Trump rompt les négociations commerciales avec le Canada

Donald Trump a décidé de rompre immédiatement les négociations commerciales avec le Canada, accusant une nouvelle fois vendredi les autorités canadiennes d’avoir déformé les propos de l’ex-président républicain Ronald Reagan dans une campagne publicitaire contre la hausse des droits de douane entre les deux pays.Il s’agit d’un revirement soudain alors qu’un accord commercial entre Ottawa et Washington portant sur l’acier, l’aluminium et l’énergie semblait pouvoir être conclu, selon le Globe and Mail, avant la rencontre prévue entre le Premier ministre canadien Mark Carney et Donald Trump lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) à la fin du mois en Corée du Sud.Le Canada est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis et un fournisseur majeur d’acier et d’aluminium pour les entreprises américaines.”Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES”, a écrit le président américain sur son réseau Truth Social jeudi soir.Vendredi matin, il s’est de nouveau lâché contre son voisin dans une série de messages vindicatifs sur son réseau social.”LE CANADA A TRICHÉ ET S’EST FAIT PRENDRE!!! Ils ont frauduleusement publié une grande annonce disant que Ronald Reagan n’aimait pas les droits de douane, alors qu’en réalité, il AIMAIT LES DROITS DE DOUANE POUR NOTRE PAYS ET SA SÉCURITÉ NATIONALE. Le Canada tente d’influencer illégalement la Cour suprême des États-Unis…”, a soutenu le locataire de la Maison Blanche.”LES ÉTATS-UNIS SONT À NOUVEAU RICHES, PUISSANTS ET SÉCURISÉS NATIONALEMENT, TOUT CELA GRÂCE AUX DROITS DE DOUANE! LE CAS LE PLUS IMPORTANT JAMAIS VU EST DEVANT LA COUR SUPRÊME DES ÉTATS-UNIS. QUE DIEU BÉNISSE L’AMÉRIQUE!!!”, a-t-il également écrit.Selon Donald Trump, les autorités canadiennes cherchent à “influencer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et d’autres tribunaux”, devant lesquels est contesté la légalité des décrets du président américain ayant déclenché ces hausses douanières.La Fondation Ronald Reagan a déclaré sur X que la campagne publicitaire canadienne avait utilisé “de manière sélective des extraits audio et vidéo” d’un discours radiophonique sur le commerce de l’ancien président républicain en avril 1987.Selon la Fondation, la publicité “déformait” les propos de Ronald Reagan (1981-1989), ajoutant qu’elle “examinait ses options juridiques dans cette affaire”.Produite par la province canadienne de l’Ontario, la campagne publicitaire, d’un montant d’environ 75 millions de dollars, a été diffusée sur plusieurs chaines de télévision américaine.Elle utilisait des citations du discours de Reagan, dans lequel il mettait en garde contre certaines des conséquences que des droits de douane élevés sur les importations étrangères pourraient avoir sur l’économie américaine.La publicité citait Reagan disant que “des tarifs élevés mènent inévitablement à des représailles par les pays étrangers et au déclenchement de féroces guerres commerciales”, une citation qui correspond à une transcription de son discours sur le site de la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan.- “Une rupture” -Il n’y a pas eu de commentaire immédiat de la part des responsables au Canada mais mercredi, dans un discours sur ses priorités budgétaires devant des étudiants de l’université d’Ottawa, Mark Carney a déclaré que la politique commerciale “fondamentalement modifiée” de Washington nécessitait une refonte de la stratégie économique du Canada.Les États-Unis ont augmenté “leurs droits de douane à des niveaux jamais vus depuis la Grande Dépression”, avait déploré le Premier ministre.”L’ampleur et la rapidité de ces développements ne constituent pas une transition en douceur, c’est une rupture. Cela signifie que notre stratégie économique doit changer radicalement”, a ajouté Mark Carney, affirmant que le processus “nécessitera des sacrifices et du temps”. Mark Carney avait rencontré début octobre le président Trump à la Maison Blanche pour tenter d’avancer vers une résolution du conflit, mais n’avait obtenu aucune concession publique.Environ 85% des échanges transfrontaliers restent exemptés de droits de douane, les Etats-Unis et le Canada continuant d’adhérer au traité de libre-échange nord-américain (Aceum).Mais les droits de douane sectoriels mondiaux imposés par Donald Trump, en particulier sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, ont durement touché le Canada, entraînant des pertes d’emplois et mettant les entreprises sous pression.

Turquie: la justice offre un répit à l’opposition

Soulagement pour l’opposition turque: un tribunal d’Ankara a abandonné vendredi des poursuites visant la direction du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui croule depuis un an sous les enquêtes et les arrestations.Les juges ont déclaré non recevable une plainte sur des allégations d’achats de voix lors d’un congrès en 2023 du principal parti de l’opposition turque.Les poursuites menaçaient d’invalider l’élection de l’actuelle direction du CHP, sorti largement victorieux d’élections locales l’an passé, et de déboucher sur la nomination à la tête du parti d’un administrateur désigné par l’Etat.Le tribunal a notamment estimé qu’un des plaignants, un ancien élu du CHP qui avait déjà été exclu du parti lors du dépôt de la plainte, n’avait “pas la capacité d’intenter une action en justice”.La décision a été accueillie par des applaudissements dans la salle d’audience, a constaté une journaliste de l’AFP.”Ceux qui soutiennent l’autocratie et les autocrates ont perdu, et ceux qui soutiennent la démocratie ont gagné”, a jugé vendredi le patron du CHP, Özgür Özel, promettant que “la démocratie l’emportera(it) face à l’autocratie aux prochaines élections”.L’avocat du CHP, Caglar Caglayan, s’est lui félicité d’une décision “résultant de l’État de droit”. “Puisse-t-elle être bénéfique pour tous”, a-t-il déclaré à la presse à l’issue de l’audience, tandis que la défense du plaignant  annonçait sa volonté de faire appel.Les marchés, sensibles aux soubresauts politiques en Turquie, ont aussi réagi favorablement: le BIST100, indice vedette de la Bourse d’Istanbul, progressait fortement (+4%) peu avant 14H30 (11H30 GMT).”Le gouvernement nomme des administrateurs au lieu de s’occuper des problèmes de la population. Mais ses ambitions ont été contrecarrées aujourd’hui”, s’est réjouie auprès de l’AFP Ummu Gulsun Seyfi, retraitée de 75 ans et membre du CHP depuis 1977, présente dans la salle d’audience vendredi matin.- Offensive judiciaire – Le CHP nie depuis le départ ces allégations d’achats de voix, et accuse le gouvernement d’utiliser le pouvoir judiciaire pour mener à bien un “coup d’État politique”.Pour tenter de consolider sa direction, le CHP avait organisé un congrès extraordinaire le 21 septembre, au cours duquel son patron Özgür Özel avait été réélu.Le CHP, fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, est la cible depuis un an d’une vaste offensive judiciaire.Sa figure la plus populaire, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, est incarcéré depuis mars pour corruption, une accusation qu’il rejette. Vendredi, une nouvelle enquête, cette fois pour espionnage, a été ouverte contre lui.L’arrestation de M. Imamoglu, vu comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait provoqué de nombreuses réactions internationales et suscité une contestation inédite en Turquie depuis 2013.Accusé de dérive autoritaire, M. Erdogan, Premier ministre entre 2003 et 2014, et président depuis lors, avait juré lors de cette mobilisation de ne pas céder à la “terreur de la rue”.Plus d’une dizaine d’autres maires CHP d’arrondissements d’Istanbul et de villes turques ont également été arrêtés et incarcérés depuis un an, la plupart pour corruption ou terrorisme.

Palestinian prisoners freed in hostage swap go from jail to exile

They were freed in exchange for Israeli hostages held in Gaza, but instead of going home, 154 Palestinian ex-prisoners were exiled to Egypt, where they are confined to a hotel and kept under tight surveillance.All of them had been sentenced by Israeli military court to life in prison on charges of murder, belonging to Palestinian militant groups banned by Israel, and other acts of violence.But when a ceasefire took effect in Gaza earlier this month, the group was put on buses and sent to Egypt, where authorities have put them in a five-star hotel that they cannot leave without clearance.”We were separated from our families for 20 years,” Murad Abu al-Rub, a 45-year-old who spent two decades behind bars for murder and for belonging to a Palestinian organisation banned by Israel, told AFP.Now, he is living in uncertainty and under close surveillance, far from the Palestinian city of Jenin where he was born.”Nothing has changed. I still can’t see mother or my siblings,” Abu al-Rub told a team of AFP journalists who were able to access the hotel.Since the US-brokered ceasefire took hold on October 10, Hamas has freed all 20 surviving Israeli hostages in exchange for nearly 2,000 Palestinian prisoners, most of whom returned to Gaza and the West Bank.During previous truces in the war sparked by Hamas’s October 2023 attack, thousands of other Palestinian prisoners were freed in similar exchanges.The vast majority of those with life sentences were exiled to Egypt, which has formal ties with Israel and played a key mediation role.Rights groups have long criticised Israel’s use of military courts to try Palestinians suspected of security offenses, saying they do not offer fair trial guarantees.- Uncertainty -In Egypt, the 154 men are not free to move, and they have no work permits and no idea what comes next. The government has not issued any formal statement about their status.”No Arab country wanted to take us in,” said Abu al-Rub, who was imprisoned for the killing of four Israeli soldiers in 2006 in an operation by the Al-Aqsa Martyrs’ Brigade, a movement linked to the Palestinian Authority.In the hotel corridors, the men spend hours on the phone, speaking to relatives. “When I was arrested, my little sister was 15,” Abu al-Rub said. “I didn’t recognise her when I saw her on a video call.” Over 19 years, he was shuffled through eight different Israeli prisons, never staying more than a few months in each.- Conditions -Kamil Abu Hanish, who spent 22 years in Israeli prisons, was jailed for murder and for belonging to the Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP), according to Israel’s justice ministry records.He described the relief of being freed from jail.”It was like moving between two worlds… from a world of shackles and locked doors to a world of freedom and open space,” he said.But he also described his final hours in custody as some of the harshest.”Dozens of prisoners were tied together with ropes. They blindfolded us and forced us to kneel. Then they made us lie face down with our hands bound,” said Abu Hanish.Before Hamas’s October 7 attack, prisoners could study, play sports and attend daily discussion groups, he said, with inmates recounting a tradition of protest and rebellion in order to obtain these rights.”We played volleyball and table tennis and held three educational sessions a day,” Abu al-Rub said.”We had no rights left — even the simplest,” he said, adding that pens, paper, films, TV and newspapers were banned after October 7.”Everything we had, including clothing and blankets, was confiscated. We were left sleeping on iron beds” during winter.Palestinian, Israeli and international rights groups have documented similar claims of mistreatment, but Israel denies any such violations and says its prison service operates in accordance with the law.According to the Palestinian Authority, nearly 11,000 Palestinians remain in Israeli custody, on charges related to the Israeli-Palestinian conflict.- Resettlement? -Mahmoud al-Ardah, 50, also jailed on murder and other security charges,  said the last two years were the worst.”Daily beatings and humiliation,” said the man, accused of belonging to the Islamic Jihad organisation. “In the last two years, I suffered more than in the previous 30.”In 2021, Ardah was one of six inmates who escaped Israel’s Gilboa prison by digging a tunnel with spoons and improvised tools. He was rearrested and put in solitary confinement.Egypt first received 150 exiled prisoners in January, and more than eight months later, most of them are still in the same hotel, their fate undecided.Hasan Abd Rabbo, of the Palestinian Prisoners’ Club, told AFP that the men remain in Egypt with accommodation costs covered by Qatar, while talks are underway over resettlement.He said possible destinations include Qatar, Turkey, Pakistan and Malaysia.

China vows massive high-tech sector development in next decade

China will develop its high-tech sector on a massive scale in the next decade, top officials vowed Friday, a day after meetings on the country’s future policy priorities concluded in Beijing.The four days of closed-door discussions began on Monday and involved high-ranking officials outlining long-term strategies for the 15th Five-Year Plan, which starts next year. The country has poured support and investment into developing its science and technology sectors, part of ongoing efforts to present itself as a world leader in those areas ahead of Washington. On Friday, officials in Beijing promised that industries such as “quantum technology… hydrogen and nuclear fusion energy, (and) brain-computer interfaces… are poised to gain momentum”.”The new scale added in the next 10 years is expected to reshape China’s high-tech sector,” development official Zheng Shanjie told reporters at a news conference.People on the streets of Beijing told AFP on Friday they were optimistic about China’s progress.”During the first industrial revolution, China lagged behind,” 38-year-old Lemon Guo said.”But this time, with high-tech fields like artificial intelligence, it’s different,” he said, adding he hopes “China becomes a leader in this sector”.Others expressed hopes that the new plan would confront the considerable challenges faced by the world’s second largest economy. Domestically, China has been beset by sluggish spending, a protracted property sector crisis and a demographic crunch as its population starts to decline. Officials said Friday they would promote policies to help with the cost of child-bearing and elderly care. “(On) public policy, we obviously hope that it will be favourable for employment, or… boost the stock market,” 26-year-old Zhang Meng told AFP.Zhang said he cared about being able to buy a decent apartment “at a more affordable price”, paying fewer taxes, and getting a salary raise. In contrast with five years ago, the current economic situation was discussed during this week’s gathering, Nomura analysts said in a note. “We believe… Beijing will step up its supportive measures to stabilise growth” in the fourth quarter, they added.- Trade row -Externally, China is ensnared in a turbulent trade row with Washington and others. Beijing’s large trade surpluses have drawn sharp criticism from some trading partners, who say markets have been flooded with cheap goods, hurting local firms.China’s commerce minister said Friday that it had to balance the development of its imports and exports.”Efforts must be made to expand imports… to meet the needs of industrial transformation and upgrading as well as the needs of people’s better lives,” Wang Wentao told reporters at the same news conference.A worsening trade war weakens officials’ ability to pin strong growth this year on exports, which hit a record high in 2024.The world’s two biggest economies are seemingly seeking to avoid further escalating tensions, though. US President Donald Trump will meet his Chinese counterpart Xi Jinping in South Korea next Thursday, the White House said, and officials are meeting in Malaysia on Friday for trade talks. Leaders emphasised in a readout Thursday that China will share opportunities with countries around the world, a nuanced tweak from previous language, the National University of Singapore’s Bert Hofman told AFP.It “may be in response to the growing pushback against China’s external surpluses, which many developing countries fear would undermine their own development”, he added. – ‘Polish the brand’ -Wang also vowed China would “polish the brand of investing in China”. The government will “create new advantages in attracting foreign investment… (and) create a transparent, stable and predictable business environment”, he added.China will continue to “expand our circle of economic and trade friends”, Wang said.The new five-year plan is expected to place greater emphasis on deepening opening up, moving it higher up the list of priorities, UBS analysts said in a note.”This shift reflects the significantly evolving globalisation trend and international landscape amid ongoing US-China trade tensions,” UBS added. 

Affaire Grégory: la grand-tante une nouvelle fois entendue

Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory, sa grand-tante est une nouvelle fois entendue par la justice vendredi, soupçonnée d’être l’un des corbeaux qui a menacé la famille des années durant, une accusation “lunaire”, selon sa défense.Jacqueline Jacob, 81 ans, dont l’époux Marcel est un frère de la grand-mère du petit garçon, est arrivée peu avant 10H00 à la cour d’appel de Dijon, chargée de l’enquête sur l’un des crimes non résolus les plus emblématiques de France.Entourée de ses avocats et de son mari, elle a gardé le silence, tout comme ses conseils, face à la meute des caméramans et photographes qui l’accompagnait à pied jusqu’au palais de justice.L’octogénaire, déjà soupçonnée en 2017, subit son second interrogatoire en vue d’une possible mise en examen, après 41 ans d’une enquête chaotique sur l’assassinat de Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et mains liés à l’âge de 4 ans, le 16 octobre 1984, dans une rivière des Vosges. A l’issue de cet interrogatoire, elle est susceptible d’être mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”. Déjà en 2017, Mme Jacob avait été poursuivie, alors pour “enlèvement et séquestration suivie de mort”, et même emprisonnée durant quatre jours. Cette mise en examen avait cependant été annulée en mai 2018, pour un vice de forme, dans un énième couac de cette laborieuse enquête.La grand-tante est soupçonnée d’être l’un des corbeaux – il y en aurait cinq selon une expertise – qui ont menacé pendant des années la famille Villemin. Elle aurait également revendiqué le crime, selon les juges enquêteurs.La famille Villemin avait reçu des dizaines de lettres et appels anonymes dans les années précédant la mort de Grégory. La réussite du jeune père du garçonnet, Jean-Marie Villemin, suscitait des jalousies. Jacqueline Jacob, déléguée CGT, l’aurait traité de “chef de mes couilles” en 1982, selon des témoins. Les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont nié toute haine.Selon l’arrêt du 18 juin dernier ordonnant l’interrogatoire de Mme Jacob, et que l’AFP a pu consulter, des expertises graphologiques datant de 2017, puis stylométriques – qui s’attachent à l’orthographe et les tournures de phrases – de 2021 et 2023, attribuent à Mme Jacob trois courriers anonymes de 1983, dont celui du 4 mars qui menace directement les Villemin. “Je vous ferez votre peau” (sic), y était-il écrit.La stylométrie soutient de plus “très fortement l’hypothèse” que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. “J’espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con”, disait le courrier. Elle serait également à l’origine de l’appel téléphonique anonyme de revendication passé le même jour.- “Pseudos expertises” -“Je pense avoir reconnu” sa voix, avait déclaré son beau-frère, René Jacob, après avoir écouté un enregistrement d’un corbeau devant les gendarmes le 2 août 2022.Dès le début des investigations, les enquêteurs avaient pointé du doigt la haine farouche entre les Jacob et les Villemin, faite de jalousies ancestrales.En 2017, lors de sa première mise en examen, Mme Jacob avait proclamé sa “totale innocence”. Aujourd’hui, les arguments des juges enquêteurs sont tout aussi “surréalistes et lunaires”, résume pour l’AFP Frédéric Berna, un des avocats de Mme Jacob, promettant de contester toute mise en examen.La défense de Mme Jacob dénonce notamment des “pseudos expertises en stylométrie”, une méthode nouvelle dont la fiabilité doit encore être prouvée, et souligne que le procureur général de Dijon lui-même, Philippe Astruc, estime que les arguments à charge “ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants” justifiant une mise en examen.M. Astruc a notamment souligné qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime, non pas à Mme Jacob, mais à Bernard Laroche, cousin du père de Grégory qui avait été inculpé par la justice, puis tué par Jean-Marie Villemin.En 2017, Mme Jacob était restée muette lors de son audition. Ce vendredi, “acceptera-t-elle de dire ce qu’elle sait sur la mort de Grégory?”, se demande auprès de l’AFP Me François Saint-Pierre, un des avocats des parents de Grégory. “Ce serait, à notre sens, la seule attitude digne de sa part.”

Affaire Grégory: la grand-tante une nouvelle fois entendue

Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory, sa grand-tante est une nouvelle fois entendue par la justice vendredi, soupçonnée d’être l’un des corbeaux qui a menacé la famille des années durant, une accusation “lunaire”, selon sa défense.Jacqueline Jacob, 81 ans, dont l’époux Marcel est un frère de la grand-mère du petit garçon, est arrivée peu avant 10H00 à la cour d’appel de Dijon, chargée de l’enquête sur l’un des crimes non résolus les plus emblématiques de France.Entourée de ses avocats et de son mari, elle a gardé le silence, tout comme ses conseils, face à la meute des caméramans et photographes qui l’accompagnait à pied jusqu’au palais de justice.L’octogénaire, déjà soupçonnée en 2017, subit son second interrogatoire en vue d’une possible mise en examen, après 41 ans d’une enquête chaotique sur l’assassinat de Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et mains liés à l’âge de 4 ans, le 16 octobre 1984, dans une rivière des Vosges. A l’issue de cet interrogatoire, elle est susceptible d’être mise en examen pour “association de malfaiteurs criminelle”. Déjà en 2017, Mme Jacob avait été poursuivie, alors pour “enlèvement et séquestration suivie de mort”, et même emprisonnée durant quatre jours. Cette mise en examen avait cependant été annulée en mai 2018, pour un vice de forme, dans un énième couac de cette laborieuse enquête.La grand-tante est soupçonnée d’être l’un des corbeaux – il y en aurait cinq selon une expertise – qui ont menacé pendant des années la famille Villemin. Elle aurait également revendiqué le crime, selon les juges enquêteurs.La famille Villemin avait reçu des dizaines de lettres et appels anonymes dans les années précédant la mort de Grégory. La réussite du jeune père du garçonnet, Jean-Marie Villemin, suscitait des jalousies. Jacqueline Jacob, déléguée CGT, l’aurait traité de “chef de mes couilles” en 1982, selon des témoins. Les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont nié toute haine.Selon l’arrêt du 18 juin dernier ordonnant l’interrogatoire de Mme Jacob, et que l’AFP a pu consulter, des expertises graphologiques datant de 2017, puis stylométriques – qui s’attachent à l’orthographe et les tournures de phrases – de 2021 et 2023, attribuent à Mme Jacob trois courriers anonymes de 1983, dont celui du 4 mars qui menace directement les Villemin. “Je vous ferez votre peau” (sic), y était-il écrit.La stylométrie soutient de plus “très fortement l’hypothèse” que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. “J’espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con”, disait le courrier. Elle serait également à l’origine de l’appel téléphonique anonyme de revendication passé le même jour.- “Pseudos expertises” -“Je pense avoir reconnu” sa voix, avait déclaré son beau-frère, René Jacob, après avoir écouté un enregistrement d’un corbeau devant les gendarmes le 2 août 2022.Dès le début des investigations, les enquêteurs avaient pointé du doigt la haine farouche entre les Jacob et les Villemin, faite de jalousies ancestrales.En 2017, lors de sa première mise en examen, Mme Jacob avait proclamé sa “totale innocence”. Aujourd’hui, les arguments des juges enquêteurs sont tout aussi “surréalistes et lunaires”, résume pour l’AFP Frédéric Berna, un des avocats de Mme Jacob, promettant de contester toute mise en examen.La défense de Mme Jacob dénonce notamment des “pseudos expertises en stylométrie”, une méthode nouvelle dont la fiabilité doit encore être prouvée, et souligne que le procureur général de Dijon lui-même, Philippe Astruc, estime que les arguments à charge “ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants” justifiant une mise en examen.M. Astruc a notamment souligné qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime, non pas à Mme Jacob, mais à Bernard Laroche, cousin du père de Grégory qui avait été inculpé par la justice, puis tué par Jean-Marie Villemin.En 2017, Mme Jacob était restée muette lors de son audition. Ce vendredi, “acceptera-t-elle de dire ce qu’elle sait sur la mort de Grégory?”, se demande auprès de l’AFP Me François Saint-Pierre, un des avocats des parents de Grégory. “Ce serait, à notre sens, la seule attitude digne de sa part.”

A Guayaquil, ville la plus violente d’Equateur, règne la “psychose” (maire à l’AFP)

L’explosion d’une voiture piégée dans une zone commerciale et des valises abandonnées dans les rues alimentent une “psychose collective” à Guayaquil (sud-ouest), affirme dans un entretien à l’AFP Aquiles Alvarez, maire de cette ville, la plus violente d’Equateur. Âgé de 41 ans, ce passionné de football au look décontracté exerce ses fonctions dans la ville portuaire avec un bracelet électronique à la cheville, depuis que la justice a ouvert une enquête contre lui pour des soupçons de trafic de carburant. Le maire, qui possède la nationalité équatorienne et espagnole, se dit innocent et accuse le président Daniel Noboa de “persécution politique”. Il attribue également au gouvernement une grande partie de la “faute” pour la crise sécuritaire que connaît sa ville. Elle enregistre le taux d’homicides le plus élevé du pays, lui-même devenu en quelques années l’un des plus dangereux d’Amérique latine. De janvier à septembre, 1.900 personnes ont été tuées dans cette cité de 2,8 millions d’habitants. Plus de 3.000 plaintes pour extorsion y ont été enregistrées sur les sept premiers mois de l’année.À Guayaquil, capitale économique du pays, “on vit sous tension”, admet l’élu interviewé mercredi. La semaine dernière, sept fausses alertes à la bombe ont été recensées.”Des sacs à dos avec des vêtements sales à l’intérieur sont abandonnés et les gens s’affolent en croyant que ce sont des bombes”, explique M. Alvarez depuis une salle municipale. Cette peur intervient après une série d’attentats que le gouvernement considère comme des représailles des bandes criminelles contre son offensive militaire. Mi-octobre, un homme est mort et 26 personnes ont été blessées par l’explosion d’une voiture piégée à l’extérieur du plus grand centre commercial de Guayaquil.- “Bienvenue” aux bases étrangères -La ville est marquée par de profondes inégalités. Les zones les plus pauvres sont à la merci du crime organisé. Les narcotrafiquants y imposent des zones de surveillance, des écoles pour tueurs à gage et des centres de stockage de drogue et d’armes, selon les autorités. Dans les quartiers populaires, les attaques armées sont fréquentes, tandis que les zones riches sont protégées par des gardes privés. Le président Daniel Noboa, 37 ans, impose une politique de fermeté contre le crime organisé lié à l’explosion du trafic de drogue, avec le déploiement de militaires dans les rues. “Nous considérons qu’il ne faut pas lutter contre la criminalité avec plus d’armes, de gilets, de casques et de balles, mais avec des politiques publiques axées sur la prévention des violences pour réduire les délits”, estime au contraire le maire, un protestant évangélique père de trois enfants. Le quadragénaire a vécu aux États-Unis où il a travaillé comme livreur de pizzas. Il a été missionnaire et dirigeant du Barcelona, l’équipe de football la plus populaire du pays. En 2023, c’est sous l’égide du parti de l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017) que Aquiles Alvarez a arraché la mairie au PSC, un parti de droite qui a gouverné la ville pendant plus de 30 ans.S’il cherche à se distancier du courant corréiste, M. Alvarez ne tarit pas d’éloges sur l’ancien dirigeant dont le gouvernement a interdit les bases militaires étrangères que l’actuel président de droite envisage de réinstaller par le biais d’une consultation populaire. “Toute aide est la bienvenue” mais “en aucun cas nous ne devons perdre notre souveraineté”, souligne-t-il.

Zelensky reçu par Charles III, avant une réunion des alliés de Kiev autour de Starmer

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu vendredi matin par le roi Charles III au château de Windsor, avant une rencontre avec le Premier ministre Keir Starmer et des alliés de l’Ukraine pour discuter notamment de livraisons d’armes de longue portée à Kiev.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui participe à cette réunion au lendemain du sommet européen à Bruxelles, a été reçu par Charles avec salut royal et inspection d’un bataillon de la garde royale. C’est la troisième fois cette année que le dirigeant ukrainien a une audience avec le monarque au Royaume-Uni. M. Zelensky doit rejoindre ensuite dans l’après-midi Keir Starmer pour la rencontre de la Coalition des volontaires – 26 pays essentiellement européens. La Première ministre danoise Mette Frederiksen, son homologue néerlandais Dick Schoof et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte devaient se rendre à Londres, 20 autres dirigeants étant attendus en visioconférence, selon Downing Street.  Le chef du gouvernement travailliste, qui codirige cette coalition avec le président français Emmanuel Macron, devrait appeler à “placer l’Ukraine dans la position la plus forte possible à l’approche de l’hiver” face aux forces russes, selon un communiqué de ses services.L’Ukraine a été ces dernières semaines la cible d’attaques russes redoublées sur ses infrastructures énergétiques, qui menacent de priver d’électricité et de chauffage sa population à l’approche de l’hiver.Keir Starmer devrait donc appeler à un renforcement des dons d'”armes de longue portée à Kiev” pour renforcer sa position.L’Ukraine produit certains missiles de ce type (Flamingo, Neptune) et reçoit des Européens des Scalp français ou encore des Storm Shadow britanniques, mais en petites quantités. Elle a réclamé, sans succès, des missiles allemands Taurus. Et les Américains ont refusé jusqu’ici de livrer les missiles Tomahawk que M. Zelensky espérait. Le président russe Vladimir Poutine a averti qu’une telle livraison constituerait “une nouvelle escalade”.- Utilisation d’avoirs russes – Pour financer la fourniture de “systèmes de longue portée” à l’Ukraine et la défense ukrainienne, M. Starmer doit appeler ses partenaires à “achever le travail” concernant l’utilisation des avoirs russes gelés, selon Downing Street.Dans ce domaine, les dirigeants européens réunis jeudi à Bruxelles ont effectué un premier pas timide, en demandant à la Commission d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur ces avoirs.Immobilisés du fait de sanctions occidentales, les avoirs représentent quelque 210 milliards d’euros.Cette proposition a minima sera à l’ordre du jour du prochain sommet européen en décembre, repoussant de facto les arbitrages les plus difficiles. Elle est délibérément formulée en termes vagues pour tenir compte des réserves de la Belgique où se trouve l’essentiel des fonds. Selon un diplomate, plusieurs autres pays ont également exprimé des réserves.La saisie pure et simple de ces avoirs est une ligne rouge pour les pays de l’UE, mais la Commission propose, grâce à ces derniers, de financer un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev.Présent à Bruxelles pour une partie des discussions, Volodymyr Zelensky avait exhorté les dirigeants à sauter le pas. Dans la soirée, il a salué sur X les “bons résultats” de ce sommet, affirmant, dans une formule optimiste, avoir obtenu “un soutien politique” sur ce thème.- Sanctions -Les dirigeants européens et M. Zelensky ont aussi salué jeudi à Bruxelles la décision des Etats-Unis, exaspérés par l’attitude de Vladimir Poutine, de prendre à leur tour des sanctions contre Moscou. Le président Donald Trump s’était refusé longtemps à imposer ces sanctions, mais a estimé que ses conversations avec son homologue russe ne menaient “nulle part”.Les sanctions impliquent un gel de tous les actifs des géants pétroliers Rosneft et Lukoil aux Etats-Unis, ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire affaire avec eux. La Russie a dénoncé des sanctions américaines “contre-productives”, son président Vladimir Poutine jugeant qu’elles n’auraient pas d'”impact significatif” sur l’économie de son pays.Les Européens ont également ciblé le secteur pétrolier russe en annonçant mercredi un nouveau train de sanctions contre Moscou, le 19e depuis février 2022. Il prévoit un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe d’ici à fin 2026 et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.