Retraites: après le départ de la CGT, le “conclave” en sursis

Stop ou encore ? Largement ébranlé par les départs de certains acteurs, les menaces des autres et les déclarations du Premier ministre qui enterrent l’hypothèse d’un retour à 62 ans, le “conclave” sur les retraites censé améliorer la réforme de 2023, se réunit à nouveau jeudi, dans le flou.Jeudis 20 et 27 mars, les organisations syndicales et patronales doivent discuter d'”usure professionnelle et pénibilité”, deux sujets auxquels les syndicats sont particulièrement attachés.Mais “avec les (derniers) rebondissements, j’ai bien peur qu’il y ait du changement”, indique à l’AFP Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC.”Il faut que les partenaires sociaux soient clairs entre eux”, insiste Cyril Chabanier, leader de la CFTC, qui compte demander aux autres partenaires : “Est-ce qu’on veut avancer ? Est-ce que chacun est prêt à faire des concessions ?” “Au bout d’un moment, soit ils nous disent +oui+ et on avance, soit ils nous disent +non+ et on arrête le +conclave+. Moi je n’ai pas trois mois à perdre”, s’agace-t-il, menaçant ainsi d’emboîter le pas à la CGT, dont la leader, Sophie Binet, a claqué la porte des négociations mercredi.”Le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave. Et c’est très grave parce que le Premier ministre s’était engagé à ce que ces discussions soient +sans totem, ni tabou+”, a justifié la patronne de la CGT sur France 2.”Je pense qu’un accord est possible”, a positivé le ministre de l’Economie Eric Lombard jeudi sur TF1. “Les organisations qui se sont éloignées pourront revenir à la table si cet accord leur convient”, a-t-il ajouté. Ce sont les dernières déclarations du Premier ministre, dimanche et réitérées cette semaine au Parlement, jugeant “impossible” un retour de l’âge de départ en retraite à 62 ans, qui ont fait exploser la fragile architecture des négociations.”J’ai simplement rappelé qu’il fallait se fixer comme objectif le retour à l’équilibre (du système de retraites) en 2030″ et jugé “qu’à mes yeux, on ne pouvait pas revenir à 62, supprimer la réforme des retraites et retrouver l’équilibre financier”, a plaidé en vain le Premier ministre mercredi devant les sénateurs.- Du plomb dans l’aile – “Les 62 ans, c’est la question centrale”, a répliqué Sophie Binet.Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 50% des personnes sondées souhaitent que, dans les prochaines semaines, une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites. Et elles sont 56% à souhaiter revenir à 62 ans – contre 62% en janvier.”Nous, on veut discuter de l’âge de départ. C’est le cÅ“ur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, avait rappelé mercredi Marylise Léon, N°1 de la CFDT.Dans ces conditions, la responsable du premier syndicat français a précisé que son organisation restait dans les négociations mais “s’affranchit” désormais “de la lettre de cadrage” du gouvernement, appelant à “un autre” conclave.Reste que les concertations sur les retraites, engagées fin février entre partenaires sociaux et prévues pour trois mois, ont plus que jamais du plomb dans l’aile. Force ouvrière, troisième organisation syndicale, a claqué la porte des négociations dès la première réunion le 27 février, en dénonçant une “mascarade” après l’exigence de François Bayrou de rétablir l’équilibre financier du système de retraites en 2030.Côté patronal, la plus petite des trois organisations, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi quitté le “conclave” mardi estimant que l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans”, sauf pour les métiers difficiles.Le Medef, première organisation patronale, a dit mercredi par la voix de son président Patrick Martin vouloir “laisser sa chance” à la discussion estimant toutefois que “tous les partenaires sociaux, les politiques a fortiori, doivent prendre en compte cette situation des finances publiques qui devient critique”.

L’influenceur Doualemn interpellé en vue de son expulsion vers l’Algérie

L’influenceur Doualemn, dont le refoulement par l’Algérie en janvier avait envenimé les relations entre Paris et Alger, a été interpellé jeudi à Montpellier en vue de son expulsion vers son pays d’origine.De son vrai nom Boualem Naman, l’homme de 59 ans a été interpellé vers 06h30 par la police aux frontières.Doualemn “a été notifié ce (jeudi) matin, dans le cadre d’une visite domiciliaire, d’un nouvel arrêté ministériel pris à son égard, faite à la demande de la préfecture suite à l’avis favorable de la Comex”, la commission d’expulsion, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. “Il a été placé en centre de rétention administrative en vue de son éloignement”, a précisé cette source.Une autre source a indiqué qu’un nouvel arrêté d’expulsion allait être pris.- “Inédit” -“On est à la fois consterné mais aussi pas étonné de cette suite. On est très attentif aussi à la motivation de l’arrêté, que pour l’instant nous n’avons pas”, a réagi auprès de l’AFP son avocat montpelliérain, Me Jean-Baptiste Mousset.L’interpellation à son domicile s’est “très bien” passée, selon l’avocat. “Il a été coopérant, comme sa famille”. “C’est un déploiement de force qui est quand même assez inédit. Il y avait dix fonctionnaires de police, dont certains cagoulés, pour arrêter une personne à qui on ne reproche pas une infraction pénale, c’est assez lourd”, a ajouté Me Mousset.”A priori, la raison de la venue des fonctionnaires de police à son domicile est de l’amener en centre de rétention administrative (CRA) et peut-être même, ce que nous craignons fermement, l’expulser manu militari”, a-t-il poursuivi.”Soit il est placé en CRA en attendant une expulsion qui puisse être concrète et réelle avec l’exercice des voies de recours, soit ça peut se passer dans l’urgence, et donc une expulsion tentée dans la journée ou demain, pour en fait entraver l’exercice des voies de recours”, a détaillé le conseil de Doualemn. “On attend que son placement en rétention nous soit notifié pour qu’on puisse exercer les voies de recours, à la fois devant le juge des libertés et de la détention et également devant le tribunal administratif de Paris contre l’arrêté d’expulsion”, a poursuivi l’avocat. – “Sévère correction” -“Ce qui va se passer par la suite, je ne peux pas le présager mais, de même manière que le ministre de l’Intérieur ne s’est pas désavoué en essayant de nouveau de procéder à l’expulsion, je pense que, peut-être, l’Algérie ne se désavouera pas”, a-t-il jugé.Le 12 mars, la commission d’expulsion (Comex) de l’Hérault, composée de trois magistrats, avait rendu un avis favorable à la demande des autorités d’expulser Doualemn.Début janvier, l’influenceur, suivi par quelque 138.000 personnes sur TikTok, avait diffusé une vidéo dans laquelle il appelait à infliger une “sévère correction” à un opposant au pouvoir en Algérie.Il a été condamné le 6 mars à cinq mois de prison avec sursis pour “provocation non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit”, pour cette diffusion.Elle lui avait déjà valu début janvier un retrait de son titre de séjour et son expulsion le 9 janvier vers l’Algérie.Mais les autorités algériennes l’avaient immédiatement renvoyé en France, déclenchant une crise avec Paris.Le tribunal administratif de Melun avait ensuite annulé son obligation de quitter le territoire français (OQTF), enjoignant aux autorités de reprendre la procédure, cette fois avec un débat contradictoire, d’où son passage devant la Comex.Les relations entre la France et l’Algérie, historiquement tumultueuses, se sont gravement détériorées depuis quelques mois, les deux pays étant aujourd’hui à deux doigts de la rupture.Immigration, Sahara occidental, arrestation d’influenceurs, d’intellectuel: des polémiques nombreuses alimentent l’actuelle crise diplomatique entre les deux pays, sans précédent depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

L’influenceur Doualemn interpellé en vue de son expulsion vers l’Algérie

L’influenceur Doualemn, dont le refoulement par l’Algérie en janvier avait envenimé les relations entre Paris et Alger, a été interpellé jeudi à Montpellier en vue de son expulsion vers son pays d’origine.De son vrai nom Boualem Naman, l’homme de 59 ans a été interpellé vers 06h30 par la police aux frontières.Doualemn “a été notifié ce (jeudi) matin, dans le cadre d’une visite domiciliaire, d’un nouvel arrêté ministériel pris à son égard, faite à la demande de la préfecture suite à l’avis favorable de la Comex”, la commission d’expulsion, a expliqué à l’AFP une source proche du dossier. “Il a été placé en centre de rétention administrative en vue de son éloignement”, a précisé cette source.Une autre source a indiqué qu’un nouvel arrêté d’expulsion allait être pris.- “Inédit” -“On est à la fois consterné mais aussi pas étonné de cette suite. On est très attentif aussi à la motivation de l’arrêté, que pour l’instant nous n’avons pas”, a réagi auprès de l’AFP son avocat montpelliérain, Me Jean-Baptiste Mousset.L’interpellation à son domicile s’est “très bien” passée, selon l’avocat. “Il a été coopérant, comme sa famille”. “C’est un déploiement de force qui est quand même assez inédit. Il y avait dix fonctionnaires de police, dont certains cagoulés, pour arrêter une personne à qui on ne reproche pas une infraction pénale, c’est assez lourd”, a ajouté Me Mousset.”A priori, la raison de la venue des fonctionnaires de police à son domicile est de l’amener en centre de rétention administrative (CRA) et peut-être même, ce que nous craignons fermement, l’expulser manu militari”, a-t-il poursuivi.”Soit il est placé en CRA en attendant une expulsion qui puisse être concrète et réelle avec l’exercice des voies de recours, soit ça peut se passer dans l’urgence, et donc une expulsion tentée dans la journée ou demain, pour en fait entraver l’exercice des voies de recours”, a détaillé le conseil de Doualemn. “On attend que son placement en rétention nous soit notifié pour qu’on puisse exercer les voies de recours, à la fois devant le juge des libertés et de la détention et également devant le tribunal administratif de Paris contre l’arrêté d’expulsion”, a poursuivi l’avocat. – “Sévère correction” -“Ce qui va se passer par la suite, je ne peux pas le présager mais, de même manière que le ministre de l’Intérieur ne s’est pas désavoué en essayant de nouveau de procéder à l’expulsion, je pense que, peut-être, l’Algérie ne se désavouera pas”, a-t-il jugé.Le 12 mars, la commission d’expulsion (Comex) de l’Hérault, composée de trois magistrats, avait rendu un avis favorable à la demande des autorités d’expulser Doualemn.Début janvier, l’influenceur, suivi par quelque 138.000 personnes sur TikTok, avait diffusé une vidéo dans laquelle il appelait à infliger une “sévère correction” à un opposant au pouvoir en Algérie.Il a été condamné le 6 mars à cinq mois de prison avec sursis pour “provocation non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit”, pour cette diffusion.Elle lui avait déjà valu début janvier un retrait de son titre de séjour et son expulsion le 9 janvier vers l’Algérie.Mais les autorités algériennes l’avaient immédiatement renvoyé en France, déclenchant une crise avec Paris.Le tribunal administratif de Melun avait ensuite annulé son obligation de quitter le territoire français (OQTF), enjoignant aux autorités de reprendre la procédure, cette fois avec un débat contradictoire, d’où son passage devant la Comex.Les relations entre la France et l’Algérie, historiquement tumultueuses, se sont gravement détériorées depuis quelques mois, les deux pays étant aujourd’hui à deux doigts de la rupture.Immigration, Sahara occidental, arrestation d’influenceurs, d’intellectuel: des polémiques nombreuses alimentent l’actuelle crise diplomatique entre les deux pays, sans précédent depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

La Macédoine du Nord enterre les victimes de l’incendie de Kocani

La Macédoine du Nord se prépare jeudi à enterrer les victimes de l’incendie d’une boîte de nuit qui a fait 59 morts lors d’un concert et soulevé des questions sur la sécurité et la légalité des discothèques à travers le pays.Les funérailles, conduites par l’archevêque de l’Église orthodoxe de Macédoine du Nord, doivent débuter à 12H (11H GMT) dans la chapelle du cimetière de la ville de Kocani, où les tombes ont commencé à être creusées dès lundi.Dans cette ville, où de nombreuses victimes doivent être enterrées, les rues étaient vides jeudi matin, gardées par des dizaines de policiers, tandis que des employés municipaux nettoyaient le bitume et les trottoirs.Dans le centre-ville, sous une tente verte, le livre de condoléances continue de se remplir et des passant déposent des fleurs et des bougies devant des dizaines de photos des victimes, rappelant la jeunesse de la plupart d’entre elles.La presse sera tenue à l’écart, à plusieurs centaines de mètres de la chapelle, a indiqué la police mercredi, pour assurer la tranquillité des familles et des proches endeuillés.Des funérailles sont aussi organisées à Skopje et cinq autres villes.L’incendie qui s’était déclaré dans la nuit de samedi à dimanche dans la boîte de nuit “Pulse”, à Kocani, petite ville d’environ 30.000 habitants dans l’est du pays, a aussi fait près de 200 blessés.Les victimes, essentiellement des jeunes, assistaient au concert d’un groupe hip-hop très populaire dans le pays.Le feu semble avoir été déclenché par des étincelles de jets de scène qui ont atteint le plafond fait d’un matériau facilement inflammable, selon des détails de l’enquête dévoilés par les autorités.Dès le lendemain de l’incendie, les autorités ont promis des actions rapides contre les boîtes de nuits pour vérifier leurs licences – le “Pulse” opérant selon les premiers éléments avec une licence falsifiée.

Sur les sommets du Mont Kenya, la fin des glaciers d’Afrique

Charles Kibaki Muchiri suit de ses doigts l’eau qui ruisselle à la surface du glacier Lewis, une illustration de la disparition des masses froides assises depuis des millénaires sur les sommets d’Afrique.Cela fait près de 25 ans que l’affable guide de 50 ans emmène des randonneurs jusqu’aux pics à près de 5.000 mètres d’altitude du Mont Kenya, observant au fil des ascensions la transformation de neiges éternelles en roches rugueuses.”C’était vraiment très beau”, se rappelle-t-il, interrogé par l’AFP. Et d’évoquer avec nostalgie une épaisse couche blanche tenant plusieurs mois sur les pics, les grottes de glace photogéniques et le Lewis, sur lequel il est assis, qui enjambait un des versants du Mont. De l’imposante masse de glace détonant sur les photos d’archives, il ne reste que deux blocs, le plus grand ne faisant que quelques dizaines de mètres de large, scintillant au soleil là où il n’est pas transpercé par des roches brunes. Le glacier est “en train de disparaître” et n’existera plus d’ici quelques années, avance le guide, inquiet que la transformation des paysages emblématiques de la région ne décourage les visiteurs.Ses observations sont corroborées par de nombreuses études, notamment des travaux de recherche parus en 2011 auxquels a participé le glaciologue Rainer Prinz de l’université autrichienne d’Innsbruck, estimant que les effets du changement climatique ont fait perdre au Lewis près de 90% de son volume entre 1934 et 2010. Le Mont Kenya, un des seuls sommets du continent comptant des glaciers, pourrait selon des scientifiques devenir dès 2030 l’une des premières montagnes totalement déglacées des temps modernes.Au cours de la dernière décennie, la fonte des glaciers s’est accélérée partout dans le monde. – Océan indien -Bien que moins connu que le Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique, le Mont Kenya, aussi classé au patrimoine de l’Unesco, attire des milliers de visiteurs chaque année.Des éléphants se laissent parfois apercevoir en contrebas, au milieu d’une forêt dense. Puis les arbres se raréfient, faisant place à des collines verdoyantes. Après de longues heures de marche apparaissent les roches brunes du sommet. Mais le blanc neigeux, lui, est invisible. Rainer Prinz explique le “rétrécissement considérable” de ces glaciers tropicaux par des changements de températures à la surface de l’océan Indien, “responsable du transport de l’humidité vers l’Afrique de l’Est.”Les masses gelées ne reçoivent plus suffisamment de neige et sont privées de la couverture blanche qui les protège des conséquences du rayonnement solaire, explique-t-il à l’AFP. Ce qui fait qu’elles “fondent, tout simplement”.A 28 ans, le porteur et guide Godfrey Mwangi dit avoir déjà vu disparaître de nombreux glaciers. De la main, il désigne une falaise blanchie surplombant le camp Shiptons à 4.200 mètres d’altitude, autrefois recouverte d’un pan de glace. Si son collègue Charles Kibaki Muchiri reste fier de montrer la flore atypique et les paysages pittoresques uniques, il déplore qu’avec la disparition des glaciers, certains types d’escalades techniques ne s’organisent déjà plus. En outre, les rivières s’assèchent, avec des conséquences sur la faune et la flore, ainsi que pour les habitants des villages au pied d’une montagne par ailleurs vénérée par certaines communautés, se désole-t-il. – “Minuscule” -Selon une étude satellitaire publiée en 2024, à laquelle Rainer Prinz a participé, le Kilimandjaro n’a conservé que 8,6% de son étendue glaciaire, le Mont Kenya 4,2% et la chaîne du Rwenzori (Ouganda) 5,8% par rapport aux premières observations fiables de la superficie des glaciers vers 1900.Le deuxième sommet d’Afrique a perdu plus de la moitié de ses glaciers entre 2016 et 2021-2022, leur superficie passant de 15 à 6,9 hectares, indique l’étude.Contrairement à d’autres régions, ils sont cependant trop petits pour constituer des réservoirs d’eau importants, estiment les scientifiques. Mais revêtent “une importance touristique et scientifique considérable”.  “Les réservoirs d’eau d’Afrique de l’Est sont les forêts de montagne”, pas les glaciers, note M. Prinz, qui les dit aujourd’hui “si petits qu’ils ressemblent plus ou moins à un tas de glaçons”. “Par le passé, l’effet de la neige était beaucoup plus important” pour l’écosystème “car le glacier était beaucoup plus grand”, souligne toutefois auprès de l’AFP Alexandros Makarigakis, hydrologue à l’Unesco. Mais le Lewis, par exemple, est “devenu minuscule. Donc, bien sûr, sa contribution n’est plus la même”, ajoute-t-il. Aujourd’hui, des jeunes Kényans essaient néanmoins de planter des arbres autour de la montagne, notamment pour freiner “autant que possible” la diminution de la neige, raconte le scientifique. S’il loue l’initiative, il regrette que la disparition des glaciers africains ne puisse être que ralentie. “Nous aurons bientôt une génération qui n’associera plus jamais l’Afrique aux glaciers”. 

Sur les sommets du Mont Kenya, la fin des glaciers d’Afrique

Charles Kibaki Muchiri suit de ses doigts l’eau qui ruisselle à la surface du glacier Lewis, une illustration de la disparition des masses froides assises depuis des millénaires sur les sommets d’Afrique.Cela fait près de 25 ans que l’affable guide de 50 ans emmène des randonneurs jusqu’aux pics à près de 5.000 mètres d’altitude du Mont Kenya, observant au fil des ascensions la transformation de neiges éternelles en roches rugueuses.”C’était vraiment très beau”, se rappelle-t-il, interrogé par l’AFP. Et d’évoquer avec nostalgie une épaisse couche blanche tenant plusieurs mois sur les pics, les grottes de glace photogéniques et le Lewis, sur lequel il est assis, qui enjambait un des versants du Mont. De l’imposante masse de glace détonant sur les photos d’archives, il ne reste que deux blocs, le plus grand ne faisant que quelques dizaines de mètres de large, scintillant au soleil là où il n’est pas transpercé par des roches brunes. Le glacier est “en train de disparaître” et n’existera plus d’ici quelques années, avance le guide, inquiet que la transformation des paysages emblématiques de la région ne décourage les visiteurs.Ses observations sont corroborées par de nombreuses études, notamment des travaux de recherche parus en 2011 auxquels a participé le glaciologue Rainer Prinz de l’université autrichienne d’Innsbruck, estimant que les effets du changement climatique ont fait perdre au Lewis près de 90% de son volume entre 1934 et 2010. Le Mont Kenya, un des seuls sommets du continent comptant des glaciers, pourrait selon des scientifiques devenir dès 2030 l’une des premières montagnes totalement déglacées des temps modernes.Au cours de la dernière décennie, la fonte des glaciers s’est accélérée partout dans le monde. – Océan indien -Bien que moins connu que le Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique, le Mont Kenya, aussi classé au patrimoine de l’Unesco, attire des milliers de visiteurs chaque année.Des éléphants se laissent parfois apercevoir en contrebas, au milieu d’une forêt dense. Puis les arbres se raréfient, faisant place à des collines verdoyantes. Après de longues heures de marche apparaissent les roches brunes du sommet. Mais le blanc neigeux, lui, est invisible. Rainer Prinz explique le “rétrécissement considérable” de ces glaciers tropicaux par des changements de températures à la surface de l’océan Indien, “responsable du transport de l’humidité vers l’Afrique de l’Est.”Les masses gelées ne reçoivent plus suffisamment de neige et sont privées de la couverture blanche qui les protège des conséquences du rayonnement solaire, explique-t-il à l’AFP. Ce qui fait qu’elles “fondent, tout simplement”.A 28 ans, le porteur et guide Godfrey Mwangi dit avoir déjà vu disparaître de nombreux glaciers. De la main, il désigne une falaise blanchie surplombant le camp Shiptons à 4.200 mètres d’altitude, autrefois recouverte d’un pan de glace. Si son collègue Charles Kibaki Muchiri reste fier de montrer la flore atypique et les paysages pittoresques uniques, il déplore qu’avec la disparition des glaciers, certains types d’escalades techniques ne s’organisent déjà plus. En outre, les rivières s’assèchent, avec des conséquences sur la faune et la flore, ainsi que pour les habitants des villages au pied d’une montagne par ailleurs vénérée par certaines communautés, se désole-t-il. – “Minuscule” -Selon une étude satellitaire publiée en 2024, à laquelle Rainer Prinz a participé, le Kilimandjaro n’a conservé que 8,6% de son étendue glaciaire, le Mont Kenya 4,2% et la chaîne du Rwenzori (Ouganda) 5,8% par rapport aux premières observations fiables de la superficie des glaciers vers 1900.Le deuxième sommet d’Afrique a perdu plus de la moitié de ses glaciers entre 2016 et 2021-2022, leur superficie passant de 15 à 6,9 hectares, indique l’étude.Contrairement à d’autres régions, ils sont cependant trop petits pour constituer des réservoirs d’eau importants, estiment les scientifiques. Mais revêtent “une importance touristique et scientifique considérable”.  “Les réservoirs d’eau d’Afrique de l’Est sont les forêts de montagne”, pas les glaciers, note M. Prinz, qui les dit aujourd’hui “si petits qu’ils ressemblent plus ou moins à un tas de glaçons”. “Par le passé, l’effet de la neige était beaucoup plus important” pour l’écosystème “car le glacier était beaucoup plus grand”, souligne toutefois auprès de l’AFP Alexandros Makarigakis, hydrologue à l’Unesco. Mais le Lewis, par exemple, est “devenu minuscule. Donc, bien sûr, sa contribution n’est plus la même”, ajoute-t-il. Aujourd’hui, des jeunes Kényans essaient néanmoins de planter des arbres autour de la montagne, notamment pour freiner “autant que possible” la diminution de la neige, raconte le scientifique. S’il loue l’initiative, il regrette que la disparition des glaciers africains ne puisse être que ralentie. “Nous aurons bientôt une génération qui n’associera plus jamais l’Afrique aux glaciers”. 

Sur les sommets du Mont Kenya, la fin des glaciers d’Afrique

Charles Kibaki Muchiri suit de ses doigts l’eau qui ruisselle à la surface du glacier Lewis, une illustration de la disparition des masses froides assises depuis des millénaires sur les sommets d’Afrique.Cela fait près de 25 ans que l’affable guide de 50 ans emmène des randonneurs jusqu’aux pics à près de 5.000 mètres d’altitude du Mont Kenya, observant au fil des ascensions la transformation de neiges éternelles en roches rugueuses.”C’était vraiment très beau”, se rappelle-t-il, interrogé par l’AFP. Et d’évoquer avec nostalgie une épaisse couche blanche tenant plusieurs mois sur les pics, les grottes de glace photogéniques et le Lewis, sur lequel il est assis, qui enjambait un des versants du Mont. De l’imposante masse de glace détonant sur les photos d’archives, il ne reste que deux blocs, le plus grand ne faisant que quelques dizaines de mètres de large, scintillant au soleil là où il n’est pas transpercé par des roches brunes. Le glacier est “en train de disparaître” et n’existera plus d’ici quelques années, avance le guide, inquiet que la transformation des paysages emblématiques de la région ne décourage les visiteurs.Ses observations sont corroborées par de nombreuses études, notamment des travaux de recherche parus en 2011 auxquels a participé le glaciologue Rainer Prinz de l’université autrichienne d’Innsbruck, estimant que les effets du changement climatique ont fait perdre au Lewis près de 90% de son volume entre 1934 et 2010. Le Mont Kenya, un des seuls sommets du continent comptant des glaciers, pourrait selon des scientifiques devenir dès 2030 l’une des premières montagnes totalement déglacées des temps modernes.Au cours de la dernière décennie, la fonte des glaciers s’est accélérée partout dans le monde. – Océan indien -Bien que moins connu que le Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique, le Mont Kenya, aussi classé au patrimoine de l’Unesco, attire des milliers de visiteurs chaque année.Des éléphants se laissent parfois apercevoir en contrebas, au milieu d’une forêt dense. Puis les arbres se raréfient, faisant place à des collines verdoyantes. Après de longues heures de marche apparaissent les roches brunes du sommet. Mais le blanc neigeux, lui, est invisible. Rainer Prinz explique le “rétrécissement considérable” de ces glaciers tropicaux par des changements de températures à la surface de l’océan Indien, “responsable du transport de l’humidité vers l’Afrique de l’Est.”Les masses gelées ne reçoivent plus suffisamment de neige et sont privées de la couverture blanche qui les protège des conséquences du rayonnement solaire, explique-t-il à l’AFP. Ce qui fait qu’elles “fondent, tout simplement”.A 28 ans, le porteur et guide Godfrey Mwangi dit avoir déjà vu disparaître de nombreux glaciers. De la main, il désigne une falaise blanchie surplombant le camp Shiptons à 4.200 mètres d’altitude, autrefois recouverte d’un pan de glace. Si son collègue Charles Kibaki Muchiri reste fier de montrer la flore atypique et les paysages pittoresques uniques, il déplore qu’avec la disparition des glaciers, certains types d’escalades techniques ne s’organisent déjà plus. En outre, les rivières s’assèchent, avec des conséquences sur la faune et la flore, ainsi que pour les habitants des villages au pied d’une montagne par ailleurs vénérée par certaines communautés, se désole-t-il. – “Minuscule” -Selon une étude satellitaire publiée en 2024, à laquelle Rainer Prinz a participé, le Kilimandjaro n’a conservé que 8,6% de son étendue glaciaire, le Mont Kenya 4,2% et la chaîne du Rwenzori (Ouganda) 5,8% par rapport aux premières observations fiables de la superficie des glaciers vers 1900.Le deuxième sommet d’Afrique a perdu plus de la moitié de ses glaciers entre 2016 et 2021-2022, leur superficie passant de 15 à 6,9 hectares, indique l’étude.Contrairement à d’autres régions, ils sont cependant trop petits pour constituer des réservoirs d’eau importants, estiment les scientifiques. Mais revêtent “une importance touristique et scientifique considérable”.  “Les réservoirs d’eau d’Afrique de l’Est sont les forêts de montagne”, pas les glaciers, note M. Prinz, qui les dit aujourd’hui “si petits qu’ils ressemblent plus ou moins à un tas de glaçons”. “Par le passé, l’effet de la neige était beaucoup plus important” pour l’écosystème “car le glacier était beaucoup plus grand”, souligne toutefois auprès de l’AFP Alexandros Makarigakis, hydrologue à l’Unesco. Mais le Lewis, par exemple, est “devenu minuscule. Donc, bien sûr, sa contribution n’est plus la même”, ajoute-t-il. Aujourd’hui, des jeunes Kényans essaient néanmoins de planter des arbres autour de la montagne, notamment pour freiner “autant que possible” la diminution de la neige, raconte le scientifique. S’il loue l’initiative, il regrette que la disparition des glaciers africains ne puisse être que ralentie. “Nous aurons bientôt une génération qui n’associera plus jamais l’Afrique aux glaciers”. 

Hong Kong’s embattled CK Hutchison says profits down in 2024

Embattled Hong Kong conglomerate CK Hutchison Holdings, caught in a US-China spat over control of the Panama Canal, said on Thursday that profits fell 27 percent in 2024.CK Hutchison offloaded its global ports business outside China — including operations in the vital Central American canal — this month to a group led by giant asset manager BlackRock for $19 billion in cash.The parties expect to sign a “definitive agreement” by April 2 concerning the Panama Ports Company, which has operated two of the five ports at the canal since 1997 via a government concession. The deal came after weeks of pressure from US President Donald Trump, who refused to rule out a military invasion of Panama to “take back” the crucial waterway from alleged Chinese control.Thursday’s results announcement made no mention of the BlackRock deal.”On the whole, the Group’s underlying operating results were relatively stable” last year despite a one-time loss related to its Vietnam telecommunications business, chairman Victor Li, son of billionaire founder Li Ka-shing, said in a filing with the Hong Kong Stock Exchange.Li said the operating environment for CK Hutchison businesses is “expected to be both volatile and unpredictable” this year, and that the group will “constrain capital spending and new investment and focus on stringent cash flow management”.The conglomerate said its “ports and related services” division saw an 11 percent jump in revenue to $5.8 billion.Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortisation soared 19 percent year-on-year to $2.1 billion, the firm said.”There may be headwinds with supply chain disruptions anticipated in the early part of the year due to shipping lines transitioning into their new alliances, as well as ongoing geopolitical risk impacting global trade,” Li said as part of the ports division’s 2025 outlook.- Beijing scrutiny -Shares in CK Hutchison jumped more than 20 percent in Hong Kong after the ports deal was first announced on March 4.However, Beijing made its displeasure known last week through two government offices overseeing Hong Kong affairs that republished newspaper articles criticising the deal as “spineless” and “betraying and selling out all Chinese people”.Hong Kong leader John Lee also said on Tuesday that concerns about the sale “deserve serious attention”, adding that the city will “handle it in accordance with the law and regulations”.CK Hutchison cancelled its post-earnings news conference on Thursday and has not responded to AFP enquiries.Bloomberg News, citing unidentified sources, has reported that senior Chinese leaders have ordered government agencies, including the State Administration for Market Regulation, to scrutinise the deal.The conglomerate is registered in the Cayman Islands and the assets being sold are all outside China.Following years of diversification, operations in mainland China and Hong Kong made up just 12 percent of CK Hutchison revenue last year, according to Thursday’s results.Net income last year stood at $2.20 billion after the group recognised a one-time loss of $476 million related to its Vietnam telecommunication business “as the operating conditions continue to be under significant pressure”.CK Hutchison announced a full-year dividend of HK$2.20 per share on Thursday.The conglomerate had claimed to have “the world’s leading port network”, spanning 53 ports in 24 countries.However, in revenue terms, CK Hutchison’s ports division pales in comparison to its worldwide business interests in finance, retail, infrastructure and telecoms.Sister company CK Asset — the property developer arm in Li’s empire — said in a separate filing on Thursday that profit attributable to shareholders fell 20 percent last year.In Hong Kong, CK Hutchison is known for its founder, Li Ka-shing, the city’s wealthiest man nicknamed “Superman” for his business savvy.The 96-year-old enjoyed close ties with three generations of Chinese leaders but that bonhomie faded after Xi Jinping took power.Chinese state media has criticised Li over the past decade for his apparent decision to divest from some Chinese markets and for supposedly showing sympathy to Hong Kong pro-democracy protesters in 2019.