Un ancien “parrain” de la mafia grenobloise tué sur une autoroute près de Grenoble

Dix ans après la mystérieuse disparition de son frère Robert, Jean-Pierre Maldera, l’un des “parrains” de la mafia italo-grenobloise des années 80, a été tué mercredi à la vue de tous sur une autoroute près de Grenoble, et les auteurs de la fusillade sont en fuite.L’homme, âgé de 71 ans, circulait sur l’autoroute A41 entre Chambéry et Grenoble, seul au volant de sa voiture BMW, lorsqu’il a été pris pour cible vers 10H30, près de la sortie vers la commune de Domène (10 km de Grenoble), par les occupants d’un autre véhicule qui le suivait.Jean-Pierre Maldera a d’abord “été visé par des tirs de kalachnikov, dont au moins un l’aurait atteint au niveau du coude”, a précisé le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy, dans un communiqué.L’homme “aurait alors stoppé son véhicule sur la chaussée et serait descendu. Le véhicule agresseur a fait demi-tour, a emprunté l’autoroute à contre-sens pour venir le percuter violemment. Le corps a été projeté et retrouvé sur la voie opposée de l’autoroute”, détaille le procureur.”La plaie par arme à feu ne serait pas mortelle et la cause de la mort (…) serait plutôt due au choc avec le véhicule ou la chute sur la chaussée”, a-t-il ajouté, précisant qu’une arme de poing a été retrouvée “à proximité” du corps de Jean-Pierre Maldera.Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré une BMW blanche arrêtée en plein milieu de l’autoroute, la vitre conducteur brisée.Le ou les assaillants ont pris la fuite, et leur véhicule, une Mégane RS volée, a été retrouvé incendié peu après les faits, à quelques kilomètres, sur un parking isolé près d’un petit stade, à la limite entre Grenoble et la commune de Saint-Martin-d’Hères, selon le procureur.La préfète de l’Isère Catherine Séguin a condamné sur X “cet acte criminel, d’une violence inouïe, perpétré de surcroît sur une autoroute, en pleine journée, mettant en danger grave et immédiat des dizaines d’automobilistes”.La circulation sur l’A41 a été un moment interrompue dans un sens et perturbée dans l’autre.L’enquête pour “meurtre en bande organisée” est désormais supervisée par la Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée (Jirs) de Lyon, selon M. Touret de Coucy, qui n’avance par ailleurs aucun mobile.En revanche, la préfète de l’Isère semble relier le meurtre au trafic de stupéfiants: “La guerre contre le fléau du narcotrafic sera longue et difficile. Mais nous la gagnerons”, a-t-elle écrit, alors que Grenoble et sa banlieue sont particulièrement touchées par le trafic de drogues, avec des violences récurrentes par armes à feu.- “Clan Maldera” -Né le 15 mai 1953, Jean-Pierre Maldera et son frère cadet, Robert Maldera, ont été considérés comme les “parrains” du grand banditisme italo-grenoblois des années 80, ayant longtemps régné en maître sur la capitale des Alpes.Lorsqu’ils étaient plus jeunes, ils faisaient partie du “clan Maldera”, une famille de gangsters dont de nombreux membres ont été incarcérés pour des activités de racket, hold up et proxénétisme. Au début des années 1980, avait été retrouvée chez le père de la fratrie, Joseph Maldera, la “caisse d’épargne” de la famille: près d’un million de francs en bons du Trésor.Connu pour avoir trempé dans des affaires de proxénétisme, racket, attaque à main armée, Jean-Pierre Maldera avait un casier judiciaire avec “huit” condamnations prononcées entre 1978 et 1999, selon le procureur adjoint de Grenoble.L’homme, qui a notamment été condamné par la cour d’assises de l’Isère en 1986 à 15 ans de réclusion criminelle pour un vol à main armée, n’avait pas fait parler de lui depuis plus de vingt ans.En 2004, les deux frères avaient été écroués dans une affaire de grand banditisme (association de malfaiteurs, blanchiment d’argent, extorsion de fonds, proxénétisme…), mais ils avaient été libérés en 2005 à la suite d’un vice de forme qui avait conduit à l’annulation de l’ensemble de la procédure.Robert Maldera, surnommé “il pazzo” (le fou, en italien), a lui mystérieusement disparu en 2015 à 55 ans. Après s’être rendu à un rendez-vous à Saint-Martin-d’Hères avec un artisan, il n’avait plus donné signe de vie, et sa voiture avait été retrouvée deux mois plus tard sur un parking de cette commune.”On a de bonnes raisons de penser qu’il a été tué”, avait estimé en 2015 le procureur de la République à Grenoble à l’époque.

Le vieil acier au coeur d’une nouvelle guerre commerciale

Les droits de douane de 25% sur l’acier importé aux Etats-Unis devenus effectifs mercredi compliquent la donne sur ce marché stratégique pour les gratte-ciels ou l’automobile, déstabilisé par le manque de compétitivité de la filière historique des hauts-fourneaux face aux recycleurs d’acier.Que s’est-il passé lors du premier mandat Trump?Lors de son premier passage à la Maison Blanche (2017-2021), le président américain avait déjà imposé des droits de 25% sur l’acier, et de 10% sur l’aluminium, pour tenter de protéger l’industrie américaine et ses électeurs, dont beaucoup viennent de la Rust Belt industrielle dans le Middle West. Les 12 derniers hauts-fourneaux en service aux Etats-Unis appartiennent à US Steel, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), et Cleveland Cliffs (Ohio).Mais cette mesure a eu un impact très limité, souligne Ruben Nizard, économiste chez l’assureur Credit Coface. Certes, les importations américaines d’acier ont baissé de 24% sur la période et celles d’aluminium de 31% selon un bilan de la commission du commerce internationale américaine. “Mais aucun bénéfice clair n’est apparu ni en termes d’emploi ni en terme de production, et les prix ont augmenté”, nourrissant l’inflation, souligne Ruben Nizard.De fait, “l’acier européen plat est aujourd’hui à 600 dollars la tonne et l’acier américain à 900 dollars”, complète Marcel Genet du cabinet Laplace Conseil, spécialisé dans l’acier.Qui exporte de l’acier vers les Etats-Unis?La planète a produit 1,84 milliard de tonnes d’acier brut l’an passé (-0,9% par rapport à 2023), dont plus de la moitié (1 milliard) vient de Chine, premier sidérurgiste mondial, selon le dernier bilan de l’association World Steel portant sur 71 pays représentant 98% de la production mondiale.Les Etats-Unis sont le quatrième producteur mondial, avec 79,5 millions de tonnes (-2,4%). Ils sont parallèlement le deuxième importateur mondial, avec 26,4 millions de tonnes importées en 2023, juste derrière l’Union européenne (39,2 millions). Les Etats-Unis s’approvisionnent en premier lieu au Canada, avec 5,95 millions de tonnes importées en 2024, selon le ministère américain du commerce. Derrière, arrivent le Brésil (4,08 millions) et l’UE (3,89 millions). Le Mexique fournit 3,19 millions de tonnes, la Corée du Sud 2,5 millions, devant le Vietnam, le Japon et Taiwan, tous autour d’un million, et la Chine environ 470.000 tonnes.Les grands constructeurs automobiles américains Ford, General Motors et Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc), très implantés au Canada et au Mexique, ont répété mercredi que des droits de douane sur l’acier de ces deux pays augmenteraient “fortement” les prix pour les constructeurs, les fournisseurs et, in fine, les automobilistes.Pourquoi Trump parle-t-il de concurrence déloyale ?Les prix mondiaux de l’acier avaient beaucoup baissé depuis un an en raison d’une surcapacité mondiale, évaluée par l’OCDE entre 500 et 560  millions de tonnes. La majorité vient de Chine ou de sidérurgistes chinois installés en Asie du sud-est qui inondent les marchés, se plaignent les industriels européens et américains qui soupçonnent la Chine de subventionner massivement sa production.L’économie de l’acier, traditionnellement cyclique, est désormais face à un problème “structurel” de surcapacité, soulignent des experts.Une analyse toutefois contestée par certains, comme Marcel Genet, pour qui les problèmes de l’acier viennent surtout de la non compétitivité des vieux hauts-fourneaux qui produisent de l’acier dit “primaire” à base de minerai de fer et de charbon, face à l’acier issu de ferrailles recyclées dans des fours électriques, beaucoup moins coûteux.”Les entreprises intégrées à hauts-fourneaux traditionnelles n’ont pas les moyens de financer leur transition énergétique, c’est-à-dire le remplacement du charbon (par du gaz ou de l’hydrogène, NDLR), sans aide massive de leurs Etats respectifs”, dit-il.De plus, les sidérurgies européenne et nord-américaine sont maintenues sous tension par la baisse de leurs exportations d’acier depuis 50 ans, alors que les pays émergents ont développé progressivement leurs filières, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, souligne Marcel Genet.US Steel, en difficulté, a fait l’objet d’une tentative de rachat par Nippon Steel, bloquée par Joe Biden. Donald Trump, de son côté, a récemment déclaré que Nippon Steel pourrait plutôt “investir” dans U.S. Steel.En Europe, où il reste une cinquantaine de hauts-fourneaux selon Marcel Genet, l’allemand ThyssenKrupp a annoncé des milliers de suppressions d’emplois. La plupart des hauts-fourneaux fonctionnent d’ailleurs à moins de 70% de leur capacité et ont annoncé la suspension de leurs projets d’investissement massif dans la décarbonation.

Iran weighs talks with US as Trump letter arrives

With sanctions squeezing its economy, Iran is exploring the possibility of talks with the United States while resisting pressure to make major concessions.Since returning to the White House in January, US President Donald Trump has called for a new nuclear deal with Tehran while reinstating his “maximum pressure” policy of sanctions.Iran has officially ruled out direct talks as long as sanctions remain, with President Masoud Pezeshkian vowing on Tuesday that his country “will not bow in humiliation to anyone.”On Friday, Trump said he had sent a letter to Iran’s supreme leader Ayatollah Ali Khamenei urging negotiations and warning of possible military action if Iran refused.Local media reported that Iran’s top diplomat Abbas Araghchi received Trump’s letter, which was delivered by senior Emirati official Anwar Gargash.On Wednesday, Khamenei, who said he had not yet personally received the letter, said the US threats were “unwise” and that negotiations “will not lift sanctions … and will make the sanctions knot tighter.” He reiterated that Iran was “not seeking a nuclear weapon” and that the US invitation for talks was aimed at “deceiving the world’s public opinion”. Observers say Tehran’s stance remains focused on its atomic programme and not on wider issues.”It seems that Iran is ready for limited negotiations — in the sense that they will not extend beyond the nuclear issue,” said foreign policy analyst Rahman Ghahremanpour.Trump appeared to be seeking a “comprehensive agreement” covering Iran’s nuclear programme, missile capabilities — long criticised by Western governments — and its “axis of resistance”, a network of militant groups opposed to Israel.On Sunday, Iran’s mission to the United Nations said Tehran might consider talks only on “the potential militarisation” of its nuclear programme.”Should the aim be the dismantlement of Iran’s peaceful nuclear program… such negotiations will never take place,” it said in a statement.- ‘New expectations’ -After Trump revealed that he had sent the letter, Khamenei slammed what he called “bullying” by some governments, saying negotiations with them served only for them to exert dominance.”Negotiation is a path for them, a path to set new expectations,” he said in a speech on Saturday.”It is not just the nuclear issue that they are talking about now; they are setting new expectations that Iran will definitely not meet.”Khamenei, who has the final say on state matters, has warned that talks with the United States will not solve Iran’s problems, citing past experience.During his first term, which ended in January 2021, Trump reimposed heavy sanctions on Iran and pulled the United States out of the 2015 nuclear deal, calling it “the worst deal ever”.Tehran began rolling back its commitments to the agreement — formally the Joint Comprehensive Plan of Action — a year after Washington’s withdrawal. Efforts to revive the deal have since faltered.Millions of Iranians have struggled for years under crippling sanctions, which fuelled double-digit inflation and sent the rial plunging to 930,000 against the US dollar on the black market.Ghahremanpour said leaders in both countries are using “political rhetoric” to show “their own voter base” that they are negotiating from a position of strength.- ‘No choice’ -Ali Bigdeli, an international relations expert, said Iran appears to be “preparing, either through Russian mediation or other countries such as Saudi Arabia, to accept nuclear negotiations.”Iranian diplomats have recently held nuclear talks with Britain, France and Germany, along with separate discussions with Russia.On Wednesday, China announced it would host three-way nuclear talks with Russia and Iran later this week.Iran’s goal, according to Ghahremanpour, was to ensure that the United States “at least refrains from imposing new sanctions to prove its goodwill”.The UN atomic agency has warned that Iran has significantly increased its stockpile of highly enriched uranium to 60 percent purity — close to the 90 percent needed for an atomic bomb.Iran insists its nuclear programme is purely for peaceful purposes.Bigdeli dismissed the likelihood of military action against Iran, warning it “could set the Middle East on fire”.But he believes Iran has “no choice but to negotiate” with the United States.”Without talks with the West and sanctions relief, we cannot overcome these economic difficulties.”

2024-2025, un long hiver irrespirable au Pakistan

Pendant au moins 120 jours d’affilée, des dizaines de millions de Pakistanais ont dû survivre dans un air irrespirable, selon des données analysées par l’AFP qui révèlent les détails du pire hiver traversé par le pays, l’un des plus pollués au monde.Pendant six mois sans discontinuer à Lahore et quatre mois à Islamabad et dans la capitale économique Karachi, la concentration moyenne de particules fines a été au moins 20 fois supérieure à celle tolérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis leur installation en 2018, les capteurs de l’ambassade américaine s’affolent chaque hiver quand le “smog”, ce brouillard de pollution piégée dans de l’air froid, enveloppe Lahore (est) et ses 14 millions d’habitants.Cette année, ils sont passés dans le rouge dès octobre, un mois plus tôt qu’auparavant et dans des villes où le smog était autrefois plus clément. En novembre, 80% des 240 millions de Pakistanais assuraient à l’institut de sondage Ipsos avoir été touchés par cet épais nuage que la NASA voit désormais depuis l’espace et qui brûle la gorge, pique les yeux et peut provoquer angine ou asthme.Un tiers en avaient subi des conséquences directes, sur leur santé, ou indirectes: écoles fermées, chômage technique, interdiction de circuler…Au nom de ses concitoyens, Risha Rashid, militante du climat de 21 ans, a décidé de poursuivre les autorités pour faire valoir le “droit à respirer un air pur” qu’elles ont inscrit en 2023 dans la Constitution.Asthmatique, l’étudiante a dû se confiner une grande partie de l’hiver ratant jusqu’à ses examens. Elle dit porter plainte à Islamabad parce que la capitale “est en train de devenir un deuxième Lahore” et que “rien n’est fait pour y remédier”.- “En guerre” -Le Pendjab, la province de Lahore, a lancé en 2024 la “guerre contre le smog”. Son gouvernement a multiplié par dix le nombre de capteurs d’air, passés de trois à une trentaine, fixes et mobiles.Il a aussi répertorié, pour la première fois de son propre aveu, les usines pour envoyer régulièrement des fonctionnaires contrôler leurs émissions. Les briqueteries ont par exemple été forcées de changer leur méthode de fabrication.Le gouvernement a promis de louer à prix coûtant un millier de “super semoirs” pour en finir avec les brûlis agricoles et assure vouloir gérer les déchets pour éviter leur incinération.Mais il contrôle dans le même temps étroitement les capteurs privés, accusés de donner “des résultats erronés qui sèment la panique”. Une hérésie pour les chercheurs qui ont besoin de ces capteurs pour compléter des données gouvernementales, trop parcellaires.Quant à ses machines anti-smog, elles ne sont que des pansements sur des jambes de bois, estiment les experts.Les brumisateurs censés faire retomber la poussière en suspension sur les chantiers? “Les particules fines PM2.5, premier polluant, sont trop petites pour être arrêtées”, répond Ahmad Ali Gul, universitaire spécialisé dans la gestion de crise et des risques.La “tour anti-pollution” censée purifier l’air, inaugurée en décembre et retirée deux mois plus tard, officiellement pour “raisons techniques”? “C’est comme si vous mettiez un climatiseur en plein air pour lutter contre le changement climatique”, rétorque un expert sous couvert d’anonymat. “C’est aussi inefficace que les pluies artificielles déclenchées chaque année par avion”.- “La baignoire déborde” -“Quand une baignoire déborde, est-ce que vous prenez d’abord une serviette pour éponger ou est-ce que vous fermez le robinet?”, lance M. Gul.Pour lui, “il faut commencer par réduire les émissions avant de parler du meilleur moyen de se protéger du smog”.”Le gouvernement répète: ‘l’Inde est responsable’, ‘les agriculteurs sont des ennemis de la nation’, ‘les briqueteries sont la principale source de pollution’, mais il ne dit jamais un mot sur le transport”, poursuit-t-il.Et cela alors que la feuille de route gouvernementale estime le transport responsable de 83% des émissions à Lahore.La directrice de la cellule anti-smog, Sabah Ashgar, renvoie la balle dans le camp des constructeurs automobiles.Elle dit ne pas pouvoir “contraindre” les automobilistes, mais Islamabad promet que 30% des véhicules vendus au Pakistan en 2030 seront électriques, transport en commun inclus. Pour le moment, les premières voitures électriques chinoises mises sur le marché peinent à s’écouler dans un pays où 40% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.Et les autorités évacuent deux questions: comment vont-elles financer une telle révolution? Et pourquoi ne pas d’abord se débarrasser des carburants de mauvaise qualité utilisés massivement car moins chers?”Passer à un carburant plus propre aurait un effet immédiat”, assure pourtant Frank Hammes, PDG mondial de IQAir, société de surveillance de la qualité de l’air.D’ailleurs le Pakistan a déjà eu un avant-goût d’air pur: en 2020, lors du confinement anti-Covid quand usines et transports se sont arrêtés.”La qualité de l’air s’est tellement améliorée que pour la première fois depuis des années, nous pouvions même voir les étoiles à Lahore la nuit”, se souvient Umar Masood, directeur du centre Urban Unit, qui analyse les données sur la pollution pour le compte du gouvernement.Abdul Sattar Babar, directeur d’Ipsos Pakistan, plaide de son côté pour une prise de conscience collective.Aujourd’hui, 28% des Pakistanais rejettent le changement climatique ou ne se sentent pas personnellement responsables –bien au-dessus de la moyenne mondiale de 19%.”Lorsque vous arrivez à peine à vivre, les enjeux climatiques ne sont évidemment pas votre préoccupation première”, assure-t-il à l’AFP.

Portugal: après la chute du gouvernement, le président reçoit les partis, avec des élections à l’horizon

Au lendemain de la chute du gouvernement de centre-droit de Luis Montenegro, le président portugais reçoit pour des consultations mercredi les partis représentés au Parlement, avant de convoquer en fin de semaine des élections anticipées, selon le scénario le plus probable.   Empêtré dans une polémique sur un possible conflit d’intérêts, M. Montenegro, arrivé au pouvoir il y a un an mais sans majorité au Parlement, a été contraint à la démission mardi, après s’être soumis à un vote de confiance rejeté par les députés du Parti socialiste, de Chega et de l’extrême-gauche.Le chef de l’Etat, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, a désormais entre les mains l’issue de cette crise politique. Il recevait mercredi les leaders des partis représentés au Parlement qui plaident pour des élections anticipées.Les élections “doivent se tenir le plus rapidement possible”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’une rencontre avec sa famille politique, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) précisant que “toutes les conditions” étaient “réunies pour qu’elles se tiennent le 11 mai”.”Nous espérons que ce scrutin permettra (…)d’apporter la stabilité, a observé de son côté le secrétaire général du Parti socialiste, Pedro Nuno Santos, tandis que le leader de l’extrême-droite de Chega, André Ventura, a indiqué que le président semblait plutôt opter pour un scrutin le 11 mai. Le chef de l’Etat poursuivait dans l’après-midi ses entretiens avec les autres partis.Jeudi, il entendra jeudi le conseil d’Etat, un organe consultatif composé des plus hautes personnalités politiques, à partir de 15H00 GMT, avant de rendre publique sa décision, dès jeudi soir ou vendredi.Le chef de l’Etat a déjà indiqué la semaine dernière travailler sur “tous les scénarios”. Il peut, soit tenter, en négociant avec les partis, de former un nouveau gouvernement, ou dissoudre le Parlement et convoquer des élections législatives. La tenue d’un scrutin anticipé, sur un tour, pourrait avoir lieu le 11 ou le 18 mai, a déjà annoncé le président, et cela semble être le scénario le plus probable aujourd’hui. Le cas échéant, il s’agirait alors des troisièmes élections législatives au Portugal depuis janvier 2022.- “Incertitude politique” -M. Rebelo de Sousa s’est engagé à “agir vite” afin d’éviter que le pays ne plonge dans une situation d’instabilité. Il avait déjà opté pour la tenue d’élections anticipées après la démission en novembre 2023 du socialiste Antonio Costa, impliqué dans une affaire de trafic d’influence présumé. M. Costa, qui a toujours nié toute irrégularité, était devenu président du Conseil européen en juin 2024. Au cÅ“ur de la polémique qui a entraîné la chute de Luis Montenegro: une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l’activité est soumise à des concessions accordées par l’État.Luis Montenegro a déjà annoncé que cette entreprise serait désormais strictement détenue par ses enfants. Mais l’opposition continuait d’insister pour qu’il apporte davantage d’explications notamment dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire demandée par les socialistes.Le procureur général de la République Amadeu Guerra a indiqué mercredi avoir reçu trois plaintes visant l’entreprise de la famille du Premier ministre.”D’après les éléments que nous avons recueillis jusqu’à présent, il n’y a aucun fondement pour ouvrir une enquête”, a déclaré aux médias M. Guerra précisant que pour l’instant la justice analysait préventivement ces plaintes.M. Montenegro a déjà indiqué qu’il serait candidat à sa propre succession en cas d’élections anticipées.Cette crise “accroît l’incertitude politique à un moment où les risques extérieurs ont augmenté de manière significative”, a estimé mercredi la société de notation financière DBRS Morningstar, qui prévoit un distribution des sièges au Parlement semblable à l’actuelle, sans majorité absolue.

Portugal: après la chute du gouvernement, le président reçoit les partis, avec des élections à l’horizon

Au lendemain de la chute du gouvernement de centre-droit de Luis Montenegro, le président portugais reçoit pour des consultations mercredi les partis représentés au Parlement, avant de convoquer en fin de semaine des élections anticipées, selon le scénario le plus probable.   Empêtré dans une polémique sur un possible conflit d’intérêts, M. Montenegro, arrivé au pouvoir il y a un an mais sans majorité au Parlement, a été contraint à la démission mardi, après s’être soumis à un vote de confiance rejeté par les députés du Parti socialiste, de Chega et de l’extrême-gauche.Le chef de l’Etat, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, a désormais entre les mains l’issue de cette crise politique. Il recevait mercredi les leaders des partis représentés au Parlement qui plaident pour des élections anticipées.Les élections “doivent se tenir le plus rapidement possible”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’une rencontre avec sa famille politique, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) précisant que “toutes les conditions” étaient “réunies pour qu’elles se tiennent le 11 mai”.”Nous espérons que ce scrutin permettra (…)d’apporter la stabilité, a observé de son côté le secrétaire général du Parti socialiste, Pedro Nuno Santos, tandis que le leader de l’extrême-droite de Chega, André Ventura, a indiqué que le président semblait plutôt opter pour un scrutin le 11 mai. Le chef de l’Etat poursuivait dans l’après-midi ses entretiens avec les autres partis.Jeudi, il entendra jeudi le conseil d’Etat, un organe consultatif composé des plus hautes personnalités politiques, à partir de 15H00 GMT, avant de rendre publique sa décision, dès jeudi soir ou vendredi.Le chef de l’Etat a déjà indiqué la semaine dernière travailler sur “tous les scénarios”. Il peut, soit tenter, en négociant avec les partis, de former un nouveau gouvernement, ou dissoudre le Parlement et convoquer des élections législatives. La tenue d’un scrutin anticipé, sur un tour, pourrait avoir lieu le 11 ou le 18 mai, a déjà annoncé le président, et cela semble être le scénario le plus probable aujourd’hui. Le cas échéant, il s’agirait alors des troisièmes élections législatives au Portugal depuis janvier 2022.- “Incertitude politique” -M. Rebelo de Sousa s’est engagé à “agir vite” afin d’éviter que le pays ne plonge dans une situation d’instabilité. Il avait déjà opté pour la tenue d’élections anticipées après la démission en novembre 2023 du socialiste Antonio Costa, impliqué dans une affaire de trafic d’influence présumé. M. Costa, qui a toujours nié toute irrégularité, était devenu président du Conseil européen en juin 2024. Au cÅ“ur de la polémique qui a entraîné la chute de Luis Montenegro: une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l’activité est soumise à des concessions accordées par l’État.Luis Montenegro a déjà annoncé que cette entreprise serait désormais strictement détenue par ses enfants. Mais l’opposition continuait d’insister pour qu’il apporte davantage d’explications notamment dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire demandée par les socialistes.Le procureur général de la République Amadeu Guerra a indiqué mercredi avoir reçu trois plaintes visant l’entreprise de la famille du Premier ministre.”D’après les éléments que nous avons recueillis jusqu’à présent, il n’y a aucun fondement pour ouvrir une enquête”, a déclaré aux médias M. Guerra précisant que pour l’instant la justice analysait préventivement ces plaintes.M. Montenegro a déjà indiqué qu’il serait candidat à sa propre succession en cas d’élections anticipées.Cette crise “accroît l’incertitude politique à un moment où les risques extérieurs ont augmenté de manière significative”, a estimé mercredi la société de notation financière DBRS Morningstar, qui prévoit un distribution des sièges au Parlement semblable à l’actuelle, sans majorité absolue.

Detained pro-Palestinian activist denied legal calls, lawyer tells US court

A leader of US student protests against Israel’s war in Gaza slated for removal has been denied legal advice, a judge heard Wednesday, after US President Donald Trump vowed to deport foreign pro-Palestinian student demonstrators.Columbia University graduate Mahmoud Khalil, one of the most prominent faces of the protest movement that erupted in response to Israel’s conduct of the war, was arrested and taken to Louisiana over the weekend, sparking protests.The government has not accused Khalil of breaking any laws, suggesting instead that his permanent residency was being revoked over his involvement in the protests.His arrest has triggered outrage from critics of the Trump administration as well as free speech advocates, including some on the political right, who say such a move has a chilling effect on freedom of expression.Khalil had only spoken to lawyers on a monitored phone line from Louisiana and had not yet had a privileged conversation with them, his attorney Ramzi Kaseem told a federal court in New York Wednesday.He was “taken at night as he walked home with his wife and taken 1,000 miles away to Louisiana,” Kaseem told the court, noting Khalil’s wife, a US citizen, is eight months pregnant with their first child.Khalil was “detained and processed for deportation… because he was in advocacy of Palestinian rights.””Help us gain more regular access — we have not been able to confer — our access to our client is severely limited.”Judge Jesse Furman ordered that Khalil receive a daily call protected by client-attorney privilege, meaning the authorities cannot monitor its content. – ‘Prohibiting anti-Semitism’ –  There was no immediate decision on deportation, or on the legal question of where the case should be heard, with the government arguing it should be either New Jersey, where Khalil was processed, or Louisiana.Judge Furman set a deadline of Friday for the government to submit arguments to the court with a decision due on Monday.Outside the hearing, hundreds protested in support of Khalil, flying Palestinian flags and holding up banners, while actress Susan Sarandon was at court to back the detained man.US Secretary of State Marco Rubio denied Wednesday that the arrest was an attack on free speech.”Once you’re in this country on such a (student) visa, we will revoke it” for alleged support of Hamas, he said in Ireland on the way to a G7 meeting of foreign ministers. “And if you end up having a green card, not citizenship, but a green card as a result of that visa, while you’re here (doing) those activities, we’re going to kick you out. It’s as simple as that,” he said.The Department of Homeland Security, in announcing Khalil’s arrest, said it had acted “in support of President Trump’s executive orders prohibiting anti-Semitism, and in coordination with the Department of State.”On Tuesday, White House Press Secretary Karoline Leavitt said authorities had supplied a list of other Columbia students that officers were seeking to deport over their alleged participation in protests.The university — which has already seen $400 million in federal funding cut over accusations of not sufficiently addressing anti-Semitism — was not cooperating, she added.Campuses across the country were rocked last year by student protests against Israel’s war in Gaza, with some resulting in violent clashes involving police and pro-Israel counter-protesters.Trump and other Republicans have broadly accused the protesters of supporting Hamas, a US-designated terrorist group whose deadly attack on October 7, 2023 against Israel sparked the war.

Detained pro-Palestinian activist denied legal calls, lawyer tells US court

A leader of US student protests against Israel’s war in Gaza slated for removal has been denied legal advice, a judge heard Wednesday, after US President Donald Trump vowed to deport foreign pro-Palestinian student demonstrators.Columbia University graduate Mahmoud Khalil, one of the most prominent faces of the protest movement that erupted in response to Israel’s conduct of the war, was arrested and taken to Louisiana over the weekend, sparking protests.The government has not accused Khalil of breaking any laws, suggesting instead that his permanent residency was being revoked over his involvement in the protests.His arrest has triggered outrage from critics of the Trump administration as well as free speech advocates, including some on the political right, who say such a move has a chilling effect on freedom of expression.Khalil had only spoken to lawyers on a monitored phone line from Louisiana and had not yet had a privileged conversation with them, his attorney Ramzi Kaseem told a federal court in New York Wednesday.He was “taken at night as he walked home with his wife and taken 1,000 miles away to Louisiana,” Kaseem told the court, noting Khalil’s wife, a US citizen, is eight months pregnant with their first child.Khalil was “detained and processed for deportation… because he was in advocacy of Palestinian rights.””Help us gain more regular access — we have not been able to confer — our access to our client is severely limited.”Judge Jesse Furman ordered that Khalil receive a daily call protected by client-attorney privilege, meaning the authorities cannot monitor its content. – ‘Prohibiting anti-Semitism’ –  There was no immediate decision on deportation, or on the legal question of where the case should be heard, with the government arguing it should be either New Jersey, where Khalil was processed, or Louisiana.Judge Furman set a deadline of Friday for the government to submit arguments to the court with a decision due on Monday.Outside the hearing, hundreds protested in support of Khalil, flying Palestinian flags and holding up banners, while actress Susan Sarandon was at court to back the detained man.US Secretary of State Marco Rubio denied Wednesday that the arrest was an attack on free speech.”Once you’re in this country on such a (student) visa, we will revoke it” for alleged support of Hamas, he said in Ireland on the way to a G7 meeting of foreign ministers. “And if you end up having a green card, not citizenship, but a green card as a result of that visa, while you’re here (doing) those activities, we’re going to kick you out. It’s as simple as that,” he said.The Department of Homeland Security, in announcing Khalil’s arrest, said it had acted “in support of President Trump’s executive orders prohibiting anti-Semitism, and in coordination with the Department of State.”On Tuesday, White House Press Secretary Karoline Leavitt said authorities had supplied a list of other Columbia students that officers were seeking to deport over their alleged participation in protests.The university — which has already seen $400 million in federal funding cut over accusations of not sufficiently addressing anti-Semitism — was not cooperating, she added.Campuses across the country were rocked last year by student protests against Israel’s war in Gaza, with some resulting in violent clashes involving police and pro-Israel counter-protesters.Trump and other Republicans have broadly accused the protesters of supporting Hamas, a US-designated terrorist group whose deadly attack on October 7, 2023 against Israel sparked the war.

Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump, qui surenchérit

L’Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium imposés à minuit par Donald Trump, ce qui a poussé le président américain à promettre de nouvelles mesures de rétorsion.La Commission européenne a fait savoir qu’elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.L’UE “regrette profondément” les mesures décidées par le président Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était “forte mais proportionnée”.Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était “déconnectée de la réalité”.Donald Trump a ensuite promis de “répliquer”, accusant de nouveau l’Union européenne d’avoir été créée pour “profiter des Etats-Unis”. “Nous allons gagner cette bataille financière” contre l’UE, qui cherche selon lui à “s’en prendre aux entreprises américaines.”Les Etats-Unis “ne se laisseront plus maltraiter” par leurs partenaires commerciaux, a repris le président américain, soulignant au passage que les droits de douane dits “réciproques”, qui doivent entrer en vigueur le 2 avril, pourraient être “un peu plus que réciproques” dans certains cas.Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d’un pays lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.- “Protéger ses intérêts” -La Chine a de son côté affirmé être prête à prendre “toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes”, même si le marché américain n’est pas essentiel à ses exportations d’acier et aluminium.Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, a dénoncé de nouvelles taxes jugées “injustifiées et déraisonnables” par son ministre des Finances, Dominic LeBlanc.Il a ainsi annoncé que 25% de droits de douane seraient imposés sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.Le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, s’est cependant dit “prêt à (s)’asseoir avec le président Trump” pour discuter d’une “approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce”.Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent “sans exception et sans exemption”, avait-il assuré lors de leur annonce, début février.Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.- Outil protéiforme pour Trump -Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.Les Etats-Unis importent environ la moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l’automobile ou l’aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les boites de conserve.Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l’implantation d’entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (Aceum) – soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu’au 2 avril, date d’entrée en vigueur des droits de douane dits “réciproques”.Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus, poussant Pékin à annoncer des représailles, en particulier sur des produits agricoles provenant d’Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.D’autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d’imposer des droits de douane aux importations européennes.

Face à la Russie, les ambiguïtés d’une certaine droite française

La relativisation de la menace russe par plusieurs personnalités de droite, François Fillon en tête, illustre un rapport aussi ambigu qu’ancien de conservateurs français avec Moscou, qui se revendiquent du gaullisme, héritage qui leur est toutefois contesté.Volodymyr Zelensky? “Il a sa part de responsabilité dans le déclenchement de la guerre et il refuse aujourd’hui de (l)’arrêter”, a tranché la semaine dernière François Fillon dans un entretien à Valeurs actuelles. La Russie? “Une menace infiniment moindre” que l’islamisme, a poursuivi l’ancien Premier ministre.La guerre? Elle “aurait pu être évitée si les dirigeants occidentaux avaient cherché à en comprendre les causes plutôt que de se draper dans le camp du bien”, a encore estimé l’ancien administrateur de plusieurs sociétés russes.A droite, la contestation de quelque danger d’une extension du conflit – autant qu’un appel à une “paix” qui acterait la conquête de terres ukrainiennes par la Russie – compte ses promoteurs. Face à Vladimir Poutine, “est-ce qu’on a besoin d’être dans une provocation, d’être facteur d’escalade”, a ainsi interrogé dimanche l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin, pour mieux fustiger Emmanuel Macron.Lundi, c’est Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy (2007-2012), qui relevait que “si nous sommes agressifs, (…) faut pas s’étonner qu’on ait en face un Etat agressif”.Pour le politologue Pascal Perrineau, ces voix iconoclastes illustrent “une partie du personnel gaulliste”, supposément fidèles “à la volonté d’autonomie (de la France) lors de la guerre froide”, et qui veulent “préserver un certain équilibre entre l’alliance occidentale et la dialogue avec la Russie”. “Mais c’est un faux équilibre”, relève l’ancien patron du Centre de recherches politiques de Sciences Po.Chez LR, les deux prétendants à la présidence du parti qui se revendique héritier de la pensée du “Général”, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, se sont d’ailleurs désolidarisés des sorties de leurs “compagnons”, bien que le second fut longtemps un très proche de M. Fillon.- “Dénonciation du progressisme” -L’ambiguïté d’une certaine droite vis-à-vis de la Russie, voire de Vladimir Poutine, n’est pourtant pas nouvelle. Nicolas Sarkozy – dont François Fillon fut le Premier ministre, Hervé Morin le ministre et Henri Guaino le conseiller spécial à l’Elysée – n’avait-il pas plaidé dès août 2023 pour le “compromis” avec Moscou?Huit ans plus tôt, l’ancien président estimait que l’annexion de la Crimée procédait d’un “choix” entériné par un référendum, alors que sa régularité avait été contestée par la communauté internationale. A l’époque, une part conséquente de la droite était par ailleurs vent debout contre les sanctions prises par la France dirigée par François Hollande. De quoi, déjà, provoquer des factures: dans Le Monde, l’eurodéputé UMP (l’ancien nom de LR) Arnaud Danjean dénonçait alors une vision du gaullisme “mal digérée et dévoyée” et une “dérive de la droite française” qui, “à travers cette fascination poutinienne”, entretient “un recul philosophico-idéologique, à savoir le rejet du libéralisme politique”.”Si Poutine est aujourd’hui trop virulent pour être totalement accepté, il demeure une dénonciation du progressisme qui résonne chez certaines personnalités de droite: c’est de nature à plaire à des gens d’une mouvance conservatrice”, abonde auprès de l’AFP le chercheur Emilien Houard-Vial.Au passage, il note que MM. Guaino ou Morin se sont exprimés sur CNews, propriété de Vincent Bolloré, réputé partager un certain nombre de ces thèses: “Leurs discours leur donnent plus de chance d’être reçus sur ces chaînes que s’ils ne le tenaient pas”.Autre explication, selon ce spécialiste de la droite: “une vision de realpolitik, qui fait que si l’Ukraine menace les intérêts des agriculteurs français, alors il faut mettre fin à son soutien”.C’est d’ailleurs précisément sur ce terrain que s’aventure désormais Marine Le Pen, à la recherche d’une ligne de crête après avoir longtemps tressé des lauriers à Vladimir Poutine, reconnu elle aussi le référendum en Crimée, et prêté le flanc aux critiques pour avoir contracté un prêt russe.Dans un entretien au Figaro paru la semaine dernière, la triple candidate malheureuse à la présidentielle avait affirmé “partager totalement l’avis de François Fillon”, en ironisant: “Il y a peu de chances (que la Russie) ambitionne de venir jusqu’à Paris”. Elle reprenait alors la rhétorique de l’un de ses proches, Thierry Mariani, lui aussi ancien ministre de Nicolas Sarkozy et ancien co-président de l’association Dialogue franco-russe, selon qui “croire que les chars russes vont arriver à Paris ou à Lisbonne” était “farfelu”.