OpenAI achète des puces par millions sans en avoir les moyens, un pari sur l’avenir

Lancé ventre à terre dans la course à l’intelligence artificielle (IA), OpenAI passe commande de puces par centaines de milliards de dollars, des montants déconnectés de ses revenus actuels qui inquiètent une partie des investisseurs.En moins d’un mois, le géniteur de ChatGPT vient de s’engager auprès de Nvidia, AMD et Broadcom à acquérir des processeurs d’une puissance de 26 gigawatts (GW), ce qui représente au moins dix millions d’unités au total, nécessitant la production électrique de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires.”Il va leur falloir des centaines de milliards de dollars pour tenir leurs engagements”, résume Gil Luria, de la société de conseil financier D.A. Davidson.Mais OpenAI ne prévoit de réaliser qu’environ 13 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2025, perd plusieurs milliards chaque année et ne s’attend pas à être rentable avant 2029.Sollicité par l’AFP, le groupe s’est refusé à communiquer sur le financement de ce shopping effréné. Lors d’un entretien à la chaîne CNBC, le président d’OpenAI, Greg Brockman, a évoqué “différents mécanismes”, sans plus de précision.Egalement contactés par l’AFP, Nvidia, AMD et Broadcom n’en disent pas plus sur les modalités de paiement de ces processeurs essentiels dans le développement de l’IA.Dans le cas de Nvidia, le mastodonte de Santa Clara (Californie) s’est engagé à acquérir, sur plusieurs années, pour 100 milliards de dollars d’actions OpenAI, un apport d’argent frais qui peut permettre à l’enfant chéri de l’IA d’absorber une partie du coût des puces.Ce mécanisme est souvent qualifié de financement circulaire, un fournisseur offrant les moyens à un client de lui acheter ses biens ou services.AMD a, lui, accepté de donner des titres à son client, dont la valeur pourrait atteindre des dizaines de milliards de dollars, une opération très atypique car elle n’inclut aucune contrepartie.”C’est un autre exemple de comportement malsain”, pointe Gil Luria, qui témoigne, au passage, du fait qu'”AMD est prêt à tout pour écouler ses puces IA”.Le patron d’OpenAI Sam Altman “a le pouvoir de faire dérailler l’économie mondiale pour une décennie ou de nous emmener jusqu’à la terre promise”, a écrit l’analyste de Bernstein Stacy Rasgon. “Et à ce stade, nous ne savons pas comment ça se terminera.”- “Anticiper l’avalanche” -Lever du capital, auprès de Nvidia notamment, “ne sera pas du tout suffisant” pour régler la facture, estime Gil Luria, même avec une valorisation actuelle de 500 milliards de dollars, “donc il va surtout falloir s’endetter”.Certains évoquent des véhicules financiers ad hoc, qui emprunteraient les sommes nécessaires en apportant les puces comme garantie, une formule que vont utiliser Nvidia et xAI, concurrent d’OpenAI, dans le cadre d’un autre partenariat.La stratégie est d’autant plus osée que la start-up a notamment pour concurrent Google ou Meta qui, eux, dégagent des dizaines de milliards de dollars de trésorerie chaque année et ont une toute autre puissance de feu. Le terme de bulle spéculative revient de plus en plus souvent ces dernières semaines, de même que les comparaisons avec les investissements colossaux dans les infrastructures internet à la fin des années 90, le câble en particulier, en décalage avec le trafic encore modéré à l’époque.”Cela semble un peu différent cette fois”, tempère néanmoins Josh Lerner, professeur de finance à l’université d’Harvard, parce qu’il “est clair qu’il y a une vraie demande pour l’IA sous de nombreuses formes”.”Ils ont la croissance la plus forte qu’on ait jamais vue pour un éditeur de logiciels”, rappelle Angelo Zino, analyste de CFRA, au sujet d’OpenAI, avec plus de 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT, et “un écosystème qui grandit très rapidement”.”Nous cherchons avec cette industrie (des processeurs) comment anticiper l’avalanche de demande qui nous arrive”, a avancé Greg Brockman.”Le problème”, reconnaît Angelo Zino, “c’est leur manque de revenus, qui rend très difficile un financement classique. Donc nous pensons que ces partenariats font sens et nous ne les voyons pas comme problématiques.”Malgré des voix dissonantes, Wall Street garde, pour l’instant, le cap et continue de parier massivement sur les fleurons de l’IA.”C’est un dilemme”, selon Josh Lerner. “Comment se déterminer entre le potentiel futur (…) et le côté spéculatif de ces revenus anticipés?”

OpenAI achète des puces par millions sans en avoir les moyens, un pari sur l’avenir

Lancé ventre à terre dans la course à l’intelligence artificielle (IA), OpenAI passe commande de puces par centaines de milliards de dollars, des montants déconnectés de ses revenus actuels qui inquiètent une partie des investisseurs.En moins d’un mois, le géniteur de ChatGPT vient de s’engager auprès de Nvidia, AMD et Broadcom à acquérir des processeurs d’une puissance de 26 gigawatts (GW), ce qui représente au moins dix millions d’unités au total, nécessitant la production électrique de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires.”Il va leur falloir des centaines de milliards de dollars pour tenir leurs engagements”, résume Gil Luria, de la société de conseil financier D.A. Davidson.Mais OpenAI ne prévoit de réaliser qu’environ 13 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2025, perd plusieurs milliards chaque année et ne s’attend pas à être rentable avant 2029.Sollicité par l’AFP, le groupe s’est refusé à communiquer sur le financement de ce shopping effréné. Lors d’un entretien à la chaîne CNBC, le président d’OpenAI, Greg Brockman, a évoqué “différents mécanismes”, sans plus de précision.Egalement contactés par l’AFP, Nvidia, AMD et Broadcom n’en disent pas plus sur les modalités de paiement de ces processeurs essentiels dans le développement de l’IA.Dans le cas de Nvidia, le mastodonte de Santa Clara (Californie) s’est engagé à acquérir, sur plusieurs années, pour 100 milliards de dollars d’actions OpenAI, un apport d’argent frais qui peut permettre à l’enfant chéri de l’IA d’absorber une partie du coût des puces.Ce mécanisme est souvent qualifié de financement circulaire, un fournisseur offrant les moyens à un client de lui acheter ses biens ou services.AMD a, lui, accepté de donner des titres à son client, dont la valeur pourrait atteindre des dizaines de milliards de dollars, une opération très atypique car elle n’inclut aucune contrepartie.”C’est un autre exemple de comportement malsain”, pointe Gil Luria, qui témoigne, au passage, du fait qu'”AMD est prêt à tout pour écouler ses puces IA”.Le patron d’OpenAI Sam Altman “a le pouvoir de faire dérailler l’économie mondiale pour une décennie ou de nous emmener jusqu’à la terre promise”, a écrit l’analyste de Bernstein Stacy Rasgon. “Et à ce stade, nous ne savons pas comment ça se terminera.”- “Anticiper l’avalanche” -Lever du capital, auprès de Nvidia notamment, “ne sera pas du tout suffisant” pour régler la facture, estime Gil Luria, même avec une valorisation actuelle de 500 milliards de dollars, “donc il va surtout falloir s’endetter”.Certains évoquent des véhicules financiers ad hoc, qui emprunteraient les sommes nécessaires en apportant les puces comme garantie, une formule que vont utiliser Nvidia et xAI, concurrent d’OpenAI, dans le cadre d’un autre partenariat.La stratégie est d’autant plus osée que la start-up a notamment pour concurrent Google ou Meta qui, eux, dégagent des dizaines de milliards de dollars de trésorerie chaque année et ont une toute autre puissance de feu. Le terme de bulle spéculative revient de plus en plus souvent ces dernières semaines, de même que les comparaisons avec les investissements colossaux dans les infrastructures internet à la fin des années 90, le câble en particulier, en décalage avec le trafic encore modéré à l’époque.”Cela semble un peu différent cette fois”, tempère néanmoins Josh Lerner, professeur de finance à l’université d’Harvard, parce qu’il “est clair qu’il y a une vraie demande pour l’IA sous de nombreuses formes”.”Ils ont la croissance la plus forte qu’on ait jamais vue pour un éditeur de logiciels”, rappelle Angelo Zino, analyste de CFRA, au sujet d’OpenAI, avec plus de 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT, et “un écosystème qui grandit très rapidement”.”Nous cherchons avec cette industrie (des processeurs) comment anticiper l’avalanche de demande qui nous arrive”, a avancé Greg Brockman.”Le problème”, reconnaît Angelo Zino, “c’est leur manque de revenus, qui rend très difficile un financement classique. Donc nous pensons que ces partenariats font sens et nous ne les voyons pas comme problématiques.”Malgré des voix dissonantes, Wall Street garde, pour l’instant, le cap et continue de parier massivement sur les fleurons de l’IA.”C’est un dilemme”, selon Josh Lerner. “Comment se déterminer entre le potentiel futur (…) et le côté spéculatif de ces revenus anticipés?”

Un avion-cargo quitte la piste à Hong Kong: deux morts

Deux personnes sont mortes lundi à l’aéroport de Hong Kong quand un avion de transport de fret est sorti de la piste à l’atterrissage pour des raisons encore inconnues et a heurté un véhicule au sol avant de s’abîmer en mer.L’aéroport international de Hong Kong est l’un des plus fréquentés au monde pour le fret aérien et l’accident est l’un des plus graves depuis que la plateforme a commencé à fonctionner en 1998.L’appareil est un Boeing 744, une version du 747, selon le Département de l’aviation civile de Hong Kong.Le fuselage de l’appareil se trouve en partie sous l’eau, avec son dispositif d’évacuation d’urgence déployé, ont constaté sur place des journalistes de l’AFP. L’avant de l’avion est au-dessus de l’eau près du rivage. La queue de l’appareil est brisée.L’avion cargo en provenance des Emirats arabes unis “a quitté la piste nord à l’atterrissage et a traversé la clôture avant de s’écraser dans la mer” vers 04H00 (20H00 GMT dimanche), a déclaré Steven Yiu, directeur exécutif des opérations aéroportuaires de l’Autorité aéroportuaire de Hong Kong.”Malheureusement, une voiture de patrouille de sécurité de l’aéroport se trouvait là à ce moment-là. L’avion est entré en collision avec la voiture de patrouille et l’a projetée dans la mer”, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.Des plongeurs ont extrait les deux occupants de la voiture à environ cinq mètres du rivage.Les secours ont constaté le décès d’un homme de 30 ans sur place. Un autre, âgé de 41 ans, a succombé après avoir été transporté d’urgence à l’hôpital.Les quatre personnes à bord de l’avion ont été secourues et transportées à l’hôpital.- Aucun signal d’urgence envoyé -“Les conditions météorologiques et l’état de la piste étaient sûres”, a déclaré M. Yiu.Un schéma produit par les autorités montre l’avion effectuant un virage brusque sur la gauche à mi-piste. L’avion n’a pas envoyé de signal d’urgence et n’a pas répondu aux appels radio de l’aéroport, ont rapporté les autorités.La piste nord de l’aéroport a été temporairement fermée, ont indiqué les autorités. Les deux autres pistes continuent à fonctionner.L’accident ne devrait pas avoir de conséquences sur le trafic, a assuré M. Yiu.Un porte-parole d’Emirates Airlines a déclaré à l’AFP que l’appareil était “un avion de fret loué avec son équipage et exploité par Act Airlines”.”L’équipage est sain et sauf et il n’y avait pas de cargaison à bord”, a-t-il dit.Les services d’investigation spécialisés “vont enquêter activement sur les causes de l’accident”, a dit un porte-parole du Bureau de transport et de logistique.L’aéroport de Hong Kong a commencé à exploiter une troisième piste en novembre dernier. L’agrandissement de la plateforme a coûté 142 milliards de dollars de Hong Kong (18 milliards de dollars) et a nécessité huit ans de travaux.Les promoteurs du projet disent qu’il doit préserver la compétitivité internationale de l’aéroport.Le 747 de Boeing a démocratisé le transport aérien. L’avionneur américain a livré le dernier exemplaire de ce quadriréacteur en 2023, qui a fini par être dépassé par des appareils plus performants et économes en carburant. Il devrait toutefois continuer à voler pendant encore quelques décennies, notamment dans sa version cargo.

La branche navale de Thyssenkrupp démarre en fanfare à Francfort, sur fond de menace russe

TKMS, la branche navale du conglomérat allemand Thyssenkrupp, faisait une entrée fracassante lundi à la Bourse de Francfort, marquant l’indépendance du spécialiste des sous-marins dans une Europe se réarmant face à la menace russe.Vers 10H30 GMT, l’action TKMS se négociait au-dessus de 100 euros, après avoir été introduite à 60 euros vers 07H00 GMT sous les vivats du parquet de la Bourse, dépassant déjà les attentes des analystes.Le fabricant de sous-marins et de corvettes est ainsi valorisée environ 6,5 milliards d’euros, pour plus de 63 millions d’actions composant le capital.Depuis le début de la guerre en Ukraine, les budgets de la défense augmentent sensiblement en Europe, alors que les Etats-Unis de Donald Trump exhortent les 27 à prendre davantage en main leur propre sécurité.En Allemagne, les dépenses consacrées aux forces armées devraient atteindre 162 milliards d’euros en 2029, plus du triple du budget de la défense d’avant-guerre en Ukraine.”Nous franchissons une étape vers l’indépendance” et “c’est également un pas vers l’avenir de l’Europe”, a salué le patron de la branche Oliver Burkhardt dans un discours, avant d’agiter traditionnellement la cloche pour célébrer les débuts du négoce. Le leader mondial des sous-marins conventionnels s’éloigne ainsi de Thyssenkrupp, engagé dans une vaste restructuration de sa structure obsolète de conglomérat pour sortir de la crise.Le groupe d’Essen (ouest) garde néanmoins le contrôle sur TKMS, avec 51% des parts. Le reste est partagé avec les actionnaires du conglomérat, qui ont reçu vendredi une action TKMS pour 20 actions Thyssenkrupp détenues.”Nous avons besoin de cette flexibilité et de cette agilité, car les exigences à notre égard augmentent rapidement en raison des tensions géopolitiques croissantes”, a ajouté M. Burkhardt.En interview avec l’AFP lundi, Paul Glaser, directeur financier de TKMS, assure que l’entrée en bourse facilitera l’accès à des liquidités pour financer la croissance de l’entreprise et honorer les commandes.”Avant, nous faisions partie d’un conglomérat, maintenant nous pouvons vraiment nous concentrer sur la défense”, a-t-il assuré, constatant “une forte demande pour tous nos produits”.Bien que cette division ne représente qu’environ 6% du chiffre d’affaires de Thyssenkrupp en 2024, elle reste rentable grâce aux contrats avec plusieurs armées européennes et alliées et au dynamisme du réarmement européen, portant le carnet de commandes de TKMS à plus de 18 milliards d’euros.Son introduction en Bourse complique par ailleurs toute fusion avec d’autres acteurs européens, le gouvernement allemand ayant obtenu un droit de veto et un siège au conseil de surveillance pour protéger la technologie sensible des sous-marins.  L’entrée en Bourse de TKMS a profité de l’appétit des investisseurs pour les valeurs défense. Leurs cours ont progressé de plus de 100% sur un an à Francfort, avec le fabricant du char Léopard, Rheinmetall, le spécialiste de l’électronique Hensoldt et le fabricant de boîtes de vitesse pour engins militaires Renk.

Japon: accord pour une coalition, Sanae Takaichi parée pour devenir Première ministre

Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir au Japon a signé lundi un accord de coalition avec un nouveau partenaire, mettant fin à une crise politique aiguë et assurant à sa dirigeante Sanae Takaichi de devenir dès mardi la première femme à gouverner le pays.Mme Takaichi, nouvelle présidente du PLD (droite conservatrice), a ratifié devant la presse cet accord avec Hirofumi Yoshimura, co-dirigeant du Parti japonais pour l’innovation (Ishin), formation réformatrice de centre-droit.”Je suis impatient de collaborer avec vous pour renforcer l’économie japonaise et faire du Japon un pays responsable envers les générations futures”, a déclaré Sanae Takaichi à M. Yoshimura.Le puissant Parti libéral-démocrate, qui gouverne le Japon de manière quasi-ininterrompue depuis 1955, était dans la tourmente depuis l’implosion de sa traditionnelle coalition avec son petit allié centriste Komeito.Sanae Takaichi, 64 ans et aux positions ultra-nationalistes, semblait en bonne voie pour remplacer le Premier ministre démissionnaire Shigeru Ishiba, lorsqu’elle lui a succédé à la tête du PLD le 4 octobre à l’issue d’un scrutin interne. Mais le retrait de Komeito de la coalition gouvernementale le 10 octobre, après 26 ans de soutien, a plongé le Japon dans la crise politique, le PLD multipliant les discussions en vue d’une alliance alternative.Le PLD contrôle 196 sièges à la chambre basse du Parlement, et Ishin 35 sièges. Leur accord place la coalition menée par Mme Takaichi à seulement deux sièges de la majorité absolue nécessaire pour l’élire Première ministre lors d’un vote parlementaire prévu mardi. Elle est assurée de l’emporter au deuxième tour, à la majorité simple.Selon la presse nippone, les hauts responsables des deux partis avaient convenu vendredi que le PLD s’efforcerait de mettre en œuvre des propositions du Parti pour l’innovation, parmi lesquelles celle de ramener à zéro la taxe à la consommation sur les denrées alimentaires, actuellement fixée à 10%.Le PLD aurait également accepté la demande de M. Yoshimura de réduire le nombre de sièges au Parlement. -“Faire progresser le Japon”-“Je suis convaincu que nous partageons la même volonté de faire progresser le Japon. En tant que parti réformateur, nous partageons la même détermination à faire avancer les politiques que nous avons défendues”, a martelé lundi M. Yoshimura.La perspective de l’accord –et de politiques budgétaires pro-actives menées par Mme Takaichi– a fait bondir lundi de quelque 3% la Bourse de Tokyo, propulsant l’indice Nikkei à son plus haut niveau historique.Ancienne batteuse dans un groupe de heavy metal à l’université, Sanae Takaichi considère l’ex-dirigeante britannique conservatrice Margaret Thatcher comme son modèle politique.Au pouvoir, elle devra faire face aux défis posés par le vieillissement démographique, une dette colossale, les inquiétudes croissantes au sujet de l’immigration, une inflation tenace et une économie chancelante –qu’elle entend soutenir via des dépenses publiques accrues et des rabais fiscaux.Il ne devrait pas y avoir de poste ministériel confié à un membre du Parti pour l’innovation, avait précisé ce week-end la chaîne TV Asahi.-“Différente des autres”-Dans la ville de Nara (ouest), dont Mme Takaichi est originaire, on salue son ascension: “J’espère que cela apportera de réels changements, qu’elle fera du Japon un endroit plus facile à vivre pour les femmes”, déclare à l’AFP Keiko Yoshida, 39 ans, employée de bureau. Shigeji Kawai, 75 ans, gérant d’un magasin d’alcool, l’attend plutôt sur l’inflation et le coût de la vie “élevé”: “Je la trouve différente des autres, c’est quelqu’un qui s’exprime clairement et directement”, note-t-il.Mais Satoe Tominaga, retraitée de 77 ans qui avait jadis soutenu Takaichi localement, se montre plus circonspecte: “J’ai l’impression que les hommes sont un peu plus solides en matière de leadership. Elle vient de Nara, et je veux la soutenir. Mais oui, j’ai quelques inquiétudes. Les prix ont augmenté, c’est dur de s’en sortir”, souffle-t-elle.Le Premier ministre sortant, Shigeru Ishiba, avait pris ses fonctions en octobre 2024, mais sa coalition a depuis perdu sa majorité dans les deux chambres du Parlement, subissant la colère des électeurs face à l’inflation et à un scandale de “caisses noires” au sein du PLD. Un scandale à l’origine du départ de Komeito.Le vote parlementaire de mardi se tient avant la visite prévue fin octobre du président américain Donald Trump dans l’archipel, durant laquelle les taxes douanières américaines seront au coeur des discussions.

Japon: accord pour une coalition, Sanae Takaichi parée pour devenir Première ministre

Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir au Japon a signé lundi un accord de coalition avec un nouveau partenaire, mettant fin à une crise politique aiguë et assurant à sa dirigeante Sanae Takaichi de devenir dès mardi la première femme à gouverner le pays.Mme Takaichi, nouvelle présidente du PLD (droite conservatrice), a ratifié devant la presse cet accord avec Hirofumi Yoshimura, co-dirigeant du Parti japonais pour l’innovation (Ishin), formation réformatrice de centre-droit.”Je suis impatient de collaborer avec vous pour renforcer l’économie japonaise et faire du Japon un pays responsable envers les générations futures”, a déclaré Sanae Takaichi à M. Yoshimura.Le puissant Parti libéral-démocrate, qui gouverne le Japon de manière quasi-ininterrompue depuis 1955, était dans la tourmente depuis l’implosion de sa traditionnelle coalition avec son petit allié centriste Komeito.Sanae Takaichi, 64 ans et aux positions ultra-nationalistes, semblait en bonne voie pour remplacer le Premier ministre démissionnaire Shigeru Ishiba, lorsqu’elle lui a succédé à la tête du PLD le 4 octobre à l’issue d’un scrutin interne. Mais le retrait de Komeito de la coalition gouvernementale le 10 octobre, après 26 ans de soutien, a plongé le Japon dans la crise politique, le PLD multipliant les discussions en vue d’une alliance alternative.Le PLD contrôle 196 sièges à la chambre basse du Parlement, et Ishin 35 sièges. Leur accord place la coalition menée par Mme Takaichi à seulement deux sièges de la majorité absolue nécessaire pour l’élire Première ministre lors d’un vote parlementaire prévu mardi. Elle est assurée de l’emporter au deuxième tour, à la majorité simple.Selon la presse nippone, les hauts responsables des deux partis avaient convenu vendredi que le PLD s’efforcerait de mettre en œuvre des propositions du Parti pour l’innovation, parmi lesquelles celle de ramener à zéro la taxe à la consommation sur les denrées alimentaires, actuellement fixée à 10%.Le PLD aurait également accepté la demande de M. Yoshimura de réduire le nombre de sièges au Parlement. -“Faire progresser le Japon”-“Je suis convaincu que nous partageons la même volonté de faire progresser le Japon. En tant que parti réformateur, nous partageons la même détermination à faire avancer les politiques que nous avons défendues”, a martelé lundi M. Yoshimura.La perspective de l’accord –et de politiques budgétaires pro-actives menées par Mme Takaichi– a fait bondir lundi de quelque 3% la Bourse de Tokyo, propulsant l’indice Nikkei à son plus haut niveau historique.Ancienne batteuse dans un groupe de heavy metal à l’université, Sanae Takaichi considère l’ex-dirigeante britannique conservatrice Margaret Thatcher comme son modèle politique.Au pouvoir, elle devra faire face aux défis posés par le vieillissement démographique, une dette colossale, les inquiétudes croissantes au sujet de l’immigration, une inflation tenace et une économie chancelante –qu’elle entend soutenir via des dépenses publiques accrues et des rabais fiscaux.Il ne devrait pas y avoir de poste ministériel confié à un membre du Parti pour l’innovation, avait précisé ce week-end la chaîne TV Asahi.-“Différente des autres”-Dans la ville de Nara (ouest), dont Mme Takaichi est originaire, on salue son ascension: “J’espère que cela apportera de réels changements, qu’elle fera du Japon un endroit plus facile à vivre pour les femmes”, déclare à l’AFP Keiko Yoshida, 39 ans, employée de bureau. Shigeji Kawai, 75 ans, gérant d’un magasin d’alcool, l’attend plutôt sur l’inflation et le coût de la vie “élevé”: “Je la trouve différente des autres, c’est quelqu’un qui s’exprime clairement et directement”, note-t-il.Mais Satoe Tominaga, retraitée de 77 ans qui avait jadis soutenu Takaichi localement, se montre plus circonspecte: “J’ai l’impression que les hommes sont un peu plus solides en matière de leadership. Elle vient de Nara, et je veux la soutenir. Mais oui, j’ai quelques inquiétudes. Les prix ont augmenté, c’est dur de s’en sortir”, souffle-t-elle.Le Premier ministre sortant, Shigeru Ishiba, avait pris ses fonctions en octobre 2024, mais sa coalition a depuis perdu sa majorité dans les deux chambres du Parlement, subissant la colère des électeurs face à l’inflation et à un scandale de “caisses noires” au sein du PLD. Un scandale à l’origine du départ de Komeito.Le vote parlementaire de mardi se tient avant la visite prévue fin octobre du président américain Donald Trump dans l’archipel, durant laquelle les taxes douanières américaines seront au coeur des discussions.

Dans le nord-est ivoirien, des jihadistes et miliciens en encombrants voisins

“Après Dieu, ici c’est l’armée. Grâce à elle je dors tranquille, je me réveille le matin en paix”: face aux incursions de jihadistes venus du Burkina Faso voisin, l’armée ivoirienne est parvenue à sécuriser la frontière nord-est du pays et à rassurer en partie les populations.Mais la situation sécuritaire reste précaire sur cette frontière poreuse, où un nouvel acteur armé, les supplétifs civils de la junte au pouvoir au Burkina, font planer une menace supplémentaire, a constaté une équipe de l’AFP au cours d’une longue mission dans cette région désignée comme “rouge” par les chancelleries occidentales.”La présence de l’armée nous rassure. Si elle quitte la zone, moi je quitte le village”, commente Adama Ouattara, “président des jeunes” de Moro Moro (520 km au nord d’Abidjan).Polo crasseux qui contraste avec un sourire ravageur, ce paysan aux épaules de catcheur ne tarit pas d’éloges sur les militaires ivoiriens venus en patrouille ce jour-là visiter ce village perdu dans la brousse, à un jet de pierre de la frontière.Frappé par les jihadistes affiliés à Al-Qaida qui ont tué 16 soldats à Kafolo dans deux attaques en juin 2020 et mars 2021, le nord-est ivoirien n’a connu aucun incident notable depuis. La vie a repris son cours normalement, si ce n’est une forte présence militaire et une empreinte clairement renforcée de l’Etat, a-t-on constaté. Une situation qui tranche avec les violences qui s’étendent dans d’autres pays côtiers de la zone, comme le Bénin ou le Togo. – “Veille permanente” -A Kafolo, où les restes du camp attaqué ont été rasés pour y élever au milieu des herbes folles les murs de briques grisâtres du futur marché aux légumes, les villageois vont aux champs comme si de rien n’était.Le minaret beige de la mosquée domine ce modeste hameau traversé de pistes de terre rouge, où des biquettes broutent nonchalamment les détritus plastiques.Sur cette partie de la frontière clairement délimitée par le fleuve Comoé, le village est surtout envahi par les employés locaux à gilets fluos d’une entreprise de BTP en charge de bitumer deux axes routiers clés.La vigilance reste néanmoins de mise. “On arrête le travail en milieu d’après-midi. On ne circule jamais la nuit”, confie l’un d’eux.”Les jihadistes campent dans le village d’Alidougou, juste de l’autre côté du fleuve, à trois kilomètres de là”, rappelle en forme de mise en garde un vieux connaisseur de la zone.”Avant, on partait au Burkina prendre du maïs, du blé, des céréales… Maintenant on ne passe pas la frontière, on a aussi déserté les champs là-bas, c’est plus prudent”, explique Abdelrahman Ouattara, un autre “président des jeunes” dans la localité voisine de Tougbo.”À un moment, les jihadistes essayaient de recruter. Ils parlaient dans les mosquées. Ca fait un moment qu’on ne les voit plus”, assure ce “jeune” de 42 ans, sous le regard attentif du capitaine en charge de la patrouille motorisée du 1er Bataillon commando parachutiste.Au contact des villageois, les militaires ivoiriens vont ainsi à la pêche aux renseignements, à la recherche du moindre “fait suspect”, comportement “un peu bizarre” ou signalement de tout nouveau visage dans le coin.Près de 200 à 300 habitants Peuls qui vivaient là avant les attaques ont depuis “quitté le village avec leurs troupeaux” de vaches, lâche Tiémogo Bamba, le chef du village de Kafolo.Pour où? On ne sait pas vraiment… Dans ces régions de grande transhumance transfrontalière, les Peuls nomades sont souvent accusés de collusion avec les jihadistes par les autres communautés, agricultrices, Malinké, Lobi, Koulango et Mossi.- “Jusqu’au cou!” -Dans cette région de savane longtemps pauvre et délaissée, les “défis sécuritaires” sont “le terrorisme et l’orpaillage illégal”, a résumé mi-août le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, par ailleurs frère du président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et qui brigue ce 25 octobre un quatrième mandat.La situation “y est préoccupante mais sous contrôle”, a détaillé le ministre, décrivant une “posture de veille permanente” et un dispositif militaire renforcé ces dernières années qui a permis d’empêcher toute nouvelle “infiltration ou tentative d’attaques terroristes d’envergure”.Le voisinage immédiat de l’immense parc national de la Comoé, autrefois particulièrement riche en éléphants, lions, antilopes et bêtes de tout poils, nourrit les espoirs locaux d’une reprise du tourisme, malgré les mises en garde des ambassades occidentales.”Il y a de bonnes perspectives”, veut croire le député local, Abdoulaye Karim Diomandé. “Le déploiement sécuritaire est visible et très dissuasif, de gros efforts ont été faits, ça marche”.Aucun jihadiste n’a été arrêté ou récemment repéré dans le parc, tranchent toutes les sources interrogées sur place par l’AFP, qui a pu parcourir en profondeur les pistes de cette immense savane enchanteresse.”Les terroristes ne peuvent plus attaquer” le territoire ivoirien, “nous avons pris nos dispositions et nous les contenons”, affirme à l’AFP l’un des responsables militaires de la région, mettant en avant le “maillage de camps, postes et positions militaires” construits et disséminés en brousse tout le long de la frontière.”Mais les jihadistes sont implantés jusqu’au cou côté burkinabé. De nombreux villages y sont occupés. La menace existe toujours”, concède cette source. La junte au Burkina “veut nous faire croire que ça va, mais ça ne va pas du tout là-bas, les gens meurent en grand nombre”. “On a rétabli la situation. Elle peut dégénérer de nouveau à tout moment”, analyse un autre officier, confirmant cette idée d’un calme en trompe-l’oeil.- Commerce en berne -Car un autre danger se profile dans cette région ivoirienne du Bounkani, venu là aussi du Burkina: les VDP, acronyme pour “Volontaires pour la défense de la patrie”, ces supplétifs civils de l’armée burkinabè déployés pour lutter contre les jihadistes.Leur présence s’avère particulièrement problématique sur cette frontière poreuse, dans sa partie terrestre mal délimitée, lieux de nombreux commerces et trafics, chemin de la transhumance bovine, et où les populations vivent depuis toujours imbriquées.Ceci alors que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entretiennent des relations exécrables depuis l’arrivée au pouvoir il y a près de trois ans du capitaine putschiste et anti-impérialiste Ibrahim Traoré, à Ouagadougou. Le Burkina accuse régulièrement son voisin de déstabilisation, ce qu’Abidjan nie.Fin août, six fonctionnaires ivoiriens en charge des réfugiés, en mission dans un petit village frontalier, ont été kidnappés et emmenés au Burkina par des VDP, selon des sources locales. Quatre villageois ont par ailleurs été tués lors d’une incursion par des “individus armés non identifiés”, selon l’armée.Sur le principal poste-frontière de la région, à Doropo, l’entente reste en apparence cordiale, a constaté l’AFP. La frontière est ouverte. “On se salue avec les collègues voisins chaque matin”, commente l’adjudant Houyaou. Sous un soleil de plomb, piétons et vélos franchissent tranquillement la barrière. Deux gamins main dans la main venus du Burkina vont “chez le coiffeur” ivoirien installé sous une cahute au toit de tôle.”Là-bas, la police complique. Moi je ne traverse plus. On fait très attention. Le commerce transfrontalier a baissé de près de 50%”, explique Traoré Lacina, président des commerçants de Doropo. Les prix sur les marchés reflètent ce ralentissement des flux transfrontaliers: celui des vaches venues du Burkina, dont le nombre est passé de 400 têtes/jour à seulement une centaine, a  grimpé de près de 40%.- “Les mêmes peuples” -“Nous sommes les mêmes peuples. (…) Mais les gens ont peur désormais, c’est mieux que chacun reste chez lui”, déplore Sigué Ouattara, notable de la chefferie de l’ethnie Koulango.”Le problème désormais, ce sont les VDP, on ne peut pas parlementer avec eux”, abonde le président des commerçants.Diko Abderhaman, le représentant de la communauté peule, prise pour cible par le VDP, rappelle que des “milliers de réfugiés” de son ethnie ont quitté le Burkina ces dernières années. La Côte d’Ivoire accueille près de 70.000 Burkinabés ayant fui leur pays, dont 35.000 dans la seule région du Bounkani, selon le HCR. L’Etat ivoirien a construit et financé deux camps d’accueil, les autres vivent dans les communautés.Des arrivées massives qui “exercent une pression croissante sur les ressources locales”, a prévenu le HCR et qui vient parfois exacerber les tensions communautaires toujours sensibles.”L’arrivée des demandeurs d’asile”, comme on les appelle ici, “nous a fait peur, il y avait des terroristes parmi eux”, affirme Angeline Som, commerçante et présidente d’une ONG de femmes à Doropo, reflétant les inquiétudes de beaucoup.- Ivoiriens parmi les VDP -“Le problème jihadiste est sous contrôle à Bouna (la capitale provinciale)”, résume un journaliste local. “Le danger maintenant, ce sont les VDP, la guéguerre avec le Burkina, et, vue d’ici, les provocations du pays voisin”.”Des agents de la junte burkinabé à Bouna distillent rumeurs et fausses nouvelles”, affirme cet observateur. Tandis que “des jeunes qui vivent ici, des Burkinabè mais aussi des Ivoiriens, se sont enrôlés de l’autre côté chez les VDP”.”Des Burkinabè qui vivaient dans cette partie nord de la Côte d’Ivoire depuis des années sont allés se faire enrôler chez les VDP. Ils reviennent parfois dormir chez nous ou se reposer dans leurs familles. Et ils font des problèmes. Et il y a aussi des Ivoiriens”, confirme, inquiet, une très bonne source sécuritaire.Interrogé à ce propos, le ministre de la Défense, relevant la porosité de cette frontière et “leur processus de délimitation pour le moment suspendu”, avait reconnu “quelques tensions avec nos frères d’armes de part et d’autre de la frontière que nous essayons de régler rapidement dès qu’elles apparaissent et ce par la voie diplomatique”.”Nous avons pour consigne de ne pas répondre aux provocations”, lâche la source sécuritaire.Mais les habitants s’alarment. “Partout le long de cette frontière vous pouvez croiser les VDP”, souligne l’inspecteur vétérinaire Vincent Baret, en poste à Doropo.”Moi, comme fonctionnaire, je ne peux pas m’éloigner en brousse. Nos militaires ont à faire tous les jours avec les VDP. Ce sont juste des miliciens analphabètes, mais ils nous occupent l’esprit. Et nous inquiètent plus que les jihadistes désormais”.

Dans le nord-est ivoirien, des jihadistes et miliciens en encombrants voisins

“Après Dieu, ici c’est l’armée. Grâce à elle je dors tranquille, je me réveille le matin en paix”: face aux incursions de jihadistes venus du Burkina Faso voisin, l’armée ivoirienne est parvenue à sécuriser la frontière nord-est du pays et à rassurer en partie les populations.Mais la situation sécuritaire reste précaire sur cette frontière poreuse, où un nouvel acteur armé, les supplétifs civils de la junte au pouvoir au Burkina, font planer une menace supplémentaire, a constaté une équipe de l’AFP au cours d’une longue mission dans cette région désignée comme “rouge” par les chancelleries occidentales.”La présence de l’armée nous rassure. Si elle quitte la zone, moi je quitte le village”, commente Adama Ouattara, “président des jeunes” de Moro Moro (520 km au nord d’Abidjan).Polo crasseux qui contraste avec un sourire ravageur, ce paysan aux épaules de catcheur ne tarit pas d’éloges sur les militaires ivoiriens venus en patrouille ce jour-là visiter ce village perdu dans la brousse, à un jet de pierre de la frontière.Frappé par les jihadistes affiliés à Al-Qaida qui ont tué 16 soldats à Kafolo dans deux attaques en juin 2020 et mars 2021, le nord-est ivoirien n’a connu aucun incident notable depuis. La vie a repris son cours normalement, si ce n’est une forte présence militaire et une empreinte clairement renforcée de l’Etat, a-t-on constaté. Une situation qui tranche avec les violences qui s’étendent dans d’autres pays côtiers de la zone, comme le Bénin ou le Togo. – “Veille permanente” -A Kafolo, où les restes du camp attaqué ont été rasés pour y élever au milieu des herbes folles les murs de briques grisâtres du futur marché aux légumes, les villageois vont aux champs comme si de rien n’était.Le minaret beige de la mosquée domine ce modeste hameau traversé de pistes de terre rouge, où des biquettes broutent nonchalamment les détritus plastiques.Sur cette partie de la frontière clairement délimitée par le fleuve Comoé, le village est surtout envahi par les employés locaux à gilets fluos d’une entreprise de BTP en charge de bitumer deux axes routiers clés.La vigilance reste néanmoins de mise. “On arrête le travail en milieu d’après-midi. On ne circule jamais la nuit”, confie l’un d’eux.”Les jihadistes campent dans le village d’Alidougou, juste de l’autre côté du fleuve, à trois kilomètres de là”, rappelle en forme de mise en garde un vieux connaisseur de la zone.”Avant, on partait au Burkina prendre du maïs, du blé, des céréales… Maintenant on ne passe pas la frontière, on a aussi déserté les champs là-bas, c’est plus prudent”, explique Abdelrahman Ouattara, un autre “président des jeunes” dans la localité voisine de Tougbo.”À un moment, les jihadistes essayaient de recruter. Ils parlaient dans les mosquées. Ca fait un moment qu’on ne les voit plus”, assure ce “jeune” de 42 ans, sous le regard attentif du capitaine en charge de la patrouille motorisée du 1er Bataillon commando parachutiste.Au contact des villageois, les militaires ivoiriens vont ainsi à la pêche aux renseignements, à la recherche du moindre “fait suspect”, comportement “un peu bizarre” ou signalement de tout nouveau visage dans le coin.Près de 200 à 300 habitants Peuls qui vivaient là avant les attaques ont depuis “quitté le village avec leurs troupeaux” de vaches, lâche Tiémogo Bamba, le chef du village de Kafolo.Pour où? On ne sait pas vraiment… Dans ces régions de grande transhumance transfrontalière, les Peuls nomades sont souvent accusés de collusion avec les jihadistes par les autres communautés, agricultrices, Malinké, Lobi, Koulango et Mossi.- “Jusqu’au cou!” -Dans cette région de savane longtemps pauvre et délaissée, les “défis sécuritaires” sont “le terrorisme et l’orpaillage illégal”, a résumé mi-août le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, par ailleurs frère du président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et qui brigue ce 25 octobre un quatrième mandat.La situation “y est préoccupante mais sous contrôle”, a détaillé le ministre, décrivant une “posture de veille permanente” et un dispositif militaire renforcé ces dernières années qui a permis d’empêcher toute nouvelle “infiltration ou tentative d’attaques terroristes d’envergure”.Le voisinage immédiat de l’immense parc national de la Comoé, autrefois particulièrement riche en éléphants, lions, antilopes et bêtes de tout poils, nourrit les espoirs locaux d’une reprise du tourisme, malgré les mises en garde des ambassades occidentales.”Il y a de bonnes perspectives”, veut croire le député local, Abdoulaye Karim Diomandé. “Le déploiement sécuritaire est visible et très dissuasif, de gros efforts ont été faits, ça marche”.Aucun jihadiste n’a été arrêté ou récemment repéré dans le parc, tranchent toutes les sources interrogées sur place par l’AFP, qui a pu parcourir en profondeur les pistes de cette immense savane enchanteresse.”Les terroristes ne peuvent plus attaquer” le territoire ivoirien, “nous avons pris nos dispositions et nous les contenons”, affirme à l’AFP l’un des responsables militaires de la région, mettant en avant le “maillage de camps, postes et positions militaires” construits et disséminés en brousse tout le long de la frontière.”Mais les jihadistes sont implantés jusqu’au cou côté burkinabé. De nombreux villages y sont occupés. La menace existe toujours”, concède cette source. La junte au Burkina “veut nous faire croire que ça va, mais ça ne va pas du tout là-bas, les gens meurent en grand nombre”. “On a rétabli la situation. Elle peut dégénérer de nouveau à tout moment”, analyse un autre officier, confirmant cette idée d’un calme en trompe-l’oeil.- Commerce en berne -Car un autre danger se profile dans cette région ivoirienne du Bounkani, venu là aussi du Burkina: les VDP, acronyme pour “Volontaires pour la défense de la patrie”, ces supplétifs civils de l’armée burkinabè déployés pour lutter contre les jihadistes.Leur présence s’avère particulièrement problématique sur cette frontière poreuse, dans sa partie terrestre mal délimitée, lieux de nombreux commerces et trafics, chemin de la transhumance bovine, et où les populations vivent depuis toujours imbriquées.Ceci alors que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entretiennent des relations exécrables depuis l’arrivée au pouvoir il y a près de trois ans du capitaine putschiste et anti-impérialiste Ibrahim Traoré, à Ouagadougou. Le Burkina accuse régulièrement son voisin de déstabilisation, ce qu’Abidjan nie.Fin août, six fonctionnaires ivoiriens en charge des réfugiés, en mission dans un petit village frontalier, ont été kidnappés et emmenés au Burkina par des VDP, selon des sources locales. Quatre villageois ont par ailleurs été tués lors d’une incursion par des “individus armés non identifiés”, selon l’armée.Sur le principal poste-frontière de la région, à Doropo, l’entente reste en apparence cordiale, a constaté l’AFP. La frontière est ouverte. “On se salue avec les collègues voisins chaque matin”, commente l’adjudant Houyaou. Sous un soleil de plomb, piétons et vélos franchissent tranquillement la barrière. Deux gamins main dans la main venus du Burkina vont “chez le coiffeur” ivoirien installé sous une cahute au toit de tôle.”Là-bas, la police complique. Moi je ne traverse plus. On fait très attention. Le commerce transfrontalier a baissé de près de 50%”, explique Traoré Lacina, président des commerçants de Doropo. Les prix sur les marchés reflètent ce ralentissement des flux transfrontaliers: celui des vaches venues du Burkina, dont le nombre est passé de 400 têtes/jour à seulement une centaine, a  grimpé de près de 40%.- “Les mêmes peuples” -“Nous sommes les mêmes peuples. (…) Mais les gens ont peur désormais, c’est mieux que chacun reste chez lui”, déplore Sigué Ouattara, notable de la chefferie de l’ethnie Koulango.”Le problème désormais, ce sont les VDP, on ne peut pas parlementer avec eux”, abonde le président des commerçants.Diko Abderhaman, le représentant de la communauté peule, prise pour cible par le VDP, rappelle que des “milliers de réfugiés” de son ethnie ont quitté le Burkina ces dernières années. La Côte d’Ivoire accueille près de 70.000 Burkinabés ayant fui leur pays, dont 35.000 dans la seule région du Bounkani, selon le HCR. L’Etat ivoirien a construit et financé deux camps d’accueil, les autres vivent dans les communautés.Des arrivées massives qui “exercent une pression croissante sur les ressources locales”, a prévenu le HCR et qui vient parfois exacerber les tensions communautaires toujours sensibles.”L’arrivée des demandeurs d’asile”, comme on les appelle ici, “nous a fait peur, il y avait des terroristes parmi eux”, affirme Angeline Som, commerçante et présidente d’une ONG de femmes à Doropo, reflétant les inquiétudes de beaucoup.- Ivoiriens parmi les VDP -“Le problème jihadiste est sous contrôle à Bouna (la capitale provinciale)”, résume un journaliste local. “Le danger maintenant, ce sont les VDP, la guéguerre avec le Burkina, et, vue d’ici, les provocations du pays voisin”.”Des agents de la junte burkinabé à Bouna distillent rumeurs et fausses nouvelles”, affirme cet observateur. Tandis que “des jeunes qui vivent ici, des Burkinabè mais aussi des Ivoiriens, se sont enrôlés de l’autre côté chez les VDP”.”Des Burkinabè qui vivaient dans cette partie nord de la Côte d’Ivoire depuis des années sont allés se faire enrôler chez les VDP. Ils reviennent parfois dormir chez nous ou se reposer dans leurs familles. Et ils font des problèmes. Et il y a aussi des Ivoiriens”, confirme, inquiet, une très bonne source sécuritaire.Interrogé à ce propos, le ministre de la Défense, relevant la porosité de cette frontière et “leur processus de délimitation pour le moment suspendu”, avait reconnu “quelques tensions avec nos frères d’armes de part et d’autre de la frontière que nous essayons de régler rapidement dès qu’elles apparaissent et ce par la voie diplomatique”.”Nous avons pour consigne de ne pas répondre aux provocations”, lâche la source sécuritaire.Mais les habitants s’alarment. “Partout le long de cette frontière vous pouvez croiser les VDP”, souligne l’inspecteur vétérinaire Vincent Baret, en poste à Doropo.”Moi, comme fonctionnaire, je ne peux pas m’éloigner en brousse. Nos militaires ont à faire tous les jours avec les VDP. Ce sont juste des miliciens analphabètes, mais ils nous occupent l’esprit. Et nous inquiètent plus que les jihadistes désormais”.

Colombie: Washington a frappé un bateau d’une guérilla, Trump suspend des aides

Les Etats-Unis s’apprêtent à suspendre les aides financières à Bogota, après avoir annoncé dimanche une nouvelle frappe contre un navire dans les Caraïbes, le président américain Donald Trump accusant son homologue colombien Gustavo Petro d’être “un baron de la drogue”.Estimant que le locataire de la Maison Blanche était “trompé” par ses “conseillers”, M. Petro a estimé lundi sur son compte X que la politique antidrogue américaine avait “causé un million de morts en Amérique latine” et n’était qu'”un prétexte pour contrôler cette région”, notamment afin d'”obtenir le pétrole bon marché du Venezuela”.Cette politique “connue sous le nom de guerre contre la drogue, est une stratégie qui a échoué”, selon le premier président colombien de gauche. “C’est pourquoi des missiles tombent dans les Caraïbes, comme à Gaza, sur des bateaux transportant des personnes qui, qu’elles soient impliquées ou non dans le trafic de drogue, ont le droit de vivre”, a poursuivi M. Petro.D’après le chef du Pentagone, Pete Hegseth, la frappe a visé vendredi un bateau affilié à la guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) accusé de transporter de la drogue, et fait trois morts.Il s’inscrit dans le cadre d’une expansion de l’opération militaire de Washington dans la mer des Caraïbes, où sont déployés des navires de guerre américains, au large du Venezuela, depuis le mois d’août.Cette nouvelle offensive porte à au moins sept le nombre de bateaux ciblés par les forces américaines, et à au moins 30 le nombre de morts.Les experts s’interrogent sur la légalité de ces frappes contre des suspects ni interceptés ni interrogés.Gustavo Petro “ne fait rien pour arrêter” la production de drogue, a écrit dimanche le président américain Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant son homologue colombien d’être un “baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants” dans son pays. Avant de s’en prendre au président colombien, Donald Trump avait accusé le président vénézuelien Nicolas Maduro, d’être à la tête d’une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis.M. Trump a annoncé suspendre le versement des aides financières accordées à Bogota, sans préciser lesquelles.La Colombie est le pays d’Amérique du Sud recevant le plus d’aide financière des Etats-Unis, selon les données américaines, avec plus de 740 millions de dollars versés en 2023, dernière année dont les données sont disponibles.La moitié des versements sont dédiés à la lutte contre la drogue. Le reste soutient notamment des programmes humanitaires et alimentaires.- Relation au plus bas -A bord d’Air Force One, Donald Trump a aussi confirmé dimanche des propos du sénateur républicain Lindsey Graham assurant que “d’importants droits de douane” allaient être appliqués sur les produits colombiens, actuellement surtaxés à 10%.Jusqu’en septembre, Bogota était considéré comme un des 20 partenaires antidrogue des Etats-Unis, ce qui lui permettait de prétendre à d’importants versements financiers.Mais la Maison Blanche a révoqué ce statut, invoquant une production de cocaïne “record” et des “tentatives ratées” de négociations avec les “groupes narco-terroristes”.La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, avec un record de 2.600 tonnes en 2023, soit 53% de plus que l’année précédente, selon l’ONU. Des chiffres contestés par Gustavo Petro, qui dénonce des problèmes méthodologiques. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a impulsé un changement de paradigme dans la guerre contre la drogue et mise sur la lutte contre les problèmes sociaux qui alimentent les trafics.Les relations entre Bogota et Washington, historiquement alliés, ont atteint leur niveau le plus bas avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de Gustavo Petro.Ce dernier accuse Washington de violer la souveraineté des eaux nationales avec son offensive contre des bateaux soupçonnés de trafic de drogue. Il affirme aussi qu’il a tué un pêcheur lors d’une de ces attaques.Deux survivants d’une frappe américaine contre un sous-marin en mer des Caraïbes ont été renvoyés dans leur pays d’origine, la Colombie et l’Equateur. “Je m’en fiche (…) tant qu’ils n’introduisent pas de poison dans notre pays”, a déclaré dimanche le vice-président des Etats-Unis, JD Vance.La Colombie, plongée dans une guerre civile depuis plus d’un demi-siècle entre guérillas, narcotrafiquants et forces gouvernementales, connaît sa pire crise sécuritaire de la dernière décennie.

Colombie: Washington a frappé un bateau d’une guérilla, Trump suspend des aides

Les Etats-Unis s’apprêtent à suspendre les aides financières à Bogota, après avoir annoncé dimanche une nouvelle frappe contre un navire dans les Caraïbes, le président américain Donald Trump accusant son homologue colombien Gustavo Petro d’être “un baron de la drogue”.Estimant que le locataire de la Maison Blanche était “trompé” par ses “conseillers”, M. Petro a estimé lundi sur son compte X que la politique antidrogue américaine avait “causé un million de morts en Amérique latine” et n’était qu'”un prétexte pour contrôler cette région”, notamment afin d'”obtenir le pétrole bon marché du Venezuela”.Cette politique “connue sous le nom de guerre contre la drogue, est une stratégie qui a échoué”, selon le premier président colombien de gauche. “C’est pourquoi des missiles tombent dans les Caraïbes, comme à Gaza, sur des bateaux transportant des personnes qui, qu’elles soient impliquées ou non dans le trafic de drogue, ont le droit de vivre”, a poursuivi M. Petro.D’après le chef du Pentagone, Pete Hegseth, la frappe a visé vendredi un bateau affilié à la guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN) accusé de transporter de la drogue, et fait trois morts.Il s’inscrit dans le cadre d’une expansion de l’opération militaire de Washington dans la mer des Caraïbes, où sont déployés des navires de guerre américains, au large du Venezuela, depuis le mois d’août.Cette nouvelle offensive porte à au moins sept le nombre de bateaux ciblés par les forces américaines, et à au moins 30 le nombre de morts.Les experts s’interrogent sur la légalité de ces frappes contre des suspects ni interceptés ni interrogés.Gustavo Petro “ne fait rien pour arrêter” la production de drogue, a écrit dimanche le président américain Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant son homologue colombien d’être un “baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants” dans son pays. Avant de s’en prendre au président colombien, Donald Trump avait accusé le président vénézuelien Nicolas Maduro, d’être à la tête d’une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis.M. Trump a annoncé suspendre le versement des aides financières accordées à Bogota, sans préciser lesquelles.La Colombie est le pays d’Amérique du Sud recevant le plus d’aide financière des Etats-Unis, selon les données américaines, avec plus de 740 millions de dollars versés en 2023, dernière année dont les données sont disponibles.La moitié des versements sont dédiés à la lutte contre la drogue. Le reste soutient notamment des programmes humanitaires et alimentaires.- Relation au plus bas -A bord d’Air Force One, Donald Trump a aussi confirmé dimanche des propos du sénateur républicain Lindsey Graham assurant que “d’importants droits de douane” allaient être appliqués sur les produits colombiens, actuellement surtaxés à 10%.Jusqu’en septembre, Bogota était considéré comme un des 20 partenaires antidrogue des Etats-Unis, ce qui lui permettait de prétendre à d’importants versements financiers.Mais la Maison Blanche a révoqué ce statut, invoquant une production de cocaïne “record” et des “tentatives ratées” de négociations avec les “groupes narco-terroristes”.La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, avec un record de 2.600 tonnes en 2023, soit 53% de plus que l’année précédente, selon l’ONU. Des chiffres contestés par Gustavo Petro, qui dénonce des problèmes méthodologiques. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a impulsé un changement de paradigme dans la guerre contre la drogue et mise sur la lutte contre les problèmes sociaux qui alimentent les trafics.Les relations entre Bogota et Washington, historiquement alliés, ont atteint leur niveau le plus bas avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et de Gustavo Petro.Ce dernier accuse Washington de violer la souveraineté des eaux nationales avec son offensive contre des bateaux soupçonnés de trafic de drogue. Il affirme aussi qu’il a tué un pêcheur lors d’une de ces attaques.Deux survivants d’une frappe américaine contre un sous-marin en mer des Caraïbes ont été renvoyés dans leur pays d’origine, la Colombie et l’Equateur. “Je m’en fiche (…) tant qu’ils n’introduisent pas de poison dans notre pays”, a déclaré dimanche le vice-président des Etats-Unis, JD Vance.La Colombie, plongée dans une guerre civile depuis plus d’un demi-siècle entre guérillas, narcotrafiquants et forces gouvernementales, connaît sa pire crise sécuritaire de la dernière décennie.