurocomportementaux” -Lors de la révélation par l’AFP de l’ouverture de ces investigations, quelques mois plus tard, Sanofi avait indiqué que “le procédé de fabrication du valproate de sodium” générait “certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’était fixé jusqu’en 2018″.”C’est uniquement à partir de 2018 qu’un arrêté préfectoral a établi des seuils d’émissions de valproate de sodium”, ajoutait le groupe, indiquant qu’il avait “entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions”.”On peut démontrer que certains des riverains ont été contaminés par la Dépakine”, soutient mardi Me Charles Joseph-Oudin, avocat d’une riveraine partie civile et de l’Association des victimes de la Dépakine (Apesac).Une quinzaine de riverains sont en train de se constituer parties civiles dans ce dossier, selon le conseil.Il a déjà déposé plainte en novembre 2023 pour une mère de deux enfants “atteints de troubles neurocomportementaux” qui travaillait, lors de ses grossesses, “en face” de l’usine.En avril 2024, le tribunal administratif de Pau a contraint Sanofi à réaliser une étude des risques sanitaires sur la population autour du site de Mourenx.Cette mise en examen arrive dans un “contexte judiciaire qui devient très tendu pour les laboratoires Sanofi”, estime aussi Me Oudin.Dans une autre information judiciaire, ouverte en 2016 et portant sur le coeur du scandale de la Dépakine et ses impacts éventuels sur la santé, le groupe est mis en examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires depuis 2020. En juin 2023, la Cour de cassation avait toutefois estimé prescrites un certain nombre de plaintes, un “fort affaiblissement” du dossier selon une source proche de celui-ci.Dans les procédures ouvertes à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), “120 millions d’euros d’argent public ont déjà été engagés en lieu et place de Sanofi” pour près de 2.000 victimes, selon Me Oudin.Selon des estimations des autorités sanitaires françaises, la molécule serait responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants.

Avec la pénurie d’avions en Europe, les craintes d’un dumping social

Face à la pénurie d’avions, les compagnies recourent de plus en plus à d’autres transporteurs pour assurer leurs vols, ce que l’on appelle l’affrètement. Mais des professionnels craignent que ce modèle facilite le dumping social en Europe et compromette la sécurité.Alors que le nombre de passagers aériens a dépassé en 2024 son niveau de 2019 dans le monde, une première depuis la pandémie, les avionneurs peinent à remplir leurs objectifs de livraisons, tandis que certains aéronefs sont cloués au sol pour des problèmes d’entretien.Une solution pour les compagnies réside dans la location d’appareils via des contrats de courte durée incluant l’appareil, l’équipage, l’entretien et l’assurance, “wet lease” dans le jargon aéronautique.Des entreprises spécialisées se sont créées, certaines désormais de taille imposante comme l’Irlandaise Avia Solutions Group qui exploite 221 appareils sous 12 certificats de transporteur aérien et revendique 35 millions de passagers par an, soit le tiers d’Air France-KLM.KlasJet, SmartLynx, AirExplore: autant de compagnies basées en Europe de l’Est inconnues du grand public, mais dans les avions desquelles des voyageurs ayant acheté un billet d’un transporteur renommé peuvent voyager, parfois à leur insu quand les appareils sont peints aux couleurs de la compagnie principale.Selon la société Cirium, spécialiste des données de l’aviation civile, ce type d’activité va croissant et c’est Lufthansa (incluant Austrian Airlines, SWISS, Brussels Airlines et Eurowings) qui a actuellement le plus recours à ce dispositif en Europe.Le groupe allemand, dont la flotte totale atteignait 735 appareils fin 2024, a indiqué avoir exploité 56 avions en “wet lease” la même année.Conformes à la réglementation européenne, ces accords “peuvent aussi être abusivement utilisés pour réduire les coûts et saper le droit du travail”, a prévenu en août 2024 l’European Cockpit Association, qui fédère 33 syndicats représentant 40.000 pilotes de ligne. Un avis partagé par des organisations syndicales et des juristes réunis cette semaine par la Caisse de retraite du personnel navigant professionnel de l’aéronautique civile (CRPN) française.- “Obligation de vigilance renforcée” -“Cela devient problématique lorsque l’affrètement devient structurant du marché du transport aérien”, estime Antoine Lyon-Caen, avocat spécialiste du droit du travail.La CRPN, qui gère la retraite complémentaire des pilotes, hôtesses et stewards de droit français, s’inquiète non seulement d’un déficit de cotisations, mais aussi d’un dumping social voire d’infractions au droit du travail.”On a pu récupérer les contrats. On a pu constater qu’on avait (…) un officier pilote de ligne (copilote, NDLR) qui était payé un petit peu plus de 1.000 euros en fixe sur le mois” et des stewards et hôtesses “à 300 euros”, témoigne Sandrine Johnson, directrice générale adjointe de la Caisse.”Au niveau européen, on n’est pas du tout sur quelque chose d’anecdotique, et donc il est vraiment temps d’aller prendre le sujet à bras-le-corps”, souligne Patrick Arpino, vice-président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL): “l’Europe et le marché des affrètements ne peuvent pas être le Far West”. Pour Me Lyon-Caen, les employeurs franchissent la “ligne rouge” quand les navigants “ne sont pas soumis à la protection sociale du pays où ils ont leur base d’affectation”, un sujet déjà identifié dans d’autres secteurs d’activité en Europe.Alors que plusieurs procédures judiciaires sont en cours à l’initiative de la CRPN, Mme Johnson remarque qu’il s’agit d'”une voie qui permet d’aboutir, qui permet de créer de la jurisprudence”, mais qui n’est pas assez rapide.L’inspection du travail peine également à lutter contre ce phénomène, vu les contraintes opérationnelles du secteur, témoigne Stéphane Salmon, président du principal syndicat français d’hôtesses et de stewards, le SNPNC.La CRPN souhaite que les compagnies affréteuses soient soumises à une “obligation de vigilance renforcée” auprès des sociétés de “wet lease” car cela concerne non seulement l’affiliation aux régimes sociaux, mais “la sécurité, le droit des passagers et le droit du travail”, remarque Mme Johnson.La Caisse réclame également un encadrement du métier des courtiers aériens, qui font le lien entre les affréteurs et les sociétés de location, “parce que ce sont eux qui mettent en place les schémas de fraude” en tirant les prix vers le bas, selon Mme Johnson.

Wall Street sans direction claire après sa chute de la veille

La Bourse de New York évolue en ordre dispersé mardi, seule la “tech” parvenant à rebondir au lendemain d’un fort repli du Nasdaq (-4,00%) provoqué par les inquiétudes croissantes sur la possibilité d’une récession aux Etats-Unis en raison de la politique commerciale de Donald Trump.Vers 14H15 GMT, le Dow Jones perdait 0,92% et l’indice élargi S&P 500 0,38%. Seul l’indice à forte coloration technologique Nasdaq, qui avait le plus reculé lundi, était dans le vert, à +0,18%.Les investisseurs ne font face à “rien de vraiment nouveau, si ce n’est que certains techniciens peuvent estimer que le marché est survendu (…) ce qui pourrait alimenter une progression” partielle de la place américaine, estime auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA.Après “s’être effondré lundi (…), il est difficile de suggérer ce matin que le marché boursier se sent mieux en ce qui concerne les perspectives de croissance de l’économie et des bénéfices”, a écrit Patrick O’Hare, de Briefing.com.Les investisseurs craignent l’impact économique des droits de douane imposés ou brandis comme menace par M. Trump ces dernières semaines contre plusieurs pays, comme la Chine, le Mexique ou le Canada. Si Washington a effectué de nombreux revirements ces derniers jours, accordant un sursis à la majorité de ses surtaxes, un prélèvement de 25% sur l’acier et l’aluminium importés aux Etats-Unis doit toujours entrer en vigueur mercredi.Et mardi, l’administration américaine a porté à 50% ces droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens.Les acteurs du marché ont en particulier accueilli avec inquiétude les déclarations de Donald Trump dimanche.Le président américain est resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé lors d’un entretien s’il s’attendait à une récession aux Etats-Unis. “Je déteste prédire les choses comme ça”, a-t-il répondu, avouant dans la foulée s’attendre à “une période de transition”.Côté indicateurs, le rapport JOLTS du ministère américain du Travail a mis en évidence une hausse des offres d’emplois en janvier, supérieure aux prévisions des économistes.Mais pour rebondir dans la durée, Wall Street “a besoin d’un catalyseur” plus puissant, selon Sam Stovall, qui pourrait se manifester avec la publication, mercredi, de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour le mois de février, estime l’analyste.Il s’agira de l’une des premières données économiques sur l’état de santé de l’économie américaine depuis le retour de M. Trump au pouvoir. Si les données sont “conformes aux attentes”, c’est-à-dire en retrait par rapport au mois précédent, “cela encouragerait la banque centrale américaine (Fed) à réduire ses taux d’intérêt”, juge M. Stovall.Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans se tendait légèrement, à 4,23%, contre 4,21% la veille en clôture.La compagnie aérienne à bas prix Southwest Airlines était recherchée (+8,80%) après avoir annoncé la fin de sa politique de bagages en soute gratuits. Les passagers devront désormais payer un supplément dès la première valise, alors que deux bagages étaient auparavant inclus dans le prix du billet, à l’exception de certains voyageurs réguliers.Le titre de son homologue Delta Air Lines perdait du terrain (-4,05%) après l’annonce de prévisions de résultats abaissées pour le premier trimestre, en raison d’une baisse de la confiance des consommateurs et d’une “mollesse” de la demande aux États-Unis.La compagnie aérienne American Airlines lâchait 3,76% après avoir abaissé mardi ses prévisions pour le premier trimestre, expliquant que son activité avait été plus faible qu’anticipé du fait d’un accident mortel fin janvier et d’une “mollesse” aux Etats-Unis.L’enseigne de grands magasins Kohl’s dévissait (-16,80%) malgré la publication de résultats supérieurs aux attentes pour le quatrième trimestre de son exercice décalé, les investisseurs se concentrant sur les prévisions en deçà des attentes de l’entreprise, notamment des ventes en baisse de 4 à 6%.

2024, une année “record” pour Lego qui ne craint pas les tarifs douaniers

Les atermoiements de Donald Trump sur les droits de douane “ne m’empêchent pas de dormir”, a affirmé mardi dans un entretien à l’AFP le directeur général de Lego, qui a connu en 2024 une année record.Le groupe danois, premier fabricant de jouets du monde, a tiré son épingle du jeu l’an dernier dans un marché du jouet maussade, propulsant son chiffre d’affaires à un record de près de 10 milliards d’euros.”Nous avons des produits qui passionnent de nombreux groupes de consommateurs différents, et cela a fonctionné dans le monde entier”, s’est félicité auprès de l’AFP le directeur général du groupe, Niels Christiansen, en soulignant la hausse de 13% des ventes dans un marché mondial étale. Le bénéfice net de Lego a, lui, progressé de 5%, à 1,8 milliard d’euros.Après cette année faste, le dirigeant de cette entreprise familiale non cotée en Bourse se veut serein pour 2025, malgré les incertitudes géopolitiques et les menaces de droits de douane.”Cela ne m’empêche pas de dormir la nuit”, a-t-il affirmé à l’AFP, tout en reconnaissant “comme n’importe quel PDG préférer le libre-échange”. “Ce n’est pas la première fois que nous voyons ces fluctuations et chaque fois, nous avons été capables de ne pas surréagir.” Lego possède notamment une usine de fabrication au Mexique pour le marché américain et en construit une aux Etats-Unis, qui devrait être opérationnelle en 2027.Pour M. Christiansen, ce qui compte, c’est de maintenir Lego sur sa lancée et de maintenir la dynamique de croissance renforcée depuis la pandémie de Covid-19. Accroître les parts de marché “est bien plus important que savoir si nous aurons des droits de douane ou non”, a-t-il jugé. “En ce moment, il n’y a pas de droits de douane; s’ils devaient arriver et que nous estimions qu’ils seraient de nature plus permanente, alors je pense que nous trouverions des moyens de gérer cela”, a assuré M. Christiansen.- Un succès détonnant -Le succès généralisé de Lego détonne dans un marché du jouet morose. Ses ventes directes aux consommateurs ont augmenté de 12% l’an dernier, soit une croissance nettement supérieure à celle du marché mondial du jouet, qui s’est contracté de 1%.”Sur un marché qui, au cours des cinq dernières années, n’a pas ou très peu progressé, nous avons augmenté de l’ordre de 12, 13, 14% chaque année”, a noté M. Christiansen.Les franchises, par exemple Lego Star Wars ou Harry Potter, et les partenariats – avec notamment l’éditeur du jeu vidéo Fortnite ou Formula One – permettent au fleuron de l’industrie danoise de maintenir l’intérêt des consommateurs.En 2024, Lego proposait un portefeuille de 840 produits, dont 46% étaient nouveaux.”Nous voulons rester pertinents (…) avec les enfants et les adultes, donc nous devons aussi être présents en proposant des choses qui les excitent vraiment”, que ce soit le sport ou les jeux vidéos, a expliqué M. Christiansen. “L’avantage que nous avons avec cette forte marque Lego, c’est que la plupart des autres marques aimeraient vraiment travailler avec nous”, a souligné le chef d’entreprise.Et cela conquiert les consommateurs partout.”Il ne s’agit pas d’un pays en particulier, ni d’un produit ou d’un groupe de produits en particulier. Il s’agit d’un phénomène très large”, a insisté le directeur général.Le groupe, dont le nom est une contraction du danois “joue bien” (“leg godt”), a connu une plus forte demande dans les Amériques, en Europe et au Moyen-Orient qu’en Asie, notamment en Chine où il a largement investi ces dernières années.”Aux États-Unis, nous avons gagné plus de place en rayon dans les magasins et nous avons plus de consommateurs enthousiasmés par la marque Lego, donc nous pouvons nous permettre de prendre quelques années pour ramener la Chine à la croissance”, a relevé M. Christiansen.Lego, qui s’efforce de rendre ses briques en plastiques “vertes”, a indiqué que la moitié des matériaux achetés pour fabriquer ses briques provenaient de sources durables.S’il ne dévoile pas le montant de ses efforts en matière d’environnement, le groupe danois affirme avoir augmenté ses investissements en durabilité environnementale de 68% l’an dernier par rapport à 2023.

La Chine appelle à “lutter sans relâche” en achevant sa grand-messe politique

La Chine a tiré le rideau mardi à Pékin sur sa principale réunion politique annuelle en exhortant à une lutte “sans relâche” sur fond de difficultés économiques et de rivalité politico-commerciale croissante avec les Etats-Unis.Les quelque 3.000 membres de l’Assemblée nationale populaire (ANP), l’organe législatif du pays – dans les faits soumis au Parti communiste chinois (PCC) -, étaient rassemblés au Palais du peuple donnant sur la place Tiananmen, gardée par un portrait de Mao Tsé-toung.Une fois le président chinois Xi Jinping entré dans la salle en forme d’immense théâtre, au son d’une fanfare militaire, un haut responsable parlementaire, Li Hongzhong, a ouvert la séance. Il remplaçait au pied levé le président du comité permanent du Parlement et numéro trois du gouvernement, Zhao Leji, dont l’absence a été attribuée à une “infection respiratoire”.”Unissons-nous encore plus étroitement autour du Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping en son coeur”, a déclaré M. Li.Sous les applaudissements enthousiastes, il a également appelé à “lutter sans relâche pour la grande cause du renouveau du peuple chinois”, une allusion au développement économique de la Chine et à son retour au sein des grandes puissances mondiales.Les délégués ont ensuite procédé au vote des rapports de travail annuels du gouvernement, de la Cour populaire suprême et du Parquet populaire suprême.- Quasi-unanimité -Appuyant sur un des boutons disposés devant eux, les représentants, y compris Xi Jinping, ont aussi voté des résolutions sur les budgets central et locaux, le plan de développement économique, ainsi qu’un amendement à la loi sur les législateurs.Des scrutins aboutissant, à chaque fois, à une quasi-unanimité et de brefs applaudissements, avant la conclusion de l’événement annuel par l’hymne national.La plupart des propositions votées par le Parlement chinois, qui fait surtout office de chambre d’enregistrement, avaient déjà été décidées par le sommet du pouvoir communiste, non sans d’intenses consultations en amont.”La réunion a permis de mener à bien chaque point de l’ordre du jour et de faire avancer la démocratie”, s’est félicité Li Hongzhong.L’un des moments les plus scrutés de cette session annuelle du Parlement, entamée mercredi dernier, aura été le discours du Premier ministre Li Qiang.Il avait alors dévoilé un objectif “d’environ 5%” de croissance pour 2025, comme l’an dernier, un relèvement inédit du déficit budgétaire de la Chine,un soutien aux entrepreneurs privés, et avait dit espérer créer 12 millions d’emplois urbains cette année.La deuxième économie mondiale est en effet lestée, depuis la pandémie de Covid-19, par une crise du secteur immobilier, une consommation atone ou encore un taux de chômage élevé chez les jeunes.Sans compter les droits de douane supplémentaires décidés par le président américain Donald Trump sur l’intégralité des produits chinois, maintenant à hauteur de 20%.- Intelligence artificielle -Des mesures américaines qui freinent “le développement de l’économie mondiale” et perturbent “la stabilité des chaînes industrielles”, selon le ministre du Commerce Wang Wentao, lequel a promis la semaine dernière que son pays se battrait “jusqu’au bout” dans ce domaine.Le rapport d’activité du gouvernement, présenté par Li Qiang, avait promis de faire de la demande intérieure “la force motrice et le point d’ancrage de la croissance”.Le délégué Zheng Yueming, de la province du Shandong (est), a dit à l’AFP sa confiance dans l’économie chinoise en dépit du contexte international.”Je crois que nous aurons de la croissance dans de nouveaux domaines ce qui pourra atténuer certaines difficultés”, a-t-il jugé.Face au succès récent de la startup chinoise DeepSeek, l’intelligence artificielle (IA) pourrait être un de ces leviers, en ce qu’il démontre “la capacité de la Chine à innover”, d’après Wu Qing, le patron de l’autorité chinoise de régulation des marchés, qui s’est exprimé jeudi devant la presse.Le gouvernement a notamment annoncé dimanche qu’il allait renforcer le recours à l’IA dans le domaine des soins aux personnes âgées, dans un pays comptant de plus en plus de seniors.”Je pense qu’il y aura beaucoup de promotion de ces (…) avancées technologiques, des lois adéquates devraient donc suivre”, a appelé de ses voeux la parlementaire de Shanghai, Liu Yiyan auprès de l’AFP.mya-mjw-jnd-ehl/abx

Nissan: départ du PDG Makoto Uchida, après la rupture des négociations avec Honda

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a annoncé mardi le départ de son PDG Makoto Uchida, peu après l’échec de ses négociations pour fusionner avec son rival Honda, et alors que le groupe a engagé de massives réductions d’effectifs et de capacités face à l’essoufflement persistant des ventes.M. Uchida sera remplacé début avril par l’actuel directeur de la planification Ivan Espinosa, qui avait intégré le groupe au Mexique en 2003 avant d’occuper plusieurs postes en charge de la stratégie produits.Nissan, massivement endetté et dont le bénéfice d’exploitation s’est effondré, avait ouvert fin 2024 avec son compatriote en meilleure santé Honda des négociations en vue d’un mariage pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial.Avec l’idée d’affronter ensemble le crucial virage des voitures électriques, où l’industrie japonaise est très en retard.Mais Honda et Nissan, respectivement deuxième et troisième constructeurs nippons derrière Toyota, ont mis fin aux discussions mi-février: Honda, en situation de force, souhaitait transformer Nissan en simple filiale, ce que ce dernier refusait farouchement.”Incapable d’obtenir la confiance d’une partie des employés et à la demande du conseil d’administration, j’ai conclu qu’il fallait un nouveau départ, dans l’intérêt de Nissan”, a reconnu Makoto Uchida devant la presse.Pour Nissan, la situation reste précaire: il a essuyé au dernier trimestre (octobre-décembre) une nouvelle perte trimestrielle inattendue, sur fond de plongeon de 12,2% de ses ventes en Chine. Ayant vu sa marge opérationnelle s’évanouir, il prévoit d’être déficitaire sur l’exercice 2024/25.-“Briller à nouveau”-Outre la chute des ventes en Chine face à la concurrence acérée des marques locales, Nissan est en difficultés aux Etats-Unis, son plus gros marché, où ses modèles trop anciens n’attirent plus les acheteurs, faute de proposer des véhicules sur le créneau en plein boom des hybrides.L’entreprise fait également face à la menace de taxes douanières américaines ciblant le Mexique, où elle est fortement implantée.Sous pression, Nissan avait annoncé dès novembre supprimer 9.000 postes dans le monde et réduire de 20% ses capacités de production en vue de se redresser. Ivan Espinosa s’est dit mardi “impatient de poursuivre le travail de M. Uchida” pour “aider Nissan à briller à nouveau” et “rétablir la stabilité et la croissance” du groupe.”Nissan a beaucoup plus de potentiel que ce que nous voyons aujourd’hui”, a-t-il insisté.Le français Renault reste attentif au sort du groupe nippon: il conserve 35% du capital de Nissan, et veille à préserver la valeur de sa participation, même s’il a entrepris de détricoter celle-ci.Les marchés surveillent aussi la situation: l’agence de notation Moody’s Ratings a dégradé le mois dernier les obligations de Nissan en catégorie spéculative, pointant sa “faible rentabilité” et “le ralentissement de la demande pour sa gamme de modèles vieillissants”.Ses concurrentes S&P et Fitch lui ont emboîté le pas.-En quête de partenaire-“Ce changement de direction est une étape-clé pour répondre (…) aux problèmes urgents, notamment de difficultés financières et de relance de l’activité après l’échec de la fusion avec Honda”, a commenté Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence.”L’expertise d’Espinosa en matière de stratégie produits aidera à remédier au manque de modèles compétitifs”, mais avant tout, “la sécurisation de liquidités et de la stabilité financière, essentielles, exigeront des mesures rapide de la nouvelle direction”, avertit-il.Une chose est certaine: Nissan, affaibli, reste en quête d’un allié pour atteindre la taille critique nécessaire sur un marché mondial en pleine transformation.”En février, M. Uchida avait rappelé qu’il fallait en priorité renforcer et exécuter le plan de relance “, tout en appelant à “l’ouverture de nouvelles discussions avec de potentiels partenaires, car on ne peut se passer d’un partenaire”, indique à l’AFP une source proche du dossier.”C’est d’actualité, c’est critique, ça doit être la contrepartie” du plan de transformation du groupe, insiste-t-elle.Aux aguets, le géant taïwanais de l’assemblage électronique Foxconn (Hon Hai), fournisseur d’Apple, s’est déclaré ouvert à un rachat de la participation de Renault. Des informations de presse ont également évoqué un recours possible à l’américain Tesla, démenti par les intéressés.Enfin, le Financial Times avait rapporté en février que Honda serait éventuellement prêt à reprendre les négociations en cas de démission de Makoto Uchida, ce que le constructeur n’avait pas confirmé.