“Raconter mon histoire avec mes mots”: Gisèle Pelicot va publier ses mémoires

La Française Gisèle Pelicot, devenue un symbole des victimes de viols après un procès historique contre son ex-mari qui l’avait droguée afin de la faire violer par des inconnus, va publier ses mémoires, a annoncé jeudi son éditeur britannique.Cet éditeur, The Bodley Head (groupe Penguin), donne dans un communiqué le titre en anglais, “A Hymn to Life” (“Un hymne à la vie”). Le livre doit paraître le 27 janvier 2026, et en vingt langues.Flammarion, en France, a précisé vendredi qu’il publierait le livre le 28 janvier, sans donner de titre français.”Je suis immensément reconnaissante du soutien extraordinaire que j’ai reçu depuis le début du procès”, a déclaré Gisèle Pelicot, citée dans le communiqué des maisons d’édition.”Aujourd’hui, je souhaite raconter mon histoire avec mes propres mots. En partageant ce récit, j’espère transmettre un message d’espoir et de courage à tous ceux qui traversent des épreuves difficiles au cours de leur existence. En espérant qu’ils ne ressentent jamais de honte”, a-t-elle poursuivi. L’ouvrage est actuellement écrit en collaboration avec la journaliste et romancière Judith Perrignon, a précisé Flammarion.Gisèle Pelicot, droguée et violée pendant des années par son mari et des dizaines d’hommes que ce dernier recrutait sur internet, est devenue une icône féministe au cours du procès des viols de Mazan (sud-est de la France) qui s’est tenu entre septembre et décembre 2024 et a connu un retentissement mondial.Gisèle Pelicot a refusé que le procès de ses violeurs se déroule à huis clos, pour que “la honte” change de camp.Son ex-mari Dominique Pelicot a été condamné en décembre à 20 ans de réclusion criminelle. Il n’a pas fait appel. Ses 50 co-accusés, reconnus pour la plupart coupables de viols, âgés de 27 à 74 ans, ont été condamnés à des peines s’échelonnant entre trois ans de prison dont deux avec sursis, et 15 ans de réclusion criminelle. Certains ont fait appel.En décembre, les mémoires de Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, “I’ll Never Call Him Dad Again” ont été publiées en langue anglaise. La version française “Et j’ai cessé de t’appeler papa” avait été publiée en français en 2022.

Iran’s Khamenei says US threats ‘will get them nowhere’

Iran’s supreme leader said on Friday that US threats against his country “will get them nowhere”, after President Donald Trump warned of possible military action against the Islamic republic.”The Americans should know threats will get them nowhere when confronting Iran,” Ayatollah Ali Khamenei said in his live annual televised speech marking Nowruz, the Persian New Year.He said Americans “and others should know that if they do anything malign to the Iranian nation, they will get a hard slap”.On March 7, Trump said he had written to Khamenei, urging negotiations with Tehran over its nuclear programme and warning of potential military action if it refuses.On Thursday, Foreign Minister Abbas Araghchi said the letter was “more of a threat”, but also said it appeared to offer opportunities.Araghchi added that Tehran is weighing its response which will be issued in the coming days.On Wednesday, US news website Axios, citing a US official and other sources, reported that Trump’s letter set a “two-month deadline for reaching a new nuclear deal”.It did not specify a start or end date of the two-month period.Khamenei has previously dismissed Trump’s overtures for talks, accusing the US president of attempting to deceive global public opinion by portraying the United States as willing to negotiate and Iran as unwilling to engage.Trump, who began his second term in January, has reinstated his policy of “maximum pressure” against Tehran.During his first term, he unilaterally withdrew the United States in 2018 from the landmark nuclear deal between Iran and world powers and reimposed sweeping economic sanctions on Tehran.Iran initially adhered to the deal for a year after Trump’s withdrawal but then started scaling back its own commitments, increasing uranium enrichment levels up to 60 percent. The current level far exceeds the 3.67 percent limit set under the deal, and is much closer to the 90 percent threshold required for weapons-grade material.Efforts to revive the nuclear deal have so far failed.Tehran accuses Trump of contradictory approaches, and has repeatedly ruled out direct talks with Washington under pressure.Iran “definitely will not negotiate directly while facing pressure, threats, and increased sanctions,” Araghchi said on Thursday.

Dans les Yvelines, des chalets flottants menacés de destruction

Avec ses chalets flottants, l’étang de la Galiotte a de faux airs de lac canadien. C’est pourtant dans les Yvelines, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, que se nichent ces pittoresques bungalows, menacés de destruction.Le conseil départemental, propriétaire du terrain, a donné aux occupants des cabines jusqu’au 31 décembre pour les démanteler, jugeant qu’elles mettaient en péril la biodiversité et l’accessibilité du site.”On a constaté une détérioration de la berge”, explique Sophie Danlos, directrice de l’environnement pour le département.Dans un récent rapport environnemental sur le parc du Peuple de l’Herbe, qui abrite l’étang, l’agence Fox Consulting note que “la présence de nombreux cabanons […] est assez préjudiciable à l’expansion et à la présence pérenne des espèces floristiques et faunistiques”.”C’est un espace public qui a été progressivement privatisé avec la construction de murs de soutènement, de jardins privés, de clôtures”, avance également Mme Danlos.Carrière de sable désaffectée, le site d’une vingtaine d’hectares a été transformé en étang, alimenté par les eaux de la Seine mitoyenne et les nappes phréatiques. Dans les années 1960, d’anciens ouvriers de la carrière ont eu l’idée d’y bâtir des cabanons de pêche.Soutenus par des flotteurs ou des bouées, les chalets se sont sophistiqués au fil du temps pour devenir des lieux de villégiature prisés car proches de la capitale. On en dénombre aujourd’hui 37, sur la rive sud de l’étang.- “Havre de paix” -“C’est un havre de paix, un antidote contre le stress”, s’émerveille Alain Chambard, occupant d’un cabanon depuis une dizaine d’années, d’où il contemple bernaches et cygnes posés sur l’étang.”On ne peut pas s’attendre à un tel lieu à 30 km de Paris”, ajoute cet architecte de formation qui a acquis son chalet pour 30.000 euros et en a déboursé autant pour l’entretien et la rénovation.En découvrant le site, “on a eu l’impression d’avoir poussé une porte comme dans +Alice au Pays des Merveilles+”, se rappelle pour sa part Cécile Briard, jeune retraitée et propriétaire avec son mari d’une cabine depuis 2013.L’association de la Galiotte, dont la pétition pour sauver les chalets a recueilli près de 4.000 signatures, insiste sur la valeur patrimoniale des constructions.”C’est un très bel exemple d’architecture populaire avec un ensemble de maisons disparates, qui ont chacune leur caractère”, décrit son président, Emmanuel Soyer.Les occupants mettent aussi en avant la faible empreinte carbone de leurs habitations qui tirent leur énergie de panneaux solaires et d’éoliennes, sont équipées de toilettes sèches et consomment peu d’eau.Le profil socioprofessionnel des propriétaires est quant à lui très divers, assure M. Soyer: “Il y a aussi bien des ouvriers moldaves, attirés par le côté datcha de ces maisons en bois, que des cadres et des directeurs de laboratoire”.- Renaturation -Après l’enlèvement des chalets, le département souhaite renaturer la berge, indique Sophie Danlos. “On aura des plantations d’espèces adaptées pour maintenir les talus et profiter au développement de la biodiversité.”Des platelages (structures en planches) et des pontons d’observation doivent en outre permettre au public de “reprendre possession de cet espace” et doper la fréquentation du parc qui accueille déjà 600.000 visiteurs par an.Pour éviter le démantèlement, les occupants espèrent trouver un compromis.”On pourrait libérer les berges de l’occupation humaine en enlevant les appentis, pour la plupart en bois, tout en conservant les chalets qui ne gênent personne puisqu’ils sont sur l’eau”, suggère Emmanuel Soyer.L’association a aussi proposé de développer un projet éducatif et culturel en partenariat avec le conseil départemental.Mais le dialogue est rompu depuis fin 2022, le département reprochant la dégradation de l’état des parcelles.S’il reconnaît certains “comportements répréhensibles”, M. Soyer assure qu’il s’agit d’incidents isolés et que les cabanons sont bien entretenus.Face à la fermeté de la collectivité, les recours semblent toutefois limités. Les propriétaires des chalets ont en effet signé avec le département des conventions d’occupation de trois ans qui ne seront pas renouvelées en 2026.Certains d’entre eux anticipent, avec tristesse et amertume, la disparition imminente de leurs bungalows. “Si vous enlevez les cabanes, c’est juste un étang ordinaire”, soupire Alain Chambard.

Dans les Yvelines, des chalets flottants menacés de destruction

Avec ses chalets flottants, l’étang de la Galiotte a de faux airs de lac canadien. C’est pourtant dans les Yvelines, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, que se nichent ces pittoresques bungalows, menacés de destruction.Le conseil départemental, propriétaire du terrain, a donné aux occupants des cabines jusqu’au 31 décembre pour les démanteler, jugeant qu’elles mettaient en péril la biodiversité et l’accessibilité du site.”On a constaté une détérioration de la berge”, explique Sophie Danlos, directrice de l’environnement pour le département.Dans un récent rapport environnemental sur le parc du Peuple de l’Herbe, qui abrite l’étang, l’agence Fox Consulting note que “la présence de nombreux cabanons […] est assez préjudiciable à l’expansion et à la présence pérenne des espèces floristiques et faunistiques”.”C’est un espace public qui a été progressivement privatisé avec la construction de murs de soutènement, de jardins privés, de clôtures”, avance également Mme Danlos.Carrière de sable désaffectée, le site d’une vingtaine d’hectares a été transformé en étang, alimenté par les eaux de la Seine mitoyenne et les nappes phréatiques. Dans les années 1960, d’anciens ouvriers de la carrière ont eu l’idée d’y bâtir des cabanons de pêche.Soutenus par des flotteurs ou des bouées, les chalets se sont sophistiqués au fil du temps pour devenir des lieux de villégiature prisés car proches de la capitale. On en dénombre aujourd’hui 37, sur la rive sud de l’étang.- “Havre de paix” -“C’est un havre de paix, un antidote contre le stress”, s’émerveille Alain Chambard, occupant d’un cabanon depuis une dizaine d’années, d’où il contemple bernaches et cygnes posés sur l’étang.”On ne peut pas s’attendre à un tel lieu à 30 km de Paris”, ajoute cet architecte de formation qui a acquis son chalet pour 30.000 euros et en a déboursé autant pour l’entretien et la rénovation.En découvrant le site, “on a eu l’impression d’avoir poussé une porte comme dans +Alice au Pays des Merveilles+”, se rappelle pour sa part Cécile Briard, jeune retraitée et propriétaire avec son mari d’une cabine depuis 2013.L’association de la Galiotte, dont la pétition pour sauver les chalets a recueilli près de 4.000 signatures, insiste sur la valeur patrimoniale des constructions.”C’est un très bel exemple d’architecture populaire avec un ensemble de maisons disparates, qui ont chacune leur caractère”, décrit son président, Emmanuel Soyer.Les occupants mettent aussi en avant la faible empreinte carbone de leurs habitations qui tirent leur énergie de panneaux solaires et d’éoliennes, sont équipées de toilettes sèches et consomment peu d’eau.Le profil socioprofessionnel des propriétaires est quant à lui très divers, assure M. Soyer: “Il y a aussi bien des ouvriers moldaves, attirés par le côté datcha de ces maisons en bois, que des cadres et des directeurs de laboratoire”.- Renaturation -Après l’enlèvement des chalets, le département souhaite renaturer la berge, indique Sophie Danlos. “On aura des plantations d’espèces adaptées pour maintenir les talus et profiter au développement de la biodiversité.”Des platelages (structures en planches) et des pontons d’observation doivent en outre permettre au public de “reprendre possession de cet espace” et doper la fréquentation du parc qui accueille déjà 600.000 visiteurs par an.Pour éviter le démantèlement, les occupants espèrent trouver un compromis.”On pourrait libérer les berges de l’occupation humaine en enlevant les appentis, pour la plupart en bois, tout en conservant les chalets qui ne gênent personne puisqu’ils sont sur l’eau”, suggère Emmanuel Soyer.L’association a aussi proposé de développer un projet éducatif et culturel en partenariat avec le conseil départemental.Mais le dialogue est rompu depuis fin 2022, le département reprochant la dégradation de l’état des parcelles.S’il reconnaît certains “comportements répréhensibles”, M. Soyer assure qu’il s’agit d’incidents isolés et que les cabanons sont bien entretenus.Face à la fermeté de la collectivité, les recours semblent toutefois limités. Les propriétaires des chalets ont en effet signé avec le département des conventions d’occupation de trois ans qui ne seront pas renouvelées en 2026.Certains d’entre eux anticipent, avec tristesse et amertume, la disparition imminente de leurs bungalows. “Si vous enlevez les cabanes, c’est juste un étang ordinaire”, soupire Alain Chambard.

Angleterre: Tuchel débute sa mission, impassible, vers le Mondial-2026

Thomas Tuchel navigue entre critiques extérieures et scepticisme avant son premier match, vendredi (20h45) contre l’Albanie, mais le sélectionneur allemand de l’Angleterre a déjà séduit en interne par son calme et son “aura”, deux piliers censés cimenter la route vers le Mondial-2026.Au royaume du football, la nomination d’un entraîneur étranger a suscité en octobre un torrent de commentaires vifs voire hostiles. L’imminence du premier galop d’essai à Wembley, en ouverture des qualifications, a relancé les discussions animées.Son choix inattendu de rappeler Jordan Henderson (34 ans), milieu de l’Ajax plus vu en sélection depuis novembre 2023, a notamment fait couler beaucoup d’encre. Comme celui de convoquer Kyle Walker ou Marcus Rashford aux dépens d’éléments plus prometteurs.”Quel message cela envoie à Callum Hudson-Odoi qui a été constant toute la saison? Rashford a bien joué ces dernières semaines, mais je pense que cela envoie un message terrible”, a dégainé l’ancien attaquant anglais Chris Sutton sur la BBC.Quant à Henderson, il ne devrait même “pas y avoir de place pour lui sur le banc étant donné les autres joueurs de qualité que l’Angleterre a à sa disposition”, a tranché Henry Winter, une des plumes sportives les plus connues du pays, dans l’émission The Football News Show.Tuchel a lui défendu sa première liste avec brio, la semaine dernière face à une nuée de caméras, alternant entre bons mots, sourires et longues tirades argumentées.”J’aurais été surpris qu’il n’y ait pas de +surprise+ dans le débat, je pense que cela fait partie du métier”, a-t-il tempéré. “Ce n’est pas facile, mais j’essaie de me tenir à l’écart des avis et jugements prononcés sur moi-même, sur l’équipe et sur le travail que nous faisons”.- “Clair et transparent” -L’Allemand de 51 ans ne se fait pas d’illusions quant à son objectif avec l’Angleterre, après avoir signé un contrat allant jusqu’à la fin de la Coupe du monde 2026.Le vent des critiques ne s’essoufflera que s’il parvient à offrir à son pays d’accueil le trophée qu’il attend désespéramment depuis le Mondial-1966.”Gagne la Coupe du monde ou tu es un échec, Tom!”, a résumé le journal Daily Miror, retournant les déclarations de Harry Redknapp reproduites dans son édition de jeudi: “il doit gagner quelque chose, de fait, pour réussir”, a dit l’ancien entraîneur de West Ham et Tottenham.Redknapp, aujourd’hui âgé de 78 ans, fait partie de ceux qui ont accueilli à grands cris la nomination d’un étranger sur le banc anglais. Et il ne prendra pas la peine de regarder l’équipe nationale, vendredi contre l’Albanie, puis trois jours plus tard contre la Lettonie.”Il (Tuchel) a choisi un groupe pour jouer contre deux équipes inutiles. Je vais regarder Coronation Street (un feuilleton télévisé, ndlr) quand ça passera”, a-t-il affirmé. “Qu’est-ce qu’on gagne à nous voir battre la Lettonie 5-0 ou 6-0? Qu’apprend-on sur les joueurs? C’est difficile, jusqu’à ce que nous entrions dans une compétition”.Le sélectionneur attend lui de voir l’équipe évoluer avec “un style direct et offensif”, à la manière d’une équipe de Premier League, ce qui a pu manquer ces derniers mois, selon lui.Ses intentions ont déjà irrigué positivement le groupe de joueurs, séduits semble-t-il par l’ancien entraîneur du Bayer Munich, du Paris Saint-Germain et de Chelsea, avec qui il a remporté la Ligue des champions en 2021.”Il a été très clair et transparent sur ce qu’il veut faire, comment il veut le faire, comment il veut s’y prendre, ce qu’il voit en nous et ce que nous devons améliorer”, a rapporté Morgan Rogers, l’attaquant d’Aston Villa. “L’aura qu’il dégage, je n’ai jamais connue auparavant””Vous pouvez voir sa façon d’être, sa façon d’agir. Il est très calme. Mais quand c’est le moment de travailler, c’est le moment de travailler”, a insisté le joueur de 22 ans.

Face à la sécheresse, le paradis américain de l’escalade de glace s’allie à une mine

En équilibre sur ses piolets et crampons, Clint Cook grimpe un énorme mur d’eau gelée dans un canyon d’Ouray, épicentre de l’escalade de glace en Amérique du Nord, de renommée mondiale, s’adonnant à une activité particulièrement menacée par le changement climatique.Face à l’avenir précaire de ce sport d’hiver, l’alpiniste peut compter sur un allié inattendu: la mine voisine, qui a accepté de céder une partie de son eau pour aider à construire les façades de cristal de ce village du Colorado, dans l’ouest des Etats-Unis.Cette décision a laissé le guide de haute montagne “bouche bée”. “Accéder à une nouvelle source d’eau change vraiment la donne, pour éviter de puiser dans les réserves de la ville”, explique à l’AFP le quadragénaire.  Niché au cÅ“ur des Rocheuses, à 2.400 mètres d’altitude, Ouray est célèbre auprès des montagnards du monde entier pour son parc à glace artificiel. Depuis 30 ans, le village a installé des tuyaux pour faire ruisseler l’eau sur les parois d’une gorge voisine en hiver. L’endroit se transforme alors en majestueux palais de glace, avec des dizaines de voies gelées à gravir.Mais entre 2000 et 2021, le Colorado a subi une méga-sécheresse, aggravée par le changement climatique. Le futur d’Ouray a alors semblé fragile: le village avait moins d’eau pour abreuver son parc, alors que la fréquentation a explosé pour atteindre 5.000 grimpeurs par hiver.- “Pas de douche !” -“Certains faisaient le tour de la ville en criant: +Ne prenez pas de douche ce soir! Nous avons besoin de cette eau dans le réservoir pour produire de la glace+”, raconte M. Cook. La mine a accepté de lui louer des millions de litres d’eau par an, qu’elle a le droit de pomper dans un cours d’eau local, pour un dollar symbolique. Grâce à cet accord, la structure aura “entre trois et cinq fois plus d’eau” pour fonctionner à partir de l’hiver prochain, selon son directeur Peter O’Neil. De quoi sécuriser son existence pour “les 25 prochaines années” et “la prochaine génération de grimpeurs sur glace”, espère le septuagénaire. Au printemps, la glace fond et l’eau retourne dans la nature.Avec le réchauffement climatique, les conditions idéales pour faire geler l’eau ruisselante, qui nécessitent plusieurs nuits d’affilée sous les -7°C, se raréfient. D’où l’importance de pouvoir ouvrir les robinets en grand lorsqu’elles se présentent.L’accord a été accueilli avec soulagement à Ouray. Car le tourisme lié à l’escalade de glace rapporte jusqu’à 18 millions de dollars par hiver aux hôtels et commerces de ce village de 900 habitants, qui se vante d’être la “Suisse de l’Amérique”.Jen Brinkley voyage quasiment chaque saison depuis la Californie pour s’y rendre.Lorsqu’elle a commencé à grimper il y a 30 ans, “on ne se demandait jamais: +Et s’il n’y avait pas de glace ?+”, raconte cette quinquagénaire. – “Gagnant-gagnant” -L’eau supplémentaire la rassure, car elle va permettre de produire davantage de colonnes de glace, ce qui évitera la surfréquentation parfois dangereuse sur certaines parois.”Avec plus de voies ouvertes, les gens peuvent se disperser et tout le monde peut avoir une chance de grimper”, se réjouit-elle.Cette alliance entre une industrie flanquée d’une image de pollueur et des amoureux de la montagne est un accord “gagnant-gagnant”, selon Brian Briggs, l’ex-patron de la mine qui a scellé le partenariat.L’entreprise avait droit à un surplus d’eau pour un “usage récréatif” qu’elle n’utilisait pas et souhaitait améliorer son “acceptabilité sociale”, explique-t-il. Ouray a été fondé au XIXe siècle pendant la “ruée vers l’argent” au Colorado, un passé symbolisé par une statue de mineur à l’entrée du village.Mais après la perte de vitesse de l’industrie dans la région, il fallait convaincre certains habitants réticents de rouvrir une mine d’argent, un minerai essentiel pour fabriquer des panneaux solaires. Après avoir vu son industrie polluer irrémédiablement le fleuve Ankobra au Ghana, M. Briggs estime qu’il vaut mieux exploiter le riche sous-sol américain.”Nous disposons de certaines des réglementations environnementales les plus strictes au monde”, argue l’ingénieur minier. “Pousser notre exploitation des minéraux vers d’autres pays est vraiment une mauvaise politique environnementale.”

Trop d’eau: un village de Bolivie englouti par le climat et la fièvre de l’or

Juché sur son radeau de fortune, Rafael Quispe se fraie un chemin entre meubles à la dérive et voitures englouties. Depuis deux mois, son village de Tipuani, niché au coeur d’une région aurifère de l’ouest de la Bolivie, est noyé sous les eaux. L’exploitation de mines d’or le long du fleuve qui traverse la municipalité de 7.500 habitants, combinée à des pluies inhabituelles, que les experts attribuent au changement climatique, est à l’origine de l’inondation du village. Jusqu’à 500 maisons ont été submergées depuis la mi-janvier, selon la municipalité, qui n’a signalé aucun blessé ni mort. Certaines rues sont même embourbées dans une eau verdâtre depuis plus longtemps, alors que les inondations se répètent depuis trois ans au moment de la saison des pluies qui va de novembre à avril. “Cette ville, si belle auparavant, est aujourd’hui un désastre”, se plaint Rafael Quispe, monté sur son radeau pour aller voir si le niveau de l’eau est enfin descendu dans sa maison de deux étages. La ruée vers l’or, dont le prix a augmenté de 260% en dix ans, est en partie responsable de la situation de ce village isolé, que l’on rejoint après avoir parcouru une trentaine de kilomètres sur une piste boueuse et rocailleuse ponctuée de tumultueux gués, parfois impossibles à franchir. En creusant avec leurs machines aux abords du Tipuani et en y déversant leurs déblais, les coopératives minières modifient le cours du fleuve, “ce qui entraîne des inondations”, explique à l’AFP Alfredo Zaconeta, chercheur au Centre d’études sur le travail et le développement agraire (Cedla).Selon les données de la municipalité, située au cÅ“ur de la région aurifère des Yungas, sur les contreforts des Andes, 92% de la population dépend d’activités liées à l’exploitation minière. Sinforiano Checa, un ancien mineur de 67 ans, vit sous une tente depuis que sa maison a été inondée il y a plus de deux mois. Ce qu’ont fait les coopératives “est un péché”, lâche-t-il, le souffle court. Atteint d’une grave silicose, une maladie pulmonaire causée par ses années de travail, il peine à trouver l’air, autant que les mots. Non loin, des cochons s’ébattent dans une rue boueuse.- “Le village peut disparaître” -“Tous les déblais ont fini dans le fleuve”, reconnaît auprès de l’AFP Rolando Vargas, président de la coopérative minière Chima, l’une des nombreuses que compte Tipuani, dont 14 travaillant dans le lit même du fleuve du même nom. “Cela ne date pas d’hier”, ajoute-t-il, assurant que sa coopérative a cessé la pratique il y a deux ans. S’il admet se sentir “un peu” responsable des inondations, il nuance aussitôt : “pas tant que ça” non plus.Après l’entretien avec l’AFP, il a été signalé comme disparu. Sa camionnette a été retrouvée emportée par le fleuve, selon les informations partagées par sa famille sur les réseaux sociaux.À Chima, un hameau situé à une vingtaine de minutes en 4×4 de Tipuani, les enfants s’éclaboussent et font du vélo dans les eaux polluées entourant les maisons et leur école. Celle-ci est fermée depuis la rentrée en février et les cours ont lieu en ligne pour les enfants disposant d’une connexion internet, souvent faible, et d’un ordinateur.”Le village peut disparaître, mais nous devons continuer à travailler. De quoi allons-nous vivre si nous ne travaillons pas ?”, clame Manuel Barahona, un habitant de 63 ans dont la maison est également sous les eaux.”C’est vraiment problématique. Ma maison est sous l’eau depuis un an et personne ne dit rien”, se plaint non loin Marco Anibarro, 54 ans. Comme de nombreux autres mineurs, il a dû louer une chambre dans une zone non inondée, tandis que sa famille a quitté le village.Aux dégâts environnementaux provoqués par l’intense activité minière s’ajoutent les effets du changement climatique.Les pluies de janvier ont été les plus intenses de ce mois au moins depuis 2012, selon le Service national de météorologie et d’hydrologie (Senamhi). “C’est totalement anormal”, car le pays traverse le phénomène La Niña, qui devrait entraîner moins de précipitations, souligne Lucia Walper, responsable de l’unité de prévisions de l’organisation.L’experte affirme que les incendies forestiers de l’an dernier dans le département de Santa Cruz, dans l’est du pays, les plus dévastateurs jamais enregistrés en Bolivie, avec plus de dix millions d’hectares ravagés, “ont eu des répercussions directes” dans la région de Tipuani.Le manque de végétation ne retenant plus les nuages, ceux-ci atteignent désormais les contreforts des Andes, explique-t-elle.La Bolivie est l’un des dix pays les plus exposés au changement climatique, selon l’indice mondial des risques climatiques 2021 compilé par le groupe de défense Germanwatch. 

Pas assez d’eau: ces quartiers de Lima dépourvus de robinets

Loin du centre de Lima, sur les collines arides de la capitale péruvienne, la réalité du désert s’impose. Ici, s’entassent des milliers de personnes pour qui l’eau courante est un rêve: elles doivent être livrées chaque semaine par camion-citerne.”Nous avons des douleurs d’estomac, des migraines. Au fond du réservoir, il y a des larves”, décrit avec dépit Catalina Ñaupa, une habitante de 59 ans du quartier populaire de San Juan de Miraflores.La capitale péruvienne, avec plus de 10 millions d’habitants, est connue pour être la deuxième plus grande ville au monde dans un désert, après Le Caire.Bordée par l’océan Pacifique d’un côté et les Andes de l’autre, elle est traversée par trois cours d’eau, et dispose d’une nappe phréatique. Mais sa pluviométrie est particulièrement faible.Plus de 635.000 personnes y vivent sans accès à l’eau courante, selon une enquête de l’Institut national de statistique et d’informatique péruvien.Comme Mme Ñaupa, beaucoup vivent dans des quartiers informels sur les hauteurs de la ville, où les réseaux de distribution et d’assainissement de l’eau ne sont jamais parvenus. Un camion-citerne leur livre de l’eau gratuitement chaque semaine, parfois moins souvent. Stockée dans de grands bidons le long de chemins poussiéreux, elle peut vite représenter un risque sanitaire.”L’hiver, (le camion) ne monte pas jusqu’ici, car avec la boue il y a beaucoup d’accidents”, explique Catalina Ñaupa, qui dit laver ses vêtements une fois par semaine, voire tous les quinze jours pour que ses réserves “tiennent jusqu’à la prochaine distribution”.”Nous distribuons 1 mètre cube (1.000 litres) d’eau par famille chaque semaine”, indique Nicolas Reyes, chargé de la distribution de l’eau pour Sedapal, l’organisme métropolitain de gestion de la ressource. Cela représente une trentaine de litres par jour et par personne. Selon l’ONU, un accès à l’eau suffisant correspond à une fourchette de 50 à 100 litres par jour et par personne.- Accès inégal -“Chaque année, Sedapal craint de devoir rationner l’accès en attendant que les barrages se remplissent” avec la saison des pluies, note auprès de l’AFP Jérémy Robert, chercheur à l’Institut français de recherche pour le développement (IRD).”Le changement climatique affecte les réserves d’eau dans les montagnes et réduit le débit des rivières”, analyse Antonio Ioris, professeur de géographie à l’Université de Cardiff. Mais selon lui, le problème n’est pas tant le manque de ressource. “La question de l’accès à l’eau, c’est celle de la faible importance donnée aux populations pauvres”, affirme-t-il. “La situation dans la périphérie de Lima résulte non seulement d’un manque de planification et d’investissement urbains, mais aussi de difficultés dans les zones rurales qui entraînent une migration forcée vers la capitale”, développe le professeur, spécialiste des liens entre populations et environnement en Amérique latine. Au bord des pistes en terre qui serpentent à travers les collines de Lima, des escaliers en béton mènent aux zones les plus reculées, là ou les camion-citernes ne peuvent même plus accéder. Les habitants doivent alors se débrouiller pour s’approvisionner en eau par eux-mêmes. Un accès à la ressource qu’ils doivent payer, en moyenne 6 fois plus par mètre cube que les foyers reliés au réseau, selon la Direction nationale des services d’assainissement (Sunass). Sur les hauteurs de San Juan de Miraflores, dans le quartier de La Nueva Rinconada, se dresse le “mur de la honte”, long d’une dizaine de kilomètres, érigé par le quartier riche voisin pour éviter l’entrée des populations pauvres.A travers les fissures du béton, on aperçoit la végétation luxuriante de Santiago de Surco, l’un des districts de Lima où la consommation d’eau est la plus importante : 200 litres par jour et par personne, selon Sedapal”Surco, on a l’impression que c’est un autre monde”, commente Cristel Mejia, présidente de la soupe populaire Ollas Empoderadas. On s’y repose à l’ombre des arbres et les trottoirs sont plantés de gazon. Le tout “arrosé avec de l’eau potable”, souligne le chercheur Jérémy Robert. 

Au Pakistan, une série met à l’écran les lynchages pour blasphème

A l’écran, les quatre héros courent dans des ruelles pour échapper à la foule, ses haches et ses bâtons: si au Pakistan les lynchages pour blasphème ont déjà fait des dizaines de morts, c’est la première fois qu’ils sont portés à la télévision.Par peur de représailles de l’extrême droite islamiste, journalistes et artistes tiennent habituellement à distance l’ultra-sensible question du blasphème dans un pays né dans la douleur de la partition de l’Inde, avec l’islam pour religion d’Etat.Mais cette année, l’une des chaînes privées les plus regardées du pays, Hum Network Limited, a créé l’électrochoc.Elle a produit et diffusé “Tan Man Neelo Neel” (“Des bleus au corps et à l’âme”, en ourdou), une série en 11 épisodes au final intense: le lynchage d’un jeune couple pour une vidéo les montrant supposément en train de danser dans une mosquée.”Ce sujet n’a jamais été évoqué, par peur”, assure à l’AFP Sultana Siddiqui, patronne de Hum et figure incontournable des médias et du divertissement au Pakistan, mais “cela valait le coup de prendre le risque”.Et de raconter, les larmes aux yeux, le lynchage qui l’a le plus choquée: celui de Machal Khan, étudiant en journalisme torturé et tabassé à mort par des camarades dans son université pour des publications prétendument blasphématoires sur Facebook.- “Tous les os brisés” -“J’ai perdu le sommeil quand j’ai entendu la mère de Machal dire que tous les os de son corps avaient été brisés, même ses phalanges”, lâche-t-elle. “Je me répétais: +avec quelle violence ont-ils pu le frapper?”Le père de Machal, Mohammed Iqbal, dit à l’AFP avoir apprécié l'”hommage” de “Tan Man Neelo Neel” qui se clôt sur des photos de victimes, dont Machal.”Le monde entier discute du blasphème au Pakistan mais, nous, les principaux concernés, on en parle rarement en public”, constate-t-il, heureux qu'”enfin, ce sujet arrive à la télévision”.A la télévision, oui, mais avec des pincettes, reconnaît Mme Siddiqui.”Moi aussi j’ai peur des extrémistes qui pourraient s’en prendre à moi sous de faux prétextes”, dit-elle. Donc, “il fallait parler du problème de façon respectueuse”.La série ne consacre d’ailleurs que peu de temps au blasphème. Les dix premiers épisodes suivent la vie de jeunes et de leurs familles: le choix de devenir danseur de l’un, les turpitudes de l’autre sur les réseaux sociaux, le refus de la police d’entendre qu’un homme a été violé…Tous ces sujets, pourtant sensibles, sont explorés en détail. Le lynchage pour blasphème, lui, n’intervient qu’à la toute fin, avec une musique couvrant bruits et cris et dans un ralenti artistique.Avec cette recette, la série a trouvé son public dans un pays où deux habitants sur cinq se disent accros aux séries.”On aurait dû en parler plus tôt: peut-être qu’on n’en serait pas là aujourd’hui et que nos jeunes ne seraient pas en train de mourir”, dit Moustafa Afridi, le scénariste.Les morts du blasphème restent sûrement l’un des plus grands non-dits du cinquième pays le plus peuplé au monde.- “Questionner les structures” -Régulièrement, des hommes et des femmes, parfois des ministres, sont tués, des lieux de culte sont incendiés, mais en face “les forces de l’ordre échouent souvent à sauver les (personnes suspectées) de blasphème”, accuse la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés.Il est même arrivé que des lynchages aient lieu aux portes de commissariats où les suspects étaient retenus.Surtout, l’accusation de blasphème, tant elle est indiscutable, est devenue l’argument ultime pour les différends personnels.La HRCP révèle ainsi que dans les lynchages qu’elle a examinés, les accusations étaient “fondées sur des inventions avec intention de nuire et de fausses informations”.S’il ne tue pas toujours, l’anathème du blasphème peut faire taire: en 2020, l’actrice Saba Qamar et le chanteur Bilal Saeed ont dû s’excuser publiquement et subir deux années de procédure judiciaire pour un clip où ils faisaient un pas de danse dans une mosquée.A la même période, le film Zindagi Tamasha, récompensé à Los Angeles sous son titre anglais “Circus of Life”, subissait les foudres des islamistes du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP).Le mouvement est parvenu à empêcher la sortie en salles de cette fable contre l’obscurantisme, prétextant qu’elle dépeignait un imam de façon “blasphématoire”. Pour Arafat Mazhar, patron de l’Alliance contre la politique du blasphème, un comité qui dénonce l’instrumentalisation de la loi anti-blasphème, “Tan Man Neelo Neel” est un grand bond en avant.La série a “déclenché une critique inédite de la violence de la foule”, se félicite-t-il. “Les gens n’ont pas fait que regarder une série, ils ont aussi débattu à grande échelle pour la première fois.”Désormais, il faut aller plus loin, plaide celui qui a enfin l’impression de ne plus prêcher dans le désert.”On ne peut plus que dénoncer la violence, il faut questionner les structures qui font exister les lynchages collectifs”, estime-t-il.