Narcotrafiquants transférés à la prison de Vendin-le-Vieil: une plainte contre Darmanin déposée à la CJR

L’avocat d’un détenu qui vient d’être transféré à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), Me Philippe Ohayon, a annoncé jeudi avoir déposé plainte pour abus d’autorité contre le ministre de la Justice Gérald Darmanin devant la Cour de justice de la République (CJR).La plainte, dont l’AFP a eu connaissance, reproche au garde des Sceaux d’avoir ordonné ce transfert “en s’affranchissant de l’obligation d’établir des liens préexistants entre le détenu, depuis la détention, et des réseaux de criminalité ou de délinquance organisée”, obligation pourtant posée par le Conseil constitutionnel comme condition préalable à ces transfèrements.Ce faisant, “le garde des Sceaux ou son délégataire a éhontément piétiné les conditions légales fixées par le Conseil constitutionnel”, est-il estimé dans la plainte.La CJR est la seule instance habilitée à juger des ministres dans l’exercice de leurs fonctions. Le coup d’envoi des incarcérations dans le quartier de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, destiné à accueillir les 100 narcotrafiquants les plus “dangereux” du pays, a été donné mardi, avec 17 premiers détenus qui y ont été transférés.Douze autres détenus y ont été incarcérés jeudi, a annoncé Gérald Darmanin sur X. Un autre quartier de haute sécurité doit entrer en fonction à la mi-octobre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), pour y accueillir aussi 100 personnes. L’objectif de ces quartiers est de placer ces détenus totalement à l’isolement, selon un régime de détention très strict inspiré de la lutte antimafia en Italie.Mi-juin, le Conseil constitutionnel a validé ce régime carcéral d’isolement, inclus dans la loi visant à lutter contre le narcotrafic, estimant que le législateur avait “défini avec suffisamment de précision les motifs d’affectation dans les quartiers de lutte contre la criminalité organisée”.Les dispositions de la loi “subordonnent la décision d’affectation dans ces quartiers à la condition qu’il soit établi que ces personnes détenues continuent à entretenir des liens avec les réseaux de la criminalité et de la délinquance organisées pendant la durée de leur détention ou qu’elles y aient établi de tels liens”, avait observé le Conseil.Or, selon le plaignant, condamné pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et les armes et soupçonné d’association de malfaiteurs criminelle, le dossier pénitentiaire “ne fait qu’induire, à partir de procédures au demeurant anciennes, une capacité à établir des liens” avec la criminalité organisée.Le garde des Sceaux “a imposé à ses services de fonder les ordres de transfert non pas sur +des liens établis+, mais +des liens supposés+ lui donnant la possibilité de saisir et transférer des prisonniers bien plus facilement en se délestant de la charge de la preuve imposée par les juges constitutionnels”, est-il affirmé dans la plainte, où est dénoncée “une opération concertée de police administrative dûment médiatisée, suivant un agenda politique précis”.

Justice Dept to meet Epstein accomplice Maxwell on Thursday: US media

The Department of Justice was to interview Ghislaine Maxwell, the imprisoned accomplice of sex offender Jeffrey Epstein, on Thursday, US media reported, as President Donald Trump struggles to quell fury over his handling of the notorious case.The former British socialite is serving a 20-year sentence after being convicted in 2021 of sex trafficking minors on behalf of Epstein, who died in jail in 2019 while awaiting trial in his own pedophile trafficking case.Deputy Attorney General Todd Blanche — Trump’s former personal lawyer for his 2024 hush money trial — was expected to meet Maxwell in Tallahassee, Florida, according to US media.”If Ghislane Maxwell has information about anyone who has committed crimes against victims, the FBI and the DOJ will hear what she has to say,” Blanche said in a statement on Tuesday.It marks another attempt by the Trump administration to defuse spiraling anger among the Republican president’s own supporters over what they have long seen as a cover-up of Epstein’s crimes and high-level connections.A Wall Street Journal report on Wednesday hiked up that pressure as it claimed Trump’s name was among hundreds found during a review of DOJ documents on Epstein. The White House has denied this.The same paper claimed last week that Trump penned a sexually suggestive letter to Epstein, a former friend, for his birthday in 2003. Trump has sued for at least $10 billion over the story.Many of his core supporters want more transparency on the Epstein case, and Trump — who has long fanned conspiracy theories — had promised to deliver that on retaking the White House in January.But he has since dismissed the controversy as a “hoax,” while the DOJ and FBI released a heavily-criticized memo this month claiming the so-called Epstein files did not contain evidence that would justify further investigation.Seeking to redirect public attention, the White House has promoted unfounded claims that former president Barack Obama led a “years-long coup” against Trump around his victorious 2016 election.The extraordinary narrative claims that Obama had ordered intelligence assessments to be manipulated to accuse Russia of election interference to help Trump.But it runs counter to four separate criminal, counterintelligence and watchdog probes between 2019 and 2023 — each of them concluding that Russia did interfere and did, in various ways, help Trump.

Retailleau veut continuer à être au gouvernement tout en critiquant Macron

Le ministre de l’Intérieur et patron des Républicains Bruno Retailleau “ne voit pas de raison de quitter” le gouvernement même s’il “n’abdiquera pas ses convictions” après les tensions créées avec le camp présidentiel par ses critiques du chef de l’Etat.”Tant que les décisions (du gouvernement) sont conformes à l’intérêt national, conformes à mes convictions, il n’y a pas de raison que je quitte le gouvernement”, a déclaré jeudi M. Retailleau en marge d’un déplacement dans un commissariat parisien.”Tant que je peux faire mon devoir, je le ferai à fond”, a-t-il répété, mais “ne comptez pas sur moi pour abdiquer mes convictions”.Le débat sur le supposé double jeu du patron des Républicain, à la fois ministre d’Emmanuel Macron et critique de son action pour s’en différencier en vue de l’élection présidentielle de 2027, avait repris de la vigueur après une virulente interview mardi à l’hebdomadaire ultraconservateur Valeurs Actuelles.Dans celle-ci, il critique “l’impuissance” du +en même temps+, postulat du chef de l’Etat qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche, et prédit la fin du macronisme avec Emmanuel Macron parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie”.De quoi excéder les soutiens du président et faire monter les tensions avec celui-ci.Les deux hommes devaient se rencontrer jeudi pour discuter notamment de l’Algérie, déjà un sujet de discorde après une autre récente interview du ministre dans laquelle il a fustigé la “diplomatie des bons sentiments” de Paris à l’égard d’Alger.Mais la rencontre a été annulée par l’Elysée qui n’a pas fourni d’explications.”Cette rencontre sera sans doute remise parce que on a, avec le président de la République, un certain nombre de sujets dont on doit parler. Et donc je serai amené à le rencontrer, peu importe la date ou l’heure”, a relativisé M. Retailleau.- Réunion avec Bayrou -En revanche, il verra jeudi soir le Premier ministre François Bayrou “sur les différents dossiers” le concernant, selon un proche d’Emmanuel Macron. Pour un recadrage ? “Je suis toujours prêt à discuter”, a assuré M. Retailleau.Même “s’il peut y avoir des moments de tensions parce qu’on n’a pas des accords sur tout”, le ministre a récusé que le conseil des ministres mercredi ait été marqué par une ambiance fraîche, comme l’ont relaté certains participants dans la presse.”Il s’est déroulé absolument normalement. Il ne faut pas grossir les choses (…) J’entends aussi qu’on me respecte. Il y a des ministres qui m’ont critiqué sur telle ou telle mesure depuis des mois. M’avez vous entendu leur faire le moindre reproche?”, a-t-il plaidé.En attendant ce rendez-vous avec le Premier ministre, le ministre a tenu à montrer qu’il continuait son action et s’exprimait toujours de “façon brute” en présentant un plan anti-mortiers après les scènes de “guérilla urbaine” vues ces dernières semaines à Béziers (Hérault), Limoges ou Charleville-Mézières.Fidèle à ces formules choc ou outrancières sur les jeunes commettant des actes de délinquance, déjà qualifiés de “barbares” après les dégradations commises à Paris lors de la finale de la Ligue des champions, il s’en est pris à “la France des salauds qui tirent sur nos policiers, sur nos gendarmes et sur nos sapeurs pompiers”.Il a annoncé à la rentrée un projet de loi pour que “la pénalisation de la vente d’engins pyrotechniques à des non professionnels soit punie d’un an d’emprisonnement (au lieu six mois), voire trois ans si le produit a été vendu à un mineur ou au moyen d’un service de communication électronique”.L’achat, la détention et l’utilisation de ces engins serait puni “de trois ans d’emprisonnement, voire cinq ans si l’objectif est de détruire ou de détériorer le bien d’autrui”.

Les marées pourraient aider à prédire la rupture des icebergs

Les marées océaniques peuvent provoquer la rupture de grands icebergs du continent antarctique, selon des chercheurs jeudi, qui pensent que le phénomène peut-être prévisible.Il n’est théoriquement pas possible de savoir quand peut intervenir une rupture de la banquise, alors que l’évènement est susceptible de modifier notamment le niveau global de la mer. Pourtant quand un immense iceberg d’une taille équivalente à plus de 15 fois la superficie de Paris s’est détaché en 2023 de la Barrière de Brunt, en Antarctique, le glaciologue Oliver Marsh n’a pas été surpris.Il avait prédit cette rupture comme “imminente, d’ici quelques semaines ou mois”, a-t-il expliqué à l’AFP. Affilié au British Antarctic Survey, il avait passé des années à étudier la grande faille qui allait permettre à l’iceberg A81 de partir sur les flots.Comme prévu, le vêlage de l’iceberg est survenu au pic des marées de printemps, qui voit les plus grandes amplitudes entre marées basse et haute.L’étude menée par Oliver Marsh, et publiée dans Nature Communications jeudi, montre à l’aide d’une nouvelle modélisation que le vêlage a été déclenché par la marée, avec des vents élevés et des tensions dans la banquise.- “Déséquilibré” -Après la rupture d’A81, le chercheur s’est rendu sur la banquise pour constater que l’eau avait remplacé “de la glace aussi loin que l’on regardait avant”.L’iceberg dérive actuellement à l’Est de la péninsule antarctique, en direction de la mer de Weddell. Reste à savoir s’il approchera l’île de Géorgie du Sud, qui est un site important de reproduction pour les pingouins, phoques et autres animaux.Le plus gros iceberg connu, A23a, s’est échoué non loin de l’île un peu plus tôt cette année. Maintenant qu’il est exposé aux vagues de l’océan Austral, “ses jours sont comptés”, selon Oliver Marsh.Le vêlage de la banquise est un phénomène naturel qui permet d’équilibrer les chutes massives de neige sur l’Antarctique, a rappelé le chercheur.  Seulement, “maintenant c’est déséquilibré”.L’Antarctique perd sa glace de deux façons: par le vêlage et par la fonte. Or la fonte s’accélère avec le réchauffement des océans, causé par le réchauffement climatique. En revanche, “on ne sait pas si le taux de vêlage a grimpé”, parce qu’il est peu fréquent. A81 est, en taille, le deuxième des trois énormes icebergs qui se sont libérés de la Barrière de Brunt depuis 2021.”On s’attend à un très gros épisode de vêlage à un moment dans cette zone”, a dit Oliver Marsh. Sans fournir plus ample précision, car “même si nous affirmons qu’il est plus facile de prédire ces évènements”, l’exercice reste “difficile”.

Italie: l’AC Milan espère oublier Théo Hernandez avec Pervis Estupinan

L’AC Milan a officialisé jeudi l’arrivée de l’international équatorien Pervis Estupinan qui occupera le poste de latéral gauche vacant depuis le départ du Français Théo Hernandez.”L’AC Milan est ravi d’annoncer que Pervis Estupinan a rejoint l’équipe de façon permanente en provenance de Brighton et a signé un contrat avec les Rossoneri jusqu’au 30 juin 2030″, a annoncé le club lombard dans son communiqué.Selon la presse spécialisée, le transfert d’Estupinan devrait coûter entre 17 et 20 millions d’euros au Milan.Le latéral de 27 ans évoluait depuis 2022 dans le Championnat d’Angleterre et a disputé 104 matches (5 buts) toutes compétitions confondues pour Brighton.Le nouveau défenseur milanais est notamment passé auparavant par Osasuna et Villareal, en Espagne, et a débuté sa carrière en Europe à l’Udinese, dont il n’a toutefois jamais porté le maillot de l’équipe première.Estupinan (48 sélections et cinq buts en sélection équatorienne) doit faire oublier Théo Hernandez, pilier de la défense milanaise qu’il a quittée début juillet après six saisons pour rejoindre le club saoudien d’Al-Hilal.L’AC Milan a frappé fort durant ce mercato en recrutant le Croate Luka Modric, en fin de contrat avec le Real Madrid où il a tout gagné. Il a déboursé plus de 23 millions d’euros pour le jeune international italien Samuele Ricci, en provenance du Torino.Le Milan sort d’une saison 2024-25 très décevante, conclue à la 8e place du Championnat d’Italie.Le club aux 19 titres de champion d’Italie et sept Ligues des champions a été entraîné par le Portugais Paulo Fonseca, limogé en décembre quelques mois après son arrivée, et par son compatriote Sergio Conceiçao qui a été remercié fin juin après la défaite en finale de la Coupe d’Italie. Il a été remplacé par Massimiliano Allegri qui avait déjà entraîné le club milanais de 2010 à 2014.

À la “chasse” à la sardine au large de la pointe bretonne

“Y a le feu à la mer!”, crie Ludo Garrec, 44 ans, depuis le cockpit du bolincheur Stereden Ar Moor. Les yeux rivés sur son sonar, le patron du navire vient de repérer un banc de sardines.Aussitôt, les matelots enfilent leurs cirés et sortent se préparer à lancer le filet à l’eau. À tribord, un autre bolincheur (ou sardinier) a déjà encerclé le poisson avec sa senne.La nuit vient tout juste de tomber sur une mer calme, au large de la Pointe Saint-Mathieu (Finistère), où une douzaine de navires “chassent” le petit poisson prisé des conserveries bretonnes.En cette soirée de juillet, le Stereden a navigué pendant deux heures et demie pour rallier la chaussée des Pierres noires, où la sardine est plus grosse et plus abondante que d’habitude.”Ça fait, franchement, une dizaine d’années, voire 12 ans, qu’on n’a pas vu aussi gros”, calcule Ludo, qui pêche la sardine depuis 2010. “Donc ça fait plaisir avec les années difficiles qu’on a eues.”La taille de la sardine s’est en effet réduite de 50% en 15 ans, à âge égal, sans doute sous l’effet du réchauffement climatique, selon l’Ifremer. Un problème de taille et d’abondance qui a posé problème aux conserveries bretonnes ces dernières années.- sardine “électrique”-Dès son arrivée sur la zone de pêche, Ludo voit la proie sur son écran. Mais “elle est pas pêchable, elle est trop électrique”, dit-il. “Le poisson tient pas, il va dans tous les sens”.Boucle d’oreille et tee-shirt “BZH”, le patron de pêche dit “adorer” ce métier, plus stimulant que la pêche au chalut. “Tu vas à la chasse de la sardine, quoi, tu vas essayer de la chercher, de la pêcher. C’est pas du tout la même motivation”, dit-il.Quelques minutes passent et le banc se fait plus dense. Une lumière rouge a envahi le pont où les matelots attendent pour passer à l’action. “Laisse aller!”, hurle Ludo à Léo Beriet, matelot de 25 ans, qui dénoue une corde retenant la senne. Le long filet de 350 mètres, monté sur des flotteurs, se déroule à toute vitesse pour entourer le banc de poissons, avant d’être refermé par le bas afin de former une poche. Les matelots tirent alors sur la senne pour rétrécir la poche et la ramener le long du bateau.Des trombes d’eau s’abattent sur l’équipage quand Ludo vide la poche à l’aide d’une grande épuisette (la salabarde) montée sur une grue, qui déverse les sardines dans les cuves du bateau.”Tu la vois la mouette? Tu la vois ou pas?!”, lance-t-il à Dominique Palut, 57 ans, qui attrape l’oiseau pris dans l’épuisette et l’envoie rejoindre les dizaines de goélands qui encerclent le bateau.- “Libre sur l’eau”-Le premier coup de filet est un succès, avec près de six tonnes de poissons remontés avant minuit. Le deuxième coup sera moins réussi. “Ah, la, la, merde, j’ai déconné, j’aurais dû prendre mon temps. J’ai fait n’importe quoi, y a rien dedans”, râle Ludo, le filet à peine refermé.Un troisième coup porte la pêche de la nuit à 12 tonnes de poisson au total, alors que les conserveries en ont commandé sept tonnes. À bord, l’odeur du petit poisson a imprégné chaque recoin ; des écailles s’accrochent à la peau et aux vêtements. Mais les marins n’y prêtent garde, faisant une sieste, cassant la croûte, ou buvant une bière en attendant le port.Une fois arrivés à Douarnenez, à 05h00 du matin, il faudra encore 3 heures pour décharger la marchandise. “En saison, y a beaucoup d’heures de travail et peu d’heures de repos”, commente Titouan Preunel, matelot de 21 ans. “Tu pars le soir, en fin d’après-midi, et tu rentres des fois à midi-13h à la maison, pour repartir à 17h”. “Donc, ça fait court. Mais sinon, c’est plaisant comme métier”, dit-il. “T’es libre sur l’eau quoi, c’est ça qu’est bien.”

“Nourrir, pas empoisonner”: les chefs se mobilisent contre la loi Duplomb

Au nom de la défense des terroirs et de la qualité de leurs produits, la mobilisation s’amplifie en cuisine pour le retrait de la loi Duplomb, au sein d’une profession qui rechigne souvent à exposer ses opinions politiques.Tout est parti début juillet d’une photo d’un pré d’herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon… Accompagnée d’un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. “Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures”, a écrit le chef.La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes – interdit en France mais autorisé en Europe. Plus de 1,8 million de Français ont déjà signé une pétition demandant son retrait.Le texte du chef Marcon a été largement partagé par des restaurateurs sur les réseaux sociaux.  – “Coup de massue” -Parmi ceux qui ont fait savoir leur opposition, Glenn Viel, 45 ans, chef trois étoiles et jury de “Top Chef”. “Je ne comprends pas (cette loi)”, affirme-t-il à l’AFP, dénonçant “les pesticides qui polluent notre terre” alors que “l’alimentation a une grande part (de responsabilité) dans les cancers”. “On a la capacité de mettre des milliards dans la défense de notre pays. Et c’est normal”, poursuit-il. “Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un milliard ou deux pour nos agriculteurs, pour les aider à faire cette transition (écologique)?”Pour Marie-Victorine Manoa, jeune cheffe trentenaire, autrice et chroniqueuse dans l’émission “Très très bon!”, cette loi a été un “coup de massue”. “Cuisiner des produits médicamentés et stériles n’excite personne”, grince celle qui appelle à la “rébellion générale”.Après la prise de parole du chef Marcon, une tribune, publiée jeudi dans Le Monde, a été lancée pour fédérer les mécontents de la profession, à l’initiative de l’entreprise Ecotable qui accompagne les restaurateurs vers plus d’éco-responsabilité. Elle réunit déjà près de 400 signatures, des étoilés aux cantines, en passant par des bistrots et des collectifs de restaurateurs-paysans.Intitulée “Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner”, elle dit l’inquiétude des restaurateurs face à la qualité des produits servis et demande le retrait de la loi Duplomb.”Nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien”, nuance le texte, qui reconnaît des agriculteurs “tiraillés par la rentabilité de leur métier et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme”.- “Inaction” -Un sursaut encore timide mais rare, dans un milieu qui met en avant la qualité des produits et les circuits courts mais peu prompt à se mobiliser comme lors de la crise des agriculteurs, en 2024.Les chefs “sont des personnes qui ne prennent pas souvent la parole mais l’alimentation, c’est leur quotidien”, explique Fanny Giansetto, fondatrice d’Ecotable.”Nous les restaurateurs, on est plutôt des besogneux, on ferme notre gueule et on avance. Mais à un moment, il faut taper du poing sur la table”, estime Glenn Viel.Versant dans l’autocritique, Jacques Marcon se dit “aussi responsable de cette loi rétrograde” et prêt à devenir “un vrai militant de la cause agricole et de la cause environnementale”. Mais il enjoint aussi tout un milieu “à se remettre en question”, à “aider” les agriculteurs. Celui qui revendique son lien avec le monde paysan déplore certaines pratiques comme certains chefs qui font pression sur les prix ou l’abandon de races bovines comme la salers, au profit du japonais Wagyu par exemple, ou du boeuf australien. Mais, selon lui, la jeune génération a davantage “envie de changer le monde”.

“Nourrir, pas empoisonner”: les chefs se mobilisent contre la loi Duplomb

Au nom de la défense des terroirs et de la qualité de leurs produits, la mobilisation s’amplifie en cuisine pour le retrait de la loi Duplomb, au sein d’une profession qui rechigne souvent à exposer ses opinions politiques.Tout est parti début juillet d’une photo d’un pré d’herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon… Accompagnée d’un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. “Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures”, a écrit le chef.La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes – interdit en France mais autorisé en Europe. Plus de 1,8 million de Français ont déjà signé une pétition demandant son retrait.Le texte du chef Marcon a été largement partagé par des restaurateurs sur les réseaux sociaux.  – “Coup de massue” -Parmi ceux qui ont fait savoir leur opposition, Glenn Viel, 45 ans, chef trois étoiles et jury de “Top Chef”. “Je ne comprends pas (cette loi)”, affirme-t-il à l’AFP, dénonçant “les pesticides qui polluent notre terre” alors que “l’alimentation a une grande part (de responsabilité) dans les cancers”. “On a la capacité de mettre des milliards dans la défense de notre pays. Et c’est normal”, poursuit-il. “Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un milliard ou deux pour nos agriculteurs, pour les aider à faire cette transition (écologique)?”Pour Marie-Victorine Manoa, jeune cheffe trentenaire, autrice et chroniqueuse dans l’émission “Très très bon!”, cette loi a été un “coup de massue”. “Cuisiner des produits médicamentés et stériles n’excite personne”, grince celle qui appelle à la “rébellion générale”.Après la prise de parole du chef Marcon, une tribune, publiée jeudi dans Le Monde, a été lancée pour fédérer les mécontents de la profession, à l’initiative de l’entreprise Ecotable qui accompagne les restaurateurs vers plus d’éco-responsabilité. Elle réunit déjà près de 400 signatures, des étoilés aux cantines, en passant par des bistrots et des collectifs de restaurateurs-paysans.Intitulée “Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner”, elle dit l’inquiétude des restaurateurs face à la qualité des produits servis et demande le retrait de la loi Duplomb.”Nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien”, nuance le texte, qui reconnaît des agriculteurs “tiraillés par la rentabilité de leur métier et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme”.- “Inaction” -Un sursaut encore timide mais rare, dans un milieu qui met en avant la qualité des produits et les circuits courts mais peu prompt à se mobiliser comme lors de la crise des agriculteurs, en 2024.Les chefs “sont des personnes qui ne prennent pas souvent la parole mais l’alimentation, c’est leur quotidien”, explique Fanny Giansetto, fondatrice d’Ecotable.”Nous les restaurateurs, on est plutôt des besogneux, on ferme notre gueule et on avance. Mais à un moment, il faut taper du poing sur la table”, estime Glenn Viel.Versant dans l’autocritique, Jacques Marcon se dit “aussi responsable de cette loi rétrograde” et prêt à devenir “un vrai militant de la cause agricole et de la cause environnementale”. Mais il enjoint aussi tout un milieu “à se remettre en question”, à “aider” les agriculteurs. Celui qui revendique son lien avec le monde paysan déplore certaines pratiques comme certains chefs qui font pression sur les prix ou l’abandon de races bovines comme la salers, au profit du japonais Wagyu par exemple, ou du boeuf australien. Mais, selon lui, la jeune génération a davantage “envie de changer le monde”.

Amazonie brésilienne: remonter la trace d’indigènes isolés pour protéger la forêt

Une carapace de tortue abandonnée par un chasseur et un vase en céramique: découvertes il y a trois ans, ces traces tendent à prouver que des communautés isolées vivent sur une terre indigène du nord de l’Amazonie brésilienne.Ce sont les indices les plus récents que des peuples autochtones “non contactés”, comme on les appelle (c’est-à-dire sans contact avec la société), habitent cette terre située dans l’Etat du Para et aussi vaste que Sao Paulo, la mégalopole du sud du pays.Appelé Ituna/Itata, ce territoire indigène est protégé par une ordonnance provisoire contre la déforestation. Mais des organisations demandent au gouvernement de mener davantage de recherches pour documenter la présence de groupes isolés: une condition essentielle pour que l’Etat délimite définitivement la zone en vue de les protéger et de préserver la forêt.A Ita’aka, village de 300 habitants aux petites maisons de bois et de paille situé dans le territoire indigène voisin de Koatinemo, les récits de rencontres fortuites avec de supposés membres de communautés “non contactées” d’Ituna/Itata circulent parmi les familles du peuple Asurini.”Ma belle-sÅ“ur m’a dit : +Regarde, regarde!+. Tout près il y avait un petit garçon qui me regardait”, raconte à l’AFP Takamyi Asurini, un homme âgé montrant la cicatrice à son flanc laissée par une flèche qu’il dit avoir reçue d’un de ces autochtones.Les autorités brésiliennes ont renouvelé en juin dernier la mesure temporaire qui, depuis 2011, restreint l’accès à Ituna/Itata afin de “garantir la protection intégrale des territoires où des peuples autochtones isolés sont présents”.Sur place, les éléments de preuves incluent des relevés remontant aux années 1970 ainsi que des découvertes réalisées depuis au moins 2009.- “Nous les percevons” -Le Brésil reconnaît 114 “indices de présence” de peuples indigènes isolés dans la plus grande forêt tropicale de la planète, c’est-à-dire de groupes qui volontairement se maintiennent sans ou avec peu de contact avec le reste du monde.Selon la Fondation nationale des peuples indigènes (Funai), un organisme public, cet isolement est parfois dû aux effets désastreux de l’interaction avec l’homme blanc depuis l’époque coloniale: maladies, violences, pillage des ressources naturelles.Parmi les “indices” compilés, près d’un quart sont officiellement reconnus comme des preuves à part entière. D’autres, comme ceux d’Ituna/Itata, sont vus comme des indications “fortes” de l’existence de peuples isolés, bien qu’il n’y ait pas eu de travail systématique pour les corroborer.L’Etat a depuis longtemps “laissé à l’abandon” les archives rassemblant ces preuves d’existence, déplore Luiz Fernandes, membre de la Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne (Coiab).”Pour prouver qu’il y a des isolés, l’Etat a besoin d’indices certifiés, mais pour nous c’est différent: nous les percevons dans la nature, dans les sons que nous entendons, les présences, parfois les odeurs”, souligne Mita Xipaya, une militante indigène de 24 ans.- Record de déforestation -En Amazonie brésilienne, les terres non indigènes ont perdu près de 30% de leur végétation native depuis le début des relevés en 1988, contre moins de 2% pour les terres indigènes délimitées par l’Etat, selon l’ONG Institut socio-environnemental.Depuis une décennie, Ituna/Itata subit les assauts de ceux qui veulent s’accaparer des terres pour l’exploitation minière illégale ou la déforestation à des fins agricoles.La situation s’est aggravée sous la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2022), lorsque le gouvernement d’extrême droite a suspendu l’ordonnance de protection d’Ituna/Itata et que cette terre indigène est devenue la plus déboisée du Brésil.Malgré le rétablissement de l’ordonnance avec le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, les conséquences perdurent aujourd’hui sur le territoire: sur des kilomètres la végétation est trouée de larges bandes de terre, comme l’AFP a pu le constater en juin lors d’un survol de la région.Peuples indigènes et militants insistent pour que le gouvernement avance vers la démarcation permanente d’Ituna/Itata.Une revendication qui résonne d’autant plus à quelques mois de la COP30. Lula, qui se veut aux avant-postes dans la lutte contre le réchauffement climatique, accueillera la conférence climat de l’ONU dans la ville amazonienne de Belem, capitale du Para.”Il ne suffit pas de s’occuper de la forêt, il faut aussi s’occuper des peuples qui y vivent, car c’est à travers eux que la forêt tient debout”, exhorte Toya Manchineri, coordinateur général de la Coiab.