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Lip-Bu Tan prend la tête d’Intel, géant américain des puces en difficulté face à l’IA

Intel, le géant américain des semi-conducteurs mis en difficulté par son retard dans l’intelligence artificielle (IA), a annoncé mercredi avoir choisi Lip-Bu Tan, un ancien membre de son conseil d’administration, comme nouveau directeur général.L’année dernière, la société de Santa Clara, dans la Silicon Valley, a lancé un plan social pour licencier 15% de son personnel, a perdu sa place au sein du célèbre indice Dow Jones (remplacée par sa concurrente Nvidia) et a congédié Pat Gelsinger, le patron qui avait lancé une vaste réorganisation en 2021.M. Tan dirigeait auparavant Cadence Design Systems, qui produit des logiciels utilisés par tous les grands concepteurs de puces, y compris Intel. Intel cherchait un remplaçant à Pat Gelsinger depuis son départ en décembre dernier. L’annonce a fait bondir son titre de plus de 10% à Wall Street, lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.”J’admire Intel depuis longtemps”, a déclaré M. Tan dans un message aux employés publié sur le site du groupe, notant cependant que “les succès passés ne préjugent pas des succès futurs”.”Le rythme du changement continue de s’accélérer et la concurrence est intense. Vous le comprenez mieux que quiconque, et je sais que ces quelques années ont été difficiles pour vous tous et vos équipes”, a-t-il ajouté.Il devient le quatrième directeur général d’Intel en sept ans. Brian Krzanich avait démissionné en 2018, à la suite de révélations sur une relation inappropriée avec une employée. Bob Swan a pris le relai en 2019, mais il a quitté ses fonctions deux ans plus tard, après qu’Intel a pris du retard dans la fabrication des puces. Pat Gelsinger lui a succédé en 2021.Aucun n’a réussi à préparer Intel au tournant de l’IA.Portés par l’avènement de l’IA générative depuis le succès de ChatGPT, la plupart des grands noms des semi-conducteurs se sont envolés en Bourse, Nvidia en tête.Mais Intel a vu sa capitalisation amputée de plus de moitié (-57%) en 2024.- Retards -Géant historique des puces, le groupe californien accuse un fort retard dans les composants électroniques de pointe nécessaires aux modèles d’IA générative, comme les processeurs graphiques de son concurrent Nvidia.”Dans les domaines où nous avons le vent en poupe, nous devons redoubler d’efforts et renforcer notre avantage”, a souligné M. Tan, qui va aussi revenir au conseil d’administration d’Intel.”Dans les domaines où nous sommes en retard sur la concurrence, nous devons prendre des risques calculés pour nous démarquer et faire un bond en avant. Et dans les domaines où nos progrès ont été plus lents que prévu, nous devons trouver des moyens d’accélérer le rythme.”Fin février, Intel a annoncé retarder de plusieurs années la construction d’usines de semi-conducteurs dans l’Etat américain de l’Ohio, à cause d’une demande insuffisante des clients, alors que les Etats-Unis essaient de relocaliser la production de ces composants essentiels à de nombreuses industries.Les deux usines, qui vont coûter 28 milliards de dollars, doivent désormais être terminées en 2030 et 2031, alors que la production aurait dû commencer dès cette année.L’entreprise a reçu l’année dernière des subventions de l’ancien gouvernement pour construire des usines aux Etats-Unis, dont 20 milliards de dollars en mars et près de 8 milliards en novembre, justifiées par sa capacité à disposer, sur le territoire américain, de l’ensemble de la chaîne de production de puces de dernière génération, de la fonderie à l’emballage.Intel a fini l’année 2024 avec des résultats meilleurs qu’escomptés, mais des perspectives jugées trop faibles par le marché.Au quatrième trimestre, son chiffre d’affaires est ressorti à 14,3 milliards de dollars, en baisse de 7% sur un an, mais légèrement au-dessus de ses prévisions et de celles du marché.Pour le trimestre en cours, il prévoit des revenus compris entre 11,7 et 12,7 milliards de dollars – une fourchette inférieure aux attentes des analystes – et une perte nette de 270 millions.”Nos perspectives pour le premier trimestre reflètent la tendance faible en cette saison, amplifiée par les incertitudes macroéconomiques, les stocks à résorber et la concurrence accrue”, avait expliqué l’ancien co-directeur général par intérim, cité dans le communiqué de résultats trimestriels fin janvier.

Le rebond des valeurs technologiques tire Wall Street

La Bourse de New York a terminé globalement en hausse mercredi, effectuant un rebond technique après plusieurs séances consécutives en baisse, soutenue en particulier par les valeurs de la tech.Le Dow Jones a reculé de 0,20% tandis que l’indice Nasdaq a gagné 1,22% et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,49%.Il s’agit d’une “correction technique”, estime auprès de l’AFP Karl Haeling, de LBBW, assurant qu’il “y a eu tellement de ventes que le marché est un peu épuisé à l’heure actuelle”.Sur une semaine glissante, les trois principaux indices de Wall Street ont lâché autour de 4%.”Les valeurs technologiques ont été les plus touchées, et ce sont elles qui rebondissent le plus” ce mercredi, ajoute l’analyste.En bonne place parmi ces facteurs de progression, le pionnier des véhicules électriques Tesla a bondi (+7,59%) après que Trump a volé au secours de la marque dirigée par son allié Elon Musk mardi à la Maison Blanche. Lundi, l’action de Tesla avait dégringolé de plus de 15% lors de sa pire séance en Bourse depuis 2020, le constructeur souffrant notamment d’un plongeon de ses ventes.Les géants du secteur de la tech ont pour la plupart avancé mercredi: Meta a gagné 2,29%, Microsoft 0,74%, Alphabet 1,82%, Amazon 1,17% et Nvidia s’est envolé de 6,43%. Seul Apple a fini dans le rouge (-1,75%).La publication, avant séance, des derniers chiffres de l’inflation aux Etats-Unis “a constitué un répit bienvenu pour un marché qui a connu une période difficile ces derniers temps et qui aurait besoin d’un peu de soutien de la part de données favorables”, a écrit Jose Torres, d’Interactive Brokers.L’indice des prix à la consommation – mesurant l’évolution d’un panier de biens et services – a augmenté en février de 2,8% en rythme annuel, contre 3% en janvier, selon le ministère américain du Travail. Sur un mois, l’indice a aussi ralenti à 0,2% (contre +0,5%).Les analystes s’attendaient plutôt à une hausse de 2,9% en glissement annuel et de 0,3% sur un mois, selon le consensus publié par MarketWatch.Pour Karl Haeling, ces données ont toutefois pu “être prises avec des pincettes”, certains investisseurs les considérant comme déjà “de vieilles nouvelles” car il y avait peu de nouveaux droits de douane effectifs en février.”Les données de mars que nous obtiendrons en avril seront le début de données plus significatives pour voir quel est l’effet des surtaxes”, estime M. Haeling.Les spécialistes s’attendent à voir les prix commencer à grimper sur le marché intérieur américain à mesure que les droits de douane entrent en vigueur.L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés à minuit par Donald Trump, ce qui a poussé le président américain à promettre de nouvelles mesures de rétorsion.Donald Trump a ensuite promis de “répliquer”, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques” dans certains cas.Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,31%, contre 4,28% mardi en clôture.Ailleurs à la cote, les compagnies aériennes ont souffert: American Airlines a perdu 4,62%, JetBlue 3,57%, United Airlines 4,73%, Delta 2,96%.Elles sont affectées par les incertitudes macroéconomiques, mais aussi des accidents spectaculaires et des incendies, contraignant plusieurs d’entre elles à abaisser leurs prévisions pour le premier trimestre.Le géant historique des puces Intel a été recherché (+4,55%) après des informations de l’agence Reuters selon lesquelles Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) a approché d’autres géant du secteur comme Nvidia, Broadcom ou Advanced Micro Devices (AMD), afin d’assurer conjointement l’exploitation d’usines d’Intel.

Océans: l’Ifremer s’interroge quant au financement américain du programme Argo

Le PDG de l’Ifremer s’est interrogé mercredi quant à l’avenir du programme international d’observation des océans Argo, financé à 56% par les États-Unis, appelant à un “effort financier européen” pour pallier une “éventuelle déficience” américaine.Lancé au début des années 2000, le réseau 4.000 flotteurs Argo dérivant sur toutes les mers du globe, plongeant jusqu’à 2.000 mètres de profondeur, permet de mesurer la température et la salinité en temps quasi réel. Les données issues des flotteurs permettent de surveiller et comprendre le fonctionnement de l’océan, de ses écosystèmes et son rôle sur le climat, qu’il s’agisse du stockage de chaleur ou de la montée du niveau de la mer.”C’est le thermomètre de l’océan, c’est ça qui prend le pouls de l’océan”, a résumé à l’AFP François Houllier, PDG de l’Ifremer, institut qui coordonne un des trois centres mondiaux du réseau Argo.”Les États-Unis vont-ils continuer de financer Argo à la hauteur antérieure ? Sinon, à quelle hauteur vont-ils le faire ?”, s’est-il interrogé, après les licenciements massifs au sein de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).”Ces flotteurs ont une durée de vie de 5 ans. Ça veut dire que tous les 6 mois, il y en a 10% qui deviennent obsolètes et qu’il faut les renouveler. Dans 6 mois, la question qui se pose, c’est comment allons-nous renouveler tous ensemble ces flotteurs à l’échelle mondiale?”, a-t-il ajouté.Troisième contributeur après les États-Unis (56%) et l’Australie (7,5%), la France opère 6,9% des 4.137 flotteurs Argo, dont le coût total est estimé à 40 millions de dollars par an (36,7 millions d’euros). “S’il y a une nécessité d’adaptation et qu’on veut pallier une éventuelle déficience de nos collègues américains, il faut mettre des efforts financiers. C’est plutôt à l’échelle de l’Europe que ce genre de choses-là devrait être fait”, a plaidé M. Houllier.M. Houllier a également fait part d’inquiétudes “sur les flux de données”, aujourd’hui en du programme Argo, même si “pour l’instant, à ma connaissance, il n’y a pas de flux de données qui a été altéré.”Sans ces flotteurs, “on se prive de regarder la réalité, et donc c’est la négation de la science elle-même”, a-t-il ajouté.Les données d’Argo sont citées dans plus de 6.000 publications scientifiques et 500 thèses de doctorat, selon le site internet du programme.

Le vieil acier au coeur d’une nouvelle guerre commerciale

Les droits de douane de 25% sur l’acier importé aux Etats-Unis devenus effectifs mercredi compliquent la donne sur ce marché stratégique pour les gratte-ciels ou l’automobile, déstabilisé par le manque de compétitivité de la filière historique des hauts-fourneaux face aux recycleurs d’acier.Que s’est-il passé lors du premier mandat Trump?Lors de son premier passage à la Maison Blanche (2017-2021), le président américain avait déjà imposé des droits de 25% sur l’acier, et de 10% sur l’aluminium, pour tenter de protéger l’industrie américaine et ses électeurs, dont beaucoup viennent de la Rust Belt industrielle dans le Middle West. Les 12 derniers hauts-fourneaux en service aux Etats-Unis appartiennent à US Steel, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), et Cleveland Cliffs (Ohio).Mais cette mesure a eu un impact très limité, souligne Ruben Nizard, économiste chez l’assureur Credit Coface. Certes, les importations américaines d’acier ont baissé de 24% sur la période et celles d’aluminium de 31% selon un bilan de la commission du commerce internationale américaine. “Mais aucun bénéfice clair n’est apparu ni en termes d’emploi ni en terme de production, et les prix ont augmenté”, nourrissant l’inflation, souligne Ruben Nizard.De fait, “l’acier européen plat est aujourd’hui à 600 dollars la tonne et l’acier américain à 900 dollars”, complète Marcel Genet du cabinet Laplace Conseil, spécialisé dans l’acier.Qui exporte de l’acier vers les Etats-Unis?La planète a produit 1,84 milliard de tonnes d’acier brut l’an passé (-0,9% par rapport à 2023), dont plus de la moitié (1 milliard) vient de Chine, premier sidérurgiste mondial, selon le dernier bilan de l’association World Steel portant sur 71 pays représentant 98% de la production mondiale.Les Etats-Unis sont le quatrième producteur mondial, avec 79,5 millions de tonnes (-2,4%). Ils sont parallèlement le deuxième importateur mondial, avec 26,4 millions de tonnes importées en 2023, juste derrière l’Union européenne (39,2 millions). Les Etats-Unis s’approvisionnent en premier lieu au Canada, avec 5,95 millions de tonnes importées en 2024, selon le ministère américain du commerce. Derrière, arrivent le Brésil (4,08 millions) et l’UE (3,89 millions). Le Mexique fournit 3,19 millions de tonnes, la Corée du Sud 2,5 millions, devant le Vietnam, le Japon et Taiwan, tous autour d’un million, et la Chine environ 470.000 tonnes.Les grands constructeurs automobiles américains Ford, General Motors et Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc), très implantés au Canada et au Mexique, ont répété mercredi que des droits de douane sur l’acier de ces deux pays augmenteraient “fortement” les prix pour les constructeurs, les fournisseurs et, in fine, les automobilistes.Pourquoi Trump parle-t-il de concurrence déloyale ?Les prix mondiaux de l’acier avaient beaucoup baissé depuis un an en raison d’une surcapacité mondiale, évaluée par l’OCDE entre 500 et 560  millions de tonnes. La majorité vient de Chine ou de sidérurgistes chinois installés en Asie du sud-est qui inondent les marchés, se plaignent les industriels européens et américains qui soupçonnent la Chine de subventionner massivement sa production.L’économie de l’acier, traditionnellement cyclique, est désormais face à un problème “structurel” de surcapacité, soulignent des experts.Une analyse toutefois contestée par certains, comme Marcel Genet, pour qui les problèmes de l’acier viennent surtout de la non compétitivité des vieux hauts-fourneaux qui produisent de l’acier dit “primaire” à base de minerai de fer et de charbon, face à l’acier issu de ferrailles recyclées dans des fours électriques, beaucoup moins coûteux.”Les entreprises intégrées à hauts-fourneaux traditionnelles n’ont pas les moyens de financer leur transition énergétique, c’est-à-dire le remplacement du charbon (par du gaz ou de l’hydrogène, NDLR), sans aide massive de leurs Etats respectifs”, dit-il.De plus, les sidérurgies européenne et nord-américaine sont maintenues sous tension par la baisse de leurs exportations d’acier depuis 50 ans, alors que les pays émergents ont développé progressivement leurs filières, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, souligne Marcel Genet.US Steel, en difficulté, a fait l’objet d’une tentative de rachat par Nippon Steel, bloquée par Joe Biden. Donald Trump, de son côté, a récemment déclaré que Nippon Steel pourrait plutôt “investir” dans U.S. Steel.En Europe, où il reste une cinquantaine de hauts-fourneaux selon Marcel Genet, l’allemand ThyssenKrupp a annoncé des milliers de suppressions d’emplois. La plupart des hauts-fourneaux fonctionnent d’ailleurs à moins de 70% de leur capacité et ont annoncé la suspension de leurs projets d’investissement massif dans la décarbonation.

Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump, qui surenchérit

L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés à minuit par Donald Trump, ce qui a poussé le président américain à promettre de nouvelles mesures de rétorsion.La Commission européenne a fait savoir qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.L’UE “regrette profondément” les mesures décidées par le président Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était “forte mais proportionnée”.Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était “déconnectée de la réalité”.Donald Trump a ensuite promis de “répliquer”, accusant de nouveau l’Union européenne d’avoir été créée pour “profiter des Etats-Unis”. “Nous allons gagner cette bataille financière” contre l’UE, qui cherche selon lui à “s’en prendre aux entreprises américaines.”Les Etats-Unis “ne se laisseront plus maltraiter” par leurs partenaires commerciaux, a repris le président américain, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques” dans certains cas.Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.- “Protéger ses intérêts” -La Chine a de son côté affirmé être prête à prendre “toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes”, même si le marché américain n’est pas essentiel à ses exportations d’acier et aluminium.Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, a dénoncé de nouvelles taxes jugées “injustifiées et déraisonnables” par son ministre des Finances, Dominic LeBlanc.Il a ainsi annoncé que 25% de droits de douane seraient imposés sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.Le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, s’est cependant dit “prêt à (s)’asseoir avec le président Trump” pour discuter d’une “approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce”.Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent “sans exception et sans exemption”, avait-il assuré lors de leur annonce, début février.Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.- Outil protéiforme pour Trump -Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.Les Etats-Unis importent environ la moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l’automobile ou l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les boites de conserve.Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l’implantation d’entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (Aceum) – soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus, poussant Pékin à annoncer des représailles, en particulier sur des produits agricoles provenant d’Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.D’autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d’imposer des droits de douane aux importations européennes.

Ketchup, motos, bateaux: comment l’UE taxe-t-elle aujourd’hui les produits américains?

Voici un état des lieux des droits de douane frappant aujourd’hui les produits américains importés dans l’Union européenne, avant la réplique promise par la Commission européenne à la hausse des droits de douane par Washington sur acier et aluminium. En 2023, 31% des exportations américaines vers l’UE, en valeur, étaient soumises à des droits de douane, selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le reste n’est pas taxé en vertu d’accords.Si le taux tarifaire moyen est d’environ 1% de part et d’autre, selon la Commission européenne, il n’y a pas de symétrie systématique entre les régimes douaniers. En conséquence, certains droits de douane de l’UE sont plus élevés que ceux des États-Unis sur les mêmes produits, et d’autres plus bas.- 10 milliards d’euros de droits de douane en jeu -Premier client et deuxième fournisseur en biens de l’UE, les Etats-Unis sont un partenaire économique majeur des Vingt-sept.En 2024, le bloc a exporté 531,6 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis et en a importé 333,4 milliards d’euros. L’UE a perçu environ 3 milliards d’euros de droits de douanes sur les produits américains importés dans le bloc en 2023, selon la Commission, affirmant également que, en sens inverse, les États-Unis en avaient perçu 7 milliards d’euros la même année.- La majorité à 0% -En 2023, presque 70% des importations américaines entraient dans l’UE “duty free”, selon l’outil “Tariff analysis online” de l’OMC.Etaient ainsi exemptés de frais douaniers la quasi totalité des hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel liquéfié, charbon…) et l’intégralité des produits pharmaceutiques. Ces secteurs pèsent lourd dans la balance commerciale de l’UE vis-à-vis des Etats-Unis, occupant les deux premiers postes de dépenses. Le bourbon, cité comme pouvant être visés par les droits de douane “forts mais proportionnés” promis par la Commission à partir du 1er avril, n’est aujourd’hui pas taxé non plus à l’entrée dans l’UE, son plus gros marché à l’export. – Ketchup, miel, caviar -Seulement 1% des exportations américaines vers l’UE étaient soumises en 2023 à des droits de douanes supérieurs à 10%.Derrière les produits à base de tabac, biens les plus taxés toutes catégories confondues, on retrouve plusieurs denrées alimentaires: le ketchup, soumis à un droit de 10,2%, le miel naturel (17,3%), les cornichons (17,6%) ou le caviar (20%).Avec 32% de droits de douane, certains moûts de raisin pouvant être utilisés pour produire des vins sans alcool sont le produit alimentaire américain le plus taxé.- Harley, tracteurs, bateaux -Cibles, sous le premier mandat de Donald Trump, de lourdes taxes additionnelles, ensuite levées, les motos du célèbre constructeur Harley-Davidson exportées vers l’UE étaient soumises en 2023 à 6% de droits de douane, selon la base de l’OMC.Les voitures américaines se voient elles imposer 10% de droits de douane. C’est 15 points de pourcentage de moins que les taxes pratiquées de l’autre côté de l’Atlantique par les douanes américaines sur les véhicules utilitaires et les pick-ups européens, des segments stratégiques pour les constructeurs américains et très protégés.D’autres moyens de transport comme les tracteurs (16%), les vélos à roulement à billes (14%) ou encore les caravanes motorisées (10%) sont également taxés à un niveau relativement important.Les bateaux, dans le viseur de la riposte douanière de Bruxelles, étaient soumis en 2023 à des taxes inférieures à 5%.

Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump

L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium voulus par Donald Trump et qui sont devenus effectifs à minuit.Pour Ottawa, il s’agit de répondre à ces nouvelles taxes jugées “injustifiées et déraisonnables”, selon le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, qui a annoncé 25% de droits de douane sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.Le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, s’est cependant dit “prêt à (s)’asseoir avec le président Trump” pour discuter d’une “approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce”.Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, a rejoint Bruxelles et Pékin, qui avaient un peu plus tôt annoncé des représailles. La Chine a assuré être prête à prendre “toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes”, même si le marché américain n’est pas essentiel à ses exportations d’acier et aluminium.La Commission européenne a de son côté annoncé qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.L’UE “regrette profondément” les mesures décidées par le président Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était “forte mais proportionnée”. Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a ensuite dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était “déconnectée de la réalité”.Il a accusé l’UE d’avoir “rejeté les tentatives des précédents gouvernements américains pour lutter efficacement ensemble contre la surproduction mondiale d’acier et d’aluminium”, insistant sur le fait que “les actions punitives de l’UE ne prennent pas en compte les impératifs de sécurité nationale des Etats-Unis, et de fait la sécurité internationale”.Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent “sans exception et sans exemption”, avait-il assuré lors de leur annonce, début février.- Outil protéiforme pour Trump -Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.Les Etats-Unis importent environ la moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l’automobile ou l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les conserves.Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l’implantation d’entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (Aceum) – soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus poussant Pékin à annoncer des représailles, en particulier sur des produits agricoles provenant d’Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.D’autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d’imposer des droits de douane aux importations européennes.

Les députés divisés examinent une résolution sur l’Ukraine appelant à saisir les avoirs russes

Les députés ont commencé à examiner mercredi après-midi à l’Assemblée une proposition de résolution sur le renforcement du soutien à l’Ukraine, qui contient notamment un appel à la saisie des avoirs russes gelés, à laquelle s’oppose le gouvernement.L’examen de ce texte, qui sera suivi d’un vote, intervient en plein tumulte géopolitique, marqué par l’accélération des négociations de paix, avec l’accord de l’Ukraine à une proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie.Après un premier débat sans vote sur la question ukrainienne dans l’hémicycle la semaine dernière, c’est l’occasion pour les députés de chercher à peser.”Nous partageons pleinement l’objectif principal” du texte “qui est d’affirmer plus que jamais notre entier soutien à l’Ukraine face à la guerre d’agression qu’elle subit”, a déclaré en ouverture des discussions Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement, sans évoquer la question de la confiscation des avoirs.La proposition de résolution appelle l’Union européenne (UE), l’Otan et “les autres pays alliés” à “poursuivre et à accroître leur soutien politique, économique et militaire à l’Ukraine” face à “l’agression russe”.Elle contient aussi plusieurs points qui ne manqueront pas de faire débat, dont la question du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, de la présence sur le sol ukrainien de soldats français en cas d’accord de paix, ou encore celle de l’importation de gaz russe par les pays de l’UE, à laquelle la résolution appelle à “mettre fin”.Mais le sujet des avoirs russes s’est particulièrement imposé, alors que les appels se multiplient en Europe en faveur d’une saisie.En l’état actuel, le texte “invite” l’Union européenne à “utiliser dès à présent les actifs russes gelés et immobilisés, (…) pour soutenir la résistance ukrainienne et la reconstruction de l’Ukraine”.Un amendement co-signé par trois députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR), incluant son président Gabriel Attal, propose d’aller plus loin en utilisant ces avoirs pour “renforcer les capacités de défense de l’Europe”.- “Pour l’instant c’est non” -Des positions contraires à celle du gouvernement, officiellement opposé à une saisie des avoirs eux-mêmes (autour de 235 milliards d’euros), en dehors des intérêts qu’ils génèrent et qui servent déjà à aider Kiev. Une telle confiscation pourrait menacer la stabilité financière de l’Europe, a prévenu mardi le ministre des Finances, Eric Lombard. “Pour l’instant, c’est non. Mais le président de la République et le Premier ministre ont demandé à Éric Lombard d’étudier plus en profondeur les conséquences d’une telle décision”, a résumé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur Sud Radio.En début d’après-midi près de l’Assemblée, quelques dizaines de personnes réunies à l’initiative d’associations de soutien à l’Ukraine, favorables à la résolution, brandissaient des pancartes: “aucun accord de paix sans le retour des enfants déportés”, “avoirs russes, l’agresseur doit payer”.Plusieurs parlementaires se sont joints au rassemblement, notamment la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, venue souligner le “rôle éminent” que doit jouer la chambre basse en “matière de diplomatie parlementaire”.Laurent Mazaury, député du groupe indépendant Liot et rapporteur de la résolution qui sera mise aux voix, a souligné que, sur la question des avoirs, “le droit coutumier permet (de les) utiliser sous la réserve que ce soit fait au niveau européen d’une part, et d’autre part que ces avoirs financent directement soit l’effort de résistance de l’Ukraine, soit l’effort de reconstruction de l’Ukraine”.L’hémicycle est toutefois largement divisé sur cette question de la saisie des avoirs.Soutenue par les socialistes, les écologistes et Horizons, elle n’est en revanche pas une bonne option pour La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN). Ce dernier a déposé un amendement visant à limiter l’utilisation de l’argent à celle des intérêts.Marine Le Pen a de toute façon affirmé qu’elle ne voterait pas en faveur de la proposition de résolution en raison d’un alinéa invitant l’UE à “faciliter le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union”.La présidente du groupe RN a de nouveau relativisé mardi la menace russe et accusé Emmanuel Macron de jouer “avec les peurs”.LFI n’a pas communiqué sa position de vote mais a déposé un amendement visant à supprimer cet alinéa sur l’adhésion à l’UE, et un autre réécrivant quasiment entièrement la résolution.

Le fabricant suédois de batteries Northvolt en faillite, 5.000 emplois affectés

Le fabricant de batteries électriques Northvolt, incapable de réunir les financements nécessaires à sa survie, s’est déclaré mercredi en faillite en Suède, un échec pour l’industrie européenne des batteries très dépendante de l’Asie.Northvolt, qui s’était placé en novembre sous la protection de la loi américaine sur les faillites pour tenter de trouver de nouveaux investisseurs, a donc échoué dans son opération survie. Le groupe suédois employait encore quelque 5.000 salariés.”Tout au long de ces quatre derniers mois, depuis que nous sommes entrés dans la procédure de restructuration sous le chapitre 11 (aux Etats-Unis), nous avons mené des efforts considérables pour restructurer financièrement l’entreprise, notamment en sollicitant un large éventail d’investisseurs potentiels, dans l’objectif de garantir un avenir stable à l’entreprise”, a déclaré lors d’un point presse Tom Johnstone, le président par intérim du conseil d’administration de Northvolt.La faillite de l’entreprise est l’une des plus grosses de l’histoire contemporaine de la Suède. “Cette décision représente la seule issue réaliste”, a-t-il ajouté, disant avoir “le coeur lourd”. “Nous sommes désolés” que ce soit la fin, a-t-il encore dit à l’adresse des employés.  Un administrateur judiciaire va désormais superviser le processus, en particulier la vente de ses actifs et le règlement des obligations en cours. Interrogé par la radio publique SR, Mikael Kubu a dit espérer pouvoir “maintenir la production” le temps de trouver un repreneur. En janvier, les actionnaires avaient donné leur feu vert à la poursuite de l’activité et à la recherche de nouveaux actionnaires. Les deux principaux actionnaires sont le constructeur automobile allemand Volkswagen, lui-même en difficulté financière, et la banque d’affaires américaine Goldman Sachs.”Comme de nombreuses entreprises du secteur des batteries, Northvolt a été confronté ces derniers mois à une série de défis cumulés qui ont affaibli sa situation financière, notamment la hausse des coûts du capital, l’instabilité géopolitique, des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et les évolutions de la demande du marché”, a expliqué la société. Le groupe avait entamé une sévère restructuration en septembre, supprimant un quart de ses effectifs et concentrant ses efforts sur son principal site de production dans le nord de la Suède, à SkellefteÃ¥.Il avait gelé ses projets d’implantation d’usines géantes de production au Canada, en Allemagne mais également son projet à Göteborg (sud-ouest de la Suède) en partenariat avec Volvo.Mais en novembre, au moment de se placer sous le chapitre 11, il ployait encore sous une dette de 5,84 milliards de dollars pour seulement 30 millions de dollars de liquidités disponibles.- “Marathon” -L’Etat suédois avait prévenu qu’il ne viendrait pas au secours du groupe. Mercredi, le Premier ministre Ulf Kristersson a assuré que “l’État jouera son rôle, de la meilleure manière possible”.Tout au long de la procédure, l’entreprise a suscité un intérêt significatif de la part de partenaires potentiels et d’investisseurs, insiste Northvolt. “Au cours de l’année écoulée, nous avons travaillé très dur (…). Nous avons été proches de solutions à plusieurs reprises, mais malheureusement, nous n’avons pas réussi à aller jusqu’au bout”, a expliqué le directeur général Peter Carlsson devant les journalistes, admettant que des “larmes ont été versées” face à la prise d’une telle décision.Fondé en 2016, Northvolt était considéré comme l’un des grands espoirs européens en matière de batteries au moment où l’Europe cherche à rattraper son retard face aux géants asiatiques, chinois (CATL, BYD) et coréens (LG) en particulier.”Il reste essentiel que l’Europe dispose d’une industrie des batteries, mais la construction d’une telle industrie est un marathon. Elle nécessite de la patience et un engagement à long terme de la part de toutes les parties prenantes”, a souligné dans la matinée Tom Johnstone. Le groupe indique qu’il était récemment parvenu à fournir son premier million de cellules de batteries à un client européen, non précisé.Cette faillite pourrait avoir un lourd impact social dans le nord de la Suède, où Northvolt avait concentré son activité.”L’annonce d’aujourd’hui est très triste, et nous savons qu’elle aura un impact négatif sur notre municipalité à court terme”, a réagi Kristina Sundin Jonsson, directrice municipale, dans un communiqué.L’Europe ne représente que 3% de la production mondiale de cellules de batterie, et visait 25% du marché d’ici la fin de la décennie. L’exemple de Northvolt illustre les défis de concurrencer les producteurs asiatiques, les plus petits fabricants peinant à augmenter leur production et à atteindre des rendements suffisants, avait relevé l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport le 5 mars.

Mélenchon chez Vencorex dénonce le “baratin sur la souveraineté”

Le leader du parti de gauche radicale La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé mercredi les “contradictions” et “le mépris pour les gens” du gouvernement ainsi que son “baratin sur la souveraineté”, lors d’une visite à l’usine chimique Vencorex, menacée depuis des mois de liquidation.M. Mélenchon a été longuement reçu par des syndicalistes et des représentants du personnel sur le site de la plate-forme du Pont-de-Claix, au sud de Grenoble, principal site de production de ce groupe. Celui-ci est actuellement en redressement judiciaire avec une seule offre de rachat partielle de son activité par le groupe chinois Wanhua, et qui pourrait avoir d’importants effets dominos sur la chimie régionale en cas de fermeture. “On estime à 5.000 emplois qui pourraient être impactés si Vencorex arrêtait purement et simplement” de produire, lui a expliqué Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex et représentante des salariés dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire.Les salariés et les élus locaux sont mobilisés depuis des mois pour réclamer une nationalisation temporaire de Vencorex, mais cette option a été écartée le mois dernier par le Premier ministre François Bayrou, qui a estimé “que l’activité de Vencorex n’est pas viable selon tous les scénarios étudiés”.La CGT a depuis mis sur la table une nouvelle proposition avec la création d’une “société coopérative d’intérêt collectif”, a rappelé Mme Dejoux. Ce projet, qui “n’est pas finalisé”, a reçu à ce jour le soutien de trois collectivités locales et espère celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a-t-elle indiqué. “Il n’y a que l’Etat que ça n’intéresse pas ?”, s’est indigné M. Mélenchon.”Je pense que le ministre de l’Industrie (Marc Ferracci) ne sait rien du tout de ce qui se passe ici et n’y comprend rien”, notamment faute d’être venu sur place, a-t-il critiqué. “Assez de baratin sur la souveraineté, la réindustrialisation, etc., quand dans le même temps on laisse s’écrouler des pans entiers de la production, et surtout des endroits comme celui-ci”, qui fabrique des composants nécessaires au carburant de la fusée Ariane, a déploré le leader insoumis.”Nous voulons comprendre pourquoi tous ces gens-là ne font rien et nous leur rappelons que dans le temps long, de toutes façons, ils auront des comptes à rendre, et pas qu’électoraux”, a-t-il grondé.