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Argentine: feu vert du Parlement pour un accord avec le FMI, la rue mobilisée

Le Parlement argentin a voté mercredi le feu vert au gouvernement de l’ultralibéral Javier Milei pour finaliser avec le Fonds monétaire international (FMI) un nouveau prêt crucial pour éviter la banqueroute du pays, avec en arrière-plan une manifestation contre l’austérité ayant rassemblé des milliers de personnes.La Chambre des députés a approuvé par une majorité relativement confortable (129 pour, 108 contre) le décret autorisant le gouvernement à finaliser un prêt sur 10 ans, au montant encore inconnu. Il devrait apporter un ballon d’oxygène pour l’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, toujours en train de rembourser une dette de 44 milliards de dollars au Fonds, legs d’un prêt de 2018.Au moment où les députés votaient le “décret FMI”, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l’extérieur du Parlement, en soutien aux retraités au pouvoir d’achat rogné depuis des années – d’abord par l’inflation, et depuis un an par l’austérité budgétaire.La manifestation a été beaucoup plus suivie, mais aussi moins violente que le mercredi précédent.La semaine passée, des heurts, les plus violents en 15 mois de présidence Milei, avaient fait 45 blessés – 20 policiers et 25 civils – et donné lieu à plus de 120 interpellations.Ce mercredi, de nombreuses pancartes réclamaient justice pour un photographe blessé à la tête lors de la marche précédente et la démission de la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, qui a refusé d’ouvrir une enquête.-“Ils nous ont tout pris”-A la tombée de la nuit, quelques incidents ont été signalés. Une poignée de manifestants a frappé des barrières et jeté des pierres sur la police devant le Parlement argentin. Deux policiers ont été évacués en ambulance, l’un touché par un feu d’artifice et l’autre pris d’un malaise.Un spectaculaire dispositif de sécurité avait été mis en place dès le matin, avec plus de 2.000 membres des forces de l’ordre déployées, plusieurs axes menant au Parlement coupés à la circulation et des contrôles à l’entrée à la capitale.Plusieurs syndicats, organisations sociales, mouvements de gauche radicale avec pignon sur rue étaient en première ligne. Mais les supporters de football, mobilisés il y a sept jours, étaient cette fois peu visibles.Les retraités, eux, étaient bien là. “Je suis venu parce qu’ils réduisent nos pensions, c’est pas possible: ils nous ont pris les (aides aux) médicaments, ils nous ont tout pris !”, s’est indigné auprès de l’AFP Guillermo Benitez, peintre retraité de 75 ans. Mais “je viens pacifiquement, je ne viens pas pour insulter la police ou quoi que ce soit”.FMI et Argentine ont ouvert en novembre des discussions en vue d’un nouveau programme d’aide, le précédent conclu en mars 2022 par le gouvernement d’alors (centre-gauche) d’Alberto Fernandez s’achevant fin 2024.Ce programme, dit de “facilités élargies de paiement”, comme celui à venir, vise à refinancer la dette de l’Argentine, pour l’aider à rembourser un prêt record octroyé en 2018 par le FMI au gouvernement (libéral) de Mauricio Macri (2015-2019).Le gouvernement a évoqué l’objectif d’un accord finalisé d’ici un mois et demi.- Prêt pour “exterminer” l’inflation ? -L’étape du Parlement était cruciale pour l’exécutif, puisqu’il a techniquement besoin de son feu vert pour engager le pays dans un nouvel endettement, mais délicate, étant donné que le petit parti libertarien de Javier Milei y est très minoritaire, et contraint à des alliances de circonstances.Un nouvel accord avec le FMI, avec injection d’argent frais, est considéré comme vital par le gouvernement pour reconstituer les réserves de change, pour la stabilité monétaire, et pour “exterminer l’inflation”, selon les mots de Milei.”Chaque fois qu’il y a un accord (de prêt) avec le FMI, pour nous ça empire”, redoute pourtant Rodolfo Celayeta, manifestant de 73 ans.En 15 mois de présidence, l’économiste “anarcho-capitaliste”, comme Javier Milei se décrit, a rééquilibré les comptes publics au prix d’une drastique politique d’austérité budgétaire, et d’un fort coût social.Mais il a réussi à ramener l’inflation galopante des dernières années, de 211% à la fin 2023 sur un an à 66% actuellement.Le président a salué le vote des députés, qui envoie “un message à nos créanciers (…): la lutte contre l’inflation est politique d’Etat dans notre pays”.

La Fed s’abstient de bouger ses taux face à l’incertitude “inhabituellement élevée” aux Etats-Unis

La banque centrale américaine (Fed), qui a sans surprise laissé ses taux inchangés mercredi, a évoqué une incertitude “inhabituellement élevée” dans la première économie mondiale, deux mois après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.Les marchés s’attendaient à un maintien des taux de la Fed à leur niveau actuel (dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre), le temps que le brouillard se dissipe sur les effets des politiques du nouvel exécutif américain.Les principales nouvelles sont donc ailleurs, notamment dans les mots employés par le président de l’institution en conférence de presse, à l’issue de deux jours de réunion de politique monétaire.”L’incertitude (est) inhabituellement élevée” aux Etats-Unis, a déclaré Jerome Powell. Le président de la Fed a aussi estimé que les nouveaux droits de douane, sur une partie des produits entrant aux Etats-Unis, avaient commencé à tirer les prix vers le haut, ajoutant que cela “pourrait retarder” les progrès sur l’inflation.- “Politiques chaotiques” -Les responsables de la Fed ont par ailleurs livré leurs prévisions pour l’économie des Etats-Unis, les premières depuis décembre et l’investiture de Donald Trump en janvier.Elles montrent que leur confiance dans l’avenir a reculé. Ils anticipent une croissance du produit intérieur brut (PIB) bien moins soutenue, à +1,7% à la fin de l’année (contre 2,1% prévu auparavant).Ils prévoient aussi une accélération de l’inflation à 2,7% (contre 2,5% en décembre).Ils ont aussi légèrement relevé le taux de chômage attendu, à 4,4% (contre 4,3% précédemment).Les investisseurs n’ont pas été effarouchés par cette dégradation des prévisions: les marchés américains ont clôturé dans le vert. Ils ont vraisemblablement été rassurés de ne pas être confrontés à une décision inattendue et par le maintien de l’estimation du nombre de baisses de taux qui devraient intervenir dans l’année (pour un demi-point de pourcentage au total).”La Fed avait clairement indiqué qu’elle préférait attendre avant d’agir”, a réagi l’économiste Matt Colyar, de Moody’s Analytics, auprès de l’AFP.”L’environnement économique au sens large a changé, principalement du fait des politiques chaotiques décidées à Washington”, a-t-il ajouté.- “Effet transitoire” -Depuis la précédente réunion de la Fed fin janvier, qui s’était aussi traduite par un statu quo sur les taux, les entreprises ont subi de nouvelles taxes sur les importations.Les consommateurs ont commencé à surveiller leur porte-monnaie, et les investisseurs à sérieusement douter que le pays puisse sortir sans dommages de l’essoreuse enclenchée par le président Trump.Outre son escalade, ponctuée de revirements, sur les droits de douane, le chef de l’État investi le 20 janvier a lancé le milliardaire Elon Musk à l’assaut de l’État fédéral pour tailler dans les dépenses et faire fondre le nombre de fonctionnaires.Pour le conseiller économique de la Maison Blanche Kevin Hassett, “le président Powell a clairement indiqué que s’il y avait un effet tarifaire, il serait transitoire”.”Le 2 avril, vous saurez clairement ce qui sera soumis à des droits de douane et ce qui ne le sera pas”, a-t-il ajouté, en référence à la date à laquelle M. Trump a fait part de son intention d’imposer des taxes de rétorsion aux partenaires commerciaux des États-Unis.Jusque-là, face à une économie florissante et un taux de chômage faible, la Fed s’était surtout focalisée sur la lutte contre l’inflation, encore au-dessus de sa cible de 2% (à +2,5% sur un an en janvier, par rapport au pic de 7,2% en juin 2022, selon l’indice PCE privilégié par la banque centrale).Les spécialistes anticipent désormais un regain d’inflation — ce qui implique en principe que la Fed relève ses taux directeurs pour la freiner —, en même temps qu’un refroidissement de l’économie — ce qui plaide pour un abaissement de taux afin de relancer la machine.Jerome Powell a observé mercredi que la probabilité d’une récession aux Etats-Unis avait augmenté aux yeux des analystes, sans qu’elle soit “élevée”. Il a aussi rappelé que la Fed ne faisait pas “ce type de prévision”.”Les membres du FOMC (comité de politique monétaire de la Fed) sont des gens comme les autres”, ironisent dans une note les analystes de High Frequency Economics, “ils ne savent pas plus que nous quelles seront les prochaines initiatives du gouvernement Trump”.

Wall Street termine en hausse après une réunion de la Fed sans surprise

La Bourse de New York a clôturé en hausse mercredi, portée par l’absence de surprise quant aux taux de la banque centrale américaine (Fed) et rassurée par les commentaires du président de l’institution monétaire.Le Dow Jones a gagné 0,92%, l’indice Nasdaq a avancé de 1,41% et l’indice élargi S&P 500 a pris 1,08%.La Réserve fédérale (Fed) a sans surprise laissé ses taux inchangés mercredi, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%. Les marchés s’attendaient massivement à ce maintien, le temps que le brouillard se dissipe sur les effets des politiques du nouvel exécutif américain.Déjà dans le vert depuis l’ouverture, la Bourse de New York “a apprécié le ton du président de la Fed, Jerome Powell, lors de la conférence de presse”, a estimé auprès de l’AFP Patrick O’Hare, analyste de Briefing.com.M. Powell “s’est efforcé d’insister sur le fait que les données officielles sont toujours bonnes, contrairement aux sondages qui brossent un tableau plus négatif de l’état d’esprit des consommateurs et des entreprises”, a relevé M. O’Hare.Selon l’analyste, les indices boursiers ont aussi été tirés par la franche détente des rendements des emprunts d’Etat américains, celui à 10 ans s’établissant à 4,24% vers 20H40 GMT contre 4,28% à la clôture la veille.Le marché obligataire a réagi à l’annonce d’une baisse, dès avril, du rythme de réduction du bilan de la Fed, qui est composé à plus de deux tiers de bons du Trésor américain.Pour M. O’Hare, si Wall Street a terminé dans le vert mercredi, les investisseurs auraient pu aussi bien voir “le côté baissier” des déclarations de la Fed et de son dirigeant.M. Powell a ainsi soutenu que “l’incertitude (était) inhabituellement élevée” aux Etats-Unis.Le président de la Réserve fédérale a aussi estimé que les droits de douane imposés aux produits entrant aux Etats-Unis avaient commencé à tirer les prix vers le haut, ajoutant que cela “pourrait retarder” les progrès sur l’inflation.Les responsables de la Fed ont aussi livré leurs nouvelles prévisions pour l’économie des Etats-Unis, les premières depuis décembre et l’investiture de Donald Trump en janvier.Elles montrent que leur confiance dans l’avenir a reculé. Ils anticipent une croissance du produit intérieur brut (PIB) bien moins soutenue, à +1,7% à la fin de l’année (contre 2,1% prévu auparavant), et une accélération de l’inflation à 2,7% (contre 2,5% en décembre). Seul invariant dans leurs prévisions: les responsables s’attendent toujours globalement à ce que l’institution monétaire décide deux baisses de taux (d’un quart de point chacune) cette année.”Ce que tout le monde attendra demain, c’est de savoir s’il y aura un suivi” de la dynamique haussière de Wall Street, a jugé M. O’Hare. “Nous n’en sommes pas à un point où il y a beaucoup de confiance” dans le niveau actuel des prix, a-t-il poursuivi.Au tableau des valeurs, le laboratoire Gilead, qui commercialise notamment des traitements contre le VIH, a reculé (-2,47%) après des informations de presse rapportant que le ministère de la Santé américaine pourrait réduire ses subventions liées à la lutte contre le VIH.Le constructeur aéronautique Boeing a bondi (+6,84%) après les commentaires de son directeur financier. Brian West a assuré que l’entreprise était peu exposée à l’instauration de tarifs douaniers par le président Trump, précisant que ses approvisionnements provenaient majoritairement des Etats-Unis.Le pionnier des véhicules électriques Tesla a été recherché (+4,68%), après que l’agence Bloomberg a annoncé une première étape dans le développement de ses robotaxis en Californie où l’entreprise a reçu une première autorisation pour transporter des passagers.Le groupe agroalimentaire General Mills (-2,05%), propriétaire notamment des céréales Cheerios, a pâti de perspectives moins bonnes qu’attendu pour l’exercice en cours et de ventes inférieures aux prévisions au troisième trimestre de son exercice décalé.L’opérateur Venture Global a été recherché (+2,85%) après que l’administration Trump a donné son feu vert à un projet d’exportation de gaz naturel à partir d’un futur terminal en Louisiane.

Retraites: la CGT claque à son tour la porte d’un “conclave” en sursis

Après Force ouvrière et l’U2P, c’est au tour de la CGT de claquer la porte: Sophie Binet a annoncé mercredi soir le départ de son organisation des concertations sur les retraites lancées par le Premier ministre en janvier, après le refus répété de celui-ci de revenir aux 62 ans.”Le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave. Et c’est très grave parce que le Premier ministre s’était engagé à ce que ces discussions soient +sans totem, ni tabou+”, a justifié la patronne de la CGT, après le vote de ses instances.Par conséquent, “la CGT a décidé ce soir de quitter ces concertations et d’appeler les salariés à se mobiliser” en rejoignant notamment les cortèges de retraités prévus jeudi. Après avoir suscité beaucoup d’espoir auprès des syndicats, en leur donnant l’occasion, pour la première fois en plus de deux ans, de renégocier la décriée réforme des retraites qui a porté l’âge de départ de 62 à 64 ans en 2023, François Bayrou a déçu l’opposition de gauche comme les syndicats.Ses déclarations dimanche fermant la porte au retour des 62 ans, réitérées mardi et mercredi devant le Parlement ont fini de provoquer l’ire des centrales syndicales qui lui opposent une fin de non recevoir.Devant le Sénat, François Bayrou a assuré ne s’être “jamais (…) immiscé” dans le débat des partenaires sociaux. “J’ai simplement rappelé qu’il fallait se fixer comme objectif le retour à l’équilibre (du système de retraites) en 2030” et jugé “qu’à mes yeux, on ne pouvait pas revenir à 62, supprimer la réforme des retraites et retrouver l’équilibre financier”, a-t-il plaidé.- L’âge, “le coeur du réacteur” -Le Premier ministre a “rompu le contrat”, “changé les règles du jeu” et “ne voit pas où est le problème”, a dénoncé mardi matin Marylise Léon, N°1 de la CFDT, sur BFMTV/RMC.”Nous, on veut discuter de l’âge, l’âge de départ. C’est le cÅ“ur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, a-t-elle encore rappelé.Dans ces conditions, la leader a prévenu qu’elle “s’affranchit” désormais “de la lettre de cadrage” du gouvernement et entend négocier “avec ceux qui ont envie vraiment de travailler” pour ouvrir “un autre” conclave.Mais celui-ci a du plomb dans l’aile : Force ouvrière avait claqué la porte dès la première séance le 27 février, jugeant que la concertation tournait à la “mascarade” après l’exigence de François Bayrou de rétablir l’équilibre financier du système de retraites en 2030, demandant de trouver 6,6 milliards d’économies supplémentaires par rapport à ce qui avait été demandé aux partenaires sociaux en janvier.- “Usure” et “pénibilité” jeudi -Jeudi, seules trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et deux organisations patronales (Medef et CPME) se retrouveront ainsi à la table des discussions à partir de 14H00 pour parler d'”usure professionnelle et pénibilité”.Mais “avec les (derniers) rebondissements, j’ai bien peur qu’il y ait du changement”, a déclaré à l’AFP Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC.Sur des positions diamétralement opposées à celles des syndicats, la plus petite des trois organisations patronales, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi quitté les négociations mardi.Cette organisation estime que l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans”, sauf pour les métiers difficiles.Le Medef, première organisation patronale, a dit mercredi par la voix de son président Patrick Martin vouloir “laisser sa chance” à la discussion estimant toutefois que “tous les partenaires sociaux, les politiques a fortiori, doivent prendre en compte cette situation des finances publiques qui devient critique”.Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 50% des personnes sondées souhaitent que, dans les prochaines semaines, une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites. Et ils sont : 56% des Français à souhaiter revenir à 62 ans -contre 62% en janvier-.

Le gouvernement s’attaque aux faux diagnostics de performance énergétique

Dix mesures pour “crédibiliser” le diagnostic de performance énergétique (DPE) pour les logements, obligatoire en cas de vente ou de location mais au coeur de fraudes, ont été présentées mercredi par la ministre Valérie Létard.Promettant une “tolérance zéro” envers la “poignée de diagnostiqueurs (…) qui réalisent des DPE frauduleux, des DPE de complaisance”, elle a souligné combien cet outil était “essentiel pour définir le niveau de qualité d’un bien au regard de sa consommation énergétique, des factures qu’il va générer en terme de chauffage (…) et de l’impact qu’il a sur le climat”.Il doit être “irréprochable”, a-t-elle déclaré sur TF1.La ministre du Logement a ensuite présenté son “plan d’action” à des fédérations de diagnostiqueurs, des instituts de formation, des organismes de certifications et des parlementaires lors d’une réunion au ministère. Le DPE donne une note de A (la meilleure) à G (la plus médiocre) en fonction de nombreux paramètres, comme l’isolation des murs et du toit, le système de chauffage. Cette note, obligatoire pour toute transaction et bail de location, est de plus en plus déterminante pour fixer la valeur d’un bien immobilier à vendre. Elle est prise en compte dans l’octroi d’aides à la rénovation énergétique et si elle est trop basse, et empêche la location du logement.Chaque année, 4 millions de DPE sont réalisés, parmi lesquels le conseil d’analyse économique a identifié 1,7% de diagnostics frauduleux, soit 70.000, selon la ministre. “C’est 70.000 de trop, on doit tendre vers zéro”, a-t-elle affirmé lors de la réunion. “Plus on a d’informations, plus le DPE sera précis”, mais cette recherche d’informations nécessite du temps, a assuré Jean-Louis Kersac’h, dirigeant d’une société de diagnostic, lors d’un déplacement de la ministre qui assistait à la réalisation d’un DPE d’un appartement. Or il a souvent eu vent de diagnostiqueurs à qui il est demandé de “faire quatre diagnostics par jour, avec une prime pour le 5e”. D’où la volonté de Valérie Létard d’utiliser l’intelligence artificielle et la base de données de DPE de l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour “mieux repérer et mieux contrôler” les comportements suspects de diagnostiqueurs, comme 10 audits réalisés en une journée aux quatre coins de la France. – “Gros billet” -Elle souhaite aussi géolocaliser les diagnostiqueurs, leur assigner un QR code, ainsi qu’aux DPE établis, afin de vérifier leurs fiabilité. Les contrôles vont être multipliés par quatre pour inspecter chacun des 10.000 diagnostiqueurs chaque année, et les sanctions seront plus sévères: jusqu’à deux ans d’interdiction d’exercer en cas de fraude, contre 6 mois actuellement. Pour limiter les pressions subies, le DPE ne sera plus délivré immédiatement à l’issue de la visite, mais plus tard et dématérialisé. Ces pressions sont légion, selon Jean-Louis Kersac’h : “mail dans lequel le client dit s’attendre à une note C”, “menace de ne pas nous payer”, “proposition d’un gros billet”. “Tous les jours, des clients nous disent +votre DPE n’est pas bon+”, rapporte-t-il.Alban Chanemougame, diagnostiqueur indépendant, confirme : “J’ai déjà perdu un client qui a préféré prendre un diagnostiqueur moins cher mais qui travaille en dix minutes et donc moins fiable”.”Des agences immobilières m’ont déjà demandé d’ajuster des diagnostics, comme le nombre de mètres carrés, ça ne touche pas que les DPE”, explique-t-il à l’AFP.Valérie Létard veut aussi se pencher sur la création d’un éventuel ordre des diagnostiqueurs, d’une formation post-bac et mieux contrôler les organismes de certification et de formation des diagnostiqueurs.Des annonces accueillies favorablement par Yannick Ainouche, co-président de l’Alliance du diagnostic immobilier. Elles correspondent à des propositions qu’il porte depuis deux ans.Il souhaite aller plus loin dans la sanction avec la création d’un “organe disciplinaire” et dans la formation avec “une filière BTS de bac+2”. L’interdiction de location depuis le 1er janvier des logements les plus énergivores, classés G, est critiquée par de nombreux élus de droite, qui affirment qu’elle aggrave la crise actuelle du logement.

Chercheurs américains : CentraleSupélec et l’université PSL se mobilisent

L’école d’ingénieurs CentraleSupélec et l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL) vont lancer des programmes pour accueillir des chercheurs basés aux Etats-Unis et financer des travaux qui ne pourraient plus y être menés en raison de la politique de l’administration Trump, ont-ils annoncé mercredi.”A l’heure où les principes d’objectivité et de liberté de la recherche scientifique semblent parfois remis en cause, CentraleSupélec a décidé de s’associer à l’initiative +Safe Place for Science+ lancée par Aix-Marseille Université”, a déclaré dans un communiqué Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec.Il invite les chercheurs travaillant actuellement aux Etats-Unis sur des sujets en lien avec les “domaines stratégiques” de l’école et souhaitant venir en France à postuler à son programme d’accueil. Issu du rapprochement de Centrale et de Supélec, l’établissement fait référence en sciences de l’ingénieur et des systèmes.Doté d’un “fonds d’amorçage de trois millions d’euros de la Fondation CentraleSupélec”, le programme “vise à offrir un environnement dans lequel les scientifiques de haut niveau pourront mener leurs recherches en toute liberté et sécurité”, indique le communiqué. “Il financera entre autres des +tenure tracks+ (contrats de travail à durée déterminée, NDLR) au niveau professeur ou assistant professeur, des +welcome packages+ (ensemble de mesures d’accueil, NDLR) ou des chaires d’accueil”, précise-t-il.L’Université PSL a annoncé de son côté intensifier ses collaborations avec les scientifiques dont les recherches seraient menacées dans les domaines de l’intelligence artificielle, des sciences du climat, de la santé et des sciences sociales et humanités.”La réduction brutale des financements fédéraux aux Etats-Unis impacte tout le monde, y compris la recherche européenne. Il faut se mobiliser pour soutenir la continuité scientifique dans les domaines prioritaires qui sont menacés”, a souligné auprès de l’AFP le président de PSL, El Mouhoub Mouhoud.L’établissement, qui regroupe notamment l’Ecole Normale, Dauphine ou les Mines, prévoit d’accueillir “15 chercheuses et chercheurs pour poursuivre leurs travaux scientifiques en France” ainsi que le financement de post-doctorats et l’hébergement de chercheurs.Début mars, l’université d’Aix-Marseille a été la première en France à ouvrir les bras aux scientifiques dont le travail pourrait être menacé par la politique menée par Donald Trump, annonçant dégager 10 à 15 millions d’euros dans ce but.La semaine dernière, la Fondation Arc, dédiée à la recherche sur le cancer, a débloqué 3,5 millions d’euros “pour offrir aux chercheurs en difficulté actuellement basés aux Etats-Unis, l’opportunité de poursuivre leurs travaux en France”.Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les annonces chocs visant la communauté scientifique: coupes budgétaires brutales, licenciement de centaines d’employés des agences fédérales chargées du climat ou de la santé, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées…

Les revenus mondiaux de la musique enregistrée battent un nouveau record (rapport)

Le marché mondial de la musique enregistrée a connu une dixième année consécutive de croissance en 2024, portée par les abonnements aux plateformes de streaming et le succès de stars comme Taylor Swift, a annoncé mercredi la fédération du secteur (IFPI).Son chiffre d’affaires a atteint le record de 29,6 milliards de dollars (27,2 milliards d’euros) l’an dernier, en progression de 4,8%, a indiqué la Fédération internationale de l’industrie phonographique, qui a par ailleurs exprimé des craintes liées à l’essor de l’IA.Le streaming musical – ou la diffusion de contenus en ligne sur des plateformes comme Spotify ou Apple Music -, reste le moteur de cette performance. Grâce à un nombre accru d’abonnements payants, il représente plus des deux tiers (69%) des revenus mondiaux du secteur, soit 20,4 milliards de dollars (18,7 milliards d’euros), selon le rapport annuel de l’IFPI.Cette fédération, qui représente les maisons de disques mondiales, a également annoncé que Taylor Swift était une nouvelle fois en tête de son classement des artistes les plus écoutés en 2024.Selon son rapport, les trois titres les plus populaires l’an dernier sont “Beautiful Things” de l’Américain Benson Boone, avec 2,11 milliards d’écoutes, suivi par “Espresso” de la popstar Sabrina Carpenter (1,79 milliard d’écoutes) et “Lose Control” de Teddy Swims (1,7 milliard d’écoutes).Les ventes de supports physiques, notamment les CD, ont globalement diminué de 3,1% en 2024, après une hausse importante de 14,5% en 2023. Mais au sein de cette catégorie, les vinyles continuent eux de progresser pour la 18e année consécutive, avec des ventes en hausse de 4,6% l’an dernier.Les principaux marchés de la musique enregistrée restent les États-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne. Les régions qui ont enregistré la croissance la plus rapide en 2024 sont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (+22,8%), l’Afrique subsaharienne (+22,6%) et l’Amérique latine (+22,5%).Les représentants du secteur ont aussi pointé les risques liés à l’intelligence artificielle (IA) générative, qui “ingère” de la musique protégée par le droit d’auteur pour entraîner ses modèles sans autorisation, a déclaré la directrice de l’IFPI Victoria Oakley.Si l’IA peut offrir de nouvelles opportunités à cette industrie, c’est aussi un “énorme défi à venir”, a-t-elle souligné, qui fait peser une “menace bien réelle” sur le secteur.

La Bourse de Paris gagne du terrain avant la Fed

La Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,70% mercredi, sans élément négatif pour la freiner avant la communication attendue dans la soirée de la banque centrale américaine (Fed), notamment sur ses anticipations pour l’économie des Etats-Unis dans les prochains mois.L’indice vedette de la Bourse de Paris a avancé de 56,90 points et s’est établi à 8.171,47 points à la clôture. Mardi, il avait pris 0,57%.La puissante Réserve fédérale (Fed) publiera mercredi soir dans un communiqué sa décision de politique monétaire sur le niveau de ses taux d’intérêt, qui se situent actuellement dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.”Le marché n’attend pas de baisse. Ce qui sera important, ce sont les projections en termes d’emploi, de croissance et de baisses de taux pour le deuxième trimestre”, a expliqué Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France.Ce n’est pas une réunion que le marché aborde avec “un sentiment de danger”, a-t-il poursuivi, mais une grande attention sera portée au discours de Jerome Powell, président de l’institution monétaire américaine.Il s’agit de la deuxième réunion de la Fed depuis le retour au pouvoir de Donald Trump qui, depuis, a multiplié les annonces de politiques commerciales.”La question des droits de douane est importante. Tant qu’on n’arrivera pas à en mesurer ses effets, il restera difficile pour le Fed d’ajuster sa politique monétaire”, a souligné Alexandre Baradez.Par ailleurs, si le CAC 40 a connu “une séance dans le vert, la période est assez instable en raison des tensions commerciales avec les Etats-Unis”, qui agissent comme “un frein” à une progression plus nette de l’indice, a-t-il ajouté.Les investisseurs gardent en tête qu’à partir du 2 avril, des droits de douane dits “réciproques” seront mis en place, selon les décisions de Donald Trump. Ces droits de douane visent à taxer aux Etats-Unis les produits provenant d’un pays étranger au même niveau que le sont les produits américains importés dans ledit pays.”La date fatidique approche et Trump ne fait toujours pas retomber la pression. Cette animosité de Trump envers l’Europe est le risque principal pour le CAC 40″, a noté l’analyste d’IG France, car l’activité des entreprises composant cet indice est fortement exposée au marché américain.Quitte ou double pour UbisoftLe géant des jeux vidéo Ubisoft a lâché 5,58% à 12,60 euros. Il revisite sa saga phare à la sauce samouraï avec “Assassin’s Creed Shadows”, un opus ambitieux peaufiné jusqu’à la dernière minute et sur lequel l’éditeur français joue son avenir.

Les Bourses européennes terminent sur une note prudente avant la Fed

Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé mercredi, dans l’attente de la prochaine décision de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) et du discours de son président, Jerome Powell.La Bourse de Paris a gagné 0,70% à la faveur d’une séance sans nouvelle négative pour la freiner. Londres a terminé sans changement (+0,02%), tandis que Francfort a reculé de 0,40%.

Kazakhstan: le géant du cuivre Kazakhmys partiellement à l’arrêt après des accidents mortels

L’entreprise Kazakhmys, plus gros producteur de cuivre du Kazakhstan, a annoncé mercredi arrêter partiellement ses activités en raison du “nombre croissant d’accidents”, ayant coûté la vie à huit personnes en un mois dans ce grand pays d’Asie centrale.”Le groupe Kazakhmys suspend temporairement ses opérations minières sur des sites potentiellement dangereux (…) en raison du nombre croissant d’accidents dans les installations de production (…) à compter d’aujourd’hui”, explique le groupe dans un communiqué.”Pendant l’arrêt des mines, une inspection détaillée sera effectuée afin de garantir le respect des règles de sécurité”, poursuit le groupe, assurant que le travail reprendrait une fois toutes les violations établies et éliminées, sans donner de date précise.Joint par l’AFP pour savoir quels sites étaient à l’arrêt et dans quelle mesure cette décision affecterait la production industrielle du groupe, Kazakhmys a répondu qu'”un plan” précis des arrêts prévus était en cours de validation.Kazakhmys assure être le 20e producteur mondial de cuivre concentré et le 12e producteur mondial de cuivre blister et cathodique, mais extrait aussi de l’argent.Mi-février, sept mineurs étaient morts dans un accident et mercredi, un autre travailleur est décédé dans le centre de cet immense pays riche en ressources naturelles.Après l’accident de février, le président Kassym-Jomart Tokaïev avait qualifié d'”inacceptable” la situation dans le domaine de la sécurité au travail, reprochant aux entreprises de ne pas investir suffisamment.Fin octobre 2023, 46 mineurs avaient été tués lors du pire accident minier de l’histoire du pays dans une mine de charbon appartenant au groupe sidérurgique ArcelorMittal, qui a depuis quitté le Kazakhstan sous la pression des autorités.