L’ultime bataille de villageois sierra-léonais contre la déforestation massive de leurs régions

En plein cÅ“ur d’un parc national et d’une forêt tropicale censée être protégée près de Freetown, Aminata Sankoh, veuve et mère de sept enfants, s’apprête sans état d’âme à mettre le feu à des dizaines de troncs pour produire du charbon de bois, une des activités illégales menaçant de manière dramatique ce pays déjà très vulnérable au réchauffement climatique.Face à elle, Caesar Senesie, à la tête d’une unité de villageois déployée pour surveiller leurs forêts, initiative inédite, s’époumone: “Tu dis que ça ne t’affecte pas, que les arbres seront replantés, mais cette déforestation, c’est tes arrière-petits-enfants qui vont en payer le prix !”   A perte de vue, l’ampleur de cette déforestation dans la précieuse forêt tropicale humide et dans ce qui reste de forêt primaire est édifiante, comme dans toute la zone du Parc national de la péninsule de la région ouest bordant la capitale Freetown. Le parc est aussi déforesté par des plantations de marijuana – le pays est gangréné par les problèmes de drogue – et l’accaparement de terres à cause de la pression démographique. Sur les 18.000 hectares de forêt du parc, presque un tiers (5.600 hectares) ont été perdus ou gravement dégradés depuis 2012. Le parc subit une “déforestation intensive: 715 hectares – l’équivalent de 1.330 terrains de foot – ont disparu ou ont été gravement dégradés” en 2024, s’alarme le Programme alimentaire mondial (PAM). Il abrite pourtant 80 à 90% de la biodiversité de Sierra Leone, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). La Sierra Leone est en outre le 11e pays au monde le plus vulnérable au changement climatique, selon l’Indice mondial d’adaptation Notre-Dame.  Il faut s’enfoncer dans le parc et la montagne pour trouver les sites illégaux de fabrication de charbon de bois, un combustible bon marché, seule façon pour nombre de Sierra-Léonais de faire la cuisine face aux coupures d’électricité et à la cherté de l’énergie. Une équipe de l’AFP a pu exceptionnellement s’y rendre. – Survie -Des groupes d’hommes, sous 35°C de chaleur humide, s’épuisent à ce travail de forçat. Les troncs d’arbres sont empilés, recouverts de pierres, consumés pendant des jours et nuits.Près d’Aminata Sankoh, une meule de plusieurs mètres d’envergure commence à fumer. Pour elle comme pour les autres personnes du site, toutes très pauvres, c’est une activité de survie.  Les traits épuisés, Mme Sankoh, 45 ans, évoque le décès de son mari il y a quatre ans. Pour nourrir ses enfants et payer des frais de scolarité, elle a dû exercer un métier informel: casser des pierres dans le bâtiment. “C’était devenu trop dur… j’ai décidé de venir dans la forêt pour faire du charbon de bois”, il y a deux ans, raconte-t-elle. “Je n’ai pas d’autre choix…” Face aux défaillances en matière de protection contre ces activités et contre les incendies pour déforester et s’accaparer la terre, des unités d’une quarantaine de villageois volontaires ont été mobilisées.”Même la nuit, si un feu se déclenche, j’appelle mes gars et on s’y rend”, lance Caesar Senesie. “On a reçu des outils et des bottes, on les utilise pour contenir l’incendie”. Cette initiative est menée par l’ONG Environmental Foundation for Africa (EFA), missionnée depuis un an et jusqu’en 2028 par le gouvernement et le Programme des Nations unies pour le développement pour restaurer 2.000 hectares dans le parc.”Les gens continuent ces activités illégales parce qu’ils pensent pouvoir le faire impunément”, déplore Tommy Garnett, activiste réputé et fondateur de l’EFA. Il pointe “la pauvreté, l’ignorance et la cupidité”, ajoutant: “Toute cette situation conduit à la destruction de notre héritage environnemental à une vitesse alarmante…” – “Déforestation massive” -Face à l’inefficacité et la corruption présumée d’une partie des gardes forestiers qui, sous-équipés et sous-payés, ferment parfois les yeux, l’EFA fait le pari d’impliquer les communautés qui sont les premières à souffrir de cette déforestation. “Depuis le 7 février, nous rémunérons ces villageois pour patrouiller quotidiennement. Nous en avons appris tellement plus ces derniers mois sur ce qui se passe dans la forêt qu’en 10 ans que ces gardes forestiers patrouillent…”, relève Tommy Garnett. L’ONG a aussi replanté 103.000 arbres depuis un an, l’objectif étant 500.000 de plus d’ici 2028. Les volontaires font des rapports, recueillent des preuves et des photographies qui permettent l’organisation de raids par les autorités. “Nous les villageois, nous sommes la solution pour protéger la forêt”, assure Caesar Senesie, en contemplant les canopées vert émeraude en haut des montagnes. A une dizaine de kilomètres de là, une seconde unité de villageois, ulcérés par la forêt partant en fumée dans leur localité de Mile 13, participe au projet avec à sa tête Sulaiman Barrie.Derrière lui, le feu couve encore: par deux fois fin avril, des individus ont déclenché des incendies. “Nous sommes ici dans une zone protégée et où de nombreux animaux vivent”, se lamente-t-il.A 22 ans, Savana Beah a rejoint le groupe de volontaires en février. “Quand j’étais enfant, on venait ici ramasser des mangues. Maintenant la zone est presque totalement déforestée…”, déplore-t-elle.”On patrouille tous les soirs”, dit-elle. “Je dois participer à protéger ma communauté et ma forêt”. Tamba Dauda, haut responsable au ministère des Terres, dit à l’AFP être “conscient de la déforestation massive” de cette région. Il pointe des pratiques opaques d’attribution des terres par de précédentes autorités et met en avant les efforts du gouvernement, le vote de lois plus sévères et la mise en place d’une unité de police spécialisée dans ces crimes fonciers.Pour sa part, Joseph Rahall, expert environnemental et fondateur de l’ONG Green Scenery, est catégorique: “On a dépassé le stade de l’urgence…”. “Au rythme auquel la déforestation est pratiquée et si on ne gère pas mieux cette région de la péninsule ouest, dans 10 à 15 ans, il n’y aura plus de forêt”, assène-t-il.

Indonesia allowing nickel industry abuses to go unchecked: report

The Indonesian government is allowing environmental damage including deforestation and violations against Indigenous people to go unchecked around a multi-billion dollar industrial park on a once-pristine eastern island, a report said Thursday.Indonesia is both the world’s largest nickel producer, and home to the biggest-known reserves, and a 2020 export ban has spurred a domestic industrial boom.Operations have grown around Weda Bay, the world’s largest nickel mine by production, on Halmahera island as Indonesia exploits the metal reserves used in everything from electric vehicle batteries to stainless steel.Climate Rights International (CRI) said companies had caused a spike in air and water pollution and deforestation around the industrial park, accusing the government of ignoring their conduct.”The Indonesian government is giving a green light to corporate practices that prioritise profits over the rights of local communities and the environment,” Krista Shennum, researcher at Climate Rights International, told AFP.”The Indonesian government should immediately hold companies accountable. This could include civil penalties, criminal prosecutions, or rescinding permits.”Much of the park’s nickel is sourced by Weda Bay Nickel (WBN), a joint venture of Indonesian mining firm Antam and Singapore-based Strand Minerals, with shares divided between French mining giant Eramet and Chinese steel major Tsingshan. An AFP report last week detailed how the home of the nomadic Hongana Manyawa tribe was being eaten away by the world’s largest nickel mine, with members issuing a call for nickel companies to leave their tribal lands alone.- ‘Criminalisation, harassment’ -Locals have reported a rise in air pollution from nickel processing smelters and rivers polluted by nickel tailings in soil brought down by heavy rain.Water tests by Indonesian NGOs AEER, JATAM, and Nexus3 Foundation in 2023 and 2024 “revealed dangerously high levels of nickel and hexavalent chromium, among other pollutants”, the report said.”(Companies) are failing local communities by not making information about the safety of important drinking water sources publicly available and accessible,” said Shennum.Both WBN and Eramet told AFP last week they work to minimise impacts on the environment, including conducting water tests.CRI also said Indonesian and foreign companies in coordination with police and military personnel had “engaged in land grabbing, coercion and intimidation” of Indigenous peoples and other communities.Local activists and students opposing the industrial park have “faced criminalisation, harassment and smear campaigns”, the report said.Weda Bay Nickel and the Indonesian government did not immediately respond to a request for comment.But Indonesia’s energy ministry told AFP last week it was committed to “protecting the rights of Indigenous peoples and ensuring that mining activities do not damage their lives and environment”.

Qualifs. Mondial-2026: baptême du feu pour Ancelotti à la tête du Brésil

L’heure de vérité a sonné pour Carlo Ancelotti: pour sa première à la tête d’une Seleçao aux abois, le sélectionneur italien, attendu comme le messie par tout le Brésil, affronte l’Equateur jeudi à Guayaquil en match des qualifications pour le Mondial-2026.L’équipe Auriverde, quatrième du classement de la zone sud-américaines à quatre journées de la fin, devrait tout de même, sauf catastrophe, finir par composer son billet pour la prochaine Coupe du monde qui aura lieu dans un an au Mexique, Canada et Etats-Unis.L’affaire pourrait même être bouclée mardi prochain face au Paraguay, à Sao Paulo.Mais les quintuples champions du monde cherchent surtout un nouvel élan, après une série de prestations indignes de leur rang.Ils se doivent de rebondir après la raclée monumentale subie 4-1 à Buenos Aires face aux rivaux historiques argentins, qui avait entraîné le limogeage fin mars de Dorival Junior, prédécesseur d’Ancelotti.”Ce nouveau départ, cette énergie (…) nous redonnent de l’espoir en ce moment difficile”, a déclaré mardi en conférence de presse à Sao Paulo le défenseur du PSG Marquinhos.”D’abord, il faut se qualifier, et après, préparer le Mondial”, avait souligné le technicien italien de 65 ans la semaine dernière, lors de sa présentation officielle en grande pompe, à Rio de Janeiro.- Sans Neymar… -“Nous devons exploiter en peu de temps la qualité dont nous disposons (…) La qualité est là. Je crois que nous allons bien nous en sortir et construire une équipe capable de rivaliser avec n’importe quel adversaire”, avait-il ajouté.Et son premier défi ne sera pas une mince affaire, face à des Équatoriens actuellement deuxièmes et invaincus à domicile lors de ces qualifications sud-américaines, comptant deux points d’avance sur le Brésil et huit de moins que les leaders Argentins, champions du monde en titre.Au point que “l’Equateur est favori face au Brésil et contre le Paraguay ce sera également très compliqué”, estime auprès de l’AFP le chroniqueur sportif brésilien Juca Kfouri.Au match aller, en septembre dernier, la Seleçao avait battu l’Equateur 1-0, à Curitiba. Le but de la victoire avait été inscrit par Rodrygo, qui jouait encore sous les ordres d’Ancelotti au Real Madrid il y a quelques semaines, mais n’a pas été retenu pour les matches de jeudi et mardi prochain en raison d’une blessure.Autre absent notable: Neymar, meilleur buteur de l’histoire de la Seleçao, jugé trop juste physiquement par le nouveau sélectionneur alors qu’il revient d’une énième blessure.- …Avec Casemiro -Mais “Carletto” comptera sur Vinicius Junior, une des grandes star de son Real ces dernières saisons, qui peine toutefois à évoluer à son meilleur niveau en sélection.”C’est un joueur extraordinaire. Les joueurs Brésiliens sont très attachés à leur équipe nationale (…) et parfois, la pression peut leur faire du tort. Mais je suis convaincu qu’on aura sa meilleure version”, a déclaré l’Italien.Même constat pour Raphinha, étincelant cette saison avec le FC Barcelone, mais loin d’être aussi décisif avec la Seleçao.”Je crois que ces problèmes de joueurs qui brillent en club et pas en sélection seront résolus par Ancelotti”, estime pour sa part l’ancien attaquant de légende Romario, grand artisan du titre mondial du Brésil en 1994, lors d’un entretien à la chaîne brésilienne TNT Sports.Le nouveau sélectionneur du Brésil devra également régler le problème du milieu de terrain, qui a pris l’eau en mars contre l’Argentine.Il a fait le choix de l’expérience, rappelant un autre de ses anciens protégés au Real, Casemiro, 33 ans, aujourd’hui à Manchester United, qui n’a pas joué en équipe nationale depuis 2023.Le match de jeudi à Guayaquil verra en outre deux défenseurs parisiens se livrer un duel à distance, Willian Pacho pour l’Equateur et Marquinhos côté brésilien, tout juste auréolés de la Ligue des Champions.

Ligue des nations: Lamine Yamal a rendez-vous avec l’histoire

Candidat au Ballon d’Or à seulement 17 ans, le prodige du FC Barcelone Lamine Yamal a l’occasion de marquer un peu plus les esprits jeudi en demi-finale de la Ligue des nations face à la France de Dembélé et Mbappé, ses principaux concurrents.Près d’un an après son coup d’éclat en demi-finale de l’Euro-2024, remporté ensuite avec la Roja, le destin doré du jeune gaucher s’écrira encore en Allemagne… et face aux Bleus.L’adolescent catalan, intenable sur son côté droit et auteur du plus beau but du tournoi lors de cette rencontre – gagnée 2-1 par l’Espagne – a à nouveau rendez-vous avec l’histoire, pour cimenter un peu plus sa place à la table des très grands. A seulement 17 ans, Yamal s’y est assurément installé cette saison en menant le Barça vers un triplé (Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d’Espagne) et en brillant sur la scène européenne – malgré une élimination cruelle en demi-finale de C1 face à l’Inter.L’ailier barcelonais, lauréat l’an dernier du trophée Kopa du meilleur espoir mondial et du prix Laureus de la révélation de l’année 2024, n’a pas pu éviter les débats concernant sa place parmi les favoris au Ballon d’Or.”Je ne pense pas à gagner le Ballon d’Or. Je pense à prendre du plaisir, à bien jouer et si cette récompense doit venir, elle viendra”, a déclaré Yamal dans une interview à la radio COPE. – “Si vous voulez le jouer jeudi…” -Interrogé sur l’importance que ce match pourrait avoir dans la course face à Ousmane Dembélé, vainqueur de la Ligue des champions avec le PSG, ou Kylian Mbappé, Soulier d’Or européen, le jeune prodige a accepté le défi: “Moi, je voterais pour le meilleur joueur de l’année, pas sur un seul match. Mais si vous voulez le jouer jeudi, nous le jouerons jeudi”, a-t-il répondu. Un avertissement à prendre au sérieux pour les Bleus, qui avaient dû s’incliner l’an dernier à Munich devant le talent du phénomène espagnol, surmotivé à l’époque par une déclaration d’Adrien Rabiot jugeant que Yamal devrait “en faire plus” pour éliminer la France.”Avant le match de l’Euro contre la France, je dormais et soudain, je me suis réveillé avec un appel d’un ami qui m’a dit : +Tu te souviens de ce qu’a dit Rabiot sur toi ?+”, raconte-t-il. “Je lui ai répondu de ne pas s’inquiéter et que je m’en souvenais. Le match a commencé, j’ai regardé vers les tribunes et j’ai vu le geste de mon ami me disant de me souvenir de ce qu’il avait dit. Ensuite, cela m’a motivé et je me suis mis à courir sans m’arrêter”, a-t-il poursuivi.”Lamine aime fermer des bouches. Si des gens doutent de lui, il est encore plus motivé. Et après, regardez ce qui arrive: il nous fait gagner des matches décisifs et éliminatoires”, a résumé son coéquipier Pau Cubarsi à Radio Marca.Derniers exemples en date: les demi-finales de Ligue des champions face à l’Inter, les “Clasicos” face au Real Madrid ou encore le quart de finale de la Ligue des nations contre les Pays-Bas (qualification aux tirs au but), où il avait inscrit le plus beau but de sa jeune carrière en prolongation. Un autre récital, jeudi à Stuttgart, rapprocherait l’Espagne d’un triplé inédit (Ligue des nations 2023, Euro-2024, Ligue des nations 2025), et le prodige catalan de la précieuse couronne pour l’instant promise à Dembélé.

Seconde vie à Marseille pour le tapis rouge du festival de Cannes

Foulé pendant quinze jours par les stars du cinéma mondial, le mythique tapis rouge du festival de Cannes va désormais trouver une seconde vie, à Marseille, entre les mains de stylistes, de troupes de théâtre ou pour des défilés de mode. “On la vend comme une +moquette feutrée simple fine rouge+, et non pas comme +le tapis de Cannes+”, a expliqué à l’AFP mercredi Jeanne Ré, coordinatrice de la Réserve des arts, association “opératrice de gestion de déchets du monde créatif” que le festival paye pour “revaloriser” ses tapis.”On ne vend pas ce tissu en jouant sur le côté marketing, puisque quoi qu’il en soit, il sera vendu au même prix. L’objectif, c’est qu’il soit accessible à un maximum d’adhérents”, poursuit-elle: “Ce sont des éléments qui n’étaient pas destinés à être réutilisés. En les reconditionnant, on participe à faire baisser l’impact environnemental de l’événement, dont le festival est bien conscient”.La moquette rouge cannoise sera ainsi revendue un euro le kilogramme, “soit 33 centimes le mètre carré, c’est imbattable !”, affirme-t-elle.Dans l’entrepôt de 300 mètres carrés, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, l’association remet en état tout type de produits récupérés auprès de théâtres, d’agences de production, mais aussi de mises en scène de défilés de mode, avant de les revendre “à des prix trois fois inférieurs à ceux du marché”, précise Bonnie Guespin, la responsable des ventes.”Avec ce tapis cannois, on fait des sacs à main classiques mais aussi des sacs pour bouteilles de vins, des bobs, des étuis à lunettes, des pièces assez uniques”, explique Elsa Ramouni-Yordikian, cliente de la Réserve des arts et secrétaire de l’association Les Nippones, qui exploite des mètres de la célèbre moquette depuis plus de quatre ans.- “Comme une star de cinéma” -Dans une exposition intitulée “S’habiller comme une star de cinéma”, l’artiste vient d’ailleurs d’exposer à Marseille ses créations faites avec le tapis 2024.”Le fait que ça vienne d’un fameux festival et que ce soit recyclé dans la région, pour nous, ça a du sens”, explique-t-elle, “ce n’est pas forcément une qualité incroyable ce tapis, mais c’est justement pour ça qu’on l’utilise”. Selon la trentenaire, la production de “ce genre de matières synthétiques” ne “s’arrêtera jamais, il y en aura toujours, tout autant que de festivals, de salons, il faut donc trouver des moyens de les revaloriser”.Du dernier festival de Cannes, du 13 au 24 mai, ont ainsi été récupérés 1,5 tonne de ces tapis remplacés quotidiennement, mais aussi plusieurs mètres de tasseaux de bois, des affiches, des bâches plastiques.Dans un coin du dépôt, plusieurs palettes du tapis rouge attendent leur sort, emballées dans des sacs poubelles noirs. Troué, marqué par les marches ou les traces de chaussures, agrafé, scotché, avec parfois une odeur d’humidité, il a déjà beaucoup subi. Mais l’antenne de Marseille de la Réserve des arts s’emploie, avec cinq salariés, à lui “donner une seconde vie”, explique la coordinatrice, qui s’affaire d’abord à le nettoyer.”En travaillant avec nous, Cannes accepte que son budget soit un petit peu revu à la hausse, parce que nous, notre action et notre savoir-faire vaut plus cher que des machines de recyclage”, plaide la coordinatrice de la Réserve des arts: “Si nous n’étions pas là, elles auraient juste décomposé et déchiqueté la moquette pour en refaire des matières plastiques derrière”.

Seconde vie à Marseille pour le tapis rouge du festival de Cannes

Foulé pendant quinze jours par les stars du cinéma mondial, le mythique tapis rouge du festival de Cannes va désormais trouver une seconde vie, à Marseille, entre les mains de stylistes, de troupes de théâtre ou pour des défilés de mode. “On la vend comme une +moquette feutrée simple fine rouge+, et non pas comme +le tapis de Cannes+”, a expliqué à l’AFP mercredi Jeanne Ré, coordinatrice de la Réserve des arts, association “opératrice de gestion de déchets du monde créatif” que le festival paye pour “revaloriser” ses tapis.”On ne vend pas ce tissu en jouant sur le côté marketing, puisque quoi qu’il en soit, il sera vendu au même prix. L’objectif, c’est qu’il soit accessible à un maximum d’adhérents”, poursuit-elle: “Ce sont des éléments qui n’étaient pas destinés à être réutilisés. En les reconditionnant, on participe à faire baisser l’impact environnemental de l’événement, dont le festival est bien conscient”.La moquette rouge cannoise sera ainsi revendue un euro le kilogramme, “soit 33 centimes le mètre carré, c’est imbattable !”, affirme-t-elle.Dans l’entrepôt de 300 mètres carrés, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, l’association remet en état tout type de produits récupérés auprès de théâtres, d’agences de production, mais aussi de mises en scène de défilés de mode, avant de les revendre “à des prix trois fois inférieurs à ceux du marché”, précise Bonnie Guespin, la responsable des ventes.”Avec ce tapis cannois, on fait des sacs à main classiques mais aussi des sacs pour bouteilles de vins, des bobs, des étuis à lunettes, des pièces assez uniques”, explique Elsa Ramouni-Yordikian, cliente de la Réserve des arts et secrétaire de l’association Les Nippones, qui exploite des mètres de la célèbre moquette depuis plus de quatre ans.- “Comme une star de cinéma” -Dans une exposition intitulée “S’habiller comme une star de cinéma”, l’artiste vient d’ailleurs d’exposer à Marseille ses créations faites avec le tapis 2024.”Le fait que ça vienne d’un fameux festival et que ce soit recyclé dans la région, pour nous, ça a du sens”, explique-t-elle, “ce n’est pas forcément une qualité incroyable ce tapis, mais c’est justement pour ça qu’on l’utilise”. Selon la trentenaire, la production de “ce genre de matières synthétiques” ne “s’arrêtera jamais, il y en aura toujours, tout autant que de festivals, de salons, il faut donc trouver des moyens de les revaloriser”.Du dernier festival de Cannes, du 13 au 24 mai, ont ainsi été récupérés 1,5 tonne de ces tapis remplacés quotidiennement, mais aussi plusieurs mètres de tasseaux de bois, des affiches, des bâches plastiques.Dans un coin du dépôt, plusieurs palettes du tapis rouge attendent leur sort, emballées dans des sacs poubelles noirs. Troué, marqué par les marches ou les traces de chaussures, agrafé, scotché, avec parfois une odeur d’humidité, il a déjà beaucoup subi. Mais l’antenne de Marseille de la Réserve des arts s’emploie, avec cinq salariés, à lui “donner une seconde vie”, explique la coordinatrice, qui s’affaire d’abord à le nettoyer.”En travaillant avec nous, Cannes accepte que son budget soit un petit peu revu à la hausse, parce que nous, notre action et notre savoir-faire vaut plus cher que des machines de recyclage”, plaide la coordinatrice de la Réserve des arts: “Si nous n’étions pas là, elles auraient juste décomposé et déchiqueté la moquette pour en refaire des matières plastiques derrière”.